" Merde ! Allez vous faire voir ! "
"Qu’est-ce que vous croyez ? Que se serait aussi simple ? Bon dieu, Carter ! Revenez sur Terre !"
"Ne tentez pas ça avec moi ! Espèce de …Vous savez parfaitement où ça finirait !"
"Certainement pas sur le comptoir de ma cuisine !"
"Allez vous faire voir !"
"A court d’insultes Carter ?"
…Crash !…
"Vous ne trouvez pas la déco à votre goût ?"
…Clac !…
Le silence suivant cet échange fut bienvenue aux oreilles des murs. L’homme se tint au milieu de sa cuisine, regardant stupidement le sucre répandu au sol par le jet de la sucrière..
"Bien joué O’Neill !"
Ni amertume, ni ironie. Une analyse indifférente de la situation. Un peu de ménage s’imposait ; il achèterait une sucrière en verre cette fois-ci peut-être… Ramassant ses fringues et remettant le T-shirt, il nota avec absence la présence d’un outil bien féminin pendu au frigo. Hum, ça devait balancer…
Retenant le coup de balai sur sa vie, il plia nettement l’objet et le posa sur le seul coin de la table non dérangé. Pas vraiment comme lui. La chaise qu’il se baissa pour ramasser lui renvoya son image, il s’était assis sur ses sentiments et désirs.
…Clac !…
"Pauvres gonds ! Enfin Carter, un peu de…"
le coup partit vers son destinataire en chronopost. Un bon crochet ; après tout ce n’était pas les bonnes sœurs qui avaient fait son éducation…
"Hey ! Hey !! Vous m’avez frappé ?!? Carter ? Carter !"
…Clac !…
Le sol semblait fascinant de sa nouvelle position. S’il pouvait déchiffrer le pattern du carrelage. Un carreau lisse suivi d’un empli de rainures. Dix rainures par carrés. Ces carrés formant des diagonales qui s’assemblent en un carroyage qui mène à un mur blanc... Hum… Il y a quelques moutons dans le coin là-bas. Où a t’il mis le plumeau ?
Ah voilà, c’est mieux. Maintenant, un peu de glace pilée peut –être. Sa lèvre ressemble au grand canyon. Elle pourrait en être le guide touristique….Mmmhhh…Bonne idée, comme si elle avait envie d’être son guide pour quoi que ce soit maintenant, à part son psychopompe et encore. Ah Carter ! Comment dire ? Elle préfèrerait s’envoyer un castor que lui…En terme de steak s’entend, bien sûr !
En parlant de steak, il avait bien faim tout un coup ! Mordant sa lèvre, il avala son sang alors qu’il redressait la chaise. Tiens le soutif avait retrouvé ses locataires… marchant sur le sucre et frissonnant au bruit de cassure, il ouvrit le frigo et entame l’expédition de sauvetage. Une salade courant toute seule, un reste de gâteau italien ou viennois qui valsait, un Yoghourt hébergeant ses amis du monde laitier. Et enfin de la viande ! Seulement deux jours de retard, il n’allait pas prendre le train, c’était encore mangeable ! La poêle chauffe et le steak saigne. Ce n’est qu’un objet…
………………………………..
"Hey ! Hey ! Qu’est ce que j’fais là moi ? Hein ? Ho ! Writer ! Qu’est ce que j’fous ici ?!?"
Peter, oh, Peter, tais toi ! Il y a besoin d’une tranche de viande entre le pain et les salades.
………………………………..
"Tu n’a pas besoin de moi !"
"Peter ! Je t’en prie !Tu dis n’importe quoi !"
"Moi ? Moi je dis n’importe quoi ?! Qui m’a dit oui ?"
" Qui a demandé ?"
" Je crois qu’on va en rester là tu veux ? Non même si tu ne veux pas, on finit notre route ici !"
"Oh arrête les clichés !"
"Parce que tu crois que tu n’en vis, non que tu n’en crée pas un ?"
" Quoi ? Attends !"
"Pourquoi m’a tu dit oui ?"
" Parce que je t’aime !"
"Conneries ! Pourquoi ?"
" Parce que parce que !"
"Parce qu’IL te l’a soufflé !"
" Non , il…"
"Sam ! Qu’est ce que tu veux que j’fasse face à un homme qui te souffle d’en épouser un autre car il t’aime heureuse, avec lui ou non ? Hein !?! J’ai le mauvais rôle ici Sam et lui c’est le héros !"
"Mais…"
"Vas le voir ! De toutes façons, j’ai toujours préféré Robin à Batman !"
…Clac !…
Bizarre comme le bruit de la porte lui rappelle celui d’une boite noire claquée dans un labo vide. Début et fin, un serpent qui se mord la queue… Elle n’a jamais aimé les serpents. Le cadre à côté de la porte d’entré est légèrement de travers, il faudra le remettre d’aplomb. Au moins, elle ne sera pas obligée de supporter ce vase horrible qui plaisait tant à Peter. Elle pourra bien en tirer quelques dollars dans un vide-grenier quelconque. Cela lui rappelait vaguement le coup de la vente des pierres tombales dans ce jeu vidéo.
Les clefs de sa voiture sont tombées à terre, heureuse coïncidence ! Une porte, une voiture et une autre porte plus tard, la voilà chez Jack !
