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Moi, j'ai baisé une femme...
Je lui ai filé un rancard, et je n'y suis pas allé ! -coluche
Imagine

La Cour des Miracles : Chapitre 1

Titre : La Cour des Miracles

Auteur : Lisa

Résumé : Suite de Delta Lyr, je garde le suspens

Statut : 2/3

Catégorie : Aventure, romance

Spoilers : Aucun je pense

Saison : Indépendant

Rating : PG-13, mort de caractère secondaire.

Disclamers : Stargate SG-1 et ses personnages sont la propriété de MGM, Gekko Film Corp. et Double Secret Production. Je n’ai reçu aucune prime dans l’écriture de cette histoire. Toute ressemblance avec des personnes existantes est purement fortuite.

Note de l’auteur : Merci à tous pour les feedback de Delta Lyr J Cette fois, ça bouge un peu plus (pas beaucoup mais c’est déjà surhumain pour moi…) et je sais pas du tout ce que je vaux quand il ne s’agit pas d’introspection…

 

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« Maître, vous ne pouvez pas abandonner… » murmura-t-il lorsqu’il sentit les mains du vieil homme commencer à trembler entre les siennes.

 

 

« Je n’abandonne pas Teal’c, jamais. Je refuse seulement de continuer à profiter des bienfaits d’un démon » répliqua-t-il avec difficulté en portant la main à son ventre.

 

Le Jaffa détourna son regard de Bra’tac allongé sur une couche. Ses larmes ne voulaient plus lui obéir et rester refoulées. Grande honte pour un élève face à son mentor.

 

« Nous vous aurions trouvé un nouveau symbiote » insista-t-il en trouvant soudainement un grand intérêt au plafond.

 

« Non Teal’c. J’ai pris ma décision, nul ne m’en fera démordre »

 

Ce dernier soupira et s’obligea à reporter son attention sur son maître. C’était une scène vraiment étrange. Combinaison d’une civilisation où l’art n’existait plus et de la culture Jaffa, la pièce était tout de gris argenté et quelques étoffes flamboyantes rouges et terre de sienne agrémentaient sa sobriété. En son centre, reposant sur quelques énormes coussins, un homme mourait.

 

« Mais je t’ai fait appeler pour une toute autre raison » réussit-il à articuler entre deux quintes de toux. « Je te propose de me succéder dans la grande tâche qui m’a été confiée, voilà deux ans de cela ».

 

Ce serait un honneur pensa-t-il en retour, quoi que bien difficile. On ne prend pas facilement la place d’un être qui nous a été cher de son vivant. « Ce serait un honneur, Bra’tac » répondit-il pourtant.

 

Ce dernier sourit et posa une main sur l’épaule de son élève.

 

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« Daniel ! » s’exclama-t-elle en ouvrant grand la porte pour l’inviter à entrer. Elle le prit dans ses bras, soupira et ferma les yeux. Elle avait rarement l’occasion de revenir ainsi aux « sources » comme elle se plaisait à se référer au temps du programme. 

 

Il était parti en Egypte environ un an et demi auparavant, n’ayant plus rien à faire dans cette petite partie des Etats-Unis dénuée de tout intérêt archéologique. Il avait tenté de revenir il y avait trois semaines pour le mariage, mais des incidents aériens avaient fait que le jeune homme n’avait pu traverser l’Atlantique à temps.

 

Lorsque le projet avait définitivement fermé ses portes, à peine une semaine après le décès de Jack à qui elle était fiancée, Teal’c avait préféré continuer le combat. Il avait pris un billet aller, sans retour, vers une planète de Jaffas rebelles. Sans aucun moyen de communiquer, car la porte avait été enterrée quelque part sur le continent africain, ils n’avaient plus jamais entendu parler de lui.

 

 

Les ennemis des Goa’uld devaient encore se battre, incessamment depuis deux ans, pour que ceux-ci n’aient pas encore envahi la Terre… Dans cette incertaine supposition résidait à peu près tout l’espoir des hommes et des femmes qui avaient combattu ensemble contre l’ennemi commun.

 

Un verre de Pastis à la main, les yeux de Daniel glissaient alternativement de la jeune femme assise à ses côtés, les yeux cernés et sans expression, vers la petite fille qui s’accrochait en riant au pantalon de celui dont elle avait été désignée la filleule. Et vice-versa.

 

 

« Sam… » dit sévèrement le jeune homme en fronçant les sourcils et en la forçant à le regarder dans les yeux. « On ne m’a pas menti, regarde-moi ça, tu es si pâle… c’est du surmenage que tu nous fais. »

 

Piteuse, Sam détourna la tête, permettant à Daniel de toiser sa silhouette. Elle avait considérablement maigri… Cette constatation l’inquiétait d’autant plus qu’elle ne s’était jamais vraiment ménagée, sans pour autant en arriver là.

 

La fillette continuait à tendre les bras vers lui et l’attendrissait à chacun de ses mouvements. « Wow… elle a grandi la puce » dit-il, une petite étincelle paternelle dans la voix. 

 

Il la prit sur ses genoux et ébouriffa tendrement ses bouclettes blondes.

 

« Dis-moi, où est Jeffrey exactement ? » demanda-t-il en reportant son attention sur la jeune femme dont les yeux éteints fixaient vaguement la tendre scène qui s’offrait à elle.

 

 

« En voyage d’affaire, à Osaka »

 

« Et depuis combien de temps n’as-tu pas avalé quelque chose de consistant ? »

 

« Ne t’occupe pas de mon état de santé Daniel, je vais très bien » feignit-elle. C’était faux, bien sûr. Le réacteur sur lequel elle et ses subalternes travaillaient était de jour en jour entouré de plus d’agitation, ce qui n’était qu’une source de stress supplémentaire, un cercle vicieux.

 

En vérité, elle ne mangeait rien dans la journée qu’un petit-déjeuner léger et les essais culinaires de Jeffrey une fois rentrée, vers 21 heures. Un simple sandwich au thon étant considéré comme une tentative d’intrusion au sein du sanctuaire de son lieu de travail. Au cas où une caméra serait dissimulée dans la salade.

 

« Ca va, je m’y attendais » conclu-t-il dans un soupir.

 

 

Il fit passer la petite fille sur les genoux de sa mère et s’accroupit aux côtés du sac à dos qu’il avait déposé à terre en arrivant. Il en sortit un grand sachet de papier beige. 

