Citations du moment :
Allons jusqu'au bout de nos erreurs sinon nous ne saurons jamais pourquoi il ne fallait pas les commettre. Bernard Werber
Imagine

Ne jamais avoir à toucher le thermostat : Chapitre 1


Un énième *Mais fermez cette foutue porte !!* résonne dans le couloir comme une insulte même au non-respect de la propriété privée. Une injure suit, puis deux, puis trois puis une multitude d’autres qui tournent rapidement à un génocide du langage humain.

Un homme qui a froid est un homme en colère.

Qui plus est lorsqu’il se fait monumentalement *chier* dans un laboratoire terrien en compagnie de Felger et sa troupe burlesque sur une quelconque étoile glaciale, son type préféré, sans Daniel, sans Teal’c, sans Carter...sans aucune personne digne de ce nom.Un remix du Sgc version série B. Voire Z.

Ajoutez à cela moins cinquante degrés.
Une quinzaine de doudounes.
Le double de moufles.
Et des centaines de paquets de mouchoirs qui disparaissent aussi vite que les gelées du Mess.

Le décor est planté et Jack allume du bout des gants la multiprise fraîchement installée sous son bureau pour l’utilisation de son chauffage personnel, excellentissime idée de son second qui n’avait pas hésité à lui proposer le sien lorsqu’il avait abordé le sujet sur une histoire de : *Glaçon...Mauvais souvenir de...Antarctique...Gel...Vengeance...Chaud* et de *Possible concurrence*.

Eh bien...Allez comprendre.

Il s’installe furtivement sur son siège et cherche à se rapprocher le plus possible de la chaleur. Quitte à ce qu’elle le brûle, il resterait un des très rares privilégiés à avoir pu augmenter sa température de plus de trois degrés en quatre semaines. A vrai dire, la chaleur s’insinuant sous sa triple combinaison ne faisait pas autant d’effet qu’il ne l’aurait pensé. Quoique, s’il se concentre bien, il peut l’imaginer. Intense mais pas trop...du genre sous la couette...douce ...confortable...reposante...et...avec...
           

  « Mon f’énéral ! Mon f’énéral ! »
  « Mmh ? »
  « Notre nou’f’eau générateur f’ient de nous la’f’er ! F’est une catastrophe ! On ne peut plus continuer nos ex’f’périmenta’f’ions !! »

Jack sort l’habituel chiffon pour nettoyer l’abondance de postillon évacué à travers l’écharpe de la scientifique. Las et rabaissant son bonnet, il tire soigneusement un stylo bille de sa poche et tente une première approche avec le papier. La vingt-quatrième commande, à croire que les scientifiques jouaient à la pétanque avec le matériel technologique.
           

  « Mon f’énéral, vous m’a’f’ez entendu ? »
  « Mmh... »Fait-il, tentant le plus possible de garder cette douce sensation en lui sans la faire évacuer par un quelconque orifice.

La chaleur est devenue bien trop précieuse. Foutue étoile. Quelle idée d’être venu. Ah oui, bien sûr : il n’avait pas lu le mémo. Mémo soigneusement rédigé par Walter qui l’informait de l’état climatique de P2R121. Mais il était si heureux de partir cinq semaines hors de la paperasse. Maintenant, il aurait tout donné tout pour être sur Terre, rester sur Terre et lire les mémos ; faut il encore qu’il les trouve ...

  « Il faut en cher’f’er un sur Terre, mon f’énéral ! »

Heureux hasard !

La tête de Jack se lève subitement. * En cher’f’er un sur Terre*... l’occasion idéale de lever le camp en douce sans avoir à se justifier auprès de ses scientifiques qui (selon les dires de Felger) commencent à l’apprécier réellement.

Pas lui. Sauf une. Ou deux...

Aaaah bénissez celle qui lui apporte une telle nouvelle. Ce que Jack fait tout naturellement, après tout, elle va lui sauver la vie.

