Chapter 13
Half-Blood and betrayal
On m’a toujours dit que le bonheur est à la porte. Et qu’il suffit de vouloir le prendre, pour l’avoir. Et pourtant, pour moi, la porte a toujours était fermée. Je ne dis pas que je n’ai jamais été heureux. Mais je n’ai jamais goûté au bonheur pur. A la joie simple. L’amour a disparut en même temps que Sah’re. La vie est cruelle. Le monde est cruel. Je n’ai jamais réussit à comprendre pourquoi les gens s’entre-tuaient. Alors que, tout pouvait être simple, et beau. Je n’ai jamais eu les pieds sur terre.
On m’a toujours dit que le bonheur est à la porte.
Je suis devenu archéologue pour trouver les clefs.
Je ne les ai pas encore décelé…
Voilà cinq jours que nous étions dans nos prisons. Jack est emmené à Maât tout les jours pour y être torturé. Et il est réanimé dans le sarcophage. Il change. Il n’est plus le même. L’indépendance que créer le sarcophage y est pour beaucoup. Mais, il y a aussi le fait que ce soit Sam qui le torture. Sam qui plante le couteau dans sa chair. Sam qui tire des flèches dans son cœur. Et encore Sam qui lui enlève la vie jour après jour.
Sam… Je savais qu’il l’aimait. Je savais qu’ils se tournaient autour. Mais je ne pensais pas que c’était à ce point. Les révélations de Jack cinq jours avant, m’avais… choqué. Il avait fait l’amour avec Sam. Et puis l’avait ignoré. Bien que je comprenais pourquoi il était obligé de faire ça, je trouvais cela ignoble. Immonde…
Bien qu’il devait être minuit passé, le sommeil ne venait pas. Allongé sur le dos, les yeux dans le vagues, je réfléchissais aux moyens de nous sortir de là. Car Jack n’allait pas tenir encore longtemps. Comme dans chaque mondes goa’ulds, il devait avoir des jaffas qui ne réjouissaient pas du retour de leur « déesse ». Je devais juste m’arranger pour les trouver. C’était une idée simple et logique… mais dur à appliquer dans une prison de quatre mètre carré.
Je passai une main lasse dans mes cheveux que je portai court en ce moment. Je remontai ma couverture. Les nuits dans les déserts étaient fraîches. Aussi, contrairement à ce que l’on pensait au début, la ville était très peuplé. La petite lucarne qui était dans ma cellule donnait sur un marché. Dans un sens, cette aventure me passionnait. « Je pouvais étudier une civilisation même enfermé ! » pensais-je ironiquement. C’était instinctif chez moi. Je recherchai le système idéal pour le ramener sur Terre. Car ce n’était pas parce que nous ne l’avions pas trouvé sur notre planète, que les autres univers avaient moins de chance !
Le bruit des chaînes me sortit de mes songes. Sans me redresser, je savais qui c’était. Ce n’est que Jack. Et Fakir qui le ramenait dans sa cellule. Pourtant, il y avait quelque chose de différent dans ce rituel. Jack rentrait plus tôt que t’habitude. L’acier de la porte de Jack se referma. N’y tenant plus, je me relevai brusquement. Un touareg se tenait devant ma prison. Il semblait plus jeune que Fakir. Ces bandeaux ainsi que ces amples vêtements étaient dans les tons des gris et des noirs. Ces yeux verts fixés sur moi, il parut soulagé de me voir debout.
- Je m’appelle Joans, murmura t’il.
- Ah.. euh, Je suis Daniel Jackson.
- Je sais.
Il esquissa un mouvement et ouvrit la porte de la cellule. Je sortis de mon lit, encore pataud.
- Ca ne sonne pas trop berbère Joans….
- Je sais.
Je fronçais les sourcils.
- Où est Fakir ? demandais-je en me frottant les bras pour les dégourdir.
- Vous parlez de mon père ? Il est occupé ailleurs. Je dois vous emmenez voir Maât.
- Votre.. votre père.. balbutiais-je.
Ce fut à son tour de froncer les sourcils. Il renifla sèchement et me prit le bras pour me traîner hors de ma petite prison. Il me lâcha un instant pour faire tourner la clef dans la serrure. L’idée de m’échapper m’effleura. Mais quelque chose dans cet homme me retenait ici. Une sorte d’autorité naturelle. Il se tourna vers moi, fichant son regard émeraude dans mes yeux, me clouant sur place. Je frissonnai.
- Votre ami n’est presque plus le même, chuchota t’il en désignant Jack d’une main.
Je suivis son geste et mon regard se posa sur Jack. Il était allongé sur sa couche, les bras replié contre la poitrine, un regard vide qui fixait le plafond.
