Citations du moment :
Les femmes préfèrent les hommes, qui les prennent , sans les comprendre, aux hommes, qui les comprennent, sans les prendre. -Marcel Prévost
Imagine

Possession : Chapitre 1

 Titre : Possession

Auteur : Lisa

Résumé : Sam se met à la cuisine.

Statut : Complet

Catégorie : Romance

Spoilers : Meridian, Frozen

Saison : 6

Rating : G

Disclamers : Stargate SG-1 et ses personnages sont la propriété de MGM, Gekko Film Corp. et Double Secret Production. Je n’ai reçu aucune prime dans l’écriture de cette histoire. Toute ressemblance avec des personnes existantes est purement fortuite.

Note de l’auteur : Non, je n’ai pas laissé tombé la suite de Delta Lyr, ça arrive, ça arrive…

©Lisa, septembre 2002

~*~

L’œuf s’écrasa lamentablement sur le carrelage. Une cascade de jurons s’abattit sur cette stupide chose tandis que la jeune femme tendait la main vers l’évier et tâtonnait à l’aveuglette tout en jonglant avec un batteur électrique et un verre doseur. Ses doigts entrèrent finalement en contact avec l’objet qu’elle cherchait et elle fit un demi-tour sur elle-même dans le but d’éponger la masse visqueuse qui continuait délibérément à se répandre. Le calcul était visiblement mauvais, c’était sans compter le pot de farine placé sur le plan de travail qui partit rejoindre l’œuf brisé sur le sol, emporté par une main agrippant une éponge jaune citron.

Renonçant à bouger encore dans la crainte d’un autre geste inévitablement malencontreux, elle laissa simplement retomber ses bras le long de son corps. L’unique chose qui en résulta, mais qui ne manqua pas de la décourager définitivement, fut que le fil du batteur électrique déjà tendu à son maximum se débrancha dans un bruit de ventouse et alla renverser un verre de jus d’abricot posé là par inadvertance. Liquide qui alla bien entendu compléter la mixture qui se propageait, insouciante, sur les dalles de la cuisine.

Tous deux regardèrent silencieusement le spectacle de la poudre blanche qui s’élevait en ronds tourbillonnants, de l’œuf dont le jaune finit par se percer et du verre renversé qui roulait sur le plan de travail et qui dégringola finalement dans l’évier. Elle se mordit la lèvre inférieure et lui jeta un coup d’œil furtif.

Jack croisa les bras et fronça les sourcils. Elle imagina à sa bouche qui s’ouvrait et se refermait qu’il cherchait vainement quelque chose à ajouter.

  • Je n’irai pas jusqu’à dire que c’est une catastrophe… commença-t-il avec hésitation, s’interrompant pour humer l’air.

Ses yeux se baissèrent à sa gauche, vers le four. Il posa alors sa main sur l’épaule de sa compagne, encore bouche bée devant le résultat qu’offrait le Diplomate aux Fruits Confits à ses pieds, et l’interpella.

  • Les filets, Carter…

Les jurons repartirent de plus belle et elle se précipita vers le four qui libéra une fumée noirâtre lorsqu’il s’ouvrit sous les lamentations de la jeune femme.

  • Ok, c’est une catastrophe.
  • Ouais, vous comprenez pourquoi je vous ai appelé maintenant, lança Sam du haut de sa chaise qu’elle avait escaladé pour atteindre le capteur de fumée qui menaçait à tout moment de lancer sa sirène.
  • Je crois que oui, répondit-il en sortant la Daurade carbonisée du four à l’aide d’un torchon et en vidant le tout dans la poubelle la plus proche. Vous êtes un désastre culinaire ambulant.
  • Je ne vous le fais pas dire… passez-moi la serpillière, dit-elle en s’appuyant sur son épaule pour sauter de son perchoir.

Elle avait espéré que tout se passerait à merveille, pour une fois… Il fallait bien qu’elle arrête un jour de déclarer forfait dès que le mot " cuisine " se pointait à l’horizon ! En l’occurrence pas très souvent, car, c’était une tradition chez les Carter, Mark ne manquait pas de venir une fois l’an dîner chez sa frangine accompagné de sa petite famille. Envers et contre tout cependant, car la tradition en question se résumait immanquablement à une commande au Chinois du coin, celui qu’évitaient consciencieusement touristes et gastronomes.

