Auteur : Lisa
Résumé : Jack doit apprendre à jongler avec plusieurs notions.
Statut : Complet
Catégorie : POV, Romance
Spoilers : Pas grand chose, justes quelques petites allusions à Enfant des Dieux et au Film.
Rating : PG-13, situations sexuelles.
Disclamers : Stargate SG-1 et ses personnages sont la propriété de MGM, Gekko Film Corp. et Double Secret Production. Je n’ai reçu aucune prime dans l’écriture de cette histoire. Toute ressemblance avec des personnes existantes est purement fortuite.
Note de l’auteur : Un petit truc assez bizarre mais nécessaire étant donné que je me concentre principalement sur Sam. L’idée de Duty Honour Courage vient d’un spot TV américain qu’on retrouve sur je ne sais quel DVD.
©Lisa, juillet 2002.
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Devoir, Honneur, Courage. Ainsi peut-on définir la vie selon l’Air Force. Elle s’emploie consciencieusement à inculquer ces trois notions à chacun de ses élèves, personne n’y fait exception. Il en va de la sécurité nationale.
Le Courage touche l’amour-propre des soldats. Il leur est décrit comme une qualité exemplaire et indispensable à chacun. Avec cela, la nation peut être certaine que ses mercenaires se donneront corps et âmes pour elle, question d’Honneur.
L’Honneur redonne du Courage là où l’on est certain qu’il n’y a plus d’espoir. C’est la fierté de servir la patrie. L’Honneur n’est qu’illusion, c’est une cerise sur le gâteau pour le rendre plus attirant.
Le Devoir permet aux gouvernement de tenir les rennes du Courage et de l’Honneur. Le Devoir est essentiel, sans quoi le reste partirait en vrille.
Le tout est un cercle vicieux.
Devoir, Honneur, Courage.
Prison.
Paresseusement allongé dans son lit, Jack O’Neill soupira et s’empara de son livre de chevet. Et ainsi la couleur première de la résolution s’étiole au pâle éclat de la pensé. Qu’y avait-il de plus beau que deux vers de Shakespeare, se demanda-t-il, tournant délicatement la page. Ses yeux parcouraient chaque ligne avec attention, mais son esprit s’égarait progressivement.
Bientôt trente ans de service. Le jeune Cadet qu’il était avait, au fil des années, gravi les échelons de la hiérarchie, poussé par ses incontestables qualités de meneur d’hommes.
Son entraînement Black OPS avait particulièrement marqué sa vision des choses. Là bas, chaque détail prend une ampleur considérable. Le moindre geste, le moindre souffle et la mission est condamnée. Il avait passé le cap, il avait réussi. Il était devenu l’élite, l’incarnation de ce que le pays pouvait espérer de mieux. Devoir, Honneur, Courage. Les trois concepts parfaitement intégrés dans un militaire doué de nature.
Rapidement promu au grade de colonel, il avait obtenu son équipe, il avait pu mener à bien ses propres missions et chacun devait lui obéir. Encore quelques années, se disait-il cinq ans auparavant, et le Général O’Neill bénéficierait d’une retraite pour le moins confortable, chérirait sa femme et achèverait l’éducation de son fils dans une riche villa Californienne.
Mais le Colonel avait vu son fils mourir par sa faute et sa femme partir loin de lui. Et malgré toutes ces belles notions qui rendaient, parait-il, un homme invulnérable, il avait été complètement anéanti. Il avait pensé que jamais plus il ne pourrait se redresser et regarder de nouveau la vie en face.
Et puis il y avait eu cette étrange mission qu’on lui avait confié. Mais qu’importe, sur Terre ou sur Abydos, le militaire surentraîné qu’il était réussissait brillamment tout ce qu’il entreprenait… C’était sa dernière mission pensait-il, sa mort aurait au moins servi à quelque chose si tout tournait mal.
Son regard continuait à filer de page en page sans que les mots n’aient plus aucun impact sur sa conscience, chaque syllabe s’imprimait quelque part dans son subconscient… mais pour l’instant, quelque chose de plus ardent l’enivrait.
C’était arrivé si discrètement, sans que personne ne le remarque… Et même à présent, alors que tout était clair dans son esprit, les doux mots que lui murmurait son cœur restaient à peine perceptibles. Il les écoutait pourtant, et jamais ne l’avait regretté.
Ce n’était pas ce que l’ont pouvait appeler l’amour charnel. Leurs sens ne s’éveillaient pas lorsqu’ils se frôlaient la main, ils n’en avaient jamais eu aucun besoin. Leur affection avait élu domicile autre part. Chaque fois que ses yeux croisaient les siens, c’était tout son monde qui s’illuminait, c’était leurs âmes soudainement animées qui se faisaient l’amour.
Réalisant qu’il lisait sans vraiment y penser, et jugeant qu’une telle œuvre ne méritait pas ce sacrilège, il ferma délicatement l’ouvrage et le déposa dans le tiroir de sa commode.