- Oui, j’ai remarqué, mais Jack est résistant, affirmais-je.
Joans fit un geste de main impatient comme pour chasser un moustique.
- N’importe quoi ! La technologie du sarcophage l’a déjà rendu dépendant ! Bientôt, il ne sera guère plus intelligent qu’un légume !
Mes yeux s’écarquillèrent.
- Technologie ? répétais-je doucement.
Conscient d’en avoir trop dit, il me tira en avant sans me laisser le loisir de l’interroger à nouveau.
Maât se tenait sur son trône, le regard lointain et inaccessible. J’ouvris la bouche pour parler, quand un coup brutal derrière les genoux me fit tomber lourdement à terre. Je me mis docilement à genoux, non sans avoir lancé un regard noir à Joans. La goa’uld se leva enfin de son siège et darda son regard d’acier bleuté sur moi. Je frissonnai.
- Nous n’avons pas eu beaucoup l’occasion de nous voir.. depuis votre arrivée ici… susurra t’elle.
- Vous avez raison, vous étiez trop occupée à torturer Jack… répliquais-je.
Je sentais dans mon dos Joans frémir d’indignation. Maât le tranquillisa d’un geste de main.
- C’est que tu as une langue acérée…
- Ce n’est pas moi le serpent…
Sa main rencontra violemment ma joue, me faisant basculé sur le côté. Portant ma paume sur ma joue encore brûlante, je me tournai vers elle. Ces yeux riaient. Un sourire froid s’esquissa sur ces lèvres. Une pensée amère s’immisça dans mon esprit. Sam n’existait plus. Elle était morte… morte…
- Bien, bien. Maintenant que tu as compris que Sam n’est plus, nous allons pouvoir enfin parler sérieusement, déclara t’elle comme si elle lisait dans mes pensées.
Je fermais les yeux.
- Pourquoi avoir torturer Jack ? demandais-je finalement en les rouvrant.
Elle ne me répondit pas de suite. Réfléchissant à ma question. Maât sortit un couteau sombre d’un fourreau qu’elle portait à la taille, et joua un instant avec la lame. A cet instant, où elle était si concentrée, j’aurais pu croire que c’était Sam qui se tenait là. Mais Sam était morte. Il fallait que je me fasse une raison, et essayer de sortir les vivants de là. Je secouai la tête, et Maât remit la lame dans son fourreau. Plantant son regard dans le mien, elle eut un sourire sadique.
- Parce que Sam le voulait. Elle n’aurait jamais osé car il était son supérieur, et au fond d’elle, elle l’aimait encore. Même il l’avait fait souffrir. Alors, quand elle a rendu les armes, et que j’ai prit les rêne, j’ai sentis son besoin de vengeance. Ce que je fais depuis cinq jours, je le fais pour elle. Pour qu’elle se calme. Comme un fantôme vengeur, expliqua t’elle.
- Vous mentez ! criais-je. Sam n’est pas comme sa ! C’est vous qui avait pervertie son esprit !
- Tais toi, avant que je décide de t’arracher la tête.
Je me tus, les poings serré par la colère. La manière dont elle portait préjudice à Sam m’énervais au plus au point.
- Tu ne mets d’aucune utilité, continua t’elle, toi et le shol’va.
- Pourquoi ne nous avoir pas tuer alors ?
- Parce que vous pouvez être utile en temps voulut.
Elle sourit. Et ouvrit la bouche pour parler. La referma et sembla réfléchir à ce qu’elle allait dire. Tant de tic, tant de réaction humaine. Tant de choses qui différencie les goa’ulds et les humains. Un espoir muet commençait à grandir en moi, analysant tout ce qu’elle m’avait dit. Espérant trouver un indice.
- Et aussi, reprit t’elle, et aussi parce que tu es bien mignon…
Mes yeux s’écarquillèrent d’étonnement. Mon cœur rata une pulsion.
- Euh… articulais-je difficilement, Euh,, je suis flatté.. mais… je… voilà, Sam n’est qu’un amie pour moi…
Elle se leva d’un mouvement d’humeur.
- Tu n’as toujours pas comprit que Sam est morte ! Elle n’existe plus ! hurla t’elle.
- Tient.. on oublie le vouvoiement… murmurais-je.
Elle se tourna vers moi, hors d’elle. Mais, très vite, la goa’uld réussit à reprend le contrôle de ses émotions, et son visage se ferma. Elle caressa distraitement mes épaules me faisant frissonner.
- Je vais te laisser consulter la bibliothèque. Et tu verras peut-être que je ne suis pas aussi sanguinaire que mes semblables.