 

 

« Ceci… »

 

Il ouvrit une poche latérale et plongea sa main, la ressortant presque victorieusement en possession d’un couple de bières

 

 

« Et ceci » 

 

« Très diététique » fit-elle remarquer sur un ton sarcastique, après avoir aperçu les quelques taches graisseuses imbibées sur le papier du sachet.

 

« Si tu savais ce dont on peut avoir envie après un an et demi en Egypte… » soupira-t-il.

 

 

Ce disant, il s’empara de deux énormes Hot Dogs et d’une barquette de frites.

 

« Au moins, ça va te tenir au corps »

 

« Daniel… je ne sais pas si j’en ai très envie… et fais attention au tapis »

 

« Pas de discussion la belle, avale-moi ça » déclara-il sur un ton qui n’admettait aucune protestation.

 

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L’homme passa calmement la porte. Grand, noir, il était réellement imposant. On ne pouvait donc que s’étonner en remarquant que ses yeux sombres étaient voilés de larmes. Il fit quelques pas dans l’immense pièce et s’arrêta. Une quarantaine d’hommes lui faisaient face, aussi sobres et immobiles que le nouvel arrivant. Il tenta de refouler ses émotions et prit la parole sous leurs yeux attentifs.

 

« Maître Bra’tac… » débuta-t-il d’une voix neutre, c’était une des choses les plus difficile qu’il ait eu à annoncer «… est mort ».

 

Ce communiqué envoya une vague de murmures déconcertés courir parmi les hommes au garde à vous. Teal’c attendit qu’elle s’apaise.

 

« Il m’a laissé à la tête de cette faction Jaffa, et j’entend commencer à agir dès maintenant » déclara-t-il à sa petite assemblée. Il commença à marcher de long en large devant la première ligne de ses hommes, comme il l’avait vu faire auparavant par Bra’tac.

 

« Notre vaisseau vient de quitter son orbite et se dirige vers la nouvelle base de la déesse Bastet. Nous prendrons l’hyperespace, vous avez trois jours devant vous »

 

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La jeune femme reçu finalement son sandwich dégoulinant de matière grasse dans les mains et elle observa d’un air dubitatif la saucisse gélatineuse qui dépassait du pain tapissé de moutarde.

 

Deux heures plus tard, il était toujours intact.

 

 

Les deux jeunes gens semblaient ne jamais vouloir s’arrêter de parler, et parler encore… Se souvenait-elle de cette fois où le monde des hippies avait pendant un temps été le leur ? De cette fois où Teal’c était revenu à la base avec d’énormes boutons de moustiques dans le cou ?

 

 

Lyra dormait, pelotonnée entre eux.

 

Se rappelait-il l’indigestion de tarte aux pommes dont il avait été victime après le passage d’Urgo ? Toutes ces paires de lunettes qu’il avait pu briser au cours de ces cinq années ?

 

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Le choc envoya les quelques chandelles rouler à l’autre bout de la pièce. Aussitôt, un brouhaha s’éleva dans les couloirs. Le sol trembla pendant quelques secondes, puis tout s’arrêta. Plus aucun bruit, mis à part un pas lourd et régulier qui arrivait rapidement dans sa direction.

 

 

« Teal’c ! »

 

Il daigna enfin ouvrir les yeux. Etre brutalement sortit de son Kel’no’reem n’était pas une chose très appréciée chez les Jaffas.

 

 

« Qu’y a-t-il ? » 

 

« Notre moteur principal a soudainement été victime de quelque disfonctionnement, deux de mes hommes travaillent sur le problème, mais ils ne sont pas qualifiés »

 

Le Jaffa se leva et marcha jusqu’à la grande baie vitrée d’où l’on pouvait habituellement observer les étoiles filler à une impressionnante vitesse. Elle étaient toutes figées. Le vaisseau était immobile.

 

« As-tu une quelconque solution à proposer ? »

 

« J’ai bien peur que non. Nous avons encore de l’énergie en réserve, mais nous l’utilisons pour le mode furtif. Nous n’en aurions de toute façon jamais assez pour atteindre notre but »

 

« Et nous ne pourrions plus repartir de toute façon. Quelque chose m’intrigue cependant, nous sommes au fin fond de l’espace et vous avez activé le mode furtif ? »

 

« Non Teal’c, nous sommes dans un système solaire, bien près d’une planète dont l’orbite est constellée de petits engins argentés, je craignais que leur technologie ne soit assez avancée pour nous repérer »

 

Ces dernières paroles parurent éveiller son attention. Il se dirigea rapidement vers un tableau de commandes et déplaça deux petites pierres argentées.

 

 

Une sphère, turquoise et marine. La découpe des terres. Non, il ne pouvait pas s’y tromper.

 

 

La Tau’ri.  

 

 

« Faites en sorte de dériver vers son orbite, je pense avoir une solution »

 

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« Elle a toujours un sommeil si agité ? » demanda suspicieusement Daniel en regardant sa filleule qui semblait être en proie à quelque chose de vraiment, vraiment désagréable.

 

Sam passa avec inquiétude sa main sur le front de son enfant. Elle était brûlante. Comment la fièvre avait-elle pu apparaître si soudainement ? Et sourtout, pourquoi ? Elle secoua négativement la tête en réponse à son ami et tenta sans succès de la réveiller.

 

« Il y a des grippes qui trainent en ce moment Sam, il faudrait peut-être l’emmener à l’hôpital »

 

« Ca serait plus sage, tu as raison, aide-m… »

 

Elle fut interrompue par un cri strident qui résonna dans toute la maison. Daniel fit un bond de trois mètres et Sam devint blanche comme un linge, en contraste avec Lyra dont les joues flamboyaient. Ses yeux étaient écarquillés et fixaient le plafond, et ce ne fut que lorsque sa mère la serra contre elle qu’elle arrêta de hurler. Elle se mit alors à pleurer toutes les larmes de son corps.

 

« Qu’est-ce qui t’arrive ma puce, dis-moi »

 

La petite ferma les yeux et déglutit difficilement. Jamais elle ne s’était retrouvée dans un état pareil, mais Sam était sans aucun doute aussi effrayée qu’elle, si ce n’est plus. Voir une personne aimée souffrir sans qu’elle ne puisse rien y faire était un sentiment qui ne lui était malheureusement pas inconnu.

