S -----------------------Genre:Romance Sam/Jack
T -----------------------Saison:2 ans après la 5
A -----------------------Spoilers
R -----------------------[1-08] Les désignés.
G -----------------------[3-17] La pluie de feu.
A -----------------------Résumé:
T -----------------------Jack revient après avoir disparu environ deux ans,
E -----------------------et la surprise qu'il ramène n'est pas du gout de tout le monde.
S -----------------------Notes:
G ---------------------- Tous les titres de chapitres sans exception sont tirés de chansons d'Evanescence.
1 ----------------------- Je mettrai un lien avec la chanson plus tard pour les curieux.
1/ We’ll be half way to anywhere.
O’Neill ouvrit un œil, puis l’autre, lentement, comme si ses paupières étaient collées. Il se sentait étrangement mal, quelque chose n’allait pas. Mais son esprit embué ne l’aidait pas. Petit à petit, il remarqua que la pièce où il était maintenant n’était pas celle où il s’était couché. Ce qui n’était vraiment pas normal. Son rythme cardiaque augmenta alors qu’il faisait rapidement le tour de la pièce, des yeux.
Quatre murs gris clairs, une couchette, assez dure d’ailleurs, compte tenu de la douleur qui lui transperçait le dos. Rien de plus, pas de portes, ni de fenêtres. Etrangement, malgré l’absence de luminaires, l’endroit était très bien éclairé.
Il se mit debout et s’approcha du mur en face de lui. Posant sa main droite à la hauteur de son épaule, il longea les murs à la recherche d’une ouverture quelconque qui lui permettrait de s’échapper en cas de danger. Un bruit étrange dans son dos le fit sursauter, un bruit qu’il connaissait. Une porte s’était ouverte, laissant apparaitre Daniel.
L’archéologue semblait sur le point de le tuer. Une colère profonde, comme il en avait rarement vue dansait au fond de ses yeux clairs et lorsqu’il s’avança, Jack recula d’un pas, impressionné.
- Je crois que c’est à vous ! Tonna Daniel.
Il lui tendait une espèce de panier d’une matière inconnue sur Terre, dans lequel il y avait un enfant.
- Salut Daniel, salut Liz. Où est-ce qu’on est ?
- Dans le vaisseau de Thor. Répondit Daniel froidement.
- Comment m’avez-vous retrouvé ?
- Grâce à Sam, mais j’ai l’impression qu’encore une fois on aurait dû vous laisser là bas.
- Non ! Et pourquoi encore une fois ?
- Laissez tomber !
- DANIEL !
- Vous allez séparer ce gamin de sa mère ?
- La mère de Liz est morte à sa naissance.
- Oh… Désolé…
- J’ai promis à ses parents de faire le mieux pour elle, juste avant leur mort. Le mieux pour elle, c’est la Terre. Elle a à peine dix mois, et malgré qu’elle soit en avance par rapport aux terriens, il lui faut de la nourriture pour enfants, des couches…
- On est presque arrivés Jack.
Le colonel suivit son ami jusqu’à la salle des commandes, tenant le couffin fermement.
- Salut, Thor !
- O’Neill, nous arrivons. Vous devez savoir que vous avez disparu un an et dix mois. Mettez-vous au centre de la pièce, je vais vous envoyer sur envoyer sur Terre.
Jack se plaça à un endroit quelconque et se sentit attiré vers la droite.
- C’est ici. Dit Daniel en souriant.
- Vous devriez mettre une croix… Rouge.
Il n’eut pas le temps de dire quoi que ce soit de plus, car Thor avait déplacé un galet sur son tableau de bord et un rayon blanc les avait recouverts.
2/ Don’t look back you’re safe now.
Le rayon blanc les déposa dans sa maison, son chalet plus précisément. O’Neill regarda Daniel sans comprendre, tout en cherchant l’interrupteur.
- Non ! Chuchota celui-ci.
- Mais enfin… ?
- Parlez doucement, venez.
Ils sortirent de la maison et s’installèrent sur les escaliers du perron. Jack déposa le panier sur le sol et prit les papiers que Daniel lui tendait.
- La base est en quarantaine, vous ne pourrez pas y entrer avant trois jours. Ce sont les instructions du Général. Il y a eu pas mal de changements, je pense que Sam vous expliquera tout ça. Je vous laisse, Thor à besoin de moi, on se reverra dans environ une semaine.
Daniel disparut comme ils étaient arrivés, ne laissant pas l’occasion à Jack de lui demander pourquoi ils étaient ici. Il ouvrit donc l’enveloppe et lut la lettre que lui adressait Hammond. Il retint qu’il avait trois jours pour rentrer dans le Colorado et que jusque là il était plus ou moins en perm, qu’il devrait attendre quelques jours pour la réouverture de ses comptes et pour récupérer ses papiers, enfin sauf sa carte d’identité, qui était dans l’enveloppe. Le général expliquait que Carter avait racheté sa maison, qu’elle s’était occupé de l’entretient et des paiements. Enfin, SG1 n’avait pas eu de remplaçants, Sam en avait malgré elle, prit le commandement.
Il devrait lire tous les rapports de missions pour savoir ce qu’il avait manqué. En gros, il n’avait plus d’identité, sauf sa carte, plus de téléphone, plus de voiture… Comment voulaient-ils qu’il rentre dans le Colorado ?
- Quelle merde ! Grogna-t-il.
3/ Fields Of Innocence.
Il faisait nuit, une très belle nuit, sans nuage, et malgré le froid, rester dehors ne le dérangeait pas. Pas de nuages, pas de lumières de la ville, c’était ce qu’il aimait sur Terre, cela lui avait manqué pendant tout ce temps. Il regarda quelques minutes les alentours, puis le ciel, et enfin son lac. SON lac, avec SES poissons… Enfin chez lui !
Subitement, il se rappela que Daniel l’avait plus ou moins réduit au silence plus tôt, mais pourquoi ? Il souleva le couffin et entra dans la maison. Il déposa Liz, toujours endormie sur le canapé et se dirigea vers la cuisine.
Le frigo était vide, mais les placards non, c’était déjà ça.
Il fallait, coucher Liz, qu’il se douche et qu’il dorme, lui aussi était pas mal crevé. Bon, hé bien au boulot, il coucha la petite, enfin, l’entoura de draps et de coussins, un peu ridicule, mais la chambre de Charlie devait être pleine de poussière et si elle tombait du lit… Il passa ensuite dans sa chambre et prit des vêtements au hasard dans son armoire avant de se diriger vers la salle de bain.
Il s’arrêta immédiatement lorsqu’il vit de la lumière sous la porte. Par habitude, il chercha son Beretta mais il n’avait rien pour se défendre, alors il lui faudrait être discret et prendre l’occupant de sa salle de bain par surprise. Il déposa ses vêtements et tourna doucement la poignée de la porte et regarda à l’intérieur.
Des habits, posés dans un coin de la pièce, une brosse à cheveux, une brosse à dents… C’était une femme, et apparemment, elle ne l’avait pas entendu. Du coup, Jack poussa la porte et entra tout en observant la salle. Juste à côté de la baignoire encore remplie, seulement vêtue d’une serviette de bain, il y avait Carter. Assise contre le mur, les genoux repliés contre sa poitrine, elle avait la tête en arrière, posée contre le mur et dormait paisiblement.
Elle était très différente de la Carter dont il se rappelait. Amaigrie, pâle, ses longs cheveux blonds foncés changeaient la forme de son visage. Elle semblait tout à fait innocente ainsi positionnée.
Mais que faisait-elle si peu vêtue dans sa salle de bain ? Il sortit de sa rêverie lorsqu’un frisson parcourut son échine, bon Dieu qu’il faisait froid. Il sortit une autre serviette du placard et la déposa sur son corps. Il entreprit ensuite de la réveiller, mais elle n’eut aucune réaction, elle devait être épuisée. Il la souleva tout en faisant attention à ne pas découvrir son corps. Il entra dans sa chambre et la déposa sur le lit, il dormirait sur le canapé.
Alors qu’il allait se relever, il fit tomber la lampe posée sur la table de nuit, ce qui eut pour effet de réveiller la jeune femme.
- Mon colonel ?
Sa voix, encore endormie ainsi que ses yeux gonflés de sommeil lui donnaient un air d’enfant. Et puis elle avait cette expression étrange, comme si elle avait en face d’elle un fantôme.
- Dormez, Carter.
- Vous êtes rentré ?
Elle avait une envie folle de se jeter dans ses bras, qu’il la serre tellement fort qu’elle en étouffe, mais il la regardait bizarrement, aussi, elle préféra se retenir et se contenta de sourire.
- Il semblerait que oui, plaisanta t’il. Mais Daniel ne vous a rien dit ? Thor m’a servit de taxi intergalactique.
- Non, enfin ça fait une semaine que je n’ai pas mis les pieds à la base, ils me l’ont interdit.
- C’est surement que c’était nécessaire…
- Non ! J’ai du travail, et maintenant j’en aurai encore plus à rattraper, et la base est en quarantaine pour encore trois jours et…
- Respirez ! La coupa t’il. Vous allez tomber dans les pommes.
Elle le regarda quelques secondes, semblant ne pas comprendre. Jack, lui, venait de se rappeler qu’elle n’était que très peu vêtue.
- Vous devriez vous… Habiller.
Il montrait ses jambes nues légèrement gêné, mais il sourit lorsqu’elle rougit, tentant de s’expliquer.
- Je suis… Désolée, je…
- Chut, habillez-vous et dormez. C’est un ordre.
- Je vais rentrer…
- Carter, il est… Deux heures du matin, vos yeux se ferment tous seuls et il faut environ dix heures pour aller au Colorado. En plus, j’ai besoin de vous pour me ramener demain, je n’ai ni permis, ni voiture. Alors vous restez là.
- Bien, monsieur.
4/ Who can decide what they dream, and dream I do.
Elle se leva, retenant la serviette autour de son corps et partit chercher ses vêtements. Une fois son sac en main, elle s’enferma dans la salle de bain et s’habilla. Elle rangea ensuite toutes les affaires qu’elle avait sorties et bourra ses vêtements sales dans le sac.
Sam s’assit sur le rebord de la baignoire, elle n’arrivait pas à intégrer le fait qu’il soit rentré. Elle souffla doucement et sortit, empoignant sa brosse à cheveux au passage.
- Vous n’allez pas dormir comme ça ?
- Je n’avais pas prévu de passer la nuit ici…
- Bon, ok.
Il se retourna et fouilla dans son armoire, quelques secondes plus tard, il en sortait un T-shirt noir. Il l’observa brosser ses cheveux, puis lui tendit le vêtement. Sans se préoccuper du fait qu’il soit là, elle enfila le T-shirt par-dessus son débardeur, puis enleva celui-ci et son soutient gorge, sans pour autant montrer autre chose que ses bras. Elle se mit ensuite debout et déboutonna son pantalon. Cachée par le vêtement noir qui allait jusqu’à la moitié de ses cuisses, elle descendit son jean puis l’enleva.
- Maintenant couchez-vous.
Il était impressionné par la souplesse de son second et même s’il avait voulu faire passer cette phrase pour un ordre, il n’aurait pas pu.
- Mais, et vous ?
- Dormez ! Je dormirai ailleurs. SAM ! Menaça-t-il alors qu’elle ouvrait la bouche pour répliquer.
Elle obtempéra, s’asseyant sur le lit en souriant. Jack se retourna et commença à sortir.
- Je vais prendre une douche, bonne nuit.
- Bonne nuit, mon colonel. Ah et… Bon retour à la maison.
- Merci de l’avoir maintenue en ordre.
L’homme quitta la pièce ravi d’avoir réussi à faire rougir son amie. Il entra dans la salle d’eau et mit ses projets à exécution, tout en se rappelant les joues rosées de la jeune femme et la sensation de joie que provoquait son retour ici. Le fait qu’elle soit dans sa maison, dans son lit, était déroutant, et même après presque deux ans, la sensation que cela provoquait dans son ventre n’avait pas changé.
