Demain, il reprendrait, pour de bon cette fois. Cela faisait moins d’un an qu’il était à la retraite et il reprenait déjà le collier. Ils avaient rappelé Ferreti et même Kawalsky, spécialement pour le convaincre. Et ça avait marché. Franchement, il n’était bon que pour le travail. Même passer une retraite paisible il en était incapable. Après un soupir amer, il empoigna sa bière et se dirigea sur une banquette où il se laissa choir. Sans prêter attention à l’ambiance festive du pub où il se trouvait, il reprit ses pensées, qu’il l’emmenèrent au jugement de divorce qu’il avait trouvé dans sa boîte aux lettres le mois dernier et à l’événement qui l’avait conduit là, la mort de son fils. Il en était à rejouer encore la scène une dernière fois pour savoir se qu’il aurait pu faire d’autre pour sauver son fils quand son attention fût attiré par une jeune femme qui venait d’entré dans le pub, l’air complètement paniquée. Il l’étudia pendant quelques secondes. Grande, près du mètre 75, mince, blonde, les yeux bleus. Belle fille, se dit-il, mais pas du style à passer la nuit avec lui sans se poser de questions décida t’il après quelques secondes de réflexion. Dommage, s’aurait pu être sympa avec elle. Il l 'aurait abordé avec une de ses fameuses blagues, du style vieux truc éculé genre « vous habitez chez vos parents » avec le sourire en coin. Elle aurait rit comprenant qu’il se moquait de lui-même. Puis ils se serait présentés, aurait bu une ou deux bières en parlant de tout et de rien sachant tout les deux qu’ils finiraient la soirée dans le même lit. Alors, il l’aurait amenée à l’hôtel d’en face, et avant même d’avoir fermer la porte de la chambre. Il l’aurait embrassée, l’aurait déshabillée tout en caressant ses seins…Stop, pensa t’il si tu commences à fantasmer sur des inconnues, tu ferais mieux de te faire soigner mon vieux…Ou de vivre tes fantasmes. Non, elle, ce n’est pas une fille comme ça. Et lui, il ne cherchait sommes toutes qu’à soulager ses pulsions animales,chercher juste un moment de plaisir durant lequel il oublierait son désespoir, et stop, le matin, au revoir et à la prochaine, sachant qu’il ne reverrait jamais la fille et oublierait son prénom s’il avait pensé à le lui demander, chose dont il ne se souciait pas vraiment.
Tout à ses réflexions, il ne vit pas la jeune femme s’approchant de sa table.
- Je peux m’asseoir ? demanda t’elle l’air contrit, il n’y de place nulle part ailleurs.
- Allez-y.
Peut-être s’était-il trompé sur elle ? Pourquoi pas tenter sa chance ? Une rebuffade de plus ou de moins…
- Qu’est-ce qui amène une jeune et jolie femme comme vous dans ce pub ?
Vraiment éculé ses trucs, le petit sourire et normalement…non, même pas exaspérée, seulement…abattue, oui. Il se redressa, elle commençait à l’intriguer.
- Beaucoup de choses, mais n’en parlons pas.
- Ça peut faire du bien de parler vous savez.
Si Sarah l’entendait, soit elle lui arracherait les yeux soit, elle rierait de son hypocrisie, soit elle lui dévisserait la tête, au bien les trois, oui, elle ferait certainement les trois.
Je ne vais pas vous ennuyez avec mes problèmes.
Ça me distraira des miens, et puis, c’est souvent plus facile de se confier à un inconnu.
Si vous voulez, mais c’est une longue histoire
Ça tombe bien, j’aime les longues histoires et j’ai tout mon temps.
Depuis quand était-il devenu si attentif aux autres ? Bah…la détresse qui se lisait sur le visage de cette jeune femme réveillait en lui ses instincts protecteurs.
Je ne sais pas par où commencer.
Le début, si vous tenez à ce que je comprenne. Il ne faut pas le dire, mais je suis un peu lent.
Elle rit. Enfin, il avait réussi à la dérider. Même si au départ, ce n’était pas vraiment une blague.
Vous avez parlé de beaucoup de choses qu’elles sont-elles ?
En résumé, un nouveau travail, un ex trop collant, une maison pas encore disponible, une aucune chambre d’hôtel libre en ville. Je suis condamnée à dormir dans ma voiture ce soir. Je suis venue ici pour me détendre avant de m’enfermer dans ma voiture.
Je vois et l’ex dans le lot ?
J’ai appris qu’il risquait de travailler avec moi à nouveau.
Ouille, ça c’est si mal fini que ça ?
J’ai rompu nos fiançailles, Jonas… Elle s’interrompît.
Jonas ?
Non laisser tomber.
Non, vous ne pouvez pas me faire ça, vous avez commencé, vous finissez !
O.K, Il devenait trop possessif, souhaitait que j’arrête de travailler pour me consacrer rien qu’a lui. Bien sûr j’ai refusé. Il est rentré dans une telle colère que j’ai cru qu’il allait me frapper.
Il ne l’a pas fais au moins ?
Non, il n’en a pas eu le temps, j’esquive vite. Enfin j’ai tout de même prît une baffe. Là, j’ai sût qui il était vraiment et je l’ai quitté. Le lendemain, il est revenu tout doux et c’est excusé me jurant c’est grand dieux que c’était exceptionnel et qu’il acceptait que je travaille…Je l’ai cru.
Et vous êtes retourné avec lui.
Oui, c’était il y a un an. Puis un jour, on s’est encore disputés à ce sujet et… Je ne sais même pas pourquoi je vous raconte ça, je n’en ai jamais parlé avant.
Je vous l’ai dis, c’est plus facile avec les inconnus. Donc vous vous êtes disputés et… ?
Là il ne m’a pas raté, j’ai fini à l’hôpital avec une commotion cérébrale et trois côtes cassées. Le pire, c’est que je n’ai pas pu profiter d’une occasion unique dans mon boulot.
Vous n’avez pas porté plainte ?
Non. C’était sa parole contre la mienne, dans mon boulot, je me blesse souvent. Et sa parole a plus de poids que la mienne. Mais je l’ai quitté, définitivement. Puis on m’a proposé une grande opportunité de travail qui m’a conduit dans cette ville où je ne connais personne. Mais la maison que j’ai louée n’est pas encore disponible, et il n’y a plus une chambre d’hôtel libre en ville.
C’est normal, c’est le congrès d’astrologie en ce moment.
Il y a des congrès là dessus ?
Faut croire que des gens croient en ses conneries.
Pas moi en tout cas.
Ravie d’enfin rencontrer une femme raisonnable.
Pas vraiment sinon, je dormirais dans un bon lit ce soir.
Ça peut encore s’arranger.
Serait-ce des avances monsieur ? demanda t’elle avec le sourire.
Peut-être que oui. Sinon, j’ai une chambre d’ami.
J’accepte volontiers la chambre d’ami alors.
D’accord. Donc vous dormirez chez moi ce soir. Mais on a encore le temps.
La discussion roula alors sur la vie de Jack puis en peu plus sur le passé de Sam. D’heure en heure, ils se rapprochaient. Chacun s’étonnant de s’ouvrir à l’autre. Quand patron du pub décida qu’il était temps qu’il ferme, ils savaient tout ce qu’il y avait à savoir sur l’autre en dehors se qui pourrait paraître, à tort, le plus important, leurs noms et leurs activités professionnellse. Ils partirent bras dessus bras dessous. Prenant chacun leur voiture, ils partirent chez Jack. La chambre d’ami ne fût pas utilisée ce soir là.