- Merci… balbutiais-je encore surprit par ce changement d’attitude si soudain.
- Teal’c peut t’accompagner, mais vous serez sous la surveillance de Joans.
- Bien, ma déesse, répondit l’intéressé.
Maât hocha de la tête et s’assit sur son trône. Nous n’existions déjà plus pour elle. Joans me tira en direction des prisons.
Je remontai rapidement la monture de mes lunettes sur le nez, et tournai la page du livre que j’étais en train de lire. C’était un mélange d’arabe et de goa’uld. Un ensemble assez complexe à déchiffrer.
- Tout ceci est étrange Daniel Jackson, murmura Teal’c.
Je relevai la tête vers lui, et clignai des yeux.
- Hein ? grognais-je énervé d’être tiré ainsi de ma lecture.
Teal’c me considéra un instant, pas le moins du monde troublé par mon attitude belliqueuse.
- Je trouve cela étrange, répéta t’il, que Maât nous laisse tout les deux seuls avec un seul garde.
- Oui… admettais-je, c’est vrai. Il y a quelque chose que nous devons oublier…
Je jetai un regard à Joans, accoudé contre un mur, un livre dans les mains. Il avait enlevé ses bandeaux aussitôt arrivé dans la salle, et avait dévoilé de splendide cheveux lises et bruns. Quelque mèches éparses tombaient devant ces yeux mais ne cachaient pas le tatouage de plume noir qui ornait son front. Se sentant épié il leva ces yeux verts en notre direction. On retourna aussitôt à nos livres silencieusement. Je me frottai les yeux avant de reprendre ma lecture.
« Quand les jaffas répudiés traversèrent le Chappai’ai, ils trouvèrent la planète maudite de la déesse Maât. Alors, ils rentrèrent à son service. »
Ensuite les mots s’étaient effacés avec le temps. Je passai donc au paragraphe suivant avec fébrilité.
« Un peuple vivait ici autrefois, sans que les Dieux le sachent. Ils possédaient d’étranges pouvoirs . Et, certain se lièrent à eux. D’autres choisirent de rester ensemble pour conserver la pureté de leur sang.»
- Euréka ! hurlais-je, j’ai trouvé !
Les deux jaffas sursautèrent.
- Qui est Euréka ? demanda Joans méfiant.
- Oh.. euh… balbutiais-je en rougissant. C’est un expression de mon monde…
Joans fronça les sourcils en soupirant. Et il se renfonça dans sa lecture, l’air pensif.
Teal’c me jeta un coup d’œil.
- Qu’avez-vous trouvé ? chuchota t’il finalement.
- Ils ont des pouvoirs ! expliquais-je doucement. Les gens qui vivaient ici avaient des pouvoirs psychiques. Ce qui explique que Maât n’a pas peur de nous mettre seuls avec Joans. Tu n’as sans doute aucune chance de gagner contre un homme comme ça… sans vouloir te vexer.
Teal’c hocha de la tête.
- Comment allons-nous faire alors ?
- Je ne sais pas, avouais-je. Il faudrait sans doute convaincre Joans de se joindre à nous… Avec un télépathe, ou un truc du style, on devrait pouvoir quitter aisément la planète.
- Mais il a l’air d’être fidèle aux faux dieux, objecta Teal’c.
- Les apparences sont souvent trompeuse Teal’c. Tout à l’heure, il a parlé de la « technologie du sarcophage » ! Ca veut dire qu’il sait que les goa’ulds sont des imposteurs.
Le jaffa acquisa silencieusement. Je haussai des épaules. Tout cela était trop compliqué. Je m’apprêtai en revenir à ma lecture quand l’image de Sam apparut dans mon esprit, faisant fuir toute espoir de concentration. Me frottant le front, je soupirai. Cette manière de perdre son sang-froid… Cette manière de torturer Jack… Cette manière de se tenir… De réfléchir…. Peut être que Maât n’avait pas totalement réussit à détruire la personnalité de Sam… Et maintenant, la jeune femme arrivait à influencer la goa’uld. Trop de peut-être… trop d’incertitude. Mais l’espoir était là désormais. Il fallait que l’on réussisse à convaincre Joans de se lier à nous ; sauver Jack ; et récupérer Sam. Avec un peu de chance, les Tok’ras pourraient lui enlever ce sale serpent. Je me massai les tempes, et repartit dans ma lecture acharnée.
Joans posa son livre et se dirigea vers nous. Il mit ces mains sur la table. Je levai la tête de mon bouquin.
- Oui ? demandais-je.
- Vous avez faim ?
- Oui, répétais-je.
