Saison : Entre le dernier épisode de la saison 6 et le premier de la saison 7.
Disclaimer : Les personnages ne m’appartiennent pas sauf ceux que j’ai créés, et qui restent ma propriété.
Résumé : Un pardon bien difficile à accorder, pour Jack.
Statut : complet
Classification : Accord parentale souhaitable
POURRAS-TU ME PARDONNER ?
1ère partie :
Jack,
La voix lui semblait venir du fond de sa conscience. Il dormait profondément et il avait l’impression que c’était la suite d’un rêve, un rêve un peu flou, dont il ne saisissait que quelques bribes. La voix était douce comme un murmure.
Jack
Il se réveilla tout à fait et alluma la lumière. Il lui parut sentir une présence, et pourtant il était seul. C’est alors qu’il entendit pour la troisième fois « Jack », et il la vit.
Elle semblait si réelle qu’il se demanda une seconde comment elle avait pu rentrer dans la base.
-C’est moi Jack, tu me reconnais ?
Il devait avoir un air particulièrement ahuri, car un rire cristallin se fit entendre et elle se rapprocha de lui, et il se rendit compte qu’elle était réellement là.
-Carolina ? C’est toi ? Ou je suis en train de rêver ?
-Non tu ne rêves pas Jack, c’est bien moi. Je suis vraiment là.
-Je suppose que tu t’es élevée sur un autre plan, comme Daniel ? Dit-il un peu ironiquement.
-En effet, d’ailleurs Daniel ne viendra plus.
-Pourquoi ?
Elle lui expliqua que suite à son implication trop directe dans la lutte contre Anubis, il avait été en quelque sorte mis sur la touche. Elle n’en savait pas plus, et ne pouvait rien lui dire d’autre.
Il se sentait frustré :
-Je vois que c’est toujours la même chose, on vient me voir, mais on ne peut rien dire. Ce que Daniel a pu m’agacer avec ça !
Elle le regardait en silence. C’est lui qui reprit la parole.
-Et pour toi ça va ?
-Oui, je vais bien, mais je vois que toi tu n’as pas compris mon dernier message. Pourtant le jour de mon départ sur la rampe d’embarquement je t’ai vu te rapprocher de Sam.
Il rougit gêné :
-Je ne pense pas que tu sois venue pour me parler de ça. Ma vie privée ne te regarde pas.
-Comme tu veux. Mais j’aurais aimé que tu sois heureux.
-Je vais bien, Carolina. Au fait pourquoi es-tu venue ?
Elle répondit par une autre question :
-Ma visite n’a pas l’air de te faire plaisir ?
Il fit la grimace :
-Disons qu’elle m’inquiète. A chaque fois que Daniel est venu me voir c’est jamais pour dire bonjour en passant. Remarque ça m’aurait bien plu un petit coucou, juste pour prendre des nouvelles.
Sa voix devenait plus dure. Il se sentait un peu agacé, les visites des êtres supérieurs ne lui apportaient en général que des ennuis, et là il avait peur qu’il n’en soit pas autrement.
Ses relations personnelles avec Carolina avaient été parfois difficiles. Le docteur Carolina French était venue à la base pour une évaluation du SGC, ils avaient fait ensemble des missions, ils avaient connu des épreuves. Puis Carolina était rentrée à la base comme médecin et pendant quelques temps elle avait soigné SG1, elle avait été le médecin personnel d’O’Neill pendant quelques mois. Puis elle était tombée amoureuse de lui, amoureuse jusqu’à en mourir. Sa vie avait été difficile, sa relation avec O’Neill dans une impasse. Elle avait vécu en quelques mois toute une vie de tourments et de bonheur réunis. Quand elle avait dû partir elle l’avait fait sans regret. Elle avait connu le plus beau. Elle était partie sur une apothéose !
C’est la première fois qu’elle revenait sur un autre plan de conscience. Oma était son guide, comme elle avait été celui de Daniel. Elle ne savait pas si elle reviendrait, on lui avait donné la chance de venir lui rendre visite une fois. Ce serait peut être la seule.
