Citations du moment :
Beaucoup d'humains sont prêts à se battre bec et ongles pour qu'on ne leur ôte pas leurs chaînes.
[Bernard Werber]
Imagine

Les Aléas du Vortex : Chapitre 15

UNE BONNE RAISON D'Y CROIRE 

 

Janet regarda son double s’approcher d’elle dans sa tenue de cow-girl. Elle se serait probablement moquée d’elle si elle ne portait pas exactement les mêmes vêtements. Le responsable des costumes était vraiment un petit rigolo ! Maintenant, elles avaient l’air de jumelles trop fusionnelles.

- Tout le monde est prêt, annonça la star, tout le monde sait ce qu’il a à faire. Je leur ai donné rendez-vous à notre hôtel dans deux heures. Nous pourrons aller trouver tes amis pendant ce laps de temps.

Janet fronça les sourcils.

- Nous ? répéta-t-elle incrédule

Son double la regarda avec évidence tout en mettant ses mains sur ses hanches.

- Oui, nous ! s’exclama-t-elle. Tu croyais que je te laisserais aller t’amuser toute seule !

- Mais je ne vais pas m’amuser ! répliqua le docteur. Je vais écumer cette ville pour trouver mes amis ! Ce ne sera pas une partie de plaisir !

La star plissa les yeux avec un air mécontent puis ses traits se radoucirent.

- Je t’ai fait découvrir mon monde, fais-moi découvrir le tien, supplia-t-elle. Et en plus, c’est grâce à moi si tu es là. J’ai dû faire des pieds et des mains pour que Ken croie que j’avais réellement l’intention de tourner un film dans ce trou perdu, que je voulais participer avec toi à ces harassants repérages en équipe réduite et surtout que je voulais quitter plus de quelques heures bébé Georges !

A ces mots, les yeux de la jeune femme se mouillèrent de larmes. Janet soupira et la serra dans ses bras. Son double avait fait un énorme sacrifice compte tenu de son amour pour le petit garçon.

- D’accord, tu viens avec moi, céda-t-elle. Mais tu restes discrète.

- Tu me connais ! répondit la star retrouvant instantanément sa bonne humeur

- Justement, c’est ça le problème…

Elles se mirent en route silencieusement, Janet se demandant comment elle allait pouvoir retrouver Sg-1. Elle n’était même pas sûre qu’ils étaient ici…

- J’ai hâte de les connaître ! soupira la star. En fait, tu m’en as tellement parlé que j’ai l’impression que je les connais déjà !

- D’ailleurs à ce propos, commença Janet prudemment, j’aimerai que tu ne dises rien de ce que je t’ai confié. Ils pourraient le prendre très mal.

- Très bien, approuva son double. Mais je peux dire que je connais bébé Georges ?

- Bien sûr ! répondit Janet avec un sourire malin. Je suis sûre qu’ils seront ravis de savoir que j’ai mis le général Hammond au monde.

- Général Hammond ! répéta la star avec exaltation. Je savais que ce petit irait loin !

La jeune femme vit alors des silhouettes postées devant les premières maisons de la ville. Elle devina tout de suite qu’il s’agissait d’eux. Ils avaient su qu’elle venait et ils l’attendaient.

- SAM ! MON COLONEL ! s’écria-t-elle

- JANET !!!

Elle parcourut les derniers mètres qui les séparaient d’eux en courant et se jeta dans les bras de Sam.

- Enfin ! soupira la jeune femme. Nous croyions que vous n’aviez rien entendu !

- J’ai eu peur de mal comprendre, expliqua Janet. Et j’ai eu des difficultés à venir. Mais vous n’aviez pas dit que Teal’c et Jonas étaient également ici ?

- Oui, ils sont là, rassura Jack. Ils préparent toutes nos affaires pour que nous partions au plus vite.

Le docteur sourit puis échangea des accolades avec les deux autres hommes, s’étonnant de la présence de petit Jack. Elle se rendait compte à quel point ils lui avaient manqué tout comme sa vie sur Terre. Actuellement, elle aurait tout donné pour se disputer avec Cassandra.

- Mais qu’est-ce que c’est que ça ? s’exclama alors Jack

Le double de Janet était arrivé jusqu’à eux et souriait comme devant ses cadeaux de Noël.

- Salut !

Petit Jack fronça bientôt les sourcils tandis que Sam ouvrait sa bouche de stupéfaction. Le chef de Sg-1 réussit à parler.

- Waow !

Sam referma sa bouche avec difficulté. Elle ne savait pas pourquoi ils réagissaient tous comme cela. Après tout, ce n’était que le double de Janet. Mais c’était différent : elle était plus que son double, elle était Janet. Contrairement à petite Sam et à petit Jack, les deux jeunes femmes avaient le même âge, les mêmes tics et les mêmes sourires. C’était particulièrement perturbant.

- Mais ne me regardez pas comme ça, mon colonel ! dit la deuxième Janet avec un air faussement ennuyé. Je vais finir par croire que j’ai grossi !

Le docteur regarda son double avec dépit.

- Il ne t’a jamais vue, dit-elle. Comment pourrait-il te dire que tu as grossi ?

- En tout cas, je suis ravie de vous connaître ! répliqua la star

- Mais nous aussi, dit Jack en se remettant de sa surprise. Venez maintenant, nous allons rejoindre Teal’c et Jonas à la maison. Nous serons tranquilles pour parler.

Janet sentit son double se pencher à son oreille alors qu’elle s’apprêtait à suivre le groupe.

- Et tu disais que ce ne serait pas une partie de plaisir ?

*

Janet put raconter dans les grandes lignes ce qu’il lui était arrivé pendant qu’ils se rendaient tous au centre ville. Son double allait enfin commencer le récit trépidant de l’accouchement de Laura quand petit Jack eut un cri. La star fut tellement surprise qu’elle en sursauta.

- Mais qu’est-ce qu’il se passe ? demanda-t-elle. Pourquoi hurlez-vous comme ça ?

- Petite Sam ! s’écria ce dernier avec exaltation

Janet plissa les yeux pour voir celle qui était la cause d’un soupir désespéré du seul membre féminin de Sg-1. Petite Sam avançait dans la ville, toujours la tête couverte par sa cornette, soutenue par deux autres religieuses. Ainsi, elle était la représentation vivante d’une martyre romaine conduite dans la fosse aux lions.

