Pollens vibrant de concert avec cette mer légèrement ondulée. Ils tombent en piquée brusquement vers la chevelure avant de s’élever vivement, ne laissant qu’un sillon sucré de leur présence.

 

Vent joueur levant les embruns blés de cet océan brillant, avant de  laisser reposer les mèches avec un soupir de regret.

 

Soleil printanier, éclaircissant l’eau dorée, se riant des reflets captivants dont lui seul connaît les secrets, fascinant le regard de Jonathan.

 

Oh, il ne se tient pas loin d’elle, juste à quelques mètres. Assez pour ne pas être trop ébloui, juste assez pour ne pas être trompé par son chant de sirène. Mais suffisamment près pour recevoir les effluves de cette onde enivrante, être guidé par ses deux phares scintillants d’une lumière douce à son âme.

 

Mais de là à s’en approcher… Non il ne peut pas. Il y a trop d’écueils entre lui et Samantha. Ces flots sont de part trop dangereux, trompeurs. Il va de Charybde en Scylla sous son ciel orageux. Il ne sait de quel climat est fait celui de cette femme.

 

Mais de là où il se trouve, de la falaise à pic d’où il porte son regard sur sa silhouette, jamais ciel ne lui est apparu plus clément. Mais sa nef d’amour, si fragile, saurait-elle  éviter les écueils des flots enchanteurs ?

 

Alors, il observe, il attend, il regarde danser les runes et le temps, fragile bout d’homme sur la colline de l’espoir guettant son improbable bout de femme sous cette mer d’amour.

 

Mais voici venir le matin et aucun signe d’elle tandis qu’elle soigne les maux des autres, la plaie dans son cœur devient béante et chute son cœur à ses pieds. Saura t’elle le voir, elle qui agite la tête avec ingénuité sous le sourire de cet autre homme ? Et vibre la mer d’or, et remontent les écueils entre Jonathan et Samantha.

 

Et comme ses yeux sur les embruns de la mer, les pieds de la jeune femme foulent le cœur le laissant joyeusement saigner. Et l’improbable radeau de l’homme prêt à affronter les écueils pour venir la cueillir se délie. L’homme vacille du haut de sa falaise. Les murs de sa forteresse se musardent sous le regard de cette femme pour qui il se met à terre et meurt.

 

En silence. Comme le bout d’homme qu’il est, sans son bout de femme.

 

Et voilà l’onde s’agiter de nouveau ; sa chevelure blé oscille avec grâce sous son rire doux-amer. Mais l’autre homme n’est pas sur sa falaise, à l’observer comme Jonathan le fait.

 

Aucun nid d’aigle n’a été bâti en son monde, pour lui aucun écueil lui semble t’il. Il n’entend pas son amertume derrière le chant de sirène. Il ne ressent pas la morsure du gel sous la surface de cette mer mordorée. Comment pourrait-il seulement alors se douter de la dissonance derrière ce son cristallin ?

 

Mais Jonathan est un bout d’homme, observant son bout de femme, tendant vers elle. Et cette fêlure, il ne la manque pas. Il s’en saisit au vol, la tord et la met sur son rouet. Il file, il tisse, il trame.

 

Et d’une aiguille de glace il coût son cœur, remet en place l’organe brisé et, d’un seul regard à Samantha, le relance.

 

Que sa musique lui semble encore improbable, qu’elle lui semble forte. Comment diable Daniel pourtant assis à côté de lui depuis le début de la soirée ne l’entend t’il pas ? Comment se fait-il que la musique country du bar puisse encore résonner ?

 

Sa longue-vue croise alors celle de la jeune femme sous l’onde de ses cheveux. Longue-vue, attrape cœur. Si les flots de cet océan ondulent pour Peter, le mettant en confiance, les phares que sont ses yeux ne quittent jamais l’homme sur sa falaise. Le guidant, et le supportant, lui livrant le passage entre les écueils pour qu’il vienne l’enlever.

 

« Et c’est pourquoi Atahualpa a… Jack, qu’est-ce que ? Pourquoi me laissez-vous? Bon, tiens Teal’c ! »

 

Et l’aigle prend son envol vers son nouveau nid.

 
 
                                                                Fin, 28/09/2004.