-Je suis venue t’avertir d’un danger.
Il rit :
-Quel danger, et ne me dis pas que tu ne peux rien dire !
-Et pourtant c’est vrai, je ne peux rien dire. Seulement que c’est un grand danger qui te concerne.
-Moi tout seul ?
-Toi principalement et à travers toi, la Terre.
-Oh que je n’aime pas ça. Et comment je pourrais reconnaître ce danger ?
Elle hésita longtemps et le regarda avec une grande douceur et presque de la pitié :
-J’ai très peur pour toi Jack.
Il se sentait nerveux d’un coup :
-Il faut m’en dire plus Carolina !
-Non
-Carolina ne pars pas comme ça ! Mais déjà son image était floue et juste avant de disparaître, il entendit ses mots :
-Une jeune femme blonde aux yeux bleus.
Elle avait disparu, la vive lumière s’éteignit après son départ et la pièce retomba dans l’ombre.
Le lendemain durant le briefing, Jack se demandait s’il n’avait pas rêvé, et décida de garder pour lui la vision qu’il avait eue. Il redoutait un peu les regards interrogatifs et peut-être moqueurs de ses amis.
-Major dit Hammond que pouvez-vous nous dire de P3F655
Sam se lança dans de longues explications qu’O’Neill n’écouta pas. Il était encore plongé dans son rêve de la nuit, et regardant Sam, il se dit qu’elle était blonde aux yeux bleus. Il se gronda intérieurement, puis réfléchit que Sam avait une fois constitué un danger pour le SGC quand elle avait été possédée par Jolinar. Il se promit de la surveiller.
-Départ dans une heure conclut le général.
Quelques mois plus tôt
Elle marchait parmi les corps des jaffas et des gardes. Du sang ruisselait sur le carrelage, tout était renversé, souillé. Les tapis détrempés, les meubles éventrés, les tentures criblées de balles. L’atmosphère était irrespirable du feu des coups échangés. Les gardes s’étaient bien défendus, mais ils avaient été les plus forts.
Ils avaient tout détruit. Ils n’étaient pourtant que trois, mais ils les avaient pris par surprise. Il restait peu de jaffas et les seuls gardes qui étaient là pour garder le palais de la reine étaient morts très vite. L’effet de surprise avait été total.
Elle s’était cachée, terrée dans un coin de la salle du trône, loin du centre des combats. Mais elle avait tout vu. Ils étaient entrés, leurs armes jetaient des flammes et faisaient un bruit d’enfer dont elle entendait encore le son résonner dans ses oreilles. La jeune femme était la plus acharnée. Il n’était pas avec sa reine, mais il les avait rejoints. Ses yeux lançaient des éclairs, ce fut lui qui la tua après qu’elle l’eut menacé une dernière fois. Elle mourut dans ses bras. Elle s’était rapprochée et avait cru voir une larme glisser sur sa joue.
Il s’était relevé et avait rejoint ses amis. Après il était parti.
La nuit était tombée sur le palais, et seuls quelques flambeaux jetaient une lueur trouble dans la grande salle du trône.
Parmi les cadavres des soldats, elle la trouva, rose noire semée de pourpre.
-Oh ma reine ! Son cœur se serra, des larmes coulaient sur ses joues, elle ne les sentait pas, toute à sa douleur.
Dans ses bras souples et forts, elle prit délicatement le corps sans vie de sa déesse et la fit reposer dans le long sarcophage.
Léna avait toujours vécu dans le palais, elle y avait vu le jour née d’une esclave, elle-même née d’une esclave. A l’origine sa planète avait été dévastée par la déesse qui avait pris le naquada et tué ou déporté une partie de la population. C’était une planète froide, éclairée par un pâle petit soleil jaune. Ses habitants étaient grands à la peau claire avec de longs cheveux épais couleur de lin, et des yeux clairs très doux.
