US ET COUTUMES DE GE
Petite Sam…
Ces deux simples mots ne cessaient de résonner dans la tête de Sam. Depuis que le général Hammond les avait prononcés, elle n’avait plus eu conscience de grand chose. Elle regarda autour d’elle d’un air absent. Elle était sur Gè et Jack et son double marchaient devant elle en direction de la ville.
Petite Sam…
Si seulement elle pouvait simplement identifier ce qu’elle ressentait. Cela ressemblait à un mélange confus de crainte de voir un autre elle-même réussir sa vie mieux qu’elle et en tout point, de peur d’avoir raté quelque chose que son double aurait trouvé et d’envie de connaître cette inconnue qui était pourtant elle.
Mais pourquoi Teal’c, Jonas et Janet étaient-ils partis à sa recherche ?
Elle devait avouer que le général Hammond était resté très vague pendant leur court entretien avec Jack dans son bureau. Une seule chose comptait : il fallait retrouver le reste de Sg-1 et le médecin de la base. Le général avait de plus précisé que Janet était leur absolue priorité. Sam avait cru entendre que son supérieur commençait à regretter que Cassandra ne fût pas morte dans un certain bunker mais elle avait préféré ne pas y croire.
Mais pourquoi tout cela arrivait maintenant ?
Tout revenait enfin à la normale. Disons plutôt que tout semblait revenir à la normale… Sam avait beau être passée ceinture noire dans l’art de s’adapter à toutes les situations, elle devait reconnaître qu’elle était un peu dépassée. En effet, il était difficile de croire que tout était normal quand vous vous réveilliez le matin et vous faisiez servir le petit-déjeuner au lit par votre supérieur hiérarchique direct. L’entendre ensuite vous demander si vous aviez passé une bonne nuit et être tentée de répondre « Pas assez, vous étiez trop loin de moi » n’entrait pas réellement dans les habituels événements quotidiens. Après cela, voir l’homme, qui n’avait eu depuis des jours et des jours que comme seul objectif de vous mettre dans son lit, vous fixer d’un œil morne en vous demandant aux bords des larmes « Quand est-ce qu’on rentre à la maison ? » aurait pu paraître dérisoire mais cela restait tout de même assez loin d’une journée type. Et cela l’était autant que d’écouter le général Hammond faire des blagues aussi douteuses que celles de Jack.
Et ensuite petite Sam…
Mais pourquoi diable étaient-ils allés la chercher ? Et surtout pourquoi ne rien vouloir dire à petit Jack ? Pourquoi vouloir attendre que le divorce eût été prononcé et que le double du chef de Sg-1 les eût oubliés pour partir en quête des membres manquants de la base ?
- Ben Carter, vous traînez un peu aujourd’hui, lui fit alors remarquer Jack en se retournant.
- Excusez-moi, mon colonel, dit-elle en accélérant le pas.
Sam observa les deux hommes discutant tranquillement devant elle. Eux, parvenaient parfaitement à croire que tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes. Quoi de plus banal en effet qu’un couple divorçant après moins de six mois de mariage et conviant l’amant de la mariée à l’officialisation de la rupture ? Oui, vraiment, le mieux était de se dire que tout était normal.
*
- On dirait vraiment chez moi ! s’exclama Jack
Sam était bouche bée. Mais elle ne savait pas si c’était dû aux sourires quasi identiques des deux hommes leur arrivant jusqu’aux oreilles ou à l’immensité de la maison qui se trouvait face à elle. Jamais elle n’aurait pu croire que Jack ou son double eussent pu habiter dans ce gigantesque manoir aux allures si bourgeoises.
- Tu es sûre que c’est ici, petit Jack ? demanda-t-elle après quelques secondes
Le chef de Sg-1 et son double ne pouvaient quitter des yeux la demeure qu’ils fixaient avec une admiration béate.
- Je n’ai jamais été aussi content de revenir chez moi, avoua-t-il petit Jack sous le charme. Et pourtant Dieu seul sait tout ce que j’ai fait pour en partir.
- Il n’y a rien de mieux que chez soi, confirma le colonel dans le même état d’enchantement.
Sam les regarda avec stupéfaction et finit par perdre patience quand elle constata qu’ils ne semblaient pas prêts à bouger. On aurait dit deux fans d’Elvis devant l’entrée de Graceland.
- On pourrait peut-être sonner maintenant ? suggéra-t-elle
- Pas la peine, répliqua petit Jack avec un sourire immense. J’ai les clés.
Il soupira en sortant le jeu de sa poche semblant soudainement appréhender ce qu’il se passerait.
- Allons-y ! encouragea Jack en pressant son double
Sam les suivit tandis qu’ils s’engageaient dans l’allée menant à la demeure. Mû par la force de l’habitude, le jeune homme poussa sans difficulté la lourde porte de chêne. Il entra avec prudence et ils débouchèrent dans un gigantesque vestibule sentant l’encaustique. Au côté de Sam, Jack retenait son souffle.
- On dirait vraiment mais vraiment chez moi ! s’enthousiasma-t-il à voix basse
L’endroit paraissait désert donnant d’autant plus à Sam l’impression de pénétrer dans un sanctuaire. Petit Jack avança lentement, redécouvrant les murs où il avait passé la totalité de sa vie. Bientôt, le chef de Sg-1 le suivit et désigna le large escalier.
- A huit ans, j’ai décidé que je ne descendrai plus toutes ces interminables marches, raconta-t-il, et j’ai utilisé la rampe…
- … un bras cassé et quelques points de suture, termina petit Jack tout entier à son souvenir. Mais ça a été le plus grand surf de ma vie.
Les deux hommes acquiescèrent et se rappelèrent tout ce qu’ils avaient vécu ici. Sam, en retrait, surveillait impatiemment l’arrivée d’une personne qui réveillerait enfin ses compagnons de leur torpeur mélancolique. Mais la maison avait l’air désespérément vide. Jack et petit Jack en étaient à se remémorer les marques qu’ils avaient laissées dans le montant de la porte quand, enfin, un bruit de pas se fit entendre. Une femme maigre au visage sévère et aux cheveux argentés fit son apparition. Sam déduit à ses vêtements qu’elle devait être une employée ici. La pauvre n’eut pas même le temps de prononcer un mot car petit Jack se jeta dans ses bras.
