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Le tabac, la drogue et le sexe sont nos ennemis.. mais Dieu n'a-t-il pas dit : aime tes ennimis !
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Les Aléas du Vortex : Chapitre 11

LE DERNIER RATEAU

 

 

Jack claqua la porte de sa voiture devant la maison de Sam. Son double avait enfin accepté de se coucher quand le chef de Sg-1 avait décidé d’aller chercher son précieux sweat-shirt. Qui aurait pu croire que le jeune homme se serait mis dans un tel état pour un vulgaire vêtement ? A croire qu’il était retombé en enfance et qu’il pleurait pour son doudou ! Ce comportement avait d’autant plus exaspéré Jack qu’il connaissait déjà tous ces stratagèmes d’usure pour les avoir maintes fois éprouvés – dans un mode moins hystérique cependant.

Enfin, maintenant que son double dormait, Jack pouvait en profiter pour aller voir le général Hammond et faire un rapport sur la journée d’hier avant de partir pour le Minnesota.

Il grimaça en progressant dans l’allée. Il avouait qu’il quittait Colorado Springs à contre-cœur mais il tenait absolument à ne pas contrarier Sam en ce moment. Il sonna en remerciant petit Jack finalement de lui avoir donné une dernière occasion de voir la jeune femme.

Ses mains se frottèrent nerveusement les unes contre les autres tandis qu’il attendait que Sam ouvrît. Il espérait qu’elle lui ferait bon accueil et qu’ils pourraient discuter quelques instants. Fronçant les sourcils, il sonna une nouvelle fois et patienta. Toujours aucune réaction.

- Bonjour, Jack !

Le chef de Sg-1 se retourna pour rendre son salut au voisin de Sam. Il appuya sur la sonnette de nouveau et consentit à échanger quelques civilités.

- Comment allez-vous Paul ? s’enquit-il. Cela fait longtemps qu’on ne s’est pas vu !

- Deux jours, rectifia l’homme un peu gêné. Mais je vais bien.

Il fit un signe de tête en désignant la maison de Sam.

- Elle ne répond pas ? demanda-t-il soucieusement

- Apparemment pas, répondit Jack en se mordant la lèvre. Vous ne l’auriez pas vue sortir par hasard ?

- Non, dit tristement Paul. En tout cas, pas depuis que je me suis réveillé. Elle dort peut-être encore ?

Jack fit la moue. Sam n’aurait qu’une seule envie : retourner à la base au plus tôt. Pour avoir appelé le Sg-C avant de partir, Jack savait qu’elle n’était pas encore là-bas.

- Je la connais bien, dit-il finalement au voisin. Elle ne dormirait pas à cette heure.

Jack resta pensif quelques secondes puis sortit de sa poche le jeu de clés qu’il avait omis de rendre à Sam hier. Il ouvrit la porte sous l’œil intrigué de Paul et entra dans la maison.

La jeune femme avait astiqué l’endroit de fond en comble et l’idée qu’elle eût pu disparaître fut éliminée de la tête de Jack avant même de surgir. Il fit le tour des pièces tout en l’appelant. Mais il n’eut aucune réponse. Les lumières non éteintes de la salle de bains l’alertèrent immédiatement. Arrivé sur le seuil de la chambre de Sam, il sortit son téléphone portable et appela un numéro en mémoire.

- Ici le colonel O’Neill, annonça-t-il. Passez-moi le général Hammond au plus vite.

Jack fixa avec haine les traces de pas d’homme, l’ampoule brisée et le réveil au sol.

- Mon général, nous avons un problème avec Carter…

Jack écarta son oreille du téléphone tandis que son supérieur se désolait à grands cris.

- Elle a été enlevée.

Le silence que Jack eut pour seule réponse lui prouva qu’il avait été bien pris au sérieux.

*

Sam cessa de gesticuler quand elle vit son kidnappeur entrer dans la pièce sombre et vide où il l’avait enfermée. Il se contenta de s’asseoir non loin d’elle et ils se fixèrent dans le blanc des yeux pendant de longues minutes, chacun cherchant à deviner les pensées de l’autre.

Sam avait presque perdu la notion du temps mais croyait qu’il y avait plus de dix heures qu’elle avait été enlevée. Elle s’était réveillé totalement abattue et prête à se jeter à nouveau par une fenêtre si elle n’avait pas été attachée à une chaise. Elle avait retenu piteusement ses larmes en se demandant quand elle reverrait son réacteur à Naquada. Puis son geôlier, apparemment satisfait par la contemplation muette de la jeune femme, avait quitté la pièce.

Voyant un éclair de jour, elle avait subitement repris espoir. Oui, elle s’en sortirait, elle retrouverait son réacteur chéri et sa maison adorée. Ses automatismes de soldat refirent surface et elle fit rapidement l’analyse de la situation. Elle était dans un lieu inconnu, à une distance indéterminée de chez elle, avec comme ravisseur un fou qui avait pourtant des airs d’homme très sain et sympathique en plus et sans aucun moyen de s’échapper dans l’immédiat.

