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"J'ai l'impression d'avoir la bouche pleine de dents"
Imagine

Jouons à ne plus jouer... : Chapitre 1

Jouons à ne plus jouer...
      - Auteur : Rayléna_Rose .
Mail : raylena_rose@hotmail.fr
      - Genre : romance S/J.
Résumé : Jack fait un retour inattendu...
      - Statut : complet.
Spoilers : saison 8, après Threads... (Voire saison 9)

 

      - Disclaimer : Les personnages et l’univers ne sont pas à moi mais à la MGM…
Archive : à ne pas publier sans mon autorisation ! (Envoyez-moi un p’tit Mail, je dirais sûrement ouiJ).
Note de l’auteur : Ceci est le premier fic que je publie alors clin d’œil aux Grands Maîtres Aurélia et Hito dont les encouragements m’ont beaucoup aidé ! Merci les filles !! J
......
                                           
«  Jouons à ne plus jouer... »
 
Il était fou, ça il le savait depuis assez longtemps, maintenant... toutefois, il venait de se prouver une fois de plus à quel point il pouvait l’être ! Etouffant un juron, il vacilla en percutant sans ménagement un corps qu’il attribua sans plus d’intérêt à celui d’un soldat. Il tâtonna l’espace d’une seconde cherchant à recouvrer l’équilibre, bredouilla quelque chose qui ressemblait plus à une plainte qu’à des excuses et reprit sa course sans se retourner.
Le rythme de sa course accéléra de plus belle et cela malgré la mobilité assez réduite que lui permettaient ses habits. Le Général déglutit péniblement en jugeant une fois de plus de l’absurdité de la situation. Le cœur cognant encore plus fort, à chaque mètre qu’il parcourait, son appréhension, son anxiété... N’ayons pas peur des mots, sa peur ne faisait qu’accroître ! Non pas d’avoir compromis des pourparlers vitaux de par son retard, non, ça il pouvait toujours l’arranger. Il y était... au SGC, il y était enfin !!! 
Ses satanés doutes revenaient encore une fois à la charge et le lieu n’y était pas étranger. Il s’arrêta brusquement, les mains sur les genoux et respira bruyamment. Bon sang ! C’était lui ou ce couloir se rallongeait à chaque pas ?! Secouant la tête, il vira cette réflexion risible de son esprit en tentant de remettre de l’ordre dans ses idées... Comment diable en était-il arrivé là?!!!
Ah oui, ça lui revenait... Tout avait commencé lors de cette maudite réunion à la maison blanche. Dès le début, il l’avait mal sentie...
Il y avait une semaine de cela, le Général Jack O'Neill s’était rendu en urgence à la Maison Blanche pour cause de réunion de dernière minute. En arrivant, il avait noté sans surprise que le chef de l’état major était lui aussi de la partie.
« Les Défenses terriennes ».
Il n’en fut pas surpris. C’était encore et toujours le principal sujet de ses interminables réunions avec le chef de l’Etat, sauf que ce jour là, le président avait l’air encore plus embarrassé que d’habitude.
« Cette fois-ci, messieurs, ce ne sont pas les relations interplanétaires mais les internationales, qui battent de l’aile !! »
Le président avait lancé cette phrase d’un ton grave et ennuyé.
O'Neill en haussa le sourcil, il est vrai que depuis quelques mois, les gouvernements au courant du projet « Porte Des Etoiles » leur mettaient encore plus la pression que d’habitude, mais il ne pensait pas que ça prendrait des proportions pareilles !
Le président l’avait déjà informé que ces derniers exigeaient de créer une sorte de haute commission, qui regrouperait des représentants de chaque gouvernement. Cette « Commission » aurait donc pour but de permettre aux Etats membres de pouvoir intervenir plus directement en cas de crise et d’avoir une influence plus accentuée sur les opérations reliées à la Porte Des Etoiles.
Etant le commandant supérieur des défenses terriennes, la position d’O'Neill était donc capitale et son opinion primordiale.
Le mot d’ordre était de trouver au plus vite un terrain d’entente afin d’éviter que la situation ne dégénère encore plus.
Après des échanges pour le moins nerveux avec ces gouvernements via une conférence vidéo, ils en étaient arrivés à la nécessité d’organiser un sommet, regroupant leurs délégués dans les plus brefs délais, et ceci dans le but d’entreprendre d’envisager les principales lignes de leur future coopération.
Mais quand vint le moment de décider du lieu, les avis divergèrent de nouveau, rendant le dialogue quasi impossible. C’est ainsi, que dans un élan de... « Désespoir », le ministre de l’extérieur russe proposa avec peu de conviction de se réunir à la base de Cheyenne Mountain. O'Neill s'alarma aussitôt en remarquant que, contre toute attente, cela semblait convenir à tous !!!
Sans qu’il puisse placer un mot, cette idée fut vite validée par le président, trop heureux de constater un semblant d’entente. Il a ensuite fallu se pencher sur le protocole à suivre car réunir tout ce beau monde allait demander une organisation monstre. Et de nouveau, les altercations fusèrent...
« Messieurs, vous ne voudriez tout de même pas arriver à l’improviste !! »
Cette... « Phrase » était au départ, censée être une blague que l’esprit sonné par quatre heures de débats mouvementés d’un certain Général, n’avait pu s’empêcher de lancer... Au départ.
Seulement, au lieu de recevoir un regard désapprobateur ou toute autre marque d’agacement -ce qui l’aurait ravi- Jack faillit tomber à terre en voyant le visage de ce cher président s’illuminer d’un grand sourire.
Ce... « Système de sécurité... »  N’étant pas du tout dans le protocole officiel que les politiques mettaient d’habitude un point d’honneur à suivre à la lettre, O'Neill n’aurait jamais imaginé qu’on puisse le prendre au mot, ni le traiter de génie ! Comme quoi, il commençait à déteindre sur ces « coincés de la rigolade ! », comme il aimait à les appeler...
C’est ainsi que la veille au soir, O'Neill fut averti que le sommet se déroulerait le lendemain dans le secret le plus total. Même le Général Landry ne devait être au courant que lorsque leurs convives arriveraient enfin à la base.
Autan dire qu’il donnerait cher pour voir la tête que fera ce vieux Hank en les voyant débarquer !
Suivant les ordres, lui, avait quitté Washington la veille, très tard. Washington... Cette ville forçait l’étonnement tant ses parages et ses gens étaient surprenants. On y trouvait de tout, des parcs parsemés de verdure côtoyant les gratte-ciels les plus impressionnants, les pacifistes les plus délurés fréquentant  les plus farfelus des excentriques, le monde y redoublait de diversité. Quant au Pentagone, c’était le Pentagone.
L’homme soupira à cette pensée. Il savait à quoi s’attendre, en général !
Général ? Ce mot avait tendance à l’exaspérer ces temps ci. Il était loin de se douter que ça serait si dur mais il n’allait sûrement pas se plaindre car, rien ne pouvait être plus dur que d’avoir commander le SGC. Cela dit, son nouveau poste n’était pas de tout repos n’en plus mais, il s’y faisait... Il s’y faisait.
Il avait passé le reste de la nuit dans son chalet à regarder inlassablement les étoiles, une bière à la main. Aussi bête que ça puisse paraître, ça lui avait beaucoup manqué... Ce lieu lui ressemblait tellement.
Dès qu’il s’y retrouvait, il sentait tous ses muscles se dénouer un à un... Un homme comme les autres, voilà ce qu’il devenait l’espace d’un moment... Plus de « Mon Général... Que fait-on, Mon Général? ». Il pouvait s’évader loin de tout ça... Loin de son beau et grand bureau... Loin de la dure réalité !
Il pouvait alors espérer trouver le courage de continuer... Puiser dans ce qui l’entourait assez de force  pour... Oser?
Bercé par une légère brise, son esprit s’égara à de nombreuses pensées.
Même s’il se faisait une joie de revoir ses amis, il redoutait atrocement la perspective d’arriver sans prévenir... Il ne savait pas du tout comment cela se passerait et cela l’agaçait fortement. Allait-il leur sortir un « coucou les gars, c’est moi ! » désinvolte en les croisant bêtement au détour d’un couloir ?
Car la vérité, c’était qu’il ne savait plus où il en était ! Il ne voulait plus se laisser envahir par des pensées qu’il jugeait grotesques, ne plus songer à ailleurs. Ne plus penser à elle.
 
Pourtant, ce n’était pas faute d’être à des centaines de kilomètres d’elle... Les gens disent souvent : « loin des yeux, loin du cœur ! », alors pourquoi ça ne marchait pas pour lui ?!!
Ce soir là, inconsciemment, il sortit son mobile de la poche de sa veste et commença à composer un numéro. Mais très vite, il se reprit, faisant claquer bruyamment le clapet. Il vida d’un trait le reste de bière, exaspéré.
Quatre nombres...
Voilà en quoi consistait la plus glorieuse et fréquente preuve de l’incertitude et la confusion qui le tiraillaient jour et nuit. « 0... 7... 8... 4... », généralement c’est là qu’il abandonnait ou se reprenait, peu importe les mots, le fait est qu’il n’était jamais allé plus que ça. Quatre nombres qui le hantaient... Il connaissait bien entendu les autres par cœur, mais rien n’y faisait, il n’arrivait jamais à composer tout le numéro. SON numéro...  Il soupira.
Bien qu’il se soit ordonné ne plus y songer, le souvenir d’une conversation, celle qui le hantait depuis si longtemps, le nargua inlassablement...
     « O'Neill... »
     « C’est Carter, Mon Général ! »
     « Ah... »
     « Alors, comment ça va ?!! »
     « Ecoutez, Carter... j’ai le président sur la ligne deux, donc si vous n’avez que ça à me dire... »
... ... ... ...
     «... C’est bien compris, Général ! »
Bien sûr, il avait tout inventé de toutes pièces !
Au début, il faisait des efforts pour donner le change. Il l’avait même appelée deux ou trois fois, histoire de montrer que pour lui aussi, tout allait bien.
... Foutaise !
A chaque fois qu’il entendait sa voix, il avait l’impression qu’on enfonçait un peu plus le couteau planté dans son cœur. Une douleur hallucinante. Et à chaque fois, il mettait des heures à s’en remettre.
Aucun homme n’aurait pu supporter ça plus longtemps.
Alors, un jour, son ton changea. Il ne voulait plus... Il ne pouvait plus.
S’il se montrait soudain si dur, c’est parce que contrairement à elle, il ne pouvait plus lui parler comme si de rien était... Echanger des politesses puis se souhaiter bonne journée, à quoi cela rimait-il ?
Quoiqu’il en soit, depuis le fameux « C’est bien compris, Général ! », il n’avait plus reçu aucun appel... Aucun, non.
Puisqu’il s’était donné tant de peine pour obtenir ce résultat, cela aurait du l’exaucer -voire le ravir- mais étrangement, cela fut tout le contraire.
Il ne pouvait s’empêcher de songer à elle... de rêver d’elle.
Certaines fois, quand son esprit se retrouvait assailli par son doux souvenir... son image, il en venait à regretter amèrement son comportement, au point de pouvoir tout donner pour entendre de nouveau le son de sa voix, ne serait-ce qu’une seconde ! Et d’autres, quand la douleur dépassait l’entendement, quand la vision d’elle, enlacée par  « un autre » l’infestait, il se renfrognait encore plus, se répétant encore et encore qu’il avait bien fait... Que c’était la seule chose à faire.
Pour elle... Pour lui.
Il savait que même les étoiles ne sauraient lui donner le courage de se dire que demain serait un jour comme un autre. Il allait sans doute la revoir... Cela ne pouvait pas être un jour comme un autre !
Le hic c’est qu’il s’était endormi ainsi, la tête nichée dans ses bras qui reposaient sur la balustrade en bois. Et quand la douce lueur du beau soleil du Minnesota, traversa le rideau de ses yeux fermés et qu’une douleur fracassante lui torsada le dos alors qu’il se redressait enfin, les jurons fusèrent. Il avait tout bêtement une bonne heure de retard sur le planning initial...
Et comme il ne pouvait appeler pour les « prévenir... » Sa matinée fut digne d’une course contre la montre.
... ...
La montre ? ... Zut !!
Secouant vivement la tête, l’air emmêlé, Jack se remit à courir tel un forcené... Il fallait absolument qu’il atteigne cette maudite salle !
Mais soudain son regard se peignit de perplexité et c’est les sourcils inévitablement froncés qu’il se retourna vivement en arrière, son cœur se serra en croisant le regard plus qu’inquiet d’une infirmière. Furtivement certes, mais assez pour traduire l’expression de celle-ci... Bien sûr, elle l’avait reconnu... Et elle paraissait extrêmement troublée et inquiétée.
Le SGC, ce bon vieux SGC... Il se sermonna intérieurement et se contraignit à ralentir. C’était malin ! Il avait tout de même été le Général commandant cette base ultra secrète qui traite avec des extraterrestres et vit en alerte constante, quelqu’un pourrait -comme cette infirmière- mal interpréter sa présence, vu... Son état d’agitation extrême ?!
Quoi ?!! Inutile de créer une panique générale, il n’était pas venu pour ça ! S’il était là c’est pour... Pour... POUR ???!!! Ah oui, on respire, on se calme : « LE SOMMET » !!!! Se concentrer uniquement sur sa tâche était sans doute préférable pour ses nerfs ! Il ralentit le pas sans arrêter de courir pour autant... Sage décision, O'Neill ! Un ex-commandant ne court pas dans les couloirs de l’ancienne base qu’il dirigeait et surtout pas en arrivant sans prévenir !!
Tout le monde devait l’attendre, il allait passer pour  un cinglé... Un débile mental mais il allait surtout passer un SALE moment !
Il soupira encore mais bientôt, son regard s’illumina tandis que son objectif était enfin à portée de vue. Mettant un terme à sa réflexion, les vieux réflexes reprirent le dessus. Pour l’heure, il n’était pas question de réflexion mais de travail...
... Réflexion ? ... Travail? Il secoua la tête... Il venait vraiment de penser ça ????
-         « Mon Général ?!!!! »
Le souffle court, il s’appuya contre l’embrasure de la porte, amusé malgré lui par la tête déconfite du Sergent. Visiblement aussi surprises les unes que les autres, toutes les autres personnes présentes dans la salle de contrôle se mirent vivement au garde à vous...
-         « salut Siler, salut tout le monde ! »
Par un geste faussement agacé de la main, le Général leur donna congé et se massa ensuite nerveusement la nuque.
-         « ils sont tous déjà là, n’est-ce pas ? » s’embarrassa-t-il en faisant une légère moue.
Se décontractant enfin, tout le monde se permit un sourire.
-         « depuis un peu plus d’une heure, Mon Général... Contents de vous revoir ! »
Secouant la tête, l’air faussement dépité, le Général sourit finalement en arrangeant mollement sa cravate.
-         « moi aussi, croyez-moi... Je vous laisse, j’ai une fausse excuse à donner ! »
Echangeant un regard complice avec ses anciens collègues, il respira profondément et se lança dans l’escalier métallique d’un pas décontracté.
Cette -tout petite- heure de retard allait être un enfer à expliquer à ce cher président, il se réjouissait d’avance à l’idée de se faire sermonner dès son retour à Washington !!
... Certes, ce n’était pas aussi catastrophique qu’il l’avait conçu mais il aurait aimé être celui qui annoncerait la nouvelle à Landry. Il avait dû en voir de toutes les couleurs en une heure avec ces zozos ! Heureusement qu’ils doivent repartir ce soir ! Songea-t-il avec ironie.
-         « bonjour à tous ! » salua-t-il en pénétrant dan la salle de briefing. « Hank... »
-         « salut, Jack ! »
Les traits faussement contrariés devant le peu de répondant de ses – toujours aussi bien coiffés- convives, il couva la salle d’un regard scrutateur et ombrageux. Il s’avança avec assurance en s’efforçant de ne pas s’attarder sur la dizaine de regards ahuris qui convergèrent aussitôt vers lui. Et bien, ils avaient l’air... Pas content, songea-t-il en grimaçant intérieurement.  Pas content du tout !!!
Comme captant sa dernière pensée, le Général Landry leva discrètement les yeux au ciel, lui signifiant qu’il venait de vivre un enfer...
Le Général prit place en tête de table, amusé et réconforté pas l’air désespéré de son ami. Les doigts tapotant son dossier dans une danse agaçante, il s’éclaircit la gorge en les regardant tour à tour, l’air placide.
-         « Général O'Neill !! Merci de nous faire enfin grâce de votre présence ! » s’exclama sarcastiquement le Chinois, perdant patience.
Ayant obtenu ce qu’il voulait, le Général avança dans son siège et posa les coudes sur la table, l’air supérieur. Il fallait donner le ton dès le début !
-         « ... J’ai eu une panne d’oreiller ! » lança-t-il le plus sérieusement du monde, faisant s’esclaffer Landry. « Maintenant, messieurs, si personne n’a rien à ajouter là-dessus, commençons ! »
Sa voix se voulait ferme et n’admettait aucun appel. Il savait y faire avec ce genre de personnage ! Après avoir -bravement- soutenu le regard d’O'Neill l’espace d’une seconde, le délégué finit par baisser les yeux et ouvrit son dossier.
O'Neill échangea un regard entendu avec Landry puis soupira imperceptiblement. Finalement, il n’avait pas condamné un projet vital, songea-t-il avec ironie.
Les minutes défilèrent lentement, les heures aussi. Il laissa tomber sa tête contre la table, exaspéré. Il n’en pouvait plus, entre les :
      « Mon gouvernement estime avoir prouvé sa loyauté et son efficacité ! »
       « Nous ne sommes absolument pas d’accord, les fonds que nous vous versons valent bien ce léger sacrifice ! »
       « Vous n’y songez pas? Jamais mon gouvernement n’accepterait pareille chose ! »
       « L’avenir du projet « Porte Des Etoiles » nous concerne tous ! »
Et les incontournables :
       « Ne remettant aucunement en cause l’efficacité de vos hommes, ni votre travail, nous voulons juste y contribuer ! ».
Il avait l’impression qu’un orchestre avait élu domicile dans sa tête tellement celle-ci lui faisait mal... Une douleur hallucinante !
 