C’était un complet désastre… quoique la daurade était plutôt bien partie avant la cuisson. Ce qui l’avait poussé à empoigner le téléphone à la recherche d’une âme charitable étaient les échecs successifs en pâtisserie. Feuilleté aux Poires sauce Chocolat, Crêpes Soufflées au Grand Marnier et, plus récemment, Diplomate aux Fruits Confits, tout droit sortis d’un grand livre de cuisine française (pour ne pas viser trop bas) et aussi somptueux sur la photo que pitoyables au final.

Et voilà qu’elle se retrouvait à astiquer la cuisine en compagnie de son âme charitable qui avait hérité du balai-brosse. Le Chinois allait encore faire des affaires ce soir là, pensa-t-elle en jetant un coup d’œil à la pendule Garfield qui trônait au-dessus du lave-vaisselle, goût certain de Teal'c pour les cadeaux d'anniversaires.

D’un geste théâtralement exagéré, elle mit un point final au ménage en essorant victorieusement la serpillière. Elle s’essuya les mains à un torchon et se retourna vers l’homme au balai-brosse. Celui-ci souriait en la regardant d’une manière qui avait tendance à l’exaspérer. Ce même sourire qui s’était béatement affiché sur son visage lorsqu’elle s’était retrouvée affublée d’une robe mongolienne agrémentée de falbalas en tous genres… Elle sourit à son tour d’un air interrogatif, ce qui eut pour effet d’agrandir encore celui de son compagnon.

  • Quoi ? 
  • Rien… c’est juste que… 

Il fit quelques pas vers elle et s’en arrêta à une trentaine de centimètres, seulement pour la regarder droit dans les yeux. La seule chose qu’elle pouvait encore espérer à cet instant était qu’il savait ce qu’il faisait, même avec ce sourire affectueux, ou peut-être moqueur, dont il ne paraissait pas pouvoir se débarrasser. Lorsqu’il leva la main vers son visage, elle aurait juré que le martèlement de son cœur aurait pu concurrencer le batteur de U2, mais elle n’avait toujours pas décidé de la réaction à adopter.

  • … je vous ai vu recouverte pas mal de choses en cinq ans, mais jamais de farine jusque là, compléta-t-il.

Il passa son pouce sur son front et ses pommettes fardés de blanc et recula légèrement pour obtenir une vision d’ensemble. Il illustra ses dires en indiquant du menton le tablier bleu marine qui s’était paré de petits nuages poudreux. Comme il ne la voyait pas réagir, il se détourna d’elle et partit ranger le balai-brosse dans le placard, sous l’évier, riant intérieurement. Il aimait tellement la troubler de cette manière…

  • Vous auriez des saucisses ? 

Elle détestait réellement qu’il la trouble ainsi. Peu de gens réussissaient à la laisser interdite, le cœur battant à 300 à l’heure. En fait, il n’y avait vraiment qu’une horde de Jaffa armés jusqu’au dents, et lui. Ah, les hormones, les hormones…

  • Dans le frigo.
  • Des petits pois ? 
  • En conserve, ça ira ? 
  • Mouais… Du bacon, du riz, des œufs ? 
  • Je suppose… Mais pourquoi ? Je veux dire qu’il doit nous rester approximativement une demi-heure… 
  • Vous verrez bien. On a vu pire comme situation, non ? 

Elle acquiesça. Effectivement, pris de ce point de vue là… Elle le regarda pensivement s’activer à la recherche de ce dont il avait besoin, dans sa propre cuisine, tout à son aise.

  • Vous allez vous occuper du dessert, je prends le plat principal.

Il lui remit une bouteille de lait et deux œufs dans les mains et la laissa une fois de plus abasourdie, d’autant qu’elle avait sérieusement appris à douter de ses capacités de pâtissière rien qu’en ces dix dernières minutes.

  • Versez le lait dans un bol et cassez les œufs dans un autre. Rajoutez aussi une ou deux cuillères à café de cannelle dans le premier si vous en avez. Je vous prends des oignons. 

La pièce s’emplit rapidement de plusieurs odeurs agréablement conjuguées. Une poignée d’oignons grésillait dans une poêle en compagnie du bacon, trois au quatre saucisses tressautaient dans une casserole d’eau bouillante tandis qu’une autre contenait un bon kilo de riz. Le téléphone sonna.

Un soupir lui échappa, si la communication durait trop longtemps, son beurre allait brûler, c'était évident… Elle l'attrapa cependant du bout des doigts et appuya précautionneusement sur un bouton, histoire de ne pas avoir à nettoyer le téléphone après coup.