  « Vous vous nommez ? »
  « Docteur Novak, Lindsay Novak.»
  « Vous êtes vraiment douée, Lyndsay...vraiment. »

                                                        ******

Après avoir donné le commandement de l’expédition au premier colonel venu, Jack emballe son sac et se mit en route pour la Porte accompagné de sa très chère Lindsay Novak, seconde scientifique ayant réussi le pari insensé de remonter dans son estime le niveau (pourtant profondément bas) de sa profession.
Il souffle calmement, laissant un nuage blanc vaporeux le précéder, ascensionner, et lâche un solennel :
   

  « J’ai froid. »
  « Ah. F’e ne peut rien faire pour f’ous mon f’énéral. Mais dès que f’ous f’erez rentré, f’ous f’ous sentirez bien mieux. »
  « Si vous le dites. Quoiqu’il en soit, j’ai froid.»
  « La f’aleur humaine. »
  « Pardon ? »
  « La f’aleur humaine est un ex’f’cellent moyen pour combattre le froid. » Dit elle, le teint de sa peau pourtant plus blanchâtre que la moyenne rosissant légèrement.
           
*A quoi peut-elle penser pour rougir comme ça ?* Aurait pu penser Jack, mais à vrai dire, il était passé à l’autre étape :
           
            * Ah, ça me fait penser à ce film là...dans le sac de couchage. *
            * La chaleur humaine. La chaleur humaine. La chaleur humaine. *
            * Friction Corporelle. Réchauffement mutuel.*
            * Avec qui et comment... ? *
            * Eh beh, les scientifiques... J’espère qu’elle ne fait pas ça dans les labos. *

O’Neill tourne légèrement une tête inquiète vers son accompagnatrice, sourcils froncés.
           

  « Oh non, non, non, non ! F’e n’est pas à quoi f’ous pen’f’ez !! »Bredouille t-elle,      « F’e vais f ‘ous montrer. »

Ils s’arrêtent sur le pas de la Porte et la jeune scientifique pose son sac en douceur sur le sol. Lentement, elle fait face à son patron et l’enlace amicalement, exerçant une petite pression au niveau des bras pour pouvoir faire passer ses mains sur son dos, rapprochant son corps du sien...Et frottant énergiquement son dos.
           

  « F’oila, f’a va mieux ? » s’inquiète-t-elle en le relâchant doucement.
  « Wow ! C’est vrai que ça réchauffe... »

Un semblant de sourire se traduit derrière l’écharpe et la jeune femme compose les coordonnées terriennes, laissant le temps au Général de savourer ce court intermède qui semble à la fois le faire revivre et l’inquiéter.

  « Paf’ez vite la Porte mon f’énéral, et n’oubliez pas le générateur ! »
  « ...Promettez moi que tout ceci reste entre nous, Docteur... »
  « Promis. »
  « Merci quand même... »

Et d’un pas joyeux et réconfortant, Jack, qui dans son for intérieur se voit déjà sous un plaid, bière à la main et Homer sous les yeux, s’avance dans le vortex.

                                                        ******
  « Fermeture de l’iris ! »Prononce une voix dans la salle de contrôle.

  « Fermeture de l’iris ! »Prononce une voix dans la salle de contrôle.

Il regarde  à gauche. Doudounes. Il regarde à droite. Doudounes et écharpes. Il regarde devant lui. Une doudoune, une écharpe, un bonnet.

  « Hey, on avait pas prévu de vous revoir si tôt Jack ! »

...Il souffle trois fois dans le vide laissant le même nuage blanc vaporeux de la planète se former sous ses yeux...mais dans le Sgc.
           