- Oh mon Dieu ! Sam, c’est vous ? s’écria Janet horrifiée

- Oui, c’est mon double, répondit cette dernière sèchement.

- Mais vous auriez dû me prévenir que c’était une bonne sœur ! C’est traumatisant !

- Elle a l’air si… vulnérable, ajouta son double. Si fragile, si… Ah non, ce n’est pas vous !

Sam prit une grande inspiration pour tenter de se calmer. Pourquoi tout le monde tombait dans le piège de cette manipulatrice ? Ne comprenaient-ils pas son jeu ? Et qu’avait-elle de plus qu’elle ? Elle aussi pourrait le faire si elle le voulait !

- Je me demande pourquoi petite Sam n’est pas au couvent, fit alors remarquer Jack.

- Oui, confirma son double, ce n’est pas le jour de la lessive.

Ils restèrent immobiles à observer les trois religieuses se diriger vers la clinique.

- Elle semble malade, en déduit Janet.

Tous éclatèrent de rire provoquant l’incrédulité des deux nouvelles venues.

- Mais non ! dit petit Jack rassurant. Petite Sam le fait seulement croire pour pouvoir se rendre à ses rendez-vous avec moi.

- Ses rendez-vous avec vous ? s’étonna le double de Janet. Mais je croyais qu’elle était bonne sœur ?

- Ce n’est pas très catholique, ajouta le docteur intrigué.

Sam hocha la tête d’un air entendu approuvant totalement les deux jeunes femmes.

- Elle n’est pas celle que vous croyez, murmura-t-elle mystérieusement.

Jack haussa les épaules devant ce nouvel accès de jalousie de son second. Mais il nota tout de même que maintenant tout cela s’apparentait plus à de la paranoïa.

- Bon ! Si on y allait maintenant ? proposa-t-il. De toutes façons, tu la verras ce soir, petit…

Il n’eut pas le temps de finir sa phrase car petite Sam s’était évanouie dans les bras des religieuses.

- Quelle comédienne époustouflante ! admira la star. J’ai vraiment cru que c’était vrai !

- C’est sûrement parce que c’est vrai ! s’exclama le médecin

- Vous pensez que c’est vrai ? demanda petit Jack avec une subite inquiétude

- Ce n’est pas vrai ! tranquillisa fermement le chef de Sg-1 en coupant la parole à Janet Je sais que vous êtes docteur, docteur, mais ne vous en faites pas ! Elle n’est pas malade ! Il faut juste qu’elle se donne un bon alibi pour ce soir !

Le médecin regarda les religieuses en panique frapper à la porte désespérément close de la clinique.

- Mais que fait ce docteur ? pesta-t-elle

- Ça, c’est une bonne question, commenta Sam. Le docteur Quinn n’est pas très disponible.

Janet soupira devant leur désinvolture et alla rejoindre les trois religieuses. Elle fut néanmoins bientôt suivie par les autres avec plus ou moins de réticence. Son double, excitée comme une puce, galopait à côté d’elle.

- Tu penses qu’on devra l’opérer ? demanda-t-elle en s’en délectant d’avance. Je n’ai jamais assisté à une opération et surtout pas dans de telles conditions !

Janet ferma les yeux rien qu’à l’idée de devoir pratiquer un acte chirurgical complexe sans son matériel moderne habituel. Parfois, elle regrettait de ne pas avoir ouvert un cabinet de généraliste. En entendant un frisson à peine retenu à quelques centimètres d’elle, elle nota alors la présence de petit Jack dont l’anxiété commençait à devenir oppressante.

- Vous êtes sûr qu’elle est malade ? demanda-t-il. Hier soir, elle allait très bien.

- Je saurai quand je l’aurai examinée, petit Jack.

Quand elle vit le visage tordu de douleur de la jeune fille, elle comprit qu’elle était loin de feindre. Janet en eut un haut le cœur tant sa souffrance était palpable.

- Bonjour, je suis le docteur Frasier, dit-elle doucement en se penchant vers la malade. Dîtes-moi ce que vous avez.

- Mais qui êtes-vous ? demanda une des religieuses. Et où est le docteur Quinn ?

Janet s’apprêtait à répondre quand Jack prit la parole.

- Elle fait un triple pontage coronarien à un nouveau-né dans la réserve indienne, expliqua-t-il. Le docteur Frasier la remplace pour quelques jours.

Janet le regarda avec un air désespéré. Jack parut étonné.

- Quoi ? On n’est pas à un anachronisme près !

- Nous ferions mieux d’entrer à l’intérieur, intervint Sam préoccupée elle aussi par la santé de son double. La petite a vraiment l’air de ne pas aller bien.

Malgré sa stupéfaction devant le changement d’opinion de son second, Jack dut se rendre à l’évidence : petite Sam était malade et ils devaient absolument ouvrir la porte de la clinique. Avec l’aide de petit Jack, il régla rapidement ce petit problème. Janet et son double aidèrent immédiatement la jeune fille toujours gémissante à se coucher sur la table d’observation.

- Je vais faire rapidement un tour de la clinique pour trouver les instruments qui pourraient me servir, indiqua le docteur.

En partant, elle se tourna vers les deux religieuses qui n’avaient pas l’air très rassuré. Le médecin ne leur en voulut pas tellement de remettre en cause ses qualités professionnelles. Dans sa tenue de cow-girl, elle ne devait pas faire très sérieuse.

- Elle est très compétente, rassura la star. Elle la remettra sur pied en un clin d’œil.

- Je lui fais confiance, murmura faiblement petite Sam. Vous êtes parties sans prévenir la mère supérieure et elle doit s’inquiéter maintenant. Vous devriez retourner au couvent pour la rassurer.

Jack, Sam et les doubles froncèrent les sourcils. Le comportement de la jeune fille était très suspect.

- Mais nous ne pouvons pas vous laisser seule ici, sœur Véronique ! protesta à juste titre l’une des sœurs

- Je suis entre de bonnes mains, répliqua petite Sam. Vous savez toutes les deux que ce sont de bons chrétiens.

