Titre : Il y a des jours
Auteur : Lisa
Résumé : Il y avait des jours avec, et puis il y avait des jours sans.
Statut : 1/1
Catégorie : Euh…
Spoilers : /
Saison : Future
Rating : PG
Disclamers : Stargate SG-1 et ses personnages sont la propriété de MGM, Gekko Film Corp. et Double Secret Production. Je n’ai reçu aucune prime dans l’écriture de cette histoire. Toute ressemblance avec des personnes existantes est purement fortuite.
Note de l’auteur : à MA, ma petite Jello Bleue, que j'ai frustré en refusant de lui en dire plus sur cette fic. GA et Banana Power ! Signé ta Jello Verte.
©Lisa, novembre 03
~*~
Il y avait des jours avec, et puis il y avait des jours sans.
Jack sut à quoi il avait affaire au moment même où il confondit le dentifrice avec le tube de vaseline.
Son premier 'jour sans' avait eu lieu à l'âge de treize ans. C'était un mercredi, le jour de la fête des mères, il avait voulu offrir un petit déjeuner au lit à ses parents. Pour commencer, son père s'était réveillé trop tôt, il avait bu le café préparé par son fils et avait passé plus d'une heure aux toilettes. Puis le petit Jonathan avait brisé en mille morceaux trois bols en faïence hérités d'une arrière-grand-tante, ce qui avait eu pour effet de réveiller sa mère et de le priver de sortie pour la journée. Dans un vain espoir de se racheter, il avait maladroitement brûlé la robe de soirée qu'elle venait d'acheter, inondé le premier étage en lui préparant un bain et renversé un bol de bouillon sur son père qu'il avait intoxiqué au café le matin même.
Un nombre assez réduit de 'jours sans' avaient suivi. Jack O'Neill n'était pas un homme maladroit par nature, mais quelques fois, un nuage noir planait au-dessus de lui du réveil jusqu'au coucher. Parfois même la malédiction le poursuivait jusqu'au bout, jusqu'à la dernière minute avant minuit : il se souvenait douloureusement d'un luminaire qui lui était tombé dessus alors que Sara et lui étaient en pleine activité.
Un bruit de tôle froissée lui indiqua qu'il venait d'emboutir la BMW d'Hammond. Il grinça des dents. Par chance, il avait assez d'autorité à Cheyenne Mountain pour que personne ne lui en tienne rigueur parmi la petite troupe de soldats qui accourut.
L'ascenseur lui faisait face.
Il hésita : c'était un cliché. Il allait entrer dedans et sa malchance allait jouer en sa défaveur pour qu'il tombe en panne. Mais que faire ? Prendre une issue de secours et descendre sur quelques centaines de mètres à l'aide d'une petite échelle en ferraille ? Au moins, il ne risquait rien avec l'option ascenseur.
D'ailleurs, celui-ci ne lui fit pas faux-bond.
Pas immédiatement.
Une fois arrivé au niveau désiré, les portes ne s'ouvrirent pas. Bien entendu. C'était trop beau. L'intervention prit trois quarts d'heures, et Jack en profita pour finir sa nuit somnolant, accroupis dans un coin.
"Mauvais jour ?" demanda Hammond quand les portes s'ouvrirent enfin, tentant si pathétiquement de cacher un sourire moqueur que Jack ne prit même pas la peine de répondre. Ce qui, en soi-même, en disait déjà long.
"Je rembourserai la carrosserie" déclara-t-il en s'éloignant avec nonchalance, sans même prendre plaisir à la vue du visage décomposé du général.
"Sergent !" cria-t-il en s'arrêtant au milieu des escaliers menant à la salle des commandes, après y avoir maladroitement trébuché. Mieux valait minimiser les chances de se casser une jambe en n'allant pas plus haut.
"Tout de suite monsieur !" lui répondit-on, et il redescendit prudemment les quelques marches qu'il avait escaladées avec plus ou moins de succès.
D'habitude, il arrivait dans la salle d'embarquement les mains dans les poches et passait la Porte sans plus de cérémonie. Aujourd'hui, 'jour sans', il escalada la rampe avec autant d'attention que s'il gravissait l'Everest.
