Le soleil brillait en ce matin du 7 octobre comme depuis plusieurs mois. Cependant, cette journée n’était pas ordinaire : c’était la rentrée des classes à l’Université de Colorado Springs.
Nos quatre protagonistes se préparaient séparément dans leur salle de bain, nerveux chacun à leur manière et heureux de se retrouver pour une énième rentrée ensemble.
9h30, Sam se regardait dans la glace maudissant les énormes cernes qui ne voulaient pas dégonfler et avaient pris refuge sous ses yeux. Elle aurait dû aller dormir plus tôt, comme elle se l’était promis. Mais cela avait été impossible, trop excitée à la seule pensée de le revoir après une interminable séparation de deux mois ! Deux mois sans la chaleur rassurante de son regard chocolat, sans la douceur de ses sourires « spécial Carter », sans (enfin presque) sa protection de « grand frère incestueux », comme disait leur ami Daniel.
DEUX LONGS MOIS, mais comment avait-elle fait pour survivre ? Sûrement pas en travaillant sur les plages… Un sentiment de fierté et de bonheur l’envahit alors, associé au nom de cocotier ! Et encore moins en partageant les vacances d’un père fantôme parti comme d’habitude sur une quelconque mission classée CONFIDENTIEL DEFENSE. Non rien de tout cela ! Mais simplement en se réfugiant une fois de plus dans ses seuls véritables compagnons de solitude : les livres. Plus précisément ceux d’astrophysique, étudiant ainsi la totalité du programme prévu cette année.
« Il va me trouver hideuse» se disait-elle en appuyant avec encore plus d’insistance sur les « valises indélogeables» placées sous ses yeux. Elle sortit sa boîte de maquillage, en espérant qu’il lui reste assez de fond de teint.
A quelques kilomètres de là, un jeune homme plus âgé à l’allure sportive était lui aussi planté devant sa glace, des pensées presque similaires lui encombrant l’esprit.
Ce matin, il rentrait à l’Université ! LUI, l’adolescent limite délinquant ! LUI qui avait délogé avec fracas deux ans plus tôt son père du foyer familial à coups de poing quand celui-ci avait pensé, une fois de trop, pouvoir déverser son trop plein de violence et d’alcool sur sa femme !
Ce matin, « le vaurien » comme l’appelait son paternel, arrivait aux marches de la Connaissance ! Réaliste cependant, il avait tout à fait conscience que sans ses capacités sportives ainsi que les dons pédagogiques hors pairs de sa « blonde préférée », il n’aurait pas eu cette chance. Qu’importe ! Pour le moment son cœur battait la chamade à la simple pensée de la revoir. Mon Dieu, que cela avait été dur ! Comment avait-il fait pour survivre ?
Ils s’étaient pourtant revu, mais seulement une fois, durant les vacances sur une plage : le Coconut. LUI maître nageur, ELLE sublime dans son petit maillot de bain deux pièces rose… D’ailleurs un autre nageur avait eut la même pensée en la voyant dans cet ensemble couleur bonbon, au point de faire des avances trop pressantes… Jack n’avait pas pu se retenir malgré l’intervention vaine de Daniel, son patron non plus : il avait été licencié sur le champ. Il avait dû alors tronquer son tee-shirt de Rescue Beach, contre un tee-shirt de videur de boîtes de nuit pour touristes, retrouvant ainsi l’inséparable Teal’c.
De retour en ville, ces jobs d’été leurs avaient permis de prendre ensemble ce petit studio à dix minutes de la fac. Sa montre indiqua 9h45, il devait se dépêcher pour laisser la place à son imposant colocataire. De plus, il se devait de ne pas arriver en retard le premier jour. Qui sait, un autre paon pourrait profiter de son absence pour faire la roue à sa bien aimée. Son instinct de dominant lui commandait, comme des années auparavant de marquer ce nouveau territoire dès la première seconde. (Voir la 1ère fic)
« Allez mon gars, arrête de cogiter, l’heure tourne ! ». Il mouilla ses mains et s’empara de la mousse à raser.
10 h, chez notre archéologue préféré, une certaine l’effervescence se faisait aussi ressentir !
Après un réveil très difficile, Daniel était étalé de tout son long sur le sol de sa chambre. Dans la précipitation, il avait oublié de mettre ses lunettes et n’avait donc pu voir la lance Inca laissée là par inadvertance la vieille. « Deux pieds gauches » lui disait toujours Jack.
Une fois de plus, la chute avait été dure et ses fesses étaient endolories. Il se releva en frottant son postérieur douloureux où une rougeur apparaissait et ouvrit la porte de la salle de bain. Ce matin, il devait être à son avantage pour sa rentrée dans la prestigieuse Section d’archéologie. La bourse d’excellence qu’il avait décrochée grâce à ses notes exceptionnelles, tout comme son amie Sam, lui avait permise d’éviter les boulots d’étudiants dégradants et inadaptés à son QI. Celle-ci lui avait même donné la possibilité de louer une chambre dans le campus, à trois portes de sa « petite sœur de cœur». Il pensa alors à son ami ex maître nageur et sourit en se remémorant leur unique rencontre estivale.
