Une fois le déjeuner fini, Myriam alla faire une petite sieste pour inaugurer le hamac tendu entre deux arbres devant le lac. Pendant ce temps, Sam et Jack débarrassaient.
« C’était très bon.
-Merci.
-Je suis désolé pour tout à l’heure, pour ce que j’ai dit. Vous n’êtes pas grosse. Vous êtes parfaite. »
Sam sourit, un peu gênée.
« Me faire des compliments n’allègera pas votre peine Jack.
-Flûte, moi qui pensais vous mettre dans mon camp, c’est raté. »
Elle sourit franchement, puis lui demanda :
« On peut se baigner dans votre lac ?
-Si on peut se baigner ? Bien sûr ! A moins que vous ayez peur que les poissons vous mordent les pieds.
-Je croyais que c’était des poissons imaginaires.
-Un bon point pour vous. Allez-y, je finis de débarrasser.
-D’accord. »
Elle le laissa faire sa tâche ménagère, et alla se glisser dans l’eau.
De la cuisine, Jack ne voyait pas grand chose, mais il avait la nette impression que Sam avait décidé de le faire tourner en bourrique. Alors il décida qu’il allait faire la même chose.
Une fois la vaisselle finie, il alla s’allonger sur un transat avec un livre.
« Les Bidochon, volume 6 ! Et bien, quelle lecture, fit Sam en se retenant de rire.
-Je trouve aussi, fit Jack. Vous saviez qu’ils avaient choisi un jour dans la semaine consacré au sexe. On pourrait faire la même chose… pour la vengeance. »
Sam parue étonnée de l’audace de Jack. Bon OK, il y avait été un peu fort, mais bon, qui ne tente rien, n’a rien, c’est bien connu.
« Personnellement, je préfère quand c’est tous les jours, finit par dire Sam.
-Pour le sexe ? Demanda Jack avec un regard machiavélique.
-Pour les deux, lâcha Sam en s’éloignant pour aller voir Myriam. »
Bon OK, il l’avait mérité. Ce changement si brusque dans leur relation, n’était pas pour lui déplaire, d’autant plus que le général avait enfin accepté sa démission. Mais ça bien sûr, Sam ne le savait pas.
Il se replongea dans sa BD, feignant d’être choqué, ce qui fit beaucoup rire intérieurement Sam.
Le soir-même, après le dîner, Myriam posa une question peu commune, qui gêna Sam et Jack.
« Est-ce que je peux t’appeler papa ? »
Jack ne savait pas quoi dire, et paraissait totalement troublé, tout comme Sam d’ailleurs.
« Pourquoi tu voudrais m’appeler papa ? Demanda finalement Jack.
-Tout à l’heure, j’ai appelé ma copine Madison, et elle m’a dit que son père et sa mère étaient pas là ce week-end. Je me suis juste dit que ce serait bien que j’ai un papa et une maman. »
Elle regarda sa mère, qui était toujours troublée.
« Je sais que je peux pas remplacer mon père, mais je l’ai pas connu. J’aime bien Jack, et toi aussi tu l’aimes bien maman, je le sais tu rigoles souvent avec lui.
-Mais tu sais, ça ne suffit pas.
-Pourquoi ça suffirait pas ?
-Parce que ! Maintenant tu montes dans ta chambre et tu vas te coucher, fit Sam avec empressement et colère dans la voix. »
Myriam se leva, et en pleurant alla se coucher, comme lui avait ordonné sa mère.
Sam était bouleversée. Partagée entre le désir de se faire pardonner par sa fille, et la colère contre elle-même. La colère contre elle-même parce qu’elle ne pouvait pas offrir à sa fille un père, parce que pour qu’il soit le père de Myriam, il aurait fallu qu’ils soient ensemble… et ça, c’était impossible.
« Vous devriez aller lui parler, lui expliquer tout ça.
-Je ne crois pas que ce soit une bonne idée. Bon sang, elle doit me haïr.
-Quelle mère ne s’est pas emportée contre sa fille ?
-Mais je n’avais aucune raison.
-Oui, je vous l’accorde, mais on peut avoir ses faiblesses, non ?
-Pas moi. Je ne suis pas là aussi souvent que je le devrais pour ma fille, et quand je suis avec elle, je ne dois pas faire d’erreurs.
-Au contraire. C’est si vous ne faisiez pas d’erreurs, que vous ne seriez pas une mère normale.
-Je ne suis déjà pas une mère normale !
-Bon écoutez. Vous allez aller voir votre fille, vous excuser, lui faire un gros câlin, et lui donner votre réponse à sa question. Et puis vous devriez aussi lui raconter une histoire.
-Vous savez y faire avec les enfants.
-J’ai eu un fils Sam.
-Vous voulez venir avec moi ?
-Non, ça ne serait pas bien.
-Vous avez raison.
-Allez-y.
-J’y vais. »
Elle se leva, gênée, puis monta les escaliers et s’enferma dans la pièce où sa fille couchait.