Pendant ce temps, Sam s’était glissée sous les draps. Elle regardait le plafond tout en réfléchissant. Elle s’endormit peu après, la tête enfouie dans l’oreiller de son colonel. C’était si différent d’elle, mais elle avait beaucoup souffert de son absence et de tout ce qui en avait découlé. Mais tout irait mieux, maintenant.
5/ I see you there, further away.
Elle fût réveillée en sursaut. Elle ne se souvenait que d’avoir entendu des pleurs de bébé. Son obsession grandissante à propos des enfants devenait gênante. Si Janet savait ça… Quoi que, si elle l’entendait encore, ce devait être vrai, non.
Elle se leva et parcourut le couloir, guidée par la petite voix. Elle entra dans la chambre d’amis et découvrit, au milieu d’un amas de tissus, un bébé en train de s’époumoner.
D’où ce bébé pouvait-il venir ? Tentant de refouler l’explication logique tout au fond de son esprit, elle souleva l’enfant et le prit dans ses bras afin de le calmer. A sa façon de crier, quelque chose n’allait pas. Elle le déposa sur le lit et enleva ses vêtements, puis ses langes. C’était une petite fille, dont la couche était propre, donc son problème était tout autre.
Jack sortit de la salle de bain et referma la porte derrière lui. La porte de sa chambre était ouverte, après avoir jeté un coup d’œil il s’aperçut qu’elle n’était pas là et s’inquiéta. Elle n’obéissait vraiment jamais !
Les pleurs de Liz le menèrent, lui aussi, jusqu’à la chambre d’amis. Il s’approcha doucement, voulant qu’elle ne le voie pas.
Cette image, il en était sur, resterait gravée dans sa mémoire : Sam Carter avec un bébé dans les bras. Ses longues jambes nues semblaient ne jamais vouloir se terminer. Cette femme était d’une beauté extraordinaire et ne semblait pas s’en rendre compte. Liz, elle souriait, le visage encore humide, contente d’avoir le derrière à l’air.
- Elle a faim, monsieur.
Comment faisait-elle pour deviner sa présence à chaque fois ? Il s’approcha et vint s’asseoir à ses côtés, observant son visage à la dérobée. Elle souriait, sans pourtant en avoir envie. C’aurait pu passer inaperçu pour beaucoup, mais il la connaissait plutôt bien, et était capable de deviner ce qu’elle cachait parfois si bien.
- J’ai vu un magasin ouvert vingt quatre heures sur vingt quatre, il y a quelques jours. Je vais aller chercher ce qu’il lui faut.
- Vous restez, ici. Daniel à pensé à prendre ses affaires, il manque juste le biberon, et il doit y en rester un dans la chambre de Charlie.
Il prit l’enfant dans ses bras et fit signe à Sam de le suivre dans le couloir. Il s’arrêta devant la porte de la chambre de son fils et tendit la petite à Sam.
- Prenez-la, il doit y avoir un paquet de poussière là dedans. C’est pas bon pour…
Il s’était arrêté net. La chambre était propre, parfaitement rangée et nettoyée alors qu’il n’y avait pas mit les pieds depuis huit ans. Il tourna la tête vers Carter qui avait reculé de deux pas, serrant fortement la petite dans ses bras. Elle avait peur, peur qu’il réagisse mal. Sa réaction blessa Jack, mais il était vrai qu’à chaque fois qu’ils en avaient parlé, il finissait invariablement par hurler et refusait de lui parler pendant quelques jours…
- Carter…
Elle sursauta. Elle s’attendait à des reproches. Elle avait su au moment même om elle était entrée dans la pièce qu’elle ne devait pas y être, mais cela lui faisait tellement mal au cœur de voir tous ces jouets couverts de poussière, oubliés, qu’elle n’avait pas pu s’en empêcher.
- Je suis désolée…
- Pourquoi avez-vous fait ça ?
Sa voix n’était pas sèche, ni cassante, juste douce et pleine d’émotion.
- C’était plein de poussière…
- Vous êtes maniaque. Dit-il en entrant dans la pièce.
En voyant qu’elle ne le suivait pas, il ressortit juste la tête et la tira par le bras. Sam entra et se tint debout près du petit lit, berçant la fillette doucement pour la faire patienter. Comme à chaque fois qu’elle entrait dans cette chambre, Sam observa la photo du petit garçon qui était accrochée juste à côté de l’armoire.
- Il est beau, hein ? Il ressemblait beaucoup à Sarah, j’en étais même un peu jaloux Liz aussi sera belle, aussi belle que sa mère. Shanna avait de magnifiques yeux verts.
Ainsi elle s’appelait Liz. Sans savoir pourquoi, Samantha se sentit soudain très mal, et il semblait que le colonel l’ait remarqué, car il lui prit la petite des bras et la força à s’asseoir. Elle était tellement pâle qu’elle aurait pu s’écrouler, là, devant lui sans qu’il ne puisse rien faire. Inquiet, il se mit à genoux devant elle après avoir posé Liz dans le lit. Il la força à relever la tête qu’elle avait piteusement laissé tomber contre sa poitrine et la regarda dans les yeux.
- Depuis quand n’avez-vous pas mangé ?
- Je… Je ne sais pas…
O’Neill sentit la colère monter. Aucun d’eux n’avait été capable de prendre soin d’elle… Il serra les mains froides et tremblantes de la jeune femme entre les siennes et s’assit près d’elle.
Sam, elle, n’avait qu’une chose dans la tête : l’horrible nom de cette femme. Cette femme qu’elle haïssait déjà, sans même la connaître, pour lui avoir définitivement gâché la vie. D’abord sur Kynthia sur Argos, puis Laïra, sur Edora… Elle les haïssait toutes. Il avait lui-même trouvé une excuse à son malaise… Tant mieux. Elle ferma doucement les yeux et essaya de concentrer toutes ses forces afin de se lever, mais il la prit de court en se levant lui-même.
- Bougez pas.
Il empoigna le biberon qu’il avait sortit et le descendit, puis mit du lait à chauffer dans une casserole. Sam l’entendit arriver alors qu’elle était déjà à la moitié des escaliers, Liz dans les bras.
6/ Crave my heart and it’s bleeding in your hand.
O’Neill lui prit la petite des mains et la déposa sur le canapé avant de revenir vers elle.
- Je vous avais dit de rester là haut. Allez, venez.
Il l’attrapa par le poignet et l’attira en bas, doucement, pour ne pas qu’elle tombe. Il l’aida à s’asseoir et partit chercher de quoi nourrir les deux filles dans la pièce voisine : le biberon, et une boite de cookies.
O’Neill s’installa dans le canapé et commença à nourrir l’enfant, pendant que la scientifique l’observait, silencieuse.
- Mangez. Allez ! Alors, qu’est ce que j’ai loupé ? demanda t’il après quelques secondes.
- On a tué Ba’ al. Répondit Sam, la bouche pleine de gâteau.
- Vous ne m’avez pas attendu ?
- Je n’ai pas eu le choix, monsieur. C’était lui ou moi.
- Oh… Il vous a…
- Torturée ? Oui. C’est pas grave, j’suis encore vivante. Nous avons aussi un nouveau président, il ne voulait pas continuer le projet.
- Alors, c’est fini ? La coupa t’il.
- Non. Ba’ al nous a servit pour une fois. Il a attaqué la base pendant que le général n’était pas là. On a mit deux jours, mais on l’a eut. Je vous donnerai mon rapport, c’était il y a trois semaines.
- Hum… Sinon, comment va Teal’c ?
- Bien… Il passe son temps à se moquer de Daniel et de son air niais dès qu’il est avec Janet.
- « Avec » ?
- Ils sont ensembles depuis un an. Il a officiellement adopté Cassie.
Jack allait répondre quand le téléphone sonna. Il posa Liz sur le canapé et décrocha :
- Colonel ?
- Oui.
- Euh… Pourrais-je parler au colonel carter, s’il vous plait.
- Oui, oui. Répondit Jack, sonné.
Il tendit le combiné à Carter qui s’énerva après le pauvre technicien à l’autre bout du fil.
- Je vous ai dis cent fois de ne pas jouer sur cet ordinateur ! Pas de « mais », vous n’êtes plus sensés être des gamins, mais c’est à la garderie qu’on aurait dû vous mettre, vous êtes incapable de vous occuper de la porte. Vous êtes de garde bon sang ! Restez concentré ! Walter saura comment régler ça, demandez lui !
Elle raccrocha furieusement, sans attendre de réponse de la part du pauvre technicien, puis se rassit, fulminant.
- Que s’est-il passé ?
- Les nouveaux croient que les ordinateurs de la salle de contrôle sont des jouets, du coup, ils ont planté le système pour la dixième fois en une semaine.
- Vous avez raison, il faut les dresser, colonel.
7/ Blame it on me, set your guilt free.
Brusquement, son regard amusé devint dur et froid. Elle se leva et alla se planter devant la grande porte fenêtre. Elle tentait visiblement de se contrôler, de ne pas hurler.
- Carter…
- Qui vous a dit ça ? Le coupa t’elle.
Sa voix était étrange, elle semblait ne pas correspondre avec son corps, avec sa personne. Jack ne comprenait pas pourquoi, elle ne semblait pas pouvoir supporter ce grade.
- Le type au téléphone.
- Il s’est trompé !
- Carter…
- Je ne suis PAS colonel !
- Carter, qu’est ce qu’il s’est passé ?
- Ba’ al s’est servit de Felmann, Jones et Kent comme cobayes pour ses expériences… Ils étaient venus me chercher pour qu’il arrête de me torturer… J’étais responsable de la base et je les ai laissés mourir comme des rats…
- Ne prenez pas tout sur vous, Carter. A force, vous allez finir chez le Doc pour tentative de suicide.
Un rire ironique accueillît sa remarque, et, inquiet il s’approcha. Il entoura les épaules de la jeune femme de son bras gauche et la serra contre lui. Ce ne fut qu’à ce moment qu’il remarqua la fine cicatrice sur son poignet. Il le prit dans sa main droite et l’observa de plus près.
- Ce n’est pas votre genre, Sam.
- Vous ne savez pas. Vous ne pouvez pas savoir, vous n’étiez pas là.
- Combien de gens avez-vous sauvé ce jour là.
- Je n’étais pas seule…
- Qui l’a tué ? Vous, n’est ce pas ? Alors au lieu de ressasser tout ça, pensez à tous ceux qui vivent grâce à vous. Je sais que c’est dur de se dire qu’ils sont morts injustement, mais écoutez-moi, vous n’êtes pas morte à leur place et c’est mieux comme ça. La planète à besoin de vous. Essayez d’oublier.
- Non…
- Si. Vous avez mérité ce grade. Vous, plus que la plupart des autres.
Il l’attira contre lui, et la berça doucement pendant quelques minutes. Il sentait la respiration rapide de la jeune femme et ses mains accrochées fermement à son T-shirt. Elle était trop… Humaine pour supporter ça, pensait trop, voulait sauver tout le monde. Et puis, elle ne supportait pas de se planter.
Les pleurs de Liz interrompirent d’intimité et ils se séparèrent. Sam prit la petite dans ses bras et se dirigea vers les escaliers, suivie de peu par O’Neill. Elle déposa l’enfant dans le lit de Charlie et ressortit, la laissant avec son père.
Quelques secondes plus tard, il la rejoignit dans le couloir et la raccompagna jusqu’à sa chambre. Au lieu de faire place à ses objections, cette fois, il se pencha et l’attrapa pour la mettre sur son épaule. Une fois fait, il s’approcha du lit et la laissa tomber sur le matelas. Pour la première fois depuis qu’il était rentré, il la vit rire vraiment. Il la força à se coucher, puis la couvrit, bordant la couverture des deux côtés, puis il s’assit à ses côtés et alluma la lumière.