  « Hum...oui nous avons eu quelq... »
  « Qu’est ce que c’est que ça ? »Montre-t-il du doigt la vitre de la salle des commandes.
  « Hum, hum...du givre...? »
           
Quand on dit que la vie est un éternel recommencement, DANS la vie aussi, il y a des éternels recommencements...Bien trop fréquents aux goûts de Jack.
Daniel, inquiet et silencieux, plonge sa main dans sa poche et lui tend une paire de moufles en prononçant un timide :
           

  « Vous en aurez besoin... »

                                                       ******

Une «panne des chauffages principaux dans les niveaux 24 et 25» qui «ont  tout bonnement explosé lorsque blablablabla» selon les dires de Sam « qui travaille d’arrache pied pour réparer tout ça » car «il est possible que l’on atteigne les -20 degrés dans les deux jours qui suivent» ... «nous sommes à des centaines de pieds sous terre Jack, rien d’autre ne peux nous réchauffer et surtout pas le soleil,» merde ! «Et Teal’c s’occupe de la distribution des couvertures et vêtements.» Brave gars ce Teal’c. «Alors, sinon, P2R121, c’était comment ?»

Froid...Encore...Ironique non ?

Il descend lentement de la passerelle d’embarcation, ne prenant pas garde au « Attention au verglas...à gauche.» de Daniel (qu’il évite miraculeusement), ne prenant plus garde à cette espèce de champs de doudoune qui, au fur et à mesure de son avancée, prononce oralement son respect envers le supérieur.

Il avance. Calmement. Dans sa tête : un vide, un néant, une déception, une petite voix qui lui murmure de ne pas abandonner son poste, une autre lui conseille timidement d’aller se coucher, une énième lui affirme son désespoir, une dernière lui hurle J’ai froid !*.

                                                       ******

Il a vu Teal’c.
Et son moral grisonnant/suicidaire se calme soudainement. Un Teal’c en débardeur qui pourrait traverser l’Himalaya à mains et pieds nus si l’envie lui prenait.
O’Neill va survivre, il peut survivre! Il se dit tout bonnement que si Teal’c peut supporter ces conditions pourquoi pas lui? Après tout, le Jaffa à sa trétonine et lui a (non, pas *rien*) la méthode de Lindsay Novak.

Quand on vous dit que cette jeune femme va le sauver...

Il ne manque plus qu’à trouver un cobaye, des cobayes, n’importe qui, n’importe quoi. Il est vivant ; vivant mais désespéré.

  « Vraiment ? »
  « Mmmh ! »
  « Vous ne m’avez pas l’air pourtant SI désespéré que ça... »
  « ... »
  « A moins que dégrafer mon soutien-gorge soit une mesure désespérée...»
  « Mais si, vous savez, comme ... *la dernière cigarette du condamné...*. » Dit-il doucement en triturant l’attache élastique du Wonderbra.
  « ...Je suis la cigarette ? »
  « Nooooooon, voyons Carter... »
  « Mon soutien-gorge l’est peut-être alors ? »
  « Carter, Carter, Carter... »

Carter, la jolie Carter.
C-A-R-T-E-R comme : Coeur Artificiel à Réaction Thermique à l’Ethanol Refroidi pour elle ou bientôt Content d’Avoir Retiré ce T-shirt Extensible Rouge pour Jack.
Et la température de la base n’aidant pas, celui-ci devient de plus en plus vicieux dans la technique de Miss Novak.
           

   « Mon Général. »Emet-elle en se libérant des mains baladeuses qui parcourent délicieusement son dos, « Je ne pense pas que nous puissions continuer ainsi. »
  « C’est vrai. »Dit-il avec un sourire bourré de sous-entendus.
  « Non. Ce que je veux dire c’est que vous n’êtes plus vraiment vous-même là. »
  « Je me les gèle Carter !! »
  « Ecoutez, au départ, je vous ai laissé me prendre dans vos bras, ce qui va en désaccord avec pas mal de choses mais qui reste comme même raisonnable si on retire le côté...hum..., enfin bon...alors...s’il vous plait, restons-en là. »
   « ... Je suis désolé. »S’excuse-t-il sincèrement après l’avoir regardée droit dans les yeux.

