Citations du moment :
You are like a brother to me, O?Neill. [Teal?c]
You?re like, what... 140? [O?Neill]
A younger brother, perhaps, but that is not my point... [Teal?c]
Grace
Imagine

Les Aléas du Vortex : Chapitre 14

LA SERENADE DES BRAS CASSES

 

Jack avançait parmi la petite assemblée devant l’église après la messe tenant fièrement à son bras Sam qui ne se remettait toujours pas de la réaction de ses amis devant son double. En plus, ceux-ci n’avaient pas arrangé son humeur en commençant à répertorier tous les charmes de son très sage double.

- Ça va mieux ? demanda-t-il

- J’allais très bien, répliqua-t-elle sèchement. Je ne sais toujours pas vous avez voulu m’emmener ici.

Il pouvait sentir ses muscles encore tendus par la colère. Elle était loin d’aller bien et cela amusait particulièrement Jack de la voir dans un tel état. Qui aurait cru que le major Samantha Carter eût pu se montrer jalouse ? Et surtout d’elle-même ?

- Je voulais tout simplement que nous fassions connaissance avec nos voisins et surtout montrer quelle magnifique épouse j’avais, lui expliqua-t-il.

Pour seule réponse, Jack n’eut droit qu’à un léger plissement de nez qui le fit littéralement fondre. Sam ne semblait pas réaliser à quel point elle était irrésistible dans cet état de vulnérabilité.

- Regardez ! poursuivit-il. Tout le monde nous regarde !

- C’est probablement parce que j’ai les cheveux très courts, répondit la jeune femme. Ils doivent se demander comment cela m’est arrivé.

- Un accident avec votre fer à souder préféré ? proposa-t-il

Sam le regarda incrédule alors qu’il souriait.

- Je doute que les fers à souder existent déjà.

- Bah ! On n’est pas à un anachronisme près ! On parie pour voir qui sera le premier à nous demander la raison de votre coupe ?

Sam eut un commencement de sourire. Jack sentit qu’il était sur la bonne voie.

- Mon colonel…

- Jack, rectifia-t-il. Je doute qu’on nous croirait si je disais que c’est un surnom affectueux.

La jeune femme éclata de rire franchement.

- Allons rejoindre les autres maintenant, dit-il. Nous irons ensuite dans notre maison pour parler tranquillement de ce que nous devons faire.

Lorsqu’ils entrèrent de nouveau dans l’église, ils eurent la surprise de trouver leurs compagnons, ou plus particulièrement petit Jack, en pleine conversation avec le prêtre.

- Ah ! Vous voilà ! s’écria le jeune homme

- Vous êtes parents ? demanda le ministre du culte en désignant le chef de Sg-1

- Oui, c’est mon père, Jack O’Neill.

Jack jeta alors un regard noir au reste de son équipe. Mais comment avaient-ils pu ne se rendre compte de rien ? Cela leur aurait évité bien des désagréments. Semblant lire dans ses pensées, Sam eut un sourire gêné et tendit sa main au prêtre.

- Enchantée de faire votre connaissance, mon père, salua-t-elle.

- C’est Samantha O’Neill, présenta petit Jack, ma mère.

Le prêtre cria tant la poigne de la jeune femme s’était refermée brusquement sur sa main. Son supérieur libéra rapidement l’homme.

- Sa belle-mère, précisa-t-il. Sam est ma seconde épouse.

Il embrassa tendrement la main de la jeune femme en la suppliant du regard de se calmer. A leurs côtés, Teal’c et Jonas observaient la scène avec une certaine incrédulité.

- Je suis en tout cas ravi de l’intérêt que porte votre fils à l’église et à son fonctionnement, poursuivit le prêtre en massant lentement ses doigts douloureux. Peu de gens de son âge sont intéressés par ce genre de choses.

- Petit Jack a toujours eu des goûts particuliers, acquiesça le chef de Sg-1. Mais excusez-nous maintenant, nous devons rentrer chez nous. Nous dînons avec nos amis.

Le prêtre baissa la tête aimablement vers Teal’c et Jonas tandis qu’ils relevaient légèrement leurs chapeaux. Il devait avoir remarqué les deux chercheurs d’or si fidèlement à l’église tous les soirs sinon il aurait pu se poser des questions sur les fréquentations des O’Neill.

- Mais j’ai encore une question à poser au père, rechigna petit Jack comme un gamin.

- Eh bien pose-la, capitula son aîné, et j’espère que tu nous rattraperas.

- Bien sûr ! répondit petit Jack. Je ne manquerai pour rien au monde les bons dîners de Maman !

Sam devint rouge en une seconde. Voulant éviter tout esclandre, son « mari » prit la situation en main.

- Teal’c, Jonas, dit alors le chef de Sg-1 en saisissant la jeune femme par les épaules. Je crois qu’on doit vraiment y aller ! C’est très, très, très pressé !

Les deux hommes le suivirent immédiatement hors de l’église. Le fait de voir Sam ressembler seconde après seconde un peu plus à une cocotte-minute sur le point d’exploser avait dû les convaincre.

- Alors, vous me disiez qu’il était possible de visiter le lieu de retraite des sœurs ? reprit petit Jack comme si de rien n’était

- MAIS COMMENT OSE-T-IL M’APPELER MAMAN ! J’AI QUAND MÊME ETE SA FEMME ! hurla alors une voix féminine

Le prêtre resta bouche bée et regarda tour à tour l’entrée de l’église et le jeune homme toujours aussi calme.

