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Ne me dites pas que ce problème est difficile.. S'il n'était pas difficile, ce ne serait pas un problème.
Imagine

Cet espoir partie 1 : Chapitre 1

Aurélia
CET ESPOIR QUI NE VEUT PAS MOURIR
Aurelia_m21@hotmail.com
Fic 21
Février 2004
Epoque : En cours de saison 5
Episode : aucun
Disclaimer : Les personnages ne m’appartiennent pas sauf celui de Carolina French qui reste ma propriété.
Avertissement de l’auteur :
Il est fait dans ce récit à quelques allusions à des évènements survenus dans une autre de mes fics « Tout était calme dans la base » où O ‘Neill a été retenu en esclavage pendant de longs mois par une déesse goa’uld. Il en garde des séquelles.
Genre : drame, aventure
Résumé : le docteur French arrive à la base pour une évaluation.
Classification : Accord parental souhaitable


1ère partie
L’EVALUATION


L’ambiance était plutôt détendue au mess, c’était l’heure de grande affluence et on entendait des plaisanteries fuser, des rires et des éclats de voix.
Comme à son habitude SG1 avait pris une table un peu à l’écart.
            -Finalement dit Daniel, c’est très dommage que nous ne soyons pas restés plus longtemps sur P4J110, il y avait tellement d’inscriptions dans les cavernes, que je n’ai pas eu le temps de traduire, et
            -Mais enfin Daniel le coupa Sam, je ne vois pas comment on aurait pu rester, on avait une horde de jaffas à nos trousses.
            -Vous m’ôtez les mots de la bouche, major, dit O’Neill
Et comme Daniel levait les yeux surpris, Jack se moqua :
            -Vous n’avez peut–être pas vu les jaffas Daniel ? Il me semble pourtant qu’il y en avait un qui pointait une lance sur vous !          
            -Oui, c’est vrai concéda t-il mais nous ne restons jamais assez longtemps et c’est très frustrant. On aurait pu apprendre tellement de choses sur cette civilisation, vous rendez-vous compte, Jack, ils sont peut–être de la même époque que les anciens. Ils ont sans doute contribué à la fabrication des portes des étoiles. C’est absolument fabuleux !
Daniel était lancé et il était difficile de l’arrêter. O’Neill s’y risqua :
            -Daniel
            -Et en plus…
            -Daniel ! Dit-il plus fort
            -Quoi ?
            -Ne vous emballez pas Daniel, on y retournera sur votre planète, mais avant il faudra s’assurer qu’il n’y a plus de danger.
Le visage de Daniel s’éclaira et au même moment le micro se mit à crachoter et une voix jaillit du haut-parleur :
            -SG1 est demandé en salle de briefing.
Ils se levèrent et quittèrent la pièce aussitôt sans même finir leur repas.
Dans la salle les attendaient le général Hammond et une femme  d’environ trente cinq ans vêtue avec recherche d’une longue jupe noire et d’un chemisier en soie, noir également. Elle était petite et très menue, brune avec des cheveux bouclés tombant sur ses épaules, et elle les fixait d’un surprenant regard gris impénétrable.
Le général fit les présentations
            -Asseyez-vous SG1  je vous présente le docteur Carolina French, et voici le major Carter, le colonel O’Neill, le docteur Daniel Jackson et Teal’c dit-il en se tournant vers la jeune femme.
            -Docteur ? Dit O’Neill d’un air interrogatif.
            -Oui colonel, le docteur French est spécialiste en médecine traumatique  et dans l’étude comportements en cas de risques majeurs. Elle s’est occupée de nombreux cas, de victimes de guerre ou d’attentats.
Et comme O’Neill ouvrait la bouche ,
            -Laissez-moi finir colonel. Le Pentagone nous envoie le docteur French pour une évaluation physique et psychologique. Et j’estime que c’est une chance pour nous. Sa renommée internationale n’est plus à faire. Tout le personnel de la base est concerné, y compris moi-même. SG1, vous êtes souvent sur le terrain et confrontés à nombreux risques, vous vous trouvez souvent dans des situations extrêmes, puisque vous êtes notre équipe de premiers contacts.  C’est le docteur French qui s’occupera de vous personnellement. A partir de maintenant toutes vos missions sont annulées.