C’est alors que retentit le son familier des sirènes de la base annonçant une activation extérieure. Il se crispa, les yeux fermés et laissa les souvenirs affluer à son esprit... Combien de fois son cœur s’était-il emballé en entendant ce son ?
Des complications, ils en avaient vu en neuf ans... L’angoisse, la crainte, il connaissait par cœur ! Tellement de choses le reliaient à ce son qu’il ne pouvait s’en lasser. Car, ça lui rappelait aussi des choses plus gaies tel que l’espoir, le soulagement qu’il ressentait en voyant une équipe rentrer intacte -ou presque- après une mission à haut risque. La porte l’avait si souvent sauvé...
Les sourcils soudain froncés, Jack releva brusquement la tête, intrigué par le mutisme soudain dans la pièce. Il échangea un regard amusé avec Landry.
En effet, se croyant sûrement discrets, les émissaires s’agitaient sur leurs chaises en tendant le cou vers la vitre. O'Neill sourit puis se releva en tendant le bras.
Quoi de mieux qu’un tel spectacle pour donner un bon coup de fouet à ces maudites négociations ?! La Porte saura remettre tout le monde d’accord !
-         « messieurs, je suis sûr que vous pourrez mieux apprécier le spectacle d’en bas... »
Il n’eut pas à le répéter deux fois qu’ils étaient tous debout, sourires aux lèvres. Le Général Landry haussa malicieusement les épaules alors que des délégués déchaînés bousculaient un O'Neill amusé en se ruant littéralement sur l’escalier...
-         « après toi, Hank ! »
Enfin face à l’anneau de Naquadah, le Général resta un instant absent, appréciant juste cette vision... Il tourna à nouveau la tête vers ses compagnons qui regardaient le spectacle dans un mutisme religieux avec des étoiles plein les yeux, sûrement trop impressionnés pour parler, se dit-il en songeant que même lui, après des années, s’émerveillait toujours autant.
La flaque bleutée vint les éblouir récoltant une exclamation générale, et après un moment de contemplation, O'Neill interpella le Général Landry à sa gauche.
-         « qui attendons-nous ? »
-         « il y avait des ruines anciennes et des technologies intéressantes sur cette planète alors SG1 a tenu à accompagner SG8 ! »
Le Général tiqua légèrement et acquiesça simplement de la tête. Le cœur soudain plus serré et les mains crispées, il se racla discrètement la gorge. Voilà, les dés étaient jetés, il ne pouvait ni s’enfuir en courant, ni se cacher derrière Landry !!! Il allait devoir faire face et les... Affronter? Existait-il pire scénario ? Il aurait vraiment dû les prévenir de son arrivée, la situation aurait été beaucoup moins... Complexe.
... ... ...
Quelques mèches de ses cheveux blonds voltigèrent sous l’effet du courant d’air lorsqu’elle passa la Porte. Elle passa une main nerveuse dans ses cheveux, tentant de les discipliner... Puis tira sur les pans de sa veste déchirée. Elle était assez fatiguée... Très.
La tête toujours baissée, elle fit quelques pas sur la rampe métallique en soupirant. Ça lui arrivait souvent ces derniers temps... De se perdre ainsi, les yeux dans le vague. Ça lui arrivait trop souvent... Dès qu’elle osait quitter son labo. Dès qu’elle ne travaillait plus. Dès que d’autres songes s’imposaient à son esprit, l’emmenant aussi loin que son cœur le souhaitait. Lui montrant toutes les choses qu’elle aurait pu avoir... Toutes les choses qu’elle rêvait d’avoir.
Et à chaque fois, le retour à la dure réalité de son existence était si dur qu’elle en venait à s’interdire de ruminer des fantasmes aussi insensés qui n’avaient d’ailleurs aucune chance de se concrétiser... Mais ça ne marchait pas toujours, et encore moins aujourd’hui ! Cette mission avait été une horreur... Elle avait songé jour et nuit à...
-         « Jack ?!! »
Le vortex se déconnecta derrière eux, et l’archéologue, la dépassa en posant le lourd sac qu’il portait à terre, les sourcils froncés.
Cette... Exclamation la fit tressaillir, elle remarqua avec ahurissement un mouvement collectif, et réalisa, le souffle court, que tout le monde autour d’elle s’était mis au garde à vous.
Le corps droit mais la tête toujours baissée, Sam quant à elle, restait figée, les mains serrant son sac jusqu’à sentir des crampes au bout des doits...
A la simple idée que... qu’« IL » puisse être à quelques mètres d’elle, son cœur se mit à battre à se rompre dans sa poitrine et ses joues se colorèrent. Cette fois ci plus d’échappatoire possible… Elle releva la tête lentement et croisa enfin son regard… Elle l’accrocha incapable de se détourner… Ils restèrent ainsi un moment, sans ciller…
Ça faisait si longtemps.
-          « Jack ?! » répéta Daniel avec encore plus de surprise dans la voix.
 
Délaissant à regrets le bleu de ce regard troublant, le Général détourna les yeux et fixa son ami. Daniel... Ce bon vieux Daniel ! pensa-t-il, en souriant intérieurement.  
Encore un peu et son ton l’aurait vexé ! L’heure était bien loin des accolades et autres démonstrations affectives qui faisaient toute la réputation des retrouvailles ! Décidemment, il ne ferait jamais rien comme tout le monde !
-         « bonjour... »
Daniel, les yeux grand ouverts, se retourna vivement vers Sam qui déglutit difficilement. Là, elle perdait totalement pied !
Elle avait connu pire comme situation, non ?.... Non…. C’est un cauchemar… Un conte de fée... Les deux !!! Elle se disait qu’elle allait finir pas se réveiller dans son lit, bien à l’abris de cette situation pour le moins désastreuse : Il a fallu que « Jack O'Neill » débarque sans prévenir au SGC et ceci, lorsqu’elle était en SUEUR, le treillis abîmé, le visage couvert de BOUE et les cheveux collés au front !!! Mais qu’avait-elle donc fait au bon Dieu???
Malgré les efforts qu’elle faisait pour se contrôler, elle ne pu empêcher un grognement enragé de franchir la barrière de ses dents serrés. Devant son regard menaçant, Daniel préféra ne rien dire...
Quoi?!! Il était parti depuis maintenant plus d’un mois... réduisant au strict minimum tout contact avec elle, ne l’appelant que si besoin y était. Et même dans ces cas là, il se montrait détaché, indifférent et totalement impassible si bien qu’elle ne savait plus quoi lui dire ! En croisant son regard, les doutes qu’elle essayait d’ignorer, la douleur qu’elle tentait d’oublier lui revinrent... Elle se rappela les rares moments où elle lui avait parlé ces derniers mois, depuis qu’il était parti.
 
            Pourquoi était-il si dur à chaque fois, si froid ? Elle détestait cette nouvelle manière dont il s’adressait à elle !! Il agissait comme si tout le poids du monde lui tombait sur la tête par le simple fait d’entendre sa voix. Elle en avait eu marre et n’avait plus fait d’effort… Lui n’en plus, d’ailleurs. Il ne l’avait jamais rappelée ! Seuls Daniel et Teal'C lui disaient qu’il demandait implicitement de ses nouvelles... Pourquoi ? Que lui avait-elle donc fait… Ou bien peut-être… Que n’avait-elle pas fait ?... Se pourrait-t-il qu’il lui en veuille de n’avoir rien fait, après… Ahhhh, elle était vraiment ridicule de se créer tout un film dans lequel elle aurait le rôle principal !! Mais le fait est qu’elle avait beau chercher, à ses yeux, rien ne pouvait justifier autrement une telle agressivité… Avant… Oui, bien avant, c’était tout le contraire… Son sourire, à elle, il souriait avant… Mais avant quoi ? Elle s’embrouilla encore, elle avait tout simplement fini par jeter l’éponge, à quoi bon s’entêter devant tant d’impassibilité ?
Et maintenant qu’elle pensait ne plus jamais avoir affaire à lui, il était là, dans la salle d’embarquement du SGC dans son bel uniforme qui lui allait toujours aussi bien et le rendait très sé... Non, non et non !!! Pas question de dériver par là !! Elle n’allait tout de même pas flancher parce que Monsieur est... Craquant !!! « Bonjour... » Mais que croyait-il ?!! Qu’elle allait se contenter d’un « Bonjour... »?!!
Se contenter ?
Elle chassa aussitôt les pensées parasites que lui inspira sa dernière pensée en s’efforçant d’analyser avec le plus de détachement possible ce qui se déroulait sous ses yeux. L’heure n’était pas du tout aux interrogations existentielles, songea-t-elle en détaillant cela dit curieusement les personnes qui accompagnaient le Général. Et bien quel comité d’accueil !!
Enervée, elle ?! NON, elle n’était pas ENERVEE !!!! Elle fulminait, bouillait de l’intérieur, avait envie de leur envoyer à eux, son poing dans la figure et à lui, ses DEUX poings ensemble !!!! Mais à part ça, TOUT ALLAIT TRES BIEN !!!
 
Ne prêtant qu’une attention minime aux personnes qui accompagnaient son vieil ami, Teal'C quant à lui, s’avança calmement vers le Général et après avoir échangé un regard lourd de sens avec ce dernier, lui sourit en lui faisant une accolade.
-         « je suis heureux de vous revoir, O'Neill ! »
-         « merci, Teal'C... Je vois que vous avez l’air en forme ! » plaisanta O'Neill en lui faisant remarquer ses vêtement couverts de poussière et de boue.
-         « en effet... »
Il lui sourit en accrochant de nouveau son regard.
-          « Jack ?!! »
Il se retourna et croisa avec amusement le regard inquisiteur de l’archéologue.
-         « Daniel... »
-         « qu’est-ce que vous faites là ?!! » demanda l’archéologue en s’avançant à son tour.
-         « ... Je vais bien, merci Daniel !!! »
-         « Jack !! »
-         « Daniel ? »
-         « Jack !! »
-         « hum... Général O'Neill ? »
Légèrement agacé qu’on mette fin à sa passionnante discussion, ce dernier se retourna, près à aboyer quand il remarqua que les autres attendaient patiemment d’être présentés à cette équipe phare...
-         « hum, messieurs, voici SG1 et SG8 ! Les gars, je vous présente les délégués des Etats membres de la toute nouvelle Commission que nous allons créer ! » déclara-t-il avec une assurance qu’il souhaitait réconfortante.
Le Général Landry et le reste des émissaires inclinèrent la tête en signe d’acquiescement alors que les yeux de Daniel s’illuminaient d’intérêt.
Ecoutant d’une oreille distraite Daniel se présenter avec un enthousiasme non feint et saluer chaleureusement la délégation, Jack suivit du regard Carter, qui après avoir saluer à son tour la députation, se mit face au Général Landry en l’ignorant royalement.
-         « Monsieur, notre débriefing n’étant programmé que pour lundi, je désirerais prendre congé ! »
-         « accordé, Colonel... » rétorqua Landry non sans hausser un sourcil intrigué face au ton froid du Colonel Carter.
 
            Encaissant comme il put le coup, le cœur de Jack se pinça en rencontrant de nouveau le regard de son ancien second qui, après avoir soutenu son regard un bon moment, tourna les talons et sortit de la pièce d’un pas furibond. Fini la récrée, bonjour les explications ! Appréhenda-t-il en haussant simplement les épaules face au sourcil levé du Jaffa.
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... Fou? Débile? Stupide? Ou mieux... Insensé?
Il allait finir par se taper la tête contre cette maudite porte !!
Mon vieux, là t’as fait fort ! Se fustigea-t-il intérieurement.
Ah, il devait vraiment avoir l’air intelligent à rester tendu depuis maintenant...
Ouh : dix minutes et qui plus est dans le noir.
Jack O'Neill vissé devant une porte passablement close, en voilà un beau tableau !! Peut-être pourrait-il passer pour un amateur de portes ? Très courrant, non?
... Non?!!
Aberrant? Non... Pathétique !!
A trop cogiter voilà ce qu’on récoltait... Un Général de l’Us Aire Force accablé face à la désopilante quiétude d’une stupide porte... Blanche, la porte.
Il soupira... Encore.
Peut-être était-ce même trop tard pour que son élan de bêtise -voire d’audace- puisse trouver écho... Après tout, sa voiture n’était pas là et les lumières étaient éteintes. Voilà, tout était réglé alors pourquoi ne faisait-il pas demi tour ? Peut-être parce qu’il ne savait pas si c’était censé lui convenir ou bien le contrarier.
... Il ne savait vraiment plus. C’était le brouillard total. Rien, nada... niet ! Et pourquoi ne pas faire un cours de langue tant que il y était !
Ah, ce bon vieux Daniel, dire que c’est lui qui l’a poussé à faire ça ! S’il le voyait, il rirait bien !
Bon Dieu, qu’est-ce qu’il devait faire?
Il aurait peut-être du se contenter de la version : « Jack O'Neill l’impassible », non? ... Elle partie, lui s’en fichant, et voilà !!!!
Et au lieu de ça, le voilà vissé devant une porte parce que Monsieur n’a pas pu digérer le regard qu’elle lui avait lancé !!!
Non, mais il s’attendait à quoi? A ce qu’elle se jette sur lui en lui lançant un : « Mon Général, vous m’avez tellement manqué !!! »?
Pathétique O'Neill, pathétique !!!
Elle s’était barrée et lui ne l’avait pas rattrapée... Enfin, pas sur le moment parce que là, pour le coup... IL EST BEL ET BIEN DEVANT CHEZ ELLE !!!
Qu’aurait-il du faire, sinon ? S’en aller et continuer comme avant ?
Continuer à...  Ignorer volontairement ce feu qui le dévorait de l’intérieur un peu plus chaque jour ?... Essayer d’oublier ? Mais comment oublier ce qui est ancré en nous ? ... Oublier alors que l’on a vécu avec, tous les jours pendant plus de huit ans... Oublier alors que même à l’autre bout du pays, cette boule au ventre, cette anxiété... Ce sentiment de vivre avec une partie de soi en moins ne le quittait pas d’une seconde.
Comment oublier alors que l’on a côtoyé son mal jour après jour... Alors qu’on l’a vu évoluer avec brio dans la cage aux tigres... Se frayer un chemin en jouant des coudes... Marcher... Parler... Lui sourire... Hum, il s’égarait un peu là !
Il étouffait... Cette situation l’étouffait d’autan plus que tout le ramenait irrémédiablement à « ELLE » !
Elle ? Lieutenant Colonel Samantha Carter. Colonel Sam Carter. Carter... Sam. Sam...
C’était peut-être égoïste, il l’admettait. Il n’avait pas à venir la narguer comme ça après avoir maintes fois refuser de regarder en face la douleur qu’il lisait dans ses yeux... Qu’il devinait dans sa voix. Mais peut-être était-il temps que Jack O'Neill ose enfin se montrer égoïste ?
Egoïste ? Ne l’était-il pas depuis le début ?
Il s’embrouilla davantage. S’il était si convaincu que ça alors que venait-il faire devant sa porte... Il ne savait plus. Vraiment plus...
Que devait t-il faire ?
Faire demi tour ? ... Frapper ?
Frapper... Puis faire demi tour ?
Non !! O'Neill n’est pas un lâche !
Tu parles… O'Neill est embrouillé par une porte !
Non ! Ce n’est pas tant la porte qu’il redoutait mais ce qu’il y avait derrière ou précisément QUI, il y avait derrière.
Carter. Les jolis yeux de Carter... LES JOLIS YEUX DE CARTER ????!!!!! Mais bon sang, que s’était-il passé ?!!!
Ecarquillant les yeux, le sang bourdonnant dans ses oreilles, il cru qu’il allait tout simplement s’évanouir quand il réalisa qu’elle était bel et bien en face de lui... Il se raidi en retenant son souffle alors qu’il sentit une main saisir fermement la sienne et l’attirer vivement à l’intérieur. Un instant, quand il vit Carter, le regard plus impassible que jamais fermer la porte puis s’avancer vers le salon, laissant derrière elle un Jack O'Neill interdit et totalement largué, il cru tout simplement qu’il s’était bien évanoui et qu’il devait rêver. Il essayait vraiment de comprendre ce qui s’était passé mais rapidement, ses yeux le brûlèrent tellement sa vision était troublante. Hébété, il ne put empêcher plus longtemps son regard dévorant de glisser sur elle...
Grosses pantoufles jaunes, petite brassière rose et petit -très petit- shorty, elle ne devait sûrement pas s’attendre à le voir débarquer chez elle...
Bon point pour lui ! Enfin, peut-être pas après tout, songea-t-il alors que de nouveau son regard déviait vers elle. Son corps était à peine couvert et le sien n’allait pas tarder à exploser si elle continuer de bouger comme ça. Son cœur manqua un battement et il déglutit péniblement en la regardant se pencher en avant pour saisir le téléphone.  
Respire O'Neill, respire ! S’encouragea-t-il avant de se figer, retenant son souffle.  
HOMER ?! Que venait faire Homer sur les fesses de Carter ?!!! Décidemment, cette femme ne cesserait jamais de l’étonner ! pensa-t-il en déglutissant péniblement. Mais bon sang, la vraie question était : qu’est-ce que son regard à lui faisait sur les fesses de Carter ???!!!!
Sam, n’en menant intérieurement pas large quant à la présence du Général, se mit calmement à la fenêtre et tira les rideaux, laissant une douce brise pénétrer la pièce. La voix calme et détachée de Carter lui parvint alors, traversant avec difficulté son esprit enflammé. Devant sa maîtrise, il se força à se calmer... Il en avait vu d’autres !!!
-         « madame Derrick ? C’est Sam Carter... ... Oui !... ... NON !!! Non, ce n’est pas la peine d’appeler la police... ... Je vous assure, madame, je le connais ! ... ... Madame Derrick, je ne suis pas menacée, regardez... »
Elle agita sa main en regardant devant elle.
-         « vous voyez, il n’y a aucun souci ! ... ... Oui... ... Timide ?!! Euh, je ne... Hum, et bien merci encore de vous être donner la peine et bonne nuit... ... Oui, c’est cela... ... Je n’y manquerais pas... ... Bonne nuit. »
Posant bruyamment le combiné, elle tira les rideaux en soupirant puis se tourna avec appréhension vers son invité surprise.
Mais qu’était-il entrain d’attendre à rester devant sa porte? Qu’elle s’ouvre d’elle-même ? Et qu’aurait-il fait si madame Derrick -l’équivalent de la directrice de la CIA du cartier- ne l’avait pas averti qu’un homme squattait devant chez elle ?! Pas question de faiblir ! Elle lui en voulait beaucoup trop !!!!!
Et puis qu’est-ce qu’il avait à rester figé à l’entrée en la regardant avec... Envie ?!! Pourquoi ENVIE ?!!! Elle vira rouge en réalisant enfin sa tenue... Décidemment, ce n’était vraiment pas sa journée !
 