Sa seule solution était de tenter d’amadouer celui qui, à sa plus grande surprise, l’avait enlevée.

- Vous n’auriez rien à manger ? demanda-t-elle timidement. Je commence à avoir faim.

- Je vais vous apporter votre petit-déjeuner quand le café sera prêt.

Les yeux de Sam brillèrent d’envie. Elle avait vraiment un kidnappeur très attentionné.

- Merci, dit-elle sincèrement.

- Je vous en prie. Vous savez que je suis là pour vous aider.

Sam passa sous silence qu’elle n’estimait pas que quelqu’un qui l’assommait après l’avoir quasiment agressée était vraiment là pour la secourir. Elle devait pourtant pouvoir se débrouiller pour qu’il la laissât partir.

- Je sais ce que vous cherchez à faire et je vous en suis reconnaissante, dit-elle prudemment. Mais je vous assure que je vais bien. Enfin j’irais mieux si vous me détachiez…

- Non, répondit l’homme fermement. Je sais que vous seriez prête à fuir votre bonheur.

Sam soupira. La tâche se montrait plus ardue que prévue. Mais elle devait avouer que ce nouvel incident dans sa vie lui avait redonné une bonne dose d’adrénaline.

- Je trouve vraiment toutes vos attentions charmantes et j’avoue que votre appel il y a quelques jours m’a vraiment permis d’ouvrir les yeux mais je dois rentrer chez moi. Mon travail, mes amis, ma famille m’attendent.

L’homme chercha à parler mais Sam l’interrompit de sa voix la plus douce.

- Je n’oublierai jamais ce que vous avez fait pour moi, lui assura-t-elle. Vous savez que vous êtes mon ami et que vous le serez toujours.

Le kidnappeur eut un sourire moqueur lui montrant qu’il ne croyait pas un mot de ce qu’elle venait de dire.

- Vous ne savez même pas qui je suis.

- Mais si ! répliqua immédiatement Sam. Je sais très bien qui vous êtes !

- Alors quel est mon nom ? demanda-t-il sûr de lui

- Euh…

Sam dodelina la tête lentement à la recherche de la réponse. Elle séchait lamentablement. Elle reprit ses esprits.

- Si vous me relâchez, nous prendrons le temps de mieux nous connaître, promit-elle.

- Je vous connais déjà très bien, Sam, répliqua-t-il. Je sais exactement tout ce que vous faites.

La jeune femme était sûre que non mais n’osa pas le contredire. Pourtant, elle ne put s’empêcher de tenter de lui faire peur.

- Si vous me connaissez, vous devez connaître le col… enfin Jack et petit Jack, lui murmura-t-elle. Vous savez combien ils tiennent à moi.

Quoique la colère de son ravisseur ne fût pas ce qu’elle recherchait, Sam poursuivit.

- Ils vont me retrouver, certifia-t-elle. Ils sont très forts. Et ils vous empêcheront de me voir.

L’homme s’approcha si près de Sam qu’elle sentit sa respiration sur son visage.

- Je vous garderai pour moi éternellement, dit-il comme une menace.

Il quitta lentement la pièce sous la moue ennuyée de Sam. Elle leva les yeux au ciel quand elle fut seule.

- Mais qu’est-ce qu’ils ont tous avec moi ? se lamenta-t-elle. Je vais finir par devenir bonne sœur !

*

Le général Hammond eut un énième soupir tandis que Jack lui résumait ce qu’il avait vu chez Sam. Le chef du Sg-C aurait dû écouter attentivement, montrer sa stupéfaction à chaque nouveau détail troublant. Mais là, il n’en avait plus la force. En fait, il ne ressentait plus rien.

Sam avait disparu ? Bah ! Elle reviendrait ! Et si elle ne revenait pas, il chercherait quelqu’un d’autre pour la remplacer ! Les membres du Sg-C ne réalisaient peut-être pas leur chance mais leurs postes étaient très convoités. Les tiroirs de son bureau étaient pleins de dossiers de candidature. Certes, trouver quelqu’un avec les capacités de Sam ne serait pas aisé mais il y parviendrait. Et il prendrait soin de ne pas choisir cette personne avec un physique trop… Voilà que le mot lui échappait… Il l’avait pourtant sur le bout de la langue…

- Intéressant ! s’exclama-t-il alors

Jack s’arrêta au beau milieu de sa phrase, perturbé par l’interruption de son supérieur.

- Il y a un problème, mon général ? demanda-t-il

Le chef du Sg-C sursauta sur son siège comme s’il venait de se réveiller.

- Non ! Continuez, colonel O’Neill.

Le général eut un vague geste de la main et regarda Jack reprendre son monologue. Compte tenu de son inquiétude et de l’existence d’une bague de fiançailles, son second paraissait vraiment entiché de Sam, aussi surprenant que cela fût de la part de ce colonel bourru. Après tout, s’il voulait la chercher, il pouvait y aller. L’équipe phare du Sg-C n’étant pas mobilisable, Jack pouvait même jouer au Scrabble avec son double pendant ses heures de service… D’ailleurs, la base *entière* n’était pas mobilisable avec son médecin en chef sur une autre planète. Personne n’était irremplaçable mais les plaintes contre les infirmières indélicates s’entassaient sur son bureau. De plus, le général Hammond ne devait pas oublier celles des voisins de Janet pour tapage nocturne *et* diurne. Il réfléchit et songea que l’envoi de deux soldats pourrait dissuader Cassandra d’organiser une nouvelle fête.