            -Et ça va durer longtemps ? Dit O’Neill
            -Le temps qu’il faudra colonel, dit Hammond sévèrement. Vous ne reprendrez les missions qu’après avis favorable du Docteur French. Vous avez donc intérêt à coopérer au maximum ajouta t-il en direction de son subordonné qui prévoyait-il allait peut-être lui poser des problèmes.
Le général sortit de la pièce sans rien ajouter de plus et surtout avant d’avoir à subir les phrases désobligeantes du colonel.
Un lourd silence s’installa autour de la table.
Le docteur French prit aussitôt la parole d’une voix ferme :
            -Ma mission est claire, vous évaluer sur le plan physique et psychologique.
            -Physique ? Dit Daniel surpris, mais le docteur Frazier s’occupe parfaitement de nous à chaque retour de mission, et je ne …
Elle l’interrompit d’une voix dure :
            -Docteur Jackson ; je suis sûre que vous êtes très compétent dans votre domaine, mais votre avis ne m’intéresse pas pour le moment. J’ai les pleins pouvoirs et toutes les autorisations nécessaires pour vous commander durant toute ma mission. Toute insubordination de votre part pourra être considérée comme un refus d’obéissance et vous pourriez subir une réprimande de la part du général Hammond ou toute autre sanction qu’il voudra bien vous donner.
            -Ça a le mérite d’être clair dit Carter.
            -Je ne vous ai pas donné la parole, major.
Son regard était de glace, elle les considéra l’un après l’autre jusqu’à ce qu’ils détournent le regard. Elle ne fit pas flancher Jack qui soutint son regard avec ironie.
Ce fut elle qui lâcha prise.
A l’infirmerie Janet les attendait.
            -Je vous laisse entre les mains du docteur French dit-elle.
            -Mais Janet, que se passe t-il, ce n’est pas vous qui nous ferez passer les examens médicaux ?
            -Non chuchota Janet. Je suis obligée de lui laisser une partie de mon service. Mais allez-y Sam dit-elle en voyant que Carolina French revenait vers eux. Elle n’a pas l’air commode.
            -Je vais commencer par le major Carter.
            -Déshabillez-vous entièrement et allongez-vous sur la table d’examen. Sam ouvrit des grands yeux étonnés mais ne répliqua pas.
L’examen dura longtemps, il fut très minutieux. Elle s’informa des blessures qu’avait subies le major, des tortures aussi. C’était un examen à l’ancienne comme Carolina aimait le pratiquer, sans prise de sang, ni de radios. Elle aimait toucher le patient, elle avait un talent au bout des doigts pour déceler les anomalies.
Carolina avait en main le lourd dossier médical de Sam. Elle le parcourut d’un air satisfait, elle lui posa beaucoup de questions sur sa vie privée, si elle avait un petit ami,  quelle contraception elle utilisait.
            -Mais excusez-moi docteur French, pourquoi toutes ces questions ? Quel est le lien avec nos missions ?
Carolina lui sourit et son regard perdit de sa froideur.
            -Major, si vous prenez des médicaments je dois le savoir. Car passer la porte des étoiles n’est pas anodin, il peut y avoir des répercussions que nous ne soupçonnons pas encore. Vous êtes soumise aussi à des technologies aliens qui pourraient avoir des effets négatifs totalement inconnus.
            -Je vois, Docteur French.
            -Appelez-moi Carolina, je vous prie. Dites-moi cette cicatrice à l’épaule, comment l’avez vous eu ? Carter mise en confiance par une gentillesse à laquelle elle ne s’attendait pas lui parla de cette blessure déjà ancienne, quand elle avait reçu un coup de lance jaffa qui lui avait effleuré le bras.
Sam sortit de l’infirmerie au bout d’une heure le sourire aux lèvres.
            -Ça a l’air d’aller Carter ?