-         « je reviens !!! » lança-t-elle précipitamment en s’élançant dans l’escalier, les joues en feu.
Refermant brusquement la porte de sa chambre derrière elle comme s’il pouvait encore la voir, elle soupira bruyamment. Fébrile, sachant que ses jambes ne pourrait pas la supporter plus longtemps elle se laissa glisser le long de la porte et s’affala par terre. Saisissant son visage entre ses mains tremblantes, elle ferma les yeux pour cacher son trouble et tenter de reprendre contenance...
Mais rien à faire, les battements de son cœur se faisaient saccadés et ne se décidaient pas à reprendre un rythme normal.
Sentir son regard si chaud, si pénétrant sur elle l’avait complètement chamboulée...
Il était si... Expressif !!!
Elle se força à respirer...
Il fallait qu’elle s’enferme ici car « ailleurs », elle ne contrôlait plus rien... Sa vie n’était que l’ombre de ce qu’on lui dictait. Sa vie suivait sagement la ligne droite tracée à son intention alors qu’elle rêvait d’ailleurs. Ici au moins, personne ne saurait... Personne ne verrait.
Ici, elle était invisible... S’accordant à merveille avec le décor.
Elle se releva dans un effort suprême et fit quelques pas hésitants. Cela dit, les battements de son cœur s’affolèrent de plus belle et portant une main nerveuse à sa joue, elle esquissa finalement un sourire en se regardant dans la glace. Cela faisait si longtemps qu’elle ne l’avait pas vu... Et il était toujours aussi... Aussi O'Neill !!
Pour une fois qu’elle avait décidé de jouer la carte de celle qui n’était pas mais alors pas du tout contente, voilà ce qui arrivait ! Elle battait en retraite, trahie par ses sous-vêtements ! Mais qu’est-ce qui lui avait pris d’aller ouvrir dans une tenue pareille ?!
 Qu’est-ce qui lui avait pris ?
Le tableau était somme toute assez risible : (elle en colère + un pot de glace enlacés sur son canapé fétiche) + film à l’eau de rose = soirée déprime à l’horizon ... →  (un coup de fil + une simple description) = la certitude bouleversante que Jack O'Neill était derrière SA porte ! Pas le temps de réfléchir, elle avait agi comme toute femme en colère aurait agi : Elle a foncé sur la porte !!!!!
Quoi ?!!! D’accord, elle n’était pas au summum de sa logique mais situation critique oblige !
Nerveuse, les mains tremblantes, elle réussit enfin à ouvrir son armoire : trouver quelque chose à mettre allait être un enfer !! Et puis zut : bagui taille basse, bustier rose assez... Quoi? C’était quand même Jack O'Neill qui poireautait dans son salon ! Elle se devait d’être un minimum... Présentable ! -voire sexy-.
Elle les enfila rapidement, passa devant le miroir et dévala les escaliers... Elle ne voulait surtout pas qu’il croie qu’elle se donnait du mal pour lui !
Faisant volte face, elle les remonta aussitôt. Bon sang, elle avait remit ses maudites pantoufles ! Mieux : bon sang, il l’avait vu dans CES pantoufles !!
Elle les envoya valser d’un mouvement brusque et fouilla la pièce à la recherche de LA paire de mules... Aucune trace, portée disparue... Ahhhh : voilà, parfait !
Passant encore une fois devant le miroir, elle redescendit les escaliers avec moins... D’empressement, et arrivée en bas, elle resta interdite.
A gauche? A droite? Nulle part... Il n’était pas PARTI quand même?!!! Elle serait capable de le poursuivre et de mettre en exécution les envies meurtrières qu’il lui inspirait ces derniers temps !! Enfin quoi? D’accord, elle lui en voulait mais elle ne voulait pas qu’il parte... Elle ne l’avait vu que deux secondes et elle voulait plus !! ...C’était l’effet Jack O'Neill !
Elle se retourna brusquement à gauche.
 
-         « ici... » lui avait-il lancé en sortant de la cuisine.
Il ôta sa -terrible- veste et s’installa nonchalamment dans SON fauteuil avec SON pot de glace à la main et une cuillère dans la bouche. SA cuillère ?!!!
-         « salut, Carter ! » rajouta-t-il d’un ton détaché en relevant enfin les yeux vers elle.
Mauvaise, très mauvaise idée, O'Neill !!
Les mains sur ses hanches, ses yeux lançaient des éclairs. Non mais il ne croyait tout de même pas qu’il allait s’en sortir aussi facilement... « Salut Carter ! » et puis quoi encore?
Il grimaça légèrement, il s’était pourtant formellement interdit de lancer ça, mais c’était sorti tout seul. Il devait sûrement encore être sous le choc de la vision précédente, quoiqu’ avec ce qu’elle portait là, ses affaires ne s’arrangeaient pas.
-         « alors, qu’est-ce que je peux pour vous, Général ?!! »
Ouille ! Il se demanda si c’était son ton glacial ou bien l’oubli du fameux « Mon » devant Général qui avait fait le plus mal. Directe la Carter ! Autant pour lui...
Doucement, il se releva, posa le pot qu’il tenait sur la table basse et la fixa intensément... Il ouvrit la bouche, la referma hésitant sur la marche à suivre.
Certes, elle avait l’air moins en colère que tout à l’heure mais il réalisa que lui l’était nettement plus maintenant. Il était en colère contre lui-même, oui ! Qu’est-ce qui lui avait pris ? De quel droit débarquait t-il comme ça chez elle, en pleine nuit après plus d’un mois d’absence?
Pourquoi diable jouait-il à se torturer alors que le fossé qu’il s’était efforcé de créer entre eux risquait de fondre à son contact... Un sourire et la forteresse chavirait. Il ne fallait pas... La douleur n’en serait que plus forte. Pas maintenant car il n’aurait plus la force de se relever... De tout refaire.
Pas maintenant alors que céder paraissait si tentant... Si évident.
Il fallait qu’il s’en aille... Il ne supportait pas son regard. Il étouffait... Il avait l’impression que dès qu’il commençait à oublier, dès qu’il s’éloignait d’un pas... Ça lui revenait en pleine figure ! Non mais qu’avait-il cru ? Que cela serait facile de faire comme si de rien n’était ? Venir la voir, papoter un peu et puis repartir? Que cela suffirait à atténuer le malaise ?
Il avait voulu voir de ses propres yeux qu’elle était bien heureuse... Heureuse et cela même sans lui. Après ça, les choses auraient sûrement été moins voilées...
Il fallait se rendre à l’évidence... Que ferait une belle femme, adorable, talentueuse, intelligente, drôle et Colonel dans l’Us Air Force avec un vieil ours comme lui ?! La question ne se posait même pas... Il n’était et ne serait jamais digne d’elle.
C’était ainsi et ça le resterait sans doute toujours... Tout ce qu’il pouvait faire c’était de continuer à veiller de loin... Juste ça. Qu’était-il allé à penser ?!
Il soupira...
Tout ça parce qu’il avait eu l’ingénieuse idée d’inviter Daniel à sortir...
C’est là qu’avec un p’tit verre de trop additionné à sa formidable subtilité, Daniel s’était mis à parler de Carter... Il lui avait dit entre autre qu’elle s’abrutissait au travail et qu’elle lui avait appris que ce... « Pete » était en mission sur Denver et qu’elle ne pensait pas qu’il rentrerait de sitôt. Il avait bien entendu feint de se désintéresser royalement à ce que lui racontait Daniel. Feint, le mot était juste car il bouillait littéralement de l’intérieur. Comment ce... « Type » osait la laisser seule après une période pareille ?! Elle avait sans aucun doute besoin de soutien, de réconfort et lui... Partait en mission.
... Sarah. Lui aussi lui avait fait ça. Mais lui, c’était différent, lui voulait mourir.
Il entendait encore Daniel lui dire de profiter de son absence pour se rapprocher d’elle car ils agissaient tous deux -lui et Carter- comme des gamins à la maternelle et que c’était à lui d’agir... De faire changer les choses en sa faveur, que s’il voulait finir tout seul, c’était bien parti. Il avait bien sûr démenti ses dires. Bien sûr... Qu’aurait-il pu faire d’autre?
Daniel s’était alors impulsivement lancé dans un monologue déchaîné, mettant un point d’honneur à analyser leur... « Non relation », comme il le disait si bien, ignorant  toutes ses protestations pour ne pas dire « menaces ! ».
La seule et unique porte de secours que son cerveau tambouriné avait alors brillement trouvé était de lâcher LA PHRASE qui n’aurait jamais du franchir ses lèvres...
« Je  lui  parlerai ! »
Et ça avait marché ! L’archéologue s’était immédiatement tu, sûrement aussi surpris que lui par cette... « Bafouille? ».
Et maintenant, il avait ce qu’il voulait, elle était furieuse après lui, juste ça.
Elle, le regard imperturbable attendait sa réponse sans ciller... Elle tenta de déchiffrer son regard... Elle ne trouvait pas de douleur dans ses yeux chocolat qu’elle affectionnait tant, ni de lueur malicieuse, celle qui lui emplissait le cœur d’un bonheur unique, d’une chaleur intense... Les battements de son cœur s’accélérant et ses mains devenant moites... Ses lèvres s’étirant malgré elle, se tendant vers lui en un sourire... Un sourire qui n’appartenait qu’à lui. Perdue dans la contemplation de ce visage aux traits tendus, elle se demandait pourquoi diable il ne s’énervait pas? Pourquoi ne la remettait-il pas à sa place en lui rappelant leurs grades respectifs ? Pourquoi ne répondait-il pas? Pourquoi commençait-elle à regretter le ton qu’elle eut employé alors qu’aucun signe d’éventuel trouble ne traversait son vissage si désespérément lisse?
Elle sentit ses vives résolutions faiblir. Le cœur soudain empli de regrets, son regard s’adoucit et lentement, elle baissa les bras.
Il avait tout de même fait le geste de venir la voir et elle devait s’avouer qu’elle était plutôt heureuse de sa présence. Mais vieux réflexe oblige, elle voulait sa réponse.
Au fond, elle savait que si elle était partie précipitamment -pour ne pas dire s’est enfuie- c’est qu’elle ne voulait rien comprendre, elle ne voulait pas de confrontation. Elle savait qu’il allait repartir pour Washington. Alors elle a agi en regardant au loin, elle allait de toute façon souffrir... Le fait de le voir en soi était une vraie douleur, alors autant le détester... Peut-être que si elle le détestait assez fort, elle pourrait oublier la douleur... L’oublier.
Il l’avait bien oubliée, elle.
Déroutée par leur échange de regards égarés, indéchiffrables ou rancuniers, elle se demandait où était donc passée LEUR ancienne complicité? En restait-il seulement un semblant d’empreinte?
Comment avait t-elle pu laisser faire ?
Elle n’avait pas vu le coup venir... Ou bien s’était-elle efforcer à regarder ailleurs, refusant d’admettre... La réalité. Sa réalité. Leur réalité. Bien triste d’ailleurs...  
Quand diable leur entente avait-elle bien pu disparaître sans qu’elle ne se rende compte de rien ?
Evaporée? ... Evanouie? ... Effacée?
Par qui? ... Par quoi?
Pourquoi? ... Oui, pourquoi lui avait-on enlevé ce peu qui lui tenait tant au cœur? Pourquoi n’arrivait-elle pas à lui en vouloir ?
Personne d’autre n’avait cet effet la sur elle... Pas même Pete.
Pete... Son EX fiancé.
Pourquoi diable n’avoir rien dit ?
    « Pete m’a donné ça... »
    « Je ne serais pas là... »
...
    « Pete... C’est oui, c’était ça ma réponse. »
    « Oui? Mais c’est génial... »
...
    « Je vous remercie, Monsieur. »
    « Pourquoi? »                        
    « Parce que vous êtes là quand j’en ai besoin. »
    « Je serais Toujours là... »
...
    « Attends, Pete ! »
    « Au revoir, Sam... »
...
    « Je pars... »
    « Prenez soin de vous... »
Elle avait dû faire des choix et dans les deux cas, dire qu’il n’y avait été pour rien serait... mentir. SE mentir.
 
     « Sam, comment va Pete? »
     « Oh... Il est en mission, à Denver. »
     « Ah? Et il revient bientôt? »
     « Non... Enfin, d’après lui ça prendra du temps... Vous savez ce que c’est ! »
     « Hum, bien sûr... Je comprends. Si vous avez besoin de... »
...
     « Je sais... Merci, Daniel. »
Pourquoi n’avoir tout simplement dit : « non seulement il n’y a plus de mariage en vue, mais en plus il n’y a plus de Pete, il n’y a plus de fiancé ! »?
Tout aurait été tellement plus simple ! Enfin, ça aurait été moins compliqué que la situation actuelle !
La fierté... Une arme à double tranchant... La faiblesse humaine et sa force. Elle ne voulait pas qu’on s’apitoie sur son sort. Elle ne l’aurait pas supporté. Mais elle supportait encore moins son absence à LUI. Pourtant, elle savait qu’il avait fait ce qu’il devait faire : accepter cette affectation. Il était clair qu’il s’ennuyait dans son rôle de bureaucrate et que sa place était là-bas... Que personne d’autre ne saurait faire ce travail mieux que lui. De plus, à Washington, il y avait Kerry... Il a fait d’une pierre deux coups !!
Et puis qu’aurait-elle répondu si on lui avait demandé pourquoi ? Pourquoi avoir rompu ?
« Oh, finalement, je me suis rendue compte que je faisait une énorme boulette ! »
Pourtant... Ce qu’elle savait c’est qu’en rompant avec Pete, elle risquait de condamner ses minces chances de vivre ce que la plus banale des femmes rêverait de connaître... Un amour en apparence parfait. En apparence...
Pourtant... Il était un homme charmant. Un homme honnête et travailleur. Il avait bon caractère, drôle et bon vivant Il avait ses défauts comme tout le monde mais avec lui au moins elle se sentait vivante, aimée et désirée. Il était tout à fait adorable avec elle, sincère et prévenant. Le genre d’homme que toute femme un tant soit peu censée s’acharnerait à garder auprès d’elle pour toujours.
Alors pourquoi?... Pourquoi s’y être refuser ? Cet homme là pouvait la rendre heureuse. Il l’aimait, elle le savait, et elle l’aimait aussi. Elle l’aimait, c’était vrai... Mais, ce n’était pas pareil. Cet amour là était tendre, calme et prudent, passif presque.
Ce n’était vraiment pas comparable.
Ça ne le sera jamais...
Au fond, elle n’avait pas eu le choix, elle n’était pas comme les autres femmes. Elle, connaissait des gens dont personne ne soupçonnait l’existence. Des personnes peu ordinaires... Des êtres plus surprenants les uns que les autres. Des endroits fabuleux et d’autres infernaux... Les autres femmes; connaissaient-elles ce qu’elle, vivait quotidiennement?
Pas de goaul’ds... Pas de portes des étoiles cette fois, elle parlait de l’autre chose... Celle qui n’a jamais existé officiellement. Celle qui lui tordait à cet instant même l’estomac...
Dans l’état où elle se trouvait avant, elle n’aurait pas pu tenir longtemps... Trop de secrets... Trop de retenue... Trop de peine.
A croire qu’elle s’était habituée à vivre avec une plaie ouverte chaque que cette vie lui imposait.
Cette boule au ventre... Cette angoisse... Cette peur. Tout ça était ancré en elle depuis longtemps déjà. Et maintenant il était là si proche et pourtant...
Non, finalement... Elle connaissait déjà la réponse.
Elle le vit poser la cuillère qu’il tenait toujours dans sa main sur la table et relever les yeux vers elle.
Il soupira en baissant la tête.
-         « je crois que je n’aurais pas dû ... »
Elle écarquilla les yeux... Quoi?!!  NON !!!!!!!!!!!!!
Le coup du téléphone qui sonne, ça n’arrivait qu’à la télé !!
Bon Dieu, mais laissez-le finir sa phrase !!! Pas dû, quoi? Partir? Venir? Vous traiter comme une moins que rien ?
Fermant les yeux d’agacement, l’homme grogna presque, lui adressa un regard désolé et sortit l’objet maudit de la poche de sa veste.
Sam, dépitée et rassurée en même temps, releva les épaules d’un geste désinvolte et se laissa aller contre un fauteuil. Elle soupira en regardant l’homme faire quelques pas puis répondre d’un ton rageur.
-         « quoi ?!!! » avait-il hurlé. « MAJOR, j’avais dit qu’on me dérange pas !!!! ... ... Non, je suis toujours au Colorado... ... Je croyais qu’on s’était chargé de ça... »
Il grimaça en portant la main à son visage...
-         « ... ... J’attends... ... Et bien vous voyez !! ... ... Ce n’est rien, tâchez seulement de vérifier avant de m’appeler la prochaine fois... ... Quoi encore, Major?! ... ... Clackson qui ça ?! ... ... Jamais entendu parler ! ... ... Bien, vous n’avez qu’à me faxer ça au domicile de Samantha Carter... ... Colonel Sam Carter, oui ! ... ... Le numéro est dans mes contacts personnels ! »
Il se retourna vers elle et soupira en portant son autre main à sa nuque.
-         « ... ... Oui, Major, celle qui a fait exploser une étoile !! »
Sam ne pu s’empêcher de sourire en le voyant écarter vivement le mobil dans son oreille alors une exclamation spontanée accueillait cet aveu... Il grimaça alors que le Major continuait dans sa lancée, ventant les mérites de Carter... 
-         « Major... Major... Major !!! » s’écria-t-il, passablement agacé en échangeant un regard furtif avec Carter. « vous savez quoi, si vous ne m’appelez plus, je vous promets que j’essayerai de vous ramener un autographe dédicacé spécialement pour vous... ... Si, je vous assure... ... Une photo ?!! Et puis quoi encore, Major !!! ... ... Non, je ne vois rien du tout !! ... ... Oui, je lirai mes Mails... bien, à lundi ! »
Il respira profondément et se retourna vers elle...
-         « désolé, je ne vous ai même pas demandé votre autorisation... » s’excusa-t-il en faisant un légère moue.
Elle se releva et avança vers lui.
-         « ce n’est rien, faites comme chez vous... » rétorqua-t-elle sur un ton neutre.
-         « écoutez, Carter... » commença-t-il avec un certain embarras. « je... Je vois bien que vous m’en voulez !»
-         « c’est vrai. Je vous en veux. » reconnut-elle l’air détaché.
Au moins comme ça, c’est clair ! Se dit-il en grimaçant.
-         « ce n’était pas une simple étoile, c’était un soleil !!! » rajouta-t-elle, cela dit.
 