Enfin, cela pouvait être pire. Non, peut-être pas. Avec Teal’c, Jonas et Janet sur Gè ne donnant aucune nouvelle et Sam dans la nature sous le coup d’une dépression ou d’une crise de nerfs — voire même des deux — et potentiellement kidnappée, le général Hammond avait peut-être atteint le summum du pire et surtout de l’absurde.

- Et si Samantha avait mis en scène son enlèvement pour s’enfuir de nouveau ?

Le chef du Sg-C se tourna vers petit Jack avec une moue intéressée. Son second le regardait en secouant négativement de la tête.

- Le réacteur à Naquada est toujours là, non ? fit-il remarquer. Et Carter m’a dit qu’elle revenait à la base donc elle n’a pas disparu cette fois.

Le double du colonel s’écroula sur un coin du bureau du général Hammond. Apparemment il n’avait pas fini sa nuit et son humeur s’en ressentait. Lui aussi commençait à se lasser de toutes ces péripéties.

- Mon général, dit alors Jack très sérieusement, je demande l’autorisation d’aller enquêter afin de retrouver le major Carter.

Son supérieur sursauta une nouvelle fois et Jack se demanda s’il avait écouté un seul mot de ce qu’il avait dit.

- Enquêtez et faites-moi un rapport, dit-il vaguement. Dans disons… cinq heures… voire dix… Enfin, quand vous le pourrez, quoi !

Jack resta pantois devant la désinvolture du général Hammond. Mais, voulant profiter d’une plus grande liberté d’action, il préféra partir tout de suite avant que son second ne changeât d’avis.

- Merci, mon général.

Il salua et sortit du bureau. Le chef du Sg-C demeura les yeux dans le vague et vit Jack bientôt réapparaître.

- J’avais oublié quelque chose, dit-il doucement.

- Quoi ? s’étonna son supérieur

Jack désigna du menton son double dormant paisiblement sur son bord de bureau. Il s’approcha du jeune homme et se pencha à son oreille.

- PETIT JACK ! DEBOUT !

Son double fit un bond digne d’être répertorié dans le livre des records.

- Petit Jack, dit le chef de Sg-1 à un volume normal, on y va maintenant !

- Quoi ? se plaignit le jeune homme. Déjà !

- Oui, Carter est peut-être en danger, lui fit remarquer Jack.

Le général observa son second parvenir à mettre sur pieds son double malgré sa mauvaise volonté et le poussa ensuite vers la sortie.

- Mais Samantha est toujours en danger ! grogna le jeune homme

- Et c’est ce qui fait son charme ! soupira Jack

*

Le claquement de la porte de la voiture réveilla violemment petit Jack. Il se frotta les yeux avec réticence et constata qu’ils étaient devant la maison de Sam. Debout dans l’allée, le chef de Sg-1 observait les alentours attentivement.

Petit Jack ne descendit pas. Il était fatigué. Il fallait sans cesse courir, sans cesse chercher quelqu’un ou quelque chose. Il n’était pas habitué à une vie si trépidante et il se prit à repenser avec envie à ses tranquilles journées sur Gè. Ce temps lui paraissait si loin !

Jack examinait toujours les abords de la maison, semblant mesurer la distance qui le séparait de Sam. Il ne semblait pas vraiment avoir besoin de son double. Le jeune homme pouvait donc dormir encore quelques instants. Il venait à peine de fermer les yeux que le chef de Sg-1 frappait à la vitre côté passager.

- Il faudrait aller chez les voisins pour savoir s’ils ont vu quelque chose, lui annonça-t-il. Tu viens.

- Non, répondit petit Jack en s’étirant. Je suis épuisé.

- Ce n’était pas une question, lui précisa fermement le colonel. Tu viens, c’est tout.

Le jeune homme quitta à regrets l’habitacle de la voiture pour suivre Jack. Ils se dirigèrent tout naturellement vers la maison de Paul.

Le plus proche voisin de Sam ouvrit la porte rapidement.

- Il y a un problème ? demanda-t-il

- Oui et un gros, répondit Jack ennuyé. Sam a été enlevée.

- Enlevée? Mais pour quelle raison ?

- Nous n’en avons aucune idée, dit le chef de Sg-1 en essayant d’oublier la fois où Sam avait été kidnappée et les menaces que faisaient toujours planer le NID. Auriez-vous vu ou entendu quelque chose depuis qu’elle est rentrée hier ?

- Non. J’ai dormi comme un bébé. Mais vous êtes sûr qu’elle a été enlevée ? Vous savez qu’elle n’est pas souvent chez elle.

- Oui, admit Jack, mais c’est une accro du travail. Le seul endroit où elle voudrait être en ce moment, c’est son labo.

- Elle est peut-être partie sans vous dire où elle allait.

