aurelia_m21@hotmail.com
Epoque, fin saison 5 avant Zénith
A la salle d’embarquement le major Carter faisait les premiers essais de son rayon protecteur, permettant de démasquer les êtres invisibles, ritous ou autre goa’uld possédant un dispositif d’invisibilité.
Le retour de la prochaine équipe était programmé pour dans trois heures. Après il ne resterait plus que SG 12 en mission pour plusieurs jours.
Une seule ombre au tableau, le retour imminent du sénateur Kinsey, qui avait promis de revenir très vite. Il était attendu en fin d’après-midi et le briefing était prévu à 20 heures.
Jack essayait de ne pas penser à sa prochaine entrevue avec Kinsey, il se défoulait sur un putching-ball que tenait Teal’c.
-Vous pouvez faire beaucoup mieux que ça Jack O’Neill ! Dit Teal’c. Allez défendez-vous
Il passa à l’attaque, mais Jack redoubla d’effort et termina la séance en sueur, le cerveau vide et somme toute, reposé de toute cette tension inutile.
Les alarmes retentirent. C’était SG 10 qui revenait d’une planète dont la porte était sur le point d’être immergée par une brusque montée des eaux des océans de la planète.
Tout était calme dans la base.
Sam bailla et regarda sa montre il n’était pas loin de 19 heures et elle décida d’aller manger. En chemin elle retrouva Daniel et Teal’c qui se rendaient aussi au mess.
-Le colonel n’était pas avec vous Teal’c ?
-Si Daniel Jackson, il n’avait pas faim et il m’a dit qu’il attendrait l’heure de la réunion dans ces quartiers.
-Il allait bien ? s’inquiéta Sam
-Parfaitement bien, major Carter. Je viens de le battre à la boxe, mais à part ça il va très bien.
Salle de briefing 20 heures
Le sénateur Kinsey était déjà prêt à diriger la séance, il avait pris la place du général Hammond et l’avait relégué au bout de la table.
-Le colonel O’ Neill n’est pas là ?
-Si sénateur, il arrive dit Hammond qui regardait sa montre avec impatience.
-Ah le voilà !
Jack le visage fermé prit place après un vague salut au sénateur.
-Je m’adresse à vous colonel O’Neill, j’ai lu votre rapport, et je dois dire (il cherchait ses mots), je dois dire que je suis impressionné par…
Jack l’interrompit très impoliment :
-Mon général dit-il à Hammond, permission de parler librement ?
Le regard de Jack était dur et accrochait celui de Hammond.
-Allez y colonel, on vous écoute et d’un signe de la main il imposa le silence à Kinsey qui ouvrait la bouche pour une réponse cinglante.
Jack parla lentement, on sentait qu’il pesait ses mots, il était tendu à l’extrême.
-Mon général dit-il en s’adressant exclusivement à Hammond, dans mon rapport très long et détaillé comme vous l’aviez demandé, il y a des détails très intimes que je ne voudrais en aucun cas voir dévoiler ici en présence d’autres personnes, en particulier mes subordonnés. Ce que j’ai écrit est confidentiel, il n’ y a que deux personnes à l’avoir lu, vous et le sénateur. Il omit volontairement Daniel. Tous les deux, vous êtes soumis au droit de réserve. Je demande que ce rapport soit classé définitivement. Je veux oublier certaines choses et ne pourrai le faire que si cette affaire est enterrée à jamais.
-Malheureusement, je n’y peux rien Jack, le sénateur est en droit de vous poser toutes les questions qu’il souhaite. Vous n’êtes pas le seul dans ce cas, vous savez bien qu’il m’a mis plusieurs fois sur le grill, et en votre présence. Je comprends ce que cette situation peut avoir de pénible pour vous colonel, malheureusement il faut vous soumettre.
Le sénateur une lueur de triomphe dans le regard et le sourire mauvais dit fielleusement :
-Asseyez-vous colonel, nous reprenons.
-Vous pouvez faire ce que vous voulez , me faire passer en cour martiale, si vous voulez, mais je ne resterai pas une minute de plus assis à cette table avec ce …
Il retint juste à temps l’insulte qui lui montait aux lèvres.
-Vous voulez la cour martiale colonel ? Je ne crois pas que vous y gagneriez, il y a là-dedans de quoi vous envoyer en prison pour longtemps, dit-il en brandissant une épaisse liasse de feuille.