 

« Le méchant homme, il lui a fait très mal… »

 

Sam plissa les yeux d’un air d’incompréhension. Une simple histoire de cauchemar pouvait-elle avoir tant d’effet chez un enfant, se demanda-t-elle ?

 

 

« Qui ça ma puce, qui lui a fait mal ? » 

 

La petite baissa la tête et contracta ses traits dans une moue de dégoût.

 

 

« Le méchant avec la cicatrice sur l’œil »

 

Cela avait étrangement un air de déjà-vu… Sam sentit son cœur s’arrêter de battre en comprenant brusquement à qui la fillette faisait allusion.

 

 

« Sam, tu penses à ce que je pense ? » demanda Daniel avec appréhension.

 

 

Elle acquiesça.

 

 

Elle avait espéré pourtant, ils avaient tous deux espéré que leur enfant ne porte pas les séquelles des circonstances extraordinaires qu’ils avaient traversées. La grossesse s’était déroulée tout à fait normalement, excepté le fait qu’elle était née prématurément. De 17 jours seulement. Pas de quoi s'alarmer leur avait répété Fraiser, la situation était tout à fait banale.

 

 

Le nourrisson avait grandi comme tout autre, il n’avait été le porteur d’aucun virus qui avait coulé dans le sang de ses parents, il n’avait jamais voulu construire de générateur pour activer un chevron supplémentaire, il n’avait jamais parlé par l’intermédiaire d’une entité, il n’avait jamais prétendu être en compagnie d’un gros bonhomme barbu…

 

Mais visiblement, l’apparente banalité en laquelle ils avaient cru n’était qu’illusoire. Se pouvait-il qu’elle parle de Bynarr, sur Netu ? De cette horrible face qui avait hanté ses nuits durant près de six mois ? Le sang Tok’ra qu’elle portait en elle aurait été transmis à Lyra… Dans ce cas, elle savait combien ces souvenirs étaient douloureux… et dieu sait qu’elle ne souhaitait à personne de vivre cela. Surtout pas à sa fille.

 

Daniel caressa la joue embrasée de sa filleule et pressa la main de Sam dans la sienne en un geste qui se voulait réconfortant. Il interrompit alors tout mouvement et fronça brusquement les sourcils : une lumière blanche, presque argentée l’encerclait, enveloppant par la même occasion l’enfant et sa mère.

 

 

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« Teal’c ?! » s’exclamèrent les deux jeunes gens en manquant de s’étouffer.

 

« J’avais dit uniquement le major Carter, Bla’ac » s’écria Teal’c, tout en ignorant consciencieusement les deux arrivants.

 

« Je ne comprend pas, il a dû y avoir un dysfonctionnement… »

 

 

Sam commença à s’énerver. On ne téléporte pas les gens comme ça dans un vaisseau spatial sans donner d’explications !  

 

 

« Je peux expliquer ça, nous tenions tous deux Lyra et votre appareil, tel qu’il soit, a du penser qu’il n’y avait qu’un seul et unique corps… Maintenant Teal’c, je pense que vous nous devez quelques éclaircissements »

 

Le Jaffa plissa les yeux. Il sembla se répéter plusieurs fois le prénom de l’enfant, incrédule, avant de se diriger doucement vers sa mère et de prendre Lyra dans les bras. Elle le fixait, calmement.

 

Ses yeux étaient ceux de son père. Il avait aimé les retrouver durant cette douloureuse semaine qui avait suivi la mort de Jack et précédé la fermeture du programme, ils lui rappelaient l’incroyable joie de vivre dont celui-ci avait fait preuve pendant la grossesse de Sam.

 

 

Il sourit tristement à la mémoire de ces interminables après-midi où Daniel Jackson et lui l’observaient avec amusement parler et chanter devant le ventre rond de la jeune femme. Etrange coutume avait-il fait remarquer.

 

« Nous avons besoin de vous pour réparer notre moteur principal, Samantha »

 

« Ah non Teal’c, il va m’en falloir plus. Nous n’avons plus entendu parler de vous ni de qui que ce soit depuis la fermeture du SGC et vous débarquez en me demandant de réparer le moteur de votre vaisseau ? Vous ne trouvez pas que c’est un peu gros ? »

 

Le Jaffa soupira. Il aurait dû s’en douter, Samantha Carter ne ferait jamais rien sans qu’on ne lui fournisse d’explications…

 

« Il faut m’excuser, il faut tous nous excuser de ne pas avoir donné signe de vie pendant tout ce temps. Le fait est que beaucoup de races ont été monopolisées par un grand projet. Les Asgards n’ont pas réellement apprécié que les Goa’ulds les trahissent il y a de cela quelques années, ils ont donc rompu le pacte et organisé une grande résistance composée de toutes les races qui avaient été victimes de ce fléau »

 

« Vous avez donc réussi ? » s’étrangla Daniel « Vous avez unifié les peuples de la galaxie contre les Goa’ulds ? »

 

« C’est exact Daniel Jackson »

 

« Et présentement, vous faites quoi ? » demanda Sam.

 

« Bra’tac est récemment passé dans l’autre monde, j’ai hérité de la division Jaffa. Ma toute première idée a été de partir à l’assaut de la nouvelle base de Bastet pour venger la mémoire de O’Neill »

 

Sam blêmit. Détruire la base de la déesse Bastet avait été le but d’une mission de SG-1. Ce fut d’ailleurs la dernière mission jamais effectuée par le SGC qui avait envoyé au front plusieurs de ses équipes, pour une sorte de bouquet final. Bien sûr, la Terre avait été une nouvelle fois sauvée, mais cela avait coûté la vie d’une des deux personnes à qui elle tenait la plus au monde, rendant l’autre orpheline.

 

L’attaque avait été particulièrement difficile et éprouvante. C’était le genre d’intrusion qui privilégiait l’action et qui ne laissait que peu de place à la réflexion, la rendant de ce fait encore plus dangereuse.

 

Bastet cherchait un nouveau compagnon, et un homme qui venait de tuer bon nombre de ses Jaffas tomba devant elle. Il y avait Jack, et puis il y avait un symbiote qui cherchait un hôte. C’était le genre de situation où les Goa’ulds ne réfléchissaient pas.

 

 

Mais elle n’avait pas prévu l’arrivée avec pertes et fracas du reste des soldats terriens. Ils prirent rapidement l’avantage en tuant par surprise la plupart de ses hommes, tous finirent par périr, même son nouveau compagnon qui fut étrangement abattu par un de ses anciens amis. Au grand damne du reste des soldats du SGC, Bastet finit par s’enfuir.

