Citations du moment :
Les femmes préfèrent les hommes, qui les prennent , sans les comprendre, aux hommes, qui les comprennent, sans les prendre. -Marcel Prévost
Imagine

Le Pardon : Chapitre 1

 

Le pardon

 

Auteur : Nemesis
E-mail : nemesis_63@msn.com
Résumé : Une mission passée revient hanter le SGC et bouleverse un fragile équilibre.
Genre : romance, of course ! Et beaucoup de psychologie aussi…
Spoilers : saison 10, après « Flesh & Blood »
Disclaimer : Les personnages et l’univers ne sont pas à moi mais à la MGM…

Je suis assez bavarde comme fille : j’ai écrit cette fic en partant de « Jack le héros » d’Ally (http://perso.orange.fr/aurelia49/jackheros.htm ), qui a eu une idée qui m’a inspirée et que j’ai exploitée avec son accord. C’est en quelque sorte la conséquence de la mission de Jack, des années plus tard. Je me suis juste permise de supprimer le ship de sa fic afin de rester fidèle à la série et à ce que nos « cheeeeers » scénaristes ont écrit.

Pour ceux qui n’auraient pas vu le 1er épisode de la saison 10, sans vous spoileriser mais pour que l’histoire soit compréhensible, on va dire que SG-1 s’en sort et que Vala revient au SGC.

Et bien entendu, « Ripple Effect » n’a jamais existé. Vous avez vu quelque chose concernant Sam et Martouf, vous ? Moi non plus…

 

Merci à mes relectrices : Helios pour être toujours impitoyable, Sandiane pour n’être jamais impitoyable, son éminence grise Aurélia pour être là depuis mes débuts, et la vraie Aurélia pour m’avoir rassurée quand j’en ai eu besoin.

Et naturellement, merci à Ally.

 

 

***************************

 

 

Elle l’avait encore isolée. Tout n’était que vide, pas de couleurs, pas de sons, pas d’odeurs. Juste le néant, une façon de la punir pour avoir osé lui résister une nouvelle fois. Le monstre était cruel et la jeune femme l’avait compris depuis longtemps. Bien trop longtemps.

 

Vala soupira en elle-même et tenta de faire le vide dans sa tête pour éviter de trop songer à la situation désespérée dans laquelle elle se trouvait. Peine perdue, comme souvent. Que pouvait-elle faire d’autre que penser, ainsi isolée ? Elle ne ressentait rien, pas le moindre souffle d’air ou la moindre aspérité sur lesquels elle aurait pu concentrer son esprit. Elle était tout simplement privée de ses sens et seule sa voix intérieure lui donnait encore l’impression d’être vivante. De toute façon, il lui était impossible de stopper ses réflexions : qui était un jour réellement parvenu à ne penser à rien ?

Etre un hôte ne lui laissait que peu de repos… Elle exécrait de voir le Goa’uld utiliser à loisir son corps pour commettre ses crimes, surtout que Quetesh ne se privait pas de converser intérieurement avec elle, distillant aussi son venin par le verbe. En devenant un hôte, elle avait perdu le contrôle de ses membres mais aussi sa tranquillité d’esprit. Elle avait appris à rester docile, car provoquer la déesse déclenchait inévitablement une punition.

Seulement certains jours elle retrouvait l’envie de se battre, probablement cet instinct de survie dont ses grands-parents lui parlaient si souvent autrefois. Ses rébellions, si faibles fussent-elles, donnaient lieu à des déchaînements de colère de la part du monstre. Quetesh brisait son hôte, quitte à tuer le premier venu, tout en grinçant que la jeune femme était seule responsable de cette mort.

 

Mais même lors de ces accès de sadisme, Vala n’était pas seule. Certes, son unique interlocuteur était un Goa’uld des plus cruels, mais elle avait au moins le mérite de lui répondre. Et à travers les actions de Quetesh, aussi traumatisantes fussent-elles, la jeune femme pouvait ressentir ce qui l’entourait, voir la lumière du soleil, entendre les murmures des esclaves. Elle avait toujours conscience qu’il existait un monde sensible.

Alors que lorsque la déesse recourait à l’enfermement mental, comme maintenant, elle se retrouvait seule, isolée dans le vide avec juste ses propres pensées pour lui tenir compagnie, sans possibilité de s’échapper par le sommeil ou la mort. Vala savait que cela épuisait Quetesh de la couper ainsi de l’extérieur. Mais l’absence d’un monde sensible et la solitude finissaient par avoir raison de toutes les volontés de la jeune femme. La déesse ressortait peut-être fatiguée de ces séances de tortures mais en empêchant son hôte de ressentir ce qui les entourait toutes deux, elle était certaine de récupérer l’esprit de la jeune femme soumis, souvent brisé même.