- Ce… ce n’était pas votre mère ? demanda-t-il perdu

- Ne vous inquiétez pas, rassura petit Jack, ce sont les hormones. Elle doit être « i ».

- Si vous le dîtes…

*

- Mais qu’ai-je fait pour mériter cela ? se lamenta Sam une nouvelle fois. Mais pourquoi faut-il que je te tombe toujours sur des tordus ? POURQUOI ?

A quelques mètres derrière, Teal’c, Jonas et Jack la suivaient prudemment voulant éviter à tout prix les foudres de la jeune femme blessée une nouvelle fois dans son amour propre.

- Au fait, mon colonel, dit alors le Kelownan, félicitations pour votre mariage avec le major Carter…

Teal’c leva un sourcil tandis que Jack faisait la grimace.

- Jonas Quinn…

- J’ai toujours su que vous étiez faits l’un pour l’autre, poursuivait le jeune homme. Après tout, savoir que dans toutes les réalités parallèles auxquelles vous avez été confrontés vous étiez mariés était une preuve incontestable. D’autant plus que la révélation que vous avez faite lors du test Zatark semblait montrer que vous avez des sentiments pour le major. Mais je ne pensais pas que vous pourriez ainsi sauter…

- Jonas Quinn, interrompit de nouveau Teal’c alors que Jack regardait la plus récente recrue de Sg-1 avec une expression mêlant colère et stupéfaction, je ne crois pas que le major Carter et O’Neill soient réellement mariés.

- Oh.

- Il me semble plus que ce soit une partie de leur identité fictive tout comme le fait que petit Jack serait leur fils, explicita le Jaffa.

- Mon fils, répliqua Jack en jetant un coup d’œil anxieux à Sam.

La jeune femme marchait devant eux toujours plongée dans ses plans de vengeance contre son ex-mari. Son époux actuel se tourna alors vers Jonas.

- Mais comment vous savez tout ça ?

- Comment je sais que le major Carter et vous êtes faits l’un pour l’autre ? demanda le jeune homme

Teal’c ne comprenait pas pourquoi Jonas aimait tellement poser les mauvaises questions aux mauvais moments. Etait-il dépressif et tellement incapable de se suicider lui-même qu’il préférait que d’autres se chargeassent de lui donner la mort ?

- Non, Jonas, répondit Jack avec un calme qu’il ne se connaissait pas. Je voudrais savoir comment vous savez tous ces détails concernant le major Carter et moi.

- Ah ! s’écria le Kelownan. J’ai tout simplement lu le Tauri-Match et le Sgc-Inquire. Leurs articles sont beaucoup plus complets que vos rapports de mission ! Ils racontent tout !

A ces mots, Jack entendit distinctement Teal’c grogner. Il prit alors conscience de tout ce que cela pouvait signifier.

- Vous les avez lus aussi, Teal’c ? demanda-t-il en sentant la panique le gagner

Il était en effet hors de question que quiconque dans la galaxie pût être au courant de certaines choses que Jack avait pu faire. Enfin, seulement une en particulier. Une dans une boucle temporelle pour être plus précis.

- Oui, O’Neill, répondit le Jaffa chez qui cette conversation rappelait de mauvais souvenirs.

- Et… Ils racontent vraiment tout ? l’interrogea Jack très inquiet

- Non, le soulagea son ami tout en gardant son air renfrogné.

- Ah bon ? commenta Jack en soupirant d’aise. C’est très bien. J’ai toujours dit qu’il fallait laisser la presse s’exprimer !

Jonas l’alerta d’un regard de la mauvaise humeur de Teal’c. Le chef de Sg-1 fronça les sourcils.

- Qu’y a-t-il ?

- Shan’auc, expliqua succinctement le Kelownan.

- Ah.

Les poings du Jaffa se serrèrent et Jack comprit que Teal’c n’était vraiment pas fait pour être sous les feux des projecteurs.

- Je tuerai de mes propres mains ceux qui ont osé écrire de telles choses ! cria ce dernier faisant se retourner une Sam outrée d’avoir trouvé quelqu’un se plaignant plus fort qu’elle

- Allons Teal’c, mon vieux, temporisa Jack. Il ne faut pas vous laisser aller à la colère comme ça. Si vous me racontiez plutôt ce que vous avez fait ici tous les deux jusqu’à notre arrivée.

Rassemblant ses esprits, le Jaffa narra au chef de Sg-1 comment Jonas et lui avaient dès leur premier jour ici trouvé petite Sam à l’église. Il omit naturellement de préciser pour quelle raison ils avaient ressenti le besoin de rechercher le double de leur amie et s’attarda plus sur leurs difficultés pour avoir des informations sur la jeune fille et l’impossibilité ferme qu’il leur avait été faite de s’approcher d’elle. En attendant de trouver un plan efficace, les deux hommes s’étaient intéressés à la population de Colorado Springs : Jonas s’était fait de nombreux amis au saloon et Teal’c avait sympathisé avec le chef de la réserve indienne, Nuage Dansant, et son meilleur ami, Sully.

- Leur combat ressemble beaucoup au mien , dit-il pour expliquer ce surprenant rapprochement.

- Si vous le dites, commenta Jack sans trop se mouiller.

Lui aussi leur raconta ce qu’il s’était passé pour son double, Sam et lui pendant leur absence en omettant naturellement quelques détails gênants. Jonas hocha la tête pensivement quand il eut fini son récit.