            -Oui mon colonel, elle n’est pas si terrible qu’elle en a l’air finalement.
            -Oh je vois…
Carolina avait toujours voulu être médecin. Son père était autrefois un grand patron de la chirurgie vasculaire et sa mère une psychiatre de renom. Elle était souvent seule dans le grand appartement new-yorkais et aussi loin que ses souvenirs remontent, elle se voyait diriger de main de maître son petit hôpital de poupées où elle passait entre les lits posés sur la moquette de sa chambre, écouter leur cœur avec un stéthoscope en plastique. 
Elle passa sa jeunesse à lire les livres de médecine de ses parents, et à l’âge du choix professionnel personne ne s’étonna qu’elle décrochât brillamment une place dans une des plus prestigieuses universités américaines.
Ses études finies, elle écrivit plusieurs ouvrages qui furent remarqués de la communauté scientifique, et cela lui ouvrit de nombreuses portes en particulier celle du pentagone, en effet sa spécialité était l’étude des risques en milieu hostile, et  les traumatismes psychologiques des guerres et des attentats. Elle voyagea dans le monde entier, parcourut les camps de prisonniers de toute la planète, organisa des centres de soins post traumatiques après des attentats ou dans les pays en guerre, en Irak, en Afghanistan, en Israël, dans de nombreux pays d’Afrique. Elle connut au cours de ces travaux toute la noirceur de l’âme humaine, la cruauté et l’indifférence dont peuvent faire preuve les humains pour leurs semblables, mais rien ne l’avait préparée à ce qu’elle découvrit quand on lui donna accès au projet porte des étoiles.
C’est avec un certain effarement qu’elle se plongea dans toutes les archives de la base et qu’elle découvrit toute la puissance maléfique de ces faux dieux qui n’avaient d’autre but que d’asservir les peuples, pour pouvoir exister. Sa mémoire prodigieuse lui fit se rappeler  la moindre des missions, elle était incollable sur les Goa’ulds, seule lui manquait l’expérience du terrain, elle n’en avait jamais rencontrés.
Elle avait connu un drame dans sa vie qui avait changé le cours de toute son existence. Elle venait de fêter sa brillante promotion à la faculté de médecine où elle était sortie troisième. Avec des amis elle revenait d’une soirée un peu arrosée quand en sortant du métro à quelques centaines de mètres de chez ses parents, elle connut l’enfer. Elle fut enlevée,  violée et séquestrée pendant deux jours dans une cave. Quand on la retrouva elle oscillait entre la vie et la mort. Ce fut la vie qui l’emporta mais elle ne fut plus jamais la même.
Elle gardait enfoui dans son subconscient  le souvenir de ce drame comme un poison dont les gouttes rejaillissaient de temps à autre sans qu’elle en soit pleinement consciente.
Carolina poursuivit son examen médical par Teal’c. Pour elle cet homme était fascinant. Elle avait lu tout son dossier et cette histoire de symbiote  lui paraissait à peine croyable. Elle avait hâte de le rencontrer.  Teal’c n’était pas très expansif, il parla peu , mais se plia volontiers à l’examen prolongé qu’elle fit et répondit de bonne grâce à ses questions sur « junior ».
Daniel Jackson la surprit agréablement. Elle fut sur le point de réviser son jugement sur la gent masculine. Il était absolument passionné par ses travaux, et était un excellent professeur. Tout en faisant son examen, elle l’écoutait fascinée. Il était absolument charmant, d’une incroyable gentillesse, si à l’aise avec elle qu’elle se détendit.
Carolina redoutait la visite médicale du colonel. Elle n’aimait pas ce genre d’homme , sûr de lui, et sentait qu’il avait une très forte personnalité et des problèmes avec sa hiérarchie. La manière dont l’avait faire taire Hammond était significative.
