Citations du moment :
Se taire en classe, c'est respecter le sommeil des autres.
Imagine

Air Marin : Chapitre 1

 

- Ouaaaaa ! s’exclama Jack.
- Ooooh ! renchérit Sam.
- Aaaah ! s’étonna Daniel.
- Humph ! grommela Teal’c.
- Miam ! ajouta Jonas.
- Oh, que c’est bôôôô ! s’extasièrent-ils tous.

 

Et pour être beau c’était beau !

En face d’eux la mer, majestueuse, dansait le long de golfes clairs, avec des reflets d’argent, la mer, bergère d’azur, au soleil… Enfin bref, une belle mer… heu… une jolie mer quoi, parce que les belles-mères, tout le monde sait ça, y a pas toujours de quoi s’extasier.

Une tripotée de mouettes crieuses (qui a eu l’idée saugrenue d’appeler ces volatiles marins des mouettes rieuses ? Ça crie une mouette, ça rigole pas !), donc, un paquet de zoziaux criards se laissait connement ballotter par les vagues (aux reflets d’argent) en attendant que des bêtas petits poissons leur passent sous le bec.

Sur la plage constellée de grosses caillasses, des monceaux d’algues plus très fraiches se décomposaient lentement sous le soleil, ajoutant leur odeur puissante au charme des lieux.

Et pas un arbre à l’horizon. Y a pas à dire, ça changeait des forêts humides et des déserts arides.

- On pourrait peut-être se bouger, suggéra Sam.

Ils opinèrent tous du chef. Surtout Jack qui se dit qu’ils n’allaient pas rester plantés là toute la journée en attendant que le gazon pousse. Il fallait explorer, découvrir de nouvelles civilisations que l’on pourrait délivrer de la tyrannie goa’uld en trois coups de C4, rechercher des mines de naqahdah, trinium, naquadria déjà exploitées par de gentils autochtones pacifiques à qui il faudrait faire comprendre que c’est bien beau tout ça, mais nous on a besoin de tous ces gros cailloux pour sauver l’univers. Et puis il était essentiel que l’on trouve quelques vieux recueils plein de signes ésotériques pour que Daniel et Jonas prennent leur pied et fassent marcher leurs neurones.

Or donc, après cet intense effort de réflexion, le valeureux leader des Sauveurs Géniaux numéro 1 donna le signal du départ.

- Qui m’aime me suive !

A quelques mètres du gros cercle de fer blanc, constatant que seul son commandant en second aux yeux-si-bleus-et-si-profonds-qu’on-s’y-noierait-dedans l’accompagnait, le colonel Jack O’Neill se retourna vers les trois benêts pliés en deux de rire devant la bonne blague qu’ils venaient de lui faire.

- J’vous donne trois z’condes pour ram’ner vos fesses, sinon vous aurez droit à une fessée déculottée par Carter.

Mais les trois idiots renforcèrent leur position statique, arborant un sourire béat à l’idée d’une telle punition.

- Ok, alors c’est moi qui vais vous foutre la torgnole de vot' vie !

En moins de temps qu’il n’en faut à Carter pour trouver la solution à un problème métaphysique mettant en jeu l’existence de l’univers, nos cinq z’amis étaient de nouveaux réunis. Jack prit la tête du quintet en zat bémol majeur et s’avança en terre inconnue, trébuchant élégamment sur les cailloux. Ils firent une première halte au bout de cinq minutes car c’est crevant de marcher sur le sable sec en grosses godasses et 25 Kg de matos sur le dos. Le colonel, toujours soucieux de son confort, retira ses rangers pour s’aérer les doigts de pieds. Mais Carter s’inquiétât.

- Mon colonel, Monsieur, Sir, ma p’tite crevette grise d’amour, est-ce bien raisonnable ? Apophis seul sait sur quoi vous risquez de marcher. Des tessons de bouteilles de bière, un mouchoir pas net, une crotte de chien. Tant de dangers nous guettent dans ces mondes hostiles. Que dirons-nous à notre vénéré et adoré chef, le général Hammond, si vous veniez à rendre l’âme sur cette jolie planète. Et moi, vous pensez à moi un peu ? Sur qui vais-je jeter mon dévolu si vous crevez là comme un chien galeux ? En plus, on ne pourra plus alimenter la sympathique querelle qui règne entre les shippers et les noromos.