- Non, refusa immédiatement le militaire. C’est une femme prudente et avisée. Elle sait que nous nous inquiéterons.

- Elle est peut être dans sa famille et ne pas avoir eu le temps de vous joindre.

- Son frère nous aurait prévenus, répliqua Jack. Son père habite… trop loin pour qu’elle puisse y aller.

- Oui, c’est ce qu’il m’a dit la fois où je l’ai rencontré, confirma Paul.

Les deux hommes restèrent silencieux ne sachant plus quoi trop dire. Petit Jack digéra lentement le fait qu’ils eussent dialogué en omettant totalement sa présence. A bien y réfléchir, il aurait été incapable de participer à la conversation. Il se rendait cruellement compte qu’il ne connaissait presque rien à la vie de Sam.

- Vous avez prévenu la police ? demanda Paul

- Non, répondit Jack avec évidence. Ils ne prendront pas en compte sa disparition avant demain matin. Et nous espérons la retrouver avant.

- Moi aussi, soupira le voisin. Je suis désolé de ne pas pouvoir vous aider plus.

- Ce n’est pas grave, le rassura le chef de Sg-1. Mais si jamais vous vous souvenez de quelque chose…

Il lui tendit sa carte dans un geste très professionnel.

- … appelez-nous.

Paul acquiesça puis Jack et son double prirent congé. Ils descendaient les marches de la maison quand ils entendirent un bruit énorme à l’étage. Surpris, ils se retournèrent.

- Sûrement mon chat, expliqua le voisin avec naturel.

- Ce doit être un gros matou, fit remarquer petit Jack.

- Oui. Bien, dit Paul en rentrant dans sa maison, je vais réparer les dégâts. J’espère que vous retrouverez Sam vite.

- On va aller interroger les autres voisins, lui indiqua le chef de Sg-1.

- Vous savez, je ne crois pas qu’ils aient pu voir quelque chose en pleine nuit, dit l’homme en faisant la moue avant de refermer la porte derrière lui.

- On ne sait jamais, répliqua Jack en se mettant en route.

*

Paul remit le rideau en place après avoir observé Jack et son double regagner leur voiture après avoir fait le tour du quartier. Un nouveau bruit se fit entendre au-dessus de lui et il se précipita au grenier en pestant.

La lumière inonda la pièce obscure découvrant des meubles renversés et brisés. Slalomant entre les débris, il releva Sam, toujours bien attachée à sa chaise, mais tombée à terre. Il enleva toute la saleté recouvrant ses cheveux et ses vêtements avec délicatesse.

- Vous allez bien ? demanda-t-il soucieusement

Sam toussa tout en tentant, inutilement, de stopper ses larmes naissantes dues à la poussière.

- Ça va, rassura la jeune femme. Je crois que je n’ai rien de cassé.

- Vous voulez de l’eau ?

- Non, ça ira, merci.

L’homme se leva et regarda Sam reprendre ses esprits.

- Qu’est-ce que vous cherchiez à faire ? s’interrogea son kidnappeur

Elle serra les poings pour contenir son indignation. Etait-il bête à ce point ?

- Je voulais partir ! J’exige que vous me détachiez ! Je veux rentrer chez moi !

- Non, non, non, refusa-t-il. Vous resterez avec moi. Et ne comptez pas sur vos amis, ils ne vous retrouveront jamais.

Sam ne répondit rien. Seule, elle avait réfléchi aux différentes réactions qu’auraient pu avoir Jack et son double. Il y avait de grandes chances qu’ils eussent cru qu’elle avait encore disparu. Pourtant, elle continuait à espérer qu’ils ne l’abandonneraient pas. Compte tenu des fréquentes visites de son geôlier, de la qualité des plats apportés et de son souvenir de la maison de son voisin, Sam pensait qu’elle n’était qu’à quelques mètres de chez elle. Il ne lui restait plus qu’à attirer l’attention d’un passant en souhaitant qu’il se posât des questions.

- Mais pourquoi faites-vous tout ça ? demanda soudainement Sam

- Pardon ?

- Pourquoi voulez-vous me sauver ? précisa-t-elle. Pourquoi ne vous fâchez-vous pas quand j’essaye de m’échapper ? Pourquoi en êtes-vous arrivé à m’enlever ?

Son kidnappeur eut un sourire si paisible que Sam faillit avoir des sueurs froides.

- Je sais que votre bonheur ne peut être qu’avec moi, expliqua-t-il sereinement, que jamais vous ne pourrez le trouver avec quelqu’un d’autre. Je l’ai su dès que je vous ai vue. Je sais aussi que vous finirez par comprendre que j’ai raison.

Sam fit une grimace. Si parfois son voisin lui faisait peur, elle avait plus souvent l’impression d’évoluer dans un mauvais film de série B.

- Vous savez qu’il y a des manières plus… civilisés de s’y prendre ? fit-elle remarquer

Il s’agenouilla devant elle pour la forcer à bien le regarder.

- Je vous suis donc si indifférent ? demanda-t-il. J’ai tout essayé et vous ne me voyiez pas.