- Une veilleuse, une histoire, avant de dormir ?
- Non, merci, ça devrait aller.
- Bon, ben faites de beau rêves. Dit-il en se levant.
Il déposa un baiser sur front et sortit pour aller se coucher.
8/ I fell good enough...
Samantha se réveilla doucement, réchauffée par les rayons du soleil sur son visage. Elle ouvrit les yeux et s’assit, observant le lac par la fenêtre. Elle regrettait d’avoir refusé de venir ici, avant. C’était magnifique. Elle n’avait pas aussi bien dormi depuis longtemps. Même si elle n’allait pas mieux, le silence radio de sa conscience, apaisée par les paroles de son colonel. O’Neill frappa à la porte et elle se composa un sourire avant qu’il n’ouvre la porte. Elle le sentit s’approcher, se placer à ses côtés.
- C’est plus beau le soir, quand le soleil se couche. Il se reflète dans le lac. La nuit, on voit toutes les étoiles…
- Je sais…
- Allez, venez manger, il faut vous remplumer.
- Je n’ai pas très faim…
- Vous n’avez pas le choix, vous êtes tellement maigre que j’ai l’impression que vous allez vous casser.
Elle sourit puis le suivit jusque dans la cuisine.
9/ So far away I see the truth.
Le coffre plein de nourriture et d’affaires pour la petite, ils sortirent du parking du magasin et commencèrent leur long voyage jusqu’à Colorado Springs. Jack avait bien essayé d’appeler Thor, mais il semblait que l’Asgard se soit mit sur liste rouge en ce moment.
Sam avait proposé au colonel de venir chez elle, étant donné que sa maison n’avait pas été chauffée depuis deux ans. Il accepta volontiers, il profiterait de l’occasion pour surveiller Carter.
Près de douze heures trente et cinq arrêts plus tard, la militaire coupait le moteur. Elle sortit de la voiture, ouvrit le coffre et en sortit trois gros sacs en carton qu’elle prit dans ses bras. Clefs en main, elle se dirigea vers la porte, l’ouvrit et entra dans sa maison. Ca faisait une éternité qu’elle n’était pas entrée ici. Avec tout le temps qu’elle avait passé à travailler pour ramener O’Neill…
Ils déchargèrent entièrement la voiture et, pendant que Sam rangeait les courses, Jack montait le lit pour Liz dans la chambre d’amis de la jeune femme. Ce qui fut laborieux, car selon lui, la notice était très mal faite.
Une fois que tout ça fut fini, Samantha lui proposa d’aller récupérer quelques affaires chez lui. Elle le déposa devant chez lui, et emmena Liz au parc en face de chez lui pour lui faire prendre un peu l’air. Il était déjà huit heures, mais l’été était chaud, et il ne faisait pas encore tout à fait nuit…
Sa maison avait bien changé ! C’était rangé. Carter était encore passée par là. Plus de poussière, plus de courrier par terre… Même les factures étaient rangées, et payées.
Il n’avait pas pensé à ça, juste au manque que son absence pourrait provoquer, pas à la charge de travail qu’il leur imposait. Enfin, surtout à elle apparemment.
Il monta à l’étage, fourra des vêtements dans son sac, puis des affaires de toilettes et redescendit. Il referma la porte à clefs, mit son sac dans la voiture et rejoignit les deux filles.
Lorsqu’il arriva, il resta un peu à l’écart, observant Carter qui poussait la balançoire dans laquelle elle avait installé Liz, tout en lui parlant doucement. Il ne l’avait jamais vue comme ça, même avec Cassandra, sa voix était douce, mélodieuse… Et triste. Son visage exprimait la même chose : tristesse.
Elle ne devait pas se rendre compte à quel point elle était belle.
Il s’approcha d’elles alors qua Sam plaçait une fleur dans la petite main de l’enfant qu’elle avait déposée dans l’herbe.
- C’est une pâquerette. Dit-elle en souriant.
Liz rit, puis lança la fleur dans l’herbe. Elle s mit à quatre pattes et avança laborieusement jusqu’à sa pâquerette. Carter s’assit dans la pelouse en souriant et O’Neill vint se placer à sa gauche.
- Elle est trop petite pour comprendre qu’une fleur, ce n’est pas un jouet.
- Ce n’est pas grave, au moins elle s’amuse.
- Nous devrions rentrer avant qu’il ne fasse froid.
- Oui, bonne idée.
10/ It hurts so much to hurt you.
- Bonne nuit, Liz.
Jack descendit les escaliers et retrouva Carter dans la cuisine. Elle était déjà en train de faire la vaisselle après avoir nettoyé la table et les plaques de cuisson.
- Vous auriez dû m’attendre. Je vais vous aider.
- Laissez, mon colonel, j’ai presque fini.
- Carter, je ne suis plus votre supérieur. Arrêtez ça, s’il vous plaît.
- Bien, monsieur. Dit-elle en souriant.
- Rah, Carter ! Vous êtes une sale gosse ! Je vais me plaindre à votre père.
- Pour ça, il faudrait déjà qu’il revienne… Murmura-t-elle tristement.
- Carter ? Demanda t-il malgré avoir entendu.
- Non, rien… Monsieur !
Elle déposa le dernier couvert dans le tiroir et passa devant lui en riant, la tête haute. Jack la suivit et l’imita, s’asseyant lui aussi sur le canapé.
- Hum… Feuilleton pour garces, dessin animé pour enfants, film à l’eau de rose… Ah, du basket.
- Carter, c’est pas pour les filles, le basket.
- Et pourquoi ?
- Si vous me dites que vous aimez aussi le hockey et le baseball, je fais une crise cardiaque.
- Oh, je suis désolée, je vais appeler Janet, qu’elle vous ranime.
- Ah, Carter, vous êtes la femme parfaite.
Sam sourit tristement puis reporta son attention sur le match à la télé. Si elle était vraiment la femme parfaite, il n’en aurait pas choisit une autre. Une autre avec des yeux verts, et surement de beaux cheveux et… Non, elle n’était pas parfaite.
Au premier quart temps, le militaire se leva pour aller voir Liz. Comme elle dormait à poings fermés, il redescendit rapidement au salon. Il allait s’asseoir quand il s’aperçût que Sam dormait. Définitivement parfaite, se dit-il en l’observant quelques secondes. Il n’allait pas la laisser dormir là… Et la réveiller était une mauvaise idée, elle serait capable de refaire le ménage en entier, elle avait déjà mit une heure pour tout nettoyer alors… Tant pis pour le match, après tout, lui aussi était fatigué. Il éteignit la télé, la lumière et la prit dans ses bras. Elle déposa sa tête contre la clavicule de l’homme et murmura quelques mots incompréhensibles. Il la porta jusqu’à l’étage et la déposa doucement sur son lit, lui enleva ses chaussures puis la couvrit de ses draps. Après ça, il partit lui aussi se coucher.
Environ deux heures plus tard, un cri étrange le réveilla. Ce n’était pas Liz, et ça ne venait pas de dehors. Donc ça ne pouvait être que Carter. Il se leva d’un bond et courut jusqu’à l’autre bout du couloir. Il ouvrit à la volée et s’approcha du lit. Elle se débattait avec ses draps, le visage couvert de larmes. Des gémissements rauques s’échappaient de sa gorge, entre coupant des suites de mots, des bouts de phrases.
- Non, non… Au secours… J’ai mal… Il est parti… Je ne sais pas… Il est mort… Jack !
Son prénom, elle l’avait hurlé. Il s’assit à côté d’elle et l’attira à lui, l’empêchant de bouger afin qu’elle ne se blesse pas d’avantage. Sa lèvre inférieure était en sang, elle avait dût se l’infliger elle-même, prise dans son cauchemar. Il la sentit se tendre alors qu’elle criait, serrant ses petits poings autour de son T-shirt.
- C’est fini, Sam. Ca va aller.
Elle était réveillée, il le savait. Sa respiration était beaucoup trop rapide, si elle ne se calmait pas, elle risquait l’hyper ventilation. Il la serra un peu plus fort, la berçant doucement tout en caressant ses cheveux.
- Ba’ al…
- Je sais, Sam, je sais. Ca va aller.
Comment faire ça à cette femme ? Il aurait sa peau. Elle pleura pendant longtemps, puis finit par s’endormir, encore à l’abri dans ses bras.
11/ If only I knew, how to pull myself apart.
Lorsque la militaire se réveilla, ses deux invités dormaient encore. Elle décida de ne pas les réveiller et descendit préparer le petit déjeuner après s’être lavée. Elle ouvrit les fenêtres en grand et sortit tout ce qu’il fallait pour Liz.
Lorsqu’il descendit avec la petite dans les bras, O’Neill trouva une table remplie, avec un bol de Froot Loops pour lui ainsi qu’un café, et la nourriture de Liz. Carter, elle, « tait debout devant l’évier une éponge dans la main, et ses écouteurs dans les oreilles. Il déposa la petite dans sa chaise haute et se plaça juste derrière elle avec la ferme intention de lui faire peur. Alors qu’il approchait ses longs doigts des hanches de la jeune femme, elle se mit à chanter, le clouant sur place. Il avait déjà entendu ça quelque part. C’était Cassie qui la chantait souvent. Elle venait d’un film d’animation dont le personnage principal portait son nom. Comme d’habitude, impossible de se souvenir du titre. Sans importance. Mais cette chanson était triste et déprimante selon la jeune fille et il l’écouta attentivement.
Lorsque la chanson fut finie, il reprit ses esprits et releva ses mains au niveau des hanches de la jeune femme. Au moment où elles entraient en contact avec le corps de Sam, il souffla « Bouh » à l’oreille.
Il ne se rendit compte que c’était une mauvaise idée qu’au dernier moment. En effet, le poing de Carter arrivait droit sur son nez et s’il l’évita, ce ne fut que grâce à ses réflexes. Il se retrouva avec son poing dans la main, alors qu’elle rougissait à vue d’œil.
- Désolée… Je…
- C’était moins une ! Je suis bien content de ne pas avoir été à la place du Shavadaï !
Sam rit puis lui montra la table. Il se retourna pour regarder et elle l’empoigna par les épaules et le poussa jusqu’à sa chaise. O’Neill s’assit sagement et entama son petit déjeuner, tout en jetant fréquemment des coups d’œil à Sam qui nourrissait la petite. Elle ne mangeait pas. Peut-être l’avait-elle déjà fait ? I termina son bol, débarrassa la table et partit ensuite au salon pour changer Liz.
L’horrible bruit de la sonnette fit sursauter la jeune femme. Elle se dirigea rapidement vers la porte et l’ouvrit avec que Jack n’arrive. De l’autre côté, deux femmes attendaient. Un homme, en retrait par rapport à elles, semblait accablé par le poids des années, pourtant il ne dépassait pas les quatre vingt ans. Sam leur sourit doucement et s’effaça pour les laisser entrer. La plus jeune entra en premier. Brune, avec de magnifiques yeux verts, elle n,’avait pas plus de trente ans. L’autre femme, plus vieille, entra à sa suite et se retourna pour attendre son mari.
- Pardonnez notre retard, Oncle Henri nous a perdues à l’Aéroport de Denver. Dit la jeune femme tout en prenant Sam dans ses bras.
- Ce n’est pas grave. On a toute la journée.
12/ There is just so much that time cannot erase.
Jack, qui avait fini avec Liz, avait quitté le salon en entendant la sonnette. Il connaissait la voix, et s’arrêta net lorsqu’il reconnut Alex. Qu’est ce que sa cousine pouvait bien faire ici ? Et ce « Oncle Henri » ?