- Je crois que nous sommes donc condamnées à attendre Janet ici, conclut-il.

- Mais nous ne sommes même pas sûrs qu’elle ait entendu que nous allions à Colorado Springs ! répliqua Jack ennuyé

- Je pense pourtant que Jonas Quinn a raison, O’Neill, appuya Teal’c. Nous ne pouvons pas nous permettre de rentrer à la capitale tout en sachant que nous risquons de rater le docteur Frasier.

- D’autant plus que là-bas il nous serait impossible de rentrer en contact avec elle et qu’elle ne saurait pas où nous chercher, renchérit Jonas.

Jack soupira bruyamment. Il savait que cette solution était la plus logique. Mais en voyant Sam, maintenant muette, toujours marcher seule en tête, il réalisait également que cette attente allait mettre les nerfs de chacun à rude épreuve.

- Me voilà ! s’écria alors son double en arrivant à leur niveau tout essoufflé

Jack regarda le jeune homme plus heureux que jamais. Sans aucun doute, leur attente ne lui poserait aucun problème.

- Tout est arrangé, dès demain nous allons visiter le couvent de Colorado Springs, annonça-t-il fièrement.

- Baisse la voix ! ordonna immédiatement le chef de Sg-1 en voyant Sam ralentir

Jonas resta bouche bée tandis que Teal’c esquissait un semblant de sourire.

- Vous devez être très persuasif, petit Jack. Le prêtre nous a toujours refusé ce plaisir.

- Vous pensez que nous pourrons lui parler ? demanda le jeune homme surexcité

- Mais parle moins fort ! supplia Jack

Il était sûr que Sam les écoutait. Rien qu’en observant les mouvements trop rapides de sa respiration, il devinait qu’elle devait s’énerver de nouveau devant leur trop grand intérêt pour son double.

- Seriez-vous amoureux, petit Jack ? demanda Jonas d’un air complice

Le chef de Sg-1 crut défaillir. N’avaient-ils donc pas conscience que lui seul aurait à faire face à la colère de Sam ? Jack réfléchit quelques instants et eut subitement une nouvelle vision de la situation. Il serait le seul à qui elle montrerait sa jalousie, s’exposant à lui et il ne souhaitait rien d’autre plus ardemment que de connaître ce nouveau pan de sa personnalité et de lui dire les mots et faire les gestes susceptibles de la rassurer. Un large sourire se dessina sur ses lèvres.

- O’Neill ? Tout va bien ? demanda Teal’c en constatant que Jack ne suivait plus leur conversation depuis un moment contrairement à Sam

- Oh oui ! répondit-il avec un air béat. Nous irons à la messe tous les soirs !

Entendre la jeune femme pester fut sa première victoire et il savait que ce ne serait pas la dernière.

*

Jack massa le bas de son dos endolori tandis que Sam se dépêchait de disparaître dans la foule rassemblée devant l’église. Il était exténué après cette nuit dans le rocking-chair du salon. Lorsqu’il avait mis en place son plan « Exacerbons la jalousie de Carter », il n’avait pas pensé que la jeune femme refuserait de lui adresser la parole. Donc, la veille au soir, après avoir mis au point avec Teal’c, Jonas et son double une technique infaillible pour attirer l’attention de petite Sam, il avait constaté que le dix-neuvième siècle connaissait déjà les portes avec des serrures. Solides de surcroît. Pas d’accès à la chambre à coucher donc pas d’accès à Sam donc impossibilité de s’expliquer avec elle et par conséquent impossibilité d’une hypothétique réconciliation sur l’oreiller.

La situation ne s’était pas arrangée aujourd’hui. Elle avait décliné d’un grognement peu engageant l’invitation à aller visiter le couvent et avait soigneusement évité son regard tout au long de la messe. Si seulement elle voulait lui parler… Il lui aurait dit à quel point il la trouvait belle avec ce froncement de sourcils désapprobateur devant son regard insistant sur elle. Il lui aurait avoué combien il trouvait désarmante la forme boudeuse de ses lèvres flirtant légèrement avec le cul-de-poule. Il lui aurait certifié que ses yeux n’avaient jamais été aussi étincelants que quand elle le fixait avec cette flamme de ressentiment et de désespoir. Jack secoua la tête avec étonnement. Finalement, il valait mieux qu’elle ne lui parlât pas…

- Elle m’a regardé ! s’exclama alors son double manquant de lui crever un tympan.

Le chef de Sg-1 devait reconnaître qu’il n’avait jamais vu petit Jack aussi excité depuis qu’ils s’étaient rencontrés. Pas même quand il croyait réellement à son mariage avec Sam. Il semblait que le double de la jeune femme l’avait totalement subjugué. Du matin au soir, il ne parlait que d’elle. D’ailleurs, il avait failli créer un incident diplomatique au couvent en cherchant petite Sam dans les moindres recoins du bâtiment. Jack soupçonnait d’ailleurs la trop perspicace mère supérieure d’avoir deviné que les intentions des quatre hommes n’étaient pas exactement de découvrir un endroit de recueillement et de culte. En effet, ils avaient découvert un couvent pratiquement vide, les sœurs étant parties faire la lessive à la rivière. Enfin, ils étaient restés assez de temps pour repérer les lieux pour une prochaine visite — beaucoup moins officielle — et ils savaient qu’au moins une fois par semaine, petite Sam était dehors et par conséquent beaucoup plus accessible.