Il soupire longuement alors qu’il passe sa main dans les cheveux, la regardant se baisser fesses en arrière pour ramasser le linge. Mais comment voulait-elle qu’il s’arrête si toutes les positions qu’il trouve chez elle la rendaient de plus en plus désirable ?!

En plus, avec ce T-shirt rouge sacrement moulant...ce T-shirt rouge...moulant...yep.
Pfui, le froid a l’air de s’atténuer d’un coup...
           

  « C’est quoi ce...t-shirt Carter ? »Dit-il avec un sursaut suraigu dans la voix qu’il tente d’étouffer. L’émotion de voir ses seins aussi proches de lui sûrement.
  « Cadeau de Cassandra, Monsieur. Et je n’avais plus rien d’autre à porter.»

*Que le bon Dieu sauve toutes les adolescentes aussi chiantes soient elles* Se met soudainement à prier Jack.
           

  « Ça pose un problème mon Général ?»
  « Nooon...non,...non non. Enfin oui-non, non.»
   « ... »

*Tousse, tousse, tousse*
   « Attention votre jean est tombé. »Murmure-t-il à son égard en pointant légèrement du doigt le pantalon humide dépassant du bac, comme si c’est une chose banale. Il est vrai qu’un Général et un colonel dans une buanderie, en pleine ère glacière au Sgc, les deux ayant des sentiments hautement explosifs et tordus l’un pour l’autre et se jaugeant du regard réciproquement comme si l’un avait à la fois peur et envie de l’autre est une situation totalement banale.

*On voit ça tous les jours voyons...* tente inutilement Jack alors qu’il fixe son linge...
Ah...oui le linge. La raison première de sa venue dans la laverie. Mais quand elle l’avait vu totalement prostré sur lui-même, calé contre un des tuyaux brûlants d’une des machines à laver, elle ne put qu’être intéressée par cette petite chose en boule qui recherchait désespérément un peu de chaleur (lui avait-il dit après avoir humidifié ses yeux...).

Mais il décide à l’instant de partir. Pourquoi rester là si il n’y a rien à dire, redire, faire (ou défaire) ?

Un soupir se fait entendre mais elle ne relève même pas les yeux de sa tâche. Sauf peut-être pour le «Sam?».
Oh oui. Surtout le «Sam?».
           

  « Oui... ? »Hésite-t-elle, ne bougeant plus de sa position.

Elle s’attend alors à tout : du *Et si tout avait été différent ?* mélodramatique, au *J’ai envie de vous. Point barre. Suis-moi dans mes quartiers...*.
  

 « ...La porte est coincée. »

Ah. Peut-être pas à celle-là.

                                                     ******

L’humidité de la buanderie. C’est sa réponse.

L’humidité de la buanderie avait laissé quelques perles d’eau dans le joint de la porte. Et maintenant à -10, l’eau congelée bloque élégamment la porte sous la forme d’un stalagmite.

  « Il n’y a plus qu’à attendre que la température remonte. »
  *Yep.*
  « A moins que l’entourer de linge anticipe le réchauffement. »
  *Pourquoi pas.*
  « Bon alors qu’est-ce qu’on fait ? »
  *Ola, faut pas demander ça à moi...*

Silence. Très gros silence et très grosse tension palpable.
           

                                                      ******

  « Alors, vous l’aviez trouvé cette *possible concurrence* dont vous me parliez avant de partir ? »Dit-elle pour briser la glace.

Vu le contexte dans lequel ils sont, c’est le cas de le dire.
  

  « Plus ou moins. »

Et la conversation s’arrête là. Point final. Elle ne peut pas rentrer dans les détails, elle ne le veut pas et n’en a pas la chance. Quoiqu’elle puisse toujours essayer, et après elle peut jeter la faute sur la poudre blanche à laver, pour ses effets nocifs après inspiration profonde et très rapprochée. Mais les rumeurs fusant à une vitesse folle, elle ne souhaite pas que celle de *Droguée à Blancheur Eclatante Machine* parvienne à ces oreilles.
           

