Elle soupira : chez elle. Elle était chez elle. Enfin !!!
Alors… Récapitulons… Mettre un CD, jeter un coup d’œil au courrier, arroser les plantes – les pauvres ! -, ranger le contenu du sac à dos, et enfin… Un bain !!!!!
Mais après, le bain, hein. Une fois que le reste serait fait, sinon tout cela resterait en plan ! Commencer par les corvées, toujours commencer par les corvées. Organisation.
Sam sourit en imaginant la tête du colonel O’Neill s’il pouvait lire dans ses pensées à cet instant : il hurlerait, prendrait son air désespéré et ferait inévitablement la morale à la jeune femme sur son manque de… de… spontanéité peut-être ?
Non, pas « la tête du colonel O’Neill ». La tête de Jack. Seule, chez elle, elle pouvait enfin l’appeler Jack.
Alors, le cd… Placebo ? Oh non, là il fallait quelque chose de calme… Muse, parfait Muse.
Bon, le courrier : facture, facture, publicité (des réductions pour des séjours aux Bahamas ?? Mais qu’est-ce qu’ils voulaient qu’elle en fasse ??), faire-part…
Faire-part. Elle déchira l’enveloppe d’un coup sec. Rose bonbon, ridicule. Avec un ruban en plus ! Sam soupira : encore une de mariée. Encore un mariage auquel elle n’irait pas. Pour se retrouver une fois de plus avec une robe ridicule, placée à la table des célibataires, à feindre de trouver passionnant l’engouement pour la chasse d’un type stupide qui passerait la soirée à lorgner dans son décolleté, merci bien…
Sam jeta le faire-part sur la tablette de l’entrée et sourit à nouveau : la chasse… alors qu’elle aurait pu écouter des heures des discours sur la pêche… Des heures à l’écouter lui…
Elle soupira et partit chercher l’arrosoir. Cela allait, les plantes n’avaient pas trop souffert ce coup-ci…
Puis la jeune femme reprit le lourd sac à dos et se dirigea vers sa buanderie. Elle ouvrit le sac et commença à sortir ses uniformes, les envoyant directement dans le lave-linge ouvert.
T-shirt, pantalon de treillis (tiens, un trou… elle ne l’avait pas remarqué, il faudrait le donner à recoudre ou en récupérer un autre…), T-shirt, boxer, T-shirt…
BOXER ?????????????????????
Elle replongea la main dans la machine et en sortit… un superbe boxer noir. D’homme. Définitivement d’homme. Définitivement pas à elle.
Elle ressortit les autres vêtements de la machine : grands les T-shirts, très grands… Par réflexe, elle en porta un à son visage et ferma les yeux.
LUI. Son odeur, son eau de toilette, lui. Jack.
Elle se retourna fébrilement et regarda le nom sur le sac à dos : colonel O’Neill.
Son sac… Mais quand… Bien sûr ! A leur retour de P5X456, quelques heures plus tôt, ils avaient posé leurs deux sacs côte à côte en bas de la rampe pour aider Teal’C et Daniel à porter le lourd artéfact au laboratoire de l’archéologue… Et ensuite ils étaient revenus les reprendre… Donc…
Donc Jack avait son sac à dos !!
Il venait sûrement seulement d’arriver chez lui. Sam revint dans l’entrée et composa le numéro de son supérieur. Au bout de quelques sonneries, il décrocha :
- O’Neill.
Elle sourit :
Elle rit cette fois en secouant doucement la tête.
Elle fronça les sourcils :
Elle raccrocha en riant. Il était tellement… tellement... Sam soupira et retourna à la buanderie pour chercher le sac.
Les affaires étaient encore par terre ou dans la machine. Il faudrait qu’elle lui dise de faire rapiécer son pantalon, pensa-t-elle en souriant. Elle commença à remettre les affaires dans le sac.
Elle s’arrêta. Les affaires de Jack, l’odeur de Jack.
Non. C’était hors de question. Elle ne devait pas faire cela, fouiller dans les affaires de son supérieur, c’était inadmissible. Indigne d’elle. Comme une violation de son intimité.
L’intimité de Jack…
NON. Définitivement non.
…
Elle s’assit contre le mur de sa buanderie et, presque timidement, plongea la main dans le sac à dos.
Elle connaissait presque tous ses T-shirts. Mais elle n’avait encore jamais eu l’occasion de les tenir dans ses mains, de les passer contre sa joue en fermant les yeux pour s’imprégner de son odeur. De son parfum.
L’intimité de Jack. Enfin un peu de l’intimité de Jack.
Des pantalons, des treillis… Les mêmes qu’elle, en beaucoup plus grand ! Des sweat-shirts, une veste de treillis…
Des boxers et des chaussettes. Beaucoup moins romantique !!