Sam crut avoir trouvé une faille et retint sa respiration.

- C’est pourquoi vous devez rester ici pour comprendre, ajouta-t-il.

- Quoique vous ayez fait, je ne m’en souviens pas, avoua la jeune femme sans aucune pitié.

L’homme se leva pour cacher son dépit.

- Qui vous a prêté du sel quand vous n’en aviez plus ? Qui vous a laissé des semaines voire des mois des outils pour vos bricolages ? Qui vous a donné l’adresse du seul dentiste pouvant recevoir sans rendez-vous ? Qui vous a signalé que le livre que vous cherchiez désespérément était à la bibliothèque municipale ?

Sam resta muette. Elle constatait avec stupéfaction qu’elle ne s’était rendue compte de rien. Tous ces services rendus lui semblaient naturels et elle n’avait jamais imaginé que son voisin attendait plus que sa reconnaissance en retour.

- Si vous ne souvenez pas de ça, poursuivit-il, je suppose que vous avez également oublié que je vous ai invitée à dîner ?

Sam avala difficilement sa salive.

- Vous pourriez me rappeler quand ? demanda-t-elle timidement

- Il y a deux mois, répondit-il du tac au tac. Vous avez refusé en prétextant que vous aviez du travail à finir.

La jeune femme fouilla dans sa mémoire mais ne trouva rien. Son activité professionnelle lui servait d’excuse pour tout.

- Et quelques jours après, vous débarquiez avec petit Jack ! continua-t-il furieux. Ce blanc-bec qui ne vous quittait pas une seconde ! Ses intentions étaient tellement claires que cela en était insultant pour vous !

Sam leva les yeux au ciel et maudit les envies lubriques trop évidentes de son futur ex mari.

- Ce n’est pas ce que vous croyez ! protesta-t-elle. Il ne s’est rien passé entre lui et moi !

- Mais le pire a été quand Jack et lui sont venus s’installer chez vous ! s’écria-t-il. Ils ont essayé de me faire croire qu’ils n’étaient que des amis soit disant de passage ! Les idiots ! J’avais tout compris ! Je savais tout ce que vous faisiez avec eux !

- Eh ! protesta Sam. Je vous interdis de supposer des choses pareilles ! Pour qui vous me prenez ?

- Je vous ai entendue avec eux dans le jardin ! expliqua-t-il. Je vous voyais le matin ! Ne niez pas ! Vous portez toujours la bague de fiançailles de Jack !

Le regard de Sam tomba sur l’anneau maintenant tout déformé encore à son doigt. Elle soupira devant son total manque de chance.

- J’ai alors pensé les pires choses sur vous, persévéra-t-il. Vous aviez osé me rejeter pour deux hommes ! Mais j’ai su que j’avais eu tort en vous voyant devenir de plus en plus perdue. Vous étiez dans un piège et moi seul pouvait vous sauver. Je vous ai appelée mais vous n’êtes pas venue alors je suis allé vous chercher.

Sam le laissa caresser sa joue. Là, il lui faisait vraiment peur.

- Je comprends que tout soit encore confus pour vous mais vous réaliserez un jour ou l’autre que j’ai raison et vous n’essaierez plus de fuir votre bonheur.

La jeune femme prit une longue inspiration. Elle en avait assez d’écouter ce doux dingue décider de ce qui était le mieux pour elle ! Les hommes étaient tous pareils ! Elle ne voulait plus se montrer compréhensive ou tenter de l’amadouer, elle voulait partir ! Immédiatement !

- Je vais vous dire quelque chose et j’espère que vous allez bien l’enregistrer dans le peu de cerveau qui vous reste ! s’énerva-t-elle. Je n’ai aucune envie de comprendre ! Je ne veux pas de vous ! Vous ne m’inspirez que de la pitié ! Même pas de la haine ! C’est vous dire combien vous m’êtes indifférent ! En fait, je me fiche du jugement que vous portez sur moi ! Je fais ce que je veux, où je veux et avec qui je veux ! Que ça vous plaise ou non ! Que je rate mon bonheur ou pas ! Vous ne vous rendez peut-être pas compte mais vous êtes totalement malade ! Même pour sauver ma vie, je ne m’abaisserais pas à vous accorder une seconde d’attention ! Alors relâchez-moi avant que Jack et petit Jack n’arrivent et vous fassent passer un sale quart d’heure !

Sam réalisa, mais trop tard, qu’elle avait été un petit peu trop loin.

*

- Bon, on retourne à la base faire notre rapport maintenant. J’ai envie de dormir !

Petit Jack boucla sa ceinture et attendit que la voiture démarrât mais rien ne se produisit. La main droite sur la clé, Jack semblait hésiter avant de mettre en route le véhicule.

- Elle doit être pourtant cachée quelque part ! s’écria-t-il

- Oui mais apparemment, c’est pas aujourd’hui qu’on la retrouvera ! fit remarquer son double. On a fait le tour des voisins et personne n’a rien vu. Paul avait bien raison en disant qu’il y avait peu de chances que quelqu’un ait remarqué quelque chose en pleine nuit !