- Johanna ! s’écria-t-il en serrant la domestique à l’en étouffer. Que je suis content de vous revoir !
Elle se libéra rapidement semblant peu apprécier ce contact si subit.
- Monsieur 33 ! dit-elle d’une voix sans émotion. Vous voilà enfin de retour !
- Oui ! Et je vous promets que je ne repartirai jamais !
Serrant ses mains l’une contre l’autre cérémonieusement, elle acquiesça docilement. Soit elle ne le croyait pas, soit elle s’en contrefichait.
- J’ai vu des choses fantastiques, Johanna, s’exclamait petit Jack, j’ai vécu des expériences extraordinaires ! Mais c’est ici que je me sens le mieux !
- Tant mieux, monsieur 33. Mais pourriez-vous me présenter ceux qui vous accompagnent ?
Jack et Sam eurent un petit sourire contrit tandis que le jeune homme se tournait vers eux.
- Euh… C’est assez compliqué à expliquer, en fait…
Johanna eut un regard inquisiteur qui donna des frissons à Sam.
- Je ferai mieux d’appeler madame votre mère, dit-elle prudente. Attendez ici.
Sans même leur demander leur avis, elle s’éloigna à petits pas serrés. Petit Jack leur adressa un sourire rayonnant.
- Je crois qu’elle vous adore ! commenta-t-il
Jack eut une moue peu convaincue et Sam le regarda avec étonnement.
- Vous ne la connaissiez pas ?
- Non ! s’exclama-t-il horrifié. Et heureusement ! Elle a l’air aussi aimable qu’un dragon !
Un raclement de gorge de petit Jack leur signala que la personne en cause était de retour. Toujours aussi impassible, elle était maintenant accompagnée d’une femme d’une cinquantaine d’années, plus grande qu’elle et dégageant une élégance et une classe hors du commun. Jack dut se retenir à Sam pour ne pas tomber sous le choc.
- On dirait vraiment ma mère, murmura-t-il à l’oreille de la jeune femme.
Mme O’Neill se planta au milieu du vestibule les bras croisés.
- Jonathan ! Enfin ! dit-elle d’une voix coléreuse tandis que Johanna s’éloignait
- Pardon, Maman, s’excusa le jeune homme revenu en quelques secondes à l’état de gamin.
Mais cela ne semblait pas suffire. Les poings sur les hanches, sa mère le fixait avec fureur.
- Mais comment as-tu pu oser aller contre ce que nous avions décidé ? Comment as-tu pu penser partir sans nous dire où tu allais ? Tu ne te rends pas compte de tout ce que nous avons dû supporter ? Inventer des explications, tenter de calmer ta grand-mère, faire taire les rumeurs…
Elle eut une posture dramatique digne d’un oscar et Jack l’observa avec extase.
- Mais pour l’amour du ciel, Jonathan, qu’ai-je donc raté dans ton éducation ?
Sam resta stupéfaite en retrouvant tant de similitudes entre Jack et la mère de son double. D’autant plus que le jeune homme ne paraissait pas avoir hérité du fort tempérament de sa génitrice. A croire que même dans un environnement similaire, deux hommes identiques ne pouvaient pas être exactement pareils.
Petit Jack allait s’exprimer mais sa mère, ayant enfin vu Jack et Sam, ne lui laissa même pas le temps de s’expliquer.
- Qui sont ces gens ? demanda-t-elle de manière soupçonneuse
Son regard s’attarda plus longuement sur la jeune femme, la détaillant de la tête aux pieds.
- C’est elle ? dit-elle en glissant peu à peu dans l’hystérie. C’est celle qui tu as épousé sans notre consentement et que tu as suivi sur sa planète ? Je te préviens, Jonathan, il est hors de question que ton père et moi acceptions ce mariage. Il faudra me tuer avant !
- Maman ! s’exclama petit Jack désespéré. Ne vous énervez pas ! Je vais tout arranger !
- Ah oui ? s’étonna sa mère. Et comment ?
Le jeune homme prit une longue inspiration mais s’arrêta au moment où il allait parler.
- Où est Papa ? demanda-t-il alors. J’aimerai qu’il soit là.
Mme O’Neill haussa les épaules.
- Où veux-tu que ton père soit ? répondit-elle avec évidence. Il est à la pêche comme d’habitude !
Un sourire lumineux apparut sur le visage de Jack. La mère de son double le prit naturellement mal.
- Qu’avez-vous ? demanda-t-elle. Je ne vois pas en quoi cela pourrait être drôle ! Et puis qui êtes-vous ?
- Euh, bégaya Jack rougissant comme un écolier, écoutez, Mam… madame, je crois qu’il serait préférable que petit… que Jonathan vous explique tout… ainsi qu’à Papa.
Il y eut un moment de flottement. Le chef de Sg-1 et son double attendaient avec peur la réaction de « leur » mère qui mettait peu à peu les pièces du puzzle en place.
- Papa...
- Jonathan Charles O’Neill ! coupa alors une voix âgée mais non dénuée de dynamisme
- Oh ! On dirait ma grand-mère ! murmura Jack entre crainte et joie. Les choses se gâtent.
Une vieille dame d’environ quatre-vingts ans soutenue par une Johanna totalement dépassée s’approcha et saisit l’oreille du jeune homme avant même qu’il n’eût pu faire un geste.
- Vilain garnement ! cria-t-elle en tirant violemment. Petit vaurien ! Galopin ! Canaille ! Crapule ! Où étais-tu passé ?
Sam regardait avec horreur l’oreille de petit Jack virer au rouge. A côté de lui, sa mère acquiesçait à chaque nouveau qualificatif, appréciant particulièrement la sentence.
- Grand-Maman, vous lui faites mal ! s’exclama alors le chef de Sg-1
La doyenne lâcha immédiatement son petit-fils et fixa d’un air mauvais l’homme devant elle tandis que Sam s’occupait de son futur ex mari.