La suite des opérations était assez simple : parvenir à entrer en contact avec la jeune fille et la faire sortir de sa « prison ». En effet, les quatre hommes s’étaient rapidement persuadés que petite Sam ne pouvait pas s’être mise volontairement dans une telle situation. Il devait y avoir fatalement avoir un terrible chantage contre elle qui la retenait entre ses murs sous la domination d’une mère supérieure trop cruelle. Ils se faisaient donc naturellement un devoir de la libérer tels les chevaliers blancs des contes de fées.

Pour être vrai, il n’y avait que petit Jack qui fût réellement convaincu de cette version des choses. Ses trois compagnons se contentaient d’acquiescer comme de patients docteurs au chevet de leur malade en plein délire fiévreux. Jusqu’à présent, ils s’étaient contentés de récolter des informations pour permettre la rencontre du jeune homme avec sa dulcinée mais quand celle-ci aurait lieu, petit Jack ne devrait pas compter sur leur aide. En plus, le chef de Sg-1 ne croyait pas que ses amis et lui fussent très compétents en la matière.

- Je pense que nous pourrions y aller, O’Neill, signala Teal’c en apparaissant soudainement à ses côtés. Je vais prévenir le major Carter de notre départ.

Jack se tourna vers la jeune femme qui semblait débattre avec passion avec une habitante de Colorado Springs.

- Vous savez avec qui elle parle ? demanda-t-il

- C’est le docteur Quinn, lui signala le Jaffa. Je suis sûr qu’elles vont très bien s’entendre.

- Très bien, sourit cruellement Jack. Ce n’est pas la peine de la déranger alors.

- Je ne crois pas que le major Carter va apprécier que nous partions sans la prévenir, fit remarquer Teal’c suspicieux.

- Mais c’est le but recherché, répliqua perfidement son ami avant de rejoindre les autres.

Si elle ne venait pas lui parler après ce qu’il allait lui faire, il ne répondrait plus de rien.

*

- Le Seigneur est mon berger, je ne manquerai de rien…

Sœur Véronique, à genoux devant son lit, répétait depuis plus d’une demi-heure son psaume préféré en espérant que cette litanie l’aiderait à se calmer. Depuis quelques jours, une sorte de fièvre indéfinissable et intense s’était emparée d’elle sans la quitter. Mais la prière ne semblait pas fonctionner car la jeune religieuse avait de plus en plus de mal à se concentrer. Elle ouvrit les yeux et essuya de la main son front couvert de sueur. Mais que lui arrivait-il donc ? Et pourquoi était-elle dans un état pareil ?

Elle sursauta en entendant des bruits provenant des barreaux de la fenêtre de sa cellule. Elle n’avait pas l’habitude d’être dérangée en pleine prière. Elle resta interdite quelques secondes mais finit par se diriger vers l’extérieur. Elle resta bouche bée en apparaissant dans le soleil déclinant de la fin de journée.

- Ben, c’est pas trop tôt !

La jeune fille ne sut pas quoi répondre à la silhouette perchée sur une des puissantes branches de l’arbre faisant face à sa fenêtre. Elle comprit rapidement que c’était un homme et qu’il n’était pas seul. Elle eut un frisson de peur. En effet, à part le prêtre de leur paroisse, cela faisait longtemps qu’elle n’en avait pas vu de si près. Ses « visiteurs » semblaient trouver parfaitement normale la situation dans laquelle ils étaient. Un caillou siffla à l’oreille de sœur Véronique.

- Jonas ! ordonna le premier homme. C’est bon ! Vous pouvez arrêter de jeter des pierres, elle nous a vus !

- Désolé, s’excusa ce dernier.

- Je… je peux savoir ce que vous faites ici ? demanda la jeune fille en recouvrant ses esprits

Il lui semblait les reconnaître. Deux d’entre eux étaient les chercheurs d’or qui venaient tous les jours à la messe. La mère supérieure avait été très surprise de voir ces hommes si assidus mais n’avait jamais pu croire que leur foi était sincère. Les battements de cœur de sœur Véronique s’accélérèrent quand elle distingua enfin les deux autres hommes parmi le feuillage de l’arbre. Elle les avait vus également à la messe. C’était un père et son fils d’après leur ressemblance. Cela ne faisait pas longtemps qu’ils étaient à Colorado Springs et la religieuse s’était étonnée de les avoir remarqués si vite. En effet, d’habitude, elle était bien plus absorbée par le discours du prêtre que par l’évolution de la population de la communauté. Mais depuis leur arrivée, elle ne pouvait s’empêcher de jeter fréquemment des regards sur le plus jeune d’entre eux. Elle ne savait pas pourquoi ses yeux semblaient continuellement rechercher son image. Après tout, il n’avait rien de plus que d’autres. A vrai dire, la jeune femme ne savait même plus qui étaient les autres car jusqu’à présent elle ne voyait que Dieu. Alors que faisaient-ils tous dans un arbre en face de *sa* fenêtre ?

- Je vais appeler la mère supérieure si vous ne me répondez pas ! dit-elle peureusement devant leur silence

Le père donna un coup de pied à son fils qui manqua de tomber.

- Petit Jack ! C’est à toi !

Le jeune homme devint rouge comme une pivoine et se tourna finalement vers elle, plongeant ses yeux marrons si doux dans le regard timide de la jeune religieuse qui sentit alors son cœur battre la chamade.

- J’avais tellement de choses à vous dire, balbutia-t-il, mais depuis que je vous ai vue, j’ai perdu tous mes moyens.

Sœur Véronique aurait presque souri si elle ne se trouvait pas dans le même état que lui.