Jack fit la moue. Il aurait tellement aimé trouver un témoin susceptible de leur donner une piste !

- Mouais, c’est un chic type, Paul, commenta-t-il mollement.

Le chef de Sg-1 fronça alors les sourcils puis se tourna vers son double.

- Il a dit que l’enlèvement de Carter avait eu lieu en pleine nuit ?

- Oui et c’est pour ça que personne n’a rien vu, expliqua petit Jack.

- Comment sait-il que cela s’est passé pendant la nuit ? s’étonna le militaire

- Parce que tu le lui as dit ! répondit le jeune homme avec évidence

- Je le lui ai dit ? s’étonna Jack

- Tu n’es pas sûr de le lui avoir dit ? demanda son double suspicieux

- Je suis presque sûr de ne pas le lui avoir dit ! rectifia Jack

Les deux hommes se regardèrent avec effroi.

- C’est lui qui a enlevé Carter ! s’écria le chef de Sg-1

- Ce ne peut pas être Paul ! refusa le jeune homme.

- On vient de retrouver le kidnappeur de Carter et c’est tout ce que tu trouves à dire ? répliqua Jack

- Il doit y avoir une erreur ! dit son double en secouant la tête

- Il a menti, petit Jack ! Il habite à deux mètres de chez Carter ! C’est lui !

- Il est insomniaque ! s’écria alors le jeune homme

Jack le regarda avec des yeux ronds.

- Et alors ?

- Il est donc normal qu’il ait vu que Samantha avait été enlevée pendant la nuit ! expliqua son double avec un sourire

- Ah ouais ? grimaça Jack. Et c’est normal qu’il m’ait dit qu’il dormait alors qu’il ne dormait pas ?

- Peut-être qu’il a été menacé par les kidnappeurs s’il parlait ? proposa le jeune homme

- Que faisait-il en pleine nuit à regarder ce qu’il se passait chez Carter ? répliqua Jack du tac au tac

- Mais pour quelle raison aurait-il eu l’idée saugrenue d’enlever Samantha ? demanda son double incrédule

Le pétillement dans les yeux de Jack fut sa seule réponse.

- Question stupide…

Mais le jeune homme ne pouvait se résoudre à croire que Paul était le kidnappeur de Sam.

- Je ne vois vraiment pas comment cela ait pu arriver ! Il ne ferait pas de mal à une mouche !

Un bruit plus impressionnant que précédemment se fit entendre dans la maison de Paul. Les deux hommes sursautèrent dans un même mouvement. Jack vérifia alors que son arme était bien en place avant d’ouvrir la portière de la voiture.

- Je crois qu’il n’y a plus de temps à perdre si on veut récupérer Sam vivante ! Et Paul ou pas Paul, je sens que je ne vais pas être très tendre !

Il courut vers la maison tandis que petit Jack soupirait.

- C’est reparti pour un tour !

*

Sam avait toujours pris l’habitude de se fixer des priorités dans la vie mais là elle devait avouer qu’elle était perplexe. Deux choix s’offraient à elle : se défendre mais se retrouver dans une tenue plus qu’indécente ou mourir mais en restant habillée. Habillée d’ailleurs était un grand mot car après tout elle ne portait qu’un peignoir dont le nœud de la ceinture avait tendance à se desserrer minute après minute. Il n’aurait pas pu la kidnapper après qu’elle eût mis son pyjama ?

Il avait l’air vraiment fâché à voir la manière dont ses yeux s’étaient enflammés. Même si elle se débattait, attachée comme elle était, elle n’aurait aucune chance. Elle ferma alors les yeux pour ne pas le regarder une fois encore et pour visualiser le petit encart dans le journal du lendemain auquel elle aurait droit : « Un officier de l’armée de l’air sequestré et tué par son voisin. Faut-il revoir les entraînements de nos boys ? ».

Elle revint brusquement à la réalité quand elle le sentit la détacher non sans violence avant de la mettre debout. Avait-elle réussi à le désespérer assez pour qu’il décidât de la relâcher ?

- Vous ne pouvez pas dire ça ! hurla-t-il comme un forcené en la secouant. Je suis celui qu’il vous faut !

Sam eut l’impression d’être un shaker entre les mains d’un barmaid mais elle ne se laissa pas abattre. Elle ne se ferait plus jamais marcher sur les pieds par un homme.

- Plutôt mourir ! rétorqua-t-elle entre deux allers-retours de sa tête

A ces mots, son geôlier s’arrêta brusquement. Il resta immobile assez de temps pour que Sam reprît ses esprits et regretta d’avoir mangé tout ce qu’il lui avait donné. Ses yeux la fixaient avec incrédulité et la jeune femme redoutait sa décision à chaque nouvelle seconde dans le silence.

Il resserra alors sa poigne autour de ses bras à lui en faire pleurer et la tira derrière lui.