 

« Sam ! »

 

« Oui Daniel, j’y travaille, je n’en ai plus que pour quelques minutes… »

 

« Non… j’ai quelque chose d’autre à te dire… Réfléchis, qui s’est déjà retrouvé avec des connaissances indésirables dans la tête ? »

 

« Son père il y a plusieurs années… »

 

« Bien » continua Daniel de plus en plus enthousiaste « Et qui lui a fait le plaisir de lui enlever tout ça ? »

 

« Les Asgards… Daniel, tu est un génie ! » s’exclama-t-elle alors qu’un sourire illuminait son visage.

 

« Je sais, allez viens, termine ça rapidement et on y va »

 

La jeune femme resta interdite.

 

« Ah excuse moi, j’ai oublié de te dire que ce vaisseau est de confection Asgard et qu’il bénéficie d’une porte… »

 

« Tu plaisantes ? »

 

« J’ai l’air de plaisanter ? Allez, dépêche toi »

 

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Un petit frisson la parcourut lorsqu’elle posa un pied de l’autre côté de la porte. Elle en conclut que cela devait être l’excitation, son corps ne pouvait pas avoir eu le temps de perdre l’habitude de ce genre de voyages… La vague d’adrénaline qui la submergea quelques secondes plus tard ne fit que renforcer son idée : elle était de nouveau dans l’espace, à des centaines d’années lumière de chez elle… Elle passa sa main sur le visage du petit corps qu’elle tenait serré contre le sien. La fièvre était tombée, sûrement grâce à ce premier voyage… après tout, elle-même s’était retrouvée à moitié congelée.

 

Sam s’avança presque timidement dans le corridor gris pâle, bientôt suivie par Daniel qui, d’après le wow enthousiaste qu’elle perçut, avait aussi eu droit à sa part d’adrénaline. De tout ce qu’elle avait pu voir jusque là, les installations Asgards était une des choses les plus intimidantes. De chaque parcelle se dégageait cette incroyable force tranquille, à l’image de ses créateurs. Bien loin de tout ce que l’on pouvait découvrir chez les autres peuples de la galaxie.

 

 

En fait, elle espérait retrouver Thor. Bien sur, le peuple Asgard tout entier avait une dette envers elle, après tout, elle avait sauvé leur planète des réplicateurs… mais au fil du temps, SG1 avait tissé avec lui en particulier un lien que l’on aurait pu qualifier d’amical, aussi étrange que cela puisse paraître.

 

Le son d’un pas léger et fébrile qui devenait plus net et plus proche l’avertit que quelqu’un venait à leur rencontre. Le petit gris se mit à trottiner lorsqu’il les aperçut.

 

« Major Carter, Docteur Jackson… heureux de vous revoir » 

 

Daniel haussa les sourcils, ne sachant véritablement comment réagir face à cet individu qu’ils étaient apparemment sensés connaître mais qui, il fallait le dire, restait pour eux semblable aux autres. D’autant plus semblable que ce peuple n’était composé que de clones eux-mêmes clonés sur des clones d’après ce qu’ils avaient appris d’Heimdall quelques années auparavant.

 

« Thor ? » hasarda-t-il.

 

« Heimdall »

 

Ah. Heureusement que la chance ne les avait pas toujours abandonné de la sorte lorsque SG1 jouait au pifomètre sur le sort de la planète…

 

 

« Venez-vous ici pour une requête ? »

 

« Oui, nous voudrions vous… »

 

« Dans ce cas suivez-moi » coupa Heimdall en faisant volte-face et en repartant dans la direction par laquelle il était venu.

 

 

Les deux jeunes gens se regardèrent et haussèrent les épaules, puis lui emboîtèrent le pas. Mieux valait ne pas chercher plus loin.

 

 

Heimdall finit par s’arrêter devant une porte, formée du même métal argenté que la plus grande partie des constructions Asgards. Il posa sa main sur un dispositif qui s’illumina aussitôt de couleurs vives, pour se stabiliser finalement sur une nuance vert chlorophylle. Une reconnaissance digitale pensa la jeune femme.

 

Pour confirmer ses hypothèses, la porte s’ouvrit dans un bruit de dépressurisation. Leur guide appuya de nouveau sur l’écran. Un halo blanc l’enveloppa et il disparut pour réapparaître un peu plus loin dans l’immense salle qui s’offrait à eux, leur indiquant ainsi le chemin à suivre.

 

 

Il passèrent anxieusement la porte qui se referma aussitôt derrière eux. L’endroit devait faire plus de vingt mètres de hauteur sur une distance incalculable de largeur… ou plutôt de diamètre, car ils se trouvaient dans un gigantesque dôme dont le toit translucide laissait voir une voûte céleste qui tirait sur le mauve. De grands éclairs fuchsia la zébraient de toute part et mettaient en valeur la demi-douzaine de pâles satellites qui accompagnaient les premières étoiles. Deux astres solaires se couchaient dans le lointain.

 

La salle était illuminée de plusieurs sphères éblouissantes qui constellaient le dôme. Il était presque impossible de détacher ses yeux du spectacle qu’offraient les cieux à cette heure. Mais lorsque l’on y réussissait, on pouvait voir que, à l’opposé de la porte, et donc de l’endroit où ils étaient, sous la coupole et parfaitement intégrée d’une manière presque artistique à elle, se trouvait une sorte de colossale estrade d’où dépassaient plusieurs silhouettes. C’était là que le rayon argenté avait réapparut.

 

 

Sam libéra un de ses bras qui portaient encore la fillette et envoya un coup de coude bien placé à son ami qui observait béatement le spectacle, la tête renversée en arrière. Celui-ci grogna et il se dirigèrent vers l’estrade, un conseil sans aucun doute. Ils s’arrêtèrent dans un cercle tracé à quelques mètres de là et attendirent, observant leur hôtes.

 

 

Au centre se trouvaient deux Asgards. Pour l’avoir vu quelques instants auparavant, Sam cru reconnaître Heimdall, à gauche. A ses côtés trônait ce qu’elle imagina être Thor par le signe de tête amical qu’il leur adressa.