Le monstre poussait parfois la cruauté jusqu’à lui rendre visite pour lui susurrer ce qu’elle allait faire d’elle puis l’abandonnait à nouveau jusqu’à ne plus être en mesure de maintenir les murs de la prison mentale dans laquelle elle l’enfermait.

 

Elle aurait voulu frapper, mais sans corps physique, même ce simple soulagement lui était refusé. Comme la possibilité d’avoir des joues sur lesquelles ses larmes puissent couler. Enfermée ainsi, elle perdait ses sens et la possibilité de ressentir ce qui entourait son corps, à défaut de contrôler celui-ci. Il ne lui restait que le vide. Le vide et ses pensées, dernière preuve qu’elle n’était pas encore morte.

C’était probablement la pire torture qui existât, elle finissait par devenir son propre venin et sentir l’espoir mourir pour laisser la place à la folie. Parfois elle aurait même préféré perdre ce dernier vestige d’humanité, sombrer dans une inconscience salvatrice qui lui ferait oublier à quel point elle n’était plus rien… Juste une conscience oubliée, une âme perdue.

 

 

Elle ressentit soudain la présence du Goa’uld à ses côtés, peut-être le signe de la fin de son isolement. La voix rocailleuse du monstre résonna en elle :

 

-         Je m’amusais tellement que j’avais fini par t’oublier, dit celle-ci d’un ton enjoué.

 

Mensonge. La maintenir isolée empêchait Quetesh de pouvoir ignorer un seul instant la présence de sa prisonnière. Elles le savaient toutes deux.

 

-         Tu veux venir ? reprit-elle perfidement. Je suis sûre que tu vas l’apprécier, il est très doué…

 

Vala frissonna intérieurement. Encore un homme. Le Goa’uld aimait changer ses amants et en choisissait de nouveaux très régulièrement, qu’ils soient consentants ou non.

Elle ne répondit pas, c’était inutile.

Et moins d’une seconde plus tard, les murs tombaient et, à défaut de contrôler, elle sentait à nouveau.

 

Au dessus d’elle, l’homme ignorait tout de la scène qui se déroulait à l’intérieur même de la femme à qui il était en train de faire l’amour. Faire l’amour… Cela sonnait tellement faux. Tout dans son attitude démentait cela. Il était en colère, Vala pouvait le voir à sa mâchoire crispée et à ses yeux qu’il gardait obstinément fermés. Elle ne l’avait jamais vu, ne savait rien de lui, pas même son nom. Et pourtant il était là, en elle, et elle passait ses doigts fins le long de son dos musclé. Elle entendit les gémissements qui s’échappaient de sa propre gorge et sentit les frissons de plaisir qui parcouraient son corps.

Sauf qu’elle n’avait aucun contrôle sur ce qu’elle était en train de faire. Quetesh choisissait, elle subissait. Et alors même que son corps se tordait de plaisir, elle ne ressentait qu’une intense douleur en elle. Elle avait fini par comprendre que le plaisir et la douleur, comme la plupart des sensations, étaient avant tout psychologiques. Ce qu’elle vivait là était un viol… Mais elle en avait l’habitude, la présence du Goa’uld en elle avait rendu ce viol permanent, qu’il y ait un homme avec elles ou pas.

Ressentant la rage sourde de l’homme qui se mouvait en elle, la jeune femme songea amèrement que Quetesh pouvait réussir l’exploit d’abuser de deux personnes à la fois.

 

-         Il te plaît ? susurra la déesse. Je le trouve très habile, il me rappelle un peu ton fiancé.

 

Vala serra mentalement les mâchoires et sentit l’envie de pleurer la gagner. Sauf que ses larmes ne pourraient pas couler…

 

-         Tu ne peux pas le voir là, mais il possède les mêmes yeux bruns et flamboyants, reprit le monstre. Si je n’avais pas besoin de lui, je lui ferais subir le même sort qu’à ton cher Jaolin…

 

Elle sentit Quetesh savourer sa réaction. En plus d’être condamnée à vivre éternellement avec la pire créature qui soit, elle devait supporter le souvenir de la mort de son fiancé et de tous ceux qu’elle avait aimés. Qu’elle avait tués.