« J’espère qu’il ne va pas encore s’en prendre au premier Don Juan trop entreprenant qui lui tombe sous la main, c’est ma dernière paire de lunettes ! Cet été, j’aurais dû prendre rendez vous chez l’ophtalmo. Et puis m…, Carpe diem ! » Fort de cette idée, il s’engouffra sous le jet glacial de la douche en espérant que cela puisse l’aider à remettre ses idées en place et à calmer une douleur montant maintenant jusqu ‘aux reins.
10h50 sur le perron de la fac. Une jeune femme blonde accompagnée d’un homme brun myope, attendait. Les trépignements de la jeune femme montraient l’inquiétude qui s’était installée depuis plusieurs minutes…
S : Ils vont être en retard !
Daniel ironique : Mais non, le discours du doyen ne commence que dans 7 minutes. Depuis le temps, tu devrais être habituée au sens O’Neillien du mot ponctualité !
Sam ne l’écoutant pas : Si ça continue, on ne va plus trouver assez de places dans l’amphi pour être tous ensemble ! Et puis, on va être encore mal placés !
D : On sera au fond comme d’habitude ! Tu sais très bien que c’est sa place de prédilection …
Sam furieuse par cette remarque se tourna le regard désapprobateur : Ne dis pas ça ! Le Colonel…enfin je veux dire Jack, n’est pas un cancre contrairement à ce que tu penses ! Il mérite autant que nous son admission à l’Université !
Daniel élevant la voix : Une fois pour toute il n’est pas Colonel, mais Capitaine de l’équipe de hockey ! Comment peux tu encore confondre, toi une fille de militaire gradé !
Puis se radoucissant : De plus tu n’est pas juste car je n’ai jamais douté de ses compétences intellectuelles, enfin pas toujours ! Néanmoins, tu sais très bien que la fac compte gagner le championnat grâce à lui, par conséquent…
Sam ne voulant pas laisser planer le doute sur le QI de son ami : Je te rappelle qu’il a eu la moyenne au test de fin d’année, tout comme Teal’c d’ailleurs !
D : Grâce à ton acharnement pour le forcer à travailler durant toute notre scolarité ! Il a toujours préféré la patinoire et les stades aux bouquins.
Sam désireuse de le défendre : Mais je n’étais pas avec lui lors des examens !
D : Pas physiquement, mais mentalement tu ne l’a jamais quitté ! Monsieur, avait trop peur de manquer à l’appel aujourd’hui !
Sam d’une voix suspicieuse : Qu’est ce que cela veut dire exactement, Daniel Jackson ?
Son ami lui répondit d’un air indifférent : Rien en particulier ! Mais reconnais que la simple idée de te savoir seule sur le campus avec tous ces beaux et jeunes étudiants, l’a motivé. Il est jaloux comme un pou, rappelle toi cet été !
S : Mais, ce sale type me collait ! Il a seulement voulu me protéger comme « le grand frère » qu’il a toujours été…
Daniel s’emportant : Tu parles d’un « grand frère » ! Incestueux, OUI !
Sam lui tourna le dos, préférant ne pas répondre à cette nouvelle attaque en règle. Elle chercha parmi les derniers jeunes gens qui montaient les marches, son « amour fraternel ».
Soudain le temps suspendit son vol, elle venait de reconnaître la haute silhouette à la démarche féline qui s’avançait d’un pas rapide vers eux. Il était suivi de près par un autre homme à la corpulence massive. Trop éloignée encore, elle ne put discerner les détails de son visage, mais elle sentit qu’il lui souriait. Son cœur s’emballa, sa respiration s’accéléra devenant anarchique. Les détails du visage tant désiré devinrent plus précis.
Daniel, les apercevant enfin : Tiens les voilà ! Pile à l’heure, comme d’habitude !
En absence de réponse, il regarda son amie. Elle n’était déjà plus là, partie sur la planète O’Neill. Un regard chocolat se mélangeait à un autre azuré.
Une voix sensuelle s’éleva alors : Carter…
Une voix étranglée par l’émotion lui répondit de son plus beau sourire : Mon Colo…, enfin Jack !
Daniel les saluant : Jack ! Teal’c !
Seul, le deuxième répondit. Jack continuait à voler dans un ciel sans nuage, de couleur bleu azur. Puis brusquement, leur échange visuel fut interrompu par un groupe bruyant formé de cinq jeunes gens, placé un peu plus bas sur leur droite. Furieux de cette intrusion qui le forçait à atterrir, il tourna la tête vers la source du bruit et reconnu immédiatement Kevin (Voir la 1ère fic). Celui-ci dévisageait avec insistance la jeune femme blonde en vociférant à l’encontre de ses amis des propos machistes sur « cette future conquête », un sourire carnassier au coin des lèvres.
Excédé par ce manque franc de respect, Jack le défia du regard et s’avança vers la jeune fille. Arrivé à la hauteur de son amie outrée par ce qu’elle entendait, le plat de sa main sûre et adroite se posa au bas de son dos. Ce geste la calma immédiatement. Sans bouger sa main d’un millimètre, il la poussa tendrement vers l’entrée. Durant cet échange, il fixa avec dureté les yeux de son adversaire. Le mâle Alpha (1) venait à nouveau de marquer son territoire, laissant le prétendant au trône penaud et surpris par la présence embarrassante d’un concurrent véritablement inattendu.
(1) C’est ainsi qu’on nomme le mâle dominant dans une meute de loups.