Il observa les deux jeunes femmes dans leur étreinte, puis sa mère vint serrer Sam, comme si elles s’étaient toujours connues. La vieille femme déposa un baiser sur le front de Carter et se recula pour laisser la place à Henri.
- Ca va un peu mieux ? demanda Alex. Je vous trouve toujours aussi pâle.
- Oui, beaucoup mieux. Merci.
- Avez-vous eu des nouvelles ? Demanda la vieille femme.
- Oui, ça fait peu de temps, je n’ai pas eu le temps de vous prévenir.
Elle s’était approchée de lui. Encore une fois, elle avait senti sa présence. Jack n’eut pas le temps de réagir qu’Alex lui sautait dans les bras. Heureusement, Liz avait atterrit, Dieu sait comment, in extremis, dans les bras de Carter. Ce fut ensuite Henri et Suzan, qui le serrèrent dans leurs bras. La propriétaire des lieux les mena au salon et leur servit à boire. Elle rendit Liz au colonel et s’éclipsa, prétextant du travail.
La vérité était toute autre. Revoir Alex et les parents de Jack, lui rappelait les difficultés des deux dernières années. Et puis… Elle avait ressenti un peu de jalousie quand le colonel avait accepté l’étreinte d’Alex, alors qu’il lui avait à peine sourit, à elle. Elle était jalouse, oui. Et pour tout un tas de raisons qui la rendaient malade. Elle se réfugia dans son bureau, elle n’y entendrait pas leur conversation. Elle espérait qu’Alex ne serait pas trop bavarde. Elle l’avait beaucoup aidée, mais leurs « discussions entre filles » pourraient changer l’opinion qu’O’Neill avait d’elle. S’il entendait parler de ses nombreuses blessures, de ses coups de cafard, de la dépression que Janet avait détecté, de sa… Pour sur, il la cataloguerait comme folle et partirait immédiatement. Elle avait honte, mais savait qu’elle n’en était toujours pas sortie.
13/ You’re silently broken.
L’esprit d’Alex tournait à deux mille à l’heure. Malgré qu’elle leur ait dit le contraire, Sam n’allait pas bien, et tout ça à cause de Jack qui ne savait regarder ailleurs que son nombril. Elle se leva sans même s’excuser et partit rejoindre son amie dans son bureau. Comme d’habitude, elle avait la tête dans le travail. Elles s’étaient vues une dizaine de fois, et elle ne l’avait pas vue lâcher son ordinateur une seule fois. La porte était ouverte et Alex se permit d’entrer. Elle observa quelques secondes le visage fatigué de son amie et conclut que sa dépression n’était pas finie, loin de là !
- Le travail, toujours le travail ! Vous devriez vous arrêter un peu, maintenant que vous nous l’avez ramené.
- Ce n’est pas moi, c’est Daniel. Répondit Sam en levant la tête de son ordinateur.
- Mais Jack a dit que vous aviez menti…
- Alexandra… Répondit la militaire à bout.
- Je sais que c’est lui qui a raison, je sais aussi que vous n’aimez pas la gloire que vous rapporte ce que vous faites, mais parfois, ça pourrait vous aider à vous sentir mieux. Vous la méritez.
- C’est mon travail.
- Il ne vous a rien dit, n’est ce pas ? Pas merci, rien… Jack est un fichu égoïste. S’énerva Alex.
- J’ai fais mon travail.
- Et c’est votre travail qui vous a mise dans cet état ? Vous devriez lui parler.
- Non, c’est trop tard, vous l’avez vu vous-même.
- Sam…
- Rah ! Fichue psychologue rit Sam, malgré l’oppressante envie de pleurer.
L’engueuler aurait été tentant mais totalement inutile. En revanche, Alex se promit qu’elle lui ferait entendre raison tôt ou tard.
Elles se dirigèrent vers le salon, chacune dans ses pensées, qui tournaient invariablement autour d’une personne : Jack.
14/ Feels like the weight of the world.
Sam était en train de faire la vaisselle, seule puisqu’elle avait refusé toute aide. Suzan entra, trouvant enfin le moment opportun pour lui parler sérieusement.
- Samantha, vous n’avez rien mangé.
- Je n’ai pas très faim…
- Vous ne savez pas prendre soin de vous, et Jack ne le fera pas à votre place. Vous n’êtes pas obligée de vous occuper d’eux, prenez du repos, partez une semaine en vacances…
- Non, merci. Ca va aller. Et je n’ai pas envie d’être seule.
- La présence de Liz vous embête.
- Où avez-vous caché votre boule de cristal ?
Sam souri franchement, cette femme devinait chacun de ses états d’esprits et elle savait déceler la plus petite inquiétude.
- Même un aveugle l’aurait vu. Ais-je des raisons de m’inquiéter pour la vue de mon fils ? Ironisa la vieille femme.
La plaisanterie eut son petit effet, puisque Sam éclata de rire.
- Je sais que c’est dur, mais il finira par réaliser ce qu’il a perdu.
- Surement trop tard…
- La date est-elle déjà passée ?
- Je crois que oui…
Suzan s’approcha de la jeune femme et la serra dans ses bras, essayant de la rassurer comme elle pouvait. Jack regarda la scène, perdu dans ses pensées. Il faudrait qu’il trouve rapidement ce qui n’allait pas chez Carter.
La famille O’Neill quitta la maison vers quinze heures, laissant juste assez de temps à Sam pour préparer les affaires de la petite avant d’aller faire la visite médicale de Liz à la base. Hammond avait appelé une heure plus tôt, annonçant que la quarantaine était levée, et qu’ils étaient attendus le plus rapidement possible au SGC.
Il la suivit alors qu’elle déposait Liz dans la voiture et lui parla d’une voix la plus douce possible pour éviter qu’elle ne se braque.
- Alors comme ça, vous connaissez Alex et mes parents… Je n’aurais jamais pensé que vous puissiez vous entendre avec ma cousine.
- Elle est très gentille, pourtant.
- Oui, mais elle est psy, c’est très… Agaçant parfois.
- Ca peut aider, aussi.
- Carter ?
- Oui, monsieur ?
Elle avait volontairement changé de ton, doux et volontaire à la fois. Le simple petit mot, pourtant si habituel qu’elle avait rajouté, avait suffit à la remettre à sa place. Changement de sujet obligatoire où elle s’énerverait et nierait tout… C’était la dernière chose qu’il voulait, il n’avait besoin que d’éclaircir certains points de la conversation qu’il avait eu avec sa cousine.
- Janet nous attend.
Surpris, il sursauta et mit quelques secondes à reprendre ses esprits. Il monta en voiture au moment où elle mettait le contact. Il se perdit dans ses réflexions, bercé par le doux ronronnement du moteur.
Une heure plus tard, Janet auscultait l’enfant en compagnie de Sam, pendant que Jack discutait avec le général.
- Je comprends, fiston, mais je ne crois pas que le président accepte de vous laisser Liz. Un enfant de cet âge a besoin d’une mère.
- Carter pourra m’aider.
Il venait de dire une connerie. Hammond semblait hésiter à lui hurler dessus.
- Vous devrez vous passer d’elle. Le docteur Frasier m’a communiqué son bilan médical, il lui faut du repos.
- Mon général.
- Elle a décelé une sévère anémie et de nombreuses carences.
- Mais…
- Elle a passé son temps à vous chercher… Vous savez comme elle peut être quand quelque chose lui tient à cœur.
Jack laissa son regard vagabonder dans la pièce. Bien sur qu’il savait. Elle avait fait exactement la même chose quand il était sur Edora. Et qu’elle ait pu se mettre dans cet état pour lui le mettait en boule. Elle l’avait fait pour le ramener… Maintenant, c’était à lui de prendre soin d’elle. Le général semblait avoir deviné ses pensées car il ajouta :
- Croyez-vous que vous soyez capable de vous occuper d’elle et de Liz ?
- J’essayerai !
- Bien, dans ce cas il lui faut du repos, et obligez là à manger.
- A vos ordres.
Jack sortit du bureau un peu rassuré. Hammond venait, implicitement, de lui donner une chance de faire ses preuves. Il rejoignit rapidement l’infirmerie et entra alors que les deux femmes semblaient se disputer.
- Non, Janet !
- Mais si ! Tu t’es déjà occupée de Cassie, et puis, elle est encore vivante, c’est que tu n’es pas si nulle.
- Elle est trop… Petite ! J’ai l’impression que je vais la casser. Je ne sais pas comment m’occuper d’enfants ! Et je ne suis pas faite pour ça.
- Essaye au moins !
- Non, Janet. Aide-moi, s’il te plait… Supplia Sam.
- Sam… Bon, commences par la prendre.
- Non, non ! Je peux pas !
Jack s’approcha et prit la petite dans les bras avant de se tourner vers Sam. D’un signe de tête, il lui indiqua de tendre les bras et y déposa Liz. La jeune femme réprima une grimace, elle avait beau faire des efforts, se dire que ce n’était pas juste par rapport à l’enfant Liz lui rappelait ce qu’elle avait perdu, son échec.
Elle ne le dirait à personne, mais malgré son retour, elle allait de plus en plus mal. Elle se sentait seule.
O’Neill remarqua son regard triste mais elle l’avait tellement souvent… Quelque chose l’avait blessée, mais quoi ? Et quand ? Il chassa tout ça de ses pensées d’un battement de paupières, il lui en parerait… Dès qu’il en aurait l’occasion. Pour l’instant, il devait la rassurer quant à ses capacités à s’occuper d’enfants.
- Elle n’est pas si fragile qu’on peut le penser. N’hésitez pas à la serrer, sa force vous étonnerait.
Il avait parlé d’une vois douce, ne s’occupant pas plus que ça de la présence du Doc, et profita du fait que Sam soit concentrée, pour l’observer.
Quelqu’un entra avant qu’il n’ait pu pousser ses réflexions trop loin. Elle avait le visage fermé et les yeux dénués de toute expression. Elle était douée pour ça, ne pas montrer ses sentiments, obéir sans réagir, encaisser jusqu’à craquer.
16/ In my world of paper flowers.
Jacob entra et sourit. Sam ne l’avait pas vu, elle lui tournait le dos. Il s’avança lentement et sans bruit, et cacha les yeux de sa fille de ses mains.
- Papa.
- Grillé ! Commenta Jack.
- Selmac t’a dénoncé, Papa. Dit Sam en se retournant.
Le regard du père alla de sa fille à l’enfant qu’elle tenait ses bras. Bon, il ne l’avait pas vue depuis… Dix mois, mais là, c’était impossible ! Et Jack était rentré.
Elle ira mieux maintenant, pensa le vieil homme. Comme pour le rassurer, son symbiote en rajouta une couche.
- Peut-être vont-ils enfin se décider ?
- Selmac ?
- Oui ?
- La ferme !
- Tu traines trop avec O’Neill ! Il a un mauvais effet sur toi ! D’où vient cet enfant ?
- Tu crois que je le sais ? Au cas où tu n’aie pas remarqué, nous partageons le même corps, donc le même cerveau…
- Pas faux ! Ta fille a une sale tête.
- Parles de Sam autrement ou…
- Tu me tors le cou ?
- Pourquoi pas ?
Sam et Jack regardaient le visage de Jacob changer en fonction du cours que prenait la discussion à l’intérieur de son crane. La grimace qu’affichait O’Neill fit rire les deux Carter. Liz atterrit dans les bras de son père et Jacob se décida enfin à demander des explications.
- Je vois que vous êtes rentré.
- Vous voyez bien.
- D’habitude, quand on voyage, on ramène des cartes, des breloques débiles, mais jamais d’enfants !
- Leur vision du tourisme est différente de la notre.
Jacob comprit qu’il n’en saurait pas plus, mais qu’il avait quand même visé juste. Il profita du fait que Sam avait laissé l’enfant pour la serrer dans ses bras. Il ne l’avait pas vue depuis tellement longtemps… Jack s’éclipsa, prétextant une faim de loup et laissa la petite famille profiter de ses retrouvailles. Peut-être cela ferait-il du bien à Carter… ?