La haine de Kinsey était sans limite. Il détestait O’Neill, pour sa suffisance, son orgueil de caste, son côté militaire rigide, son humour déplacé, sa force aussi, son ascendant sur ses hommes dont il savait se faire aimer, le lien indéfectible qui les unissait tous les quatre.
-Vous savez colonel, ceci n’est qu’une petite répétition de la cour martiale. Ce serait bien pire, imaginez-vous dans cette base, devant tout le SGC réuni, du plus haut gradé au plus petit. Votre rapport lu à tous, commenté, décortiqué.
Vous serez sommé de vous expliquer, de répondre à toutes les questions.
Vous avouez tout dans ces feuilles ! Vous êtes pieds et poings liés, condamné d’avance. Un mot de moi dans les hautes sphères et vous êtes dégradé, emprisonné.
Sam était blanche, elle aurait voulu être ailleurs, elle en était malade pour Jack et commençait aussi à vouer le sénateur aux gémonies.
-Mon général, je demande l’autorisation de me retirer, ainsi que le Docteur Jackson et Teal’c.
-Non, dit Kinsey sèchement. Vous restez.
Hammond intervint calmement, car il trouvait que le sénateur dépassait les bornes.
-Sénateur votre haine personnelle vous égare, pourquoi en voulez-vous ainsi au colonel ?
Ne sachant quoi répondre, Kinsey se leva :
-Cette séance reprendra demain.
Le lendemain le ton avait changé. Hammond avait pu avoir le président en ligne. Celui-ci estimait beaucoup le colonel et il était stupéfait de cet acharnement du sénateur sur lui.
-Le président veut vous parler dit-il en tendant le combiné à Kinsey.
-Monsieur le président… c’est un honneur.
La conversation fut assez longue, ponctuée de « oui monsieur le président, non monsieur le président… »
Le visage de Kinsey palissait au fil des minutes et quand il reposa le combiné, il était livide.
Il se tourna d’un air un peu hagard vers Hammond :
-Le président souhaite me voir partir en mission avec SG1, pour mieux me rendre compte du travail qu’ils font. Il me dit que juger un travail sur rapport est forcément incomplet.
Le général Hammond eut un large sourire, le sénateur s’était fait moucher.
-C’est une excellente idée sénateur ! Je m’en occupe tout de suite. Vous partirez avec SG1 dès demain. En attendant vous êtes notre invité à la base.
Jack l’attendait à la porte de son bureau.
-Entrez un instant colonel. Il y a du nouveau. Asseyez-vous Jack.
Impassible le colonel prit une chaise, étendit ses longues jambes et attendit que le général parle.
-Je suis très ennuyé Jack, j’ai énormément d’estime pour vous, mais avouez que vous vous êtes mis dans de sales draps. Tout le monde peut avoir des faiblesses, mais avec une goa’uld !
-S’il vous plait mon général, par pitié ! On ne peut pas passer à autre chose !
-D’accord Jack dit–il avec un entrain forcé.
Le général Hammond hésita un instant, ce n’était pas son habitude, mais ce qu’il avait à dire était tellement énorme ! Il lâcha enfin :
-Le sénateur voudrait se joindre à SG1, pour une mission.
-Quoi !
Jack n’en croyait pas ses oreilles.
- Vous lui avez expliqué combien c’est dangereux ? Il est où le lézard mon général ?
-Il n’y a pas de lézard Jack. Ne vous fâchez pas mais je suis obligé d’accepter. Ordre du président.
-A quelle mission pensez-vous mon général ?
-L’exploration de la planète P8X213.
-Oh, Jack sourit brusquement détendu, c’est une planète au climat rude n’est ce pas ?
-Très rude, Jack, très rude…
Lors d’un briefing non officiel qu’ils tinrent tous les quatre pendant le repas, le colonel leur annonça la nouvelle.
-Faites très attention à tout ce que vous pourrez dire ou faire, je ne veux pas que vous fassiez d’imprudences, le sénateur est un homme de pouvoir et très influent.
-Curieux ces précautions que vous prenez Jack, vous nous mettez en garde contre quoi au juste ? Interrogea Daniel.
-Je ne vous veux que du bien, croyez-moi dit Jack un peu ennuyé de la perspicacité de Daniel.
-Mon colonel, vous souhaitez que nous soyons sympas avec le sénateur, c’est bien ça, n’est-ce pas ? dit Sam avec un regard appuyé vers Jack.