- Il n’y a pas meilleur que nous ! appuya Jack

Les religieuses cédèrent, au plus grand soulagement de la jeune fille, mais à contre-cœur.

- Nous reviendrons le plus vite possible, ma sœur, dirent-elles en sortant.

Petite Sam attendait manifestement leur départ car elles venaient à peine de franchir la porte qu’elle commença à pleurer misérablement.

- Petit Jack ? murmura-t-elle

Sam eut un sourire entendu. Elle aurait dû comprendre plus vite que le seul but de son double était de pouvoir s’entretenir avec son prétendant. Celui-ci, bien docile, s’était précipité vers elle et semblait autant souffrir qu’elle. Il prit tendrement sa main qu’il embrassa sans aucune résistance de la part de petite Sam à la plus grande surprise de Jack.

- Mais depuis quand ils se tiennent la main ? s’étonna-t-il auprès de Sam

La jeune femme eut un haussement d’épaule et préféra suivre le dialogue de leurs deux doubles.

- Petit Jack, pleurait la religieuse, je ne sais pas ce qu’il m’arrive, j’ai tellement mal…

- Le docteur Frasier, va te soigner, mon amour.

Petite Sam secoua la tête négativement passant une main tremblante dans les cheveux du jeune homme.

- Mais depuis quand il l’appelle « mon amour » ? s’étonna de nouveau Jack

- Chuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuut ! coupa le double de Janet fascinée

- Petit Jack, soupira la jeune fille, je ne pense pas que je tiendrai encore longtemps…

- Ne dis pas ça, pleurnichait l’amoureux. Tu ne peux pas mourir…

- Je t’en prie, ne sois pas triste, soupira l’agonisante. Mais c’est la justice divine qui s’abat sur nous… Il ne pouvait pas en être autrement…

Sam leva les yeux au ciel en signe de découragement. Pourtant petit Jack, totalement subjugué, écoutait les mots de la jeune fille comme parole d’évangile.

- Tu ne vas pas me laisser, tu ne vas pas me faire ça…

- Je ne peux m’empêcher de penser à notre vie si tout avait été différent, si tous ces obstacles ne s’étaient pas dressés sur notre chemin…

- Mais quel talent ! Quel talent ! murmura discrètement le double de Janet aux deux membres de Sg-1

- Vous comprenez ce qu’elle dit ? demanda Jack interloqué

- Mais enfin bien sûr ! dit la star avec évidence tandis que petite Sam continuait son monologue entre deux grimaces de douleur. C’est tout le drame d’un amour impossible ! C’est poignant !

- Hein ? demanda Jack perdu

- C’est un peu comme « Les oiseaux se cachent pour mourir », mon colonel, l’éclaira Sam en observant les deux jeunes gens avec scepticisme.

- Ah d’accord ! comprit Jack. Mais depuis quand est-elle amoureuse de lui ?

- Chut ! ordonna de nouveau la star. Vous allez tout me faire manquer.

En effet, le moment semblait crucial. Petite Sam caressait maintenant le visage baigné de larmes du double de Jack et avait d’énormes difficultés à parler.

- Je me souviendrai toujours de ce jour où je t’ai vu à ma fenêtre. Comment tu as risqué ta vie pour que je daigne tout simplement t’accorder un mot, une parole ou une attention…

- Que fait Janet ? soupira Sam

- Chut ! demandèrent de concert Jack et la star pendus aux lèvres de la jeune fille

- Je t’ai pris pour un fou…

- Et je le suis toujours de toi ! ajouta petit Jack

Le double de Janet, la main sur le cœur, eut un frisson.

- Oui, continua petite Sam. Et c’est bien cela qui m’a perdue. Tant d’amour pour moi. Comment aurais-je pu résister ? Même Dieu n’avait pas tant à m’offrir… Mais tout son bonheur avait un prix, petit Jack. Un prix que je dois payer aujourd’hui… Mais sache que… que… je n’ai jamais été aussi heureuse de toute ma vie et que… que je… t’ai…

- Me voilà ! s’écria Janet en rentrant dans la pièce avec diverses bouteilles et autres instruments

Mis à part Sam qui fut soulagée par son retour, tout le monde lança un regard noir au médecin.

- Quoi ? demanda-t-elle

- Rien, répondit son amie en l’amenant devant son double. Maintenant, examinez-la.

Janet haussa les épaules en signe d’incompréhension puis se prépara à ausculter petite Sam quand elle réalisa que tous ses amis l’entouraient en attendant son diagnostic.

- Pourriez-vous me donner un peu plus d’intimité avec ma patiente, s’il vous plait ? demanda-t-elle les mains sur les hanches

Petit Jack, qui espérait tout de même que sa dulcinée n’allait pas mourir, consentit le premier à quitter la pièce après un dernier regard déchirant pour la jeune fille. Bientôt tous se levèrent pour le suivre à l’exception du double de Janet.

- Tu devrais rejoindre les autres, lui indiqua cette dernière.

- Tu devrais avoir une assistante, répliqua la star.

- Tu n’as pas l’intention de partir ? supposa le docteur

- Même un cyclone ne me décollerait pas les pieds d’ici.

Elle avait à peine fini sa phrase qu’un bras puissant la tirait hors de la pièce profitant de l’effet de surprise. La porte se referma quelques secondes plus tard. Janet sourit. Son double venait de faire la connaissance du typhon Jack.

Le docteur se tourna alors vers sa patiente plus pâle que jamais.

- Ne me mentez pas, dit-elle. Je sais que je vais mourir. C’est Dieu qui vient me punir…

- Allons, allons, l’interrompit Janet. Cessez de raconter des bêtises et dites-moi ce qui pourrait vous mettre dans un tel état.

Petite Sam avala difficilement sa bile tandis que Janet l’auscultait.

- Auriez-vous changé vos habitudes ces derniers temps ?

- N… o… n…

La jeune fille sombra dans l’inconscience avant même que Janet pût faire quelque chose. Le docteur lui tapota nerveusement la joue.

- Allez ! Debout !

Mais rien n’y faisait. Petite Sam s’était évanouie inquiétant sérieusement Janet. N’entendant aucun bruit de l’autre côté de la porte, le médecin consentit à ouvrir provoquant la chute en chaîne de Jack, de son double et de la star sous l’œil amusé de Sam.

