La réalité improbable
Titre : La réalité improbable
Auteur : Ally
E-Mail : ally40@tiscali.fr
Résumé : Cette fic se situe dans le milieu de la saison 8…
Genre : J’ai essayé de mettre un semblant d’action en introduisant une réalité parallèle, mais l’action, ce n’est vraiment pas mon fort…
Disclamer : Ne touche aucun salaire, fictif ou non de la MGM
Note de l'auteur : Cette fic suscitera moins de polémique que la précédente (je l’espère du moins), vous pouvez lire sans craintes.
Bureau du général O’neill, 8h37 :
« Mon général, je vous dérange ? »
« Carter, qu’est ce qui vous amène ici ? un problème ? »
« Je voudrais vous parler de mes recherches »
Le Général O’Neill assit derrière son bureau posa le dossier qu’il faisait mine de lire et fronça les sourcils, détaillant attentivement la jeune femme debout devant lui. Il se motiva mentalement à recevoir un discours auquel il ne comprendrait à coup sûr qu’un dixième, mais il remarqua qu’elle semblait curieusement enjouée et se demanda l’origine de sa visite impromptue de si bonne heure.
« Mmm…, allez y Carter, mais faites court, j’ai un briefing avec SG-9 dans une vingtaine de minutes. »
« Je suis venue vous demander votre accord pour diversifier mes recherches. J’aimerais travailler sur autre chose que le réacteur à naquadah. »
« Vous êtes fâchée avec Naqui, Colonel ? » Il n’avait pas pu s’empêcher, ce genre de remarque, c’était plus fort que lui, même s’il était général, et inévitablement sa remarque lui fit esquisser un sourire.
« A vrai dire, je travaille sur le sujet depuis de nombreuses années, et j’éprouve une certaine lassitude »
« Je vous comprends. Et sur quoi aimeriez-vous travailler ? Y a t il un domaine précis qui vous plairait ? »
« J’aurais aimé mieux connaître les possibilités du miroir quantique. Pour le moment, personne n’a encore tenté d’exploiter totalement son potentiel. »
Jack s’agita nerveusement « Le miroir quantique ? » s’exclama-t-il. « Hors de question, C’est bien trop dangereux, et c’est pourquoi nous avions suspendu toute recherche à ce sujet. On a déjà eu un aperçu du genre de problème que peut poser ce miroir lorsque … »
Elle l’interrompit et tenta de le convaincre avec force et ardeur :
« Le miroir nous a aussi sauvé la vie lorsqu’il a permis à Daniel de ramener les coordonnées permettant de déjouer l’attaque d’Apophis. Et il a également sauvé la vie de mon double ».
« Mais je vous rappelle aussi colonel qu’il a failli coûté la vie de votre même double à cause de cette satanée anta… euh, anto… »
« l’entropie en cascade, monsieur. »
« Exactement » fanfaronna-t-il, « j’allais le dire. Et pourriez-vous m’expliquer ce que vous espérez découvrir ? »
« Justement, j’attendais que vous me posiez la question. Tout d’abord, j’aimerais mieux comprendre son mécanisme. Ensuite, il pourrait permettre de recenser les différents dangers auxquels ont été exposés nos doubles dans les différentes réalités afin de constituer une base de données sur les risques potentiel que court la Terre. Enfin, nous pourrions en apprendre peut-être plus sur nos ennemis et sur les technologies aliens en comparant les travaux de nos doubles avec les nôtres. »
Jack restait sans voix. Il se demandait ce qu’il pouvait répondre à des arguments aussi fondés, et il savait qu’il ne pouvait rien lui refuser, surtout lorsque s’allumait cette petite lueur dans ses yeux, montrant son enthousiasme sans borne pour le sujet.
« Accordé Carter, mais promettez-moi d’être discrète. Ce miroir attise les convoitises, j’aimerais que vous ne dévoiliez pas l’objet de vos travaux. Et Prudente. Je ne voudrais pas que vous restiez bloquée dans un autre monde. Je vous ferai livrer le miroir cet après-midi à votre labo. Ce sera tout ? »
« Oui, merci beaucoup mon général ». dit-elle en accompagnant sa réponse d’un franc sourire.
Dès qu’elle eut quitté la pièce, Jack se laissa couler au fond de son fauteuil. Il n’aimait pas vraiment ces histoires de réalités parallèles et de doubles mais il n’avait su trouver aucun argument rationnel et professionnel à lui opposer pour la convaincre de renoncer.
Il se contenterait une fois de plus de s’inquiéter pour elle, en silence, et de faire surveiller son labo, au cas où surgirait un problème.
« Mais que diable espérait-elle obtenir avec ce fichu miroir ? » marmonna-t-il.
Labo de Samantha Carter 14h46
Deux soldats toquèrent à la porte du laboratoire de la jeune scientifique. Ils étaient accompagnés d’une énorme caisse de forme allongée qui encombrait une partie du couloir. Lorsqu’ils découvrirent l’exiguïté de la pièce, ils comprirent rapidement qu’elle ne pourrait pas contenir la lourde caisse qu’ils avaient transporté à travers le dédale de couloirs du SGC, et dont ils ignoraient le contenu, mais on leur avait bien précisé que le colis était extrêmement fragile et la livraison urgente, l’ordre émanant du général en personne.
« ça ne rentrera pas. » affirma le plus petit des livreurs.
« laissez la caisse dans le couloir, je l’ouvrirai moi-même » ordonna le colonel. Face à cet ordre d’un militaire plus gradé qu’eux, ils ne purent qu’obéir bien que la galanterie leur aurait plutôt suggéré d’aider cette femme ravissante à ouvrir son colis.