  • Samantha Carter.

Jack l'observa en découpant le bacon en petits cubes réguliers. Elle avait l'air ennuyée… Aurait-il pu s'agir d'un rappel immédiat à la base par Hammond ? Non, probablement pas, elle parlait sur un ton trop familier… Il tendit le coup vers l'appareil et y jeta un coup d'œil. Le numéro lui était inconnu…

  • Non, je regrette, j'étais trop occupée… c'est personnel… oui je suppose, mais… non écoutez, j'ai quelque chose sur le feu, on verra ça plus tard voulez-vous ? Oui, c'est ça, merci, au revoir.

Un clic retentit et mit fin à la discussion. Elle reposa le téléphone sur son socle et se précipita en grognant sur les petits pains qui grillaient dans la poêle. Le silence s'installa durant un bon moment, pour n'être brisé que par la curiosité de son compagnon.

  • Qui était-ce ? 

Sam pinça les lèvres et regarda droit devant elle. Elle l’attendait, cette question…

  • Max… un ami.
  • Ah oui ? 
  • Oui… enfin non, pas exactement… 
  • … 
  • Ok, c’est un rendez-vous qu’une amie m’avait dégoté, et qui s’accroche.
  • Comment ça s’est passé, si ce n’est pas trop indiscret ? 
  • Ca l’est colonel.
  • Hum… bien.

Le silence tomba une fois de plus, cette fois dans une version inconfortable. Le bacon atterrit dans la casserole de riz et fut bientôt imité par des rondelles de saucisses. Sam baissa la tête. Un sentiment de culpabilité lui serrait l’estomac… sans raison. Après tout elle ne lui devait aucune explication sur sa vie privée… Elle fut donc la première surprise des paroles qui sortirent de sa bouche un instant plus tard.

  • J’étais déjà très réticente à m’y rendre… c’était à peine une semaine après la… le départ de Daniel… C’était comme si son ombre planait partout où je mettais les pieds. Une passe très désagréable, et vous n’y avez aidé en rien, sauf votre respect.

En entendant ses mots, Jack se retourna lentement vers elle et plongea ses yeux dans les siens. Il savait qu’il avait été dur avec elle à cette époque, il n’avait pas voulu voir qu’elle souffrait autant pour ne pas que sa propre douleur en prenne un coup. C’était égoïste… tellement égoïste… Avec son aide, sa blessure, et même leur blessure commune aurait sûrement été plus rapide à cicatriser.

Bien sur, tout avait malgré tout reprit son cours, les remplaçants s’étaient succédés à l’essai, et ce qu’il restait de l’équipe n’en avait été que plus soudée, mais rien n’avait été discuté, ce qui rendait le deuil presque impossible à surmonter pour ceux qui avaient perdu leur meilleur ami.

Maintenant qu’il osait regarder tout au fond d’elle, de son âme, il pouvait voir que cette plaie saignait encore. En cherchant plus loin, il se rendit compte que la sienne n’était pas en meilleur état.

Cette constatation lui fut douloureuse à réaliser, non pas à cause de sa propre peine qu’il avait dissimulée de son mieux et qui refaisait surface, mais à cause de celle de l’être fragile qui se tenait face à lui, et dont il avait hérité de la responsabilité. Ce principe, celui de ne jamais laisser quelqu’un derrière, il avait l’impression de l’avoir bafoué.

Même en y réfléchissant plusieurs jours après, il ne sut pas exactement ce qui l’avait poussé à la prendre dans ses bras et à lui murmurer des excuses. Sam enroula à son tour ses bras autour de son torse et se laissa aller, soulagée qu’il ait enfin pris conscience de ce détail qui l’avait travaillé durant bien longtemps. Peut-être ne serait-elle plus seule à présent…

  • Vous disiez ? dit-il en se détachant d’elle avec réticence, car le riz commençait à adopter une odeur bizarre.
  • J’y suis allée. Hammond m’a rappelé à l’arrivée du dessert.
  • Quelle plaie… les pains perdus brûlent, faites attention… Et l’avez-vous revu depuis ? 
  • Non, Jonas est arrivé, tout s’est enchaîné… de même que ses messages sur mon répondeur. Mais comment voulez-vous expliquer à quelqu’un que vous ne pouvez pas venir à son barbecue géant car vous êtes occupée à décongeler une jeune femme  sur un continent de glace ? 