~*~
Auria.
Magnifique planète verdoyante et fertile, faune épatante et flore exquise. Il adressa un petit signe à une caméra cachée dans les feuillages d'une espèce de baobab qui trônait fièrement à proximité et derrière lui, l'iris se referma.
Un moteur pétarada, accompagné de nombreux jurons.
"Eh bien Colonel, qu'est-ce que c'est ce que ce vocabulaire… ?" la taquina-t-il en se dirigeant vers la jeune femme qui farfouillait avec fureur sous le capot du 4x4.
"Général !" s'exclama-t-elle, "Je ne vous ai même pas entendu arriver… Dites, vous auriez pu prévenir de votre retard, je ne me serais pas levée à l'aube pour venir vous chercher ! Et puis maintenant il y a cette foutue…"
"Moi aussi, je suis content de vous voir."
Elle décrocha un sourire, et il ne put que le lui rendre. Les premiers rayons du soleil baignaient irrégulièrement son visage, et les traces de cambouis sur ses mains et sa joue gauche la rendaient tout simplement adorable.
"Vous disiez ?" reprit-il.
Son visage se rembrunit aussitôt.
"Elle ne veut plus démarrer, ça fait une demi-heure que je m'escrime dessus…"
"Alors là je ne peux pas vous aider."
"Non, et je pense qu'un technicien va devoir s'en charger. Ce qui veut dire…"
"Qu'on va devoir rejoindre la base à pied… C'est pas étonnant."
"Comment ça ?"
"C'est un mauvais jour. Un très mauvais jour." résuma-t-il en s'éloignant après lui avoir fait signe d'abandonner la voiture pour le suivre.
La jeune femme grimaça. Avec ce qu'elle avait à lui annoncer, ça n'allait pas s'arranger.
Il faisait frais, la rosée trempait déjà le bas de son BDU et ses genoux se seraient bien passés de ces kilomètres qu'ils avaient à parcourir pour atteindre la base. Celle-ci se dessinait déjà plus nettement à l'horizon. Il en était fier. Le gouvernement avait enfin accepté de débloquer les fonds nécessaires à son implantation sur une planète paisible, dans le but de seconder le SGC.
Et il pouvait en être fier car il en était le chef.
"Comment va, depuis vendredi dernier ? " s'enquit-il alors la fraîcheur matinale provoquait un début d'éternuement qui lui chatouillait le nez.
"Je vais aller droit au but Général, votre bureau a pris feu après votre départ."
Cela eut pour effet de le stopper net. Lui et son éternuement.
"Vous plaisantez ?"
"Non… Tout a été rapidement maîtrisé, mais bon nombre de vos documents sont foutus… J'espère qu'ils n'étaient pas irremplaçables ?"
Jack laissa tomber ses épaules d'un air vaincu. Non, rien d'irremplaçable, seulement des heures et des heures de travail sur une dizaine de rapports. Rien que ça.
"Je survivrai…"
Rien n'était moins sûr.
Et cet éternuement interrompu qui allait le déranger toute la journée…
Typique du 'jour sans'.
Ils continuèrent à marcher en silence.
Au bout d'un quart d'heure, il commença à se demander pourquoi ils avaient situé leur base si loin de la Porte. La réponse était claire, il avait lui-même pris la décision : même avec un Iris, il était plus prudent de ne pas se trouver trop proche d'une ouverture par laquelle pouvaient débarquer d'hypothétiques ennemis. Si cela s'avérait être le cas, un éloignement relatif leur accordait un certain délai de réaction.
Il n'empêche, sa cheville gauche en était à sa seconde torsion perpendiculaire et il y avait cette branche qui venait de s'en prendre à lui…
Encore un quart d'heure et il se fit agresser par des grêlons qui se transformèrent bientôt en grosses gouttes d'eau s'écrasant généreusement sur son crâne. Il pénétra dans sa petite forteresse telle une éponge ambulante.
Une créature-parapluie se précipita vers eux.