Elle habitait avec sa mère une petite pièce située non loin des quartiers de la déesse. Toute sa vie elle avait été bercée par le son des légendes que lui racontait sa mère. Récits entrecoupés de longs silences, de douleurs, de larmes. Si Léna était toute dévouée à la déesse, sa mère ne l’était pas. En tremblant elle avait bien des fois assisté à la punition que lui infligeait la reine, quand son esclave ne répondait pas à ses attentes. Léna, elle, plus souple savait éviter la douleur.
Léna attendait devant le sarcophage, en espérant pouvoir redonner vie à sa déesse. Elle prépara le palais pour son retour, fit enlever les corps, laver le sol, décorer la pièce. Avec amour elle mit des fleurs dans un vase, des roses pourpres, la fleur préférée de sa déesse.
Elle prépara elle-même le lit de sa reine, dépliant les draps de soie noire qu’elle affectionnait tant.
Dans ses rêves elle revoyait son esclave, cet homme si beau que la reine avait gardé près de lui, l’aimant et le torturant à loisirs. Son cœur battait plus fort dans sa poitrine. Elle aurait tant voulu le secourir. Que de fois elle l’avait vu gisant immobile sur le sol, si pâle, si faible et à la fois si fort. Mais elle n’avait pas le droit d’intervenir, elle le lui avait défendu. Il était le seul à lui tenir tête, elle en riait quelques fois mais se fâchait le plus souvent ne se privant pas de le punir pour ses insolences.
Léna aurait tant voulu qu’il soit heureux. Elle aurait tant aimé que sa reine soit heureuse avec lui. Mais cela semblait impossible, c’était un esclave, et elle le traitait comme tel.
Elle avait éprouvé de la douleur quand il l’avait tuée, mais sa douleur avait été encore plus grande encore, quand elle avait compris qu’elle ne le reverrait plus jamais.
Elle restait près du sarcophage souhaitant que son visage fût le premier que verrait la reine en se réveillant.
La déesse ouvrit les yeux et sortit doucement de son long sommeil. Elle se sentait faible mais vivante. Elle se leva lentement et aperçut Léna qui l’attendait. La jeune fille lui sourit et la reine la regarda avec étonnement.
Avec lenteur elle sortit du sarcophage et vit la salle du trône telle qu’elle était dans ses souvenirs. Elle crut avoir rêvé le carnage, et la douleur ressentie au moment de sa mort et la douceur des bras dans lesquels elle avait poussé son dernier soupir.
« Tu es vraiment quelqu’un » lui avait –elle dit.
Elle s’appuya au bras de Léna, et fit quelques pas dans la salle. Tout était en ordre.
-Où est –il ? Dit–elle d’une voix impérieuse.
Léna tomba à genoux et se prosterna devant elle :
-Il est parti ma reine.
Elle entra alors dans une fureur noire :
- Jaffas ! Appela t-elle en hurlant. Jaffas
Personne ne répondit. Elle vit que la situation était grave, elle fit relever Léna qui était toujours prostrée devant elle.
-Relève-toi et raconte-moi ce qui s’est passé ici. Où est mon esclave ?
Léna lui fit le récit des dernières heures. Cette journée si bien commencée pour elle s’achevait dans la honte et le déshonneur. Elle voulut punir la jeune esclave, mais celle-ci courageusement lui fit comprendre qu’il ne restait plus au palais que les femmes, tous les jaffas avaient été tués.
Elle s’inclina devant elle :
-Commande ma reine, je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour retrouver ton esclave.
Elle la regarda avec suspicion :
-Il est quoi pour toi cet esclave ?
-Mais rien du tout ma reine je ne l’ai vu que de loin et lui ne me connaît pas.
Léna se tenait tête et yeux baissés. La déesse lui prit rudement le menton entre les mains :
- Regarde-moi !
Timidement Léna leva les yeux et mais n’osa pas aller jusqu’au regard fulminant de sa déesse.
-Es-tu prête à m’aider à le retrouver ?
-Oh oui ma reine dit-elle avec empressement.
-Tu me jures qu’il ne t’a jamais vue ?
-Oui, ma reine, je suis toujours dans les cuisines et les communs du palais. Je ne suis jamais venue dans une pièce où vous étiez tous les deux.