Un instant, il avait tout simplement cru avoir mal entendu mais quand il rencontra son regard, il su... Il sut qu’elle avait compris. Il sut qu’elle n’enterrait pas la question mais qu’elle lui laissait le temps de trouver... Les mots et le courage, la force de les dire. Il avait alors oublié tout ce qui l’entourait. Seule comptait cette être chère qui lui faisait face. Seul comptait ce regard pétillant d’une douce ironie qui lui réchauffait le coeur... Seuls importaient ses lèvres entrouvertes qui lui asséchaient la gorge. Rien ne lui importait plus que la vision de son Colonel. Bon Dieu, elle lui avait tellement manqué...
Et puisqu’elle ne le rembarrait pas, qu’au contraire, de par son regard rieur, elle faisait taire en lui toute angoisse, toute appréhension, apprivoisant ses doutes et ses craintes les plus coriaces. Puisqu’elle agréait son air embarrassé et gêné d’un irrésistible sourire... De quoi diable allait-il se plaindre?
Cet... échange pour le moins troublant était déjà à lui seul un pas de géant dont, quelques minutes plus tôt, figé devant une porte, il aurait vite répertorié la vraisemblance au rang de « l'inconcevable ! » ou bien à celui du « tu peux toujours rêver mon vieux ! » beaucoup moins plaisant, cela dit. 
-         « et pour l’autographe, ça dépend... » poursuivit-elle en faisant mine de réfléchir. « ... qu’est-ce que j’aurais en retour ? » l’interrogea-t-elle avec un sérieux qui contrastait merveilleusement avec la légèreté évidente de ses paroles.
            Ecarquillant les yeux de plus belle, il ne put se retenir plus longtemps et éclata de rire. Se cambrant, il grimaça en se tenant les côtes sans pour autant s’arrêter... C’était un rire franc... Flottant presque.
Dieu qu’il aimait quand elle était comme ça. Malicieuse et joueuse. Il aimait ça d’autant plus que ses petits instants se faisaient de plus en plus rares... Comme s’ils s’éteignaient doucement. Douloureusement...
Creusés par l’injustice et la fatalité de la vie, ils s’étaient éloignés l’un de l’autre, c’était un fait.
Seulement, aujourd’hui, là, tout de suite, elle affichant un air faussement vexé et lui riant de sa mimique... Ils étaient plus proches que jamais.
-         « soit, Mon Général... » fit-elle, l’air faussement vexé. « je me vois dans l’obligation de refuser ! » poursuivit-elle tandis qu’il tentait tant bien que mal de reprendre un peu de sérieux. Il était si adorable quand il riait...
-         « non !... Carter, voyons... » tenta-t-il alors que le rire le gagnait de nouveau, notant avec plaisir le retour du « Mon » devant Général ! Il en avait besoin, il devait évacuer toute la tension accumulée depuis ses derniers jours et vu son regard adorablement plus complice, elle aussi en sentait le besoin.
-         « Mon Général...» menaça-t-elle alors qu’un sourire énigmatique venait étirer ses lèvres. Comment lui résister? Pensa-t-elle en secouant la tête...
-         « bien, bien... J’arrête. » se reprit-il tant bien que mal en se tenant douloureusement les cotes. « vous aurez ce que vous voudrez ! » lança-t-il du tac au tac.
-         « tout ce que je voudrais ?! » s’empressa-t-il de noter, une lueur délicieusement espiègle dans les yeux.
-         « tout ce je pourrais vous donner... » rectifia-t-il, souriant du sous-entendu.
-         « je crois que... Ça me va. » déclara-t-elle en souriant avant de s’engouffrer dans la cuisine.
-         « ayez pitié de votre vieux Général, Carter ! » ironisa-t-il en levant les yeux au ciel, inquiété par son air satisfait.
Il appréciait vraiment son geste, surtout qu’elle était en position de force et elle le savait bien. Qui l’eut cru? Carter jouant de l’humour pour détendre l’atmosphère. Pour l’aider...
Ses sourires lui manquaient... Leur ancienne complicité lui manquait... ELLE lui manquait, c’est évident maintenant ! Malgré tout, une partie de lui ne voulait pas céder ! Ce dont il était sûr c’est qu’elle avait le droit au bonheur et qu’elle le méritait largement !
Seulement lui... Lui, voulait seulement pouvoir enfin mettre un nom sur ce qu’il avait lu dans ses yeux un peu avant, et cela sans avoir à se traiter de malade mental.
Pourquoi être partie ? Pourquoi avoir eu l’air si troublée ? Pourquoi son regard lui avait-il déchiré le cœur ?
Pourquoi s’interdisait-il de concevoir la réponse...
-         « vous savez... » l’entendit-il lancer alors qu’elle revenait vers lui avec deux bières fraîches. « ça fait... Ça fait du bien... »
Confuse, elle s’interrompit une fois face à lui, ne sachant plus quoi dire... Une minute avec lui et elle perdait déjà la tête ! Elle voulait juste qu’ils trouvent un équilibre... Qu’il puisse parler de tout et de rien et qu’en même temps, ils se livrent pleins de choses ! Elle ne voulait pas le brusquer, ni l’effrayer... Ni le mettre au pied du mur car d’un certain coté... Ils savaient qu’ils y étaient déjà tous deux.
Mais contre toute attente, il en avait décidé autrement...
Eh oui, lui qui aime tant se défiler de ce genre de situation par un sarcasme ou en lançant l’une de ses blagues terribles !
-         « ... Quoi donc ? » lui avait-il lancé d’un ton détaché en lui prenant une bière des mains, frôlant volontairement ses doigts.
Elle baissa la tête, tentant de cacher du mieux qu’elle put son trouble et ramena une mèche imaginaire derrière son oreille d’un geste nerveux, sachant très bien qu’elle avait toute son attention. Allez, lance-toi ma p’tite ! S’encouragea-t-elle.
-         « ... De vous voir rire aussi franchement... » Souffla-t-elle, hésitant. « Dommage que ça soit si rare... » rajouta-t-elle à voix basse plus pour elle que pour lui.
Mais il avait entendu, bien sûr qu’il avait entendu...
« Ça fait du bien... De vous voir rire aussi franchement... Dommage que ça soit si rare... »
Ces paroles allaient et revenaient dans sa tête... Mais il ne répondit rien. Qu’aurait-il pu répondre à ça ?
Sa phrase en elle même résumait tant de choses...
... Seul un sourire reconnaissant vint barrer son visage.
Les joues rosies, elle releva enfin la tête et voyant le sourire malicieux qu’il affichait, son visage se fondit naturellement d’un sourire soulagé.
Et cette réponse lui suffit... Jack O'Neill n’était pas le genre à faire de longs discours... Mais elle avait saisi.
Elle soupira d’aise... Elle aimait être près de lui. Elle se sentait toujours bien près de lui... Comme une évidence.
-         « un dîner ? » murmura-t-elle d’un ton intime après un instant de silence.
Il cligna des yeux.
-         « un dîner ? » reprit-il sur le même ton, tentant de se rappeler ce que pouvait bien signifier ce mot...
 
Tout ce qui n’était pas elle, lui paraissait complètement flou... Banal et sans intérêt.
 
-         « tous les deux ?! » rajouta-t-il cela dit, craignant avoir mal saisi.
Si elle parlait bien de ce qu’il lui avait promis, ce -petit- détail risquait d’être capital... Et si elle ne répondait pas tout de suite, son cœur à lui risquerait d’exploser !
-         « ... Vous et moi. » lui confirma-t-elle d’une voix timide.
Au regard qu’il lui lança, elle se troubla et lui indiqua maladroitement le sac qu’il avait posé près de sa veste sur le canapé.
 
-         « vous avez sûrement envie de rentrer chez vous mais... Comme il est déjà tard et que vous n’avez pas votre voiture, vous... Vous n’avez qu’à rester dormir ici cette nuit ! Vous pourriez vous rendre au Minnesota demain ? » s’entendit-elle proposer malgré elle.
Elle avait lancé ça d’un trait, ne prenant même pas le temps de respirer entre deux... BAFOUILLES ????? Elle se contraignit à rester calme alors que son esprit s’aventurait déjà à explorer le double sens de ses propos. Cela dit, ne pouvant supporter plus longtemps son regard, elle baissa aussitôt les yeux, une bouffée de chaleur lui affolant le cœur.
Respire... Expire... reste calme, Sam ! Ce qu’elle avait dit était clair, très clair : Lui, elle, dormir... Sous le même toit ! CLAIR ?!!
Il y eut un instant de silence qui lui paru durer une éternité durent lequel, le Général la considéra intensément partagé entre la surprise, l’appréhension et... La joie ? Bon Dieu, Carter l’invitait à rester dormir chez elle... Y avait de quoi !!!! Même dans les scénarios les plus optimistes qu’il s’était fait une joie de concevoir un peu avant, à contempler une jolie porte, jamais il n’avait pensé qu’elle puisse lui demander de rester dormir !!
-         « à une seule condition... » répondit-il alors qu’elle relevait sa jolie tête blonde. Ses joues rosées et son air gêné lui donnaient un charme fou !
L’espace d’un instant, elle cru avoir été trop loin... Trop vite ? Elle l’avait quand même invité à rester dormir !!!! Mais au ton de sa voix et au léger sourire... Presque imperceptible pour quelqu’un qui ne le connaîtrait que peu, ce sourire plein de malice et d’ironie. Ce sourire qui le rendait plus abordable... Tellement plus accessible.
Ce sourire si rare. 
En le voyant ainsi, un fin sourire vint étirer les lèvres de Sam alors que son regard se voulait rassuré... Elle accrocha un instant son regard... Il avait le don de dénouer les situations -critiques ?- en jouant de l’ironie ou de la dérision même quand il n’y en avait pas. C’était tout lui ! Mais au fond, peu importait, elle voyait bien à son regard qu’il était touché... Elle le connaissait bien.
Peu importait.
-         « je croyais que c’était à moi de vous demander ce que je voulais?! » rétorqua-t-elle ironiquement.
Il baissa légèrement la tête vers elle.
-         « vous venez avec moi, demain... » lui dit-il en la regardant droit dans les yeux.
-         « avec vous ?!! » balbutia-t-elle, confuse. « où ça?! »
-         « chez moi... »
-         « à la pêche ? » s’intrigua-t-elle en fronçant le nez.
-         « pas forcément... » lui sourit-il, les yeux pleins de malice. « Il y a plein de choses à voir dans le coin ! »
Ils étaient près de la fenêtre, leurs visages à quelques centimètres et se regardaient malicieusement.
-         « hum... » acquiesça-t-elle de la tête en notant avec délice l’espièglerie de son sourire en coin. « D’accord, marché conclu ! » rajouta-t-elle en souriant.
-         « parfait ! » dit-il en joignant les mains, l’air satisfait.
-         « Mo... Mon... Gén... Mon Général ?! » barbota-t-elle déconcertée, alors qu’il se penchait dangereusement sur elle. Lui ne s’arrêtait pas mais son cœur à elle n’allait pas tarder à le faire s’il continuait à s’approcher comme ça. t’en as de bonnes ! Pensa-t-elle. Pourquoi tu ne bouges pas si la situation te déplaît tant que ça !
-         « Carter... » chuchota-t-il sensuellement à son oreille la faisant tressaillir malgré elle. « j’ai eu le droit à des accolades, une tape sur l’épaule, plusieurs mains serrés… Vous ne pensiez tout de même pas pouvoir y échapper?! » conclut-il alors que d’un geste doux, il referma ses bras autour d’elle, l’étreignant tendrement.
Rougissant de plus belle sous l’effet de cette attaque surprise, elle tenta vainement de reprendre contenance et de calmer les battements déchaînés de son cœur... Et la réaction instantanée de son corps.
Ainsi courbé sur elle, elle pouvait sentir son souffle chaud venir s’écraser voluptueusement contre sa nuque... Les effluves de son parfum venaient l’enivrer de leur senteur ô combien familière, lui faisant perdre pied, noyée dans cet océan de sensations... La chaleur de ses mains se diffusait dans son corps à travers le fin tissu qui les séparait de son dos.
Elle gémit doucement…
Elle aussi avait envisagé leurs potentielles retrouvailles... Elle ne saurait dire le nombre de fois où elle s’était allée à imaginer des scènes plus risibles les unes que les autres ! Mais là, pour le coup, elle réalisa que rien de ce qu’elle avait imaginé n’aurait pu égaler ces sensations... Peut-être parce qu’elle ne s’y attendait pas ? Ou peut-être simplement parce que c’était lui... Qu’elle était dans SES bras.
 
Les bras ballants le long de son corps, devenue aussi molle qu’une poupée de chiffon, elle grogna en le sentant s’écarter d’elle, souhaitant mettre fin à ce moment ô combien attendu...
Bon d’accord, il ne l’avait pas embrassée fougueusement en lui sortant une phrase du type : « je t’aime, je ne veux plus te quitter ! » mais peu lui importait, c’était quand même Jack O'Neill et elle voulait profiter encore de sa chaleur ! Alors d’un geste impulsif, elle inversa les rôles et le plaqua littéralement contre elle en emprisonnant ses larges épaules dans l’étreinte de ses bras tremblants.
Ne s’attendant certainement à ce genre de... Démonstration affective?!! Il se retrouva collé de tout son long à son ancien second...  Sa tête, naturellement nichée dans son coup, s’élevant au rythme irrégulier de sa respiration lui faisant oublier tout ce qui n’était pas elle. Toutefois, craignant s’être -plus vraisemblablement- affalé sur elle, vu la myriade de sensations qui lui faisaient tourner la tête, il tenta de se redresser et se faisant il réalisa la ténacité des bras frêles qui le détenaient. Incrédule, craignant de rêver éveillé, il cligna des yeux plusieurs fois alors que la chaleur de ce corps tant désiré lui faisait désespérément perdre le peu de raison qu’il s’acharnait à garder. Il retint son souffle en sentant soudain l’une de ses petites mains remonter lentement pour venir à la rencontre de sa nuque et s’y échouer... N’y tenant plus, il ne put retenir un soupir d’aise et referma ses bras sur elle, répondant volontiers à son étreinte.
Il était tellement bien dans ces bras doux et précieux. Les siens. Pas ceux d’une autre... Les siens.
Elle avait su le rassurer... Elle avait su lui dire qu’elle aussi... Qu’elle aussi en avait besoin.  
-         « ... Dites, Carter ? » chuchota-t-il soudain en faisant glisser ses doigts dans ses cheveux blond.
-         « hum ? » dit-elle sur le même ton en frissonnant sous l’effet de sa douce caresse.
-         « ... Votre pot de glace était certes... Délicieux, mais il me faut un repas consistant, moi ! ... On se commande des pizzas ? » proposa-t-il en l’écartant doucement.
Elle redressa la tête, surprise par le changement brusque de sujet et plongea de ce fait dans un regard chaud aux reflets délicieusement chocolat... 
-         « vous êtes le seul que je connaisse qui considère une pizza comme un repas consistant ! » lança-t-elle, le regard rieur.
-         « seriez-vous entrain de vous moquer, Colonel Carter ? » fit-il en levant un sourcil à la Teal'C.
-         « en effet, O'Neill ! » lui confirma-t-elle en prenant une voix grave.
-         « je me vois donc dans l’obligation de vous démembrer ! » poursuivit Jack, imitant à merveille l’expression du Jaffa.
Cette fois-ci, elle ne put se retenir et éclata d’un rire enjoué, s’amusant de sa tête déconfite et de son air faussement réprobateur. Elle s’éloigna de lui en riant. Mais quand elle voulu se saisir du téléphone, celui se mit à sonner... Perplexe, elle allait décrocher quand elle sentit un bras la retourner, stoppant son geste. C’était lui.
 