"Major !" la salua-t-il. Il pencha légèrement la tête et un filet d'eau coula de son oreille.
"Comment allez-vous Général ?" demanda-t-elle en souriant sous sa capuche d'où dépassaient des cheveux blonds collés à son front.
"Très bien !"
"Ca n'a pas l'air…"
"Gardez-le pour vous, je suis sensé donner l'exemple"
"Si vous le dites…" conclut-elle en souriant.
Il sourit en retour. Qu'y avait-il de plus beau qu'un visage de femme sous la pluie ? Oh… sûrement pas mal de choses, mais il s'en contenterait pour le moment. Son bras droit, récemment passée au grade de Colonel, le quitta après lui avoir adressé un petit signe de la main. Elle et ses hommes (elle avait enfin obtenu les commandes d'une équipe ! Il en était si fier…) devaient partir en mission en fin de matinée. Il resta en compagnie du Major.
Son bureau était une hécatombe, un véritable carnage. Pauvres dossiers… Il fixa le dernier en date, rongé et noirci par le feu jusqu'à son milieu.
"Hammond le voulait pour ce soir…" marmonna-t-il, alors qu'une petite serviette lui atterrissait sur la tête et qu'on commençait à lui sécher les cheveux. Il aurait pu se vexer de ce geste, mais se laissa faire. Il avait déjà eu affaire aux massages de crâne de la jeune femme et n'avait pas eu à s'en plaindre.
"On est en train de vous installer un bureau provisoire" l'informa-t-elle. "Vous pourrez vous consacrer à le rédiger de nouveau."
"Plus facile à dire qu'à faire…"
Elle lui fit face et passa vigoureusement la serviette sur son visage.
Il leva les yeux au ciel.
Peut-être était-il trop conciliant dans son rôle de Général, ses subordonnés semblaient avoir pris la désagréable habitude de le considérer comme un égal. Elle en particulier, mais ce n'était pas nouveau.
~*~
Travailler sur une espèce de table de jardin n'avait jamais été un de ses phantasmes. Et pourtant… On avait déposé un petit ordinateur portable dessus, à défaut de son matériel habituel qui était hors service suite à l'incident.
Pas de souris, même sans fil. La nouvelle génération informatique était décidément à l'économie de matériel… Il pesta contre l'innovation et fit glisser le bout de son index sur le petit endroit adéquat.
Démarrer.
Programmes.
…
Où diable était donc le dossier Jeux ?!
Il considéra un instant protester, se plaindre de ce manque inacceptable, mais réalisa que ce n'était peut-être pas la meilleure chose à faire s'il voulait regagner un tant soit peu d'autorité sur ses troupes. Il se résigna donc à ouvrir le logiciel de traitement de texte, à défaut du Démineur.
Les secondes passaient, une à une, sur sa montre digitale. Les minutes. Les heures. Vers le milieu de la matinée, le Capitaine Chase vint lui annoncer que les toilettes de la zone 3 étaient hors service. Puis il repartit comme il était venu, le laissant seul à son rapport et à son désespoir.
A 11h47, l'éternuement revint le narguer. Il ferma les yeux, plissa le nez et se concentra. Rien ne sortit.
Alors, il se laissa entraîner par ses rêveries bien loin de cet abri précaire qui lui servait de bureau. Il se surprit à penser au passé. Il n'avait pas à regretter tous ces changements qui s'étaient effectués en si peu de temps. C'était une évolution logique des choses, et il ne pouvait pas se permettre de rester indéfiniment sur le terrain… Une chose était sûre, il en garderait d'excellents souvenirs, très certainement à compter parmi les meilleurs de sa vie. Mais voilà, lorsque la nostalgie le happait, elle ne le lâchait plus.
Daniel avait préféré rester à la base. Non que la nouvelle ne présentait pas maints avantages, mais il avait en permanence besoin de données qu'il trouvait dans les livres, voire sur Internet. Dans un cas comme dans l'autre, il était nécessaire de demeurer sur Terre. Teal'c était resté en sa compagnie dans SG-1, et Jack les voyait tous deux assez souvent. Ne serait-ce que quand il venait passer la Porte chaque matin (ou presque), et repartait en sens inverse le soir même. Quant à Sam…
Flop.