Joans fronça des sourcils. Et s’éloigna de quelques pas. Son regard se perdit dans le désert.
- Euh, qu’est-ce qu’il fait ? murmurais-je à Teal’c.
Ce dernier ne me répondit pas, le yeux fixés sur le jeune jaffa. Joans se tourna vers nous.
- Le repas arrive, déclara t’il avant de s’éloigner à nouveau dans un coin sombre de la bibliothèque.
Je jetai un coup d’œil à Teal’c. Il me haussa un sourcil. Je lui répondais d’un haussement d’épaule et me levai vers Joans qui me regarda comme un fauve un cage. Il ne voulait pas que je l’approche. Il ne voulait pas que je lui parle. Il ne voulait pas que je le convainque.
Sentiments d’être abandonné. Je dois me battre. Quel est ce poison qui ronge mes veines ?
J’allai ouvrir la bouche quand un touareg se précipita dans la bibliothèque. Je fis un bond de trois mètre en arrière, une main sur le cœur. Teal’c me regarda bizarrement, alors que les deux touaregs m’ignorèrent superbement. Je me rassis tandis que les deux berbères entamèrent une conversation dont les thermes m’étaient assez brumeux. Ils parlaient du sarcophage.. mais j’entendais aussi les mots « riz », « savon » et « cheval »… En gros, je n’avais aucune idée du sujet de leur conversation. Teal’c me jeta un regard et je haussai les épaules d’un signe désabusé. Pourtant, un mot me fit tiquer. Un prénom, plus exactement. Jack. Joans parut s’énervé tout à coup et fit partir le pauvre touareg littéralement à grands coups de pieds aux fesses. Joans nous sourit et nous tendit deux grands bols de riz.
Souvenir d’une vie passée. Qui est cet homme ? Qui est cet homme que je perçois dans les miroirs de mes souvenirs ? Qui est cet homme qui a vu des gens mourir sous ses yeux ? Est-ce…. Est-ce moi ?
Le riz était délicieux. Légèrement épicé et parfumé. J’enfournai ma cinquième cuillérée en un clin d’œil. J’avais toujours aimé les nourritures locales durant mes expéditions sur Terre. Mais aussi sur les autres mondes. Et j’avais une grande capacité qui consisté à pouvoir m’adapter à toute sortes d’aliments. « Sauf peut-être les chenilles sur P6X-401… » pensais-je en grimaçant sous le souvenir des chenilles écrasées. Joans avait déjà finit et il reposa son bol dans un mouvement brusque. Je redressai la tête, surpris. Teal’c avait les yeux rivés sur son riz, comme si il ne voyait pas le comportement étrange de Joans. J’avalai de travers ma bouché et commençai à m’étouffer. Je crachotai quand Teal’c m’assena une grande claque dans le dos, me débloquant la respiration. J’aspirai une grande goulée d’air frais.
- Tu es fou de me tapé comme ça… grognais-je.
Joans posa les poings sur la table bruyamment et il ficha son regard émeraude dans mes yeux bleus.
- Euh.. oui ? finis-je par demander en me massant ma gorge douloureuse.
- Je sais quel est votre but, je réunis ce dont nous avons besoin.
Il nous regarda fixement et se tut.
- Je vous préviendrai quand tout sera prêt, conclu t’il simplement.
Je le contemplai quelques instants, éberlué. Joans poussa un soupir et s’éloigna à grand pas avant de se replonger dans sa lecture. Je jetai un regard surpris à Teal’c, qui lui, restait stoïque en toute circonstance. Je baissai la tête, le temps de me remettre les idées en place et je pris une nouvelle cuillère de riz.
Et si je n’avais pas envie d’être cet homme qui m’est inconnu… Et si je voulais redémarrer de zéro. Recommencer un nouvelle vie. Un nouveau départ. Une chance de ne pas refaire les même erreurs. C’était une idée séduisante…. Et pourtant… Et pourtant, quelque chose me rattache à cette ancienne vie aussi solidement qu’une ancre. Une femme. Cette femme…
Je m’allongeai sur ma couche dans un soupire de bien être. Passer six heures sur des bouquins dont je ne comprenais pas la moitié de ce qu’il y avait d’écrit m’avais achevé. Cependant je me relevai et me dirigeai vers le côté de la cellule de Jack. Celui-ci était étendu raide, comme il y avait six heures. Comme s’il n’avait bougé aucuns muscles. Je soupirai.
- Jack ? Jack !!
Le militaire se retourna dos à moi, montrant qu’il ne voulait pas me parler.
- Quel grognon…. Maugréais-je en allant du côté Teal’c.
Ce dernier était assis sur son lit, les yeux clos.