Sam attendit qu’il n’y ait plus personne dans le couloir pour dévisser la caisse et en extraire le miroir. Elle n’avait pas envie que toute la base soit au courant que cet objet sujet à controverse était de retour au SGC. c’était déjà très gênant de ne pas avoir pu faire entrer la caisse dans son labo.
Le miroir était enfin installé dans l’angle. « O miroir, mon beau miroir… ». Décidément, les Walt Disney de son enfance avaient laissé une empreinte indélébile.
Songeuse, elle se remémora la visite du matin dans le bureau du général, et un sourire illumina involontairement ses lèvres à l’idée qu’elle avait légèrement menti sur ses motivations. Certes le miroir avait à coup sûr un potentiel scientifique énorme qu’elle finirait bien par cerner, mais elle avait caché sa véritable motivation et le général n’avait pas été si difficile qu’elle l’aurait imaginé à convaincre.
Bien sûr, elle ne reniait pas l’intérêt du miroir pour la recherche, mais sa première intention était d’explorer les autres réalités afin d’y voir plus clair dans son esprit. Elle espérait ainsi faire avancer la science tout en trouvant des réponses à ces tourments personnels. C’était assez peu commun comme méthode, mais son désarroi était à la hauteur des moyens mis en œuvre pour y parer.
En effet, dans toutes les précédentes réalités qu’ils avaient eus l’occasion d’explorer, Sam et Jack étaient mariés, ou fiancés, ce qui l’avait bien plus troublée qu’elle ne le laissait paraître. Et pourtant, actuellement, elle s’apprêtait à en épouser un autre, et au fond d’elle même, elle doutait toujours de son choix, bien qu’elle ait accepté la demande en mariage de Pete.
Sachant qu’il existait une infinités de réalités différentes, qui résultaient des différents choix effectués tout au long de la vie, en bonne scientifique, elle voulait vérifier l’hypothèse d’un mariage avec Pete avant de commettre une éventuelle erreur.
En partant de l’hypothèse que le choix de l’homme qu’elle devait épouser était Jack ou Pete, il devait donc exister autant de mondes où elle était avec Pete que de monde où elle était avec Jack.
A moins que le paramètre Pete ne soit corrélés avec le fait d’être militaire, ce qui diminuait considérablement la probabilité d’un Pete dans sa vie. Et si d’autres paramètres influaient sur la présence de Pete, les probabilités devenaient très minces, alors que Jack semblait être la constante universelle.
Dans ce cas, elle aurait aimé vérifier ce que la vie commune avec Pete pouvait donner dans au moins une autre réalité, car l’échantillon que Numéro 5 lui avait fait entrevoir l’avait énormément déçue.
Pourtant, elle pressentait qu’elle jouait avec le feu car voir les résultats des autres réalités pouvaient influer sur sa décision finale. Sa plus grande crainte était de ne pas trouver d’autres mondes où Pete jouerait un rôle dans sa vie. Et si sa réalité à elle était celle où elle devait renoncer à Jack, et l’unique réalité parmi l’infinité existante où elle devait effectuer ce choix douloureux. Et si c’était cela qu’elle était amené à découvrir ? Est-ce qu’elle serait obligée de maintenir son choix ? Ou pouvait-elle influer sur son destin ?
Elle secoua la tête pour chasser toutes ses idées farfelues. Ce genre de considérations lui donnaient mal au crâne. Il valait mieux ne pas y penser, et se mettre au travail. Agir était la meilleur solution, cela lui évitait de ressasser des idées trop sombres. Elle se mit donc à la recherche avec la télécommande laissée par son double d’une réalité où la Terre ne serait pas trop menacée, et où son double aurait comme elle le grade de colonel si possible.
Au premier essai, elle tomba directement sur son double qui n’était alors que Major, et qui ne connaissait pas de Pete Shanahan. Elles se donnèrent néanmoins rendez-vous un autre jour pour discuter sciences et technologies et comparer leurs avancées dans le domaine.
Au second essai, Daniel était présent dans son propre labo, mais son double n’était pas là. Il y cherchait un dossier. Il put rapidement répondre à ses interrogations. Dans cette réalité là, Sam était bien colonel mais seule. A sa connaissance, elle ne fréquentait aucun Pete. Elle prit également un futur rendez-vous avec ce Daniel qui promit que la prochaine fois, son double serait présente.
Elle stoppa là son premier jour d’exploration
Le lendemain matin
Au troisième essai, elle contempla son double, qui cachait mal sa grossesse sous sa veste longue. Elle n’osa pas l’aborder ne voulant pas connaître l’identité du père. Elle ré-essaierait de prendre contact avec cette Sam plus tard.
Au quatrième essai, il n’y avait personne dans le labo. Visiblement, la Sam de cette réalité menait également des travaux sur le miroir. Son ordinateur était là, mais elle devait à coup sûr être en congés, car il était éteint, fermé, et tout le reste du bureau était bien rangé, comme elle en avait l’habitude lorsqu’elle s’absentait. Elle songea à quitter son bureau, mais si elle était trop différente de la Sam de cette réalité, elle risquait d’éveiller les soupçons.
Le téléphone, voilà la solution. Elle appela le poste de Daniel, la boîte vocale répondit qu’il était absent pour une semaine, sans plus de précision. Probablement parti sur une autre planète avec une autre équipe afin de faire des fouilles. Elle composa alors le numéro du bureau du général, en espérant que ce soit bien Jack, le général de cette base, mais raccrocha immédiatement. Cette idée ne lui paraissait pas la meilleure. Finalement, elle composa le numéro de son propre téléphone portable. Au moins, même si elle était sortie, elle aurait affaire à elle-même, ce qui serait bien plus simple pour nouer le dialogue.