-Soyez naturelle, gentille comme toujours, et ce sera parfait dit-il avec un franc sourire.
-Jack, vous nous cachez quelque chose ! Insista Daniel
-Ts..Ts..Ts… Soyez prêts, nous partons dans une heure dit Jack d’un ton sans appel.
Chevron 5 enclenché
Ils se tenaient au pied de la rampe, dans leur équipement habituel, Jack sa caquette vissée sur la tête et ses lunettes de soleil.
Le sénateur était en costume de ville. Il ne savait pas comment s’habiller et n’avait pas osé le demander. Il se sentait un peu ridicule pour la première fois de sa vie.
Chevron 6 enclenché
Sam et Daniel échangeaient des plaisanteries. Teal’c attendait très calme en fixant d’un œil surpris le costume cravate du sénateur. O’Neill avait un petit sourire inquiétant.
Chevron 7 enclenché
Quand l’horizon des évènements fut stabilisé, Teal’c partit le premier et disparut dans l’anneau, suivi tranquillement de Sam et Daniel.
Kinsey montait la rampe d’un pas mal assuré, O’Neill était derrière lui, il se sentait observé, se retourna légèrement, mais ne peut rien lire sur le visage impassible du colonel.
-Mais pourquoi bon sang, avez vous besoin de lunettes de soleil colonel ? Lâcha t-il. O’Neill accentua son sourire moqueur :
-C’est mieux, j’ai moins de vertiges et de nausées à l’arrivée, dit-il d’un ton neutre en fixant Kinsey, qui pâlit. Sénateur c’est le moment !
Et d’un geste brusque, il le poussa dans la flaque.
L’atterrissage du sénateur fut pénible, il arriva à quatre pattes, en proie à un violent vertige.
-Asseyez-vous un moment sénateur lui dit Sam avec douceur, cela va passer.
-C’est comme ça à chaque fois ? Dit-il d’une voix blanche
-On s’habitue.
O’Neill avait retiré ses lunettes, la nuit était complètement tombée. Il faisait un froid glacial et Kinsey frissonna dans son costume prévu pour une température tempérée.
Ils descendirent le promontoire où était construit la porte. Ils progressaient difficilement dans un sable épais. Le sénateur éprouvait des difficultés à marcher. Il commençait à ressentir le poids des années, même s’il entretenait régulièrement sa forme physique il sentait que là il aurait besoin de toute son énergie. Et puis devant lui ce diable d’homme menait un train d’enfer. Il fit une première chute, perdit une chaussure et se retrouva du sable plein la bouche. Il cria car les autres ne l’avaient pas attendu. Il se releva et tomba à nouveau.
O’Neill d’un signe les fit s’arrêter et leur ordonna de se taire. Il attendit plusieurs secondes. Les appels de Kinsey se faisaient plus faibles.
-Enfin Jack, à quoi jouez-vous ? Dit Daniel.
-Il est en difficulté dit Sam, il est tombé, il s’est peut être cassé quelque chose ? Il faut aller voir mon colonel.
-Ne bougez pas Carter, et comme elle ébauchait un geste, c’est un ordre major !
-J’y vais moi-même ajouta t-il. Suivez-moi à distance.
Il rebroussa chemin d’une centaine de mètres. Le sénateur était déjà presque enfoui dans le sable, il s’était évanoui.
O’Neill s’agenouilla et le dégagea doucement. Kinsey revint à lui, Jack, avec délicatesse lui ôtait le sable qu’il avait sur le visage. Le sénateur râla :
-Je ne veux pas que ce soit vous qui vous occupiez de moi.
O’Neill ne répondit pas mais le tâta sur tout le corps pour voir s’il n’avait pas de fracture. Kinsey se sentait humilié. Il rageait.
Jack l’aida à se relever, apparemment il n’avait qu’une cheville foulée.
-Vous pouvez marcher jusqu’au promontoire, devant nous ? Dit–il en montrant un amas de rochers qui se dressaient au dessus du sable.
-Non, je ne peux pas poser le pied par terre.
-Teal’c appela Jack, vous pouvez porter le sénateur ?
-Sans problème, O’Neill. Et comme s’il se fut chargé d’un poids plume, Teal’c souleva Kinsey et le porta sur son épaule plusieurs centaines de mètres.
Ils organisèrent un campement et se protégèrent du sable sous des tentes de fine toile. Sam seule, Teal’c et Daniel, et O’Neill prit avec lui le sénateur.