L’après midi passa très vite pour chacun d’eux, Jack étant occupé à raconter à Teal’c ce qui lui était arrivé.
17/ And if I sleep just to dream of you and wake without you there...
Ils étaient arrivés sur P7V 767 depuis quinze heures environ, et chacun vaquait à ses occupations. Les Jayans étaient un peuple pacifique très avancé et un accord de partage était en préparation. Pour une fois que ça se passait bien !
Mais comme d’habitude, ça n’avait pas duré bien longtemps, à peine quelques heure plus tard, alors que la population locale sortait d’un sommeil bien mérité, une tempête avait éclaté.
- Mon colonel, il faut les protéger.
- On va aller dans les grottes, on sera à l’abri.
Ca avait bien tourné. Ils avaient tous pu rentrer dans les différentes grottes et se protéger du vent. Tous, ou presque. Il avait beau essayer de contacter Carter, Jack n’avait aucune réponse de son major. Des alliés des Jayans les avaient transportés sur une planète voisine qui ne possédait aucune porte des étoiles. O’Neill n’avait trouvé aucune trace du reste de SG1, ils n’avaient surement pas pu se mettre à l’abri. Jusqu’à ce que les Alryen ne leur disent qu’il y avait eu une activité de la porte peu avant leur arrivée, O’Neill avait vécu un véritable cauchemar. Mais finalement, ils étaient peut-être vivants.
Il avait passé ses deux années à s’intégrer à la vie des Jayans sur leur nouvelle planète. Cyriana, celle qu’ils avaient dû quitter, était inhabitable. Il avait construit sa propre maison, s’était fait des amis, mais n’avait pas hésité à tout quitter pour rentrer chez lui.
- Le Major Carter ne voulait pas partir, je l’y ai forcée.
- Merci, Teal’c.
- Une fois arrivée sur Terre, sa blessure a eu raison d’elle et nous avons été obligés de la sangler pour qu’elle se repose.
- Sa blessure ?
- Les débris des habitations l’avaient recouverte pendant qu’elle vérifiait qu’elles étaient toutes vides. Un morceau de fer a déchiré la peau de son ventre.
Elle était vivante, mais dans quel état… Plus il en apprenait sur ces deux dernières années, plus il se sentait mal vis-à-vis d’elle.
18/ I still remember the world through the eyes of a child; slowly those feeling were clouded by what I know now…
- Tiens, Jack. Hammond m’a demandé de te donner ça.
Reynolds lui tendait une pile de rapports, ceux de Carter concernant les deux dernières années, il aurait du boulot. Son ami semblait gêné, gêné de lui cacher quelque chose d’important. Jack ouvrit rapidement le premier rapport et le parcourut en diagonale. C’étaient bien ceux de Carter, il y avait quinze pages alors que d’autres n’en auraient écrit que trois…
- Al…
- Ecoutes, quand t’auras fini de tout lire, faudra que je te parle…
- Un problème ?
- Ce sera à toi de décider ça. J’dois y aller, à plus.
Jack observa le colonel s’éloigner et rejoignit les Carter, rapports en main. Finalement, le fait que son père soit là n’arrangeait pas vraiment les choses…
- Papa…
- Est-ce que ça va s’arranger au moins ?
- Je… J’en sais rien.
- Chérie…
Jacob prit sa fille dans ses bras et la berça doucement. Il posa les yeux sur l’enfant qu’elle tenait dans ses bras. Il n’arrivait pas à croire que Jack ait fait ça, il devait y avoir une autre explication. Ce qu’il voyait dans ses yeux, ses sourires… Cet homme n’était pas, plus, le salaud qu’il avait pu être un jour. Et même si les rumeurs le décrivaient tel qu’il l’avait été avant, il avait changé. Il n’aurait jamais fait ça à Sam. Mais il pouvait se tromper, Selmac aussi d’ailleurs, mieux valait ne pas en parler à Sam, ne pas lui imposer de faux espoirs.
- Ca va aller, chérie.
O’Neill les laissa seuls encore quelques secondes, jusqu’à ce qu’ils se séparent, puis entra. Il déposa les dossiers sur le bureau de Carter et prit la petite qu’elle lui tendait.
- Salut bébé !
L’enfant lui sourit puis commença à jouer avec ses plaques militaires. Jack observa Carter quelques secondes, mais elle le surprit et il tourna rapidement les yeux.
Il commença à lire les rapports dans la voiture, Sam était peu loquace et elle semblait peu encline à parler. Quand elle était dans cet état, elle risquait de hurler ou encore de la frapper s’il ouvrait la bouche.
Au fur et à mesure de ses lectures, son malaise vis-à-vis d’elle augmenta. En assumant son rôle, elle supportait tous les mauvais côtés, entre autre, prendre pour le reste de l’équipe. Et il fallait dire qu’elle avait pas mal morflé. A en juger par le nombre de rapports médicaux, elle avait passé pas mal de temps à l’infirmerie… Ce qu’il lui importait le plus, c’était la mission pendant laquelle Ba’ al était mort. Par chance, Reynolds lui avait donné un DVD contenant les vidéos de surveillance, il les verrait plus tard. Il commença la lecture du rapport de mission, imaginer serait dur.
Déjà vingt heures trente… Le rapport faisait plus de quarante pages ! C’était énorme, mais au moins, il avait droit à tous les détails, sauf ses blessures… Elle les avait, surement volontairement, laissées de côté.
Il sortit le DVD de la petite pochette et le déposa dans le lecteur de l’ordinateur portable de Samantha. Le fichier s’ouvrit tout seul et la vidéo commença.
La salle d’embarquement. Vide, comme lorsqu’il n’y avait pas d’activité. La porte s’enclencha subitement et l’iris se ferma aussitôt. Malgré la protection en titane, un corps posa le pied sur la passerelle, rapidement suivit de dizaines d’autres, envahissant rapidement la salle de la porte.
Des soldats investirent l’espace restant, tirant à bout portant sur les Jaffas, pas le temps de demander s’ils voulaient faire partie d’une quelconque rébellion. Le rideau de fer se baissa devant la salle des commandes et la voix de Sam se fit entendre.
- Sortez d’ici !
Les soldats obéirent rapidement, puis les lourdes portes en métal se fermèrent emprisonnant le Goa’Uld et son armée dans la salle de la porte.
- Pourquoi êtes-vous ici ?!
- Où est O’Neill ?
- Il est mort…
- Alors, tu vas prendre à sa place. Ne laisse personne entrer, ils mourront tous. J’aurai la Tau’ ri sous mon contrôle, mais avant, j’ai envie de m’amuser.
- Tu peux me tuer, si t’en as envie, me torturer, détruire la porte, le SGC, mais ils ne te laisseront pas sortir d’ici. Ils ont quasiment tous évacué, les seuls qui restent ne rentreront pas même si je hurle, à l’extérieur, il y a des centaines de soldats lourdement armés qui n’hésiterons pas à vous tuer.
Depuis la salle des commandes, elle l’observait avec un certain dédain. Cet homme la dégoutait. Elle vit les Jaffas déposer un sarcophage dans un coin de la pièce, il avait vraiment l’intention de la torturer…
Jack observa la détermination dans son regard, elle allait descendre d’elle-même. Elle allait payer à sa place. Elle disparut de la salle de contrôle et réapparut quelques secondes plus tard à l’entrée de la salle d’embarquement. Armée jusqu’aux dents, elle se jeta vivement sur lui, son cran d’arrêt à la main.
O’Neill se dressa dans le canapé, tous ses muscles étaient tendus, elle savait qu’elle allait se faire avoir. C’était de l’inconscience ! Il la vit s’écrouler, une plaie béante au niveau du cœur. Première fois.
Lorsqu’elle se réveilla, elle était attachée à la grille de la rampe. Elle ne pourrait absolument pas de détacher. Le rire guttural de Ba ‘al retentit et il apparut dans son champ de vision. Il fit courir le couteau de la jeune femme contre sa joue, traçant un sillon brûlant dont s’échappaient quelques gouttes de sang. Juste un aperçu. Il déchira les vêtements de la jeune femme, de façon à ce qu’elle se retrouve en soutient gorge et recommença son geste sur son abdomen. La douleur était plus forte, plus intense. Elle se retenait à grand peine de hurler…
Les sillons tracés par le couteau devenaient de plus en plus profonds et bientôt, Ba ‘al déposa l’arme. De ses longs doigts, il écarta les bords des plaies, déchirant la peau de Sam, qui cette fois, hurlait.
Jack baissa le son, et les yeux par la même occasion. Il n’avait jamais vécu une chose pareille. Et observer Sam la subir… Il ferma les yeux et respira calmement, il était un homme, non ? Il n’allait pas pleurer…
Les cris s’arrêtèrent quand le couteau entra dans le cœur de son ancienne subordonnée. Et de deux.
Des coups défiguraient son visage pâle comme la mort. Ses côtes, ses genoux, sa trachée, ses lèvres. L’homme poussa le vice jusqu’à briser, un à un, les doigts de Samantha, la faisant hurler sous la torture. Et de trois.
- O’Neill est mort…
- Oui…
- Tu l’as donc laissé mourir ? Je t’aurais pensée plus tenace. Et tu arrives à ne pas t’en vouloir ? Vous, les humains, vous êtes doués pour ça, regretter.
- La ferme !
- Brave petit chien, tu as bien observé ton maitre. J’ai entendu beaucoup de chose sur la fameuse SG1, mais ils vont être bien surpris en sachant que vous êtes… Décimés ?
- Oh, alors tu pars, quel dommage ! Dit-elle cynique.
- Non, non ! Je reste. Ca m’embête qu’il soit mort, il ne viendra pas te chercher.
- Qui te dit qu’il serait venu ?
- Mais c’est bien connu, le lien qui vous uni est spécial.
Il avait touché le point sensible. Jack vit le visage de son amie se tordre, que ce soit sous la douleur ou la haine, il n’aurait pu dire, mais si elle avait eu les mains libres, elle l’aurait étranglé. Plus encore maintenant, alors qu'il passait ses mains sur le corps de la jeune femme, touchant son ventre, sa poitrine sans qu'elle ne puisse le repousser. Il vit la peur sur son visage, peur qu'il ne se serve de sa faiblesse de femme. D’un coup de couteau, il l’acheva, savourant clairement son dernier cri. Quatre…
La porte s’ouvrit et, surpris, ils virent arriver trois soldats. C’était fou de faire ça. En quelques secondes, ils étaient tous trois touchés. Le visage de Sam se décomposa. Pas ça…
- Courage, Colonel, vous l’aurez.
Elle hurla de rage. Il paierait ! Et bien plus tôt qu’il le pensait. Surpris par l’attaque des trois hommes, les Jaffas avaient abandonné quelques secondes la surveillance de la jeune femme. Elle se leva, récupéra son cran d’arrêt, couvert de son sang et avant que quiconque n’ait pu réagir, le planta dans la nuque du Goa’Uld.
- Bougez, et il est définitivement mort.
Ils étaient tous pétrifiés. Le regard fixé sur leur Dieu, ils ne virent pas d’autres soldats arriver. Après un signe de tête du colonel, ils attendirent le moment venu. Elle trancha net la gorge du faux dieu, et courut jusqu’au sarcophage. Au moment où elle entrait, plusieurs salves de mitraillettes, arrosèrent les Jaffas et ils s’écroulèrent un a un. Le sarcophage ne se ferma pas. Il avait du être touché. Merde.
Elle sortit du sarcophage mais ne resta pas debout bien longtemps, quand avait-elle été touchée ? Elle s’écroula au milieu des corps des Jaffas, le souffle court. Pas cinq, non pas cinq…
L’équipe médicale arrivait.
19/I look into myself, but my own heart has been changed.