-         « je vous parie que c’est pour moi... » lui dit-il avec un regard entendu.
-         « allez-y... » sourit-elle en s’écartant. « je vais vous chercher mon ordinateur portable ! »
-         « merci, Carter... » dit-il simplement. Il décrocha.
-         « oui ?...... Non, ce n’est que moi...... Vous êtes déçu, Major ?! » se moqua-t-il.
 
Elle sourit à pleine dents puis s’engouffra dans l’escaliers pour redescendre aussitôt, l’ordinateur en main. Amusée, elle le vit rouler les yeux, visiblement agacé par son interlocuteur...
Elle posa l’ordinateur sur la table de la cuisine et lui fit signe de l’y rejoindre dès qu’il aura fini, il acquiesça. Des pizzas à dîner? Mieux valait qu’elle leur fasse elle-même à manger...
-         « mais bon sang, Major ! Envoyez-moi ce fax qu’on en finisse !! » s’écria-t-il, perdant patience. « bien, je vous donne le signal... »
Le sourire amusé de Sam se figea lorsqu’elle ouvrit le frigo. Dépitée, elle fronça les sourcils en se demandant ce qu’elle allait bien pouvoir leur préparer de comestible avec le pot de chocolat à tartiner et la barquette de beurre qui se disputaient férocement la place.
Elle soupira en entendant ses pas familiers se rapprocher et se retourna, s’appuyant contre le meuble. Il s’assit machinalement à table, absorbé pas la lecture du document qu’il avait entre ses mains et marmonna quelque chose qu’elle ne comprit pas.  
-         « je vous ai sauvé la vie ! » déclara-t-il soudain d’un ton fier en relevant le nez de sa feuille.
-         « de quoi parlez-vous ? » demanda-t-elle intriguée.
-         « bah... Du Major Norman, vous n’auriez pas tenu deux minutes si vous auriez répondu ! »   
-         « c’est à ce point là ? » se moqua-t-elle, en riant doucement.
Pour seule réponse, il haussa les épaules en grimaçant. Au fond, il l’aimait bien...
-         « des pâtes blanches, ça vous dirait, Mon Général? » proposa-t-elle en croisant les doigts dans son dos.
-         « je suis affamé, Carter ! Je pourrais même manger du concombre ! » s’exclama-t-il d’un ton pleureur.
-         « du concombre? » nota-t-elle, souriant. « vous n’aimez pas ça? »
-         « non ! » grimaça-t-il. « j’ai toujours détesté les concombres. Ils sont si... Amers et puis... Verts ! »
-         « c’est toujours bon à savoir ! »
Elle ria encore, amusée par sa mimique puis lui indiqua l’ordinateur.
 
-         « allez-y... »
-         « j’aurais aimé vous aider, Carter, mais j’ai une tonne de Mails à lire ! » s’excusa-t-il en souriant.
Il se rajusta face à la bête et l’ouvrit mais se faisant, il se figea. Juste un petit instant, il se revit quelques années plus tôt... Les uns à cotés des autres, marchant à des millions d’années de lumière de chez eux à la rencontre des étoiles !
Il sourit. Cette photo, il s’en souvenait... C’est l’un des habitants de P4... Machin chose qui avait pris le cliché. Il y avait trois soleils sur cette planète, donc ils avaient dû changer plusieurs fois de position de façon à ce que ça ne paraisse pas suspect. Finalement, agacé par les remarques de Daniel, il avait fini par prendre Carter par la taille et l’avait tiré vers le bon angle de vue où Teal'C se trouvait déjà, Daniel se retrouva de ce fait tout seul dans son coin. Il avait souri à une Sam aux joues adorablement rosies en disant délibérément à l’habitant d’y aller. Daniel leur avait alors sauté dessus, propulsant par la même occasion un peu plus Carter dans ses bras. Ils riaient tous quand l’homme se décida enfin à prendre la photo. Sur ce cliché, toute leur complicité se ressentait.
Cela dit, en sentant le regard intrigué de Carter sur lui, il finit par ouvrir une page et se connecta sur son adresse de messagerie, le temps n’était pas à la mélancolie. Il soupira bruyamment en voyant que ses prévisions avaient étés trop optimistes !
-         « alors, c’est si catastrophique que ça ? » demanda Carter en lui tournant le dos, souriant.
-         « encore pire ! 17 Mails et 6 messages vocaux ! » se plaignit-il.
-         « rien que ça... » se moqua-t-elle. « et bien vous êtes très... »
-         « vous moquez pas, Carter ! Je vous signale que même de dos, je peux sentir quand vous souriez ! » la coupa-t-il, sarcastiquement.
Agréablement surprise, elle ria doucement, devinant très bien aussi l’air gêné qu’il devait sûrement arborer après cet... Aveu ? C’est vrai qu’ils se connaissaient bien, pensa-t-elle rêveusement.
-         « Alors comment ça se passe au SGC ? » demanda-t-il vaguement en consultant activement ses messages.  
Comment ça se passait au SGC ? La main de Sam se crispa imperceptiblement sur la casserole. Comment ça se passait... Sans lui ?
Elle aurait aimé lui dire que pour elle, l’ambiance était lourde... Très lourde, même ! Effectivement, après environ un peu plus de trois mois de la mort douloureuse de son père, du brusque retour de Daniel, bordés par l’échec inespéré du plan infernal d’Anubis, la routine avait comme toujours su retrouver son chemin...
Tantôt, les accablant... Tantôt, les rassurant…
Comme toujours.
Tandis que d’autres ferment les yeux ou capitulent face à la fatalité, elle, faisait partie de ces hommes qui, après avoir traversé une période difficile, s’en tiraient en se raccrochant du mieux qu’ils peuvent à une promesse... Une idée, un vœu. Quelque chose qui changera leur présent... Déterminera leur avenir !
Ces gens qui, souhaitant faire taire leur confusion, remords ou autres... Se promettent niaisement que la prochaine fois, cela se passera différemment! Qu’ils sauront agir... Oser.
Mais au lieu de ça, ils se retrouvent inlassablement pris au piège, fortement ligotés et totalement impuissants devant la puissance destructrice de leurs incertitudes et leurs doutes.
« Pourquoi » ? ... « Et si » ?
Ou bien n’était-ce juste qu’une façon comme une autre de se protéger que de se convaincre jour après jour que c’était ainsi ? ... Que les choses leur seraient éternellement impossibles ! Inaccessibles?
Fatiguée et lasse, elle faisait quand même du mieux qu’elle pouvait pour donner le change. A croire que ne rien laisser paraître était devenu le mot d’ordre pour tous. Et peut-être qu’au fond, ça lui était égal. Inconsciemment, elle s’était réfugiée dans ce gouffre qu’était la lassitude...
Car malgré les efforts de ses amis, pour elle tout n’était plus que silence, obscurité et lassitude. Tout était terne et désespérément vide.
Terne et lassé. Comme son cœur.
Elle ignorait les appels, les remarques des ses amis, s’abrutissant au travail. Elle était où la vie voulait qu’elle soit et elle s’y résignait.
La seule et faible lueur qui apaisait encore un brin les plus désillusionnés c’était qu’avec la défaite d’Anubis, les maîtres goaul’ds se faisaient discrets ! Cependant personne n’était dupe, ils les connaissaient bien, maintenant. Le calme n’était jamais porteur de bons présages... Ils l’avaient appris à leurs dépends. Les goaul’ds attendaient sûrement que les polémiques se dulcifient enfin pour que l’un d’eux accentue son pouvoir par un coup de force et succède à Anubis à la tête des serpents comme le disait si bien le Général ! Les missions étaient donc pour la plupart calmes et sans incidents majeurs et les jours coulaient tranquilles... Pour la plupart.
Elle aurait aimé lui dire tout ça, vraiment... Mais elle n’en fit rien.
-         « oh, la routine... » se contenta-t-elle de répondre, la voix faussement détachée. « ... Et vous, Washington? »
-         « mouvementé, très mouvementé... » répondit-il sobrement. « je... » commença-t-il alors qu’un bip étrange le coupait.
Encore ?!!! S’ahurit-elle. Ils devaient sûrement être maudits !!!
-         « qu’est-ce ? » s’agaça Sam en se retournant vers lui, casserole à la main.
-         « une demande de connexion Visio... » lui répondit-il simplement.
Intriguée, elle s’approcha et regarda par-dessus son épaule. Elle haussa les sourcils en le voyant effectuer le paramétrage adéquat avec une grande facilité.
-         « arrêtez, vous allez finir par me vexer... » ironisa-t-il en acceptant la connexion.
-         « euh... » bredouilla-t-elle en s’écartant vivement, prenant conscience de leur proximité. « je vais mettre la table, il y a un casque là-bas si vous voulez... » proposa-t-elle, souhaitant lui permettre un minimum d’intimité.
-         « ça ira, Carter... » sourit-il devant son embarras.
Pas très convaincue, elle s’éclipsa à coté assez gênée... Soudain, elle sursauta en entendant une vive exclamation.
-         « Jack, enfin !!! Et bien mon vieux, on se fait désirer?! » demanda une voix masculine d’un ton chaleureux.
-         « salut, Ted ! » répondit O'Neill avec un sourire dans la voix. « alors, on peut plus se passer de moi ? » s’amusa-t-il.
-         « non, non ! Je voulais seulement te gronder en personne ! » réfuta gentiment le dit Ted.
-         « me gronder ? » s'étonna O'Neill.
-         « ne fais pas ton innocent, on devait dîner ensemble, hier ! Je t’ai attendu pendant plus d’une heure !! »
-         « désolé, Ted, j’avais des trucs à régler... »
-         « je comprends tout à fait, seulement la prochaine fois, préviens-nous, on s’est inquiétés! »
-         « pigé, vieux ! » sourit O'Neill.
-         « bien, tu as su pour Suzie Clackson ? » demanda Ted.
-         « pour l’amour du ciel ! Ça fait la troisième fois aujourd’hui que j’entends ce nom et je ne sais toujours pas qui c’est ! » s’exclama O'Neill sarcastiquement.  
-         « Suzie est la nièce du Général Carey, c’est une politique ! » l’informa-t-il.  
-         « Carey, c’est bien ton supérieur direct ? »
-         « oui, c’est ça... »
-         « Et qu’est-ce qu’elle me veut ? » s'étonna Jack.
-         « un rendez-vous galant... »
-         « un QUOI ??? » s’étouffa O'Neill.
-         « un rancard, mon vieux... »
-         « mais je la connais pas, moi ! »
-         « pourtant, elle, te connaît ! Crois-moi... Elle t’a remarqué lors du dernier cocktail !»
-         « t’as qu’à lui dire que j’ai quelqu’un ou un truc de ce genre !! » proposa O'Neill.
-         « et c’est le cas? » demanda Teal'C, de l’espoir plein la voix.
-         « non !!! » répondit brusquement O'Neill.
-         « et de quatre ! » s’exclama Ted. « qu’est-ce que j’avais dit?! »
-         « oh c’est bon Ted, n’en rajoute pas ! »
-         « bah, moi ce que j’en dit c’est que rien que la semaine dernière, et je peux prendre Ben, Nadia et Loran en témoins, t’as gentiment rembarré trois canons, alors permets-moi de me poser des questions !! »
Jack, ayant oublié un instant la présence de Sam répondit spontanément en haussant les épaules.
-         « voyons, vieux ! Tu sais bien que la seule que je veux c’est Fanny ! »
 
Sam en lâcha sa cuillère tellement elle fut troublée. Le simple fait de savoir qu’il était célibataire l’avait mis dans tous ces états mais alors : Fanny?! Mais d’où elle sortait celle-la ?
Jack, inquiété par le bruit se pencha sur le coté et la vit tenter maladroitement de ramasser cette fichue cuillère. Il sourit, amusé par son trouble. Le cœur de Sam s’allégea tout à coup en entendant Ted répondre avec effarement :
-         « on ne touche pas à ma femme, O'Neill !!! »
Jack pouffa de rire en voyant la tête désabusée de Sam. Celle-ci après lui avoir envoyé un léger regard noir retourna à ses occupations, fébrile.
Il était donc bel et bien célibataire ! Plus de « miss Johnson »?! Plus de « Kerry »?!
-         «  alors où est-ce que tes... « affaires à régler » t’ont mené ? » demanda Ted malicieusement.
-         « jusqu’ au Colorado ! » sourit O'Neill, faussement dépité.
 
Une voix féminine résonna derrière lui et Jack sourit à pleines dents.
 
-         « Jack !! Alors toujours vivant ? » demanda la jeune femme.  
-         « ... Comme tu vois ! Bonsoir Fanny !»
-         « tu n’as pas fait trop de bêtises, j’espère ? » s’amusa-t-elle.
-         « oh... Rien de bien méchant ! » sourit-il.
-         « je vois. » sourit-elle. « tu comptes revenir bientôt ? »
-         « lundi, sans faute ! J’ai des responsabilités, moi ! »
-         « tu parles, il s’est arrangé pour avoir les assistantes les plus séx... »
-         « hey ! Je te rappelle que je suis ta femme ! » s’outragea Fanny.
-         « quitte-le, je te dis ! » intervint Jack.
-         « ... Alors Jack, où es-tu? »
-         « euh... Chez Sam Carter ! » s’embarrassa-t-il.
-         « ah... » fit-elle simplement.
-         « Carter? C’est qui celui la? » demanda Ted.
-         « Samantha Carter, chéri ! C’est une proche amie à Jack. De plus, c’est son ancien second je crois... N’est-ce pas Jack? »
-         « si, » répondit-il, en échangeant un regard gêné avec celle-ci.
-         « ... Et elle t’héberge pour la nuit ? C’est très gentil à elle ! » se moqua Ted en éclatant de rire.
Jack le fusilla du regard et Ted déglutit difficilement. Sa femme, menaçante, lui donna une tape bruyante sur la nuque.
-         « non, mais t’as rien trouvé de plus intelligent à dire ! » le gronda-t-elle.
-         « bah quoi? Je disais ça pour rire ! » se défendit ce dernier.
-         « tu vas avoir l’occasion de t’excuser... » s’amusa gentiment O'Neill en faisant signe à Sam d’approcher...
Celle-ci rougit violemment en secouant négativement la tête. Il lui envoya un regard entendu qui voulait dire : « ne m’obligez pas à vous l’ordonner ! » et elle s’exécuta... Avançant à tous petits pas.
-         « Carter ! » s’impatienta-t-il alors qu’elle s’entêtait à rester cachée derrière l’écran.
Il se pencha sur le coté, la tira par la main et la bascula vers lui. Décontenancée, elle se retrouva assise sur les genoux de son ancien supérieur qui l’encercla par la taille. Elle frémit en sentant son souffle chaud s’écraser doucement sur ses épaules dénudées alors qu’elle tentait de donner le change face aux regards amusés de ses deux interlocuteurs. Elle tourna la tête vers lui et vit à son sourire en coin que tout ça semblait beaucoup l’amuser alors elle lui sourit, s’abandonnant à sa douce étreinte.
-         « Carter, je vous présente ma femme Fanny, et son... Non, j’rigole, voici les Colonels Tolman, Fanny et Ted ! » déclara-t-il d’un ton goguenard. « ils ont deux enfants P90 et AK47 mais ils font leur service militaire ! » rajouta-t-il, lui arrachant un sourire. « les gars, voici le Colonel Samantha Carter... Une très bonne amie à moi. »
Il sentit le sourire de Sam s’élargir et ça le ravit.
 
-         « enchantée, Colonel Carter... » lui sourit Fanny.
-         « oh je vous en prie, mes amis m’appellent Sam... » lui répondit-elle.
 