- Qui êtes-vous ? Et comment pouvez-vous savoir que Jonathan m’appelle ainsi quand il veut se réconcilier avec moi ?
Mme O’Neill s’approcha de sa belle-mère. Presque serrées l’une contre l’autre, elles ressemblaient à deux comploteuses.
- Grand-Mère, expliqua-t-elle d’une voix blanche, je crois que ce que nous avons appris après le départ de Jonathan était vrai. C’est son double. Celui qui vit sur l’autre planète.
- Comment ? s’exclama la vieille femme
- Oui, tempéra la mère de petit Jack, il est… il est… âgé.
La grand-mère jaugea le chef de Sg-1 avec intérêt.
- Mais bien conservé, reconnut-elle avec une lueur coquine dans les yeux.
- Grand-Maman ! s’écrièrent en chœur Jack et son double
Son regard tomba alors sur Sam qui eut envie à ce moment de disparaître dans le premier trou de souris.
- Alors, c’est elle ? supposa-t-elle avec dégoût
- Oui, c’est elle, répondit sa belle-fille avec le même mépris.
Le grommellement de la grand-mère ne rassura pas Sam. Mais elle fut tentée de fuir quand Jack et son double se placèrent devant elle comme pour la protéger d’un danger imminent.
- Grand-Maman, je vous assure, tout va rentrer dans l’ordre, dit petit Jack. Samantha et moi allons divorcer.
Mme O’Neill resta bouche ouverte tandis que sa belle-mère devenait rouge.
- COMMENT ???????
*
Johanna ouvrit la porte de l’entrée de service et eut une grimace qui devait correspondre à un sourire.
- Bienvenue, M. O’Neill, salua-t-elle. La pêche a été bonne ?
L’homme entra dans la cuisine et posa son matériel sur la large table régulièrement javellisée.
- Johanna, nous savons vous et moi que cet étang n’a plus de poissons depuis des décennies !
La domestique acquiesça silencieusement et se dirigea vers le réfrigérateur. Elle en sortit un sac plastique qu’elle glissa dans la sacoche de pêche de son employeur.
- Merci, Johanna. Vous avez bien pensé à enlever le ticket de caisse cette fois. Mère et Mme O’Neill ont bien voulu faire semblant de ne rien voir mais je me suis senti très gêné.
- J’ai fait très attention, M. O’Neill.
- Très bien, dit-il en lui tapotant sur l’épaule. Je vous fais confiance, Johanna.
Il remit la sacoche sur son épaule et gagna la sortie de la cuisine.
- Comment ça s’est passé aujourd’hui ? demanda-t-il pour la forme
- Monsieur 33 est de retour, M. O’Neill, annonça Johanna.
- Fort bien ! Je savais qu’il reviendrait. Il est avec Mme O’Neill ?
- Avec Mme O’Neill et votre mère, précisa Johanna. Il est arrivé aussi avec des amis.
Elle baissa le ton pour parler de manière plus confidentielle.
- Je crois qu’il l’a emmenée avec lui.
- Qui donc ?
- Sa femme, M. O’Neill.
Le père de petit Jack se frotta les mains de contentement.
- Ah ! En voilà une bonne nouvelle ! Je vais enfin rencontrer ma belle-fille ! Où sont-ils ?
- Dans le vestibule, M. O’Neill.
Il posa sa sacoche et remit en ordre ses vêtements sous l’œil intrigué de Johanna.
- Il ne faudrait pas que je fasse mauvaise impression, lui indiqua-t-il.
Les mains dans les poches et sifflotant, M. O’Neill remonta l’interminable galerie menant au vestibule. Le fait d’entendre ce qu’on pouvait qualifier de hurlements ne le fit pas réagir outre mesure mais il fronça les sourcils en découvrant sa mère au bord de la crise d’apoplexie.
- On ne divorce pas chez les O’Neill ! s’époumonait-elle. Et on n’annule pas non plus ! Il n’y a qu’une seule chose terminant un mariage chez nous : le veuvage !
M. O’Neill posa opportunément un baiser sur sa joue ce qui eut pour effet de la laisser muette.
- Bonjour Mère. Je vois que vous êtes en pleine forme aujourd’hui !
- Te voilà ! commença sa femme. Il faut que tu …
Ses mots moururent sur les lèvres de son mari.
- Bonjour ma chérie, dit-il avec amour, tu as passé une bonne journée ?
- Oui, répondit Mme O’Neill décontenancée, mais il faut que tu…
- J’en suis heureux !. L’étang était magnifique et d’ailleurs j’ai ramené plein de poissons. Mais tu m’as quand même manqué, dit-il avec un sourire désarmant avant de l’embrasser de nouveau.
Il laissa sa femme se remettre et se tourna vers son fils auquel il fit une chaleureuse accolade.
- Content de te revoir, fiston.
- Moi aussi, Papa, répondit petit Jack avec un large sourire.
Ils rompirent leur étreinte mais le père garda son bras autour des épaules de son fils. Sam fut heureuse de voir que petit Jack avait un allié. En fait, elle était restée stupéfaite à l’arrivée de M. O’Neill. Il montrait à quel point le chef du Sg-1 avait été marqué par ses parents. Celui-ci d’ailleurs regardait la scène d’un œil envieux.
- Papa, présenta alors petit Jack, voici Samantha, ma femme.
Un grognement malsain se fit entendre du côté de Mme O’Neill et de sa belle-mère.
- Je suis ravi de vous rencontrer, Samantha, salua chaleureusement le patriarche sous le regard désapprobateur de son épouse.
- Moi aussi, M. O’Neill, répondit la jeune femme timidement.
Elle devait avouer qu’elle était surprise de recevoir un si bon accueil de la part du maître de maison. Avait-il oublié qu’il avait envoyé des tueurs à leurs trousses prenant le risque de tuer sa progéniture ?
- Et voici Jack, poursuivit le jeune homme. C’est le supérieur hiérarchique de Samantha et celui qui me représente sur Terre… D’après ce que j’ai pu comprendre, il me semble que Maman, Grand-Mère et vous connaissiez son existence.
M. O’Neill resta estomaqué et fit sans gêne le tour de Jack pour mieux le juger.
- C’est incroyable ! s’écria-t-il. Et moi qui croyais que la vieille Sarah était folle !