- Alors ? Comment va-t-elle ? demanda la jeune femme tout de même concernée tandis que les autres se relevaient

- Elle vient de s’évanouir, leur annonça Janet angoissée.

- Plus besoin d’anesthésie donc s’il fallait l’opérer, fit remarquer son double.

Tous la regardèrent avec un air horrifié.

- Vous n’avez pas pu savoir ce qu’elle avait ? demanda petit Jack tremblant à la vision du corps inconscient de sa bien-aimée

- Non, répondit Janet peinée par la détresse du jeune homme.

- Bah ! On saura tout à l’autopsie ! répliqua la star

Nouveau regard horrifié de l’assistance.

- Ben quoi ! Il faut penser pratique, non ?

- Essayons de la réveiller, décida Sam en faisant abstraction de la dernière remarque de la star.

Malheureusement aucune méthode ne fonctionna. Ni les différents flacons qu’ils lui firent respirer, ni les mots d’amour sirupeux de petit Jack, ni les secousses de Sam, ni les pincements de Jack et tous refusèrent que le double de Janet fît sentir l’intérieur de ses bottes à la jeune fille. Il semblait que petite Sam ne voulait pas savoir ce qu’elle avait réellement.

- Le mieux serait de lui laisser un peu d’air, décida le médecin à court d’idées.

Jack décolla difficilement son double de son siège près de l’objet unique de ses pensées et les deux hommes tentèrent de leur mieux de convaincre le double de Janet de ne pas approcher de la malade. Sam profita de cette relative accalmie pour prendre à part son amie. Jack s’interrogeait sur la teneur de leur conversation provoquant tant de stupeur chez le médecin du Sg-C quand Jonas débarqua dans la clinique.

- Mon colonel ! s’écria-t-il. Que se passe-t-il ? Teal’c et moi vous attendons depuis…

Il resta interdit en voyant la scène devant lui.

- Vous êtes le double du docteur Frasier ? s’étonna-t-il face au grand sourire de la star. Mais… mais qu’est-il arrivé à petite Sam ?

- Nous n’en savons presque pas plus que vous, Jonas, expliqua Jack. Je crois qu’elle est très malade et c’est ce qui nous a retenus. Je ne sais pas combien de temps ça va nous prendre…

Sa phrase fut ponctuée par un gémissement émis par la jeune fille qui consentait enfin à revenir parmi les conscients. Petit Jack voulut reprendre sa place auprès d’elle mais Janet et Sam l’en empêchèrent immédiatement.

- Nous devons parler entre femmes, indiqua le médecin vaguement.

- Et moi ? demanda son double

Janet ne prit même pas la peine de répondre et se tourna vers sa patiente.

- Quelqu’un pourrait m’expliquer ce qu’il se passe ? demanda Jonas désespéré

Jack et son double se lancèrent dans un résumé complet de la situation, ponctué par quelques commentaires du double de Janet. Pendant ce temps, Sam et petite Sam n’en finissaient pas de discuter avec le médecin qui avait fait ingurgiter une mixture étrange à la jeune fille.

- Ce ne serait pas l’appendicite ? proposa Jonas après la fin de leur récit

- Alors, on l’ouvre ! s’écria la star en sortant un scalpel de nulle part

- Mais qu’est-ce qu’il se passe ? demanda Janet en arrachant l’instrument des mains de la jeune femme. Qu’est-ce que tu racontes ?

- Il a dit qu’elle avait l’appendicite, expliqua la star. Il faut donc qu’on l’ouvre !

Janet se tourna vers Jonas et le regarda comme s’il était le dernier des crétins.

- Banane ! s’exclama-t-elle. Elle est enceinte !

Il y eut alors un léger flottement dans la pièce. La star se rapprocha discrètement de son double.

- Mais je croyais qu’elle était bonne sœur…

- Et moi je croyais qu’elle était le double de Sam ! répliqua Janet tout aussi sous le choc

Des trois hommes, Jack fut le premier à retrouver l’usage de la parole.

- Waow ! Mais comment a-t-elle fait ? demanda-t-il naïvement. C’est un miracle ?

- Un miracle appelé petit Jack, précisa Sam en serrant protectivement contre elle son double apparemment très gêné

Tous les regards convergèrent vers le jeune homme qui resta bouche ouverte.

- C’est moi le père ? demanda-t-il après plusieurs tentatives infructueuses pour s’exprimer

Petite Sam acquiesça lentement attendant avec angoisse sa réaction.

- C’est vraiment moi ? redemanda-t-il

- Manquerait plus que ce soit le pape ! répliqua Sam. Bien sûr que c’est toi !

Petit Jack se jeta littéralement dans les bras du chef de Sg-1.

- Je suis le père du bébé, grand Jack ! C’est enfin mon tour ! Vous avez entendu, Jonas, c’est moi le père du bébé !

Sam se frappa la tête du plat de la main tandis que les deux membres de Sg-1 le félicitaient sous les regards incrédules des femmes.

- Félicitations, petit Jack ! Je suis sûr que vous serez un bon père !

- Je suis fier de toi, mon garçon ! Tu as tout d’un grand O’Neill ! Jamais je n’aurais pu me douter que tu pourrais être si convaincant !

- Quel cachottier ! Je sais maintenant ce que vous faisiez tous les deux dans le noir !

- Je suis tellement heureux ! J’ai toujours su que petite Sam serait la mère de mes enfants ! Et maintenant, elle est enceinte !

Sam se racla alors bruyamment la gorge. Les trois hommes cessèrent leurs libations.

- Tiens, remarqua Jack, bonjour ma mère !

La supérieure du couvent se tenait à l’entrée de la pièce et ne semblait pas avoir manqué un mot de la conversation des hommes. Elle serra les poings à s’en couper la circulation.

- Sœur Véronique ? Est-ce que c’est vrai ? demanda-t-elle d’une voix blanche

Petite Sam baissa piteusement la tête.

- Oui, ma mère.

Jack et son double durent retenir la religieuse qui allait se jeter sur la jeune fille. Effrayée, celle-ci se serra encore un peu plus dans les bras de Sam.