Jack en boxer…
Sam se mordit la lèvre et respira un grand coup pour tenter de se calmer. Elle sentait la chaleur lui monter aux joues.
Elle plongea à nouveau la main dans le sac et en sortit enfin une trousse de toilette. Une brosse à dent, un déodorant, un peigne, un rasoir à main et de la mousse, de l’après-rasage…
Son après-rasage. Sam ôta lentement le bouchon et, fermant les yeux, porta la bouteille à son nez. Les effluves de parfum la firent frissonner de plaisir. Elle imaginait à présent sa peau, douce, quelques gouttes d’après-rasage coulant le long de sa joue…
Elle ouvrit à nouveau les yeux et sourit. Elle vida cette fois carrément la fin du contenu du sac à dos sur le sol de la buanderie. Encore des vêtements, des T-shirts, des chemises…
Des chemises. Celles de son uniforme pour la plupart. Sauf une.
Une chemise à carreaux, dans les tons bleus. En coton, très douce. Sam la connaissait pour l’avoir vue une fois sur Jack, il la portait alors avec un jean.
Sam l’avait vue une fois sur lui, mais s’en souvenait encore.
Elle restait là, assise dans sa buanderie, froissant le tissu entre ses mains.
Elle hésita un instant, à peine. Puis elle rangea rapidement les affaires dans le sac à dos dans l’ordre où elle les avait trouvées et partit se faire couler un bain, emportant la chemise avec elle.
Elle pouvait la garder une douzaine d’heures, elle comptait bien en profiter.
Elle resta un long moment dans la chaleur moite de sa salle de bain, laissant ses muscles se détendre enfin au contact de l’eau brûlante. Ses cheveux blonds mouillés étaient collés aux tempes de la jeune femme. La musique lui parvenait par la porte entre ouverte. Elle gardait les yeux fixés sur la chemise qui l’attendait, posée sur le rebord du lavabo. Sam souriait.
C’était stupide, digne d’une adolescente, indigne en tous cas d’un officier de l’US Air Force.
Tant pis. Douze heures.
Elle sortit du bain, se sécha rapidement, enfila un jean puis, lentement, saisit la chemise de Jack et la passa doucement à même sa peau nue. Elle frissonna au contact du tissu et, fermant les yeux, respira l’odeur si reconnaissable qui en émanait encore.
Le sourire aux lèvres, pieds nus, elle redescendit à la cuisine pour se préparer un plat de pâtes. Il lui faudrait faire les courses dès demain matin si elle voulait manger ce week-end !
Car elle irait chez Jack. Etonnamment cela ne l’émouvait pas plus que cela. Elle savait comment cela se passerait : elle frapperait, il répondrait rapidement, en jean et T-shirt, lui proposerait d’entrer. Elle déclinerait poliment l’invitation et ils en seraient soulagés tous les deux. Ils échangeraient les sacs et un sourire gêné, se souhaiteraient un bon week-end, et ce serait tout. Peut-être ferait-il une petite blague. Sûrement, oui. Mais sinon, Sam savait qu’il n’y avait rien à attendre du lendemain.
Alors que cette soirée, cette nuit, dans sa chemise, son odeur, seraient bien plus agréables. Bien plus intenses, comme tous ces petits moments d’intimité volés qu’elle guettait avidement depuis des mois. Des années. Ces instants d’éternité qui restaient gravés en elle.
Cette soirée en serait un. Juste par le contact de sa chemise sur sa peau nue, juste par les effluves de son parfum.
Sam dîna tranquillement, assise en tailleur devant sa télé. Elle débarrassa et retourna se lover sur le canapé, allongée, serrant un coussin contre elle. Elle zappa un moment, cherchant vainement quelque chose qui pourrait l’intéresser, ou au moins la distraire. Elle s’endormit avant d’avoir trouvé.
- Ohé, Dorothée…
Elle s’éveilla en sursaut, certaine d’avoir rêvé, encore.
Elle regarda l’horloge du magnétoscope : 20h52. Elle sourit.
Il sourit largement à la jeune femme qui secoua la tête. Jack la suivit du regard quand elle quitta la pièce.
Elle revint quelques instants plus tard et posa le sac dans l’entrée, où Jack avait déposé celui de Sam. Il la rejoignit et mit son sac sur son épaule.
- Gardez la chemise Sam. Elle vous va merveilleusement bien.
Sam eut la soudaine impression que tout son sang venait de remonter à son visage. Elle ouvrit la bouche pour parler mais aucun son ne sortit.
Jack se détourna, souriant toujours, et commença à descendre les marches du perron en murmurant :
- Mais si j’avais su j’aurais gardé votre petit ensemble noir…
Sam, bouche bée, regarda le colonel O’Neill s’éloigner sans se retourner dans la lumière du soir.
Elle sourit.
FIN