Ce qu’elle ne lui dit pas, c’est qu’elle les avait beaucoup espionnés. Le palais était plein de tentures et de recoins où l’on pouvait se dissimuler. Elle avait assisté à bien des choses, car la déesse ne se cachait pas. Ses scènes avec son esclave étaient publiques. Elle ne dissimulait rien, estimant qu’elle n’avait de compte à rendre à personne. S’il lui plaisait de le torturer en public, elle ne se gênait pas. Elle avait usé et abusé des drogues avec lui. Si elle avait envie de lui elle le prenait sans se soucier de qui pouvait se cacher derrière une tenture. D’ailleurs il ne lui serait jamais venu à l’esprit que quelqu’un put oser l’espionner. Mais elle disait vrai, le prisonnier ne l’avait jamais vue. Il était dans une bulle de souffrance, il ne parlait à personne, ne voyait personne d’autre qu’elle. Pour lui les esclaves étaient des ombres. Il lui arrivait de sortir, de se promener dans le palais, mais personne n’aurait jamais osé lui adresser la parole. Il était la propriété exclusive de la reine, et tout le monde le savait.
Son esclavage avait duré sept mois. Léna avait assisté au changement qui s’était passé en lui, il s’était résigné à son sort. Après une séance de tortures particulièrement violentes, il avait failli mourir, elle s’était alors rendu compte qu’elle tenait à lui beaucoup plus qu’il n’aurait fallu. Elle s’était mise à le soigner, il était plus calme, moins rebelle, elle, plus douce. Ils avaient l’air de mieux s’entendre, et Léna sentait qu’il allait mieux. Il y avait moins de cris et de fureur dans le palais. Les choses étaient en train de changer.
Jusqu’à ce jour funeste où ses amis terriens étaient venus le chercher.
La voix de la reine la tira de ses réflexions.
-Sers-moi mon repas, puis je me coucherai. Demain je te parlerai de ce que j’aurai décidé. Je te confierai une mission. Te sens–tu capable de mourir pour moi ?
-Oui ma reine dit la silhouette prostrée de Léna.
-Ce sera une mission difficile, tu devras réussir ou tu mourras.
-Oui ma reine, je réussirai dit Léna.
Léna ne put dormir cette nuit là. Petite ombre légère elle parcourut le palais. Elle avait toute liberté de sa souveraine pour se déplacer à sa guise. Elle ne dit rien à sa mère. Celle-ci toute à sa haine aurait fait tout fait échouer, par maladresse et empressement à vouloir nuire. Tandis qu’elle Léna, elle aimait sa déesse, même si elle savait qu’elle était parfois mauvaise, sa toute puissance ayant posé sur son front une main de fer. Il ne lui serait jamais venu à l’idée de ne pas la suivre.
Pourtant là, la donne était différente, le petit cœur de Léna battait pour le bel esclave. Pauvre rêve, qui n’avait aucune chance d’aboutir, mais qui ferait d’elle un instrument redoutable dans les mains de la reine. Car Léna était prête à tout pour la satisfaire. Même lui livrer pieds et poings liés celui qui avait enflammé son cœur.
De nos jours
Sur la planète, O’Neill s’ennuyait ferme. C’était toujours la même histoire, un temple, de jolies pierres, des hiéroglyphes, même pas un jaffa à se mettre sous la dent. Cela faisait le bonheur de Jonas et celui de Sam qui ne perdait pas l’occasion de faire des relevés atmosphériques, géologiques, botaniques…
-C’est bientôt fini Jonas ?
-Encore quelques minutes colonel, dit la voix étouffée de Jonas venant de derrière un mur de pierres.
-Carter appela O’Neill où êtes-vous ?
-Ici mon colonel, j’arrive, j’ai terminé.
-Des choses intéressantes ? Dit-il en lui lançant un regard appuyé. Carter le regarda un peu surprise :
-Un problème mon colonel ?
-Pas du tout, je vous demande si vous avez trouvé des choses intéressantes.