 

 

Un son doux et agressif à la fois envahit le dôme. Les nuances de hauteur étaient presque inexistantes mais une oreille entraînée pouvait distinguer des variations sensibles entre fa dièse et sol. Presque simultanément, un rayon argenté apparut sur la droite de Thor. Il s’agissait d’un autre Asgard, mais plus frêle et à la peau plus claire. Il s’en suivit plusieurs autres arrivées qui ne manquèrent pas de susciter leur plus grand étonnement. Respectivement sur leur siège, d’un côté du trio de Petits Gris, furent déposés côte à côte les Nox Ohper et Anteaus, puis un couple d’humains qui leur étaient inconnus mais dont l’air hautain avait quelque chose de familier à leur yeux. De l’autre côté, le Tok’ra Malek arriva, suivi de…

 

« Papa ?! »

 

Le Tok’ra ouvrit de grands yeux et se leva de son siège presque immédiatement après y avoir été déposé. Il voulu vraisemblablement dire quelque chose mais Thor, maître de cérémonie, lui fit signe de se rasseoir sans un mot, ce qu'il fit malgré sa réticence. Il restait encore deux places vides aux côtés des Tok’ra, sans que personne ne parut s’en soucier. Heimdall prit la parole.

 

« Ces humains sont arrivés tout à l’heure par la porte. Il ont une requête que je leur prie d’exposer devant le Conseil »

 

Sam murmura à son ami de commencer. Après tout, c’était lui le diplomate. Du moins quand ça l’arrangeait… en l’occurrence, la situation n’était pas faite pour la rassurer, elle était certaine qu’elle ne ferait qu’empirer la situation si elle s’avisait d’ouvrir la bouche.

 

« Hum… oui. Nous venons ici pour solliciter votre aide et… je ne pense pas que cela soit grand chose pour vous. L’enfant ici dans les bras de sa mère a hérité de certains souvenir Tok’ra trop lourds à porter pour elle »

 

L’archéologue reprit son souffle. Les deux représentants Tok’ra échangèrent un regard discret et l’encouragèrent à continuer.

 

« Elle en est tombée malade et son état ne fait qu’empirer. Nous avons supposé qu’après ce que vous avez fait pour son père, Jack O’Neill, vous pourriez peut-être effacer certains de ces souvenir gênants… »

 

Un silence pesant s’abattit sur la salle. Non pas que le conseil restait silencieux mais les différentes races se mirent à se chuchoter des choses à l’oreille, ce qui leur apparaissait comme le silence complet car les murmures s’évaporaient rapidement dans l’immensité du lieu. Finalement, ceux-ci se dirigèrent vers le centre et Thor prit la parole après les avoir attentivement écoutés.

 

« Les humains de la Terre, et vous-même en particulier, ont rendu de grands services à chacune des races ici présentes. Ce que vous nous demandez est bien mince comparé à ce que nous vous devons. Je ne vois en conséquence aucune raison de ne pas vous accorder notre aide… »

 

Sam se surprit à relâcher sa respiration. Non, il n’y avait aucune raison de s’inquiéter, mais tout de même…

 

« Je pense que la dernière race normalement ici représentée n’y verra aucun inconvénient lorsqu’elle arrivera, d’ici quelques secondes… »

 

Daniel joignit ses mains derrière son dos et attendit. Sam rajusta Lyra dans ses bras pour trouver une position plus confortable. Elle ne pouvait détacher son regard de son père qui trônait dans la plus impressionnante assemblée qu’elle n’ait jamais vu. N’était pas sensé être mort en mission ? C’était pourtant ce que lui avaient annoncé les Tok’ra…

 

 

Jacob fixait soucieusement sa petite fille. Cela devait faire une éternité qu’il ne l’avait pas vu, se dit Sam. Mon dieu, mais il ne l’avait jamais vu ! Elle avait été conçue peu après sa disparition, et voilà qu’il apprenait parallèlement son existence et la désobéissance de sa fille aux règlement de l’Air Force…

 

« Teal’c a dû l’en informer, Sam… »

 

« Pardon ? »

 

« Tu penses à haute voix… et je te dis que Teal’c a dû lui apprendre qu’il était grand-père, s’ils travaillent ensemble comme j’ai cru le comprendre »

 

Une fois encore, un rayon argenté engloba furtivement un des sièges restés libres et y déposa l’avant-dernier membre du conseil. Ils ne furent pas surpris d’y reconnaître Teal’c. Il les salua d’un signe de tête et avança son siège pour être capable d’apercevoir le centre du conseil.

 

« La faction Jaffa a commencé son attaque et tout se déroule comme prévu, Thor. J’ai remis le commandement de l’unité à Bla’ac »

 

Thor acquiessa.

 

« Expliquez-lui les faits Docteur Jackson je vous prie » ordonna Heimdall.

 

« Ca ne sera pas la peine, c’est moi-même qui les ais envoyé ici et j’accepte bien volontiers, ainsi que Bla’ac qui m’a confié sa parole »

 

« Bien, le conseil est donc achevé, votre enfant sera pris en charge dès à présent »

 

D’un commun accord, les rayons revinrent chercher un à un les membres de l’assemblée. Ceux que Daniel avait finit par reconnaître comme des Tollans disparrurent sans autre forme de procès, bientôt suivis de Malek et d’Opher. Les trois Asgards s’éclipsèrent à leur tour. Jacob, Anteaus et Teal’c en firent autant mais réapparurent à quelques mètres des deux jeunes gens.

 

Le Nox se dirigea droit vers eux en souriant et prit doucement Lyra des bras de sa mère. Il leur expliqua que les Nox avaient accepté d’adhérer à l’Alliance uniquement avec la certitude que jamais ils ne participaient aux combats. On leur avait donc attribué entre autres la fonction de guérisseurs des blessures physiques et morales. Ils la prendraient sur le continent qui leur était reservé sur cette planète et s’en occuperaient, ils ne devaient pas s’inquiéter.

 

Jacob et Teal’c discutaient un peu plus loin. Teal’c avait l’air bouleversé et Jacob plus que pensif, il jetaient à Sam des regards furtifs mais ni l’un ni l’autre n’avaient l’air de se décider à l’aborder. Quelqu’en soit la raison, Daniel, qui avait remarqué leur manège, commencait à s'en alarmer.