- Manquait plus que ça ! grommela son père

La religieuse rougit quand elle comprit enfin le but de la démarche du jeune homme. Il voulait la séduire ! Mais quel genre d’homme était-il pour faire une chose pareille ? Venait-il d’un pays lointain où les religieuses étaient des femmes comme les autres ? Elle paniqua en reconnaissant qu’il devait parfaitement savoir que ce qu’il faisait était interdit puisqu’il venait la voir clandestinement.

- Laissez-moi ! s’écria-t-elle en reculant. Je ne veux pas vous entendre ! Vous paraissez oublier que je suis une religieuse ! Je n’ai pas à écouter vos mensonges et vos balivernes ! Je suis déjà mariée à notre Seigneur ! Il est le seul à pouvoir me guider !

Le père était plus dépité que désemparé devant ses paroles. Il soupira longuement tandis que le chercheur d’or noir se penchait vers lui.

- Je crains que petite Sam ne soit guère réceptive, O’Neill.

- Je le crains aussi, Teal’c.

La jeune fille, stupéfaite, osa se rapprocher de nouveau de sa fenêtre.

- Comment connaissez-vous mon nom ?

- C’est parce que nous vous connaissons, Sam, intervint celui qui lui avait lancé les cailloux.

- C’est mon père qui vous envoie ? demanda-t-elle méfiante. Je lui ai déjà dit que je ne voulais pas le revoir ! Je lui donne de mes nouvelles, que veut-il de plus ? Jamais je ne pourrais retourner vivre à Gè ! C’est ici qu’est ma place, à servir Dieu et notre Seigneur ! Je ne reviendrai pas auprès de lui et de celle qu’il veut m’imposer comme nouvelle mère ! Je lui ai demandé de choisir entre elle et moi et c’est elle qu’il a préférée ! Je suis donc partie et ce sont les sœurs de Colorado Springs qui m’ont recueillie et désormais elles sont ma seule famille !

- Ça va vraiment pas être facile, constata le père en secouant la tête tristement. Petit Jack, tu es sûr que…

- Oui ! interrompit celui-ci avec un air extasié. C’est la femme de ma vie !

Sœur Véronique fut choquée. A sa réaction, le jeune homme ne semblait absolument pas connaître son père. Se pouvait-il qu’il fût venu seulement parce qu’il était réellement attirée par elle ? Comment cela pouvait-il être possible ? Elle était persuadée qu’après que son père l’eut abandonnée, elle ne pourrait intéresser aucun autre homme.

- Vous êtes totalement fou ! s’exclama-t-elle déboussolée. Je prierai pour vous ! Maintenant partez !

Elle allait lui tourner le dos lorsqu’elle vit un crochet relié à une corde se diriger tout droit vers elle et s’accrocher aux barreaux de sa cellule. Apparemment, il n’en avait pas fini avec elle. Le jeune homme semblait s’être totalement remis de sa timidité et s’apprêtait à la rejoindre après avoir traversé les quelques mètres qui les séparaient en marchant sur la corde.

- Mais vous êtes malade ! s’écria-t-elle. Ne venez pas ! Vous pourriez tomber !

Elle s’adressa à ses compagnons qui restaient stoïques. Ne réalisaient-ils pas qu’à cette hauteur il pouvait faire une chute mortelle ? Ne comprenaient-ils pas qu’ils allaient perdre un être cher par sa faute ?

- Retenez-le ! Surtout vous ! Vous êtes son père ! Il ne ferait pas de telles choses si vous l’aviez élevé dans la lumière du Christ !

- Ça marche mieux que la lampe à pétrole ? demanda-t-il pensif. Parce que quand je vois comment vous vivez, je regrette vraiment l’électricité !

- O’Neill ! dit le chercheur d’or noir sur un ton de reproche

- Bah ! On n’est pas à un anachronisme près !

- Mais aidez-le ! supplia sœur Véronique tandis que petit Jack progressait

La jeune fille regarda avec horreur les trois autres hommes hausser les épaules. Que ferait-elle quand il sera arrivé ? Elle était totalement dépassée par les événements et ne pouvait demander l’aide de quiconque autour d’elle. La mère supérieure ne la croirait jamais et serait capable de la mettre en pénitence pendant des mois. Ce devait être une nouvelle épreuve du Seigneur pour éprouver sa foi. Elle se débrouillerait donc seule mais il fallait absolument sauver ce jeune homme. Elle ferma les yeux et les rouvrit quand elle eut la solution.

- D’accord ! Ecoutez ! Si vous consentez à retourner dans votre arbre, je serais prête à vous accorder un entretien.

- Un rendez-vous ? dit petit Jack en manquant de tomber sous l’émotion

- Un entretien ! rectifia sœur Véronique. Demain soir à cette heure. Je me ferai porter malade et je m’arrangerai pour sortir. Mais d’ici là, je ne veux plus vous voir et je ne veux plus que vous m’adressiez la parole !

- Tout ce que vous voudrez, répliqua petit Jack amoureusement.

Il rebroussa chemin au plus grand soulagement de la jeune fille. Elle avait réussi dans sa mission. Déjà, les trois autres hommes redescendaient l’arbre.

- Sœur Véronique ! Ouvrez cette porte ! hurla alors une voix venant de l’intérieur du couvent

- La mère supérieure ! Dépêchez-vous de partir !