- Chéri ! protesta sa femme. Tu ne peux pas dire cela d’une personne âgée !
- En regardant bien, l’air de famille est indéniable ! continua le père de petit Jack avec fierté. C’est un O’Neill !
- Merci, monsieur, bredouilla le chef de Sg-1 en rougissant de nouveau.
Il invita d’un geste de la main les trois voyageurs à se diriger vers le salon.
- Je suis très heureux de vous recevoir, dit-il sincèrement. Nous allons enfin avoir le temps de discuter.
Il allait les suivre mais sa femme et sa mère le retinrent à l’arrière. Petit Jack fit signe à ses deux compagnons de le suivre.
- Mis à part toute cette violence, on dirait vraiment ma famille, commenta le chef de Sg-1.
- Papa n’est pas au courant pour les tueurs, expliqua son double alors. Je crois que c’est une idée de Grand-Mère et Maman.
- Tu crois seulement ? ironisa Jack
- J’en suis sûr, soupira son double. Disons que c’est une mauvaise manie chez elles.
- Elles ont fait tuer des gens qui te côtoyaient ? demanda soucieusement Sam
- La menace suffisait à ce que je cède avant, lui apprit son futur ex-mari. Mais il faut croire que j’ai pris du caractère et qu’elles ne plaisantaient pas… Pour le divorce, rassure-toi, Papa nous aidera. Lui, il comprendra.
- Le plus inquiétant reste quand même ta mère et ta grand-mère, fit remarquer la jeune femme. Est-ce qu’elles pourraient monter ton père contre nous ?
- Non ! répondirent en chœur les deux hommes
- Papa est resté très… indépendant, justifia petit Jack.
Sam jeta un coup d’œil derrière elle et espéra qu’il avait raison. Depuis qu’ils avaient quitté le vestibule, elle entendait derrière elle les deux femmes, encerclant M. O’Neill, murmurer à ses oreilles et elle était certaine qu’elles ne disaient pas que du bien. En fait, les quelques échos lui parvenant lui confirmaient qu’elle n’avait pas tort.
- … bien conservé tout de même, s’exclama la grand-mère à la droite de son fils.
- Oui, je trouve aussi. C’est rassurant pour nous.
- … le problème…fille… enfin… femme, rappela la mère à gauche de son mari, … trop… pas assez… petits-enfants…
- Mais s’ils sont heureux comme ça, laissez-les ! Ils adopteront !
- … Jonathan…pas heureux, reprit sa mère, … divorce… mais inconcevable…
- … impossible, appuya Mme O’Neill, … réputation… prestige… honneur… coutume…
- Il faudrait savoir ! Vous ne voulez pas accepter son mariage et vous ne voulez pas non plus concevoir son divorce !
- …trouver… ultime… règlement, dit la grand-mère d’un ton ferme, … bonheur… Jonathan…
M. O’Neill soupira. Sa femme tenta de lui parler de nouveau mais il la repoussa gentiment.
- Stop ! J’en ai assez entendu ! Nous ferons ce qu’il estimera bon pour lui !
Petit Jack ouvrit la porte de l’immense salon laissant une fois de plus Sam impressionnée. Tant de luxe, de grandeur et de délicatesse ne correspondait pas réellement à l’idée qu’elle s’était faite de son supérieur et même de petit Jack. Le jeune homme l’invita à prendre place sur un canapé entre le chef de Sg-1 et lui puis aida sa grand-mère à s’asseoir dans un confortable fauteuil. Ses parents restèrent debout face à eux.
- Jonathan, dit alors solennellement M. O’Neill, on m’a dit que tu avais l’intention de divorcer. Pourquoi ? Les choses se passent mal ?
Petit Jack se racla la gorge tandis que les deux membres de Sg-1 avaient un peu l’impression d’être de trop.
- J’aurais dû vous écouter, s’amenda le jeune homme. Je me suis marié pour de mauvaises raisons. Je crois que ce que je voulais était de voir autre chose que tout ce que j’avais toujours vu et que c’était le seul moyen que j’ai trouvé pour y parvenir.
Son père acquiesça lentement semblant analyser tout ce que son fils lui avait dit.
- Je sais maintenant que c’est ici que je veux faire ma vie, ajouta petit Jack avec détermination. Mais je ne veux pas non plus être lié à Samantha par un engagement qui n’a plus de sens pour nous deux. C’est seulement pour cela que je veux, enfin que nous voulons, divorcer.
M. O’Neill fixa le bout de ses chaussures d’un air absent pendant quelques secondes provoquant l’inquiétude de sa mère et de sa femme. Il finit pourtant par relever la tête.
- C’est dommage car j’aurais été très fier d’avoir une belle-fille si ravissante en tout point, dit-il comme seul commentaire.
Les deux Jack regardaient la jeune femme avec un sourire amusé. A croire que Sam avait jeté un sort à tous les mâles de la famille O’Neill. Par contre, ce n’était pas du tout gagné au niveau les femmes à la vue des poings serrés de Mme O’Neill sous la colère.
- Merci, monsieur, put seulement répondre Sam.
- Très bien, conclut le maître de la maison. Je vais appeler un ami à l’état civil qui prononcera votre divorce en quelques heures. Où est Johanna ?
- Mais mon chéri, tu ne peux pas faire ça ! protesta sa femme au bord des larmes
- Notre nom va être traîné dans la boue ! ajouta sa mère
- Ce sera ni la première fois ni la dernière fois, fit remarquer le père en ramassant sur la table basse le journal. Johanna !
Il s’assit dans un fauteuil près de l’immense cheminée agissant comme si tout était fini.
- Vous m’avez appelé, monsieur ? dit alors la domestique en apparaissant sur le seuil du salon
Sam se retourna vers elle avec surprise. Comment se pouvait-il qu’elle eût entendu l’appel de son employeur alors qu’elle pouvait être dans n’importe quelle pièce de cette maison à la taille démesurée ?
- Johanna, reprit ce dernier, j’ai besoin d’un téléphone s’il vous plait. Jonathan va divorcer.