L’écran de l’ordinateur était noir. Sam se tourna vers son ancien supérieur qui dormait, assis sur le canapé. Il avait passé les cinq dernières heures à regarder ce DVD. Elle avait préféré le laisser seul ; ses propres souvenirs provoquaient des cauchemars, se voir mourir la garderait éveillée pour des semaines… C’était déjà bien assez dur d’oublier tout ça…
Et puis… Elle ne savait pas comment il allait réagir. Elle serait mal à l’aise de découvrir ses réactions, et peut être déçue… Peut-être aurait-il eu peur pour elle, ou alors il aurait été fier de ce qu’elle avait fait, en colère, ou dégouté par les tortures… Voir tout ça dans ses yeux lui était impossible.
Elle s’avança, le laisser passer la nuit sur ce vieux canapé était une très mauvaise idée. Elle s’accroupit devant lui et entreprit de le réveiller, posant ses mains sur les genoux de l’homme.
- Mon colonel… Jack… Allez-vous coucher. Conseilla-t-elle dès qu’il eut ouvert les yeux.
- Bonne idée.
Ils se levèrent et, quand Sam eut éteint l’ordinateur, montèrent les escaliers menant aux chambres. La main sur la poignée de la porte, il s’arrêta quelques secondes.
- Monsieur, ça va ?
Il se retourna et l’observa, l’air grave. Sam sentit la main de Jack se poser sur sa joue, puis de son pouce, il caressa ses lèvres, sa pommette droite, et enfin son cou. Ba ‘al l’avait blessée exactement à ces endroits… Parmi tant d’autres.
- Je suis désolé, Carter.
- Pourquoi ?
- Vous savez très bien de quoi je parle…
- Je vais bien, ne vous inquiétez pas.
Sans accorder la moindre importance à son intervention, il l’attira vers lui et la serra dans ses bras. Comment pouvait-il savoir ? Elle s’évertuait pourtant à cacher tout ça, à ce que rien ne se voie, et même si Jacob avait comprit, c’était parce que c’était son père. Non ? Quoi qu’il en soi, cette étreinte lui faisait le plus grand bien. Elle oublia pour quelques secondes qu’elle avait été torturée, qu’il avait disparu, et qu’elle n’avait plus aucun espoir avec lui. Mais très vite, tout revint au grand galop, ses questions, ses incertitudes, son mal être. Plus fort qu’avant.
Elle essaya de tout contrôler, mais les émotions la submergèrent et elle suffoqua. Elle se recula violemment et chuta. Assise contre le mur du couloir, elle cherchait vainement à reprendre sa respiration, mais plus elle inspirait, et plus celle-ci accélérait. Ses poumons la brulaient. Qu’est ce qu’il pouvait bien se passer ?
O’Neill vint rapidement s’asseoir près d’elle. Ce n’était rien de plus qu’une crise d’hyperventilation, mais ne pas savoir ce qu’on a, quand ça arrive, c’est la pire chose qu’il puisse arriver. Plus la respiration est forte, plus on panique, c’est un cercle vicieux qui, s’il n’est pas rompu, peut conduire à l’évanouissement. Il passa un bras autour de ses épaules, un geste qu’il voulait rassurant et la serra contre lui. La respiration chaotique de son ancien second, malgré qu’il connaisse bien ce genre de crises, semait le bazar dans sa tête, réfléchir calmement était nécessaire, mais tellement difficile !
Premièrement, le couloir n’était pas le meilleur endroit pour la calmer. Il se releva, essayant de ne pas prêter attention au gémissement qui fit suite à sa démarche, puis la souleva dans ses bras. Il la déposa sur le lit, dans la chambre qu’il occupait, puis se retourna et fouilla dans son sac. Il avait tout un tas de bazar là dedans, genre McGyver, tout ce qui pouvait servir en cas d’urgences. Il en sortit, avec un petit sourire victorieux, un sac en papier qu’il se dépêcha de déplier et d’emmener à Carter. Il appuya la jeune femme contre son torse, s’appuyant lui-même contre la tête de lit, et plaça le sac devant sa bouche. De cette façon, elle n’aspirerait que du CO2 et l’oxygène n’embrouillerait pas son cerveau. A l’aide de paroles qu’il chuchota à son oreille, il parvint à calmer son souffle, puis le rythme de son cœur.
- Ca va aller, Sam. C’est fini maintenant. Il ne vous touchera plus.
Il caressait doucement de son pouce, la cicatrice sur son poignet. Epuisée, elle peinait à rester éveillée, elle avait encore besoin de sommeil, de beaucoup de sommeil. Il la souleva doucement et la conduisit jusqu’à sa chambre. Une fois qu’il l’eut posée sur son lit, il lui ôta ses chaussures et son pull et l’allongea avant de remonter la couverture sur elle. Il vit ses yeux s’ouvrir, puis, après de multiples contorsions, elle déposa par terre son pantalon et son soutient gorge. Lorsqu’il remonta ses yeux vers elle, un grand sourire illuminait son visage.
Il devait être rouge, comme un adolescent, et bien sur, elle l’avait remarqué.
- Bonne nuit, mon colonel.
- Carter…
Son rire mutin rassura le colonel et il s’assit à ses côtés.
- Bonne nuit, Sam.
Il déposa un baiser sur sa tempe et sortit, éteignant la lumière derrière lui.
20/ There's something wrong with everything you see but I, I know who you really are…
Reprendre le service dans trois jours… Il était pressé de repasser la porte ! Carter, elle, avait repris son service de force, les nouveaux avaient encore bloqué la porte, et Siller, cette fois, n’avait pas pu réparer. Il avait failli les envoyer au diable, quand il avait décroché le téléphone, mais c’était urgent, alors le repos de Carter, viendrait plus tard. Du coup, il en avait profité pour régler les derniers détails de son retour. Il avait retrouvé ses papiers, ses comptes était dégelés, en bref, il ne lui restait plus qu’à se racheter une voiture. Liz était avec Carter dans son labo, et lui, il cherchait Reynolds pour avoir des explications. D’après Hammond, il était à la base.
Il sortit de la salle de briefing et se dirigea vers les escaliers, il avait besoin d’exercice. Et puis, ça lui permettrait de passer voir si Carter s’en sortait avec la petite. Liz, qui d’ailleurs riait aux éclats face aux grimaces de Cassie et Sam. Il resta un peu à l’écart, observant la scène. Il n’écoutait pas franchement, perdu dans ses pensées. Le froid soudain qui régnait dans la pièce le sortit de sa rêverie.
Carter semblait choquée et Cassie avait reculé, laissant Liz, étonnée, assise sur la paillasse.
- Maman ! Répéta la petite.
- Non, chérie. Dit Sam doucement. Tu ne peux pas m’appeler comme ça.
- Sam…
- C’est rien Cassie, laisses… Je vais lui expliquer.
Elle se tourna vers la petite, le visage étrangement pâle.
- Tu sais, Liz. Je ne suis pas ta maman, je veux bien essayer de m’occuper de toi comme elle l’aurait fait, mais je n’ai pas le droit de la remplacer. Tu as une maman, et même si elle n’est plus là, ce n’est pas moi.
- Je crois qu’elle n’a rien compris, Sam.
- Oui, enfin du moment qu’elle ne m’appelle plus comme ça…
Jack s’appuya contre le mur juste derrière lui. Il avait espéré que la petite ne le fasse pas, du moins pas tout de suite. Il n’avait pas eu le temps de parler de tout ça avec Carter… Il s’arrêta là dans ses considérations, Reynolds venait d’arriver à côté de lui.
- Hammond m’a dit que tu me cherchais. Viens, j’ai pas mal de trucs à te dire.
Ils entrèrent dans la salle de repos, déserte à ce moment de la journée, et refermèrent la porte derrière eux.
- Comment va Sam ?
- « Sam » ?
- Ecoutes Jack, elle a eu pas mal d’emmerdes pendant que t’étais pas là. J’vais te raconter dans l’ordre, que tu comprennes.
- Ouais… Carter est vraiment bizarre en ce moment, et j’arrive pas à savoir pourquoi.
- Tu comprendras. Quand t’as disparu, elle a été la seule à vouloir continuer les recherches, même Jackson et Teal’c ont essayé de la convaincre. Elle a eu du mal à tenir, le travail des recherches, plus son boulot à côté. Et elle a du assumer ta place alors qu’elle n’en avait pas envie. Elle n’acceptait pas qu’on l’appelle « Colonel », et Hammond a finit par nous demander d’arrêter d’essayer.
- Elle m’a engueulé quand je l’ai appris…
- A peu près six mois après ta disparition, ils t’ont officiellement déclaré disparu en mission. Elle était en mauvaise santé et elle s’est écroulée en plein milieu de la cérémonie. On a du l’emmener d’urgence à l’infirmerie et elle y a passé une semaine dans un coma léger. Quand elle s’est réveillée, elle s’est barrée de son lit sans autorisation et a repris son travail. T’étais plus là pour l’arrêter, et personne ne pouvait lui faire entendre raison. C’est ce qui l’aidait à tenir.
- Comme d’habitude…
- Ouais, sauf que toi, elle t’écoute.
- Elle n’a pas le choix… Si elle ne veut pas se reposer ou manger, elle sait que j’appellerai les soldats de garde…
- A peu près six mois après, j’ai été fait prisonnier en mission. Mais Cally est arrivée à la base, Frasier l’a suivie pendant toute sa grossesse et elle devait venir accoucher à la base. Comme il fallait que je sois là, Carter a prit ma place dans les cachots pour que je puisse sortir, et elle a même réussi à signer un traité avec les dirigeants de la planète. Elle s’en est pas mal sortie, seulement le poignet cassé et une ou deux cicatrices… Du coup Cally et elle sont amies, elles se voient quand Carter ne bosse pas.
- Félicitations.
- C’est un garçon, il a presque un an maintenant. J’te le montrerai, Cally veut voir Sam. Après qu’elle ait tué Ba ‘al, elle était en mauvais état, autant physiquement que moralement, c’est moi qui l’ai trouvée quand elle s’est ouvert…
- Elle… ?
Jack semblait inquiet pour la première fois depuis le début de leur discussion. Reynolds prit ça pour un avantage, ça l'aiderait à arriver à ce qu'il voulait.
- Elle avait perdu pas mal de sang, elle était dans les douches, toute habillée. Le doc l’a soignée et l’a envoyée voir le psy mais elle a rien voulu lui dire. Frasier m’a demandé si Cally pouvait venir lui parler et finalement, elle est venue à la maison un après midi et elle nous a tout raconté. Tu lui manquais. Tout le monde à la base sait qu’il y a quelque chose entre vous, mais on n’avait jamais eu confirmation…
- On n’est pas ensembles.
- C’est bien ça le problème ! Et voilà que maintenant tu ramènes le gosse d’une autre et que tu lui demandes de l’aide. Sauf ton respect, Jack, t’es un salaud !
- Je lui ai rien demandé !
- Non, bien sur, mais tu crois franchement qu’elle allait te laisser t’en occuper tout seul et te foutre à la porte ! Tu te rends même pas compte de ce que tu lui fais…
- Liz l’a appelée Maman tout à l’heure.
- Jack, elle a déjà essayé de se supprimer une fois, elle serait capable de recommencer… Même si vous étiez pas ensembles avant ton départ, c’est un peu comme si tu l’avais trompée…
- Tu dis vraiment trop de conneries toi ! Ta femme devrait faire attention… J’ai pas trompé Carter, Liz n’est pas ma fille ! Ses parents sont morts, tous les deux.
- Pardon ? S’écria Al, sonné.
- Mais c’est une maladie ou quoi ? Je sais que j’ai fais pas mal de conneries, mais jamais je…
- Tu quoi ? Demanda l’homme une lueur amusée dans le regard.