-Il y a des traces de naquada dans le sol, mais je pense que ….
-Ça attendra le débriefing Carter, et il fit un geste sec de la main en montrant droit devant lui un petit nuage de poussière.
-Quelqu’un vient. Postons-nous derrière ce mur.
Avec étonnement ils virent une jeune fille, les vêtements salis de poussière, les pieds en sang. Elle avançait péniblement, et vint tomber sur le sol à quelques pas d’eux. Visiblement elle ne portait pas d’armes et était épuisée.
Sam s’approcha sans méfiance une gourde d’eau à la main.
-Méfiez-vous Carter ! Dit O’Neill.
-Mon colonel, elle est blessée ! Il faut la soigner.
Jonas et Sam la portèrent jusqu’à l’entrée du temple. Léna était venue à pied depuis le shapaï, une très longue distance pour elle qui n’était chaussée que de légères sandales. Mais les ordres avaient été clairs, inspirer la plus grande pitié. Elle avait elle-même déchiré ses vêtements et s’était roulée dans la poussière du chemin. La difficulté du trajet avait fait le reste, et c’est vraiment épuisée qu’elle s’était écroulée devant lui. Elle l’avait reconnu tout de suite, mais avait aussitôt détourné le regard. Elle ne devait pas dévier de sa mission.
Sam lui souleva la tête et la fit boire.
Elle lui parlait gentiment mais Léna ne semblait pas comprendre. Elle regardait dans le vague, gémissait par instant et semblait sur le point de rendre l’âme.
-Que fait-on mon colonel ?
-Le règlement est simple Carter, on ne ramène personne à la base.
- Mais colonel on ne peut pas la laisser ici, il n’y a personne pour s’occuper d’elle dit Jonas.
O’Neill ne lui répondit pas, mais s’adressa à Sam.
-Essayez de la faire parler Carter, mais vite, nous n’avons plus beaucoup de temps.
-Mon colonel, elle a besoin de soins. Il faut la ramener à la base, on n’a pas le choix.
Le regard d’O’Neill passa de celui de Sam à celui de Jonas. Il soupira :
-Bon d’accord. Teal’c vous pouvez la porter ? Rentrons.
Léna se fit légère dans les bras du jaffa, elle ne pesait pas bien lourd. Elle avait fermé les yeux d’épuisement.
Quelques instants plus tard ils étaient tous à l’infirmerie. Janet avait examiné la jeune fille, elle était dénutrie et déshydratée mais n’avait aucune blessure ni maladie contagieuse. Elle n’avait pas encore ouvert les yeux.
Les membres de SG1 se portaient à merveille.
-Mon général j’ai rapporté des relevés intéressants sur la planète P3F655, dit Sam. Il y avait du naquada dans le sol. Des restes suffisants pour penser que des goa’ulds sont venus à une époque ou à une autre pour en extraire le minerai.
Jonas enchaîna immédiatement après Sam.
-Général, j’ai eu le temps de déchiffrer les symboles qu’il y avait dans le temple. C’est du Sanskrit.
Il regarda autour de lui pour juger de l’effet de sa phrase. Il n’y en eut aucun. L’œil de Jack était interrogateur :
-Et, Jonas ?
-Le sanskrit est la langue des dieux de l’hindouisme. Cela prouve que nos goa’ulds sont des dieux hindous. Et j’ai remarqué le symbole particulier d’un de ces dieux, ou plutôt d’une déesse.
Au mot déesse Jack avait tendu l’oreille, soudain très attentif
-Et il s’agit de qui Jonas ? O’Neill avait pris le ton un peu hautain qu’il avait quand il n’était pas à son aise.
Jonas un peu surpris du ton du colonel, répondit simplement :
-Kali
O’Neill ne broncha pas, il s’y attendait un peu depuis que Jonas avait parlé de sanskrit. Un grand silence un peu gêné se fit autour de la table. Sam plongea le nez dans ses papiers. Teal’c regarda O’Neill de son œil calme et serein. Hammond fit de même, seul Jonas gardait un air naturel mais fut un peu surpris du froncement de sourcils du colonel. Il pensa avec raison qu’il n’était pas au courant de tous les évènements qui s’étaient passés dans la base avant son arrivée.