- Teal’c ?
Il ouvrit les yeux.
- Jack est bizarre… Et puis… Tu crois que l’on peut faire confiance à Joans ?
Il haussa un sourcil.
- Nous n’avons pas d’autre solution.
- Cela paraît trop facile… murmurais-je, en plus, c’est le fils de Fakir, le Prima de Maât..
- C’est vrai que c’est étrange. Mais nous n’avons pas d’autre plan Daniel Jackson.
Je baissai la tête et lui souhaitai bonne nuit. Je me couchai pensif. Pourtant, le sommeil se fit plus fort, et je partis pour le royaume des rêves en souriant.
C’est la femme qui me torture jour après jour. Elle a l’air si gentille et si douce dans mes souvenirs. Alors que dans la réalité, elle est démoniaque… Est-ce la même personne ?
Un rayon de soleil s’insinua dans l’interstice de mes yeux. Des cheveux me chatouillèrent les narines. Des cheveux doux et … Une minute… des cheveux ? J’ouvris brusquement les yeux et trouvai Joans accroupit près de moi. J’esquissai un geste pour me relever. Son regard émeraude se posa sur moi, me coulant sur mon lit. Je stoppai mon mouvement, remettant juste mes lunettes sur le nez.
- Je suis content de vous voir réveillé, déclara t’il d’une voix étrangement lointaine.
- Euh.. moi aussi. Qu’est-ce… qui vous amène ici ? demandais-je la voix pâteuse.
- Je sais que vous n’avez pas confiance en moi.
Il entrait directement dans le vif du sujet. Je trouvai qu’il ressemblait à Teal’c. Cette manière d’être stoïque et franc. Je me redressai m’appuyant contre les barreaux sombres de ma prison.
- On peut dire ça, oui, finis-je par admettre. Il faut nous comprendre ! Vous êtes le fils du Prima de Maât, et vous voulez la trahir, alors que vous offre à remplacer votre père plus tard.
Joans hocha de la tête et s’assit sur mon lit. Il posa ses coudes sur ces genoux et mit sa tête dans ces mains.
- Ce monde est organisé en deux grands groupes. Il y a celui des Cavaliers. Ils n’ont aucun Don, ce sont des Jaffas pur. Ils ont des chevaux excellemment dressés et s’entraînent jusqu’à leur mort au combat. Ce sont des brutes assoiffées de sang, mais ce serait un tort de les croire stupide.
J’acquisai, passionné par le récit du Jaffa.
- Il y a ensuite le groupe le plus respecté et craint. Ils n’ont pas de nom particulier. Ce sont juste les membres de la Famille. Ils possèdent le Don et occupent les places les plus importantes du royaume, expliqua Joans de sa voix lointaine et inaccessible.
- C’est fascinant… murmurais-je pour moi-même.
- Oui, confirma t’il, aussi, vous devez savoir que Fakir n’est pas mon vrai père. C’est juste mon oncle. Mon père, son frère, était un membre de la Famille. Il possédait un Don très puissant et il était l’ancien Prima de Maât. Mais un jour, il a rencontré ma mère : une Cavalière.
Il releva la tête et planta son regard émeraude dans mes yeux encore embrumés de sommeil.
- Comme vous pouvez vous en douter docteur Jackson, ils sont tombés amoureux. Malheureusement, la Famille et les Cavaliers ne se mélangent pas. Ils ont été renié par les grands groupes et bannis de la ville.
Il se tut un instant, les yeux dans le vague.
- La fin n’est pas très heureuse. J’étais encore un jeune enfant quand ils sont morts.
- Qu’est-ce qu’il leur ait arrivé ? Si ce n’est pas indiscret…
- Je ne sais pas… avoua t’il. J’étais trop petit. Mais je soupçonne que les Cavaliers et la Famille se sont alliés pour leur régler leur compte. Ils les avaient déshonorés.
- Je suis désolé…
- Ce n’est rien. Vous ne saviez pas. Et puis, c’était il y a longtemps maintenant.
La voix du jeune Jaffa était étrangement dur. Il devait être plus touché qu’il ne le prétendait. Aussi, les pièces du puzzle se mettaient en place.
- J’ai été envoyé à mon oncle qui avait remplacé mon père. Il m’a élevé au sein de ses propres enfants… mais j’ai toujours été le rejeton. Un sang mêlé….
- Je vois.. je comprend, compatis-je .
Joans hocha de la tête et se releva.
- J’espère vous avoir convaincu.