Mais Jack ne l’écoutait plus, son seul neurone en état de marche ayant disjoncté sous le flot de paroles. Déjà, il s’était redressé, fier et indomptable, les godillots autour du cou et les chaussettes coincées sous ses épaulettes. Il donna le signal du départ, mais n’eut pas le temps de faire trois pas qu’il se mit à hurler, sautillant à cloche-pied.

- Bon sang, damned, merdouille, la vache, fatche de con, purée, nom d’un chien, AIEEEEEEEEUU !!!!! O’s’cours, j’suis attaqué traitreusement par un extraterrestre belliqueux. Teal’c, à l’aide !

D’un coup de lance bien placé, le jaffa éclata proprement le monstrueux crabe de 10 cm pattes comprises qui s’était fermement agrippé à l’orteil droit du colonel. Ni une, ni deux, Jonas se précipita sur les restes fumants du crustacé pour voir s’il ne pouvait pas le déguster avec quelques rondelles de bananes, Carter se précipita sur O’Neill pour juguler l’hémorragie qui risquait d’être fatale, Teal’c se précipita devant le groupe prêt à repousser une attaque et Daniel se précipita… nulle part.

Carter ayant confectionné une jolie poupée autour du pied de son chef adoré qui, lui n’en pensait pas moins, ils purent enfin repartir à la découverte de ce monde insolite. Mais bientôt, une sonorité étrange vint perturber le bruit des vagues s'écrasant mollement sur le rivage.

Ça cliquetait, ça frétillait, mais surtout ça grouillait. Nos cinq z’héros s’aperçurent avec horreur qu’ils étaient encerclés par une multitude de moches bestioles caparaçonnées, munies de pattes et de pinces. Leurs yeux montés sur pédoncules s’agitaient en tous sens.

- Bon sang d’bonsoir ! Qu’est c’que c’est qu’ça ? s’écria Jack l’arme pointée sur les envahisseurs. Daniel ?
- Cinq minutes, répondit ce dernier le nez plongé dans son encyclopédie galactique en 375 volumes.
-  Carter ?
- Je suggère que l’on construise un abri.
- Pas con. Allez, sortez les pelles, on va s’faire un château d’sable.

Pendant que Teal’c et Jack pelletaient dans tous les sens, Sam et Jonas établissaient des plans détaillés d’une forteresse imprenable, capable de résister aux plus fortes marées d’équinoxe et aux tempêtes du siècle.

- Hé ho, les intellos, y s’rait temps d’vous mettre aux travaux pratiques. On va pas s’cogner tout l’boulot avec mon pote !
- Mais mon colonel, si on ne construit pas dans les règles de l’art, votre château de sable ne résistera pas à l’attaque.
- Veux pas l’savoir. Secouez-vous, ils se rapprochent.

En effet, l’armée adverse avait bien parcouru 28 cm depuis son apparition. Constatant le peu d’avancement des travaux des cinq drôles de bêtes à deux pattes, les attaquants, bons joueurs, avaient ralenti quelque peu leur progression pour permettre à leurs adversaires d’achever leur citadelle inexpugnable.

Quand Daniel eut fini de tapoter les murs pour bien tasser le sable, Sam mit une touche finale et féminine à leur œuvre en ajoutant ici et là des coquillages et autres petits cailloux décoratifs.

Tout était prêt pour l’attaque finale. Bien à l’abri dans leur bastion, les bipèdes se préparaient à repousser l’assaut des décapodes. La tension était palpable. Les belligérants se regardaient droit des les yeux, mais personne ne bougeait. On entendait gronder l’orage au loin. Sur l’eau, les mouettes avaient cessé de s’agiter et les goélands avaient stoppé leurs dandinements attendant de pouvoir passer à la curée. On n’entendait pas une puce de sable sauter.

Enfin, dans un grondement sourd, l’armée des autochtones se sépara en deux telle la Mer Rouge devant Moïse, laissant le passage non pas à un vieillard chenu à la longue barbe blanche, mais à un énorme tourteau qui s’avança lentement vers les humains. Entre ses pinces il portait les restes du malheureux crabe qui avait fait l’erreur de s’attaquer au colonel O’Neill. Arrivé au pied du fortin de SG1, le crustacé se tourna pour faire face aux envahisseurs (parce que c’est bien connu que ces bêtas de crustacés ne se déplacent pas droit devant comme le voudrait la logique, mais sur le côté comme l’exige la morphologie de leurs huit pattes) et déposa délicatement la dépouille à terre. Ce fut le déclanchement des hostilités.