Le regard de la femme passa successivement du jeune homme serein à ses deux employeuses folles de rage.
- Est-ce une bonne ou une mauvaise nouvelle, M. O’Neill ? demanda-t-elle prudemment
- C’est une nouvelle, répondit-il en tournant une page du quotidien.
- Très bien, monsieur, accepta la domestique en se retirant.
Ils restèrent tous en silence en attendant le retour de Johanna. Mais malgré ce calme, la tension refusait de diminuer. Il était aisément devinable que la doyenne de la maison et sa belle-fille étaient absolument contre la solution choisie. Sam espéra qu’ils pourraient bientôt tous les quitter. Elle avait beau apprécier petit Jack et son père, elle était finalement très heureuse de ne pas faire partie de cette famille.
- Tiens, tu as lu, ma chérie ? dit alors le patriarche
- Quoi mon amour ? demanda sa femme en ruminant son échec un peu mieux que sa belle-mère
- Janet Frasier a acheté une page entière pour annoncer la naissance du fils de son assistante, lui raconta-t-il. Georges Hammond ! En voilà un qui commence bien dans la vie !
Les deux noms et la liaison faite entre eux alertèrent immédiatement les deux membres de Sg-1. Il était vrai que ce n’était qu’une coïncidence mais ce pouvait être un précieux indice pour retrouver ceux qu’ils cherchaient.
- Ces nouveaux riches ! soupira la grand-mère. Aucune décence !
Johanna en profita pour arriver dans le salon avec l’indispensable téléphone.
- Merci, dit le père de petit Jack en se redressant.
Il décrocha le combiné mais s’arrêta avant de commencer à taper le numéro.
- Au fait, pour quel motif voulez-vous divorcer ? s’enquit-il
- Ben, répondit son fils, pour adul…
- Incompatibilité d’humeur, coupa rapidement Jack.
Son intervention étonna toute la famille O’Neill. Il se recroquevilla un peu plus à sa place.
- Ben oui, je trouvais que ça sonnait bien…
- Il n’a pas tort, décida M. O’Neill en composant. Cela fera très bien.
Il releva la tête pour regarder les deux membres de Sg-1.
- Normalement, j’aurai les certificats dans quelques heures par coursier, leur indiqua-t-il. Mais je tiens à ce que vous restiez pour cette nuit afin que nous fassions plus ample connaissance. Je tiens absolument à savoir comment se passe la vie sur votre planète et que vous m’expliquiez comment mon fils peut avoir pratiquement mon âge chez vous.
- Ecoutez, tenta Jack, je vous remercie de votre invitation mais…
- Ce n’est pas négociable, répliqua M.O’Neill avant de s’éclaircir sa voix. Allô ! Thomas ! Oui, c’est moi !
Jack eut un sourire forcé tandis qu’il continuait l’air de rien sa conversation.
- Là, aucun doute, c’est vraiment mon père.
*
Jack scruta avec attention le couloir du deuxième étage à travers la porte entrebâillée et jugea qu’il était enfin possible de se diriger vers la chambre de Sam. En effet, dans un excès de politesse et dans le but de ne pas créer un nouveau scandale, ils avaient accepté de laisser leurs radios et leurs armes à Johanna. Mme O’Neill et la grand-mère avaient émis des petits sifflements venimeux quand Sam s’était séparée de tout son attirail peu habituel chez une femme. Il était certain qu’elle aurait vraiment eu du mal à trouver une place dans la famille.
Le dîner s’était déroulé dans la plus parfaite sérénité, le père de petit Jack se montrant, comme le chef de Sg-1 l’avait toujours connu, un excellent hôte parvenant à faire une totale abstraction de l’environnement hostile et réussissant par là à mettre ses invités à leur aise. Jack s’était même cru redevenir le tout jeune garçon qui glorifiait cet homme comme son seul modèle. Peut-être l’était-il encore un peu d’ailleurs…
Les papiers du divorce étaient arrivés entre le fromage et le dessert. Sam et petit Jack avaient regardé fièrement l’officialisation de leur rupture. Le chef de Sg-1 avait cru percevoir une lueur mélancolique dans leurs yeux et n’en avait pas été réellement surpris. Ils devaient déjà avoir commencé à gommer tous les inconvénients de cette expérience pour n’en garder que les aspects positifs. Lui-même n’avait aucun mal à les trouver. Une certaine nuit avec un certain major resterait à jamais gravée dans sa mémoire…
- Carter ! appela-t-il à voix basse tout en frappant doucement à la porte. C’est moi !
- Ah ! Enfin, mon colonel ! s’exclama la jeune femme en le faisant rapidement entrer
La chambre de sa subordonnée était presque identique à la sienne quoique dans des teintes plus rosées. Sam s’assit sur le bord de son lit tandis que Jack restait debout.
- Quand pourrons-nous partir ? demanda-t-elle. Il faut que nous retrouvions Jonas, Teal’c et Janet au plus vite.
- J’espère demain matin, répondit-il. Mais nous n’avons aucune piste et je doute que Papa, Maman et Grand-Mère aient envie de nous aider dans nos recherches.
- Et Janet Frasier ? proposa Sam. Elle aurait peut-être pu le faire ? Trouver mon double n’était pas une mission très facile…
- C’était même impossible ! ajouta Jack. Je me demande bien pour quelle raison ils ont pensé que la ramener au Sg-C réglerait tous nos problèmes !
- Vous ne vous demandez pas non plus pourquoi le général Hammond n’a pas voulu que nous en parlions à petit Jack ? s’étonna Sam rassurée que son supérieur pensât la même chose qu’elle
- Il ne voulait pas que vous me parliez de quoi ? dit le jeune homme en entrant à son tour dans la chambre
Les deux membres de Sg-1 sursautèrent comme des voleurs pris sur le fait.
- Mais qu’est-ce que tu fais là ? s’écria Jack en colère. Si Grand-Mère ou Maman te trouvaient ici, elles tueraient Carter de leurs propres mains !
- Elle te tuerait ensuite ! répliqua son double. Qu’est-ce que vous tentez de me cacher ?
- Rien, répondit Sam le plus innocemment possible.