Petit Jack se fit plus diligent et rejoignit l’arbre. La jeune fille prit le temps de répondre par un signe de la main à ses baisers d’adieu puis se précipita pour ouvrir. Une imposante femme se tenait sur le seuil les mains sur les hanches.

- Quel est la raison de tout ce vacarme, ma sœur ?

- C’est fini maintenant, ma mère, s’empressa d’éluder sœur Véronique. Je m’apprêtais à vous rejoindre pour la lecture du soir.

- Très bien, répondit la femme calmée. Nous vous attendons.

A peine était-elle repartie que la jeune religieuse allait à sa fenêtre. Elle vit avec soulagement les quatre hommes sains et saufs mais sursauta en entendant un hurlement féminin.

- JE NE PEUX PAS CROIRE QUE VOUS AYEZ OSE FAIRE ÇA !!!!!!

Teal’c, Jonas, Jack et son double tombèrent à terre. Ils n’auraient jamais pu deviner que Sam se tenait derrière un bosquet prête à les surprendre dès leur départ.

- Carter, commença Jack en se relevant, je…

- Sam ! hurla-t-elle. Je suis Sam ! La seule et unique Sam que vous connaissiez ! Je n’ai rien à voir avec cette pimbêche, cette sainte-nitouche, cette sale petite peste !

Jack eut un sourire étincelant. Si seulement elle pouvait réaliser ne serait-ce qu’un centième des sentiments qu’elle faisait naître en lui quand elle se comportait comme une furie !

- Bien sûr que non, Sam, répliqua-t-il en s’approchant prudemment d’elle. Dieu merci, vous n’êtes pas tenue au célibat !

- Arrêtez de vous moquer de moi ! répliqua la jeune femme consciente de la pique

- Dites-moi ce qui ne va pas, Sam, demanda Jack d’une voix caressante

La jeune femme se contenta de croiser les bras sans dire un seul mot. S’il voulait avoir une chance de s’expliquer, il devait la faire parler même en utiliser les stratagèmes les plus vils.

- Dites-moi ce qui ne va pas, *mon petit lapin*, répéta-t-il sans la quitter des yeux.

Sam fit une moue désespérée mais baissa inévitablement la garde malgré toute sa volonté. Jack put passer alors un bras autour de ses épaules. Teal’c, Jonas et son double étaient restés à une distance raisonnable, laissant le soin au chef de Sg-1 de calmer la jeune femme.

- Mais pourquoi vous m’avez laissée toute seule là-bas ? reprocha-t-elle boudeusement. Pourquoi vous m’avez laissée pour aller la voir, elle ?

- Il faut bien aider le petit, prétexta Jack.

- Mais ce n’est pas notre fils ! répliqua-t-elle en le laissant l’encercler de ses bras

Il la fit pivoter et plongea son regard dans le sien.

- Ecoutez, Sam. Vous n’avez aucune raison de vous faire du souci. Je ne vous ai jamais comparé à petite Sam et je ne le ferai jamais. Vous n’êtes pas elle et elle n’est pas vous.

- Je le sais bien, dit-elle sur un ton grincheux. Mais vous lui accordez tellement d’importance !

- Je vous l’ai déjà dit, rassura Jack. Je fais ça pour le petit. S’il est aussi talentueux avec petite Sam qu’avec vous, j’ai peur qu’il n’ait aucune chance. Je ne comprends pas pourquoi vous vous montrez si jalouse.

- Mais je ne suis pas jalouse ! s’écria la jeune femme vexée

- Sam ! rit Jack. Ne niez pas ! Vous êtes jalouse ! Et je vous assure que vous n’avez aucune raison de l’être !

- Je ne suis pas jalouse ! réaffirma-t-elle

- Vous avez peur que petite Sam prenne votre place ! surenchérit Jack

- Mais non ! Je sais très bien qu’elle ne pourra jamais devenir votre second ! Je vous rappelle qu’elle est religieuse !

Jack éclata de rire. Quelle mauvaise foi ! Comme si elle n’avait pas compris de quelle place il parlait ?

- Et vous trouvez ça drôle ! constata-t-elle atterrée. Je pense que vous avez assez ri pour la soirée donc je vous laisse !

Il était tellement plié qu’il ne put la retenir. Après s’être calmé, il courut à sa poursuite laissant ses trois autres compagnons pour le moins décontenancés.

- J’étais comme ça quand j’étais amoureux de Samantha ? demanda petit Jack atterré

- Désolé de vous dire ça, mais oui, répondit Jonas.

- Oh mon Dieu ! soupira le jeune homme honteux

- Mais vous avez eu la bonne idée de renoncer au major Carter avant qu’il ne vous arrive malheur, ajouta Teal’c.

- Quoi ? s’étonna petit Jack

- Narim, Martouf, Orlin, Joe Faxon, Numéro 5, récita Jonas. Ils étaient tous des prétendants de Sam et sont tous morts. Plus ou moins.

- Et Jack ? s’inquiéta le jeune homme

- Regardez dans quel état il est, soupira Teal’c résigné en secouant la tête.

- C’est pire de jour en jour, confirma Jonas.

- Mais c’est affreux ! s’écria Petit Jack. Et comment était-il avant ?

Le Kelownan et le jeune homme se tournèrent vers le Jaffa soudainement pensif.

- Je ne l’ai jamais connu autrement, dit-il enfin. En fait, quand je l’ai rencontré, il connaissait déjà le major Carter.

- Dur ! murmura petit Jack compatissant.

- Mais vous savez, répliqua Jonas sans pitié, vous êtes dans le même état que lui dès qu’il s’agit de petite Sam.