Il me fixa quelques instants et voulut dire quelque chose. Il secoua sa tête
- Sinon, pour en revenir à notre plan… plus qu’une journée et ça sera bon. Je vous préviendrais en temps voulu. Mais… pourrais-je…
- Venir avec nous, complétais-je, ne vous inquiétez, vous nous suivez.
Joans eut un sourire franc et sortit de ma cellule.
- Parlez en à votre ami, ajouta t’il en montrant Jack. J’ai déjà informé Teal’c.
Je lui souris en retour et je fus de nouveau seul dans ma prison.
Je ne sais pas comment je m’appelle. Cependant, j’ai un prénom qui tourne dans ma tête. Un prénom que j’ai du souvent murmuré. Qui a dut être souvent dit. Sam. Un prénom si agréable, qu’il me fait sourire quand il glisse sur mes lèvres… Est-ce le mien ?
Je repris mon livre d’hier. Une chape de fatigue s’abattit sur mes épaules. Mes yeux se fermaient tout seul. Joans s’en aperçut. Il s’approcha de moi de sa démarche féline tandis que j’étouffais un bâillement.
- Allez vous reposer, m’ordonna t’il.
Je lui souris, et posai ma tête sur mes bras. « Il va falloir que l’on rentre, dormir sur des bouts de paille ne me réussit pas.. » pensais-je ironiquement avant de somnoler.
Je me lève et tente d’apercevoir l’homme à lunette. Il semble me connaître, peut-être pourrait t’il me raconter ce qu’il met arrivé. Pourquoi cette femme me torture. Mais l’homme n’est pas là. Je me rallonge sur mon lit. Laissant mes pensées dériver. Sam…
L’acier de ma porte se referma derrière moi en un claquement sec. Joans me fit un clin d’œil et disparut dans l’obscurité du couloir. Teal’c me souhaita bonne nuit et s’installa dans son lit. Je me retrouvai seul dans ma cellule et me tournai vers celle de Jack. Ce dernier était allongé sur le dos, les yeux grands ouverts.
- Eh ! Ca va mieux ? l’appelais-je.
Il ne me répondit pas, mais son regard glissa vers moi.
- Youhou ! Tu m’entend ?
Il se contentait de me fixer, l’air vide.
- Mais bordel ! Tu vas me répondre ! m’énervais-je. Arrête de …
- Comment je m’appelle ? me coupa t’il.
- Pa .. pardon ? balbutiais-je accroché aux barreaux.
- Comment je m’appelle ? répéta t’il.
Sa voix était rauque et mordue d’émotion.
- Je.. tu ne t’en souviens pas ? m’étonnais-je.
- Oui. J’ai des flashs, c’est tout. Comment je m’appelle ?
- Tu ne te souviens même pas de moi ?
- Non.
Je remontai nerveusement mes lunettes sur mon nez. Le sarcophage avait du supprimer une partie des souvenirs de Jack. Mais au moins, celui ci ne semblait pas avoir développé de dépendance et son corps avait l’air en bon état. Il avait juste perdu la mémoire. Juste perdu la mémoire…
- Comment t’appelles-tu, d’après toi ? demandais-je.
Jack parut étonné de ma question, mais resta cependant allongé sur son lit à me dévisagé bizarrement.
- Je… j’ai un prénom qui me trotte dans la tête.. c’est.. Sam.
Je m’étranglai de surprise.
- Sam ? répétais-je.
- Oui. C’est ça ? m’interrogea t’il plein d’espoir.
J’étais gêné. Je ne savais que dire. Jack ne se souvenait que du prénom de sa subordonnée.
- Je… je pense, repris-je, qu’il vaut mieux que tu le découvres plus tard…. Moi, je suis Daniel.
- Daniel… redit t’il voix basse l’air pensif.
Je le regardai quelques instants.
- Joans va essayer de nous faire évader, murmurais-je.
- Cool, marmonna t’il.
Je m’asseyais sur mon lit à mon tour et je me frottai la tête en soupirant.
- Daniel, ton prénom ne me dit rien, finit par conclure Jack.
- Ce n’est pas grave, murmurais-je fatigué.
- Tu m’as appelé Jack plusieurs fois… remarqua Jack.
- Oui.
Jack se tut. Il semblait réfléchir.
- C’est comme ça que je m’appelle ? me questionna t’il en se redressant légerment de ses draps.
Je soupirai bruyamment. C’était raté pour lui faire reprendre la mémoire par étape.
- Oui, affirmais-je en me laissant tombé sur mon lit.
Jack ne répondit rien et se re-blottit dans sa couverture. Je fis de même et enlevai mes lunettes.
- Bonne nuit ! lui dis-je en glissant lentement vers un repos bien mérité malgré ma sieste de cet après-midi.