 

Elle reporta son attention sur l’homme, tentant de deviner en quoi il pouvait être utile à la déesse. Visiblement, elle l’avait mis de force dans son lit mais il semblait pourtant assez fort pour pouvoir lui briser la nuque d’un simple geste. Un soldat, si elle en jugeait d’après son corps et les nombreuses cicatrices qu’elle sentait sur sa peau. S’il était d’accord pour satisfaire les désirs abjects du Goa’uld, il devait vraiment être désespéré. Cela rentrait probablement dans le cadre d’un marché dont la jeune femme ignorait les termes. Mais le service que rendrait Quetesh en échange devait lui être vital pour qu’il accepte de payer un tel prix.

Elle lui répugnait, elle pouvait le sentir sans même qu’il ait besoin de la regarder.

 

 

-         Dis-moi Vala, depuis combien de temps vivons-nous ensemble ? demanda soudain la déesse.

-         Je l’ignore, répondit la jeune femme avec ce ton soumis que l’on attendait d’elle.

 

Mieux valait ne pas la provoquer par quelque réplique acerbe. De toute façon, elle ne s’en sentait pas le courage aujourd’hui…

 

-         Tu penses que cela fait bien trop longtemps, inutile de le cacher ! cracha l’autre. Je lis en toi, tu es trop faible pour me cacher tes pensées !

 

 

Quetesh marqua une légère pause, comme si elle réfléchissait puis ajouta :

 

-         Et pourtant, tu es plus résistante que je ne l’avais supposé en te choisissant… Au bout de tout ce temps, la conscience des hôtes est généralement réduite à un tas de poussière à côté duquel on passe sans le remarquer. Mais toi…

 

Elle… Elle se battait toujours malgré les tortures et les humiliations, malgré ses accès de désespoir, malgré l’éternité de la peine à laquelle elle était condamnée. Parce que tant qu’elle était consciente, elle était vivante. Et, malgré tout, il restait de l’espoir…

 

-         J’aurais aimé te briser définitivement comme les autres… reprit pensivement Quetesh. Seulement tu es différente. Je dois avouer que tu es restée un défi pour moi. Mais écoute-moi bien Vala : je déteste perdre. Et si tu résistes encore, c’est parce que tu gardes espoir qu’un jour tu retrouveras ta liberté.

 

La jeune femme retint mentalement sa respiration et sentit la peur s’insinuer dans son esprit. Quetesh avait une idée, elle le devinait aisément sans pour autant pouvoir lire clairement dans les pensées de la déesse. Mais celle-ci était trop sûre d’elle... Vala ignorait ce qui allait suivre, mais il lui faudrait sans aucun doute se battre pour survivre à la prochaine cruauté du Goa’uld.

 

-         C’est à cause de cette liberté que tu résistes encore… Tu es chanceuse, susurra mielleusement la voix, aujourd’hui je vais te la donner. Avant de t’enfermer à nouveau.

 

Elle n’eut pas le temps de réaliser la portée des paroles du monstre. Il ne fallut qu’un instant pour que le contrôle du Goa’uld s’effondre, et elle retrouva le plein usage de son corps.

 

 

Son premier réflexe fut de se contracter violemment mais elle ne fit qu’amplifier une douleur maintenant physique et concrète. Au-dessus d’elle, l’homme gardait ses yeux obstinément clos et sembla ignorer la jeune femme qui se débattait sous lui. Complètement paniquée, presque choquée d’avoir soudainement retrouvé la maîtrise de ses membres, Vala sentit ses yeux la piquer et les premières larmes coulèrent le long de ses joues alors même qu’un cri rauque s’échappa de sa gorge.

L’homme fronça les sourcils en sentant le changement de comportement de sa maîtresse. Elle tenta de le repousser mais ne parvint qu’à obtenir une série de mouvements désordonnés. Il ouvrit soudain les yeux et se figea en tombant dans ceux embués de sa compagne.

 

Elle était libre. Elle avait enfin le plein contrôle de son corps. La sensation était étrange, elle avait fini par oublier ce que c’était que de se mouvoir par sa simple volonté.

 

Et pourtant, le monstre était toujours là. Elle le sentait au fond d’elle, tapi, prêt à reprendre le contrôle au moindre instant. Vala comprit soudain ce que faisait Quetesh : quoi de pire que de goûter à la liberté puis de se retrouver à nouveau enfermée pour l’éternité ? Connaître le paradis avant d’être exilée à jamais en enfer… Probablement la pire torture morale, et le Goa’uld se réjouissait d’avance du désespoir de son hôte.