Son ex mari semblait peu convaincu. Il fit une moue à laquelle Jack eut du mal à résister. Le chef de Sg-1 leva les bras au ciel. Sam n’en revenait pas : il n’allait tout de même pas lui dire ce qu’on leur avait demandé de taire !
- Bon, d’accord, se rendit-il, le général Hammond aurait aimé que nous retrouvions son double.
Sam le fixa avec des yeux ronds tandis que petit Jack, crédule, acquiesçait avec un air compréhensif.
- Comme cela ne fait pas réellement sérieux pour un soldat de l’Air Force, poursuivit le chef de Sg-1 malgré la consternation de la jeune femme, il a préféré que tu ne le saches pas.
Son double leur tourna dos quelques secondes pendant lesquelles les deux Terriens se livrèrent à une âpre conversation muette. Sam fit signe à son supérieur qu’elle ne comprenait absolument pas ce qu’il se passait hésitant même à lui montrer ce qu’elle pensait de son état mental. Jack secoua la tête en signe de refus. Il fit un geste descendant avec sa main à plusieurs reprises, la désigna ensuite avant de mettre son index sur ses lèvres. La jeune femme resta pantoise. Mais pourquoi voulait-il qu’elle se baissât tout en gardant le silence ? Il parut agacé de voir que son message ne fût pas passé et rejoignit petit Jack.
- Donc voilà, tu sais tout, lui dit-il. Nous savons grâce à Papa que le double du général est un… bébé et qu’il côtoie Janet Frasier. Avec ces informations, je pense que nous pourrons le retrouver.
- Moui, accepta le jeune homme. Maintenant, j’aimerais savoir pourquoi tu m’as empêché de dire que le motif du divorce était l’adultère.
Sam crut qu’elle allait défaillir. Il n’allait pas remettre cela sur le tapis !
- Mais nous savons très bien que ce n’est pas ça le motif du divorce ! répliqua-t-elle lassée. Dès le début, nous n’étions pas faits l’un pour l’autre, ça n’aurait jamais marché !
Petit Jack croisa les bras dans une moue boudeuse.
- N’empêche que tu m’as trompé !
- Tu n’as pas eu l’air très traumatisé !
- J’étais dans un autre état d’esprit ! se justifia-t-il. Tu te rends compte de l’humiliation ?
- Petit Jack ! Ce n’est pas le moment ! se lamenta Sam
- Et toi ? demanda le jeune homme au chef de Sg-1. Tu ne dis rien ? Ça ne t’a pas dérangé de piquer la femme de ton propre double ?
- Carter et toi étiez seulement mariés sur le papier ! répondit Jack échauffé D’ailleurs, si je ne l’y avais pas poussée, elle ne t’aurait jamais épousé !
Sam se frappa la tête du plat de la main tandis que son ex-mari et son supérieur se fixaient d’un air mauvais.
- COMMENT ? Elle ne m’a pas épousée de son plein gré !
- Mais pour quelle raison saugrenue elle se serait mariée avec toi ?
- Messieurs ! tenta vainement de tempérer Sam
Mais les deux hommes étaient sur le point d’en venir aux mains. Dans un élan désespéré, la jeune femme se mit entre eux mais se retrouva vite aussi coincée qu’une saucisse dans un hot-dog.
- Si tu veux tout savoir, j’ai fait tout ça parce que j’avais pitié de toi ! continuait Jack
- Pourquoi as-tu eu pitié de moi ? C’est plutôt moi qui devrais avoir pitié de toi ! Tu es vieux et tu as un sale caractère !
- Peut-être mais c’est à moi que Carter a fait appel pour consommer son mariage !
- Eh ! protesta Sam. Mon colonel !
Cependant ils avaient été beaucoup trop loin pour écouter ce que la jeune femme disait. Avec beaucoup de difficultés, Sam les empêchait de s’entre étrangler mais elle savait qu’elle ne tiendrait pas longtemps le coup avec la pression de ces deux corps contre elle. Elle avait déjà du mal à respirer.
- Mais que se passe-t-il ici ? s’écria alors Mme O’Neill sur le seuil de la chambre
- Maman ? s’exclamèrent les deux hommes en perdant tous les moyens
L’effet fut immédiat. Déséquilibré, le trio tomba à terre offrant un pitoyable spectacle à la doyenne qui arrivait à son tour.
- Jonathan ! hurla-t-elle. Que fais-tu dans la chambre de ton ex-femme ? Et avec son supérieur ? Et surtout dans cette… position ?
Petit Jack se remit rapidement sur ses pieds et aida Sam à se relever. Le chef de Sg-1 dut se débrouiller seul.
- Ce n’est pas ce que vous croyez ! dit-il en fixant sa mère. Maman, vous avez bien vu ?
- Je n’ai rien vu ! répliqua Mme O’Neill cruellement. Je suis très offensée que tu sois tombé dans de telles perversités, Jonathan !
- Maman ! supplia petit Jack
La grand-mère pointa les deux Terriens d’un doigt tremblant mais menaçant.
- Quant à vous deux, je suis restée polie en présence de mon fils mais là vous avez dépassé les bornes ! Surtout, vous, monsieur, j’attendais plus d’un O’Neill ! Il n’y a maintenant qu’une seule solution pour que vous cessiez votre influence malfaisante sur Jonathan !
- Non ! Grand-Maman ! Non ! hurla petit Jack. C’est un malentendu !
- Johanna ! Appelez les tueurs à gages ! ordonna la grand-mère comme un général lançant l’attaque
Sam regarda son supérieur avec un air furieux tandis que les deux femmes de la famille O’Neill quittaient la pièce.
- Vous êtes content de ce que vous avez fait ? Comment va-t-on pouvoir chercher les autres et petite Sam avec des tueurs à nos trousses ?
- Ben, répondit Jack gêné, on fera comme d’habitude, on se débrouillera !
- Non mais tu ne te rends pas compte, grand Jack, ce sont des vrais tueurs à gages ! lui lança son double sa colère retombée face au danger que courraient ses amis
Puis le jeune homme eut un instant de réflexion. Jack et Sam se regardèrent avec inquiétude.