Et puis il lui rappelait l’homme qui avait commandité son agression. Car ce n’était pas un hasard, elle ne s’était pas trouvée au mauvais endroit au mauvais moment. Non, elle avait été guettée. Son agression était programmée, et c’était uniquement dans le but d’atteindre son père. Le plan était diabolique, le professeur Farragut  venait de découvrir des malversations dans le service qu’il dirigeait. Il s’apprêtait à avertir  les autorités. Comme on ne pouvait l’atteindre directement, on l’avait visé à travers sa fille. Et on avait réussi, sa vie avait été brisée. Il ne fut plus jamais le même après. Il démissionna, prit une retraite anticipée, et se retira à la campagne. L’affaire avait fait grand bruit dans les journaux à l’époque. C’est pourquoi, Carolina était devenue le docteur French. Elle avait pris le nom de jeune fille de sa mère, et elle s’était plongée dans cette spécialité qu’elle avait choisie dans l’espoir peut-être de réussir sa propre thérapie. Elle avait échoué jusqu’à présent, même si elle refoulait toutes ces horreurs. La présence de cet homme les ravivait.  Elle se blinda et l’accueillit d’un regard de glace quand il pénétra dans la pièce.
L’examen de Jack ne se passa pas si bien que celui des autres membres de SG1. Il était très rétif à ce qu’on lui demandait.
            -Et pourquoi vous nous  mettez tout nu, c’est pour nous décontenancer ou parce que vous n’avez jamais vu d’homme dans votre vie ? Dit-il d’un air insolent comme  elle  lui demandait de se dévêtir.
Elle se contenta de le regarder sans répondre. Yeux noirs contre yeux gris, pas un ne céda cette fois.
            -Colonel faites ce que je vous dis dit-elle d’un ton las.
O’Neill bien décidé à ne pas lui faciliter la tâche, se déshabilla sans la quitter des yeux, et quand il fut nu, ce fut elle qui détourna le regard. Il se permit un léger sourire et se prêta de bonne grâce à tous les examens qu’elle voulut bien lui faire. Il avait remporté une victoire mais peut-être pas la guerre.
Il avait fermé les yeux et subissait cet examen, sans y participer comme s’il s’agissait de quelqu’un d’autre. Il répondait à ses questions par des grognements, si bien qu’à la fin elle perdit son sang froid :
            -Colonel, répondez-moi, dit –elle d’une voix un peu moins ferme. Il sentit la différence et ouvrit un œil et sans qu’elle le lui permette il s’assit sur la table d’examen et la regardant droit dans les yeux.
            -Docteur French, je vais être franc avec vous, je déteste ce que vous faites. Avec le docteur Frazier, c’est pareil, mais avec elle au moins j’ai l’impression d’être respecté. Alors  si vous voulez bien m’excuser …
            -Je ne vous ai pas donné votre congé colonel O’Neill, Je n’ai pas fini et vous prierai de bien vouloir vous rallonger.
Avec un soupir il obtempéra.
 Elle examinait son dos quand il tressaillit.
-Vous souffrez  là ?  dit-elle en appuyant sur ses reins.  Répondez-moi colonel. Et cessez ce petit jeu avec moi, j’irai au bout de cet examen que ça vous plaise ou non.
-En fait, un peu dit-il comme à regret.
-Je vois sur votre dossier que vous avez été prisonnier de Kali pendant plusieurs mois, elle vous a torturé, , vous en souffrez encore n’est-ce pas ? Ajouta t-elle d’une voix plus douce.
-Que vous a t-elle fait ? dit-elle devant le silence de O’Neill
-C’est écrit dans mon dossier, si vous savez lire…
-Colonel pourquoi êtes-vous si agressif ?
Elle le fixait de son profond regard gris impénétrable. Son visage était beau, lisse, elle avait la peau dorée, et une bouche qui aurait été très belle sans le pli sévère qui l’enlaidissait.
            -Répondez-moi Jack,
Il fut surpris de s’entendre appeler par son prénom,
            -Et vous c’est quoi votre petit nom ?
            -Appelez-moi docteur, ça ira très bien. Mais vous n’avez toujours pas répondu à ma question.
            -Docteur, dit-il en appuyant sur le mot, vous avez entendu parler des armes de poing goa’uld ?
Elle fit oui de la tête.
            -C’est ça qu’elle a utilisé.