Une goutte.
Sur sa tête.
Glissant le long de son front.
De son nez.
Se stabilisant au bout.
Flop !
Une autre.
Il s'était en fait remis à pleuvoir des cordes, et l'abri ne le supportait pas. Il pouvait voir qu'une marre s'était formée sur la toile qui le surplombait et l'imbibait, l'imbibait toujours plus… jusqu'à ce qu'elle la transperce. Plusieurs gouttes tombèrent sur le clavier de son ordinateur portable et celui-ci crépita avant de s'éteindre.
Alléluia.
Il était temps de manger de toutes façons.
Il enfila un large imperméable et ouvrit un parapluie avant de s'aventurer à l'extérieur. Tout était plus ou moins neuf ici, les installations étaient temporaires et le sol… était une gigantesque flaque de boue lorsqu'il se mettait à pleuvoir. Ils auraient vraiment dû consulter la météo avant de s'installer sur cette planète…
Le vrai problème était qu'ils n'avaient pas encore trouvé de cuisinier consentant à travailler dans un monde où le premier marché était à des milliers d'années lumière. Chaque jour, la base d'Auria était donc ravitaillée en MRE's.
Saluant quelques personnes, il plongea le bras dans la glacière. Poulet, fromage, petits pois, épinards, bœuf…
"Ne me dites pas qu'il ne reste plus de dinde…" grommela-t-il.
Le jeune airman préposé à la gestion de la nourriture pâlit.
"C'est que… Vous tardiez à arriver ce matin, je pensais sincèrement que vous ne seriez pas là… mon général."
"Eh bien je le suis !" Il fonça les sourcils, mais renonça presque immédiatement à terroriser une âme si innocente. Parfois il en venait à se demander s'il était vraiment fait pour ce boulot… "A qui avez-vous donné le dernier ?" demanda-t-il finalement.
Sans voix, l'airman lui indiqua une fine silhouette attablée seule, lisant apparemment un tas de paperasse. Il lui fit encore remarquer qu'il était mal de montrer les gens du doigt, puis partit à la rencontre du voleur de sandwich à la dinde avec une démarche qui se voulait menaçante. Etrangement, personne ne s'effaçait sur son passage.
Il était pourtant Général pour l'amour du ciel !
"Ceci est *mon* sandwich !" gronda-t-il en se plaçant devant la table en question, campé sur ses jambes à la manière d'un grand chef militaire. Qu'il était, après tout.
L'interpellée leva des yeux de biche sur lui, et il dut se retenir d'adoucir son expression.
"Fous le foulez ?" demanda-t-elle, la bouche pleine du met convoité.
"Je vous somme de me le rendre !" Le ton adopté était-il bon ? Ou fallait-il s'aigrir encore un petit peu ?
"Tenez."
Et elle le lui tendit tout en se replongeant immédiatement dans son dossier.
Le Général Jack O'Neill soupira profondément. Il en croqua une bouchée et le lui rendit avant se s'écrouler sur une chaise à ses côtés.
"Jack ? Quelque chose ne va pas ?" s'enquit-elle en le dévisageant.
"Rien ne va… Rien que dans les dix dernières minutes j'ai dérapé dans la boue, on m'a piqué mon sandwich à la dinde et j'ai réalisé que je n'avais quasiment aucune autorité sur mes hommes."
"Ils ont l'air d'obéir pourtant…" songea-t-elle à haute voix.
"Oh mais ils obéissent ! Là n'est pas le problème, mais c'est à peine si certains ne me donnent pas des claques dans le dos pour me saluer en début de journée…"
"Et alors ?"
"Mais ça ne doit pas se passer comme ça !" protesta-t-il, "On doit me craindre ici !"