 

Sam remercia Antheaus d’un sourire et le regarda s’éloigner. Enfin un qui prenait le temps de marcher un peu… L’usage des appareils Asgards était presque excessif. Elle s’étonnait que les petits gris eussent accordé le partage de leurs technologies à des races souvent inférieures… Mais après tout, comment pouvait-elle juger le fonctionnement d’une alliance qui avait sans doute nécéssité des mois de traités et de serments, alors qu’elle menait une vie des plus tranquilles sur Terre…

 

 

« Sammie… »

 

« Papa ! » s’exclama-t-elle en sursautant et en le prenant dans ses bras. « Je te croyais mort… »

 

« Et je l’étais, mais apparemment les Asgards avaient besoin de moi pour organiser en avant-première le traité intercommunautaire et la répartition des différentes races sur cette planète… »

 

« Major Carter »

 

Sam se sépara à regret de l’étreinte de son père et se tourna vers le Jaffa.

 

« J’aimerais vous parler quelques minutes »

 

« Bien sûr Teal’c, allez-y »

 

Il la prit par le bras et l’emmena à part.

 

« Je n’ai assisté mes Jaffa que durant la première attaque que nous avons conduite contre Bastet, étant donné mes obligations devant le conseil, mais j’ai eu le temps de passer en revue les prisonniers que nous avons pu faire… »

 

« Les Jaffa font des prisonniers maintenant ? » railla-t-elle en souvenir des nombreuses fois où il lui avait été démontré le contraire.

 

« S’il vous plaît Samantha… cela faisait partie de la charte sur laquelle les cinq races de l’alliance se sont entendues, les Jaffa mènent un combat non-sanglant, les Tollan séparent le symbiote de l’hôte si c’est un Goa’uld, les Nox s’occupent de l’acclimatation de ces derniers et des Jaffa à une nouvelle vie, les Asgards supervisent les opérations »

 

« Wow »

 

« Comme vous dites, c’est tout simplement incroyable même pour ceux qui suivent l’affaire depuis sa naissance. Puis-je continuer ? »

 

« Oui, excusez-moi »

 

« Je marchais devant les prisonniers. Il y avait cinq Jaffa et deux Goa’ulds »

 

« Où voulez-vous en venir ? »

 

« L’un des Goa’ulds… »

 

Le cœur de Sam fit un bond dans sa poitrine, elle saisit soudainement la pensée de son ami à qui elle ne laissa pas l’opportunité de finir sa phrase.

 

« Vous voulez rire ? Non ? Où est-il ? Teal’c, où est-il ? »

 

« Calmez-vous major, calmez-vous » dit-il en l’attrapant par les épaules et en la maintenant immobile pour l’empêcher de lui sauter dessus. Non pas qu’elle aurait pu ne serait-ce que l’ébranler…

 

« Teal’c, je vous en prie, dites-moi ce que vous savez… »

 

« Je l’ai ramené avec moi, les Tollan viennent de lui enlever son symbiote, il va bientôt partir en convalescence chez les Nox »

 

Une unique larme naquit dans les yeux de Sam et glissa le long de sa joue. Elle l’avait tué. De ses propres mains. Cela elle le savait, elle en était même certaine. Comment pouvait-il revenir à elle si facilement après tant de temps ?

 

« Major, il faut que vous teniez… » lui murmura Teal’c en prenant sa tête entre ses mains lorsqu’il la sentit chanceler. « Je sais que c’est difficile à accepter, j’ai eu moi-même beaucoup de mal, mais si vous voulez le voir, il ne vous reste que peu de temps ».

 

Sam inspira profondément et ferma les yeux. Elle perçut vaguement la voix de Daniel à ses côté, voix qui tremblait aussi remarqua-t-elle, qui s’adressait à Teal’c, bouleversée. Elle disait qu’il allait se charger de la conduire à lui. Elle allait le revoir. Le revoir. L’image de la grande salle se contorsionnait et tout devenait flou dans son esprit. Inconsciemment, elle se raccrocha aux deux hommes qui se tenaient à ses côtés et le sol se déroba sous elle. 

 

 

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Obscurité, lumière, obscurité, lumière. Ses paupières papillonaient alors qu’elle reprit peu à peu conscience. Il y avait du tissus sous ses mains, remarqua-t-elle distraitement en serrant convulsivement ce qu’elle reconnut plus tard comme des accoudoirs. Le siège était légèrement incliné en arrière, confortable.

 

 

Encore comateuse, elle sentit une pression tiède sur son avant-bras. Lentement, elle baissa les yeux. Une main, une main qu’elle connaissait si bien… Cela ne pouvait être qu’un cauchemar, un mauvais rêve à la limite, encore une vision qui allait la troubler durant des semaines jusqu’au moment où elle arriverait enfin à regarder de nouveau Jeffrey dans les yeux.

 

 

« Sam »

 

Il venait de prononcer son nom, c’était sa voix. Et en tournant la tête à sa droite, elle vit que c’était son visage, aussi. Il reposait sur un siège pareil au sien, une blessure encore béante courait de sa tempe jusqu’au milieu de sa joue et il avait l’air faible, mais ses yeux restaient délibérément ouverts et fixés sur elle.

 

Elle se sentit si soudainement éveillée qu’elle sauta de son fauteuil à celui de son compagnon. Spontanément, ses doigts s’entrelacèrent avec les siens et elle posa une main sur son torse. Un fleuve de paroles s’échapa alors de sa bouche sans consulter son esprit en premier lieu, tant et si bien qu’un doigt finit par se poser sur ses lèvres.

 

 

« Sam, laisse-moi te dire quelque chose »

 

Ce qu’elle fit bien volontiers après avoir déposé un baiser sur son front.

 

« Il vaudrait mieux qui tu t’assois Sam, j’ai une longue histoire à te raconter »

 

Interloquée par tant de retenue de la part de celui qui avait tout de même été son fiancé pendant un temps, se rappela-t-elle en portant sa main à l’anneau qui était suspendu à une fine chaîne en argent, elle lui obéit sans y penser.

 

« Souviens-toi, notre dernière mission, ensemble. J’ai été infesté par un symbiote, tu a tiré deux fois sur moi, au zat »

 

« Jack… »

 

« Sam, s’il te plait, laisse-moi finir… Bastet s’est enfuie en emportant mon corps avec elle. Et cela par le plus grand des hasards, car j’était juste dans la circonférence des anneaux de transport »

 

« Je le sais, nous n’avons jamais récupéré ton corps… »

 

« Elle m’a bien sûr mis dans un sarcophage de retour dans son vaisseau mère… »

 

« Jack, n’en parlons plus, je t’en supplie… c’est le passé maintenant »

 

Il posa douloureusement sa main sur sa blessure et sembla réfléchir. Le passé, c’était facile à dire… Il avait commit tant d’horribles choses ces dernières années qu’il doutait de pouvoir vivre avec ces souvenirs une seconde de plus.