Le jeune homme fit alors son plus beau sourire. La critique semblait lui plaire.

- Merci, dit-il avec un air béat.

*

Jack eut la bonne surprise de trouver la porte de la chambre conjugale ouverte. A vrai dire, on pouvait plus considérer qu’elle était celle de Sam vu le peu de temps qu’il y avait passé depuis leur installation à Colorado Springs cinq semaines auparavant.

Il supposa que ce devait être un oubli de la jeune femme compte tenu de son humeur quand Teal’c, Jonas, petit Jack et lui l’avaient quittée. Ou plutôt quand elle les avait sommés de partir immédiatement de la maison après le dîner. Une fois de plus, tout avait commencé à cause de petite Sam. La jeune femme ne pouvait plus supporter que l’on fît constamment référence à elle et Jack, malgré tous ses grands talents, avait parfois du mal à calmer ses accès de fureur. Ou peut-être la laissait-il exploser pour pouvoir plus facilement la prendre dans ses bras et lui affirmer qu’il n’y avait qu’elle qui comptait. Il devait pourtant avouer qu’il ne savait plus vraiment où il en était et qu’il aurait apprécié d’arrêter ce jeu cruel avec Sam. Mais petit Jack avait encore besoin de son aide.

Il se retint pour ne pas hurler quand il heurta un meuble solide, probablement une commode, dont il ne connaissait même pas l’existence jusqu’à cette douloureuse rencontre. L’effet fut immédiat : quelques bruits de draps, un soupir ennuyé et la faible lumière de la lampe à pétrole.

- C’est à cette heure que vous rentrez, dit Sam en se redressant dans le lit.

- Je ne vous aurais probablement pas réveillée si ce meuble ne se trouvait pas en plein milieu du chemin ! grommela-t-il en constatant qu’elle avait mis volontairement la commode de travers.

- Je voulais savoir combien de temps vous passiez avec cette… peste ! s’exclama Sam parfaitement réveillée

Jack s’assit sur le bord du lit. Il s’aperçut que le dix-neuvième siècle n’avait vraiment aucun goût en voyant dans le miroir combien il avait l’air ridicule dans cette longue chemise de nuit. Par contre, cela n’enlevait rien au charme de Sam. Même dans un sac de pomme de terre, on aurait pu la confondre avec une reine de beauté.

- Sam, je n’étais pas avec elle, expliqua-t-il. C’est petit Jack qui était avec elle. Je montais la garde au couvent comme tous les mardis.

La jeune femme fut pensive et Jack en profita pour se glisser sous les draps avec l’air le plus naturel du monde. Elle ne protesta pas.

- Pourquoi montiez-vous la garde au couvent ? demanda-t-elle alors suspicieuse

- Les rendez-vous de nos doubles ont tendance à se multiplier et comme petite Sam prétexte à chaque fois une maladie, la mère supérieure devient très soupçonneuse. A la moindre alerte, on réintègre sœur Véronique dans sa cellule.

Sam parut satisfaite et éteignit la lampe avant de se recoucher en lui tournant le dos. La lune était presque pleine et parait leur lit d’une aura mystérieuse. Jack pesa le pour et le contre puis posa la question qui le démangeait.

- Pourquoi avez-vous laissé la porte ouverte ?

- Je voulais savoir à quelle heure petit Jack et vous rentriez, répondit-elle avec évidence.

- J’aurais pu ne pas venir, fit-il remarquer en s’allongeant à son tour. Après tout, c’est plus du rocking-chair que de petite Sam que vous devriez être jalouse.

- Je ne suis pas jalouse, répliqua-t-elle par automatisme.

Mais Jack remarqua qu’il n’y avait pas autant de ressentiment que d’habitude dans sa voix.

- Et puis vous êtes venu, non ? ajouta-t-elle doucement

Elle eut un frisson en l’entendant se couler plus près d’elle. Elle ferma les yeux quand elle sentit sa respiration dans son cou.

- Je n’aurais raté cette occasion pour rien au monde, murmura-t-il tendrement. Mais vous ne semblez pas vouloir le comprendre.

La jeune femme se tourna alors vers lui. Ainsi, ils étaient tellement proches que Jack eut peur du danger que cela représentait.

- Vous ne semblez pas vouloir comprendre non plus combien vous vous trompez sur petite Sam. Elle n’est pas la sainte que vous croyez.

Jack soupira et quitta une seconde son regard.

- Pourquoi voulez-vous toujours parler d’elle ? se lamenta-t-il

- Je vous retourne la question, reprocha-t-elle. Vous ne faites que ça avec Teal’c, Jonas et petit Jack.

Les traits du chef de Sg-1 s’adoucirent tandis qu’il replongeait son regard dans le sien. Contrairement aux dernières semaines, elle ne semblait plus du tout guidée par ses émotions. Se pouvait-il qu’elle eût compris son jeu et lui fît comprendre ainsi qu’elle ne se laisserait plus prendre ?

- C’est seulement quand les autres sont là, justifia-t-il. Mais maintenant que je suis avec vous, je voudrais savoir à quoi vous occupez vos journées.

Sam ouvrit de grands yeux étonnés. Jack semblait enfin retrouver en partie la jeune femme posée et raisonnable qu’elle avait été avant sa rencontre avec son double. Il réalisa alors que cette partie d’elle lui avait manqué.