  « J’ai donc de la concurrence.» Fait-elle sur un air de constat en formant une légère mimique sur son visage. »
  « Si Elle revient, c’est fort possible. »Lance-t-il en la défiant amusement.
  « Elle ? »
  « Moui Elle. »
  « Oh, je ne pensais pas qu’il puisse y avoir une personne qui puisse me concurrencer... »
  « Vous n’êtes pas la seule à savoir réchauffer les gens Carter... »
  «Aaaah, vous allez recommencer, nous y voilà...»Fait elle avec sourire et agacement, se rappelant de cette seule et unique fois où un contact rapproché avait dû être nécessaire. Mais lui tournait ce souvenir en obsession.
  « Mais ...on était pas bien en Antarctique ? »
  « La seule chaleur profonde que vous aviez ressenti était dans votre état comateux...ou bien la couverture de survie...peut être Daniel... ou un ours polaire qui sait... »
  « Et les deux mains sous mon pull c’était quoi ? »Dit Jack blasé.
  « L’ours polaire ? »Tenta-t-elle en ce mordant la lèvre et fronçant les sourcils.
  « ... »
  « Vous l’aviez senti ? »
  « ... »
  « J’avais les mains froides. »
  « ... »
  « Et vous étiez la seule personne que j’avais devant moi. »
  « ... »
  « Ok, je vous ai utilisé à des fins personnelles, égoïstes et totalement malsaines à quelques moments mais je ne suis jamais allée plus loin que ce à quoi je pensais ! »
  « Parce que vous auriez été jusqu’où ? »Demanda t-il enfin après l’avoir laisser s’enfoncer dans ses propos.

Règle numéro 1 du code des *Pensées de Carter* : ne jamais demander à réaliser ses pensées.
Ps : surtout celles classées *Dangereusement réalisables* et *Mais ne rêve pas trop ma fille*.

                                                       ******

Commence alors un tâtonnement en aveugle, une folle traversée des signes, des ombres et des lumières, une accélération respiratoire, un crescendo des sens, synchronisés avec leurs corps et leurs imaginaires propres. 

  « On n’a pas l’air un peu ridicule ? »
  « Comment ça ? »
  « Je ne sais pas, le lieu...le fait...la position dans laquelle nous sommes... »Dit-elle en se tortillant de plaisir.
  « Ah vous voulez peut-être qu’on change ? »
  « Non, non, je suis bien ici. J’y reste ! »

Sourire, raaaah ce bon dieu de sourire sur sa peau. Un sourire qui passe autant sur le rose de ses lèvres que sur le rose de ses seins. Parce que, malgré ce que l’on peut en penser au vu de ses réactions à retardement, Jack est assez rapide dans la catégorie *Déshabillez-moi *. La technique imbattable étant de faire un élargissement sur le pantalon au niveau du bassin avec les mains collant les cuisses, puis de le faire glisser jusqu'à ce que le tissus quitte la peau. De ce fait, il ne lui reste plus qu’à s’occuper du haut, et avec attardement je vous prie.

  « Non, je voulais juste dire... »

Deux membres sont relevés de dessus le sol et les dernières parties vestimentaires superficielles font leur premier baptême de l’air, atterrissant ainsi aux quatre coins de la pièce. Un *wow !* se fait entendre, mais impossible de définir qui des deux s’est exclamé.

  «Merde, » hoquete-t-elle de plaisir,« j’aurais jamais pensé qu’on le ferait ici si un jour...si...enfin...un jour nous aurions eu l’opportunité de coucher ensemble.»
  « Réchauffer Carter, réchauffer, c’est ce qu’il faut écrire dans le rapport au cas où. »

L’espace entre leurs jambes est comblé, l’ensemble s’emmêle, patiente, avance, recule, se démêle pour re-combler le court instant des parties où la chaleur disparaît. Ephémère. Et recommencez ainsi de suite, derrière la machine à laver n°13.
Car malgré la position cavalière actuelle de Jack, l’enchevêtrement du couple eut pourtant bien du mal à se retrouver au sol : un duel acharné mais doux s’étant produit entre leurs langues, leurs corps, et tout le reste parmi les cloisons de la laverie, zigzaguant, entre, sur, près (on aurait presque pu dire *dans*, un pied de Sam s’étant coincé dans le tambour de la machine...) des laveuses automatiques. Pour enfin s’écrouler sur des bacs à linge derrière la treizième ...