- Bonne nuit… Et puis, Daniel ! cria t’il. Je préfère que vous m’appeliez Sam !
- Si tu veux…
Je pouffais un instant dans mes couvertures. Quand je raconterai ça à Sam… si je la sauve… Je tentai de résister à la vague de fatigue qui me sumergeait. Je savourai cet instant. Puis le sommeil se faisant trop fort, je partis pour le royaume des songes, un léger sourire sur les lèvres.
Jack… Sam... Mais qui suis-je ?
J’ouvrai les yeux et inspirai une grande goulée d’air frais. Je remis mes lunettes en place et il me fallut quelques minutes pour me rappeler où j’étais. Je me levai en me frottant pensivement le dos. J’avais du dormir dans une mauvaise position et maintenant, j’avais mal au dos. Et je découvris Joans debout devant ma cellule.
- Ah.. Salut, fis-je en grimaçant.
- Qu’est-ce qui vous arrivez ? me demanda t’il.
- Je dois avoir un muscle froissé…
Joans ne répondit rien mais tendit une main vers mon bras. Dès que ses doigts rentrèrent en contact avec ma peau, un intense soulagement me prit, et la douleur disparut. Joans sourit devant mon air étonné.
- Ouaa… balbutiais-je, merci.
- De rien, sinon, ce soir, on s’évade Jackson. C’est le soir de la Grande Fête pour le retour de Maât. La plupart des gardes seront ivres. On pourra en profiter.
- Ok… Mais, Joans, il faut qu’on la récupère, murmurais-je.
Le jeune touareg paru étonné et recula d’un pas.
- Pourquoi ?
- Et bien, son hôte est l’une des notre..
- Mais le Démon a prit possession de son corps ! s’emporta Joans, ce n’est plus la même !!!
Je remontai mes lunettes sur le nez.
- Et bien, nous avons des contacts qui peuvent retiré les « Démons » comme vous dites.
Joans sembla réfléchir en proie à un doute certain.
- Si ce que vous dites est vrai, ce pourrait être la fin de l’esclavage, fit remarquer Joans.
- Oui, affirmais-je.
Le jaffa me sourit.
- Je vous aiderais. Je connais une plante qui peut l’endormir suffisamment de temps pour la ramener au Chappai-ai.
- Ok.
- Bien, je viendrai se soir avec Maât et on prendra des chevaux. On devrait avoir le temps de s’enfuir avant qu’ils se rendent compte de notre fuite.
J’envoyai un sourire au jaffa qui me le rendit.
- Des nouvelles de O’Neill ?
- Oui, il a perdu la mémoire.
- Ah ?
Je hochai la tête quand une idée se fraya un passage dans mon cerveau encore embrumé de sommeil.
-Vous êtes télépathe ? le questionnais-je.
- Oui… me répondit t’il un peu sur la défensive.
- Alors, vous allez peut-être pouvoir nous aidé encore une fois…
Joans sourit.
- Expliquez moi ça plus en détail docteur Jackson, m’invita t’il.
Je ressens soudain comme un besoin de savoir qui je suis. Un besoin vital. J’ai l’impression d’être oppressé par mes courts souvenirs. Je suis comme marqué à blanc par le visage de cette femme.
Le garde entra dans le couloir. Il sembla chanceler comme ivre. Le touareg approcha une main vers nous, et s’écroula dans un bruit mat, dévoilant Joans. Il avait remit ces bandeaux et on ne pouvait distingué que ces deux yeux verts. Il rangea le poignard sombre qu’il tenait, remit correctement le corps de Sam sur son épaule, et s’approcha de nous. Teal’c, Jack et moi nous levèrent, près à partir. Joans déposa au sol Maât et ouvrit nos cellules.
- Merci, lui murmurais-je.
- Ne me remerciez pas maintenant, on n’est pas encore sortit d’affaire.
Je hochai la tête.
- Tu viens Ja.. Sam ?
Jack sortit de sa cellule et nous suivit dans le couloir, le regard fixé sur le corps inerte de sa subordonnée.
- Qu’est-ce qu’il y a Sam ? demandais-je.
Il se tourna vers moi. Le regard plus sombre que jamais.
- Je ne veux pas qu’elle vienne Daniel, déclara t’il d’une voix froide.
- Mais ! Ja.. Sam ! C’est, c’est l’une des notre !
- Pourquoi m’a t’elle torturé alors ? cracha t’il.
Je soupirai et regardai Joans.
- Joans, il faut que tu essayes de faire ce que l’on a dit. Sinon, on ne va pas y arriver.
- Vous connaissez tout les risques que comporte cette opération docteur Jackson ?