- Je savais que ça arriverait ! Je le savais ! hurla la religieuse. Dès que je vous ai vue arriver à Colorado Springs, je l’ai su ! Vous disiez que nous étions votre seul espoir mais je savais que vous ne cherchiez qu’un bon moyen de vous refaire une conduite avant de retourner dans le vice et la duplicité ! Je savais que vous vous jetteriez dans les bras du premier bellâtre venu, du premier homme qui vous semblerait moins crétin que les autres ! Mais je sais parfaitement comment cela se termine car les hommes sont tous les mêmes quand une femme se retrouve dans un tel état ! Ils vous disent qu’ils vous aiment, qu’ils feront tout pour vous ! Mais dès qu’ils apprennent la situation, ils vous abandonnent lâchement à votre pauvre sort !

La mère supérieure s’arrêta à bout de souffle. Jonas arrêta le double de Janet qui s’apprêtait à applaudir.

- Mais qu’est-ce que vous faites ? s’étonna la star. Je n’ai jamais entendu de tirade aussi poignante ! Il faut absolument que j’aille dans ce couvent. Dieu seul sait que ce que je pourrais apprendre là-bas !

La religieuse allait reprendre son sermon quand Sam l’interrompit.

- Stop ! C’est bon ! Vous n’êtes pas sa mère ! Elle fait ce qu’elle veut !

Petit Jack prit la main de sa dulcinée et regarda fièrement la religieuse.

- Je n’abandonnerai jamais petite Sam ! Elle porte mon enfant et je compte bien l’épouser !

Il se tourna vers la jeune fille.

- Enfin, si tu es d’accord, ajouta-t-il prudemment.

Pour seule réponse, elle l’embrassa fougueusement malgré l’exclamation outrée de la mère religieuse. Cette fois, Jonas consentit à ce que la star applaudît et se joignit même à elle.

- Oh non ! se remit rapidement la religieuse. Elle est encore sous mon autorité et elle retourne au couvent ! Là-bas, elle pourra penser à rompre ses vœux mais ici c’est impossible !

- Quelle rabat-joie ! murmura la star

- Je vous signale qu’elle n’est pas encore en état pour se déplacer, précisa Janet très sérieusement. Elle doit rester encore allongée un moment pour éviter tout risque pour le bébé.

Petite Sam fixa la mère supérieure avec son air le plus suppliant.

- Laissez-moi, je vous en prie ! Je ne veux pas rentrer au couvent !

- Je veux bien que vous vous fassiez soigner mais vous rentrerez avec moi !

- Mais enfin ! protesta Jack. Vous voyez bien que les petits sont amoureux ! Ne soyez pas si têtue !

La mère supérieure fit de gros yeux qui firent reculer le chef de Sg-1.

- Elle repartira au couvent avec moi même si je dois appeler le shérif !

- Et si on lui échangeait Samantha à la place ? proposa petit Jack. Après tout, elles sont pareilles !

- Non mais ça va pas ! s’écrièrent Jack et Sam en même temps

Et en quelques minutes, ce fut le bazar total. Le futur père tentait de convaincre son ex-femme qui refusait fermement, Jonas et le double de Janet commentaient la scène, Jack essayait de persuader la mère supérieure de laisser tomber et petite Sam, au bord de la crise de nerfs, hurlait qu’elle ne voulait pas rentrer au couvent.

- TOUT LE MONDE DEHORS ! cria alors Janet. J’ai une patiente qui a besoin de calme pour l’instant.

- Le couvent est le meilleur endroit pour retrouver le calme, précisa la mère supérieure.

- Non, c’est auprès de petit Jack qu’elle doit être ! répliqua le chef de Sg-1

- DEHORS ! répéta Janet

Tous s’exécutèrent de mauvaise grâce. Mais dès qu’ils furent à l’extérieur, la religieuse les quitta.

- Je vais de ce pas prévenir le shérif ! Je ferai en sorte que vous n’approchiez plus jamais sœur Véronique !

Petit Jack se tourna fiévreusement vers les autres. Sam ne l’avait jamais vu dans un tel état.

- Vous n’allez pas la laisser faire ça ? demanda-t-il désespérément

- J’ai peur que nous n’ayons pas le choix, petit, répondit Jack. Mais je te promets qu’on va trouver un moyen pour la sauver.

- Ah oui ? Et comment ? demanda Jonas curieux. Nous n’avons pas d’armes et nous ne pouvons pas quitter Colorado Springs sans nous faire repérer.

Sam fronça les sourcils en voyant le visage de Jack s’assombrir.

- J’ai un plan mais il me faudrait un téléphone.

- J’en ai un, signala le double de Janet en sortant un portable de sa poche.

Elle regarda l’objet attentivement évitant le geste de Jack pour l’attraper.

- Eh ! On capte très bien en plus ici ! lui apprit-elle. C’est étonnant !

- Donnez-le-moi ! ordonna Jack

- C’est d’accord, répondit la jeune femme. Mais à une condition.

- Laquelle ? demanda Sam inquiète

La star n’eut qu’un sourire malin.

*

Teal’c guettait maintenant une certaine inquiétude le retour de Jonas. Il espérait qu’il n’était rien arrivé qui pourrait remettre leur départ de Colorado Springs. En effet, bien qu’il se fût habitué à la vie relativement tranquillement qu’il menait ici, il savait qu’il avait d’importantes choses à régler sur Terre. Tout d’abord, sa lutte contre les Goaulds mais également la recherche de l’identité des auteurs du Tauri-Match et du SgC-Inquire. Il n’arrivait pas à croire que des personnes humaines pouvaient écrire de tels mensonges… Le Jaffa commençait même à douter qu’il pouvait s’agir d’individus faits, comme lui, de chair et de sang.

Cependant, en voyant arriver vers lui Janet, Jack, son double et Sam, Teal’c ne fut plus aussi certain de son affirmation. Les Terriens et leurs apparentés étaient très étranges et il se demandait si, un jour, il pourrait les comprendre. Il prit une grande inspiration pour être prêt à faire face à toute éventualité.

Janet et petit Jack arrivèrent les premiers. La jeune femme voulut le saluer mais malheureusement le double du chef de Sg-1 ne semblait pas disposé à interrompre leur conversation.

