Les jours s’écoulaient paisiblement à Colorado Springs. Le printemps assez avancé, avait fleuri tous les rosiers, mais le soleil n’avait pas encore eu le temps de roussir l’herbe. Les enfants riaient en s’aspergeant d’eau sur les pelouses, tandis que leur parents les observaient le sourire aux lèvres. En résumé c’était un parfait dimanche ensoleillé.

            Et Samantha se morfondait à plusieurs centaines de mètres sous la terre. Elle avait perdu toute notion du temps. Elle travaillait comme à son habitude. A vrai dire travailler était tout ce qu’elle savait faire. C’était pour elle le seul moyen de ne pas montrer ses sentiments. Elle avait travaillé après que sa mère soit morte. Elle travaillait quand son père était toujours absent. Et maintenant elle travaillait pour ne pas penser au vide de son existence.

            Mais soudain Samantha se dit que ça ne pouvait plus durer comme cela. Il fallait qu’elle vive sa vie, avant qu’il ne soit trop tard. Le bonheur était à portée de main, pourquoi le refusait-elle ? Il fallait que ça change.

            Elle sortit de son labo d’un pas décidé et se dirigea vers le bureau du Général O’Neill… Enfin Jack, il fallait qu’elle s’habitue à l’appeler Jack. Elle se dirigeait donc vers le bureau de son géné… de Jack, déterminée à lui dire ce qu’elle avait sur le cœur. Au pire les choses reviendraient comme avant, au mieux… Elle préférait ne pas trop y penser pour l’instant.

            Toc toc !

- Entrez ! fit Jack. Vous tombez bien j’ai quelque chose à vous dire.

- Moi aussi mon général. Mais ne m’interrompez pas, sinon je n’aurai pas le courage d’aller jusqu’au bout. Je pense qu’il est temps d’être tout à fait honnête. J’ai réalisé qu’une histoire de grade ne pouvait pas justifier de faire taire nos sentiments pendant huit ans !

- Carter…

- Aujourd’hui je prends le risque de vous avouer ce que je ressens pour vous.

- Carter…

Elle l’embrassa mais il se dégagea.

- Carter ! Vous allez écouter ce que j’ai à vous dire ? Je viens d’avoir la confirmation au téléphone. J’ai été promu au Pentagone. Je pars pour Washington la semaine prochaine. Je ne peux pas vous demander d’abandonner votre poste pour me suivre…

- Et si j’en ai marre que ma vie se résume juste à un travail ?

- Et si ça ne marchait pas entre nous ? Vous feriez la plus grosse bêtise de votre vie ! Il vaut mieux que vous m’oubliez.

Ne sachant pas quoi répondre elle s’enfuit en courrant. Elle arriva, bouleversée, dans son laboratoire. Elle n’avait vraiment plus envie de travailler. C’était son travail qui avait gâché toutes ses histoires d’amour.

Elle attrapa ses clefs de voiture et partit le plus vite possible. Arrivée devant l’ascenseur qui menait à la surface, elle appuya sur le bouton d’appel. A ce moment elle vit Jack tout au bout du couloir. Il courut vers elle.

- Carter ! Attendez moi !

Lui parler maintenant était la dernière chose dont elle avait envie. Elle appuya encore sur le bouton d’ascenseur :

- Dépêche-toi, dépêche-toi !

L’ascenseur arriva finalement. Elle y grimpa et referma la porte avant que Jack n’ait eu le temps de la rejoindre.

Elle était si enragée et stressée qu’elle fit les grands pas dans le petit espace, alors qu’elle remontait vers le parking. Quand la porte s’ouvrit, elle se rua vers sa voiture. Une fois installée dans sa décapotable rouge, portes verrouillées et capote relevée, elle se sentit soulagée. Elle posa sa tête sur le volant, ferma les yeux et laissa quelques larmes perler sur sa joue.

C’est à ce moment que Jack frappa à la vitre côté passager.

- Carter, il faut que je vous parle !

Mais cela créa une nouvelle crise chez Sam. Elle démarra sa voiture et failli écraser Jack en sortant de son créneau. Elle partit à toute allure.

En route elle eut le temps de se calmer et de réfléchir. Il n’avait pas dit qu’il n’éprouvait rien pour elle. Il avait juste peur que ça ne marche pas entre eux et qu’elle regrette son choix… Il restait encore un espoir. Elle pouvait le convaincre !

En entrant dans son quartier résidentiel, elle décida de l’appeler avec son portable. C’est aussi le moment que choisirent Nicole Freeman et ses deux enfants pour traverser la rue. Sam braqua et freina le plus fort possible.

Et ainsi, au cours d’un dimanche parfait, Samantha Carter faucha mortellement trois piétons et finit contre un arbre, la tête fracassée contre le pare-brise. Elle avait eu le temps de composer le numéro de Jack. Parmi le sang et les débris de verre, son téléphone fonctionnait toujours :

« Allo, Carter. Je suis content que vous m’ayez appelé. Ce que je voulais vous dire c’est que j’ai contacté le Pentagone pour leur dire que finalement je restais ici. Je ne voudrais pas regretter toute ma vie d’être passé à côté de l’histoire que nous allons construire… Vous ne répondez rien ? Carter ? Carter ? CARTER ? »

Et le samedi suivant, on mit en terre la dépouille du Lieutenant Colonel Carter… Enfin c’est ce qui se serait passé si une semaine auparavant elle avait déclaré son amour au Général Jack O’Neill. C’est du moins ce qu’elle imaginait. C’est pour ça que ce beau dimanche ensoleillé, Sam continua à travailler comme elle l’avait toujours fait.

Fin

Dites-moi ce que vous en pensez. Et merci d’avoir lu !