            -A quelle fréquence ?
            -Mais c’est écrit dans mes rapports !
            -Colonel O’Neill, je n’ai lu que les rapports officiels, pas ceux  qui sont confidentiels.
            -Ah bon , pourquoi ?
            -Parce que je veux me faire ma propre opinion, colonel. Alors répondez. !
Carolina se sentait fatiguée. Le colonel ne voulait rien dire, c’était évident. Elle ne comprenait pas pourquoi. Peut-être en saurait-elle plus lors de l’évaluation psychologique, mais elle prévoyait que ce ne serait pas simple.
A sa grande surprise il finit par répondre à sa question.
            -Tous les jours pendant plusieurs mois, dit-il d’un ton neutre. Sauf vers la fin, quand elle a commencé à me soigner.
            -Avec une pierre de guérison ?
            -Oui
            -Et ça marche comment ?
            -Ça il faudra le demander à Carter, elle est beaucoup plus forte que moi. Tout ce que je sais, c’est que ce sont des trucs à base de naquada.
            -Merci colonel, vous pouvez vous rhabiller et sortir. Ce sera tout.
Elle coupa court à l’examen. C’était au-dessus de ses forces. Trop de choses remontaient à la surface.
Elle passa une très mauvaise nuit, pourtant la chambre était confortable, mais elle ne put trouver le sommeil, ses démons revenant la visiter à chaque fois qu’elle s’assoupissait.
Le lendemain elle alla trouver Teal’c
            -Pouvez-vous m’apprendre le Kel-no-rim. Ce que vous m’avez dit hier m’a beaucoup intéressée.
Teal’c n’eut pas l’air surpris et ouvrant tout grand la porte il la fit entrer.
La pièce était éclairée par des dizaines de bougies qui brûlaient projetant une lueur dorée sur les objets de la pièce.
Il attendit qu’elle parle. Elle se sentait un peu gênée.
            -C’est une très mauvaise idée dit-elle en faisant mine de repartir.
            -Docteur French, un humain sans symbiote ne peut pas pratiquer le kel-no-rim. C’est impossible.
            -Ce que je souhaitais savoir c’est comment ça marche ? Elle se sentait tout à fait ridicule et avait pensé une fraction de seconde que cette technique aurait pu l’aider.
            -C’est juste une profonde relaxation docteur. C’est la façon que j’ai de me reposer.
            -Excusez–moi de vous avoir dérangé, Teal’c, je vous serais reconnaissante de ne parler de cette visite à personne.
Teal’c s’inclina sans un mot.
Elle se retrouva dans le couloir, très mécontente d’elle-même. Il faudrait peut-être que quelqu’un d’autre fasse cette évaluation, pensa –t-elle. Elle se morigéna , ce serait une lâcheté, je dois aller au bout, même si ce voyage est difficile, je dois le faire. Peut-être m’apportera t-il quelque chose.
           
Dans la matinée, ils se retrouvèrent avec le général Hammond et le docteur French dans la salle de briefing habituelle.
            -Alors Docteur, vos premières conclusions concernant SG1 ? Dit Hammond d’un ton enjoué.
            -Je dois tout d’abord vous dire qu’ici dans cette base il n’y a pas de secret médical, je dis ça pour ceux qui ne le sauraient pas encore,  le général Hammond doit être tenu au courant de tous vos problèmes de santé. Vos missions sont trop dangereuses pour risquer vos vies et celles des personnes qui vous accompagnent. Ce petit préambule étant fait je vais exposé les résultats de mes examens.
            -Je commencerai par Teal’c qui est en parfaite santé, son symbiote le protège bien de toutes les maladies et il me semble en pleine forme. Le major Carter également est en bonne santé et prête à repartir en mission.
Large sourire de Sam.
-Je n’en dirai pas autant du docteur Jackson et du colonel O’Neill.
Ils se regardèrent tous les deux mais ne dirent rien se contentant d’attendre la suite.
Carolina continua imperturbable :
            -Le docteur Jackson ne semble pas très bien remis de sa blessure à la jambe, qu’il a reçue le mois dernier. Il lui faudra encore environ deux à trois semaines supplémentaires de repos.