- Mais vous pensez que petite Sam va bien ? demanda-t-il provoquant un soupir excédé chez son interlocutrice

- Oui, j’en suis sûre ! Elle va bien ! Le bébé va bien ! Tout le monde va bien !

Teal’c préféra ne pas poser de questions sur ce « bébé » pour l’instant. Il avait appris à rester en retrait de certaines affaires de ses amis par instinct de survie et ce nouveau rebondissement faisait partie de cette catégorie.

- Vous savez si ce sera un garçon ou une fille ?

- Elle ne doit être enceinte que d’un mois, petit Jack ! Je n’en ai aucune idée !

- De toutes façons, l’un ou l’autre me ravira, commenta le jeune homme extasié. A vrai dire, même les deux en même temps m’irait. Vous pensez que petite Sam pourrait attendre des jumeaux ?

- Je n’en sais rien ! hurla presque Janet. Je vous rappelle qu’elle va accoucher dans huit mois !

- Mais vous pensez qu’elle supportera bien une grossesse multiple ? Ma petite Sam est si fragile et j’ai encore du mal à comprendre comment je pourrais l’aider…

Janet eut un sourire forcé.

- Un conseil, petit Jack, si vous voulez l’aider, FERMEZ-LA !!!!!!!!

Le jeune homme resta interdit pendant quelques secondes laissant l’opportunité au médecin de fuir à l’extérieur. Reprenant ses esprits, il repartit à la poursuite de Janet sans porter aucune attention à Teal’c qui était resté stoïque pendant la scène.

- Docteur Frasier ! appela-t-il

- Mais laissez-moi aller aux w.-c tranquille ! vociféra la jeune femme en colère

- Mais il faut que je vous parle !

Avant même que le Jaffa eût pu saisir dans son entier l’absurdité de ce qu’il venait d’entendre, deux autres preuves de la bizarrerie terrienne faisaient leur entrée dans la maison. Jack fouilla sans ménagement dans la poche de sa subordonnée et en tira un téléphone portable.

- Voilà ! Nous sommes à l’intérieur ! Je peux appeler et tenter de mettre en place un plan pour sauver votre double maintenant, Carter ? demanda-t-il

Teal’c tiqua immédiatement au nom que Jack avait donné à Sam. Apparemment, leur proche retour à la « civilisation » avait fait retourner les deux militaires dans des relations plus formelles.

- Mon colonel, se justifia Sam, vous ne pouviez pas téléphoner dans Colorado Springs. Nous nous devons de respecter les règles de cette communauté.

- Bah, on n’est plus à un anachronisme près !

Il fit semblant de ne pas voir le regard désespéré de la jeune femme et sortit un papier de sa poche avant de taper un numéro sur l’appareil.

- Mais au fait, qui appelez-vous ? demanda Sam

- Chut ! ordonna Jack. Ça sonne ! Allô !!!

Le chef de Sg1 dut écarter le téléphone de son oreille tant le cri qui se fit entendre était strident. Sam et Teal’c froncèrent les sourcils.

- Je suppose que vous m’avez reconnu ? demanda-t-il prudemment. Moi aussi, je suis très content de vous reparler.

De nouveau, il dut éloigner l’appareil où un vacarme énorme retentit. Sam ferma les yeux avec horreur.

- Antéa, devina la jeune femme. Mais comment avez-vous eu son numéro ?

- Je m’attendais plus à ce que vous me demandiez pourquoi je l’appelais, fit remarquer Jack en gardant le téléphone à une distance raisonnable.

Sam fit la moue tandis qu’il souriait de l’avoir ainsi piégée.

- Pour le numéro, elle me l’a discrètement glissé dans une des poches de mon uniforme. Mais je ne vous dirai pas laquelle…

La jeune femme eut une grimace dégoûtée.

- Je crois qu’elle n’est pas seule, devina Jack en constatant que les cris et autres bruits hystériques se prolongeaient indéfiniment.

Se rendant subitement compte du silence de leur interlocuteur, les clameurs s’éteignirent. Jack colla de nouveau le téléphone contre son oreille.

- Allô ! demanda-t-il perdu en entendant la voix sortant de l’appareil. Oui, bonsoir, moi aussi je suis ravi de parler avec vous… Oui, au revoir. Antéa ? Non, ce n’est pas elle ! Bonsoir quand même ! Oui, moi aussi je vous aime beaucoup mais est-ce que je…

Jack se retint pour ne pas hurler de douleur devant l’exclamation de joie dont il était à l’origine. Il poursuivit pourtant sa conversation.

- Je voudrais vraiment parler à Antéa, demanda-t-il. C’est urgent.

Sam n’en pouvait plus et arracha le téléphone des mains de son supérieur.

- Laissez-moi faire… Je ne les intéresse pas !

Jack ne se fit pas prier trop heureux de se débarrasser des hurleuses en folie de l’autre côté du combiné.

- Allô ! reprit Sam. Où est Antéa, s’il vous plait ? Oui, je suis le major Carter… Quoi ? Mes cheveux ? Euh… rien de spécial, un simple shampooing aux œufs. Non, pas d’antipelliculaire… Pour mes mains, je ne fais que passer une à deux fois par jour une crème à l’aloe vera… Merci.

Le chef de Sg-1 regardait avec incrédulité la jeune femme rougir sous la montagne de compliments qu’on devait lui dire. Elle était plus pitoyable que lui.

- Carter ? rappela-t-il

La jeune femme revint sur terre et prit son air le plus déterminé.

- C’est très gentil, dit-elle un d’un ton ferme, mais où est Antéa ? Merci.

Elle se tourna vers Jack un sourire satisfait sur les lèvres.

- Elles vont la réveiller, indiqua-t-elle. Elle s’est évanouie à votre premier mot.

- Mon Dieu ! commenta Jack

- Ah ! Antéa ! Enfin ! s’écria la jeune femme

Sam se tourna de nouveau vers son supérieur qui la regarda avec étonnement.

- Il y a un problème ?

Sa subordonnée eut une grimace gênée.

- Vous vouliez dire quoi à Antéa ?