O’Neill lui balança un regard noir, et se retourna pour se servir un verre d’eau. Reynolds en profita pour s’asseoir un peu plus loin, sur un des fauteuils.
- Il faudra bien que tu le lui dises…
- Elle le sait.
- Non, Jack ! Tu penses qu’elle le sait, mais, tu crois qu’elle serait dans cet état si elle le savait ? Bon sang, mais tu crois que c’est quoi ça ? Ca s’appelle une dépression ! T’es en train de la laisser crever !
- Tu crois pas que t’en fais un peu trop là ?!
Reynolds était à bouts de nerfs. Debout face à son ami, il se retenait à grand peine de frapper Jack. O’Neill soupira et lui tourna le dos, essayant de cacher le trouble qui l’habitait.
- Carter est une femme forte, elle ne se laisserait pas aller comme tu le penses.
Au moment où il disait ces mots, sa mémoire lui rappelait la crise d’hyperventilation de Carter, ses cauchemars et ses pleurs. Elle ne pouvait pas avoir tant changé…
- Tu as regardé la vidéo ! Tu as vu ce que Ba ‘al lui à fait ? Et le pire, Jack, c’est même pas d’avoir été ressuscitée… Il l’a touchée, comme si c’était un morceau de viande… Elle n’a plus du tout confiance en elle… Elle a besoin de toi.
- Je suis là !
- Oui, mais comme tout le monde ici, elle croit que Liz est TA fille…
Comment… ? Daniel aussi, l’avait cru… Alors elle avait cru qu’il l’avait oubliée… Jack sortit en courant, suivit de près par Reynolds. Celui-ci semblait tout à coup rassuré, elle n’avait pas hésité à donner sa vie pour qu’il puisse voir la naissance de son fils…
20/ I hate me for breathing without you.
- Jack ! L’interpella Cassie alors qu’il passait devant la porte ouverte du labo.
Il rentra, rapidement imité par Reynolds qui prit Liz à l’adolescente. L’enfant pleurait, et depuis longtemps apparemment. L’inquiétude qu’il lisait dans les yeux de Cassandra ne lui disait rien qui vaille.
- Où est Carter ?
- Je sais pas, elle est partie y’a trente minutes, on s’est engueulées…
L’adolescente était dans un état peu enviable. Elle semblait complètement déboussolée et paniquée. Les larmes aux yeux, elle se jeta dans les bras de Jack dès qu’il l’y eut invitée.
- Qu’est ce qu’elle t’a dit, exactement ?
- C’était à propos de Liz, elle l’a appelée « maman ». Jack, j’ai peur.
Le colonel eut l’impression de revoir la fillette de douze ans, effrayée par la présence de Jolinar dans le corps de son amie. Il la serra un peu plus fort et déposa un baiser dans ses cheveux, la berçant doucement. Une fois qu’elle fut un peu calmée, il se détacha un peu de l’adolescente et la regarda dans les yeux, les mains posées sur ses épaules.
- Ecoute-moi. Ca va s’arranger, Sam n’est pas très bien en ce moment, mais ça va passer, tu verras.
- Tu vas aller la voir ?
- Oui, elle a dû rentrer chez elle. Je peux te laisser Liz ?
- Oui, je m’occuperai d’elle.
- Tout ce qu’il faut pour s’occuper d’elle est à l’infirmerie, ta mère saura le faire. Je reviendrai la chercher plus tard.
- Si tu veux, je peux la garder cette nuit aussi…
- Tu es sure que ça ne t’embête pas ?
- Non, non, du moment que Sam va mieux. Et puis, elle est sage et mange de tout, ça ne devrait pas être trop dur.
O’Neill sourit puis lui fit un clin d’œil avant de quitter la salle. Reynolds rendit la petite à Cassandra et le suivit en courant.
- Jack ! Tu comptes y aller comment ?
- J’y avais pas pensé… Dit-il en s’arrêtant net dans le couloir.
- Je t’emmène, Je te rejoins au parking avec les clefs.
Al partit en courant, laissant Jack seul dans le couloir. Une fois qu’il fut hors de vue, il bifurqua en direction du bureau du général, où il entra après y avoir été convié.
- Mon général, demande permission de sortir de la base.
- Est-ce important, colonel ?
- Oui, monsieur. O’Neill n’a toujours pas de voiture, et…
- C’est bon, allez-y, et assurez-vous que la situation s’arrange, peut importe comment.
Le visage du Général ne laissait place à aucune question. Tous deux connaissaient la seule issue de cette histoire. Reynolds quitta le bureau en lâchant un « à vos ordres » entendu, et passa prendre ses clefs dans son casier avant de monter vers le Parking.
Ils montèrent dans la voiture rapidement, et sortirent de l’enceinte de la base. Leur progression était rendue difficile par la neige fondue sur la route, rendue lourde et mouillée par la pluie qui la recouvrait.
En tout et pour tout, il leur fallut quinze minutes pour rallier la sortie de la ville, là où trônait la maison de Carter.
21/ I know I’m not lost, I’m just alone.
Debout devant la grande baie vitrée de sa chambre, Sam observait l’épais manteau neigeux s’alourdir de pluie. La nuit dernière, le ciel avait déposé sur son jardin, un tapis blanc immaculé. Les fleurs, recouvertes des flocons, avaient gelé, droites, enfermées dans leur camisole de glace. Leurs jolies couleurs avaient lentement été éclaircies par les flocons, qui donnaient à sa pelouse, un air de pureté qui allégeait son âme.
A l’heure actuelle, la pluie s’insinuait entre chaque flocon, rendant l’atmosphère lourde et sale.
Elle déposa la serviette sur son lit et empoigna sa brosse à cheveux. Rentrer à pieds n’était vraiment pas une bonne idée. En peu de temps elle avait été trempée, mais au moins, ça lui avait permit de réfléchir. Ce qui, en soi ne l’avait amenée nulle part. Sam tourna la tête vers son miroir, lui non plus ne lui renvoyait pas l’image qu’elle attendait. Il ne lui aurait pas fallu plus d’une journée pour paraitre un peu mieux, mais elle n’en avait pas du tout envie. Non, elle n’avait envie de rien, rien du tout. Sauf peut-être être seule quelques jours, pouvoir souffler et se séparer de ce masque que la présence d’O’Neill lui forçait à adopter.
Masque qui venait d’éclater en morceaux, blessant au passage, de ses bords coupant, son cœur déjà abîmé par le temps et les blessures successives. Bien sur, ça se réparerait, dans quelques jours, tout repartirait comme avant… Comme avant.
Elle ferma les yeux et laissa rouler les larmes sur ses joues, elle était seule, personne d’autre qu’elle ne le saurait. A part peut-être le ciel. La musique changea et la chanson alourdit un peu plus, si toutefois c’était possible, le cœur de Sam. Elle se laissa bercer par la voix légère de la chanteuse, s’identifiant dans ces paroles si tristes.
How many times have you told me you love her
As many times as I've wanted to tell you the truth
How long have I stood here beside you
I live through you
You looked through me
Ooh, Solitude,
Still with me is only you
Ooh, Solitude,
I can't stay away from you
How many times have I done this to myself
How long will it take before I see
When will this hole in my heart be mended
Who now is left alone but me
Ooh, Solitude,
Forever me and forever you
Ooh, Solitude,
Only you, only true
Everyone leave me stranded
Forgotten, abandoned, left behind
I can't stay here another night
Your secret in my heart
Who could it be
Ooh, Can't you see
All along it was me
How can you be so blind
As to see right through me
De nouvelles larmes inondèrent ses joues pâles et elle les essuya sommairement à l’aide de la manche de son pull. Jetant un nouveau regard par sa fenêtre, elle soupira bruyamment. Elle détestait la solitude. Elle détestait le monde qui l’entourait pour la priver d’une vie qu’elle pensait pourtant mériter. Elle le détestait lui. Elle avait pleuré sa disparition, et maintenant qu’il était de nouveau près d’elle, il semblait plus inaccessible que jamais, toujours plus loin. Il ne semblait pas se rendre compte du mal qu’il lui faisait, mais elle le cachait, plutôt bien apparemment.
22/ Say you’re here and it’s all over now.
En entrant, il avait su immédiatement qu’elle était rentrée à pieds. Reynolds l’accompagna jusqu’à l’étage, souhaitant s’assurer par lui-même qu’elle était « encore en un seul morceau ». Par la porte ouverte de sa chambre, ils virent qu’elle allait bien, du moins physiquement, et reculèrent de quelques pas dans le couloir.
- J’vais te laisser, Jack. Rattrape tout ça, ne la laisse pas comme ça. On vous ramènera sa voiture demain, et Liz aussi.
- Ok, à demain. Merci.
Al fit demi-tour et quitta la maison, laissant Jack seul face à la peine de Carter. Il observa quelques secondes son ancien second, ses vêtements mouillés collant à sa peau, elle frissonnait, debout devant la fenêtre. Le ciel gris, de l’autre côté de la vitre, semblait faire faire écho à ses yeux, dont le bleu outre-mer avait fait place à un gris sombre et terne. Elle brossait ses longs cheveux châtains clair, perdue dans ses pensées. L’ambiance lourde qui régnait était renforcée par la musique. Une voix claire et douce, seulement accompagnée d’une guitare acoustique.
Voyant un nouveau flot de larmes franchir ses paupières, il décida qu’il était temps d’agir et s’approcha d’elle. D’un pas lent, pourtant assuré. Pour rien au monde il n’aurait reculé, un pas en avant, deux en arrière, cela avait duré pendant trop longtemps. Les paroles de la chanson l’atteignirent en plein cœur alors que Sam fredonnait cet air triste qui semblait si bien lui correspondre à cet instant.
Sam sentit une main se poser sur son épaule, elle avait sentit sa présence depuis qu’il avait commencé à avancer vers elle. Elle refusa de se tourner vers lui quand il tira doucement son épaule vers lui. Elle refusait qu’il la voie ainsi, qu’il sache qu’elle n’était pas la militaire parfaite qu’il avait sous les yeux chaque jour.
La première chose qu’il fit, fut regarder ses poignets, la peur qu’elle n’ait fait une bêtise le hantait depuis qu’il avait quitté son labo. Soulagé de voir qu’ils étaient intacts, il soupira et s’approcha, en se plaçant juste derrière elle.
Jack saisit sa brosse et commença à brosser ses cheveux doucement, sans les tirer. Il avait vu le mari de Shanna le faire, quand celle-ci n’allait pas bien. L’extra terrestre lui avait d’ailleurs expliqué que toutes les femmes apprécient qu’on prenne soin d’elles. Elle ferma les yeux sous la douceur de ses gestes, sentant son esprit s’embuer confusément. Son corps, qui manquait cruellement de nourriture depuis plusieurs jours, refusa de lui obéir quand elle essaya de rester debout. Ses jambes avaient brusquement faibli et si elle ne rencontra pas le sol à ce moment, ce ne fut que grâce aux réflexes de l’homme derrière elle. En quelques secondes, elle se sentit soulevée dans ses bras puis déposée sur le matelas de son lit. Il s’installa ensuite derrière elle, l’appuyant sur son torse, lui-même posé contre la tête de lit. Il reprit une mèche de ses cheveux et continua ce qu’il avait entreprit quelques minutes plus tôt.
- Je suis laide.
La voix grave, cassée et pleine de sanglots de la jeune femme le sortit brutalement de la torpeur qui l’avait envahi. Il y eut un instant de flottement, avant que ses mots atteignent le cerveau d’O’Neill.
- Non, au contraire. Dit-il d’une voix douce.
- Elle avait les yeux verts…
- Qui ?
- La maman de Liz…
Cette fois, sa voix n’était plus qu’un murmure. Les yeux dans le vide, elle ne semblait plus capable de ressentir aucune émotion.
- Oui…
- Et ses cheveux ? Ajouta-t-elle.