Elle  s’arrêta un instant et poursuivit encouragée par Hammond.
            -le cas du colonel O’Neill est tout autre .
Jack sursauta :
            -Mais je me sens très bien.
            -Colonel, dit Hammond d’un ton de reproche, laissez le docteur French parler.
            -A vos ordres mon général
            -Le colonel souffre encore visiblement du dos, les tortures subies par Kali ne sont apparemment pas cicatrisées. L’examen montre de nombreuses zones très sensibles , qui me font penser que le colonel O’Neill est loin d’être guéri. J’irai  même jusqu’à dire qu’il souffre le martyre.
            -C’est faux hurla le colonel, je me sens très bien, et je ne souffre pas.
            -Calmez-vous colonel.
            -Vos conclusions docteur French ?
            -Vu l’état du colonel, je dirai qu’il est inapte au service et je préconise qu’il ne parte plus sur le terrain. Il doit se reposer et faire un travail à la base.
O’Neill était blanc et avait du mal à contenir sa rage.
            -Vous voulez faire de moi un bureaucrate ! Général Hammond dites quelque chose !
            -Colonel , je regrette, je ne peux pas aller contre la décision du docteur French.
O’Neill ouvrit la bouche mais le général le coupa tout de suite
            -Colonel taisez –vous, c’est un ordre ! Ne dites rien, vous pourriez le regretter.
            -Général, permission de sortir de la base et de rentrer chez moi ? dit O’Neill  les dents serrées.
Le général Hammond se tourna vers  Carolina
            -Docteur ?
            -Il doit rester, je n’ai pas encore fait mon évaluation psychologique, je commencerai demain matin par le major Carter.
Elle ramassa ses feuilles étalées sur la table :
            -Si vous voulez bien m’excuser mon général. Et elle fit une sortie dans le silence le plus total.
Carolina savait qu’elle était injuste avec le colonel, mais elle avait eu envie de lui rabattre son caquet, et cela avait bien fonctionné. Malgré tout elle ressentait un profond malaise.
Après son départ le général prit la parole.
            -Maintenant si vous m’expliquiez colonel, ce qui s’est passé  pendant votre examen médical.
            -Rien mon général.
            -Vous avez dû être particulièrement désagréable avec le docteur French ?
            -Oh juste un peu. Et puis j’ai horreur de tout ça, me faire palper dans tous les sens, répondre à tout un tas de questions.
            -Pourtant avec le docteur Frazier ça se passe plutôt bien ?
            -C’est vrai, mais les manières de Janet sont différentes. Elle est douce et ferme, et puis on peut plaisanter avec elle ça fait passer bien des choses. Celle-là, elle est froide comme un glaçon, et puis on a l’impression d’être un objet entre ses mains.
            -C’est curieux ce que vous dites Jack, dit Daniel étonné, je la trouve très bien, elle nous met très à l’aise ; c’est vrai qu’elle nous palpe beaucoup plus que Janet. Au moins avec elle il n’y a pas de piqûres. Ça devrait vous plaire !


La salle était petite, décor neutre, table ordinaire, deux chaises. On aurait dit un parloir de prison.
Carolina avait choisi cette salle exprès. Peut–être dans un but de neutralité mais aussi pour que le patient ne soit distrait par rien. La patiente était assise à la table, elle se tenait derrière elle.
C’est volontairement qu’elle s’effaçait, pour mieux laisser la personne en face d’elle-même.
Sam au début ne savait pas quoi dire.
            -Commencez par le début, parlez-moi de votre famille, de votre enfance, de vos goûts… vous verrez une fois que vous aurez commencé ça viendra tout seul.
            -J’ai un frère plus âgé que moi, mon père était militaire et ma mère est décédée quand j’avais douze ans…  Sam déballa sa vie sans façon. Elle commençait à aborder les problèmes qu’elle avait eus avec ses parents, quand le docteur French la coupa.
            -C’est fini pour aujourd’hui, je vous reverrai demain, même heure.
