*Aveo amac cus*
…
*Au revoir*
…
*On ne peut pas l’abandonner ici dans cette état. Il doit y avoir un moyen d’inverser le processus !*
…
*La réponse doit être quelque part ici*
…
*Domata*
…
*Je ne crois pas que ce soit ici, Sam*
…
*On ne peut pas l’abandonner ici dans cette état.*
…
*On ne peut pas l’abandonner…*
…
*Aveo amac cus*
…
*Au revoir*
……………………………………………………tip…tip…tip…tip…tip…titititip…titititiptitititip……………………………
J’ai encore passé une grande partie de la nuit à fouiller dans tous les recoins de cet avant poste des anciens comme dit Daniel.
J’ai refait le même rêve cette nuit… on est tous là , comme d’habitude, comme on l’était auparavant lorsque l’on s’est rendu compte que ce n’était pas la Cité Perdue. Et les paroles de mes compagnons, ainsi que les miennes ressurgissent, toujours les mêmes, à l’identique de celles que l’on avaient prononcées en face de lui.
Comme si on lui annonçait sa mort.
Un rêve dans le noir le plus complet…puis … petit à petit … il apparaît, dans son caisson. Et murmure ces mêmes paroles, sans cesse, toujours d’une voix qui ne ressemble pas à la sienne, d’une voix que l’on espère dans notre langue. Mais ce qui est le plus étrange c’est qu’il ne bouge pas les lèvres. Il est là, le regard fixe et porté vers l’inconnu.
Je me demande souvent ce qu’il peut regarder. J’ai souvent essayer de savoir à quoi il pense grâce à ces traits…mais rien à faire… il ne bougera pas…
Je ramène le sac de couchage vers moi et me tourne vers lui, ses paroles dans ma tête :*Aveo amac cus*…*Au revoir* avait traduit Daniel…
J’ai froid…je suis fatiguée…
Mais lui… est ce qu’il est fatigué ? Est ce qu’il n’en n’a pas assez de nous voir là, depuis deux mois à s’acharner sur son caisson ? Est-ce qu’il n’en n’a pas assez de voir sa vie s’enfuir devant lui et être remplacée par les connaissances d’aliens dont nous n’avons jamais été aussi proches ?
Est-ce qu’il n’en n’a pas assez de me voir pleurer ?
Nous n’avons encore rien trouvé pour pouvoir le sortir de là. Pas un indice, une notice, rien qui puisse nous aider concrètement.
Je suis si fatiguée… j’ai mal en moi…c’est étrange comme sensation.
Ma tête se repose sur l’oreiller de fortune que l’armée nous donne gracieusement. L’armée peut nous donner tout …tout ce qui appartient au concret : du matériel, des insignes, une famille de rechange si vous venez d’une planète inconnue et que vous demandez l’asile, un téléphone rouge, un vaisseau avec un nom de tragédie grecque…
Mais pour le reste c’est à nous de le donner à l’armée, on donne de l’abstrait quand elle nous donne du concret…notre honneur au service de la patrie, notre courage, notre fierté, nos opinions… ma vie…mes sentiments …être neutre.
Est-ce que lui aussi ce rend compte qu’il a peut-être trop donné à l’armée ?
Est-ce que lui aussi ce rend compte que l’armée lui prend tout ? Nous prend tout ?
J’ai de plus en plus mal…mes larmes viennent toucher le tissu sans que je n’aie fait le moindre mouvement, sans que je n’aie plissé les yeux…elles viennent seules…dans la douleur.
Mais elles m’indifférent désormais, je n’en prends plus compte, elles font partie de mon quotidien…
J’ai toujours aussi froid…
Mais je n’en veux pas à l’armée, non, j’en veux à son fonctionnement…à ses règles, à son petit jeu qui est de nous transformer en parfait petit soldat prêt à défendre sa patrie à n’importe quel prix...
La porte des Etoiles nous a bien fait comprendre qu’avec elle ce serait différent…
Que désormais il ne fallait plus défendre son pays mais son conjoint, ses amis, son univers, ses secrets et ses autres peuples aussi divers les uns que les autres…
Peut être aussi sa Vie ? Et celle des autres…la sienne…
Est-ce que l’on a échoué ? Et si on n’arrive pas à le sauver ?
Il faut être réaliste…nous ne trouverons peut-être pas son mécanisme et il restera là, à attendre…ce qui ne viendra peut être jamais…Ou peut être qu’il ne nous a pas attendu, qu’il est déjà parti…nous ne savons pas nous plus à quoi sert le caisson, si c’est un tombeau ou un engin qui permet de mettre des corps en état de stase…
J’opte pour la deuxième solution…
Mes yeux s’ouvrent et se ferment au fur et à mesure que je me rends compte de mon état…
Epuisée, affaiblie physiquement et mentalement, fatiguée de tout…de moi…de lui aussi…et d’un autre lui…
J’ai n’ai pas voulu jouer avec ma vie, Grace me l’a fait comprendre, j’ai passé trop de temps à ne rien faire, à tout contrôler, à tout faire pour que je puisse *avancer*…
Je ris toute seule dans mes larmes…
*Avancer*…et où je suis allée ? Il n’y a qu’ à voir maintenant mon évolution… une mère morte, un père alien, un frère que je ne vois qu’une fois tout les 8 mois, un travail au sein d’un complexe ultra top secret, un quotidien qui consiste à voyager dans l’espace en moins de 5 secondes, une vie sentimentale désastreuse jonchée de cadavres, pas d’enfants, pas de mari mais un petit ami qui ne me comprends pas sur mes choix et même qui ne me comprends pas du tout, un ami lui aussi alien, un autre me ressemblant comme deux gouttes d’eau et enfin un dernier finit dans un frigo extra-terrestre et pour qui mes sentiments ont évolué considérablement depuis plusieurs années alors que cela m’est impossible…
Je n’en peux plus…
Je veux que ma vie change…je veux que tout s’arrête juste pendant instant…le temps de respirer un peu…le temps de voir clairement où j’en suis et où je veux aller…
Avec lui… ?Avec l’autre… ?Seule… ?
Mes yeux se ferment doucement. Je me rendors sans même avoir pu répondre à ma question…
J’ai toujours aussi mal…et je pleure encore…
………………………………………………………tip…tip tip…tip…tip…titititip…titititip…titititip…………