Au bout de la troisième sonnerie, elle désespéra de réussir à se joindre, elle savait qu’à la prochaine, le répondeur se déclencherait. Mais au dernier moment, elle entendit
« Carter, j’écoute »
« Bonjour, c’est Carter ! »
« C’est une blague ? Ce n’est décidément pas drôle, qui êtes vous ? »
« Je suis votre double d’une autre réalité, j’appelle de votre labo. Si vous ne me croyez pas, regardez le numéro d’où j’appelle, et rejoignez moi là-bas. »
Le double de Sam consulta l’écran de son portable, effectivement, l’appel provenait bien de son labo. Pourtant, elle avait fait des recherches sur le miroir, et elle n’était pas parvenue à en connaître le fonctionnement. Elle était sceptique, mais la curiosité fut la plus forte.
« Qui que vous soyez, je vous crois, j’arrive, mais ne bougez pas. ».
Sam attendait que son double arrive. Pour s’occuper, elle avait allumé l’ordinateur portable. Elle était gênée, elle avait l’impression de s’immiscer dans les affaires de son double, et elle détestait par dessus tout que quelqu’un aille farfouiller dans son disque dur. Mais d’un autre côté, c’était aussi ses propres affaires puisqu’il s’agissait d’elle-même. Pour preuve, jusqu’au mot de passe de connexion à son PC était identique.
Elle était affairée à étudier les rapports de son double, qui étaient bien souvent relativement similaires aux siens, quand quelqu’un pénétra sans prévenir. Elle le reconnut aussitôt. C’était Jack, et visiblement, il était général également dans cette réalité. Cela la tranquillisa.
Elle fit mine d’être concentrée sur son ordinateur, tout en l’étudiant du coin de l’œil, ne sachant pas si elle devait lui parler ou non. Il s’approcha derrière elle, et l’entoura de ses bras en murmurant doucement à son oreille « Tu aurais du me prévenir que tu étais de retour à la base ».
Elle sursauta à ce contact. Elle n’était pas habituée à une telle promiscuité avec lui dans son monde. Visiblement, il l’avait pris pour elle-même, enfin, son double, et n’avait pas vu de différence. Elle songea donc que le double de cette réalité devait vraiment beaucoup lui ressembler, tout du moins, d’apparence.
Elle se demanda si elle devait réagir, mais choisit de ne rien laisser paraître. Il commença à lui embrasser le cou, un long frisson la parcourut, il fallait absolument que cela cesse, elle ne pouvait pas faire ça, il y avait erreur sur la personne. D’un autre côté, c’était terriblement agréable, comment ne pas sombrer ?
Elle ne put réprimer un léger gémissement, à ce moment là, Jack fit tourner sa chaise dans sa direction et s’empara de ses lèvres. Lorsqu’elle sentit le contact de sa langue qui cherchait à rencontrer la sienne, elle sut qu’elle allait trop loin. Non pas qu’elle n’en mourait pas d’envie, mais elle préférait tout de même garder la primeur de ce contact intime pour son Jack.
Elle se dégagea en criant « Non ».
Jack étonné s’écarta « Qu’est ce qu’il y a Sam ? »
« Excusez-moi mon général, j’ai du travail urgent à finir. »
Le général ne comprenait pas, mais il connaissait suffisamment Sam pour savoir que son boulot passait avant tout, et il respectait son choix.
Penaud, il tenta de s’excuser « Excuse-moi, je ne savais pas que tu étais revenue pour travailler, je pensais égoïstement que tu étais revenue à la base pour me voir. Bon, j’ai compris , tu me l’a déjà répété : pas dans la base, ce n’est pas professionnel. Je n’insiste pas. »
Et il quitta le labo sans poser d’autres questions, et froissé par le refus de Sam.
Sam était encore toute chavirée. Visiblement, ce double ne connaissait pas Pete puisqu’elle était intime avec le général. Elle repensa aux sensations qu’il avait fait naître en elle, et ne put s’empêcher de songer que Pete ne l’avait jamais fait autant frissonner. Pour un peu, elle aurait immédiatement franchi le miroir dans le sens inverse tellement elle était troublée, mais elle se souvint que son double était en route et allait bientôt arriver. « Une chance qu’elle ne soit pas arriver au mauvais moment. » songea-t-elle.
Effectivement, cinq minutes plus tard, son double arrivait en trombe dans le labo. Elle avait pris le temps de se changer et de revêtir son uniforme. Dans cette tenue, ce double était assurément le plus ressemblant qu’elle n’ait jamais rencontré. Approximativement, la même coupe de cheveux, le même grade. Elle comprenait facilement que le général ait pu les confondre et n’y voir que du feu. Elles se dévisagèrent ainsi un long moment, absolument incrédules. Le seul détail qui différait, était l’alliance que celle-ci portait à son doigt.
Ce fut le double qui engagea la parole la première : « Incroyable ! C’est donc vrai, les réalités parallèles existent, j’en avais déjà envisagé l’existence théorique mais pouvoir le vérifier, c’est stupéfiant. »
« Oui, elles existent, et je sais ce que vous pouvez penser, moi aussi j’ai ressenti cela la première fois que mon équipe y a été confrontée. Donc apparemment, dans votre monde, vous n’avez jamais franchi le miroir quantique »
« Non, pourtant, j’ai étudié ce miroir, mais je n’ai jamais réussi à le faire fonctionner, ni à connaitre son utilité. »
« Je vous montrerai. »
Sam aurait voulu poser d’autres questions plus personnelles mais l’autre Sam était tellement enthousiaste qu’elle n’osa pas l’interrompre pour le moment et répondit patiemment aux nombreuses interrogations qu’elle avait concernant le miroir.