Tout le réfectoire se retourna vers lui avec un sourire amusé sur les lèvres. Il prit un air désespéré et la jeune femme - le Docteur - à ses côtés se mit à rire. Elle avait abandonné sa carrière militaire pour se consacrer à la scientifique (c'était du moins la version officielle), l'avait rejoint sur Auria et… avait laissé pousser ses cheveux qui tombaient maintenant sur ses épaules en de grandes ondulations dorées.
Il finit par rire avec elle.
Peu après, il fut prit de hoquet et se clama un peu.
"Dites, mon premier bureau est parti en *hic* fumée, le second doit être inondé à présent… Je peux venir travailler dans le labo ?"
"Vos désirs sont des ordres…" affirma-t-elle avec un faux air de soumission.
*hic*
~*~
A 15h58, l'ombre de l'éternuement revint et s'effaça presque aussitôt, à la plus grande irritation de Jack qui brisa d'emblée un tube à essais. Un peu effrayé par le regard que la jeune femme qui l'hébergeait dans son laboratoire lui lançait, il décida de faire une petite sieste.
A 17h30, on vint le secouer.
"Allez hop ! Debout, c'est l'heure !" encourageait son Major.
Finalement, il se découvrit un torticolis et l'éternuement choisit cet instant pour sortir, ce qui eu pour effet de mettre le laboratoire sans dessus dessous car une assistante sursauta si violemment qu'elle lâcha une petite bouteille de chloroforme. Tout le monde se rendormit jusqu'à 18h15.
Et voilà qu'il était en retard… La Terre avait une heure d'avance sur Auria, il était par conséquent plus de 19h00 sur la petite planète bleue. L'heure des embouteillages de la base à chez lui.
Les deux jeunes femmes lui nouèrent une grosse écharpe autour du cou, puis il abandonna la scientifique qui avait décidé de passer la semaine sur place pour se consacrer exclusivement à son travail (pour changer), et suivit son Major qui s'était proposée au poste de chauffeur personnel pour les allers et retours de son supérieur.
"Hammond m'a confié que votre promotion était pour bientôt, Major…" déclara-t-il pour rompre le silence qui n'était troublé que par le moteur vrombissant du 4x4.
En réalité, il connaissait même la date exacte de son passage au grade de Lieutenant-Colonel, mais l'événement était sensé être une surprise et il ne voulait pas la gâcher plus qu'il ne l'avait déjà fait. Cependant, il savait aussi qui ne pourrait pas assister à la cérémonie et tenait absolument à être gratifié de cette petite étincelle qui allait naître dans ses yeux.
L'étincelle ne naquit pas.
Elle baissa même la tête d'un air attristé.
"Major ?"
"Je démissionne Général…" exposa-t-elle.
"Ex… cusez-moi ?!"
"Je… vous avais parlé de Mike, cet homme que j'ai rencontré il y a quelques mois maintenant… ?"
"Non ! Non vous ne m'aviez pas parlé de Mike."
"Il a été muté en Europe et m'a demandé de partir avec lui."
"Et vous avez accepté ?"
La voiture ralentit et s'arrêta à quelques mètres de la Porte. La jeune femme en descendit et se dirigea vers le DHD. Alors qu'elle composait le code, elle le sentit tout proche. Alors elle lui répondit.
"Oui."
Debout, derrière elle à quelques centimètres, il tenta d'encaisser la nouvelle. "Vous…" Il chercha une bonne tournure de phrase. "… avez accepté d'abandonner la plus fantastique aventure humaine de tous les temps pour accompagner Mike en Europe ?"
"Oui."
Jack se passa une main sur le visage alors que son cher Major s'éloignait de lui pour éviter que la discussion ne prenne un tour trop personnel. Pour une mauvaise journée, c'était une mauvaise journée. Mais le vortex s'ouvrait, il choisit de classer l'information dans un coin reculé de son esprit.
Avant de changer de monde, il se retourna vers elle, les yeux plissés, le visage songeur.
~*~
Dîner ne lui traversa même pas l'esprit, en toute logique il s'étoufferait avec les fils des haricots verts. Il gravit lentement les marches menant à sa chambre. Sans allumer la lumière (l'électricité n'était pas son amie dans les 'jours sans'), il entreprit de se déshabiller pour parvenir sans trop de mal à se retrouver en caleçon, si ce n'est qu'il dut découper les lacets de sa botte gauche après plusieurs minutes de lutte acharnée.