- Oui. Vous me l’avez dit… murmurais-je.
- Bien.
Il ordonna à Jack de ne plus bouger, et posa sa main sur son front. Une douce lumière s’empara de Jack qui s’écroula. Teal’c le rattrapa avant qu’il touche le sol. Joans vacilla un instant.
- Ca va ?
Le jeune jaffa répondit par l’affirmative. Jack ouvrit les yeux.
- Comment ça va Jack ? le questionnais-je, un sourire inquiet sur les lèvres.
- Daniel, c’est normal que j’ai l’impression de passer dans un rouleau compresseur? murmura t’il.
- Peut-être, répondis-je énigmatique.
Teal’c le remit debout une fois assurer qu’il ne tomberait plus. Et je racontai ce qu’il s’était passé.
La nuit est tiède. Les étoiles brillaient avec force. Les deux lunes étaient pleines. Une légère brise balayait le sable ocre. L’air sentait l’alcool et la nourriture. Tout était normal pour un soir de Grande Fête. Tout, sauf le petit groupe qui gravissait un escalier vers l’écurie. Ils esquivaient les corps des soldats ivres morts. En haut d’un bâtiment, un touareg les observait. Le vent soufflait dans ses bandeaux bleus rendus sombre par l’éclat des lunes. Ces yeux gris restaient fixé sur l’un des fuyards qui portait la jeune femme. Le touareg savait qu’il devrait les arrêter. Pourtant, quelque chose l’en empêchait. Il restait là, à les regarder s’évader avec la déesse. Ils montèrent sur des chevaux et partirent au triple galop de la cité. Très vite, ils ne furent plus qu’un point sombre dans le désert. Un petit rire nerveux s’échappa de la poitrine de Fakir.
- Finalement, il semblerait que tu ai trouvé ta voie, Joans… murmura t’il dans la nuit.
Il resta un instant encore, assis là, à contempler la nuit et les étoiles. Puis, il se leva. Il avait du travail. Il devait redresser une nation.
Nous galopions la bride abattu. Le sable volait sous les sabots de nos chevaux. Je respirai profondément, heureux d’être enfin sortit de ce cauchemar. Tout cette mascarade semblait s’être déroulé comme dans un rêve. Arrivé à l’écurie, Joans nous avait donné des chevaux. D’un accord muet, Joans avait prit avec lui Sam. Et ils étaient partit. Tout cela semblait si simple. Je jetai un coup d’œil à Teal’c. Il avait l’air soucieux, sans doute lui aussi était titillé par la facilité de cette évasion. « Il ne faut pas toujours chercher compliqué aussi.. » songeais-je. Puis, mon regard se dirigea vers Jack. Il avait les traits de quelqu’un de perturbé. En effet, le retour de sa mémoire avait été assez douloureux. Il avait aussi oublié l’enfer qu’il avait vécu pendant une semaine. C’était peut-être mieux pour lui. Lui qui avait déjà eu du mal à surmonter l’épreuve avec Anubis, le voilà qu’il était de nouveau torturé. Finalement, tout est bien qui finit bien. Jack avait oublié cette semaine. Sam allait être sauvé par les Tok’ras. Que pouvions nous espérer de plus ?
Joans était en tête de la troupe, et très vite la Porte des Etoiles se dessina à l’horizon. Le soleil commençait déjà à apparaître. Les étoiles pâlissaient. Joans descendit de son cheval à la robe noir ébène. Nous le suivîmes rapidement, et Teal’c partit entrer les coordonnées de la Terre. Jack s’approcha de Sam, et la prit dans ses bras. Je me dirigeai vers Joans.
- Combien de temps va t’elle encore dormir ? demandais-je.
- Elle va bientôt se réveiller, m’informa t’il, ah, et tenez, j’allais oublier.
Il me tendis un objet métallique et je reconnu le GDO.
- Je l’ai volé avant de partir, j’ai lu dans votre esprit que vous en aviez besoin , m’expliqua t’il
- Merci Joans, sans ça, nous n’aurions pas pu rentrer.
Joans hocha de la tête, et la porte s’ouvrit. Jack et Sam passèrent en premier suivit de Teal’c. Joans jeta un dernier regard à son monde.
- Tu peux rester si tu veux, lui chuchotais-je.
Le tutoiement me vint naturellement, je commençai à apprécier notre sauveur. Le jeune jaffa ne répondit pas, mais il enleva ces bandeaux et les jeta dans le sable et la poussière. Puis, il se tourna vers moi, un sourire radieux sur les lèvres.
- Non, je viens.
Je lui souris, et nous disparûmes à notre tour dans l’océan bleuté de la porte.