 

« Le plus important reste encore à dire Sam » lui murmura-t-il. Comment allait-il lui annoncer ça ?

 

Le jeune femme fronça les sourcils. Il était si différent de l’homme qu’elle avait connu… Qu’y avait-il de si important pour qu’il ne la revoie en ne manifestant que si peu d’émotions ? Ils avaient été séparés pendant plus de deux ans pour l’amour de dieu !

 

Pour toute réponse, il écarta lentement les tissus de soie Goa’uld qu’il portait autour de la nuque, puis lui découvrit son torse. Sam ne put retenir un hoquet de surprise. Elle descendit lentement du siège de son compagnon et s’en éloigna en fixant son cou avec horreur.

 

« Qui êtes-vous » murmura-t-elle en s’en éloignant toujours un peu plus.

 

« Sam, je t’en prie, écoute-moi… »

 

« QUI ETES-VOUS ? » finit-elle par lui hurler.

 

L’homme dont l’identité était maintenant mise en doute porta sa main au petit cercle bleu illuminé de diodes clignotantes. Grimaçant, il tira dessus.

 

Les yeux de Sam s’agrandirent de surprise et d’effroi, bientôt remplacé par une colère excessive.

 

 

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Daniel dévisagea tristement la petite silhouette recroquevillée de son amie au fond du feuteuil, en larmes. S’il avait pu imaginer un coup de théatre pareil…

 

« Répétez-nous ça MacKay »

 

« Kinsey a accepté de m’aider à obtenir Sam si je lui procurais de faux arguments pour la fermeture du programme. J’ai accédé à ces petits appareils issus de l’invasion alien du SGC, il y avait plusieurs années, et je les ai modifiés de façon à ce qu’ils soient indépendant de la personne originale… en l’occurrence le colonel O’Neill… »

 

« A l’aide de mes arguments, le programme a été condamné… Kinsey a rempli son contrat et s’est débarrassé de Jack… J’ai pris sa place mais je n’avais pas prévu cette dernière mission, fatale »

 

« Vous êtes un fumier ! » cria Sam en se débattant des bras de Teal’c qui la maintenaient une fois encore, ou elle l’aurait tué sur place.

 

« Attend Sam » l’interrompit Daniel « Comment s’en est-il débarrassé ? »

 

MacKay baissa la tête, piteux. « Je n’ai pas voulu qu’on lui fasse de mal, c’était déjà assez derangeant pour moi de prendre sa place… »

 

« Où est-il ? » Qui avait dit cela exactement ? Sam, Daniel ? Teal’c ? Les trois simultanément sans doute.

 

L’interrogé hésita. Il ne put pas resister bien longtemps cependant, car Teal’c, originellement son gardien protecteur dans l’histoire, commença à adopter le même regard que celui de Sam. Dans mon monde, je me réserverais le droit de vous démembrer.

 

« Edora, et les hommes de Kinsey ont détruit le DHD »

 

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Sam posa un pied de l’autre côté. De nouveau, un frisson la parcourut, mais cette fois ce n’était qu’à cause du froid qui la saisit à la gorge dès qu’elle prit une bouffée d’air. Un vaste champ de neige sur lequel la lune se reflétait s’étendait devant elle, et de petits flocons égarés tombaient encore. Wow, elle n’aurait jamais cru que les hivers d’Edora puissent être si rigoureux… Contraste qu’elle nota d’autant plus qu’elle n’avait sur elle que le léger pull en coton qu’elle avait mis pour aller travailler par une douce journée d’automne, sur Terre.

 

 

Elle drapa frileusement ses bras autour d’elle et entama une lente progression vers le village. Elle redoutait ce qu’elle allait y trouver, cependant. Ce lieu avait depuis longtemps été classé sur la liste de ceux qui lui avaient brisé le cœur en mille morceaux. Sa plus grande hantise avait été qu’il y retourne, quoi qu’il lui eut juré que jamais plus il ne la reverrait. Uniquement pour qu’elle ne souffre plus par sa faute. Sur ces mots, il l’avait tendrement pressé contre son torse nu.

 

 

Et elle était là de nouveau, marchant résolument vers le destin qu’elle savait capable de la rendre heureuse, une fois encore, comme de briser sa vie, une fois encore. Son monde avait bien sûr l’avantage de multiplier joies et ravissements, mais il pouvait aussi bien enfermer les drames dans un sarcophage pour les faire revivre autant de fois qu’il le souhaitait.

 

 

Les habitations étaient sombres et paraissaient désertes, aucune lumière ne brillait, remarqua-t-elle. Où pouvaient-ils tous bien être ? Ou plutôt quel démon s’acharnait sur elle pour que rien ne se passe jamais comme prévu ?

 

« Y’a quelqu’un ? » cria-t-elle à la rue déserte après avoir tambouriné à une porte désespérément close.

 

Elle finit par s’adosser à un mur et soupira. Son souffle forma un petit nuage blanc qui s’évapora dans la nuit noire. Les flocons se faisaient plus nombreux à présent, et le vent se levait pour couronner le tout, marmonna-t-elle. Le vent se levait et chantait dans les arbres et les pins, on pouvait presque l’entendre rire.

 

« A moins que… » murmura-elle en se redressant « le vent ne soit que le messager… » Elle prêta une oreille plus attentive à ce qu’elle avait pris pour le sifflement de l’air entre les feuilles. Non, elle ne pouvait plus se tromper, c’était bien de la musique ! Du violon si elle ne se méprenait…

 

Elle commença par marcher contre le vent qui lui apportait la mélodie, de plus en plus vite. En moins de deux, elle courait vers une maison plus grande que les autres dont les fenêtres étaient toutes illuminées.

 

 

Des ombres aux fenêtres, riantes, mouvantes au rythme des violons maintenant accompagnés d’un son de cornemuse. Les enfants gloussaient et les hommes buvaient, certains d’entre eux entraînaient leur compagne à l’étage. Un buffet luxuriant s’étalait sur une table dont la longueur envahissait toute la pièce.