Au bout d’une longue séance de partage de connaissance scientifique, elle aborda enfin la problème de l’entropie en cascade, lui expliquant qu’elle ne pourrait pas rester très longtemps dans cette réalité, et elle osa enfin aborder le sujet de sa vie privée.
« Vous êtes mariée, je vous envie »
« Ne soyez pas pessimiste Sam, votre tour viendra. Moi aussi, j’ai bien cru que je finirais seule. »
« Mais j’aimerais vous demander quelque chose. Comment avez-vous pu avec Jack… je veux dire, comment avez vous fait, c’est interdit, il y a le règlement… »
« Ah, vous êtes aussi au courant pour Jack. » s’étonna-t-elle légèrement surprise.
« Oui, vous portez une alliance, j’en ai donc déduit que vous êtes mariés. »
« Mariée à Jack ? Non, vous avez raison, ce n’est pas possible, il y a le règlement qui nous en empêche, vous faites erreur. Je ne suis pas mariée avec Jack, je suis mariée avec Pete. C’est Pete que j’ai épousé. »
« Quoi ? Vous avez épousé Pete ? Oh, oh. Je sais que ça ne va pas vous plaire, mais tout à l’heure, Jack est entré dans ce labo et m’a pris pour vous, et j’ai pu constater que vous et lui… enfin… mon dieu… désolé, je ne devrais pas vous juger, après tout, vous menez votre vie comme bon vous semble. »
Sam était terriblement gênée par ce qu’elle venait d’apprendre. Evidemment, son double était libre de mener la vie qu’il lui semblait, mais quelque part, ce double c’était elle-même, elle qui transgressait le règlement, elle qui trompait son mari et cela ne lui ressemblait pas du tout. Et pourtant ce double lui semblait si proche en apparence du moins, c’était donc cela qui l‘attendait comme futur ? un mariage, un adultère et un règlement militaire bafoué. Elle ne se serait jamais cru capable de tant de transgressions.
Son double l’observait et semblait comprendre les sentiments contradictoires qui l’animaient à ce moment-là.
« Dans ma réalité, c’est légèrement .. différent. Je suis actuellement fiancée à Pete, et nous allons nous marier, mais j’ai de gros doutes concernant ce mariage. »
« Moi aussi, à l’époque, j’ai eu des doutes, mais puisque ce mariage arrangeait Pete, et qu’il était d’accord pour nous servir de couverture à Jack et moi. »
« Quoi ? Pete est au courant et il l’accepte ? Je le savais conciliant, mais à ce point, je ne l’aurais pas imaginé faire de telles concessions… »
« Bien sûr que Pete est au courant. C’est même lui qui l’a suggéré. Ce mariage l’arrangeait autant que moi. »
« L’arrangeait ? Je ne comprend vraiment plus rien. Je crois qu’il doit tout de même y avoir de grandes différences entre nos deux réalités. »
« Vous ne savez donc pas que Pete est homosexuel ? Ou bien Pete ne l’est pas dans votre réalité ? »
« Pete ? Homosexuel ? » Sam s’étouffa à moitié avec sa salive. Pete n’était peut-être pas le parfait étalon, mais elle avait eu l’occasion de voir qu’il n’était pas homosexuel. « Euh, non, il n’est pas homosexuel, pas à ma connaissance. »
« Mais c’est votre fiancé. Donc, j’en déduit… que vous formez … un vrai couple » A en voir la grimace sur son visage, cette idée semblait répugner le double de Sam.
« Et avec Jack, quels sont vos relations ? » interrogea-t-elle alors curieuse.
« professionnelles » C’était le premier mot qui lui était venu à l’esprit, mais cela sonnait faux. « Enfin, pas seulement, nous sommes amis. » Là, ça sonnait déjà plus juste, mais ça résonnait toujours aussi faux à ses oreilles.
« Je ne te crois pas » rétorqua le double. « Moi aussi, je donnais ce genre de réponse toute faite avant. « Euh, excuse moi, ne penses-tu pas qu’on pourrait se tutoyer, après tout, nous sommes la même personne ? »
Sam acquiesça aussitôt. Elle était incroyablement confuse que son double sache décrypter aussi clairement ses émotions, alors qu’elle-même n’y arrivait pas. Elle préféra détourner la conversation « Mais alors pourquoi avoir épouser Pete ? »
« Lorsque j’ai rencontré Pete, il était gentil, prévenant, charmant. Bref il était ce dont j’avais toujours rêvé, mais j’ai rapidement compris qu’il ne pouvait pas être plus qu’un ami sur qui je pouvais compter. Il n’y avait aucune passion, aucun désir. Juste une sentiment de sécurité. Lorsque je lui ai avoué la vérité, Pete a été soulagé. C’est là qu’il m’a parlé de son homosexualité, et que bien qu’il éprouvait beaucoup de tendresse pour moi, il préférait les hommes. Ensuite, il m’expliqua que vis à vis de sa famille, et plus encore vis à vis de son métier, il ne fallait pas que son secret soit découvert, et que je lui servait de couverture, de façade.
A mon tour, je lui ai parlé de Jack, du trouble que j’éprouvais pour lui depuis de si longues années, et de l’impossibilité pour nous deux de vivre notre relation au grand jour. C’est comme cela que nous avons passé un accord. En nous mariant, Pete pouvait continuer de cacher son homosexualité, et moi je pouvais entretenir une relation secrète avec Jack, Pete est également ma couverture, chacun y trouve son compte jusqu’à ce jour. »
Sam était ébahie par cette vérité. Elle dépassait tout ce qu’elle aurait pu imaginer. Elle commençait à se demander si ce double n’était pas la version maléfique d’elle-même. Pourtant, elle paraissait heureuse, semblait avoir trouvé son équilibre.