- Rechercher les autres et petite Sam ? demanda-t-il. Je croyais que vous ne deviez que retrouver le double du général…
Le chef de Sg-1 se tourna vers sa subornée qui eut un gros soupir.
- Vous êtes contente de ce que vous avez fait ? lui reservit-il. Je vous avais bien dit de ne pas parler de petite Sam ! Vous savez, avec les gestes !
- Mais je n’avais rien compris ! répliqua-t-elle. Je l’ai pris dans son sens strict !
- Dans ces cas là, utilisez votre imagination ! lui rétorqua-t-il
- Je viens avec vous ! lança petit Jack coupant court leur dispute
- Quoi ? s’exclamèrent les deux membres de Sg-1
- Grand-mère et Maman ne peuvent pas envoyer de tueurs à gages contre moi car je suis leur seul descendant mais elles feront de ma vie un enfer si je reste ici !
Jack rendit les armes. Il ne maîtrisait plus grand chose depuis un bon moment.
- Ok, décida-t-il. On va récupérer nos affaires et on s’en va !
Ils sortirent à tâtons dans le couloir et purent redescendre au premier étage sans rencontrer personne. Alors que Jack s’apprêtait à continuer dans l’escalier, son double le retint.
- J’ai entendu Maman et Grand-Mère demander à Johanna de monter tout ce qui vous appartenait. C’est dans le petit salon là-bas.
Comme par hasard, c’était aussi de là que les deux femmes O’Neill passaient leur coup de téléphone à en entendre le bruit qui en provenait.
- Qu’est-ce qu’on fait, mon colonel ? demanda soucieusement Sam
- On va y aller au culot, Carter, répondit-il mystérieusement.
Ils marchèrent donc tranquillement jusqu’à la pièce et Jack en ouvrit la porte doucement. La grand-mère, assise, écoutait sa belle-fille parlementer les contrats au téléphone. Elles étaient l’une et l’autre tellement concentrées qu’elles ne remarquèrent même pas leur présence.
- Comment ça, le passage de la Porte des Etoiles constitue une force majeure ? Vous n’avez pas rempli votre mission, c’est tout ! J’exige que vous poursuiviez de nouveau cette personne ! Vous voulez que je vous envoie mes avocats ? Je vois que vous êtes raisonnable… Oui, toujours la même femme… Et il y a aussi un homme, c’est très simple, il accompagne la femme. Comment ? Vous vous y mettrez dès après-demain ? Pourquoi pas demain ? Non, monsieur, l’anniversaire de Janet Frasier n’est pas un jour férié ! Je veux avoir les têtes de ces personnes devant chez moi dès demain soir !
Elle raccrocha et la grand-mère hocha de la tête avec satisfaction. Ce fut à cet instant qu’elles virent Jack, Sam et petit Jack reprendre sur la table leurs armes et le reste de leur attirail.
- Ne vous dérangez pas pour nous ! dit le chef de Sg-1. On ne fait que passer !
Mais Mme O’Neill ne l’entendait pas de cette oreille. Elle referma rapidement les portes du salon et se posta devant avec détermination.
- Maman, laissez-nous partir, demanda petit Jack
- Parce que tu as toi aussi l’intention de partir ? s’exclama la grand-mère
Le jeune homme grimaça.
- Ecoutez, vous êtes toutes les deux très énervées, expliqua-t-il. Le mieux serait que nous prenions un peu nos distances, histoire que les choses se tassent.
Les yeux de Mme O’Neill brillèrent étrangement. Sam crut qu’elle était sur le point de pleurer mais l’œil morne des deux Jack lui indiqua que ce n’était que de la comédie.
- Tu le prends comme ça, dit-elle froidement en dégageant l’entrée. Très bien. Si tu passes cette porte, tu n’es plus mon fils !
- Et tu ne seras plus mon petit-fils ! ajouta la grand-mère
- Mesdames, dit Jack raisonnablement, ne dites pas des choses que vous ne pensez pas.
- Je pense tout ce que je dis ! répliqua Mme O’Neill. Alors, tu pars ou tu ne pars pas ?
- Maman ! s’écria petit Jack désespéré. Mais vous ne pouvez pas me demander ça ! Je vous aime !
Le chef de Sg-1 laissa son double se lancer dans un long discours sur l’amour filial tandis qu’il analysait leur situation d’un point de vue pratique. Le chantage de Mme O’Neill devait être pris au sérieux. Si petit Jack était renié par ces femmes, elles ne lui laisseraient aucune chance de voir son père pour arranger la situation. D’ailleurs, celui-ci ne serait probablement jamais au courant. En effet, malgré toutes ses qualités, M. O’Neill semblait évoluer dans un monde parallèle où il n’y avait aucun problème, occultant la réalité à merveille. Il fallait donc trouver une autre solution. Le regard de Jack tomba alors sur une large baie vitrée donnant sur l’extérieur. Il s’en approcha discrètement et vit quelque chose qui lui convenait : un camion où avait été stockée toute l’herbe coupée pour que la pelouse des quelques hectares de jardin de la maison fût impeccable. Il attira l’attention de Sam.
- Carter, je crois que nous allons réaliser l’un de vos plus grands rêves…
Mais avant même qu’il eût pu expliquer son plan à la jeune femme, celle-ci se retrouva prisonnière de la poigne de la grand-mère.
- Comment avez-vous osé dévergonder ainsi mon petit-fils ? Il ne vous avait rien fait ! Je suis sûre que vous n’en vouliez qu’à sa fortune ! Vous n’êtes qu’une profiteuse !
Sam tentait d’oublier les reproches de la doyenne pour comprendre ce que lui disait son supérieur. Elle ferma les yeux de désespoir quand elle le vit recommencer à faire des gestes.
- De mon temps, cela ne se faisait pas d’avoir deux hommes dans sa chambre, poursuivait la grand-mère, et d’ailleurs cela ne se fait toujours pas ! C’est sûrement de votre planète malfaisante que viennent ces mœurs honteuses ! A moins que tout cela ne vienne de votre esprit !