Sam était interloquée, elle commençait à se sentir à l’aise et voilà que c’était déjà fini. Elle se leva lentement et regarda du côté du docteur. Celle-ci enlevait la cassette de son magnéto et la remplaçait par une autre.
            -Vous pouvez m’envoyer le docteur Jackson.
Les entretiens de Daniel et de Teal’c se déroulèrent bien. L’entrevue de Teal’c se résuma à quelques phrases. Il y eut de longs temps de silence, mais cela ne les gênait nullement l’un comme l’autre.
Daniel fut très bavard, il déballa en vrac plein de choses, mais il revenait souvent à l’archéologie. Elle le laissait faire. Durant ce premier entretien le patient était libre de raconter ce qu’il voulait. Plus tard, elle dirigerait l’évaluation. Elle avait tout son  temps.
O’Neill prit place sur la chaise et resta en silence.
            -Qu’avez-vous à me dire colonel O’Neill ?
            -Rien du tout.
Ça va pas être facile pensa Carolina, mais je ne céderai pas. Il restera sa demi-heure comme les autres.
            Elle prit place sur la chaise en face de lui. Il était assis , décontracté, ses longues jambes étendues devant lui, assez loin de la table.
Elle posa ses coudes sur la table, et le fixa sans un mot. Le dialogue s’engagea, mais ce fut un dialogue muet,  sans parole. Le visage du colonel était inexpressif,
Elle remarqua des petites rides autour des yeux, une grande bouche qui ne souriait pas. Il regardait ses mains étendues devant lui, des grandes mains aux doigts immobiles. Elle fut impressionnée par sa maîtrise, et puis elle repensa  aux rapports de mission, combien de fois avaient–ils été faits prisonniers des goa’ulds ? Il avait du apprendre l’immobilité et la soumission pour rester en vie. De temps à autre leurs yeux se croisaient, mais  elle ne put rien lire dans ceux de Jack.     Alors elle décida de changer de méthode avec lui. Demain ce serait différent. Le temps passait lentement, les secondes s’égrenaient, puis les minutes. Elle  s’obligea à attendre la fin de la séance puis elle lui donna congé. Il se déplia lentement et sans un regard vers elle, il sortit.
Cette séance muette l’avait épuisée.
Elle croisa Teal’c dans les couloirs de la base.
            -Docteur French, j’ai repensé à ce que vous m’avez dit hier. Si vous ne pouvez pas pratiquer le kel-no-rim je peux vous apprendre une certaine forme de relaxation si vous le souhaitez.
            -Entendu, je vous suis.
Elle retrouva avec plaisir la chambre aux lumières, elle s’y sentait à l’aise.
Il la fit s’asseoir en tailleur en face de lui.
-Avant tout il faut faire le vide dans votre esprit jusqu’à ce que vous sentiez toutes les tensions se relâcher. Votre cœur doit ralentir et votre respiration devenir ample et profonde. C’est tout ce que vous devez faire. Rien que ça devrait vous faire du bien.
Elle n’y arrivait pas, dès qu’elle relâchait sa vigilance les images remontaient comme un  flot purulent. Elle frissonna.  Teal’c sentit sa tension
            -Il faut vous détendre,
            -Je n’y arrive pas dit-elle en se levant, merci de votre aide Teal’c. Elle quitta la chambre précipitamment.


-Professeur Jackson, dites-moi pourquoi vous êtes entré dans le programme porte des étoiles.
            -Heu… ça va être un peu long, et puis tout ça c’est dans mes rapports.
            -Les rapports ne m’intéressent pas, je veux savoir ce qui n’est pas écrit. Vous avez découvert la porte des étoiles, c’est bien ça ?
            -Je vous arrête tout de suite je n’ai rien découvert du tout. J’ai seulement su interpréter des signes que tout le monde ignorait.
            -Et qu’avez-vous ressenti quand la communauté scientifique vous a tourné le dos ?
            -Du dépit bien sûr, puis de la frustration. Mais cela n’a pas duré longtemps puisque Catherine Langsford  a fait appel à moi très vite.