Jack reçu un paquet d’algues pourries sur le coin de l’œil. Sam évita de justesse une crevette toutes antennes dressées qui alla s’écraser sur le front de Daniel, l’assommant pour le compte. Ils ripostèrent à cette première salve par un feu nourri qui, hélas, ne toucha aucun assaillant. Sans doute impressionnés par la combativité de l’ennemi, SG1 manquait tir sur tir. Heureusement leurs adversaires n’étaient pas plus adroits.

Au milieu des salves, on pouvait entendre Sam pester. Hier encore elle avait réussi à couper en deux le dernier cheveu du général Hammond d’un tir précis de son P90 et cela à plus de 274m de distance. Aujourd’hui, elle devait être dans un mauvais jour car pas un de ses tirs ne faisait mouche.

- Relax Carter, la rassura Jack, faut bien faire durer le suspens. Si on les dégomme tous du premier coup on va perdre de l’audience.
- Oui Monsieur. Excusez-moi Monsieur. Mais c’est très frustrant, Monsieur. J’ai beau calculer précisément la trajectoire en fonction de l’orientation et de la force du vent, du degré d’humidité, tout en tenant compte de la vitesse de déplacement de l’ennemi rapportée à la force de gravité de la planète et la chaleur du soleil, aucun de mes tirs n’atteint sa cible.
- Et vous avez pensé à vous servir du viseur qui équipe votre fusil-mitrailleur ?
- …Ah ben non. Faudra que j’essaye la prochaine fois.
- Et pourquoi pas maintenant, tout de suite, dans la seconde.
- Parce qu’on va bientôt être à court de munition, Monsieur mon colonel.

Et, indeed, 38 minutes plus tard, soit deux minutes avant la fin, ils en étaient toujours au même point, si ce n’est qu’ils venaient de tirer leur dernière cartouche. Même Teal’c avait réussi à épuiser l’énergie de sa lance et de son zat. L’ennemi se rapprochait, une lueur féroce dans les yeux, prêt pour la curée.

Jack et Sam se regardèrent intensément. Jack pensa alors qu’il pourrait peut-être négocier une trêve le temps de conclure enfin avec cette jolie petite blondinette au sourire ravageur, tandis que Sam pensait avec émotion que c’était sans doute la dernière fois qu’elle contemplait avec adoration son beau et vieux colonel plutôt bien conservé pour son âge.

Jonas les ramena à la réalité.

- C’est sans doute le bon moment pour sortir nos armes secrètes ?
- Bon sang mais c’est bien sûr. Teal’c, Daniel, Carter, vous êtes prêts ?
- Oui, O’Neill.
- Oui, Jack
- Oui, Monsieur.
- Très bien. A vous l’honneur Daniel.

L’archéologue pacifiste à ses heures se redressa de toute sa taille et enleva ses lunettes d’un geste viril, ce qui provoqua un léger mouvement d’inquiétude chez les crustacés qui commençaient à gravir les murailles de leur forteresse.

Teal’c vint lui prêter main forte en se lançant dans le récit de blagues jaffas pas piquées des symbiotes. L’ennemi recula de plusieurs mètres.

Jonas sema la panique au milieu des troupes adverses en extrayant de son sac plusieurs régimes de bananes qu’il leur balança avec méthode, se réservant une banane par régime pour ne pas souffrir d’hypoglycémie.

Ce fut le moment que choisirent Jack et Sam pour intervenir.

D’un étui fixé à son mollet gauche, Jack fit surgir une crosse de hockey pliable. D’une secousse, il déploya l’engin et commença à dégommer tout ce qui se trouvait sur son passage, envoyant valser indifféremment crabes, crevettes, cailloux, paquets de varech.

Sam déterra des profondeurs de sa trousse de maquillage dont elle ne se séparait jamais, une queue de billard télescopique avec laquelle elle entreprit de renvoyer avec brio chaque bestiole dans son trou.

En cinq minutes, l’affaire était pliée et la plage vidée de ses agresseurs.

 

Jonas jeta un coup d’œil aux restes appétissants de divers crustacés avant de déclarer solennellement :

- Mince ! J’ai oublié la mayonnaise !

 

FIN

 
 
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