Le carreau de la porte est si, si fascinant. Derrière son reflet, la rue se dévoile. Les voisins si attentionnés, bien sûr non autant sujets aux commérages que les pies cela va de soi. La haie et son essaim ravageur de moineaux affamés en voie de disparition. D’ailleurs, elle trouvait qu’ils la regardaient d’un peu trop près pour son propre bien. Tiens voilà le facteur, il passe tard dans ce voisinage. Ne quittant pas son reflet des yeux, elle recula à tatillons jusqu’à atteindre la boite et se saisit des lettres. Facture, pubs, lettre de l’académie, ahaha ! Une lettre rose couverte d’une écriture féminine ! L’approchant de son nez, elle huma un léger parfum fleuri…hhmm… Originaire du Minnesota…
" Carter ! Vous voulez vous recycler chez les anti-stup ou vous snifez ?"
"Oh mon général ! Hum, je passais dans le coin et j’ai vu le facteur et…"
" Il est bien passé ?"
"Huh ?"
"La comptine Carter ? Vous savez : un heure, le facteur…Bon sang laissez tomber, je ne sais même pas pourquoi j’ai cette conversation avec vous maintenant ! Vous entrez ?"
" Hum oui !"
"Huh Carter ? …Mes lettres ?"
la jeune femme lui tendit dignement tout en entrant dans le patio de la demeure. Se tiraillant les mains, elle resta comme une quiche mais sans le fromage face à lui.
" Alors qui vous écris ?"
"Pardon ?!"
" La rose ?"
" la fleur ?!!"
" Non, la lettre rose !"
"Oh….Ma mère."
"Votre mère ?"
"Je ne suis pas né dans un chou !"
"Oh mais vous n’en parlez jamais…"
"Que voulez-vous que je vous en dise ? C’est ma mère c’est tout…Carter ? Pourquoi ai-je l’impression d’être dans la 4ème dimension ?"
"Quoi ?"
" Cette conversation, enfin si ça en porte le nom ! Bref, vous vouliez ?"
"Une bière ?"
Jack la regarda un petit moment puis la mena à la cuisine, tout en écarquillant les yeux derrière le dos de la jeune femme. Il lui tendit une brune qu’elle examina consciencieusement. L’étiquette se décollait légèrement dans le coin supérieur gauche tandis que les gouttes de buée s’affairaient à descendre sur la longueur de l’objet. L’inscription derrière était partiellement effacée mais elle ne tenait pas particulièrement à connaître la date de péremption. L’opacité du verre l’empêchait de voir la vraie couleur de la boisson, ou plutôt du repas énergétique, qu’elle allait ingurgiter. Au sommet la mousse formait un petit édicule. Elle porta la bouteille à ses lèvres sous le regard vide de son supérieur. Celui-ci se saisit d’un torchon et se mit à éponger le comptoir.
Sam posa alors la bouteille dans un bruit sec et grimaça suite à cet impact dans la pièce silencieuse.
"Mon général ! Pourquoi ne m’avez-vous pas…."
"Pas quoi Carter ?"
"Je ne sais pas ! Retenue…. je suppose… poussée dans les bras de Peter ?"
"Quoi ?! Vous voulez plaisantez j’espère ? Je en vous ai jamais fait ça !"
"Exact !"
"Pourquoi est-ce que je commence à avoir mal à la tête?!?"
"Général !Ce que je veux dire c’est que…que vous n’avez rien dit contre ! Et vous m’avez suggérez de pousser plus loin avec Peter !"
"Et vous vouliez que je fasse quoi ? Hein ?! Oh attendez, je me vois très bien me jetant à vos pieds dans la salle d’embarquement et vous jurer allégeance ! Que je suis bête ! Ca sera fait Carter, vous inquiétez pas !"
"Non ! Que vous vous bougiez les fesses, voilà ce que j’attendais de vous bon sang ! Pas que vous jouiez au martyr ! Et votre ego de mâle Alpha sautant sur toutes les femmes s’offrant ? Oh je n’en fais peut-être pas partie, suis-je idiote !"
"Pardon ?!!? Carter, je vais appeler le gentil docteur Lam si vous voulez bien ?"
" C’est ça ! Fuyez ! Peter est partit ! Vous n’avez peur d’une ombre !"
"Moi peur ?"
"Exactement, parfaitement et même plus je dir…"
Malheureusement pour sa diatribe, pleine de verve on en est sûr, Jack, après tout mâle alpha (un petit coup à l’ego ne fait jamais de mal), l’embrassa assez… disons qu’il prenait son travail sérieusement. Un pro reste toujours un pro : pro d’un jour, pro toujours. Après tout n’est-ce pas ce qu’on lui avait appris chez les scouts ?
Bref, commença ensuite la course dans laquelle ils mirent beaucoup de cœur à l’ouvrage : "voyons qui perd la chemise et tout le reste le plus vite".
Mais hélas, oh hélas, Jack eu la mauvaise idée de parler.
" Alors, prête à nettoyer le comptoir ? C’est qui le prochain ?"
…Clap !…
Une bonne claque remet souvent les idées en place. Mais pas tout le temps malheureusement.
" Comment osez-vous ?Je ne suis pas en chaleur si c’est ce que vous insinuer Général !"
"Oh excusez-moi très chère, mais vous ne semblez pas vraiment savoir ce que vous voulez !"
"Vous bon sang ! Mais je ne suis pas votre sucrière !"
"Carter, vous me balancez tout ça à la figure et vous croyez vous en tirer avec une petite partie de jambe en l’air Harlequin ?!"
Et c’est précisément là que tout dégénéra :
"Allez vous faire voir !"
………………………………..
…Clac !…
"Ah Carter ! Vous revoilà ! Un peu de steak ?"
la jeune femme lui lança un regard venimeux et s’empara d’un glaçon pour le lui compresser sur sa lèvre, et souhaitant y laisser un ongle.
" Ce steak me rappelle vaguement quelqu’un mais pourquoi pas ?"