Elle tressaillit légèrement en sentant Jack lui caresser inconsciemment le bras de son pouce.
-         « et moi c’est Ted, j’allais m’excuser mais je crois que je vais m’abstenir ! » lança-t-il d’un ton complice.
-         « bah, pourquoi ça? » demanda O'Neill, pantois. 
-         « joker ! » dit-il simplement en lui lançant un clin d’œil complice.
-         « alors Sam, ça n’a pas été trop dur de le dresser parce que, d’après ce qu’il m’a dit, vous êtes de loin la meilleure scientifique du siècle ! »
-         « oh... Il a beaucoup exagéré... » s’embarrassa-t-elle.
-         « elle est modeste... » intervint O'Neill d’un ton complice.
-         « Mon Général ! » le gronda-t-elle.
-         « bah quoi? »
-         « oh, c’est mignon... Vous faites un beau couple ! » s’amusa Ted.
-         « la ferme ! » s’écrièrent d’une même voix Fanny et Jack.
-         « quoi ?! Si j’avais su, je ne me serais pas acharné à le caser, Il nous l’a cachée ! » renchérit Ted. « il voulait sans doute vous garder pour lui tout seul, Sam ! »
Celle-ci rougit de plus belle et Jack desserra légèrement son étreinte.
-         « bon, » reprit Jack en levant les bras au ciel, -légèrement- agacé. « c’est pas tout mais il y a de délicieuses pâtes qui n’attendent que nous, alors... »
-         « ne faites pas attention à mon idiot de mari, Sam ! » s’excusa Fanny avec un sourire complice. « j’aimerais assez que vous passiez nous voir un de ces jours, on se fera un dîner !! » proposa-t-elle.
-         « euh... C’est que... » balbutia-t-elle surprise par sa générosité et son ton complice.
-         « acceptez, Carter... » lui souffla Jack à l’oreille. « sinon, elle risque de se vexer ! » plaisanta-t-il.
-         « et bien, pourquoi pas... » répondit Sam.
-         « génial, alors bonne nuit et reviens-nous vite, chaton ! Pour une fois que la meute est au complet... »
-         « bonne nuit, ma belle ! »
-         « salut, mon vieux... J’ t’appelle ! »
-         « ok. »
-         « bye miss Samantha, je suis sûr qu’on se reverra bien vite ! » lui sourit-il avec un regard entendu.
-         « si vous le dites Ted, bonne nuit ! »
Le couple leur fit signe de la main et Jack coupa la connexion.
-         « et bien, ils vous en vite adopté !! » lança O'Neill souriant de la voir se relever avec empressement.
Elle débarrassa l’ordinateur et mit le couvert...
-         « c’est juste parce qu’ils sont très sympathiques ! » sourit-elle, les joues joliment rosies.
-         « eux ? Sympathiques?!!! » s’exclama-t-il. « Carter, quand je vous dis que vous leur avez plu, ce n’est pas pour rien. Fanny et Ted sont connus pour être l’équivalent de la famille Adams de l’armée de l’air ! » lui apprit-il. « ils sont aussi grinçant l’un que l’autre ! Mais cela dit, pas avec tout le monde... »
Elle ne répondit rien, perdue dans sa réflexion. Sa... Discussion, avec les amis de SON Jack l’avait un peu chamboulée. Il y avait à peine deux minutes de cela, elle était sur ses genoux à papoter tranquillement avec ses amis et ça ne semblait pas lui déplaire du tout. Le mari sous-entendait clairement une potentielle relation entre elle et le Général et la femme, elle, l’invitait carrément à dîner ! Jack quant à lui soulignait que ses amis n’étaient pas du genre à agir avec tant de... Sympathie avec n’importe qui. Ça voulait bien dire qu’ils faisaient une exception pour elle, non ? Et dans ce cas là, pourquoi? On n’invite pas l’ex second d’un bon ami à dîner comme si c’était... Comme si elle était sa...
-         « vous comptez manger bientôt? » Ironisa Jack en la voyant remuer sa fourchette dans son plat, la tête ailleurs.
Elle avait bien l’intension de manger... Mais cela dit, bizarrement, elle n’en faisait rien, se contentant de garder la tête désespérément baissée, le rouge brûlant ses joues sous l’effet de sa récente réflexion.
Son cœur se mit soudain à battre à se rompre dans sa poitrine en l’entendant se lever puis se rasseoir à quelques centimètres d’elle.
-         « Carter, par pitié... » La pria-t-il d’une voix blasée. « Je ne vais pas vous ordonner de manger quand même !! » 
-         « non !! ... Non, c’est juste que... Je n’ai plus très faim et puis... C’est beaucoup trop ! » lança-t-elle du tac au tac. « Je ne pourrais pas tout finir toute seule... Monsieur. »
Cette... Excuse pour le moins déplorable sembla lui suffire, car il se contenta de lever les mains au ciel, l’air faussement désespéré.
-         « Raaah Carter !! » grogna-t-il avant de la pousser gentiment. « J’ai compris... ».
   
Il se rajusta face à elle, de façon à ce que son assiette se retrouve entre eux deux avant de se saisir d’une cuillère et de commencer à manger avec appétit.
Surprise, elle le regarda faire... Il pouvait se montrer si imprévisible parfois et elle adorait ça.
Peu importait... Peu importait.
Un sourire vint vite étirer ses lèvres alors qu’il tournait la tête vers elle.
-         « quoi ? » grogna-t-il la bouche plaine. « Vous voulez pas partager ? »
-         « Si, si... Mangez, Monsieur ! Bon appétit... » sourit-elle en se saisissant de sa fourchette.
-         « Bien sûr, ça vous arrangerez que je finisse tout !! comme ça vous aurez de quoi justifier votre état navrant en accusant votre ogre de Général d’avoir englouti tout votre repas !!! » souligna-t-il, un brin sarcastique.
Désabusée face au sérieux qui perçait au ton de sa voix, vue l'incongruité de ses propos, elle éclata littéralement de rire, manquant de s’étouffer.
 
-         « rassurez-vous, je ne compte pas vous laisser tout manger, vous m’avez ouvert l’appétit !! » déclara-t-elle, pétillante.
-         « parfait... »
-         « Mon Général? » l’appela-t-elle d’une voix chaude, le faisant tressaillir.
Il releva la tête vers elle et elle rougit légèrement.
-         « dites-moi qu’on est d’accord ; ça ne compte pas ça... Vous m’avez promis un vrai dîner ! » lui rappela-t-elle en faisant une légère moue.
-         « ah ça oui, alors ! » s’exclama-t-il, ravi qu’elle ne nie pas les évènements de tout à l’heure. « je compte moi aussi avoir droit à un vrai dîner... »
-         « je croyais que c’était à moi que ça devait faire plaisir ! » plaisanta-t-elle, rassurée.
-         « disons... Que le plaisir sera partagé. » rétorqua-t-il en lui envoyant un regard charmeur.
-         « dans ce cas, c’est moi qui choisis le lieu ! »
-         « comme il plaira à madame ! » ironisa-t-il en lui adressant un sourire séducteur.
 
Etonnée mais tout à fait ravie, elle repartit dans de nouveaux rires, rayonnante de spontanéité. Cependant, elle sentit vite son regard posé sur elle. Ce regard, elle arrivait à le deviner. Un regard chaud et pénétrant. Cependant si difficile à soutenir. Elle ne le regarda pas et se contenta de souffler un « quoi ? » timide en enfourchant sa fourchette.
-         « Carter... » dit-il à voix basse. « vous êtes totalement vidée, je pourrais jurer que vous avez passé des nuits entières dans votre labo ! » la réprimanda-t-il sérieusement. « Suffit que je m’absente quelques temps pour que vous sombriez dans le... Dans le... »
-         « vous êtes là, maintenant. » le coupa-t-elle l’air de rien, évitant soigneusement de croiser son regard.
Il est vrai qu’elle avait frappé fort, ces derniers temps, mais... Il n’avait pas à se sentir responsable même si, en quelque sorte, il l’était.
-         « pour cette fois... » dit-il, la gorge soudain sèche. « Mangez... » rajouta-t-il en captant la lueur de douleur qui traversa ses yeux fatigués.  
Il sentait que, l’intimité du lieu aidant, cette conversation pourrait vite finir par déraper et ça, il ne le voulait surtout pas. La situation était assez ambiguë comme ça pour qu’ils ne s’amusent à... 
-         « en tout cas, vous, vous avez l’air d’aller mieux, ce n’était pas très brillant la dernière fois ! » sermonna-t-elle sans s’en rendre compte.
-         « comment ça? » s’interloqua-t-il, notant la grimace gênée qui accompagna ses paroles. « ... J’allais très bien quand je suis parti, c’est plutôt vous qui étiez mal en point ! » se défendit-il.
Elle le regarda dans les yeux, agacée, puis se détourna de nouveau...
-   « autant dire que quelqu’un de normalement constitué serait tombé de fatigue s’il aurait été dans le même état que vous... Monsieur, » se cru-t-elle forcée de rajouter compte tenu du reproche qu’impliquait son ton.
-   « vous vous souciez beaucoup trop de mon sort, Carter. » s’agaça-t-il, cachant son trouble. « J’aurais pu tenir encore longtemps comme ça ! » ironisa-t-il, tentant de détendre l’atmosphère.
-         « ça, je le sais Monsieur, c’est justement ce qui m’inquiète... » Protesta-t-elle d’un ton sarcastique. « C’est un peu à cause de... »
-         « pourquoi donnez-vous à cela des proportions dramatiques ?! » la coupa-t-il. « Vous allez bien, je vais bien... Ce n’est pas comme si... »
-         « je sais que venant de quelqu’un qui passe presque tout son temps au travail, ce que je vous dis ne tient pas debout ! » lui expliqua-t-elle doucement. « Je... Ce que je voulais dire c’est que... Je suis contente de savoir que vous avez des amis là-bas. Je m’inquiéterai moins... »
-         « vous vous inquiétiez pour moi ? » s’amusa-t-il.
Quelle question !! Bien sûr qu’elle s’inquiétait. Elle avait pris l’habitude de vivre à ses cotés pendant plus de huit ans et du jour au lendemain, il s’en allait à des centaines de kilomètres d’elle... Bien sûr qu’elle s’inquiétait !!!
Elle se força à se calmer en croisant son regard incertain. Non, il ne se moquait pas d’elle... Il ne disait pas ça pour rire.
Non, au fond il était très sérieux et elle voyait dans ses yeux qu’il attendait d’elle une réponse, un geste.
A elle seule, cette pensée la mit dans tous ses états… Son cœur, elle sentait que son cœur allait bondir hors de sa poitrine s’il continuait de la regarder comme ça… Un simple geste… Une simple phrase et la voilà prête à s’évanouir... La voilà qui sourit bêtement... Devant lui, elle perdait toute sa belle assurance et devenait aussi ridicule qu’une ado face à son premier flirt. Mais…. Elle aimait ça… Oui, elle aimait sentir ce trouble, cette chaleur au fond de son cœur... Sans elle, elle se sentait faible et terne... Il allait la rendre totalement dingue mais elle l’aimait quand même… Elle l’aimait ? Non, c’est que... Elle … Si, elle l’aimait mais ce n’est pas dans le sens… Oui t’as raison ma petite parce que c’est encore pire que ça !! S’avoua-t-elle, fébrile.
 
Avait-il seulement la moindre idée de l’effet qu’il avait sur elle ? Entendait-il seulement son cœur battre à se rompre dans sa poitrine ? Ou bien était-il totalement indifférent à ça !! Tout ce qu’elle savait c’est que maintenant qu’il détournait les yeux, elle avait froid... Tellement froid. Elle aurait souhaité pouvoir le retenir mais il était seul maître du jeu... C’était bien lui le Général après tout !! Non… Non, ce n’était qu’une excuse comme tant d’autres... Cette discussion en elle-même en était la preuve. Tout au long de cette soirée, il ne l’avait jamais rembarrée, au contraire, il faisait tout son possible pour lui faire oublier leurs grades... Leurs fonctions. Il lui donnait la liberté qu’elle souhaitait et elle, elle continuait bêtement à se cacher derrière les : « Mon Général... Monsieur... Désolée, Mon Général ! ». Mais elle avait beau souhaité cette proximité, elle restait toujours sur ses gardes... Qu’est-ce qui l’éloignait de lui en vérité ?... Bien trop de choses, ou bien peu de choses ?
Il n’allait pas lui tendre des perches indéfiniment, c’était à elle de savoir s’en saisir !
Elle respira profondément pour se donner du courage...
-         « ... Avant, quand il m’arrivait de forcer... » commença-t-elle, captant son attention. « je savais que vous étiez derrière à veiller et que vous alliez tôt ou tard me rappeler à l’ordre ! » sourit-elle, rougissant. « bien sûr, Teal'C s’est fait un devoir de vous remplacer à cette fonction vu que Daniel n’a rien à m’envier de ce coté, mais... Ce n’est pas pareil... » s’embarrassa-t-elle. « pour moi, vous Monsieur, n’aviez ni Teal'C ni Daniel à vos cotés là-bas, je me demandais qui veillait sur vous... » lança-t-elle du tac au tac tandis qu’il relevait vivement la tête vers elle, la regardant avec surprise. «... Je... Je veux dire... Qui est votre boussole à vous ? » précisa-t-elle devant l’ambiguïté faiblement dissimulée de ses paroles.
-         « je n’en ai pas besoin ! » rétorqua-t-il brusquement plus sèchement qu’il ne l’aurait souhaité.
Il regretta aussitôt ses paroles en la voyant tressaillir d’effarement, manifestement aussi déconcerté que lui par le ton rude qu’il eut employé.
-         « Je comprends... » Le surprit-elle soudain, baissant la tête en se mordant confusément la lèvre inférieure.
Elle enfourcha sa fourchette, l’air de rien. Comprendre ?
... Qui avait-il à comprendre?
Il n’était qu’un pauvre imbécile à la fierté maladive, voilà tout ! Il n’a jamais supporté le fait de se découvrir... Pourtant, elle n’a fait que donner une réponse à la question qu’il le titillait depuis longtemps déjà. Cette réponse, il la voulait... Il la voulait tellement et maintenant qu’il l’avait, il ne savait plus comment agir... Elle l’avait désarmé et il était effrayé.
Cela dit, fronçant imperceptiblement les sourcils, Jack contempla ouvertement la femme à ses cotés.
N’accordant pas grande attention à son air embarrassé et ses joues rosies compte tenu de la manière pittoresque dont il l’eut traité, il la regarda, elle.
Seulement pour vérifier qu’elle était bien là, auprès de lui. Vérifier qu’elle existait réellement… Il la regarda, souhaitant seulement graver dans sa mémoire tout ce qui faisait son être. Chaque détail, chaque geste, chaque mimique...
Puis cachant du mieux qu’il put son trouble, il sentit son cœur se mettre à battre plus fort dans sa poitrine, une impression de chaleur bienveillante se diffusa délicatement en lui, l’enveloppant tout entier de sa douceur et sa légèreté alors que s’affairant à remettre maladroitement en place quelques mèches de ses cheveux blonds, l’objet de ses tourments leva doucement la tête vers lui, lui offrant son plus tendre sourire.
Son sourire. Son sourire lui parlait plus que tous les mots du monde...
Dieu qu’il aimait la voir sourire.
Combien de fois seulement l’avait-il blessée ces derniers temps ? Combien de fois l’avait-il vu refouler son amour propre devant sa froideur et son agressivité ?
Aujourd’hui encore... Lui qui, un instant voulait l’éloigner et l’autre, voulait qu’elle soit plus proche que jamais, voilà qu’elle lui montrait qu’elle serait prête à tout supporter venant de sa part. Elle était là, assise face à lui, tentant vainement de calmer ses légers tremblements en serrant les mains, la gorge sèche et le ventre noué... Et tout ça par sa faute ! Et elle, tout ce qu’elle trouvait à faire c’était de le regarder avec toute la sincérité du monde en lui souriant !! Il avait vraiment été bête de penser que ça réussirait… Qu’il pourrait l’oublier. Qu’à force de faire semblant, il allait finir par y croire...
Il se savait intimidant, et il n’était certainement pas le genre à tenir de longues discussions existentielles et pourtant !
... Même devant son mutisme, sa réticence coutumière et son agacement constant,
Même en étant dépitée par sa retenue flagrante,
... Même fatiguée de tout, elle, elle trouvait encore la force de lui sourire... Encore et encore.
« Qui est votre boussole à vous? »
« Je n’en ai pas besoin ! »
Si seulement il pouvait répondre autrement, lui dire... Lui montrer. Faire en sorte que jamais plus il n’ait à faire face à cette ombre de tristesse qui se cachait derrière l’éclat humide de ses jolis yeux.
...
Rien ne sera plus jamais pareil entre eux, c’était bien la conclusion la plus réaliste -contraste désopilant !- qu’il n’ait jamais eut à tirer.
Il sourit alors, surprenant la belle.
Un sourire gêné qui cachait un air joueur et malicieux... Elle cru se perdre un instant tant la transformation fut brutale, il l’avait pourtant repoussé quelques instants plus tôt, mais en retrouvant ces yeux, ce sourire et cet air familiers, toute envie de s’enfuir en courant la délaissa aussitôt.
Elle resterait, comme toujours !
Il paraissait si différent. On aurait dit un autre homme ! Transportée par son regard chaud qu’elle n’arrivait plus à délaisser, elle s’aventura à plonger en lui, tentant d’en déchiffrer la force cependant bien consciente que si elle y parvenait, c’était juste parce qu’il y consentait. Qu’il avait ôté pour un moment sa carapace... Pour elle ! Il n’avait jamais été doué pour « communiquer » Comme il le disait si bien ! Eh oui... Avec Jack O'Neill, même présenter des excuses était tout sauf évident voire... Habituel, ce qui la touchait d’autant plus. Cela dit, tant de sincérité la troublait venant de sa part… Cet homme en lui même la troublait !
... Mais l’essentiel était qu’il semblait avoir saisi ! Et pour l’instant… Tout ce qui lui importait était qu’il souriait. Il lui souriait.
Elle le vit soudain froncer les sourcils...
-         « votre téléphone, Carter... » Souffla-t-il, le regard toujours ancré au sien.
-         « j’ai un répondeur... » S’entendit-elle répondre, perdue dans son regard.
-         « ah... » Dit-il bêtement en souriant de plus belle.
Revenant durement à la réalité, ses yeux s’écarquillèrent et elle déglutit péniblement en reconnaissant la voix grinçante qui s’élevait dans la pièce. Jack, surpris par sa réaction brusque, se recula vivement alors qu’elle bondissait hors de table, les joues rouges.
Se fracassant le pied contre la table et percutant un objet non identifié dans son élan désespéré, elle finit par s’affaler à terre en poussant un cri de douleur rapidement étouffé par la voix ô combien agaçante de sa voisine...
-         « Samantha chérie, c’est madame Derrick, je vous appelle pour savoir si le grand homme de tout à l’heure est votre nouveau fiancé... Comme j’ai vu que vous l’avez fait rentrer et que j’ai appris que vous avez rompu vos fiançailles avec ce charmant garçon... Laura, comment s’appelait-il, déjà ? ... Pete, maman et laisse-la un peu tranquille !! Elle est grande et vaccinée et moi ce type, je le trouve plutôt pas mal... C’est vrai qu’il est assez... Attends, maman, ne me dis pas que tu es toujours en ligne ?!!!! Si... Euh, bonne nuit, Samantha !! MAMAN !!!!!!!!!!! Je vais te tuer... »