- Roux, avec de grosses boucles.
Sam ne put retenir les autres larmes qui franchirent ses paupières. Elle n’était plus jalouse, juste blessée. Jack déposa la brosse sur le lit et passa ses bras autour des épaules de Sam. Il enfouit son visage dans son cou et respira l’odeur de ses cheveux. Ses vêtements étaient encore trempés, et elle risquait d’attraper la mort. Mais la détresse de la jeune femme était palpable, et le plus urgent, était de la réconforter. Il fallait qu’elle comprenne… Et ce n’était pas en gardant les barrières qui s’étaient peu à peu construites autour d’eux, qu’il y arriverait. Le vouvoiement, bien sur, n’aiderait pas.
- Tu es plus belle qu’elle, Sam.
Il l’avait sentie se raidir mais continua néanmoins.
- Lerry, le mari de Shana était d’accord avec moi. Je lui ai montré une photo d’SG1, celle que Daniel m’a donné juste avant le départ. Tu sais, il m’a même engueulé, quand je lui ai dis que c’était à cause du règlement, qu’on n’était pas ensemble. Il m’a dit de prendre soin de toi, dès que je rentrerais.
Il la serra plus fort encore, pour qu’elle comprenne qu’il ne lui en voulait pas de s’être trompée, puisque, finalement, c’était sa faute à lui. Il voulait qu’elle sache il était là et serait toujours là. Il continua de parler, pour qu’elle sache, mais aussi pour lui vider l’esprit et qu’elle oublie un peu.
- Quand Shanna a apprit qu’elle était enceinte, elle a eu l’idée de donner ton prénom à la petite, si c’était une fille, mais quand ils sont tombés malades, ils ont voulu que je la ramène sur Terre avec moi, quand ce serait finit pour eux. Du coup, l’appeler Sam aurait posé problème, alors ils m’ont demandé de trouver un nom qui avait un rapport avec toi. En fait, elle s’appelle Elisabeth, mais c’est un peu long.
- Comme…
- Oui, comme ta mère.
Il avait parlé doucement, mais ça ne l’avait pas calmée, au contraire, elle avait éclaté en sanglots, cachant sa tête dans ses mains. Il l’incita à se retourner, et une nouvelle fois, l’entoura de ses bras.
- C’est fini, Sam. Ca va aller, je suis là.
Il déposa un baiser dans ses cheveux tout en caressant son dos.
- Je ne t’ai jamais oubliée.
- Promettez-moi… Que vous ne me laisserez plus.
- Jamais, Sam.
Il n’avait plus que ces trois petits mots à dire, mais n’y arrivait pas. Une fois que ce serait dit, il ne pourrait plus faire marche arrière, il risquait de la blesser encore… D’un autre côté, elle avait déjà beaucoup souffert…
- Sam… Liz a besoin d’une maman, tu n’es pas obligée mais…
Il avait dit ces mots sans le vouloir, en fait, il se demandait s’il avait parlé à voix haute, mais à voir l’expression incrédule sur son visage, elle avait entendu… Il l’observa réfléchir : les différentes émotions qu’il vit passer dans ses yeux, le petit sourire, discret, qui se dessinait peu à peu, sur ses lèvres. Elle leva les yeux vers lui, lentement, et les plongea dans les siens. Il fallait qu’il dise quelque chose, mais quoi ? A cet instant, son cerveau était paralysé.
Finalement, il n’eut pas à parler, les lèvres, encore froides, de Samantha vinrent se poser sur sa joue en même temps qu’elle entourait la nuque de l’homme de ses bras. Mais il en avait décidé autrement. Lentement, pour qu’elle ait le temps de se reculer si elle en avait envie, il posa ses mains sur les joues de la jeune femme, et approcha son visage du sien. Elle ne recula pas, gardant toujours son regard plongé dans celui de l’homme. Elle ne voulait pas fermer les yeux, elle ne voulait pas, quand elle les rouvrirait, se rendre compte que ce n’était qu’un rêve de plus, et qu’elle était encore seule. Mais quand leurs lèvres se touchèrent, elle ne put que les fermer, profitant du fit de ne plus rien ressentir d’autre que l’amour qui émanait de lui.
Lorsqu’ils se séparèrent, elle semblait ne plus pouvoir se détacher du sourire qui illuminait son visage. Elle réprima un frisson, et jack se rappela qu’elle devait être frigorifiée, avec ses vêtements trempés. Il se leva, se détachant avec regrets de ses bras, et fouilla dans son armoire. Quelques secondes plus tard, il se retourna, victorieux, et sortit rapidement de la chambre en lui lançant juste un « je reviens, ne bouge pas », presque inaudible à la fin.
Elle se cala confortablement contre la tête de lit et remonta ses genoux contre sa poitrine. Comment avait-elle pu croire qu’il l’avait oubliée. ? Qu’elle était seule ? Elle savait qu’elle mettrait du temps à se sortir de ce trou béant qu’elle avait creusé petit à petit, mais, elle savait aussi qu’elle aurait son aide, et la présence de Liz. La pauvre petite n’avait plus ni mère ni père, et elle était bien décidée à l’aider à surmonter ça. Elle savait ce que c’était. Le bien être qui l’habitait en ce moment n’était que passager, mais elle irait mieux !
Elle vit O’Neill revenir dix minutes plus tard. Sans rien dire, il la souleva et l’emmena jusqu’à la salle de bain où il l’assit sur le rebord de la baignoire.
- Restes-y tant que tu n’es pas entièrement réchauffée. Je vais faire à manger.
- Jack…
- Non, tu te tais et tu obéis !
Ils sourirent, puis Jack quitta la pièce, fermant la porte derrière lui. Elle se dévêtit et entra dans l’eau chaude, savourant la sensation qui s’emparait d’elle. L’odeur de rose de la mousse finit de détendre tous ses muscles et elle ferma les yeux.
23/ I must be dreaming
- C’est prêt, tu viens ?
La voix de Jack la sortit de son sommeil. L’eau était froide. Depuis quand dormait-elle ? En fait, elle ne se rappelait même pas s’être endormie. A voir le sourire de l’homme en face d’elle, il avait deviné ses pensées. Elle lui sourit en retour et empoigna le shampoing. Elle était entièrement couverte par la mousse, il ne verrait rien du tout, et puis… Il avait dû la voir en sous vêtements au moins une centaine de fois en missions. Pas qu’elle se montrait volontairement, non, au contraire. Mais allez essayer de vous laver, quand autour de vous, tout n’est que plaine… Aucun arbre pour se cacher, rien. Elle n’avait eu d’autre choix que de laisser de côté sa pudeur, si elle voulait être propre, du moins, mois sale…
Malgré ça, elle n’était toujours pas prête à ce qu’il la voie nue, si bien que lorsqu’elle commença laver ses cheveux, en voyant qu’il n’était toujours pas parti, elle le mit dehors sans autre forme de cérémonie. Elle se lava rapidement, puis sortit et se sécha.
Sur la commode, à côté de la douche, il y avait ses vêtements, elle les empoigna, et remercia silencieusement Jack, qui avait choisi en fonction du confort et non de la beauté. Pour ce qui était des sous-vêtements, elle imaginait aisément son expression alors qu’il était en train de fouiller dans le tiroir. Il avait du les prendre au hasard, ils n’allaient pas ensemble ! Ou alors il n’avait pas fait attention…
Une fois habillée, elle descendit les escaliers et le rejoignit à la cuisine. L’odeur alléchante de pizzas réveilla son estomac qui, jusque là, n’avait pas osé s’exprimer sous peine d’être copieusement réprimandé. Jack l’invita à s’asseoir, tirant sa chaise galamment.
- Je suis désolé, il n’y a plus rien dans le frigo.
- C’est parfait.
Sam commença à manger doucement, afin de ménager son estomac. Elle savait qu’elle ne serait pas capable d’avaler tout ce qu’il lui proposait. A force de ne plus se nourrir, son estomac avait rétrécit, il lui faudrait beaucoup de temps pour que tout redevienne comme avant.
A peine une demi heure plus tard, Jack accompagnait Sam jusqu’à sa chambre. Même en faisant tous les efforts du monde, elle ne pouvait s’empêcher de bailler. Il ferma les volets, sachant parfaitement qu’elle ne dormait bien que si l’obscurité était totale, et l’observa quelques secondes. Elle s’était déjà changée, habillée cette fois d’un T-shirt noir trop grand et d’un caleçon d’homme. Même ainsi vêtue, elle restait magnifique.
- Vous… ?
Jack s’assit au bord du lit, où elle était déjà en train de s’allonger. Il remonta la couverture jusqu’à ses épaules et la borda soigneusement, accompagné du rire cristallin de la jeune femme. Elle semblait vouloir lui demander quelque chose qu’il devinait sans effort. Il se demanda d’abord s’il n’allait pas la laisser s’empêtrer dans ses explications gênantes, puis décida qu’il pourrait bien lui donner un coup de mains.
Il se coucha près d’elle, sur la couverture et posa sa tête sur le deuxième oreiller.
- Je n’ai pas envie que tu fasses de cauchemar cette nuit, j’ai envie de dormir, moi !
Elle rit puis ferma les yeux.
- Alors bonne nuit.
- Bonne nuit, Sam.
- Vous restez jusqu’à ce que je sois endormie ?
- Je vous gêne ? demanda t’il, essayant de rester le plus sérieux possible.
- Non, non ! Répondit-elle trop rapidement. Je… Voulez-vous rester… Toute la nuit ?
- Je ne t’aurais jamais imaginée demander ça.
Jack caressa ses joues rougies de Samantha et se débarrassa de ses chaussures, puis de son pantalon et s’allongea sous les couvertures. Il tendit ses bras et l’incita à s’y blottir, ce qu’elle fit immédiatement, avant de s’endormir quelques secondes plus tard.
Assis dans le salon, SG1 au complet, Janet et la petite famille Reynolds discutaient joyeusement. Cassie les avait laissés peu avant afin de s’occuper de Liz, à qui elle s’était beaucoup attachée durant la nuit. Jack observait silencieusement Sam sourire aux différentes remarques de Cally par rapport au comportement de son mari avec leur enfant.
- Alors Daniel, comment ça s’est passé ?
Le regard de Jack ne lui laissait aucune chance de se méprendre, il ne parlait malheureusement pas de son travail des derniers jours, mais de sa relation avec Janet. Il savait que s’il éludait la question, O’Neill insisterait, et il n’aurait pas de repos tant que son ami ne saurait pas tout.
- Hé bien, commença Janet à sa place. Votre disparition a été dure pour tout le monde. Et…
- Ils se sont soutenus mutuellement pendant quelques mois, ajouta Sam. Ils passaient beaucoup de temps ensemble, et on les a vus se rapprocher, au fur et à mesure des semaines, jusqu’à ce qu’un jour…
- Sam, non !
Elles se défiaient du regard, sans méchanceté bien sur, mais la révélation que Sam s’apprêtait à faire n’était pas du gout de son amie apparemment.
- Je les surprenne à s’embrasser dans le labo de Daniel. Termina Sam, un sourire vainqueur sur les lèvres.
Daniel observa, un peu à l’écart, le visage rayonnant de Samantha. Dès son arrivée, il avait comprit que Jack s’était enfin décidé et il était temps. Un peu plus et ça finissait mal. Reynolds le rejoignit et s’appuya contre le mur.
- Elle est jolie quand elle sourit.
- Oui, ça fait tellement longtemps qu’on ne l’a pas vue comme ça…
- Docteur Jackson, le général à trouvé une solution pour eux, personne n’est au courant encore, même pas eux, mais je pensais que vous voudriez le savoir.
- Oh…
« Tout est bien, qui finit bien » Pensa Daniel en retrouvant Liz et Cassie dans la chambre de Sam. Après tout, ils l’avaient mérité autant l’un que l’autre, ce Happy End.
FIN