Sans compter que la déesse avait parfaitement choisi son moment pour s’effacer : la jeune femme restait encore soumise, privée de tout recours sous le poids de celui qui abusait d’elle sans même le savoir.

Elle suffoqua à cette pensée et se crispa à nouveau.

 

Au dessus d’elle, l’homme la fixait toujours, incertain. Observant l’expression de pure panique de la jeune femme, la vérité fit alors jour dans son esprit et il réalisa ce qui venait de se passer… Que la femme qu’il tenait dans ses bras n’était plus le monstre qui l’utilisait mais une victime comme lui. Et qu’il était en train d’abuser d’elle.

Il tenta vivement de se dégager mais elle hurla pour l’en empêcher.

Confus, il baissa à nouveau les yeux sur elle et l’interrogea silencieusement.

 

-         Elle est toujours là, répondit-elle d’une voix hachée par les larmes. Si vous vous arrêtez, elle se vengera sur nous deux.

 

Il serra la mâchoire une nouvelle fois et resta immobile, tentant de faire le point sur la situation. Elle pouvait voir ses pensées défiler dans ses yeux. Il n’y avait aucune issue favorable à leur histoire, ils le savaient tous deux. Quetesh était partie, seulement ce n’était que momentané : elle avait simplement décidé d’être spectatrice et non actrice aujourd’hui. Mais tels ces empereurs de l’Antiquité romaine, elle restait encore maîtresse des « jeux » et si les marionnettes qu’ils étaient entre ses doigts n’obéissaient pas à sa volonté, elle les punirait sans hésiter une seule seconde.

Vala tenta de se détendre sous le poids de l’homme et essuya ses larmes d’un revers de la main. Elle était libre pour l’instant, mais combien de temps avant que la déesse ne se lasse de ce petit divertissement cruel ? Elle était tellement fatiguée de lutter…

 

-         Tuez-moi… murmura-t-elle soudain d’une voix incertaine.

 

Il la regarda dans les yeux et elle lut la pitié dans son regard. Elle pouvait sentir qu’il la comprenait et qu’il savait à quel point la mort était parfois préférable. Il pouvait la tuer, la soulager de sa peine d’un simple geste de la main. Et ayant le plein contrôle de son corps, elle le laisserait faire. Le Goa’uld n’aurait pas la possibilité de reprendre suffisamment vite la situation en main, elle était assez forte pour la retenir le temps que tout soit terminé.

Vala se mordit la lèvre et sentit de nouvelles larmes couler. Elle était prête à mourir pour que son calvaire cesse. Pour la première fois depuis des années, cette occasion se présentait et elle ne pouvait la laisser passer. Certes, elle serait morte ensuite, elle aurait cessé d’exister. Mais après tout, cela ne valait-il pas mieux que cette peine à perpétuité et ces tortures ? Ce combat la détruisait à petit feu. Alors même si elle aurait préféré retrouver un jour le goût de la véritable liberté, il était encore préférable pour elle de quitter la bataille. Elle ne souffrirait plus, ce serait juste le néant : après tout ce qu’elle avait vécu, la mort serait un doux repos, amer certainement, mais un repos tout de même.

 

-         Tuez-moi, répéta-t-elle avec plus de conviction.

-         Je ne peux pas, souffla-t-il en la regardant avec douceur.

 

Elle ravala ses larmes et l’affronta du regard. Il semblait lutter pour ne pas détourner le sien, comme s’il avait honte de ne pas l’aider à en finir.

 

-         Pourquoi ? demanda-t-elle d’une voix qu’elle voulait ferme mais qui se brisa en réalité.

-         Parce que si je vous tue, je les perds…

 

C’était donc cela. Quetesh avait pouvoir de vie ou de mort sur les êtres chers à cet homme et c’était eux qu’il avait choisis.

 

-         Qu’est-ce que vous savez de la perte ? cracha-t-elle malgré elle.

 

Une ombre passa dans les yeux de l’homme et elle sut qu’elle s’était trompée. Il connaissait la perte, il connaissait la souffrance qu’elle procurait. Et son attitude envers elle, ses quelques gestes et paroles tendaient à prouver qu’il savait parfaitement dans quelle situation elle était et que s’il en avait eu la possibilité, il l’aurait aidée. Mais ceux qu’il aimait dépendaient de la bonne volonté de Quetesh et à côté d’eux, Vala n’était rien d’autre qu’un sujet de pitié pour lui.

Elle sentit le Goa’uld se délecter au fond de son esprit. La déesse avait tout prévu, elle savait qu’elle pouvait lâcher son contrôle sur la jeune femme sans aucun risque.