Sam se concentra. Jack montra la fenêtre puis la désigna elle, lui et son double. Mais de quoi parlait-il ? Elle le vit recommencer à plusieurs reprises mais restait toujours aussi perdue. Elle suivit alors son conseil et utilisa son imagination. Elle rougit immédiatement.
- Je savais que vous étiez coupable ! interpréta faussement la grand-mère. Je suis sûre que votre Jonathan a été mené dans cette voie uniquement par vous !
Jack fronça les sourcils en voyant la réaction de Sam. Il l’interrogea du regard. Avait-elle bien compris ? Juste pour la forme, il désigna la fenêtre et mima un saut puis indiqua le chiffre trois avec ses doigts avant de les désigner tous encore. Cette fois-ci, elle n’osa même pas le regarder et Jack se dit que, bien qu’avec une intelligence supérieure, elle était vraiment nulle aux devinettes.
Il ouvrit alors la fenêtre provoquant un immense courant d’air. Petit Jack, sa mère et sa grand-mère se retournèrent. Jack libéra Sam et tira son double vers l’ouverture.
- Ecoutez, mesdames, je vous rappelle que nous avons des tueurs à nos trousses donc nous n’allons pas nous attarder ici ! déclara-t-il. On emmène Jonathan avec nous mais rassurez-vous il restera toujours votre fils et petit-fils car… nous passons par la fenêtre !
Et il sauta avec ses deux compagnons.
*
La chute fut plus longue que Jack ne l’aurait pensé et il ne fut pas malheureux d’atterrir dans le moelleux lit d’herbes. Dans la pénombre, il retrouva Sam qui avait plus de mal à se remettre de leur spectaculaire sortie.
- Alors c’était ça que vous me disiez ? s’exclama-t-elle les yeux toujours dans le vide
- Oui ! répliqua Jack avec évidence. A quoi pensiez-vous ?
- J’ai fait ce que vous m’aviez dit, j’ai imaginé…
Elle passa une main tremblante dans ses cheveux tandis qu’elle rougissait de nouveau.
- Il faut croire que la grand-mère de petit Jack n’avait peut-être pas tort…
- Carter ? demanda son supérieur intrigué. A quoi pensiez-vous donc ?
- Où est petit Jack ? s’enquit la jeune femme pour détourner la conversation. Nous ne devrions pas traîner ici !
Une tête émergea brusquement du tas d’herbes provoquant un sursaut chez les deux militaires. Petit Jack toussa pendant une longue minute avant de pouvoir s’exprimer.
- Je ne remettrai plus jamais les pieds là-bas ! s’exclama-t-il. Elles sont trop têtues !
- C’est ça, dit Jack peu convaincu en l’aidant à se relever. Ce matin, tu as dit que tu ne repartirais jamais.
Au prix de quelques acrobaties, ils réussirent à s’extraire du camion.
- Il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis, fit remarquer petit Jack
- Alors tu dois être l’homme le plus intelligent que je connaisse, répliqua ironiquement le chef de Sg-1 en dirigeant leur petite troupe vers la sortie de la maison.
A l’intérieur, tout semblait calme. Il fallait croire que les deux femmes de la famille O’Neill avaient du mal à se remettre de leurs derniers exploits. Cette situation ne pouvant éternellement durer, le trio se dépêcha de regagner les rues, petit Jack en tête.
- Où est-ce qu’on… Attention !
Mais l’avertissement de Sam avait été inutile puisque son ex mari avait percuté de plein fouet une jeune femme débouchant de la rue adjacente. Les deux membres de Sg-1 les aidèrent à se relever.
- Nous sommes désolés, mademoiselle, excusa Sam, mais nous étions pressés et nous ne faisions pas attention.
- OH MON DIEU ! eut l’accidentée comme unique réponse. Vous êtes le major Samantha Carter !
- Euh oui, confirma l’intéressée étonnée. Comment savez-vous cela ?
- Parce que je vous connais ! répondit leur nouvelle connaissance avec évidence. C’est pas possible ! Personne ne va croire que j’ai une chance pareille !
Jack la regardait comme si elle était une illuminée. Mais Sam lui fit signe de la laisser parler. Elle sentait qu’elle aurait des choses à leur apprendre.
- Est-ce qu’on pourrait parler en marchant ? demanda Jack peu enclin à sympathiser
- Oh oui ! répondit béatement leur accidentée. Je ferai tout ce que vous me direz, colonel O’Neill.
Jack leva les yeux au ciel tandis que son double se rapprochait d’eux, curieux.
- Et moi ? Vous ne me connaissez pas ? demanda-t-il
- Non, répondit sèchement la jeune Géienne. Je devrais ? Il ne me semble pas vous avoir vu dans un exemplaire du Tauri-Match ou du SgC-Inquire…
- Tauri-Match ? s’étonna Sam
- SgC-Inquire ? s’écria Jack
- Ne me dites pas que vous aussi n’êtes pas au courant que vous êtes les vedettes de ces magazines ?
Ils arrivèrent enfin à une artère principale où ils se mêlèrent à une foule étonnament dense à cette heure de la nuit.
- Mais qu’est-ce qu’il se passe ? demanda Sam
- Ce sont les derniers préparatifs pour l’anniversaire de Janet Frasier, expliqua l’autochtone. Cela va être un jour magnifique ! Mais peut-être pas aussi beau que ceux que j’ai passés avec Teal’c et Jonas….
Jack s’arrêta et serra la jeune femme à lui en faire mal.
- Vous avez vu Teal’c et Jonas ? cria-t-il
- Oui, répliqua-t-elle avec naturel. Je les ai même aidés à trouver petite Sam.
Le chef de Sg-1 ne savait pas ce qu’il devait faire. S’agenouiller devant la jeune femme aurait été un peu trop douloureux pour lui et l’embrasser lui aurait fait trop plaisir. Il laissa donc Sam se charger de parler tandis qu’il restait bouche ouverte.
- Nous sommes à la recherche de Teal’c, de Jonas, Janet et de petite Sam, dit-elle dans l’urgence. Il faut absolument que vous nous disiez tout ce que vous savez. Mais au fait quel est votre nom ?
- Antéa, répondit la jeune fille avec un grand sourire. Je pourrais avoir un autographe ?