- Rendez-moi ce téléphone ! pesta-t-il en reprenant possession de l’appareil

Jack s’éloigna rapidement afin de parler au calme avec Antéa. Teal’c savait que, de tous, Sam était peut-être l’être le plus sain et envisagea sérieusement de lui demander ce qu’il se passait et aussi accessoirement où se trouvait Jonas. Mais à peine avait-il ouvert la bouche que petit Jack et Janet réintégraient la maison.

- Mais je vous assure qu’à ce stade je ne peux pas savoir la couleur des yeux de vos jumeaux ! vociféra le médecin hors d’elle. D’ailleurs, je ne sais même pas si vous aurez des jumeaux !

- Mais vous m’avez dit que petite Sam pourrait supporter une grossesse multiple ? s’étonna le jeune homme

- Je vous ai dit qu’elle pourrait la supporter, pas qu’elle aurait forcément des jumeaux !

- Oui, c’est vrai, admit petit Jack. Pourquoi pas des jumelles ?

Le docteur du Sg-C ne semblait plus pouvoir en entendre plus. Sam s’apprêtait à aller tempérer les ardeurs du futur père quand de nouveaux arrivants firent leur apparition.

- Nous voilà ! s’écria celle que Teal’c identifia immédiatement comme le double du docteur Frasier accompagné par Jonas

Il y eut alors un silence de mort. Jack resta un bon moment muet avant de parler à son interlocutrice.

- Antéa ? J’ai un petit problème. Je vous rappelle.

Il raccrocha sans entendre les protestations de la jeune femme et observa avec une totale incrédulité la star armée d’une caméra secondée par Jonas qui tenait un gigantissime micro.

- Mais qu’est-ce que c’est que ça ? dit-il d’un ton faussement désinvolte

- Vous pourriez refaire ce mouvement de sourcil ? demanda le double de Janet toute excitée

- Pour ça, vous devriez plutôt demander à Teal’c, signala Jonas.

- Ah oui ? s’étonna la star

- Eh ! interrompit Jack. Vous allez m’expliquer ce qu’il se passe ? Je vous ai permis de nous accompagner dans la mission de sauvetage de petite Sam, je n’ai jamais dit que vous pourriez nous filmer !

- Ah bon ? dit l’actrice dans une de ses plus belles interprétations de la femme parfaitement étonnée. Je croyais que vous aviez compris que j’avais l’intention de faire de ce documentaire mes premiers pas dans la réalisation.

Jack devint rouge de colère.

- J’étais censé le deviner dans « S’il vous plait, je peux venir avec vous ? » ?!

- Je suis connue pour être quelqu’un de très subtile, se vanta la star.

Jack et le reste de son équipe firent la moue.

- Ken m’a toujours demandé de réfléchir à l’idée de devenir réalisatrice, expliqua le double de Janet. Mais j’attendais le bon moment et je crois que j’ai enfin trouvé le sujet mêlant parfaitement l’émotion et l’aventure.

- C’est non ! hurla Jack manquant de s’arracher la moitié des cheveux

Le téléphone qu’il tenait en main se mit alors à sonner.

- Ce doit être Antéa, supposa Sam.

- Si vous ne me laissez pas faire, vous devrez me rendre ce qui m’appartient, menaça la star, et je ne sais pas si j’ai envie de répondre.

Jack pesta intérieurement. Il détestait les chantages.

- Vous savez que j’en ai besoin ! protesta-t-il tout de même

- Et moi j’ai besoin d’un oscar dans une catégorie autre que meilleure actrice féminine, répliqua le double de Janet tandis que le téléphone continuait à sonner. Et accessoirement d’un massage. Je ne pensais vraiment pas que ces caméras étaient si lourdes !

- Très bien ! D’accord ! céda Jack. Vous pourrez nous filmer mais Jonas ne viendra pas avec ce micro. Il nous ferait repérer.

- Pas de problème ! répondit rapidement la star diplomate. Vous devriez répondre maintenant.

- Merci ! cracha Jack en s’éloignant. Petit Jack, viens avec moi.

Son double le suivit sans broncher bien qu’il ne sût absolument pas à quoi il serait utile. Teal’c se demandait ce que les deux hommes préparaient quand il sentit une pesante présence près de lui. Découvrant la caméra du double du docteur Frasier braqué sur lui, il leva un sourcil en signe d’étonnement.

- J’adoooooooooooooooooooooooooooooore ! jubila la star. Vous pourriez m’apprendre ?

Le Jaffa fixa la jeune femme comme si les mots qui venaient de sortir de sa bouche n’avaient aucun sens provoquant par là une nouvelle exclamation extasiée.

- Vous êtes si expressif des sourcils ! C’est incroyable !

Janet allait voler au secours de Teal’c mais Jack et son double étaient de retour après leur conversation téléphonique.

- Bon, tout est prêt, dit le chef de Sg-1.

- Alors, on y va ? s’écria la star en se dirigeant déjà vers la sortie

- Noooooon ! répliqua Jack en la rattrapant par le col. Nous devons attendre le petit matin. Ensuite, le plan sera simple : on va au couvent, on va chercher petite Sam et on part de Colorado Springs.

A part son double, tout le monde resta dubitatif.

- C’est un peu vague, mon colonel, finit par dire Sam prudemment.

- Mais non ! assura son supérieur confiant. Petit Jack, Teal’c, Jonas et moi connaissons le couvent comme notre poche. Ce sera du gâteau.

Janet se pencha vers Sam.

- Je croyais que les couvents étaient réservés aux femmes, dit-elle stupéfaite.

- Si petite Sam est enceinte maintenant, il a bien fallu que petit Jack entre au moins une fois, répliqua Sam pince sans rire. Et par solidarité masculine, les autres l’y ont aidé.

- Mais comment va-t-on partir de Colorado Springs ? demanda Jonas. Il n’y aura pas de train à cette heure !

Jack fut interrompu dans sa réponse par un gloussement du double de Janet.

- Continuez, continuez, pressa-t-elle. J’adore ce genre de conversations, la mise en place du plan d’attaque. C’est très excitant !

- Oh la ferme ! dit son double excédé

- On coupera ça au montage…

- O’Neill, reprit Teal’c, Jonas Quinn a raison. Comment allons-nous quitter Colorado Springs ?