 

-         Je suis désolé, murmura-t-il.

 

Il était désolé… Il était la clé de la fin de son tourment mais il ne ferait rien ! Et pourtant, comment pouvait-elle lui en vouloir ? A sa place, elle aurait probablement agi de la même façon. Pour lui, elle n’était qu’une inconnue qu’il côtoierait quelques minutes ou quelques heures dans sa vie, alors qu’il était déjà prêt au sacrifice pour ceux qu’il aimait. Eux étaient vivants, il restait de l’espoir. Mais elle n’était rien pour lui, juste la conscience d’un hôte de toute façon déjà mort.

 

Elle comprenait son choix.

Mais elle ne pouvait l’accepter et dans un mouvement de désespoir, elle attrapa vivement le poignard que Quetesh gardait toujours à portée de main. Il fut cependant plus rapide qu’elle et avant qu’elle ne puisse utiliser l’arme contre elle-même, il arrêta son geste. Elle se débattit mais ne parvint qu’à le blesser à la hanche. Vala le vit serrer les dents pour ne pas crier sous la douleur et elle eut soudain honte. Les larmes remplirent à nouveau ses yeux et elle se laissa désarmer sans résister. Il jeta le couteau hors de sa portée et la regarda dans les yeux.

Ce qu’elle lut dans son regard lui brisa le cœur. Il ne lui en voulait même pas d’avoir essayé, il se contenta juste de passer doucement ses doigts sur ses joues puis dans ses boucles brunes. Au fond d’elle, la déesse jubilait. La jeune femme se mordit la lèvre et détourna ses yeux de ceux de son amant. Il ne chercha pas à lui parler, il comprenait que ses larmes la soulageaient. Il y avait si longtemps qu’elle n’avait pas pleuré… De toute façon, il n’y avait plus rien à faire, ils étaient tous deux piégés par Quetesh. Tout ce qu’elle pouvait faire était profiter de sa présence et de son soutien silencieux. Et accepter sa compréhension et sa pitié.

Elle pleura sur sa situation, sur ceux qu’elles avaient perdus, sur sa mort qui ne viendrait pas et ce qu’elle n’aurait jamais. Une fois ses larmes taries, elle releva lentement les yeux sur l’homme. Il était encore en elle, mais la douleur avait cessé. Elle était parvenue à se détendre et l’attitude de son amant y était certainement pour beaucoup. Vala soupira et enfouit en silence son nez dans le cou de l’homme, qui la laissa faire sans rien dire. Elle aurait aimé le connaître dans d’autres circonstances, il était probablement de ces âmes nobles qui se battent jusqu’à la mort pour défendre leurs convictions. Peut-être même aurait-elle pu l’aimer… Ou était-ce simplement parce qu’il montrait de la compassion envers elle ? Elle ne connaissait même pas son nom ni son histoire…

Peu importait en fait, il était là avec elle, elle ne pouvait que savourer l’instant. C’est ce genre de souvenir qui lui permettrait de résister aux prochains assauts de Quetesh. Ou qui la détruirait à petit feu ainsi que l’espérait la déesse.

 

Elle sentit l’homme soupirer et embrasser doucement sa tempe.

 

-         Je ne peux pas vous tuer, murmura-t-il sans la regarder, mais peut-être puis-je vous aider d’une quelconque façon ?

-         Vous seriez capable de retirer un symbiote en pleine santé avant qu’il ne reprenne le contrôle sur son hôte ? demanda-t-elle avec un rire amer.

 

Il ne répondit pas et se contenta de caresser doucement ses cheveux.

Ils restèrent quelques instants dans cette position puis elle recula sa tête et ses yeux gris plongèrent à nouveau dans le brun de ceux de son compagnon. Il la regarda silencieusement mordre sa lèvre pour ne pas pleurer puis lui murmurer d’une voix hachée :

 

-         Alors tout ce que vous pouvez faire est de rendre agréable le temps qu’il nous reste à passer ensemble.

 

Vala ne sut pas si c’était ce qu’elle lui avait implicitement demandé ou si c’était lui qui avait choisi de comprendre ainsi sa dernière phrase.

Mais quand il prit ses lèvres, elle se surprit à répondre avec désespoir à son baiser. Avec douceur, il rajusta leurs deux corps et replongea en elle avec toute la tendresse dont il était capable. Lentement, sans un mot et sans un regard, il recommença à lui faire l’amour. Il avait été un automate tout le temps que les bras de Quetesh l’entouraient, mais Vala prit conscience que c’était l’homme qu’elle tenait dans les siens, un homme qui la caressait comme si elle était la chose la plus précieuse sur laquelle il ait posé ses mains.

