Citations du moment :
Si la lune était habitée, on n'oserait plus bronzer à poil sur les balcons.
J.M. Gourio
Imagine

L'évidence de la bolognaise : Chapitre 1

Le poing d’Elizabeth Weir s’écrasa avec enthousiasme sur son lecteur de CD, ce qui eut pour conséquence immédiate de faire cesser les braillements rythmés des Spice Girls.

Elizabeth n’aimait pas les Spice Girls. Aucune personne saine d’esprit ne pouvait les aimer, en fait. Mais aujourd’hui était un jour différent. Elizabeth n’était plus vraiment saine d’esprit.

Elle comprima sa tête autant qu’elle put sur l’oreiller.

Non, ça n’était pas possible. Absolument pas possible. Pas après un an.

Elle releva la tête, et constata qu’elle se trouvait toujours dans sa chambre, sur Atlantis, qu’il faisait beau et chaud, que c’était un charmant matin de printemps, que la vie était globalement merveilleuse et par-dessus, qu’une délicieuse évidence venait de lui tomber dessus sans prévenir : elle était amoureuse.

 

Elle s’assit sur le bord de son lit, et résolut d’aller droit à la salle de bain.

Après un quart de douche froide, l’évidence n’avait pas disparu. Elle revint dans sa chambre en tentant tant bien que mal de comprimer ses zygomatiques hypertendus à l’aide de ses pouces.

A-mou-reuse.

Elle avisa sa chaise, sur laquelle était posé son uniforme.

 

Une idée absolument perverse fit son chemin dans son esprit.

Elle ouvrit le petit placard qui se trouvait au-dessus de son lit et entreprit de fouiller dans sa petite réserve personnelle. Et en sortit un énorme pot de sauce bolognaise (Elizabeth Weir, pour une raison inconnue, était l’une des rares personnes à aimer manger de la bolognaise froide).

Elle étendit avec soin son uniforme par terre, ouvrit le pot, le retourna.

 

« Amen », dit-elle tout en souriant de toutes ses dents.

***

5 minutes plus tard, après avoir copieusement étalé de la bolognaise sur toute la surface de l’uniforme noir et s’être lavé les mains, elle ouvrit son placard. Non, tout compte fait. Elle prit d’abord le temps de se taper la tête contre le mur une dizaine de fois, respira un bon coup, et ouvrit le placard.

Elle était là, soigneusement repassée et pendue à un cintre.

***

Rodney McKay aussi appréciait beaucoup la venue des beaux jours : les jardins fleurissaient, les journées s’allongeaient, les jupes raccourcissaient, bref, que du bonheur en perspective.

Tranquillement installé dans un recoin du mess, il mangeait ses chocapics, jetant des coups d’œil discrets à tout individu féminin qui passait dans les parages, et lisait en même temps « Jardinage, comment rempoter vos géraniums correctement ». Pas évident, de rempoter des géraniums correctement. Il se pencha pour souligner méticuleusement le passage qui l’intéressait.

Son cerveau l’avertit que quelque chose ne tournait pas rond à la limite de son champ de vision. Mais il n’y prêta pas attention, parce que, tout de même, ça n’était vraiment pas évident de rempoter des géraniums correctement.

 2 secondes plus tard, son cerveau l’avertit qu’il n’y avait plus aucun bruit dans le mess. Exaspéré, et ne pouvant se concentrer sur comment rempoter ses géraniums correctement, il reprit des chocapics et leva les yeux.

 

Tous les chocapics furent instantanément projetés à 3 mètres à la ronde.

***

Elizabeth Weir était à peu près sûre que la longueur de sa robe était tout ce qu’il y avait de pas réglementaire, mais elle s’en contrefichait royalement.

D’ailleurs, le réglèment stipulait que le personnel devait porter des chaussures de type « Rangers », pour pouvoir faire face à toute situation difficile, comme rempoter des géraniums correctement par exemple. Les talons hauts n’entraient probablement pas dans cette catégorie, songea t-elle alors qu’elle passait devant un Steven Caldwell tétanisé, une biscotte à mi-chemin entre le bol et la bouche, le crâne maculé par une projection de chocapics impromptue.

Maintenant que ce maudit uniforme était à laver, plus rien ne l’empêchait de se balader comme elle voulait.

Elle nota vaguement que tout le monde la regardait, mais quelle importance ?

Visiblement, John n’était pas dans le mess, mais cela faisait son affaire.

***

La porte du balcon s’ouvrit.

La légère brise matinale soufflait toujours, dérangeant encore un peu plus sa non coiffure savamment élaborée. Il se tourna et la vit.

 

Et il sut.

 
 
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