 

Il prit doucement sa main dans la sienne. Une fois encore, les ancêtres les avaient désignés, tous les deux. De jeunes gens continuaient encore à afficher une expression de joie béate lorsqu’une fois le foulard levé, ils se retrouvaient face à face. Peu importait maintenant, ils allaient se marier dans quelques jours et rien ne pouvait le rendre plus heureux.

 

 

Trois musiciens jouaient sur une petite estrade. Il passa sa main libre sur la joue de sa promise (les ancêtres en avaient décidé ainsi) et la fit glisser dans ses cheveux. Elle souriait… ce qu’il pouvait aimer ce sourire, ces lèvres… ils se rapprochèrent doucement. Il lui semblait que la température avait baissé de plusieurs degrés, que les cris amusés avaient cessés, ainsi que la musique. Un vent glacial lui caressait le dos… mais l’unique chose qu’il voulait était l’embrasser et l’embrasser encore…

 

 

« Garan » lui chuchota-t-elle à l’oreille.

 

« Naytha » lui répondit-il sur le même ton. Elle avait employé un ton joueur et empreint de désir, n'est-ce pas ?

 

« Garan ! » répéta-t-elle en le repoussant et en pointant un doigt par dessus son épaule.

 

La réalité reprit brutalement le dessus. Plus de musique, plus de rires. Rien que le silence et le froid. Les trois musiciens tenaient leurs instrument à la main, les verres d’alcool restaient suspendus aux lèvres. Une jeune femme se tenait dans l’encadrement de la porte. Le vent faisait tourbillonner la neige autour d’elle et envoyait des frissons dans le dos des fêtards maintenant silencieux.

 

Un homme s’était levé d’une table, au bout d’un moment. Son regard s’était accroché à celui de la nouvelle venue et l’on pouvait presque voir le lien invisible qui faisait le pont entre eux. Garan détourna un instant les yeux de la scène pour les porter sur une femme, un peu plus loin. Pauvre mère, que pouvait-il lui arriver de pire après tout ce temps ?

L’homme sembla tout à coup réaliser que ce n’était peut-être pas un rêve comme il en faisait si souvent. Et quand bien même, c’était toujours si doux de la retrouver lorsque tout le monde dormait. Il enjamba deux ou trois chaises renversées sur le sol, indifférent au monde qui l’entourait (c’était un rêve, le temps se suspendait lorsqu’elle lui apparaissait).

 

 

Il la rejoignit. Il pouvait presque entendre ces gens derrière lui qui retenaient leur souffle. Un enfant se mit à sangloter, il avait froid, disait-il.

 

 

Il était face à elle. Elle le regardait, de grands saphirs larmoyants fixés sur lui. Il réalisa que ses propres yeux étaient vraisemblablement déjà être passés par ce stade étant donné que des larmes coulaient sur ses joues.

 

Il la prit soudainement dans ses bras et tout le monde se remit à respirer. Elle était réelle n’est-ce pas ? Oui, bien plus que réelle, elle le serrait à lui en couper le souffle et l’embrassait entre deux sanglots. Il devait faire de même, sans doute. Il ne savait plus vraiment à présent. Elle était là, par il ne savait quel miracle, et c’était tout ce qui lui importait.

 

« Viens, ne reste pas là, entre »

 

« Non Jack, nous n’avons pas le temps… Lyra »

 

« Elle va bien ? »

 

« Si on veut… mais je préfèrerais que ses parents soient près d’elle à cet instant, ça peut être difficile pour elle »

 

Jack acquiesça mécaniquement. Tout cela était tellement soudain qu’il n’y croyais pas. Il ne pouvait pas y croire… Pourtant si sa fille était en cause, il aurait fait réellement n’importe quoi.

 

« On part alors ? »

 

« Sûr, j’ai un petit générateur, on peut la faire fonctionner »

 

La faire fonctionner. Combien de fois avait-il espéré que cette simple phrase se matérialise… Lorsqu’il s’était réveillé sur cette planète, un jour si lointain à ses yeux, et une odeur entêtante de chloroforme sur ses vêtements, il avait trouvé ce DHD que Sam avait tant bien que mal finit par refaire fonctionner. Du moins il avait trouvé les restes de l’appareil éparpillés à dix mètres à la ronde, accompagné de ceux d’un quelconque explosif.

 

« Attend-moi là »

 

Il se retourna vers la salle. Personne n’avait vraiment recommencé à vaquer à ses occupations. Les joueurs de violon faisaient quelques accords, les femmes réchauffaient les plus jeunes enfants et lançaient un regard noir à la porte grande ouverte. Quant aux hommes, pour la plupart, ils avaient les yeux tournés vers une femme.

 

 

Jack donna quelques claques dans le dos de certaines personnes, embrassa un ou deux enfants, salua leurs mères. Et s’arrêta devant Laira. Il savait que le regard de Sam était fixé sur lui. Il savait aussi qu’elle ne dirait rien s’il manifestait ici ce qu’il avait pu ressentir pour cette femme. Comme elle n’avait rien dit la première fois, d’ailleurs. Et il avait pu entendre le cœur de son amie crier que jamais elle ne lui pardonnerait cela.

 

Mais Sam n’avait pas à s’inquiéter, pas cette fois. La femme qu’il aimait était là, il avait même eu un enfant d’elle. Et il allait maintenant repartir en sa compagnie. Peu importait ce que l’autre pouvait en penser.

 

Il resta devant elle quelques secondes, quelques minutes peut-être, indécis. Elle finit par se lever et par le prendre brièvement dans ses bras, puis se détacha de lui et partit d’un pas rapide dans une pièce annexe. Il avait de la peine pour elle –que pouvait-il ressentir d’autre ?- mais tout ce qu’il pouvait se dire était que c’était la vie. Juste la vie.

 

Dieu ce qu’elle pouvait déjà lui manquer… à peine quelques instants séparé de son corps et de ce petit pull en coton qu’il lui avait offert, un jour (le pull cachait en réalité des dessous de dentelles bleus marine dans le fond du paquet), et il se sentait dépossédé. Il jeta un dernier regard sur la pièce, puis partit la rejoindre.

 

 

Leurs doigts s’entrelacèrent et il referma presque symboliquement la porte derrière eux.

 

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Ouf, j’ai vraiment cru que j’allais jamais y arriver…

Suite et Fin dans L’ombre du Papillon.

 
 
Conçu par Océan spécialement pour Imagine.
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