« Et avec Jack, comment ça c’est concrétisé ? » interrogea-t-elle avec un soupçon d’hésitation.
« Je ne pense pas que ce soit une bonne idée de te le dévoiler. Ça risquerait de t’influencer d’une manière ou d’une autre. »
« Je comprend, bien ,je crois qu’il faudrait mieux que je reparte avant que les effets de l’entropie ne se fassent sentir, ça fait déjà longtemps que je suis arrivée. On pourra se revoir ? »
« Bien sûr, on continuera de comparer nos découvertes, et de parler de nos vies. J’espère pour toi que tu y verras bientôt clair. »
Elles fixèrent la date de leur prochaine rencontre et Sam retourna dans sa réalité.
Arrivée dans son labo, elle ressentit un soulagement à l’idée d’être à nouveau dans son propre labo. Passer le miroir quantique, rencontrer des doubles de soi, découvrir les mêmes lieux, les mêmes personnes où tout est si identique et si différents à la foi était déconcertant. Il n’était pas très tard, mais tout ce qu’elle avait vécu et appris au cours de la journée l’avait épuisée. Trop d’émotions, trop de nouvelles choses à prendre en ligne de compte, elle avait besoin de digérer ce qu’elle venait de vivre.
Arrivée à la maison, elle se fit couler un bon bain chaud et laissa son esprit divagué. Elle revoyait les différentes versions d’elle même qu’elle avait pu apercevoir. Une seule identité et une possibilité infinie de destins, cela la laissait songeuse. Et au milieu de cette infinité de possibles, elle était la seule à pouvoir choisir ce qui la concernait, et elle avait plus que jamais peur de se tromper.
Elle se remémora également le contact avec Jack, ce genre de contact qu’elle n’aurait jamais dans cette réalité. Le souvenir de son souffle chaud sur sa nuque, elle frissonna à nouveau, comme s’il était là en chair et en os. Elle secoua la tête pour en chasser l’idée. Elle repensa au secret de son double. Elle se demandait si elle devait en parler à Pete. Non, ça ne lui semblait pas une bonne idée, et elle ne voyait pas comment lui demander s’il avait une attirance pour les hommes alors qu’ils étaient fiancés. D’ailleurs, les moments intimes passés en sa compagnie ne laissaient pas de doute possible.
Pourtant à y réfléchir de plus près, il est vrai que leurs rapports n’étaient pas si fréquents, ils ne se voyaient pas très souvent, autant l’un que l’autre absorbés par leurs jobs respectifs, et lors de leurs rares nuits passées ensemble, ils étaient souvent bien trop épuisé pour ça.
Elle réalisa qu’elle ne s’était jamais interrogée à ce sujet, mais il est vrai que contrairement à d’autres hommes, il n’avait pas trop l’air « porter sur la bagatelle ». Et ça lui convenait très bien, mais ç’aurait pu éveillé ses soupçons. De plus, il était souvent absent en soirée, il prétextait le travail, mais ce pourrait-il que son fiancé mène une double vie ?
Doucement, l’idée trotta dans sa tête. Elle voyait alors sa vie sous un nouvel éclairage. Et le pire de tout, c’est que cette idée ne lui était pas désagréable. Elle aurait du se sentir malade à sa simple évocation, et bien pas du tout, elle en ressentait presqu’un soulagement. Elle comprit alors que pour elle aussi, sa relation avec Pete n’était qu’une façade. Au fond d’elle, c’est Jack qu’elle avait toujours voulu, et finalement peu importe ce que Pete était vraiment, tout ce qui lui importait depuis des années, c’était Jack et uniquement lui.
Elle prit alors la résolution de clarifier sa vie. Contrairement à l’autre Sam, elle ne désirait pas un mariage vitrine, elle préférait affronter pour la première fois ses sentiments, prendre sa vie en main, et résoudre ce problème qui la consumait à petit feu depuis plus de 8 ans en l’affrontant à bras le corps.
Fière de cette résolution, elle sortit de son bain, et put dormir d’un sommeil profond pour la première fois depuis des années. Sa décision était prise, et elle se sentait plus soulagée que jamais.
…………………………………………………………………………………………………………………….
Le lendemain, elle arriva de bonne heure à son labo, un grand sourire sur les lèvres. Lorsqu’elle retrouva Daniel et Teal’c au mess pour le petit déjeuner, ils remarquèrent immédiatement cette métamorphose mais n’osèrent pas la questionner pour en connaître la raison. Quelques instants plus tard, le général les rejoignait. Lui aussi parut surpris
« Carter, vous avez l’air bien enjouée ce matin. »
« C’est à cause de mes nouvelles recherches mon général, ce que j’ai découvert est fascinant. »
« Je n’en doute pas, mais par pitié, ne me dites pas ce qu’il y a de tellement fascinant avant que j’aie avaler mon café. »
« Vous travaillez sur quoi Sam ? » interrogea Daniel.
« Je ne sais pas si le général m’autorise à vous le révéler, il m’a demandé de garder cela secret. »
« Et le jour où je déciderai que tout la base doit être au courant, on vous en parlera Daniel, c’est promis » rétorqua Jack, trop content de pouvoir taquiner son archéologue favori dès le petit déjeuner.
N’ayant pas de sortie off-world de prévue, Sam passa sa journée à ses recherches. Cette fois-ci, elle était retournée à son cher réacteur, en ayant terminé pour le moment avec le miroir quantique. Elle rédigea également quelques compte-rendus d’expérience. Cependant, derrière cette calme apparence, elle méditait intérieurement son plan. Comme elle se l’était promis la veille, elle comptait faire succomber Jack O’neill, et préparait son plan aussi activement que l’attaque du vaisseau d’Apophis. Méticuleuse par nature, elle n’avait rien laissé au hasard.