- Si vous ne voulez pas de moi, personne ne vous aura ! s’écria-t-il en se dirigeant vers les lourds rideaux couverts de poussière

Sam secoua la tête en signe de refus de total et renonça à toute prudence vestimentaire. A plusieurs reprises, elle avait échappé à cela et elle ne voulait pas finir comme cela. Elle ne *devait* pas finir comme cela. Ce serait trop affreux et surtout trop stupide. Elle essaya de le ralentir en se jetant à terre, en se faisant la plus lourde possible, en tentant de le frapper mais rien n’y fit. Ils se rapprochaient toujours autant de la fenêtre.

- Non ! Ne faites pas ça ! Arrêtez ! Vous ne pouvez pas faire ça !

Son kidnappeur la releva pour la énième fois et eut un sourire cruel.

- Après tout, c’est ce que vous vouliez, non ? C’est soit moi, soit mourir !

Sam en pleurait presque de dépit. Il ne comprenait rien. S’il croyait lui faire peur en la tuant, il avait tort. C’était juste qu’elle ne voulait pas mourir dans ces conditions.

- Non ! protestait-elle encore. Tout mais pas comme ça !

Elle grimaça à la vue du soleil déclinant dans la rue déserte tandis que son geôlier cherchait à ouvrir la fenêtre tout en la gardant en son contrôle.

- Au secours ! A l’aide !

- Ce n’est pas la peine de crier ! lui signala-t-il. Même si on vous entend, le temps que quelqu’un n’arrive, ce sera déjà fini !

Un craquement ponctua sa phrase et l’air doux de cette fin de journée pénétra dans la pièce. La tête de Sam fut poussée à l’extérieur malgré toute sa résistance.

- Non ! Non ! Non ! Ne faites pas ça !

Mais son kidnappeur ne semblait plus réaliser ce qu’il faisait. Saisissant la jeune femme sous les bras, il la rapprocha un peu plus du vide. Sam eut alors un sursaut.

- Paul ! s’écria-t-elle brusquement. Je me souviens ! Vous vous appelez Paul !

Cette exclamation ne fit qu’augmenter sa rage et la jeune femme dut se raccrocher à l’encadrement de la fenêtre pour ne pas basculer.

- C’est trop tard ! Vous méritez la…

- Paul ! Lâchez-la ! s’éleva enfin une voix

Surpris, l’homme se retourna pour prendre un coup de poing en pleine figure projetant Sam totalement à l’extérieur.

- Aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaah !

C’était la fin. Même si elle faisait une chute de plus de vingt mètres, elle lui paraîtrait toujours trop courte.

- Je te tiens, Samantha ! entendit-elle alors en sentant la main de son futur ex-mari la saisir in extremis

- Petit Jack ! s’exclama-t-elle folle de joie. Sauve-moi, je t’en prie, je ne veux pas mourir !

- Je ne vais pas te laisser là ! dit-il en lui tendant son deuxième bras. Je vais te remonter !

Aux chocs qui se faisaient entendre, une bataille faisait rage non loin du jeune homme.

- Merci petit Jack ! Merci !

Etrangement, face à sa reconnaissance, son futur ex-mari ne semblait ressentir aucune envie d’en tirer parti. De même, quand elle se jeta dans ses bras une fois revenue à l’intérieur, il ne répondit pas à son étreinte. Elle le regarda avec stupeur omettant entièrement la bagarre entre Jack et petit Paul.

- Tout va bien, Samantha ? demanda le jeune homme avec sollicitude

- Oui, répondit-elle lentement en se demandant d’où venait cette sensation de malaise. Et toi ? Tu as l’air bizarre…

Petit Jack resta pétrifié. Il baissa la tête honteusement.

- Samantha, murmura-t-il presque, je suis désolé.

La jeune femme eut peur. Allait-il lui aussi tenter de la tuer ? Instinctivement, elle se recula manquant de près le coup de pied que Jack destinait à Paul. Petit Jack osa alors la fixer avec peine.

- Samantha, je… J’ai bien réfléchi à tout ce qu’il s’est passé depuis que nous sommes mariés et je… je me suis rendu compte que…

- Que ? répéta la jeune femme s’attendant au pire

- Que je ne t’aimais pas.

Sam ne put rien dire pendant quelques secondes tellement elle était stupéfaite. Petit Jack la prit alors contre lui comme pour la consoler.

- Je sais que ce n’est pas facile à entendre mais tu n’es pas la femme de ma vie, poursuivit-il. J’ai essayé de me persuader que tu l’étais mais ce n’est pas vrai. Et je ne veux pas me mentir et te mentir. Je ne connaissais rien de toi et je n’ai vu en toi que ce que je voulais voir.

Blottie contre le torse du jeune homme, Sam n’arrivait pas à croire ce qu’elle entendait. Il ne l’aimait pas ! Il ne l’aimait pas !

- Je voudrais retourner chez moi le plus vite possible et que nous réglions notre divorce, continuait-il. Je suis vraiment désolé.

- Non ! dit alors Sam en se décollant de lui. Ce n’est pas grave !

Petit Jack devait s’attendre à ce qu’elle fût détruite par cette décision car il fit presque un bond en la voyant si sereine.

- Tu sais, avoua alors Sam, je t’aime beaucoup. Mais je ne t’aime pas.

- Oh.

Ils restèrent quelques secondes silencieux puis finirent par se sourire.