-Mais Kali est morte, dit O’Neill d’un ton sec, qu’elle ait laissé des traces de son passage sur une planète n’a rien d’étonnant.
-Mais ce qui est le plus étonnant, mon général, c’est que nous ayons ramené quelqu’un dans la base qui vient justement comme par le plus grand des hasards, d’une planète de Kali, dit Sam.
-Excusez-moi dit Jonas, mais qui est Kali ?
Hammond se tourna vers O’Neill :
-Colonel ? Vous lui expliquez ?
La surprise se lut sur le visage de Jack
-Moi, expliquer qui est ce goa’uld ? C’est plutôt à Carter de faire ça !
Sam prit la parole un peu gênée :
-Kali est la représentation la plus terrifiante de l’hindouisme. La légende raconte qu’elle combattit le démon Raktabija, elle se servit de sa langue pour empêcher les gouttes de sang du démon de tomber au sol. Chaque goutte devenant un clone du démon. Ce sang l’empoisonna et elle devint folle. Elle entama une danse frénétique, excitée par la chair des cadavres sous ses pieds. Elle mit le monde en péril. Pour l’apaiser Shiva se coucha à ses pieds et arrêta la danse destructrice. Naturellement la représentation de Kali avec la langue rouge de sang et plusieurs bras n’est valable que dans la légende. Le goa’uld Kali qui se fait passer pour la déesse est une très belle femme. Nous avons eu affaire à elle dans le passé, dit-elle d’un ton neutre sans insister davantage.
Jack n’aimait pas du tout parler de Kali. Evoquer son nom ou son image lui était pénible. Il était revenu de captivité depuis plusieurs mois déjà, mais la blessure était toujours ouverte. Il en souffrait encore, ses nuits étaient peuplées de cauchemars, et il n’avait pas du tout, mais pas du tout envie qu’on lui rappelle cette période, une des plus sombres de sa carrière de soldat.
Léna avait été installée dans une chambre seule avec un garde à sa porte. Le général ne voulait courir aucun risque.
Jonas s’approcha du lit de la jeune fille et lui sourit avec gentillesse.
-Bonjour, vous allez mieux ?
-Beaucoup mieux, merci.
-Et si vous nous expliquiez ce qui vous arrive ?
Elle hésitait et regardait du côté du colonel qui se rapprocha :
-Je vous connais dit-il durement
-Pas du tout je ne vous ai jamais vu avant aujourd’hui.
-Je suis sûr que si répondit Jack d’une voix sèche.
-Non, pas du tout. Sa voix tremblait. Et des larmes pointaient à ses cils.
Inspirer de la pitié avait-elle dit.
Jonas s’y laissa prendre.
-Colonel, vous lui faites peur !
Jack ne répondit pas et la regarda sans rien ajouter. Il n’était pas sûr de lui, il lui semblait la connaître, mais il n’arrivait pas à situer où.
-Qui êtes-vous ? Demanda t-il simplement ;
-Je m’appelle Léna.
Elle expliqua qu’elle avait été chassée de chez sa maîtresse parce qu’elle avait commis une faute, et elle avait été condamnée à vivre sur cette planète déserte. Elle était arrivée depuis huit jours, et commençait à souffrir de la soif et de la faim. Il n’y avait que peu de végétation près de la porte et elle avait dû parcourir de grandes distances pour trouver des plantes comestibles.
Elle faisait son récit d’une petite voix entrecoupée de sanglots brefs et violents.
Jonas était impressionné, le colonel beaucoup moins. Il y avait quelque chose chez cette jeune fille qui le gênait mais il ne savait pas quoi.
-Pourquoi vous avait–elle chassée ?
Le regard inquisiteur d’O’Neill la troublait. Elle savait qu’il pouvait être violent et il ne fallait pas qu’elle perde ses moyens, et fasse rater toute sa mission. Sa déesse ne le lui pardonnerait pas. Elle frissonna, et cela rajouta de la crédibilité à son personnage.