 

Cette fois-ci, c’était décidé, elle allait la tuer !! Non mais qui est-ce qui lui avait fichu une voisine pareille !!!
Sam soupira alors que le bip familier vint enfin mettre fin à son supplice. Toujours à terre, elle gémit de douleur en se frottant la tête. Elle aurait voulu disparaître six pieds sous terre tellement la situation lui échappait. Mais au moins comme ça, il savait... Et ça a du lui faire un sacré choc vu sa tête, remarqua t-elle alors qu’il se penchait sur elle, les mains sur ses genoux...
Elle accrocha son regard et le contempla avec une intensité troublante... Cela faisait longtemps -si longtemps- qu’elle ne s’était pas permise de le regarder de la sorte... Aussi ouvertement.
Avec son regard légèrement perdu et ses cheveux ébouriffés, cet homme lui paraissait si incroyablement unique en cet instant. Comment peut-on éprouver tant d’admiration pour un seul homme?... Comment peut on ressentir tant de choses pour un seul homme?... Comment un homme tel que lui... Un homme qui s’est efforcé de bâtir un mur infranchissable autour de lui, un homme qui s’est construit une façade froide, intimidante et distante à qui l’on se heurte à chaque fois que l’en veut faire un pas vers lui, et qui se plait à l’afficher... Comment cet homme faisait-il pour laisser tomber toutes les barrières une à une et se montrer si proche?... Si accessible? ... D’où un homme comme celui là puisait-il tant de force ? Cette question ne cessait de tourner à grande vitesse dans sa tête...
Il s’efforça de reprendre contenance... Elle le regardait avec une étrange lueur dans le regard... Elle ne souriait pas. Au contraire, elle était très sérieuse. Son regard... Il était si chaud... Si pénétrant qu’il se cru défaillir mais il le soutint... Les moments de ce genre se faisaient tellement rares ses derniers temps qu’il ne pouvait pas se permettre de se défiler... Ils s’étaient éloignés au fur du temps... Depuis qu’il savait qu’elle avait quelqu’un dans sa vie... Depuis qu’elle avait dit « oui ! » à l’autre... C’était lui qui avait approfondi cette distance entre eux, sachant très bien que la situation ne pouvait pas continuer ainsi. Il s’était volontairement -enfin si l’en puit dire ça comme ça- écarté de son chemin. Il l’avait laissée partir... S’envoler vers un avenir meilleur... Et maintenant, il apprenait qu’il n’y avait plus de Pete. Enfin... Apprenait, façon de parler, disons que ses doutes se confirmaient !
Bien sûr qu’il avait des doutes la dessus mais partir était tellement plus facile... Ne rien savoir était tellement moins dangereux ! L’ignorance avait ses charmes... Mais les doutes étaient un réel poison. Un poison qui vous consume lentement... douloureusement jusqu’à ce que vous fassiez face.
Et maintenant, il savait. Plus de Pete, plus de fiancé... Libre. Il n’avait certes plus de doute sur ce point, mais il en avait encore sur tellement d’autres...
Elle semblait vouloir le sonder... Lire en lui. Sam finit cependant par détourner le regard et baissa les yeux, rompant de ce fait le pont invisible qui les unissait... Maintenant, son regard à lui se voulait le plus neutre possible. Et pour tout dire, sa faculté à cacher toute trace de sentiments... à rester impassible, le visage lisse et le regard désespérément impénétrable, l’agaçait fortement. Elle grogna presque de découragement... Jack O'Neill n’allait pas changer en un jour.
-         « alors? » l’interpella-t-il alors qu’il l’aidait à se redresser.
Elle calla son dos contre son fauteuil et laissa retomber sa tête en arrière en se massant le crâne.
-         « alors quoi ? » répéta-t-elle, visiblement mal à l’aise.
-         « plus de fiancé, Carter? » demanda-t-il, un sourire en coin.
-         « de nouveau célibataire... » Avoua-t-elle. « ... Je vois que ça semble vous ravir ! » Rajouta-t-elle mi-agacée mi-intéressée par son sourire béat.  « Et vous alors, plus de « miss Johnson »? » demanda-t-elle du tac au tac.
Il se recula et fit quelques pas.  
-         « non, ça fait longtemps que c’est fini... » Répondit-il simplement en prenant la même posture qu’elle sur le fauteuil d’en face.
-         « pourquoi? » reprit-elle alors d’une voix plus assurée, souhaitant lui signifier qu’elle accordait de l’importance à tout cela.
Il la regarda souhaitant comprendre le fond de sa pensée, s’efforçant d’ignorer de son mieux ce sentiment troublant d’intimité spontanée que leur soudaine proximité et la douce lumière du salon, ne faisaient qu’accroître...
-         « pourquoi l’avez-vous quitté ? » poursuivit-elle en redressant la tête, les joues roses.
Elle savait ses propos totalement déplacés et inconvenants, il pouvait très bien la rembarrer avec un sarcasme bien mérité ou bien simplement lui rire au nez… Seulement, elle voulait comprendre...
-         « ce n’est pas moi mais elle... » Confia-t-il alors, mettant terme à sa cogitation intérieure.
Surprise, elle fronça les sourcils, lui signifiant qu’elle n’y comprenait plus rien. Mais qui serait assez bête pour quitter Jack O'Neill ?
-         « ... Elle disait que j’avais des trucs personnels à régler... Mais moi, j’ suis sûr que c’est parce que je ronflais !! » Plaisanta-t-il.
Devant sa mimique, elle ne put se retenir et éclata d’un rire enjoué et libérateur, s’amusant de sa tête déconfite et de son air affligé. Il savait tourner en dérision des propos forts en réalisme et en sincérité... Elle comprenait. Elle appréciait le geste... Surtout qu’il aurait pu aisément s’en tirer autrement. Il était très fort à ce jeu... Des trucs personnels à régler ? Peut-être était-il simplement aussi fatigué qu’elle après tout ?! Peut-être voulait-il, comme elle, que les choses changent enfin ?
 
-         « pourquoi? » reprit-il à son tour, toute trace d’ironie ayant déserté sa voix.
Elle le regarda surprise par le brusque changement de ton, attendant qu’il poursuive… Ce qu’il ne fit pas. Il se contentait de rester là, les genoux repliés, sa main droite reposant sur son épaule gauche alors que son autre bras longeait nonchalamment son corps. Le regard impassible, il semblait plus sérieux que jamais. Elle pencha la tête sur le coté, tentant de le sonder... Il ne voyait apparemment pas le large champ qu’un simple « pourquoi ? » impliquait.
Cependant, devant le regard presque accusateur qu’il lui lança... Elle comprit. L’effet fut immédiat car ses joues s’empourprèrent instantanément, lui faisant ainsi sentir qu’elle avait saisi le sens de sa question. Elle avait bêtement cru qu’il ne relèverait pas, qu’il laisserait couler... Erreur fatale ! La voilà maintenant face à un regard perçant, sans aucune répartie en vue. ... « Pourquoi? ».
Pourquoi l’avoir quitté et pourquoi n’en avoir rien dit ?
 
... Pourquoi l’avoir quitté ?
Parce qu’elle pensait à un autre, rêvait d’un autre, voulait un autre. Et devant cette réalité flagrante, elle avait senti ses chaînes s’alourdir encore plus. Pourtant, tant de choses s’ingéniaient à lui faire lâcher prise qu’elle s’étonnait elle même de sa ténacité. Elle ne pouvait simplement pas renoncer à lui et ce n’était pas faute d’avoir essayé. Elle y avait même cru à un certain moment, qu’elle était arrivée à oublier ce qui -officiellement- n’a jamais existé... Mais elle s’était mentie.
Elle savait maintenant, et peut-être était-ce trop tard? Mais maintenant, elle savait... Jamais... Toujours. Ces mots étaient étroitement liés. Mais peu importait, à présent elle savait. Quitte à vivre, ainsi prisonnière de ce pourquoi, elle s’est maintes fois sacrifiée sans hésiter... C’était ainsi car c’était lui.
Cet homme était si exceptionnel. Plus que son courage, sa ténacité, sa force et sa volonté... Son cœur était exceptionnel ! Face à lui, tout le monde avait vite fait de se sentir petit... Inférieur. Celui qui s’est efforcé de bâtir un mur inviolable autour de lui, derrière lequel, personne ne pouvait voir... LE voir. Elle se demandait avec amertume pourquoi la vie l’avait malmené ainsi !! Pourquoi un homme qui avait tant fait, tant donné de sa personne, tant sacrifié pour les siens... Pour la vie, pourquoi cet homme là se croyait-il condamné à la souffrance, au chagrin?
... Pourquoi cet homme là l’obsédait tant ? Pourquoi lui et rien que lui ? 
IL l’intriguait. IL l’attirait. Cet homme avait le pouvoir de décider en une fraction de seconde de son humeur... Bonne ou mauvaise.
 
... Pourquoi n’en avoir rien dit ?
Elle venait juste de perdre son père et la perspective d’annoncer que de plus, elle n’avait plus de fiancé lui avait été insupportable... La pauvre, voilà ce qu’ils auraient pensé d’elle si elle l’avait dit. Elle entendait déjà les murmures et les messes basses dans les couloirs, du genre : « pauvre fille, elle se retrouve toute seule ! » ou bien « elle s’est abrutie au travail pour oublier la mort de son père ! La malheureuse, elle n’a même plus de fiancé, ça l’a beaucoup affectée... » Ou pire encore... Ah non !! Il n’était absolument pas question de perdre la face devant tous ses yeux qui n’attendaient que ça... La seule pensée qu’ils puissent ressentir de la pitié pour elle la mettait hors d’elle. C’était bête et stupide mais il n’en était pas question.
Et pour Daniel et Teal'C, si elle n’avait rien dit c’est parce qu’ils auraient vite deviné pourquoi ! À cause de lui... Parce qu’il n’y aurait jamais personne d’autre que lui...Elle ne savait pas comment ils auraient réagi... Ce qu’ils lui auraient dit.
 
Elle finit par lui sourire, heureuse de cette conclusion. Il se troubla, ne s’attendant sûrement pas à ce genre d’attaque surprise. Doucement, elle se redressa et s’engouffra dans la cuisine sans un mot.
Intrigué, il la suivit et vit avec surprise qu’elle était entrain de débarrasser tranquillement la table, les lèvres toujours étirées en un troublant sourire. Il s’appuya à l’embrasure de la porte et la regarda faire se demandant ce qui pouvait bien la faire sourire. Pourtant il n’avait pas l’impression que sa question quémandait une réponse drôle.
Elle releva la tête vers lui et sourit de plus belle devant son air désabusé.
-         « il ne ronflait pas... » Chuchota-t-elle seulement, la voix emplie de malice.
Jack se confondit, craignant se méprendre sur le sens de ses paroles. Etait-ce la réponse qu’il attendait? Il ne ronflait pas... Il ne ronflait pas?!!!! Etait-elle bien entrain de sous-entendre que... Que c’était parce que son fiancé n’était pas... ?
... Etait-ce en rapport avec la blague qu’il avait lancée sur lui et Kerry? ... Ou bien était-il en plein delirium?!!!!!!!!!
« Au fond, qu’en savait-il de ce qu’elle voulait? » Cette question tournait encore et encore dans sa tête. « Y avait-il le moindre doute ?... » Les échos de cette question résonnaient à son oreille comme « y avait-il la moindre chance pour qu’elle veuille de lui ? ». Et la réponse le troublait au plus haut point.
Tous ces sourires, ces instants de complicité, ces regards gênés, cette peine... Pouvaient-ils cacher autre chose de plus profond? « Oui et tu le sais. » lui criait son coeur, « tu as encore une chance, peut-être la dernière alors ne la gâche pas en te cachant derrière des non-dits ! » lui conseillait sa raison.
Alors si ces deux là sont d’accord, il avait un p’tit problème, songea-t-il ironiquement.
 
La gorge désespérément sèche, il déglutit péniblement devant son sourire entendu et le joli rose de ses joues. Il avança lentement vers elle et lui prit lentement l’assiette qu’elle tenait entre ses mains, exerçant une légère pression sur ses doigts.
-         « madame a fait à manger, monsieur prendra la peine de faire la vaisselle ! » déclara-t-il avec un sourire complice.
-         « Mon Général, je ne vous savais pas si serviable ! » s’exclama-t-elle en haussant un sourcil faussement étonné. « ... Attention, je pourrais vite m’y faire ! » lança-t-elle, plaisantant.  
-         « ça ne serait pas pour me déplaire, madame ! » la charma-t-il, séducteur.
 
Prise à son propre piège, elle rougit violement, lui tourna le dos et quitta précipitamment la pièce en lançant un : « j’ vais préparer votre chambre et nous trouver un film à regarder... » Si bien qu’elle n’eut même pas le temps de l’entendre lui répondre par un : « c’est une excellente idée, Carter... »
Ses mains étaient devenues si moites qu’elle n’arrivait même plus à tenir les pochettes des films... Elle respira un bon coup, se forçant à se calmer... Il avait juste dit ça comme ça !!! Tenta-t-elle de se convaincre. Pas la peine de se faire tout un film.
Et en parlant de film, après une recherche minutieuse, elle finit par trouver... LE FILM digne d’être regardé en compagnie de son Jack O'Neill : des valeurs, des combats sur un fond d’amour... Parfait.
Elle se leva et alla préparer la chambre d’ami... Dire qu’il allait vraiment dormir chez elle !! Et il n’avait plus de... « Pete », ni de « miss Johnson » entre eux.
Arrangeant une dernière fois le coussin, elle sortit en soupirant... Elle était vraiment dans tous ses états !!
Quand elle revint à la cuisine, elle remarqua que tout avait été parfaitement rangé mais ne l’y trouva pas...
-         « Monsieur ? » appela-t-elle, la voix légèrement inquiète.
Elle entendit des pas vigoureux dévaler les marches et il accoura vers la cuisine.
 
-         « un souci ? » demanda-t-il en finissant d’enfiler son pull.
 
Sam ne put empêcher son regard de glisser sur lui. Pas de panique, il est juste allé se laver et se changer, se sermonna-t-elle. Encore un peu, et elle aurait lancé un avis de recherche !!!!
-         « non, aucun... » sourit-elle. « je nous ai trouvé un film... »
-         « et moi, je nous ai fait du pop corn ! » dit-il fièrement. « ... Et bien allons-y ! »
Elle le vit avec amusement prendre place sur le fauteuil et faire dépasser ses longues jambes pardessus l’accoudoir, s’afférant à trouver LA position idéale.
Ne pouvant plus résister à l’appel du canapé, elle s’y affala en serrant le paquet de pop corn pardessus le coussin qu’elle tenait contre elle. Elle laissa un instant son regard dévier vers la nuque de l’homme à quelques centimètres d’elle en se disant qu’elle avait de la chance qu’il soit si près.
Mais soudain elle reçu une tape sur la tête. Elle releva les yeux et vit avec amusement que c’était la main du Général. Il avait tendu le bras en arrière, tentant sûrement de mettre la main sur le paquet.
-         « Mon Général, ça c’est ma tête ! » s’amusa-t-elle.
-         « ah bon, je n’avais pas remarqué ! » fit-il en faisant glisser sa main.
-         « Mon Général... » répéta-t-elle avec embarras. « ça, c’est... »
-         « hum... » fit-il en retirant vivement sa main des formes rebondies. « désolé. »
-         « tenez... » fit-elle en le lui tendant fébrilement le paquet. « je vais vous chercher une bière ! » rajouta-t-elle, rougissant.
-         « merci, » se contenta-t-il de répondre, tentant lui aussi de reprendre contenance après ce contact... Inspirant ! Très inspirant...
C’est à peine si elle ne se colla pas au frigo tant la température de son corps avait grimpé. Bon Dieu, un simple contact lui faisait perdre la tête alors qu’est-ce que ça ferait si... Oh non, pas question de penser à ça ! S’ordonna-t-elle en secouant la tête. Elle souffla un bon coup, se saisit de deux bières et revint au salon d’une foulée décidée, foulée qui ne mit que quelques secondes à se figer.
-         « Eh... Mais c’est MA place !!! » s’écria-t-elle. « Mon Général... » rajouta-t-elle mollement devant son sourcil levé.  
-         « et bien, vous n’avez qu’à prendre celle d’à coté !! » s’amusa-t-il devant son air outré.
Elle secoua la tête, les poings sur ses hanches.
 