- Tout est bien qui finit bien alors ? demanda-t-il

Sam acquiesça. Le jeune homme se tourna vers le reste de la pièce.

- On devrait peut-être aller aider grand Jack ?

*

Jack profita du feu rouge pour mieux recouvrir Sam de sa veste. Il avait beau faire bon pour cette période de l’année, la jeune femme devait avoir un peu froid dans son peignoir qu’elle n’avait pas pu échanger contre des vêtements normaux avant l’arrivée de la police.

Il caressa du pouce l’arête encore gonflée de son nez. Paul avait vraiment de la ressource. Jack n’aurait jamais pu imaginer qu’il eût pu se révéler si coriace. L’aide de Sam et de son double n’avait pas été de trop pour parvenir à le maîtriser. Mais tout était fini maintenant. Paul serait sûrement pris en charge par des gens compétents et son major semblait ne pas être tellement traumatisée par son kidnapping.

La véritable surprise de la journée avait été en fait d’apprendre que petit Jack renonçait à Sam. Le chef de Sg-1 avait cru mal entendre quand le jeune homme avait déclaré qu’il voulait être ramené par un soldat à la base. Mais cela était réel. Il partirait bientôt et tout allait vraiment rentrer dans l’ordre.

Sam gémit doucement dans son sommeil puis posa ses mains fermement sur le nœud de son peignoir. Jack la regarda ainsi alanguie et éclairée éphémérement par les réverbères des rues. Elle était plus belle que jamais. Elle mêlait à la perfection la fragilité et la force, l’abandon et la maîtrise, la transparence et le mystère. Il soupira. Avec des pensées pareilles, il ne pourrait jamais se convaincre que tout serait pareil dorénavant. D’ailleurs à quoi bon ? Il fallait seulement faire comme les fois précédentes : faire comme si tout ce qu’il s’était passé entre eux ces derniers mois n’avait eu aucune importance. Il priait pour ne jamais voir le jour où il ne pourrait plus se mentir ainsi.

Il arrêta doucement la voiture devant la maison de Sam. Apparemment, la police avait eu la gentillesse de boucher la vitre cassée dans la chambre de la jeune femme. Elle pourrait donc dormir tranquille ce soir. Il descendit lentement puis alla ouvrir la portière passager en prenant soin de ne pas la réveiller. Elle glissa tout naturellement dans ses bras et il se dirigea vers sa demeure.

Sam se réveilla quand il mit la clé dans la serrure. Elle prit quelques instants pour comprendre où elle était et ce qu’il se passait et finit par rougir.

- Ce n’était pas la peine de me porter, mon colonel, lui apprit-elle.

- Vous dormiez si bien, lui dit-il dans un sourire. Et je suis sûr que vous en avez bien plus besoin que moi. Ces derniers jours ont été très durs pour vous.

La porte s’ouvrit et ils entrèrent sans que Jack ne l’eût reposée à terre.

- Je vous amène à votre chambre, lui indiqua-t-il de sorte qu’elle ne pouvait refuser.

A vrai dire, elle n’avait pas réellement envie de marcher. Elle se sentait si bien dans le cercle protecteur de ses bras qu’elle ferma les yeux pour mieux humer cette odeur qui ne pouvait appartenir qu’à lui. A côté, la douceur des draps de son lit retrouvé lui paraissait dérisoire. Elle le regarda tandis qu’il finissait de la border en silence.

- Je dois aller me changer et me brosser les dents, se rappela-t-elle en se calant confortablement contre les oreillers.

- Ça attendra demain, dit-il avec une tendresse qui réchauffait le cœur de Sam. Vous êtes trop fatiguée pour faire quoi que ce soit.

Il remonta le drap jusqu’au menton de la jeune femme et l’embrassa sur le front. Il se redressa et la contempla alors qu’elle luttait contre le sommeil.

- Je ne vous ai même pas remercié pour tout ce que vous avez fait, remarqua-t-elle alors.

- Ce n’est pas la peine, Carter, répliqua-t-il. C’est mon job de veiller sur vous.

Sam sourit doucement et laissa sa main errer sur sa joue.

- Vous le faites bien. Merci encore.

Il pouvait partir, elle pouvait dormir mais ils restaient là. Lui, incapable de lâcher son regard si aimant et reconnaissant. Elle, refusant de rompre leur contact. Tous les deux laissant les secondes s’égrener comme si le temps qui s’écoulait choisirait pour eux s’ils avaient le droit de rester ensemble ou pas.

Jack soupira.

- Ce ne serait pas une bonne idée, dit-il en arrêtant la main de Sam sur son visage.

- Oui, répondit-elle dans un souffle qui lui fit mal.

Il prit la direction du couloir mais fit une pause sur le pas de la porte de la chambre. La jeune femme espéra un instant qu’il avait changé d’avis. Elle comprit qu’elle se trompait en croisant son regard triste.

- Je dors dans votre canapé pour plus de sécurité alors ne vous inquiétez de rien.

- Merci.

- Bonne nuit, Carter.

- Bonne nuit, mon colonel.

 
 
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