-Parce que j’étais tombée amoureuse, dit–elle d’une voix faible, et elle l’avait expressément défendu.
Jonas sursauta :
-Défendu de tomber amoureuse, mais qui est cette maîtresse si cruelle ?
Avant même que Léna ne réponde le colonel avait déjà enchaîné :
-Sûrement un serpent venimeux Jonas ! Qui voulez que ce soit d’autre ?
Léna se contenta d’acquiescer heureuse de la diversion, elle n’avait pas du tout l’intention de nommer sa déesse. Pas tout de suite du moins. Il fallait que le plan se déroule comme il était convenu.
Inspirer la pitié avait-elle dit !
Mission réussie avec Jonas, il était pleinement piégé. Avec le colonel ce serait une autre paire de manches, il était très dur et très méfiant. Elle leva les yeux sur lui et sur son visage elle ne put rien lire qu’une profonde méfiance. Elle se dit qu’avec lui il faudrait peut-être changer de tactique. Elle n’avait pas le droit d’échouer, sa déesse ne le lui pardonnerait pas, ce serait pour elle la mort dans de terribles souffrances à la hauteur de son désappointement.
-Vous savez que la planète où nous vous avons trouvée est une ancienne planète de Kali ? Lui demanda Jonas.
Au nom de Kali, sa gorge s’assécha, c’était trop tôt, elle ne devait pas encore parler de sa déesse bien aimée. Elle mentit :
-Non, je ne savais pas. Dit –elle d’une voix qu’elle essayait de raffermir. Mais la présence de O’Neill ne l’aidait pas du tout, Jonas s’en aperçut :
-Excusez-moi colonel mais vous la terrorisez, je pense que j’arriverais mieux à parler avec elle, si on était seuls.
O’Neill haussa les épaules :
-Comme vous voudrez Jonas, je vous laisse.
Léna maintenant pleurait à chaudes larmes d’un désespoir si grand que Jonas la prit dans ses bras pour la consoler. Elle posa sa tête sur son épaule et se sentit bien dans les bras du jeune homme. Elle sentit qu’elle pourrait peut être s’en faire un allié. Pour le moment elle n’était sûre de rien. Mais la première phase du plan était en passe de réussir.
Inspirer la pitié avait–elle dit.
Maintenant il fallait qu’elle voie les autres personnes de la base. Elle tenta une première approche :
-Quand est ce que je pourrai visiter votre monde ? Dit–elle
-Pas tout de suite dit Jonas, il faut que vous vous reposiez encore un peu.
Elle insista :
-Mais je me sens bien, je peux me lever !
-Ce n’est pas à moi de décider dit Jonas.
Elle se fit cajoleuse :
-Mais je suis sûre que si vous le demandiez, on ne pourrait pas vous le refuser, dites oui Jonas.
Son sourire était irrésistible, et Jonas malgré lui se mit à rire.
-Petite enjôleuse, il faudra attendre encore un peu.
Elle avait un joli sourire qui découvrait des dents très blanches, une belle bouche aux lèvres pleines, et un regard malicieux, que Jonas trouvait irrésistible.
Les séduire avait-elle dit.
Jonas se noyait dans un beau regard clair, et malgré lui il s’approcha, alors elle lui passa les deux mains autour du cou et attira le jeune homme à elle. Quand ses lèvres se posèrent sur les siennes c’était déjà trop tard.
O’Neill s’arrêta devant le labo de Sam, la porte était ouverte, il entra comme à son habitude. Sam était penchée sur une expérience et si concentrée qu’elle ne l’entendit pas s’approcher. Elle sursauta :
-Mon colonel, vous m’avez fait peur !
-Vous étiez très concentrée Carter, vous faites quoi ?
Elle rit
-Vous voulez vraiment le savoir mon colonel ?
-Euh… Pas vraiment. Je voulais savoir ce que vous pensez de notre invitée.