Jack sourit en imaginant la scène. Et encore, il savait que Sam avait suffisamment d’excuses en réserve pour faire fuir une cinquantaine de prétendants. Terriens bien entendu. Il en vint à comprendre tous ces choix étranges, Martouf, Narim, Orlin… Elle avait sans doute besoin de quelqu’un qui comprenne sa vie et ce qui pouvait en découler… Condition qui limitait sensiblement les possibilités, d’autant que les sélectionnés étaient habitués à passer l’arme à gauche d’eux-mêmes. Son sourire s’effaça en réalisant quel unique candidat restait en liste. Allait-elle passer sa vie à attendre ce qui ne viendrait pas ?

  • Sam, dit-il en empoignant l’appareil téléphonique et en commençant à composer de mémoire le numéro, vous allez le rappeler et apprendre à le connaître.
  • Colonel, non… 
  • Je ne vais quand même pas en faire un ordre Major ? 
  • Jack, arrêtez ça, cria-t-elle en lui arrachant le téléphone des mains. Je ne le rappellerai pas, et ce n’est sûrement pas vous qui m’y forcerez.
  • Vous avez besoin de vous construire une vie, personne ne peut garder un équilibre acceptable en négligeant sa vie privée.
  • Et c’est vous qui me dites ça, railla-t-elle en le toisant des pieds à la tête.
  • Oh je ne suis certainement pas un exemple à suivre, vous avez encore beaucoup de belles années devant vous, si vous vous en préoccuper. Les miennes se sont écourtées avec la disparition de Charlie.

Sam n’ajouta rien. S’ils continuaient sur cette voie, tout allait mal finir, ce qui était réellement la dernière chose qu’elle souhaitait sur ce terrain là. Hésitante, elle le regarda avec une expression qui revenait souvent entre eux, la peine peut-être, la douleur, l’espoir sans aucun doute. Elle s’avança vers lui et prit ses mains dans les siennes.

  • Vous vous souvenez ce que vous m’avez dit, un jour, On ne voit bien qu’avec le cœur ? 

Il acquiesça, un sourire aux lèvres. Comment aurait-il pu oublier cet instant où il l’avait laissé entrevoir un petit bout de son âme ?

  • Eh bien maintenant, je vois que je dois attendre et espérer Jack, on ne peut pas abandonner, finit-elle en le regardant de telle manière qu’il ne s’aventure pas à répondre ou à argumenter sur ce point.

Il la regarda, surprit que ce genre de confessions vienne d’elle. Mais ils étaient adultes après tout, sûrement avaient-ils inconsciemment appris à assumer… Il voulu lui dire que cela risquait de durer encore bien longtemps, malgré ses yeux qui l’incitaient à couper court à cette conversation, mais il fut interrompu par la sonnerie de la porte. Une dispute entre frère et sœur lui parvint de l’extérieur. Sam serra une dernière fois ses mains et se dirigea vers l’entrée. Il fit de même après avoir éteint par précaution le feu sous la casserole.

~*~

  • Hum… joli, lui murmura Abigail à l’oreille, qui est-ce ? 

Sam prit sa nièce dans ses bras et sourit en regardant l’endroit indiqué par sa belle sœur.

  • Mon colonel… mon meilleur ami… au choix.

Elle l’observa faire connaissance avec le jeune Tobias, puis avec Mark.

  • L’homme auquel je tiens le plus au monde, ajouta-t-elle pour elle-même.

Abigail lui fit un clin d’œil amusé en tirant Mark par la manche vers le salon.

Jack vint la rejoindre près de la porte et posa la main sur la poignée.

  • Je vais vous laisser maintenant, il y a du riz cantonais tout chaud dans la casserole. 
  • Il peut rester s’il veut, cria Abigail de la pièce d’à côté, ça serait un plaisir de faire sa connaissance ! 

Sam reporta son attention sur lui, lui demandant silencieusement une réponse. Jack secoua la tête

  • C’est une affaire de famille, Sam, il ne faut pas tout confondre. Un jour, j’espère, cette question ne posera plus aucun problème, mais pas tout de suite.

Reconnaissante qu’il ait pris le temps et la peine de lui répondre en sous-entendus, elle lui adressa un sourire timide et presque embarrassé.

  • Très bien, dans ce cas… merci encore colonel.
  • A votre service madame, lui chuchota-t-il en lui déposant un baiser sur la joue.

Sur ces mots, il enfonça finalement la poignée et sortit.

La jeune femme sourit tristement en refermant la porte.

~*~

Fin

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