Bureau du Général Jack O’neill 23h52
Jack achevait enfin son interminable journée de travail. Depuis qu’il était général, il ne comptait plus les heures, les journées filaient à une vitesse effroyable, rythmée par les briefings, les départs et arrivées par la porte, les coups de fil du président et du général Hammond, les nombreuses interventions de Walter.
Ce soir la base était calme et relativement déserte. Aucun retour n’était prévu dans la nuit, sauf urgence. Seuls quelques soldats étaient de garde, la plupart des effectifs étaient rentrés chez eux ou dormaient déjà paisiblement dans leurs quartiers.
Il passa devant le laboratoire du colonel Carter, rassuré de vérifier qu’elle n’y était pas. Si ç’eut été le cas, il lui aurait ordonné d’aller dormir, mais il était également légèrement déçu de ne pas la trouver, passer 5 minute en sa compagnie était un des rares moments privilégiés de sa journée.
A défaut, il apprécierait particulièrement une bonne douche comme il en avait l’habitude avant d’essayer de passer une nuit complète, espérant qu’elle ne serait pas troublée par une alerte imprévue. Depuis qu’il était passé général, il disposait de sa salle de bain personnelle dans ses quartiers, mais il avait conservé l’habitude de se doucher dans les vestiaires communs. Il aimait s’y rendre comme au bon vieux temps. Son casier y avait toujours sa place, à côté de ses anciens co-équipiers, il avait ainsi l’impression de faire encore partie de l’équipe, même si ce n’était plus tout à fait le cas. Nostalgie, quand tu nous tiens…
Le vestiaire était évidemment désert. Après s’être débarrassé de ses effets personnels, il se glissa sous le jet tiède salvateur. C’était vraiment un des meilleurs moments de sa journée, l’un des rares à vrai dire où ses responsabilités s’évaporaient, lui permettant de se relaxer, et d’évacuer tout le stress. Il était en train de se shampooiner lorsqu’il crut entendre un bruit. Qui pouvait bien entrer dans les vestiaires à cette heure ? Il tendit l’oreille mais n’entendait plus rien. Il avait dû se tromper.
Il sortit quelques minutes plus tard, la serviette nouée autour de la taille. Il était sur le point d’ouvrir son casier pour y chercher ses habits de rechange, lorsqu’il sentit qu’il n’était pas seul. Il n’avait donc pas rêver, il y avait bien quelqu’un dans ce vestiaire. Il se retourna et se retrouva nez à nez avec son second qui le fit sursauter :
« Qu’est ce que vous faites ici Carter ? »
Il la détailla alors de la tête au pied, elle portait un top gris qui dévoilait son nombril. Ce petit top moulant lui allait à la perfection. Mais … il connaissait cette tenue, il ne se la rappelait que trop bien, elle ne l’avait jamais porté depuis, du moins en sa présence, c’était il y a bien longtemps dans les mêmes vestiaires.
Il distingua alors le sourire carnassier qu’elle avait sur les lèvres, comme un prédateur prêt à bondir sur sa proie.
Pendant ce temps, elle en profitait pour le détailler à son tour. Ainsi dénudé, la vue était charmante, son torse musclé sur lequel quelques gouttes ruisselaient encore, la serviette trop fermée à son goût mais qui pouvait tomber si facilement et le dévoiler dans le plus simple appareil.
« Carter, mais vous avez perdu la tête ? »
Elle se rapprochait dangereusement de lui, il se recula, mais se heurta contre le mur. Il tenait le plus fermement possible sa serviette d’une main, pour qu’elle ne glisse pas.
« Mon général, je vous fais peur ? »
Ma parole, elle se moquait délibérément de lui. Il est vrai qu’il avait l’air ridicule de fuir ainsi. Lui, le respecté et craint général O’neill qui cherchait à échapper à une femme insistante. Voyons, Jack, reprend toi, il en va de ta réputation. Il se redressa et chercha à atteindre à nouveau son casier, s’il pouvait au moins enfiler un pantalon, il se sentirait plus à l’aise.
« Vous êtes fiancée à Pete je vous rappelle, calmez-vous. » ordonna-t-il, essayant de déjouer son attention pour atteindre son vêtement.
« Pete, on s’en fout » affirma-t-elle intransigeante.
Il fit un pas en avant, mais elle avança également et il recula à nouveau. Finalement, il se retrouva encore plus appuyé contre le mur que précédemment. Il se demanda s’il n’allait pas être obligé d’en venir à la force pour la maîtriser. Mais pour cela, il avait besoin de ses deux mains, et il risquait fort de perdre sa serviette durant l’assaut, ce qui risquait d’aggraver la situation suffisamment inconfortable. Il essayait de faire abstraction de son corps presque collé contre le sien.
Elle profita de ce court instant d’hésitation chez lui pour lancer la première offensive et s’emparer de ses lèvres. Ce baiser n’avait rien de tendre, elle le dévorait littéralement, le mordit même légèrement.
« Arrêtez ça tout de suite ! » réussit-il a articuler en se débattant.
« Vous êtes sûr ? » interrogea-t-elle sur un air félin
« Evidemment Carter. » répondit-il avec aplomb.
« Je ne vous crois pas » affirma-t-elle se reculant et laissant son regard dériver vers la serviette qui ne parvenait pas à cacher la bosse qui venait d’y apparaître.