Retrouver son lit avait du bon, le marathon qu'avait été sa journée touchait à sa fin… Il souleva la couette, se glissa dessous, la rabattit sur lui…
… et faillit hurler.
Il avait connu bon nombre de tortures au cours de sa vie, mais rien n'était pire que celle des pieds froids contre les siens.
Néanmoins, il se retint de tout commentaire et, en bon gentleman, s'appliqua à les réchauffer du mieux qu'il put. Ce faisant, il roula sur le côté pour attirer à lui la propriétaire des pieds.
"Le matin, tu dors… Le soir, tu dors aussi. As-tu la moindre idée du calvaire que j'endure ?"
"Il y avait une période où tu ne rechignais pas à me voir dans ce lit…"
Il la serra plus fort.
"C'est plus que jamais le cas…" répliqua-t-il en embrassant son front. Puis il reprit son sérieux et soupira. "J'ai passé une journée atroce. Pour commencer j'ai avalé ce qu'il restait de la vaseline."
Elle rit doucement et fit un commentaire qu'il préféra ignorer, car si le ton envoûtant de sa voix lui laissait déduire qu'elle était en forme, il avait réellement l'intention de dormir dans les plus brefs délais.
"Et puis le Major West se retire du programme…" murmura-t-il, comme si l'information lui était pénible.
"Pourquoi ?"
"Son amant a été muté en Europe, ça lui en coûte mais elle irait jusqu'au bout du monde pour lui."
"Et en quoi… ceci est-il à classer dans les mauvaises nouvelles de ta journée atroce ?" demanda-t-elle avec un certain scepticisme dans la voix.
"Jalouse ?" la taquina-t-il.
"J'ai mes sources Jack… Trois femmes, le Major West, le Docteur Parkman et le Colonel Byers. Toutes blondes aux yeux bleus… Y'a de quoi se poser des questions !"
Il l'embrassa de nouveau, cette fois sur les paupières.
"La perle rare de ce poste - mon second et l'élite scientifique-, c'était toi. Quand tu nous as lâchement abandonnés, on a eu toutes les peines du monde à dénicher quelqu'un t'arrivant à la cheville… D'ailleurs il en a fallu trois réunies."
Il imagina ses yeux posés sur lui. N'en fait pas trop, l'avertissaient-ils, je vois clair à travers ton jeu ! Oui mais voilà, il fallait bien flatter sa femme de temps à autres.
"Tu étais à la tête de SGA-1, du département scientifique et me suppléais aux commandes de la base. Si West se retire, il faut trouver quelqu'un d'autre pour la troisième partie du boulot et ça risque de prendre un peu de temps. Il faudra sûrement repousser nos vacances…"
Doucement, elle se rapprocha encore de lui jusqu'à ce que son ventre entre en contact avec le sien.
"Qu'est-ce que… ?" s'alarma-t-il.
"Il n'arrête pas depuis ce matin, c'est épuisant. Lui et moi on a besoin de vacances, tout comme un certain Général O'Neill. Le remplacement du Major a vraiment tant d'importance ?"
Il sourit, réunissant ses dernières forces pour glisser vers le bout du lit jusqu'à ce qu'il soit face à un ventre rebondit. Ses mains caressèrent les six mois de bonheur qui tenaient là, bien au chaud, dans l'abdomen de la femme qu'il aimait, puis il commença à suffoquer et rampa en sens inverse.
"On part demain à l'aube, au diable tout le reste." déclara-t-il.
Il y avait des jours sans Sam Carter, pire n'existait pas.
Il ne vivait que pour les jours avec.
~*~
Fin
Oui je sais, tout est bien qui finit bien dans le meilleur des mondes. Et alors ? Vos commentaires m'intéressent encore plus que d'habitude, étant donné que j'ai moi-même du mal à comprendre ce que je viens d'écrire…