-         « non, j’ veux mon canapé !! » bouda-t-elle.
-         « approchez Carter... » Demanda-t-il alors, un sourire énigmatique barrant son visage.
Elle le considéra un moment tentant de percer sa pensée... Peine perdue, c’était tout de même Jack O'Neill ! Indécise, elle finit par s’exécuter devant son regard insistant. Au diable les réticences, Sam Carter !
Mais à peine fut-elle à sa hauteur qu’elle se sentit retournée et plaquée contre un corps chaud, deux bras l’encerclant par la taille. La tête lui tournant, elle tenta tant bien que mal de calmer les battements anarchiques de son cœur alors qu’elle réalisait enfin sa position.
Hum... Leur position.
D’un mouvement brusque, il avait basculé un pied de l’autre coté du canapé en l’amenant à lui et plaquant son dos contre son torse en l’allongeant entre ses jambes. Comme quoi, ça servait toujours l’entraînement militaire ! Songea-t-elle, fébrile. Son cœur se mit à battre de plus en plus fort alors qu’il nichait la tête dans son cou... Un instant, elle crut tout simplement rêver.
-         « voyez-vous, Carter... » Chuchota-t-il à son oreille. « Je trouve qu’on peut très bien y tenir à deux, qu’en dites-vous? » lança-t-il espiègle.
-         « hum... » Acquiesça-t-elle, gémissant presque en se laissant aller contre lui.
Se faisant, les mains de Jack descendirent un peu plus dans son ventre, affolant les battements de son cœur. Elle soupira.
Elle n’avait ni l’envie, ni la force de résister et quelque chose lui disait qu’elle allait adorer cette nouvelle... Donnée ?
-         « J’en ai de la chance... » Déclara-t-elle mi-sérieusement, mi-plaisantant.
-         « Carter... » Commença-t-il, le souffle court. Avoir Carter allongée contre lui pouvait être très mais alors très... Inspirant !
-         « Sam... » Le coupa-t-elle.
-         « euh... Non, moi c’est Jack. »
-         « pas Carter... Sam, Mon Général. » Précisa-t-elle en tournant légèrement la tête. Juste assez pour voir l’immense sourire qui accueilli ses propos. « Ça ne serait pas de trop, non ? »
-         « je crois que c’est plutôt à vous qu’il faudrait dire ça... Après tout c’est vous qui me balancez tout le temps des ¨Mon Général¨ ! » avisa-t-il, charmeur.
-         « vous êtes dur, parfois je dis... ¨Monsieur¨ ! » lui rappela-t-elle, riant.
-         « comment ai-je pu oublier le fameux ¨Monsieur¨ ?! » ironisa-t-il.
Elle ria encore, le sentant resserrer son étreinte.
-         « Jack ? » hasarda-t-elle après un moment d’une voix hésitante.
-         « c’est moi ! » fit-il en prenant un peu de pop corn.
Elle ria encore, oubliant toute appréhension. Le ton était donné...
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Elle s’agita, ramenant vigoureusement les draps sur elle... Une faible lueur tentait de pénétrer le voile de ses yeux clos mais le noir qui l’entourait l’étouffa bien vite. Ses yeux papillotèrent et la lueur s’accentua. Seule une chose importait en ce moment, cette odeur. Elle la connaissait par cœur. Cette odeur la faisait vibrer. La sensation de froid avait magiquement disparue, il ne restait plus qu’un sentiment de bien être... De plénitude presque. 
Etait-ce un rêve ? Avait-elle rêvé de tout cela ? Les questions affluaient à son esprit mais peu lui importait... Cette odeur, elle la connaissait et elle l’aimait. Peu importait. Elle l’aimait… Elle l’aimait. Elle finit par ouvrir les yeux, se donna du temps pour s’habituer à la lumière puis se redressa légèrement.
Elle ne voulait surtout pas quitter cette enveloppe chaleureuse qui la couvait de sa douceur, elle était si bien...
Ils s’étaient endormis comme ça... Entrelacés devant la télé. C’était si bien d’être dans ses bras. De pouvoir l’appeler Jack... De partager son rire, d’apprécier le silence.
C’est d’un geste las qu’elle se recoucha sur le canapé en soupirant d’aise. Elle ramena son oreiller devant elle et renifla son odeur, fermant les yeux... Transportée par ce bien être. Peu importait. Elle l’aimait.
Cela dit, attirée par un bruit inquiétant venant de l’étage, elle repoussa ses draps et soupira en ramenant ses longues jambes dénudées contre sa poitrine puis d’une grande souplesse, elle se propulsa en avant pleine d’entrain pour se retrouver en tailleur, le nez toujours enfui dans l’irrésistible oreiller qu’elle tenait contre elle... Il y avait SON odeur dessus.
Se décidant enfin à se relever, elle tâtonna, manquant de s’étaler à terre en s’emmêlant dans ses draps et réussit enfin à atteindre son but. Passant devant la cuisine, elle vit que le petit-déjeuner avait été préparé, ce qui la fit sourire maladroitement.
C’est ainsi qu’elle monta les escaliers d’un pas léger mais dès qu’elle eut mis un pied à l’étage, elle resta bouche bée...
Sentant déjà le rouge lui monter aux joues, elle cru un instant que son cœur allait tout simplement cesser de battre pour mieux repartir, faisant de chaque battement un supplice refreiné. C’était vraiment une vision renversante... Renversante? Le mot était peut-être faible après tout c’était LUI quoi !
Laissant irrésistiblement son regard glisser sur son torse dénudé, elle contempla l’homme qui avançait comme au ralenti vers elle, une simple serviette nouée autour de sa taille et une autre recouvrant sa tête qu’il frottait vigoureusement de sa main libre.
Elle en resta interdite... Peut-être était-elle juste en train de rêver ! Mais oui, combien de fois avait-elle seulement rêvé de cela?
Des gouttes d’eau… Comment diable de simples gouttes d’eau lui paraissent-elles si attirantes sur lui… Et ces épaules larges et puissantes, ces muscles secs se dessinant sous sa peau si tentante…
Une bouffée de chaleur l’assouvit, bouleversant tout sur son passage... Il fallait qu’elle se reprenne et vite ! Jouer la carte de celle qui vient juste de se réveiller, courant, non? Raah !! Pourquoi n’arrivait-elle pas à détourner les yeux de ce spectacle pour le moins très… Oh oh oh, on arrête d’y penser… Ne pas penser à ce corps de rêve qu’il exhibait juste sous son nez !!... Ne pas regarder ses muscles se tendre et se détendre au rythme de son mouvement… Ne pas regarder la courbe parfaite de ses mollets ne pas tenter de deviner s… 
Oups… LA GAFFE !! Se sermonna-t-elle alors que relevant la tête au dernier moment, il n’avait pu s’arrêter et la percuta de plein fouet... Il avait instantanément stoppé son geste, l’air stupéfait...
 Basculant en arrière, elle sentit son cœur s’accélérer et ses jambes fléchir alors que deux bras puissants la rattrapaient de justesse en la collant contre lui.
Le bon coté c’est qu’il l’avait enfin remarqué... Le moins bon coté c’est qu’elle était en plein délit de ... « matage ? »
Pas très « fraternel » tout ça, non ? 
Se raccrochant pour ne pas tomber, elle avait enroulé ses bras autour de sa taille en un geste maladroit. Collée à lui, la tête nonchalamment posée sur son torse, tout ce qui importait pour elle en cet instant était de frémir au contact de ses mains timidement accrochées à ses hanches... D’apprécier à sa juste valeur la fougue des battements désordonnés de son cœur. Jamais un son ne lui avait parut aussi merveilleusement réconfortant. Elle se plaisait à penser que ce cœur vibrait pour elle... Qu’il battrait toujours pour elle. Elle aurait aimé rester ainsi toute une vie, à écouter son cœur...
Mais ce n’est qu’en sentant son souffle chaud contre sa nuque alors qu’il lui adressait un « Carter... » Léger, d’une voix ardente qu’elle ne lui connaissait que trop peu, qu’elle réalisa l’étendue de leur proximité.
Troublée, ses joues s’empourprèrent bien vite alors qu’elle se redressait légèrement, croisant son regard brillant. Elle se sentit défaillir un instant, noyée dans ce regard si pénétrant en cette seconde... Si expressif. Son regard se faisait caressant, chaud et enflammé... Sûrement le reflet du sien ! Songea-t-elle avec fièvre.
Craignant se perdre dans son regard assombrit par le désir, elle sentit une délicieuse chaleur naître au creux de ses reins, bouleversant ses sens... Se mordant violemment la lèvre inférieure, elle s’efforça de reprendre contenance : être à moitié nue dans les bras de son supérieur à moitié nu aussi n’était rien comparé à... « Nue »?!!! Elle était à moitié nue ?!! Bon Dieu, elle était à moitié nue !!!!!
-         « Mon Général... »
C’est ça… il fallait juste qu’elle ait l’air naturel et tout se passerait pour le mieux… Ne surtout pas rougir et ne surtout pas faire dévier sa bouche vers ce torse si... Stop!!.... Feindre l’innocence, ça marchait toujours à la télé, non? Elle avait dû se débarrasser de ses vêtements pendant la nuit, elle le faisait tout le temps... Respire, Carter ! Il t’a déjà vu en... Sous vêtements.
Ses mains roulèrent inévitablement sur son dos en une caresse flottante... Elle avait beau ordonner à ses mains de stopper leur mouvement rien y faisait. Elle rougit de plus belle en le sentant retenir son souffle.
Ne souhaitant surtout pas s’attarder sur les sensations que lui procurait le corps à peine vêtu qui était collé à lui, ni sur les rondeurs ô combien tentantes qu’il sentait sous SA main, ni sur ses épaules dénudées, ni sur le regard brûlant qu’il sentait sur lui, ni sur les mains fébriles qui couraient timidement sur son dos, il resta un instant figé, le souffle court, tentant de retrouver l’usage de ses jambes en vain... Il avait oublié de prendre des vêtements de rechange... L’imbécile !! Peut-être pas, après tout...
Elle redressa doucement la tête et accrochant son regard à... à peine dix petits centimètres d’elle, la tête lui tourna de plus belle et elle cru défaillir. Pestant intérieurement sur ce maudit after-shave qu’il lui faisait totalement perdre pied, elle se sentit plonger dedans sans aucune retenue. L’air rêveur, elle couva du regard ce visage secret, redessinant ses traits de son regard caressant. Puis, comme irrésistiblement attirée par le léger frémissement de ses lèvres entrouvertes, elle fit glisser son regard sur sa bouche en se mordant inconsciemment la lèvre inférieure, le regard gourmand...
Pour le moins troublé par ce geste inhabituel et assez direct venant de sa part -quand même, c’était Carter !!!- il essaya tant bien que mal de reprendre ses esprits en secouant la tête.
Faisant abstraction des mains frêles qui descendait encore plus bas sur son dos, il rassembla son courage à deux mains et s’éclipsa lentement de cette étreinte... Embrasée ? Son cœur manqua un battement alors qu’il l’entendit gémir contre son oreille au contact de sa main droite qui avait –malencontreusement- dévié de sa trajectoire initiale, préférant se glisser sur le ventre de celle-ci. Tentant désespérément de calmer ses sens attisés par le contact sensuel de ce corps auparavant collé au sien, il se mordit fortement la joue espérant chasser les images saugrenues que ce « son » avait fait surgir dans son esprit.
Il réussit, cela dit à grogner un... « Désolé. » presque plaintif en s’éloignant complètement.
Ils se regardèrent, très gênés.
-         « comme vous dormiez... » balbutia-t-il bêtement en s’écartant à regrets et désignant la douche. « je... Voulais juste... » rajouta-t-il embarrassé comme tentant de se justifier.
Comme elle ne répondait toujours pas, il fit glisser sa serviette sur ses épaules et passa une main nerveuse dans ses cheveux humides, la ramenant vers son visage... Dieu du ciel, ne la regarde pas comme ça ! Se sermonna-t-il, se mordant violemment la joue.
-         « mes affaires... J’avais oublié de les prendre. » se justifia-t-il enfin en se félicitant d’avoir réussi à terminer sa phrase.
Maintenant descends, prends tes affaires et habille-toi illico !
Il déglutit difficilement en réalisant soudain l’ampleur de la situation... Non pas deux officiers supérieurs pratiquement nus qui s’entrelaçaient maladroitement... Non : lui et CARTER se faisant face quasiment nus dans SON couloir !!
Conscient que la tension entre eux atteignait des records il se recula encore en s’efforçant de ne pas laisser son regard dévier de son visage... Dieu ce qu’elle était mignonne avec ses cheveux ébouriffées et ses joues rosies, contempla-t-il rêveur.
Enfin à distance raisonnable d’elle -vues les circonstances- il inclina simplement la tête, décontenancé pas son trouble apparent. Voir Carter dans un tel état n’était pas recommandé pour ses nerfs, aussi, il lui avait alors vivement tourné le dos, s’apprêtant à regagner ce maudit escalier mais se faisant, il sentit alors une forte poigne le retenir. En effet, comme prise d’une soudaine audace, et souhaitant lui montrer que la situation ne lui déplaisait pas, bien au contraire... Elle le retint brusquement par le bras le faisant se retourner, l’air étonné. Accrochant son regard, elle l’incita d’une légère pression à se pencher sur elle comme pour lui confier un secret, ce qu’il fit d’une docilité inaccoutumée. Leurs visages à quelques centimètres à peine, il déglutit péniblement...
-         « bonjour, Jack... » souffla-t-elle en retirant délicatement sa main, un sourire espiègle étirant ses lèvres.
 
Resté pour le moins interloqué devant son ton étrangement mais si agréablement... Intime, il finit par se redresser légèrement lui rendant son sourire.
Elle ne le repoussait pas? Elle s’amusait de la situation... De leur gêne ! Elle ne le repoussait pas ! Tout irait bien...
-         « je préfère ça ! » déclara-t-il sur un ton plein de sous-entendus posant la main sur sa tête, secouant gentiment ses mèches blondes comme l’on le ferait avec un enfant.
Et elle avait ri... Emplissant la maison d’une nouvelle énergie : d’une nouvelle émotion. La frustration était toujours là mais leur complicité avait su détendre l’atmosphère.  
-         « je dois y aller, Carter... » dit-il soudain, étranglant le rire de la belle dans sa gorge.
Y aller ? Aller où ça ? Il ne pouvait pas y aller ! Pas maintenant...
-         « il y a un souci à Washington, je dois y être en personne... » poursuivit-il, gêné. Pour une fois que les choses se présentaient plus ou moins bien pour eux !!
Les yeux légèrement humides, elle hocha simplement la tête en signe d’acquiescement. Cette journée avait pourtant si bien commencé.
-         « je suis désolé... » rajouta-t-il, ne sachant comment s’y prendre.
-         « ne vous en faites pas... » le rassura-t-elle d’un sourire triste. « je comprends tout à fait ! »
Il lui envoya un sourire reconnaissant puis fronça légèrement les sourcils, attisant la curiosité du Colonel.
-         « dites... » commença-t-il en la regardant de haut en bas malicieusement.
L’effet fut immédiat car ses joues s’empourprèrent instantanément.
-         « ... Vous n’auriez pas pris du poids, par hasard ? » remarqua-t-il d’un ton goguenard.
Elle ne lui laissa pas le temps de finir sa phrase qu’elle lui sautait dessus telle une furie, s’agrippant à son dos alors qu’anticipant sa réaction, il se retournait prestement. Nouant les jambes autour de sa taille, elle emprisonna son cou de ses deux bras en éclatant de rire...
D’abord surpris par l’attaque, il se joignit très vite à ses rires en les faisant tournoyer gaiement...
-         « que dites-vous de mes tortures? » demanda-t-elle en le chatouillant malicieusement.
-         « j’ai toujours pensé que vous étiez un maître en tortures... » Répondit-il gaiement en la balançant face à lui. « ... De tout genre d’ailleurs ! » conclu-t-il d’un air entendu et les yeux rieurs.
Les yeux ancrés au sien, leurs corps collés, elle rougit légèrement.
-         « Mon Général, vous me flattez ! » sourit-elle en se laissant gracieusement glisser à terre.
Ils restèrent un moment à se regarder, conscients qu’ils ne se reverraient peut-être pas de sitôt... Elle enregistrant chaque détail, remerciant le ciel de lui avoir permis de voir cette facette de lui. Lui, se demandant s’il ne rêvait pas, s’ils étaient bien entrain de penser à la même chose... Si elle aussi voulait étrangler tous ces sales bureaucrates incompétents ?!!!!!!!
Alors Sam lui envoya un sourire radieux et plongea son regard dans le sien en se pinçant la lèvre inférieure, sensuellement. Puis prise par le tourbillon d’émotions qui l’enivrait, elle ne put résister et posa délicatement ses mains sur le torse de Jack en écrasant les gouttes d’eau téméraires qui y perlaient et le sentit frissonner avec délectation. Elle les fit rouler lentement sur sa peau fraîche en sentant ses muscles se crisper sous ses doigts.
Elle releva la tête brusquement vers lui et un sourire vint étirer ses lèvres en croisant son regard chaud. Ce regard, plein de désir et de sensualité devait sûrement être le reflet du sien.
Elle porta l’une de ses mains à son visage et en redessina doucement les contours. Puis elle effleura délicatement sa bouche en la caressant sensuellement. Elle se pressa alors contre lui ne résistant plus à l’envie de l’embrasser, l’incitant à le faire.
Il ne se fit pas prier et l’entoura de ses bras par la taille avant de se pencher délicatement vers elle. Elle enroula ses mains autour de son cou et l’attira par la nuque pour les rapprocher davantage.
Il sourit en l’entendant gémir quand leurs souffles se joignirent. Alors délicatement, leurs lèvres se rencontrèrent enfin. Un baiser doux et timide à la fois.
La consécration tant attendue de maintes années de frustration et de désarroi. Un baiser dans lequel chacun faillit se perdre tant l’émotion était forte. Mais ils désiraient y aller doucement, ne pas brusquer les choses. Alors d’un commun accord, ils se séparèrent à bout de souffle et restèrent les yeux fermés, front contre front, n’osant gâcher la magie du moment… Ce baiser venait de tout bouleverser, ce baiser venait de tout dire...
-         « je... »
Le Général n’eut pas le temps de finir sa phrase que Sam déposait un second baiser sur ses lèvres. Ayant bien conscience qu’il bataillait ferme pour garder la maîtrise, elle sourit contre sa bouche en le sentant inévitablement réagir à ce second contact puis s’écarta doucement, le regard tendrement brillant.
-         « revenez-moi vite... »
-         « comptez sur moi... » grogna t-il presque.  
Il lui sourit puis lui tourna le dos après un dernier regard. Il n’aimait pas les au revoirs, elle le savait... elle n’allait pas redescendre.
 Sam le regarda descendre l’escaliers, amusée. Elle se retourna et s’engouffra dans la salle de bain, sourire aux lèvres.
Finalement, tout ira bien... Tout ira bien.
                                                                     Fin...       (... IndulgenceJ)
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Conçu par Océan spécialement pour Imagine.
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