« Et merde » pensa Jack. Il avait beau lutter et tenter de se convaincre du contraire, son corps le trahissait outrageusement.
Sam se rapprocha à nouveau, appliquant précautionneusement sa main sur la bosse, et murmurant à son oreille « Inutile de mentir mon Général, laissez vous aller, il n’y a pas de caméra ici, personne ne le saura. » Elle embrassait le lobe de l’oreille pour descendre ensuite le long de son cou et continuait en parallèle la douce torture à travers le tissus de la serviette. Elle avait des arguments diablement convaincants, et ses caresses lui faisaient perdre toute lucidité. Il tentait vainement de reprendre en vain son sang-froid, mais ne pouvait réprimer un gémissement, ni empêcher les battements de son cœur de battre la chamade.
Quand il sentit à nouveau ses lèvres sur les siennes, mais cette fois-ci, avec un grande douceur, il capitula, et la serviette glissa à terre…
…
Lorsqu’il reprirent leurs esprits, allongés nus sur le carrelage glacial du vestiaire, ils frissonnèrent de froid. Heureusement, ils n’avaient que quelques mètres à faire pour se réchauffer sous la douche tiède. Ils se rhabillèrent en silence, ils n’avaient pas prononcés un mot.
Jack avait peur d’être maladroit et préférait donc ne rien dire. Sam se doutait qu’elle lui devait une explication, mais cherchait le courage de s’expliquer.
« Je crois qu’on a des choses à se dire, mon général »
« Je crois aussi, Carter, mais pas ce soir, il est tard, allons nous coucher. Demain ? » il la suppliait du regard d’accepter le report d’audience.
« Demain soir, chez moi, après votre journée de travail. »
« Je risque de terminer tard. »
« Je prend le risque, je vous attendrai ».
« J’essaierai de me libérer aussi vite que possible » conclut-il avec un sourire charmeur qui la conforta. Elle avait eu mille fois raisons d’appliquer le plan B.
Ils quittèrent les vestiaires toujours en silence, et se dirigèrent marchant côte à côte en direction de leurs quartiers. Arrivés devant ceux de Jack, Sam était toujours là, elle l’avait suivi machinalement, et il n’avait rien objecté. Toujours sans un mot, il ouvrit la porte, pénétra à l’intérieur et la sonda du regard. Elle entra dans la pièce d’un accord tacite. Il referma la porte, et aussitôt, ils se retrouvèrent dans les bras l’un de l’autre. Jack savait qu’il était complètement fou de la laisser entrer ici, mais la petite partie raisonnable de son cerveau n’avait aucune chance de se faire entendre. Ils venaient enfin de laisser leurs désirs affluer pour la première fois, la soupape de sécurité avait sauté, il ne pouvait plus faire machine arrière.
C’est tout naturellement que leur long baiser les dirigea vers le lit où ils purent s’allonger, profitant enfin d’un endroit plus confortable que le froid carrelage du vestiaire pour y loger leurs ébats.
…
« Jaaack » Le mot s’échappa comme un murmure des lèvres de Sam. Bien que soucieux de ne pas alerter la base entière et être découverts dans une situation compromettante, ce léger cri lui avait échappé. Jack ressentit une fierté incommensurable à l’entente de son prénom prononcé sous l’emprise du plaisir. Pour une fois, elle ne l’avait pas appelé par son grade, mais par son nom.
Après un court sommeil, il lui ordonna tout de même de regagner ses propres quartiers. Il ne lui paraissait pas judicieux qu’elle passe la nuit entière près de lui, même s’il aurait bien aimé la garder encore un peu plus près de lui. Après un dernier baiser, et un « A demain, Sam », il se retrouva enfin seul dans le lit encore tout imprégné de son parfum. Petit à petit, il retrouvait ses esprits, sa lucidité, et commença à s’en vouloir. Certes, il avait passé la plus merveilleuse des soirées, celle dont il avait imaginé mille scénarios possibles. Mais jamais dans son esprit, la soirée ne commençait dans les vestiaires pour terminer dans ses quartiers. Il avait toujours imaginé quelque chose de plus romantique, il avait imaginé qu’il lui sortirait le grand jeu, pas qu’elle le violerait littéralement contre un casier.
D’un autre côté, il devait reconnaître qu’il avait peut-être été un peu long à se décider, et qu’il appréciait qu’une femme prenne les devants. Il sourit en se remémorant leur altercation « Oh que oui, il avait apprécié… »
Il n’arrivait pas à trouver le sommeil. Il appréhendait la journée du lendemain. Il ne savait pas quelle attitude adopter. Il culpabilisait. Dans les vestiaires, il avait été faible, soit, mais elle l’avait vraiment cherché. On pouvait encore qualifier cela d’accident. Mais ensuite, l’avoir laissée entrer dans sa propre chambre, il aurait dû y réfléchir, il n’avait aucune excuse, et il ne pouvait plus prétexter l’accident. Mais pourquoi l’avoir laissée entrer ? Au fond de lui, même s’il n’osait pas se l’avouer, il savait très bien qu’il avait voulu en profiter encore un peu, ne sachant pas à quoi allait aboutir leur discussion du lendemain, il avait voulu prolonger l’instant de grâce. S’enivrer encore un peu de sa présence, de son odeur, avoir un peu plus longtemps l’illusion qu’elle pouvait être à lui. Il espérait que le lendemain, elle ne déciderait pas de tout oublier d’un commun accord. Et il ne comprenait toujours pas ce qui l’avait poussée à venir dans ce vestiaire lui faire ce show. Ce n’était pas du tout la Carter qu’il connaissait. Pour l’amour du ciel, n’était-elle pas pourtant encore fiancé à ce policier ?