Celui-ci était surpris :
-Pourquoi vous occupez-vous de moi comme ça Colonel ?
-Ca vous surprend ? Dit Jack avec hauteur. Nous formons une équipe, vous faites partie de cette équipe sur cette mission, mon devoir est de la diriger au mieux et de veiller au bien être de chacun. Maintenant dormez, il est tard, nous avons une longue route à faire demain.
Il s’allongea dans son duvet et s’endormit aussitôt.
Kinsey mit beaucoup de temps à trouver le sommeil. Le léger matelas était dur, il avait froid. Il écouta la respiration calme du colonel, et sentait qu’il n’était pas au bout de ses surprises avec cet homme qu’il pensait bien connaître.
Les trois soleils de la planète rougeoyaient dans le ciel répandant sur tout ce qui vivait une chaleur de four.
Ils marchaient de nouveau, se dirigeant vers une oasis qu’ils avaient repérée. Sam avait bandé fortement la cheville du sénateur, celui-ci aidé tour à tour de Teal’c et de Daniel faisait de son mieux pour suivre le rythme.
Ils dominaient un village quis’étendait à leurs pieds cinquante mètres plus bas. Le spectacle était grandiose, des petite maisons blanches carrées se cachaient dans de la verdure, cherchant à se protéger des rayons brûlant des soleils. Il y avait de nombreux palmiers, et dans ce village des temps bibliques on voyait au loin des hommes vaquer aux travaux d’irrigation, ou garder des animaux.
Un groupe d’hommes vint à leur rencontre
O’Neill se déplaça légèrement derrière le major et lui murmura
-Des goa’ulds major ?-Je ne ressens la présence d’aucun symbiote dit-elle.
Et déjà Daniel s’avançait :
-Je m’appelle Daniel Jackson, nous sommes des voyageurs pacifiques… Il finit sa phrase, entouré d’une foule bariolée et bruyante, et c’est littéralement portés par elle qu’ils avancèrent vers le village. La situation leur échappait.
Ils furent conduits au cœur du village où un homme d’une taille imposante les accueillit de ses mots :
-Bienvenue à mes nouveaux esclaves dit-il de sa voix rauque de goa’uld.
Le sénateur tenait à peine sur ses jambes
Il demanda à Sam :
-C’est ça un goa’uld dit-il d’une voix étranglé, et comme les yeux de l’homme se mettait à briller, il eut un mouvement de recul qui le fit remarquer.
-Toi, prosterne-toi devant ton Dieu, je suis Hadès, le Dieu des enfers.
Le sénateur fut obligé de s’agenouiller et de se prosterner le front contre terre.
-Emmenez-les !
Etroitement surveillés ils furent désarmés et se retrouvèrent dans une prison ennemie.
On ne les avait pas séparés. Avec un soupir O’Neill s’assit contre la muraille.
-Qu’allons nous faire maintenant ? Demanda Daniel. Il faisait le tour du cachot, sondant les murs. Je vous signale Jack qu’il n’y a pas de passage secret !
-C’est dommage, mais ce qui est bien c’est qu’il fait assez bon dans cette prison par rapport à dehors, dit Sam.
-Que comptez-vous faire ? Jack O’Neill dit Teal’c.-Rien pour aujourd’hui, on n’a pas vraiment le choix.
-Vous allez bien sénateur ?
-Non, j’ai très soif.
-On a tous très soif, ricana Jack, mais je crois que pour ce soir il faudra s’en passer, de manger aussi d’ailleurs.
Le lendemain fut pénible, la chaleur montait par les bouches d’aération et on ne leur avait apporté qu’une petite cruche d’eau, qu’O’Neill rationna. Il fit boire ses amis et donna le reste de l’eau à Kinsey. Il n’y en avait pas assez pour tout le monde. Sam remarqua que Jack n’avait pas bu, elle se contenta de faire un signe à Daniel qui hocha la tête en silence. Le sénateur ne s’était rendu compte de rien.
Le lendemain ils furent traînés devant Hadès. Ils n’avaient ni mangé, ni bu depuis leur emprisonnement. Leurs conditions de détention étaient très dures, le sénateur faisait peine à voir, il était soutenu par Teal’c et Daniel. Ils durent s’agenouiller devant sa grandeur et baiser le bout de ses sandales. Le sénateur émit une protestation, Jack ironisa :
-L’hôtel quatre étoiles de sa majesté ne vous a pas plu !