Elle sentit peu à peu les vagues de plaisir la submerger et alors que son corps se cambrait malgré elle  et que la brûlure au creux de ses reins atteignait son paroxysme, elle se sentit violemment rejetée en arrière. Elle perdit en un instant le contrôle et le cri de jouissance du Goa’uld résonna en elle.

Au fond de sa prison, Vala sentit soudain le désespoir prendre possession d’elle et la consumer.

 

 

 

********************

 

 

-        Jack, dépêche-toi ! Je sais que tu n’as rien de prévu mais moi j’ai un briefing à neuf heures !

 

L’appel de Sam le fit grogner. Délaissant péniblement le lit, il attrapa quelques vêtements qui se trouvaient abandonnés sur une chaise et se dirigea d’un pas traînant vers la salle de bain. Il lui restait encore un quart d’heure avant qu’ils ne quittent la maison, ce serait amplement suffisant. Mais sa compagne était déjà levée depuis une heure, s’agitant probablement dans la cuisine ou la buanderie. S’il n’avait pas été là, elle serait sans aucun doute partie au SGC une bonne demi-heure auparavant.

Il sourit en songeant aux compromis qu’ils étaient forcés de faire chaque jour. Il n’en avait jamais regretté aucun et elle non plus apparemment, puisqu’elle était toujours là après un an à le supporter. Bien sûr, des milliers de kilomètres les séparaient la plupart du temps… Mais elle ne s’en était jamais plainte, se contentant de savourer les trop rares moments qu’ils parvenaient à passer ensemble.

Jack se félicita d’avoir pris ces congés. Sam serait hélas obligée de travailler au SGC pendant quelques jours encore, mais ils allaient enfin pouvoir se voir plus de trois jours de suite. Cela ne leur était pas arrivé depuis au moins six mois…

 

 

Il sortit de la douche et chercha de la main la serviette de toilette. Il était encore resté trop longtemps sous l’eau chaude, elle n’allait pas le rater…

 

-        Jaaaaack !

-        J’arrive ! cria-t-il en réponse à la jeune femme qui s’impatientait au rez-de-chaussée.

 

Il grimaça ; peut-être n’aurait-il pas dû insister pour l’accompagner à la base justement le matin où elle avait un briefing important. Finalement, un quart d’heure pour se préparer ne serait pas suffisant et ils allaient être en retard. Enfin, ce n’était pas la première fois… Quand il descendrait dans cinq minutes, elle allait faire cette adorable moue, froncer ses sourcils et râler contre sa ponctualité déplorable. Puis il l’embrasserait, s’excuserait avec ce sourire de gamin et attendrait qu’elle lève les yeux au ciel en secouant la tête, signe qu’elle n’était pas vraiment fâchée. Et comme chaque moment passé en sa compagnie, il savourait ce petit rituel, aussi ridicule soit-il.

Le bonheur pouvait être simple finalement…

 

Il enfila rapidement son pantalon et son regard accrocha malgré lui la petite cicatrice sur sa hanche. Son humeur s’assombrit instantanément, comme si la marque gravée sur sa peau était chargée de lui rappeler le passé. Il parvenait à l’ignorer la plupart du temps mais elle restait un signe indélébile sur son corps, comme pour lui prouver que ce qu’il avait fait ne pouvait pas non plus s’effacer de son âme. Les Goa’ulds étaient des êtres cruels, mais ce jour-là il avait vraiment saisi combien ils aimaient faire souffrir gratuitement… Cette mission n’avait réussi qu’à lui faire détester encore plus ces monstres. Et lui même.

 

-        Jack, si tu n’es pas descendu dans trente secondes, je te promets que tu testeras la qualité du canapé dès ce soir ! Et sans moi !

 

Il secoua la tête, chassant ses pensées moroses. C’était du passé maintenant, il avait commis pire dans sa vie que ce qu’il avait été forcé de faire à cause de cette déesse. Mais le dégoût perdurait, il devait vivre avec. Du moment que Sam ne l’apprenait pas et qu’elle n’avait pas à partager ce fardeau avec lui, il s’en accommoderait. Il ignorait comment elle réagirait si elle savait…

Il attrapa la housse contenant son uniforme et dévala les escaliers en se recomposant un sourire.

 

 

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Conçu par Océan spécialement pour Imagine.
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