            -Et votre première mission sur Abydos ?
            -C’était quelque chose d’inouï, de fabuleux, d’inattendu. Et puis j’y ai trouvé Sharee, ajouta t-il après un moment de silence.
            -Parlez-moi d’elle.
Daniel était ému, à chaque fois qu’il évoquait son souvenir, la blessure était loin d’être fermée. Avec délicatesse Carolina le laissa parler sans l’interrompre. Il lui fit vivre le cauchemar de la transformation de sa bien-aimée en Amonet. Comment il l’avait retrouvée quand elle attendait un enfant. Comment elle avait failli le tuer avec son arme de poing, et comment Teal’c l’avait tuée pour lui sauver la vie. Il était revenu dans le programme pour essayer de la retrouver.
            -Et maintenant qu’elle a disparu pourquoi restez-vous ?
            -Mais pour combattre les goa’ulds dit-il d’un air étonné, pourrait-il y avoir une autre raison ?
            -Et que pensez-vous de Sam ?
            -C’est une amie merveilleuse, dit-il avec un grand sourire, elle a toujours une réponse à un problème, et elle met un peu de douceur dans ce monde de brutes.
            -Brutes ? vous voulez parler des goa’ulds ?
Il rit :
            -Non, je parle du monde très fermé et très masculin de l’armée de l’air.
            -Pourtant il y a beaucoup de femmes dans l’armée ?
            -Oui mais pas comme elle.
            -Vous êtes amoureux d’elle ?
Il ouvrit de grands yeux étonnés
            -Pas du tout, le seul être que j’ai aimé est parti. C’est une amie, c’est tout.
            -Pourtant vous avez aimé Shyla ?
            -Oh , non, pas vraiment, je crois que j’ai été un peu ébloui et beaucoup transformé par le sarcophage. C’est tout.
            -Et Teal’c et O’Neill ?
            -Ce sont mes amis. Vous savez, il y a entre nous un lien indéfectible. C’est quelque chose que je ne peux pas expliquer, mais on s’est tous sauvé la vie je ne sais combien de fois. On est lié par ce pacte de la vie et la mort. On est lié par cette vie, par ces missions dont on ne peut parler à personne. Cette vie à la base et sur le terrain, il n’y a rien d’autre.


            -Teal’c, parlez-moi d’Apophys. Comment êtes-vous arrivé à le trahir.
Il lui expliqua son long cheminement, les leçons de Bratac, comment il était devenu le prima d’Apophys. La venue des terriens qui avait été l’élément déterminant.
            -Et qu’avez-vous éprouvé à la mort de Shan-auc ?
            -De la colère, de la rage, je me suis vengé, j’ai tué Tanit.
            -Qu’éprouvez-vous quand vous tuez un homme ?
            -Du regret si c’est un innocent. Mais beaucoup de plaisir si c’est un goa’uld.
            -Vous avez tué de nombreux jaffas, ce sont des gens comme vous, pourtant .
            -Ils ont choisi le mauvais camp. Ils auraient pu faire comme moi et se rebeller contre les faux dieux.
Teal’c parlait lentement, sans passion, avec de nombreux silence que Carolina respectait.  Elle était impressionnée par cet homme. Il lui était très sympathique, elle l’admirait pour sa force, la vie terrible qu’il avait eue. Toutes ses souffrances qui faisaient de lui ce qu’il était devenu aujourd’hui. Un être simple et bon, qui donnait la mort parfois, quand il le fallait, et qui vouait à ses compagnons une amitié sans bornes. Il avait lui aussi souvent risqué sa vie pour sauver ses amis.

 

En les écoutant Carolina comprenait un peu mieux ce qu’était la vie de SG1 et ce lien qui les unissait. Il était complexe ce lien : un grand sens du devoir, une haine pour les goa’ulds, un respect de la vie et du plus faible, une amitié sans limite, une abnégation sans pareille, le sens du sacrifice, et l’admiration sans bornes qu’ils vouaient à leur chef Jack O’Neill.
 
 
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