Quelle chance.

Et des bleus apparaîtront sûrement demain.

Ses cuisses autour de ses hanches, sa bouche aspirant son souffle, ses ongles en sang dans son dos, avant de sombrer dans l’inconscience des gestes, des pensées, elle se raccroche à lui et continue le long mouvement de son bassin. Mais surtout, gardant cette patience inouïe et ce contact rapproché qui commence à créer un nuage de vapeur, de souffle chaud, d’humidité autour d’eux. De la chaleur, enfin de la chaleur. A vrai dire, Jack n’eut jamais eu une aussi bonne idée depuis...depuis...un moment.

Et à la manière d’une prière, Jack effectue le rituel : Au nom du Père (bouche), du Fils (sein gauche) et du Saint Esprit (sein droit), Amen (descendons plus bas...). Mais Sam a d’autres idées. Elle le stoppe dans son élan et se glisse élégamment sous son Général, emmenant inconsciemment avec elle une partie du drap et découvrant ainsi les épaules et le haut du dos nu de Jack.

1 minute...

2 minutes...

3, 4, 5 minutes...
           

  « Aaaaaah je peux pas, je peux pas. Il fait trop froid ! »Hurle Jack en rabattant sur lui un drap.

Couvrant par la même occasion Sam et sa tête,  stoppant brusquement le cocon mental qui les enveloppait.
La bouche de celle-ci quitte l’abdomen de son conjoint en fermant durement les yeux et Sam patiente plusieurs secondes.
           
  « ... »
  « Vous faites quoi là ? »
  « Je me pince pour savoir si cette situation est réelle. »
  « Et ? »
  « J’hésite... »
   « Ah. »

Ils se scrutent du regard quelques instants, comme pour photographier l’instant puis se penchent mutuellement l’un et l’autre, Jack s’affalant sur le buste de Sam et resserrant sa prise de ses jambes et bras sur son corps tandis qu’elle passe la main dans ses cheveux.

De toute façon il fait bien trop froid ; et elle n’a pas encore osé lui dire qu’elle avait dégradé encore plus les chauffages internes, jusqu'à faire exploser ceux encore en bon état. Comment lui expliquer qu’il ne vaut mieux pas qu’il prenne une douche demain avec ou sans elle...

La couleur opaque mais lumineuse et uniforme du drap blanc encercle paisiblement leurs corps et illumine leurs yeux. Elle sourit, et se laissa aller...

                                                        ******

Epilogue. Bien plus tard. Une nuit. Dans une chambre quelconque.  :

  « Sam, tu dors ? »
  « Plus maintenant. »
  « J’ai froid aux pieds. »
  « Oh non. Va mettre des chaussettes et laisse-moi dormir. »
  « Je déteste porter des chaussettes au lit. »
  « Tant pis. »
  « J’ai froid aux pieds. »
  « Tu veux une autre couverture ? »
  « Non. J’ai seulement froid aux pieds. »
  « … »
  « Sam ? »
  « … »
  « Je peux mettre mes pieds entre tes cuisses ? »
  « Tu vas me laisser dormir ? »
  « Bien sûr. »
  « Vas-y. »
  « Merci ! »
  « Tout le plaisir est pour moi. Bonne nuit. »

[…]

  « Jack… tu dors ? »
  « Plus maintenant. »
  « J’ai les mains froides. Je peux les mettre entre tes cuisses ? »

                                           

 
 
Conçu par Océan spécialement pour Imagine.
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