Sam se pencha sur son expérience et entreprit de rebrancher un fil qui s’était défait.
-Rien mon colonel, du moins pas grand chose. Elle avait l’air épuisée. Et vous mon colonel, qu’en pensez-vous ?
Il plongea son regard dans celui de Sam qui ne se troubla pas. Si elle s’aperçut de l’insistance avec laquelle il la regardait elle ne le montra pas.
-J’ai l’impression de l’avoir vue. Comme je sais qu’elle vient d’une planète de Kali, c’est peut être au palais de Kali que je l’ai vue, mais je n’en suis pas sûr du tout.
-Pendant votre captivité ? C’est la première fois qu’elle parlait de cela avec le colonel, mais c’était venu naturellement et elle n’en éprouva aucune gêne.
-C’est possible dit-il simplement, il avait lâché son regard et semblait absorbé par un livre sur la table, qu’il prit machinalement et feuilleta pour se donner une contenance.
-Je ne voyais pas beaucoup de monde. Mais il y avait des esclaves dans le palais. Que des femmes. Elle était peut être parmi elles ; je n’en serais pas étonné. Mais elle m’a dit qu’elle ne m’avait jamais vu.
Il parlait d’une voix calme, détachée, comme s’il s’agissait de quelqu’un d’autre.
-Elle ment peut être, répondit Sam
-C’est possible, en effet.
Un lourd silence s’établit rompu uniquement par le bip des ordinateurs.
-Vous l’avez interrogée, mon colonel ?
Il sourit :
-Il parait que je la terrorise, enfin d’après Jonas. Je crois qu’il est resté avec elle pour en savoir plus.
-Nous avons un briefing dans quelques minutes, nous allons faire le point avec lui dit Sam. Mon colonel si vous voulez bien m’excusez mais je voudrais finir cette petite expérience que j’ai commencée avant la réunion.
-Bien major je vous laisse.
Sam le regarda partir, il était pensif et n’avait pas blagué une seule fois, ce qui était étrange, et pas du tout dans ses habitudes. Sans doute cette histoire de Kali pensa t-elle, cela devait être très pénible pour lui.
Jonas arriva en retard au briefing juste après le colonel.
-Excusez-moi général Hammond, mais j’étais resté avec Léna. Nous avons beaucoup parlé.
-Bien Jonas expliquez-nous qui elle est ?
-Elle me parait tout à fait inoffensive, c’est une victime de Kali. Elle a été condamnée à mort sur cette planète.
O’Neill le regarda avec étonnement,
-Je croyais qu’elle ne connaissait pas Kali ? Mais s’il s’agit de Kali, ce n’est pas son genre de déporter les gens. Je l’ai vu tuer des esclaves qui lui avaient déplu. Elle punit elle-même et en éprouve une grande satisfaction. Elle fait régner la terreur dans son palais.
C’était bien la première fois qu’O’Neill parlait de Kali pendant un briefing. Il n’était pas comme à l’accoutumée et Hammond s’en aperçut.
-Qu’y a-t-il colonel ? Quelque chose ne va pas ?
-En fait il m’est arrivé un truc bizarre. Mais je préfèrerais vous en parler seul à seul mon général.
-D’accord, allons dans mon bureau.
Jack s’assit et il commença d’une manière un peu hésitante.
-Mon général, vous vous souvenez que Daniel est apparu à Teal’c et à moi ?
-Absolument Jack, il est revenu vous voir ?
-En fait non, mais j’ai eu une autre visite. Cette nuit pendant que je dormais
-Vous avez fait un rêve ?
-Non, en fait je croyais que je rêvais mais je l’ai vue, elle m’a parlé.
-Qui ? dit Hammond
-Carolina French, mon général. Je sais que ça peut paraître idiot, mais elle est venue m’avertir d’un danger me concernant.
Hammond regarda son subordonné avec insistance :
-Quelle sorte de danger ?
-Un danger me concernant, moi d’abord, la Terre ensuite. Elle m’a dit que le danger viendrait d’une femme aux cheveux blonds et aux yeux bleus.