- Vous savez, je me débrouille, dit-elle en haussant les épaules. J’apprends beaucoup de choses avec les habitants de Colorado Springs et je les aide aussi avec mes connaissances. Certains sont là depuis si longtemps qu’ils en ont oublié tout ce qu’ils avaient appris à Gè.

- Je suis sûr que vous leur êtes très utile.

Le silence plana pendant quelques secondes pendant lesquelles ils se fixèrent intensément.

- Est-ce qu’il est amoureux d’elle ? demanda soudainement Sam

- Vous recommencez ! soupira Jack

- Répondez-moi.

Il ferma les yeux et songea à son double.

- Oui. Je crois que cette fois il tient la bonne.

Cela ne faisait même aucun doute. Petit Jack était transi d’amour devant petite Sam. Mais il était impossible de sonder le cœur de la jeune fille qui ne répondait à ses déclarations enflammées que par des discours inintelligibles sur Dieu. Une vraie Carter de la religion. Enfin, pour le peu qu’il écoutait…

Sam hocha pensivement la tête. Jack fronça les sourcils.

- Ça vous dérange ? demanda-t-il surpris. Vous préfériez quand petit Jack était amoureux de vous ?

La jeune femme éclata de rire. Il resta interdit tant cela faisait longtemps qu’il ne l’avait pas vue si détendue.

- Vous plaisantez ! Je suis ravie qu’il me laisse tranquille. Mais je commence à comprendre pourquoi Teal’c et Jonas cherchaient petite Sam…

- C’est vrai ? demanda Jack intéressé. Pourquoi ?

- Parce que…

Sam se remit sur le dos pour éviter de le regarder. Jack, intrigué, se releva sur son avant-bras.

- Parce qu’ils sont beaucoup plus perspicaces que nous sur certains points ? proposa-t-il

La jeune femme se tourna de nouveau vers lui avec un sourire en coin.

- Vous aviez très bien compris ! dit-elle en le bousculant gentiment.

Il ne répondit pas qu’il avait eu envie de l’entendre dire qu’il était peut-être possible que petit Jack était amoureux de petite Sam car Jack tenait à elle. Mais il savait que ces mots là ne devaient pas sortir car trop lourds de conséquences.

Il finit par la repousser à son tour et elle répondit avec un peu plus de force. Une chose en entraînant fatalement une autre, rapidement une bataille d’oreillers et d’édredons s’engagea. A leurs rires gamins se mêlèrent bientôt un déluge de plumes étincelantes dans la lumière de la lune. Ce jeu n’évitait pourtant pas les contacts mais les rencontres plus ou moins fortuites de leurs deux peaux ne rentraient dans aucune stratégie.

Jack ne sut pas exactement combien de temps leur duel dura. Mais lorsqu’il se réveilla au petit matin, ses bras enserraient la taille de Sam tout en tenant une taie d’oreiller vide. Il se libéra à regret de l’étreinte de la jeune femme le maintenant affectueusement contre son ventre tout chaud. Elle dormait profondément et ne réagit même pas quand il l’embrassa sur le front.

Il se dirigea vers la cuisine décidé à préparer le petit-déjeuner. Il voulait absolument garder les meilleures relations avec Sam, quitte à délaisser petit Jack quelque temps. Après tout, quand Teal’c, Jonas et lui ne seraient plus là, il serait bien obligé de se débrouiller seul. Alors autant qu’il apprît tout de suite.

- Petit Jack ! s’exclama le chef de Sg-1 surpris en voyant le jeune homme face à lui

- Ja… Jack ! bégaya celui-ci. Mais pourquoi es-tu debout si tôt ? Et d’où sortent toutes ces plumes ?

Il n’eut pas le temps de répondre car un sourire complice éclairait déjà le visage de son double.

- Samantha et toi avez enfin réglé vos comptes, crut-il en hochant la tête. Mon Dieu ! Ça a dû être… explosif !

- Ce n’est absolument pas ce que tu crois ! répliqua Jack sur la défensive

- Mais oui…

Jack abandonna. Le jeune homme pouvait croire ce qu’il voulait après tout. Le chef de Sg-1 remarqua alors que son double était déjà habillé. Il fronça les sourcils. Peut-être qu’il n’avait pas pris la peine de se dévêtir hier soir…

- Je me suis levé tôt, expliqua le jeune homme comme devinant son interrogation. Et en fait, j’ai une bonne nouvelle.

- Ah oui ? s’étonna Jack sentant également qu’il essayait de changer de sujet. Petite Sam est venue te voir pour te dire qu’elle acceptait de quitter le couvent ?

- J’ai seulement réussi à lui faire comprendre qui était Samantha et lui assurer qu’elle n’était rien pour moi…

Le jeune homme eut un lourd soupir et allait se plonger dans une profonde rêverie amoureuse. Heureusement son double le secoua énergiquement. Vraiment, cet état amoureux ne lui réussissait pas !

- Alors, cette nouvelle ? pressa le chef de Sg-1

Petit Jack émergea et eut un grand sourire.

- Colorado Springs est sens dessus dessous, annonça le jeune homme. Une grande star a choisi la ville comme décor de son nouveau film. Et cette star c’est…

- LE DOCTEUR FRASIER ! s’écria Jack

- Elle arrive cet après-midi, ajouta son double.

Jack aurait laissé sa joie éclater pleinement si Sam ne dormait pas encore dans la pièce voisine. Il jubilait intérieurement. Le cauchemar était sur le point de se terminer ! Ils allaient enfin pouvoir rejoindre la Terre !

 

 
 
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