Non content d’avoir transgresser les règles, il fallait en plus qu’ils cocufient ce malheureux. Et pourtant, ils avaient eu 8 ans pour se décider, alors ils auraient pu faire cela dans les règles, tant qu’à mettre aussi longtemps. Décidément, les femmes et leur mystère…
La journée du lendemain se passa lentement, beaucoup trop lentement. Bien sûr, ils se croisèrent au mess comme d’habitude et surent parfaitement jouer la comédie. A tel point qu’ils se demandaient réciproquement s’ils n’avaient pas rêver la veille, tant rien ne semblait avoir changé.
Jack essayait d’en faire un maximum pour se libérer plus tôt que d’habitude. Mais il avait du mal à se concentrer, il regardait sans cesse sa montre.
De son côté Sam se sentait sereine. Elle avait eu ce qu’elle désirait obtenir, et elle était sur son petit nuage. Grâce à son expérience de réalité alternée, elle était extrêmement confiante sur la suite des évènements, même si elle ne savait pas exactement comment elle allait justifier son acte à Jack. Et pourquoi ne pas lui dire tout simplement la vérité ? Non, lui parler de la rencontre de son double, hors de question. Et puis il faudrait aussi rompre avec Pete, mais cela lui semblait une simple formalité. Elle n’avait jamais rien ressenti de très profond pour lui, donc ça lui serait facile, même si ce n’était jamais agréable de rompre. Finalement, elle décida de ne pas y penser, et d’improviser lorsque Jack serait sur le pas de sa porte.
Maison du colonel Samantha Carter, 21h18
Ding dong… La sonnette de la porte d’entrée retentissait. Elle n’était pas surprise, elle avait entendu sa voiture arriver. Elle ne l’attendait pas si tôt mais l’espérait, il avait vraiment fait un réel effort pour se libérer de ses nombreuses contraintes de général et en était ravie.
Elle vérifia une dernière fois son reflet dans le miroir de l’entrée et ouvrit
« Mon Général, vous êtes en avance. »
« Pour une fois que j’arrive à me soustraire aux griffes de Walter, je ne vais pas m’en plaindre »
Ils avaient échangé ces quelques paroles sans se regarder. Il lui tendit poliment son manteau qu’elle rangea soigneusement et lui fit signe d’entrer dans le salon.
Il s’assit sur le canapé, elle le suivait en hésitant : devait-elle s’asseoir à côté de lui ou sur le fauteuil en face ? La proximité l’effrayait, mais l’éloignement risquait de paraître un peu froid et ne pas faciliter la conversation. Elle opta finalement pour le canapé, mais suffisamment éloigné de lui pour ne pas se gêner mutuellement.
:Elle osa enfin le regarder. Il en fit de même. Incapables de se parler, ils étaient juste bons à se dévisager mutuellement, fixement. Sous ce regard, elle se sentait terriblement mal à l’aise tout d’abord, puis terriblement bien, et les mots s’envolaient avant même d’arriver à son esprit. Autrefois, ils avaient toujours su se préserver de ce genre d’échange dangereux, l’un ou l’autre détournant le regard avant qu’il ne soit trop tard. Mais aujourd’hui, tout avait changé, et ils ne pouvaient plus le refouler, se défiler.
C’est ainsi qu’ils s’approchèrent imperceptiblement, millimètre après millimètre, jusqu’à se retrouver dans l’un contre l’autre, dans les bras l’un de l’autre, les lèvres sur celles de l’autre, guidés par la seul force de leur regard. Ce baiser était comme un soulagement, évacuant toute la tension qui régnait dans la pièce. Ils n’avaient pas résisté, ils ne pouvaient plus résister, il ne le souhaitaient plus, ni l’un, ni l’autre, plus la force, plus de volonté réciproque de lutter contre ce qu’ils ressentaient, et ils venaient d’en avoir la preuve tangible.
« Je croyais que vous étiez venu pour avoir une discussion » se moqua gentiment Sam, la tête dans le cou de son général.
« Vous devriez savoir Carter, que je n’ai jamais été doué pour les discours » reconnut-t-il enfin.
Finalement, c’était tout, ils en avaient suffisamment dit, ils savaient exactement où ils en étaient, et purent profiter pleinement de leur soirée.
Plus tard, Sam songeait enfin aux conséquences réelles et se décida à aborder le sujet de leur avenir.
« Et comment allons nous régler le problème du règlement ? » l’interrogea-t-elle sérieusement.
« Ah, ça ! ce n’est qu’un soucis administratif de plus. Et depuis que je suis général, je suis devenu le spécialiste des tracasseries administratives en tout genre. Faites-moi confiance, je saurai régler ça. Un léger remaniement de la hiérarchie de cette base, et vous ne serez plus sous mes ordres directs tout en continuant d’exercer votre travail actuel. Le tour sera joué. »
« C’est aussi simple que ça » insista-t-elle, incrédule
« Oui, aussi simple que ça » conclut-il d’un baiser qu’il interrompit aussitôt lorsqu’une autre source de tracasserie l’assaillit
« Et Pete ? » demanda-t-il
« Quoi Pete ? » répondit-elle feignant l’indifférence.
« Vous n’étiez pas censé être fiancée aux dernières nouvelles, Mademoiselle ? » dit-il en faisant mine de s’indigner.
« Vos sources de renseignements ne sont plus fiables mon Général » ironisa-t-elle
« Depuis quand ? » questionna-t-il cette fois-ci sérieusement.
« Depuis cet après-midi. Nous avons rompu. » admit-elle fièrement.
« C’est aussi simple que cela alors » insista-t-il.
« Oui, aussi simple que cela » conclut-t-elle en se blottissant contre lui.
FIN