Souriant à quelque chose que lui seul pouvait voir, il repensa à cet instant où il l’avait vu pour la première fois. Il aurait préféré choisir lui-même ses hommes disait-il… Une femme dans son équipe ? Et puis quoi encore ? C’était de l’autodéfense, il le savait. Le fait est que jamais il n’avait eu de subordonné avec un tel tour de poitrine et une ondulation de hanches aussi remarquable. Une femme pour lui était à aimer, et non à envoyer à la mort…
Il n’avait cependant pas eu son mot à dire, le Capitaine Samantha Carter avait été intégrée à SG1, un point c’est tout. Et comme il le redoutait, il avait eu et avait encore beaucoup de mal à distinguer le militaire de la jeune femme.
Cela lui causait occasionnellement quelques problèmes. Il avait appris à la respecter, à lui faire confiance, à l’admirer… Mais il aimait les femmes, et ça il ne pouvait rien y faire. Elle lui faisait voir la vie si différemment… Au fil des années, le Colonel Sans Scrupules s’était adoucit à ce contact féminin. Il avait presque réapprit à vivre au sein de leur amitié.
Devoir, Honneur, Courage avaient rapidement été remplacés par Respect, Confiance, Estime. Une recette qui fonctionnait tout aussi bien, sinon mieux. Toujours est-il que ses plus profondes convictions avaient été bousculées par cette femme, et il avait encore bien des difficultés à s’en remettre.
Il ferma les yeux et détendit un à un chaque muscle de son corps, endoloris et courbatus par les trois jours de marches que lui et son équipe avaient dernièrement enduré sur une planète désertique. Malgré tous leurs efforts et à leur grand désespoir, leurs recherches s’étaient révélées infructueuses. SG-1 était définie par " premier contact ", mais que faire lorsqu’il n’y avait personne à contacter ? Le débriefing épicé de ses remarques rares mais cinglantes s’était soldé d’une semaine de repos forcé pour toute l’équipe.
Il détestait rester inactif.
Il tâtonna hasardeusement la place à ses côtés. La sentant réveillée au rythme de sa respiration, il passa un bras autour de sa taille et traça quelques motifs abstraits sur son ventre et sa poitrine, finissant par jouer avec son nombril. Elle chercha à se blottir plus confortablement contre le corps chaud allongé derrière elle.
Elle se retourna pour lui faire face, lui soutirant quelques grognements de mécontentements lorsque leurs deux corps se séparèrent finalement.
Inconsciemment, elle chercha à discerner en lui ce qu’elle avait besoin de savoir, encore et encore. Jack O’Neill était un homme de peu de mots, il lui faudrait encore longtemps avant qu’elle puisse l’entendre prononcer ce qu’elle attendait si patiemment… mais sa grande consolation était qu’elle avait toujours pu le lire au fond de ses yeux. Elle ne se trompait pas, c’était bien là, encore plus présent que d’habitude.
Elle pointa un doigt accusateur sur son torse.
Mon colonel.
Ces paroles, si innocentes soient-elles, mirent plusieurs secondes à prendre un sens dans l’esprit de Jack. Le sourire qui n’avait pas quitté ses lèvres s’atténua légèrement. Soudainement, la douce lumière du petit jour devenait plus agressive, l’obscurité enivrante dans laquelle ses rêves les plus osés avaient pris forme s’estompait à mesure que les rayons lumineux inondaient la pièce.
Ce n’était plus Sam qui, voyant l’effet que cette simple appellation avait sur lui, entrelaçait ses doigts avec les siens. C’était son major, son second qu’il avait le devoir de protéger quoi qu’il lui en coûte. Et que faisait-il en posant son index sur les lèvres et en l’embrassant sur le bout de son nez ? La protégeait-il de briser sa carrière ?
La fraternisation est un rapport personnel entre un officier et un membre enrôlé qui viole les limites usuelles des comportements acceptables dans l'Armée de l'Air et porte préjudice au bon ordre et à la discipline, discrédite les Forces Armées et implique un déshonneur personnel.
Les phrases apprises par cœur, répétées en boucles par des généraux acerbes tournoyaient dans son esprit. Il n’avait pas le droit de dénigrer ainsi les principes sur lesquels sa vie avait reposé, il ne pouvait pas, pas pour une femme…
L’espace d’une seconde, il imagina lui annoncer que tout cela n’avait été qu’une énorme erreur qu’il était indispensable d’oublier, et quitter la chambre, pensant qu’il avait ainsi agit pour le bien de leurs carrières, pour leurs réputations, pour le mieux.
Les membres doivent surveiller la formation des rapports professionnels qui peuvent devenir non professionnels lorsque les faits et les circonstances changent. Des rapports familiers entre les membres peuvent devenir non-professionnels.
Elle pressa sa bouche contre la sienne et murmura entre ses lèvres.
Jack sentit son cœur se réchauffer au son de sa voix, et avec son baiser s’effaça les derniers doutes qu’il pouvait encore avoir.
Il attrapa sa taille et la serra contre son corps, la remerciant silencieusement d’être là pour lui. D’être là pour lui montrer la porte de sortie qui finirait par le faire s’évader de cette prison. La sensation de ses courbes sous ses paumes exaltait tous ses sens à lui donner l’impression de pouvoir faire n’importe quoi pour elle.
Et il ferait tout, il en était conscient. Il finirait par envoyer au diable l’article 134, l’Honneur et le Devoir. Il ne parlait pas de simple caractères imprimés, il parlait de son bonheur. De leur bonheur. Et ça, ça n’avait pas de prix.
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