- Et qu’est-ce qu’Antéa a à faire là-dedans ? ajouta Sam

Jack et son double se regardèrent avec gêne, se consultant du regard pour décider lequel d’entre eux parlerait pour les sortir de ce qui semblait être un mauvais pas.

- Ça, commença Jack, vous le saurez en temps voulu…

- Oui, poursuivit son double, il faut laisser un peu de suspense pour le film…

Janet et Sam secouèrent la tête avec suspicion. Les deux jeunes femmes sentaient qu’elles n’allaient pas aimer la suite des opérations.

*

Le double de Janet soupira. Cela faisait déjà trente interminables secondes que Jack, Teal’c, Jonas et petit Jack étaient partis vers le couvent encore endormi. Aux côtés de la jeune femme, le seul membre féminin de Sg-1 et le docteur du Sg-C observaient la progression des quatre hommes avec inquiétude. Elles devaient avouer qu’ils semblaient parfaitement savoir ce qu’ils faisaient mais cela ne les rassurait pas pour autant.

- Pourquoi ne m’ont-ils pas emmenée ? demanda boudeusement la star

- Ils sont déjà assez là-dedans, répliqua Janet lassée. Et puis je doute que tu te fondrais dans le décor.

- Tu plaisantes ? s’écria son double. J’ai plus l’air d’une bonne sœur qu’eux !

- Ça, commenta Sam, c’est à voir…

La star fit comme si elle n’avait pas entendu et mit en marche sa caméra.

- Ça vous dirait pas une petite interview ? demanda-t-elle enjouée

- Non ! répondirent en chœur les deux Terriennes

Le double de Janet s’approcha d’elles un peu plus rendant inutile tout zoom.

- Allez ! Soyez gentilles ! supplia-t-elle. J’ai besoin d’un point de vue féminin !

- On a dit non ! répéta Sam en mettant sa main sur l’objectif. Maintenant, éteignez ce truc !

Naturellement, la star n’obtempéra pas et le major se tourna vers Janet pour lui demander de l’aide. Mais l’attention de son amie avait été attirée par quelque chose.

- Qu’est-ce que c’est que ça ? demanda-t-elle en désignant l’alliance de Sam

- Vous savez très bien ce que c’est, dit celle-ci agacée tandis que le double de Janet, sentant le scoop, était enfin silencieuse.

- Mais ce que je ne sais pas, poursuivit le médecin, c’est avec qui vous êtes mariée. Et je doute que, amoureux comme il l’est de votre double, petit Jack vous ait offert une bague.

Sam roula des yeux exagérément. Janet avait vraiment le don pour rendre sa situation encore plus ridicule qu’elle ne l’était déjà.

- Vous ne me croiriez pas même si je le jurais sur la tête de Cassie ! se défendit la jeune femme

- Dîtes toujours, intervint la star.

- Eh ! protesta Janet. C’était à moi de dire ça !

- C’est bon ! calma son double. On n’est pas dans un film, c’est pas chacun sa ligne !

- De toutes façons, tout est la faute de petit Jack, se justifia Sam. C’est lui qui nous a mariés le colonel et moi.

- Parce qu’en plus il est prêtre ! s’exclama la star horrifiée. Mais quelle décadence dans l’église catholique !

Janet occulta le commentaire de son double et eut un regard clément pour son amie.

- Les identités fictives, devina-t-elle. Je comprends.

Elle eut tout de même un sourire coquin. Sam n’aurait jamais pu espérer que le médecin du Sg-C laisserait passer une telle occasion.

- Mais dîtes-moi, vous allez vite en besogne ! Il vous suffit d’une nuit ensemble pour vous fiancer et de quelques mois pour vous marier !

- Et plus que quelques heures avant une annulation à l’amiable ! conclut Sam.

Les deux jeunes femmes éclatèrent de rire au plus grand bonheur du double de Janet.

- Au fait, repensa le médecin. Comment avez-vous su que petite Sam était enceinte ? C’était vraiment la dernière solution que j’avais envisagée pour une religieuse !

- Une expérience personnelle ? proposa la star

Les deux Janet gloussèrent tandis que Sam riait jaune.

- Cela fait déjà plus d’un mois que petit Jack découchait tous les soirs où il avait rendez-vous avec petite Sam. Je ne sais pas comment le colonel, Teal’c et Jonas ont fait pour ne s’apercevoir de rien.

Les trois jeunes femmes se consultèrent du regard.

- Les hommes ! expliquèrent-elles tout simplement

- Donc, finit Sam, rien à voir avec une expérience personnelle. De toutes façons, vous me voyez, moi, en bonne sœur ?

- Oh non ! répliqua Janet. La cornette serait tout à fait inutile !

Son amie s’apprêtait à sortir un commentaire bien senti mais un bruit se fit entendre. Instinctivement, elles levèrent toutes la tête vers le ciel.

- Mais qu’est-ce que c’est ça ? s’étonna Sam tandis que le son devenait un réel vacarme. Ça va réveiller tout le monde !

L’apprentie réalisatrice s’avança et braqua sa caméra vers les cieux.

- Trop cool ! Un hélicoptère !

Sam et Janet restèrent bouche bée. Il n’y avait aucun doute : cela ne pouvait être qu’un coup de Jack et de son double.

- Mais… mais… on dirait qu’il va se poser ici ! comprit avec peine le seul membre féminin de Sg-1

Mais le double de Janet se tournait déjà vers l’entrée du couvent où il y avait une certaine agitation.

- Ah ! Enfin ! s’exclama-t-elle. Ils arrivent avec petite Sam !

Les quatre hommes les rejoignirent bientôt accompagnés par la jeune fille. Malgré le regain d’activité, Sam ne semblait pas en mesure de faire un geste.

- Carter, bougez-vous ! ordonna Jack tandis que l’hélicoptère était au sol. Le taxi nous attend !

Il s’approcha d’elle et l’attrapa par la manche.

- Mais mon colonel, bégaya la jeune femme, c’est un hélicoptère de guerre !

- Bah ! On n’est pas à un anachronisme près !

Jack la força à accélérer le pas car le bruit avait commencé à ameuter la population de Colorado Springs et une mère supérieure particulièrement en colère.

- Mais comment avez-vous fait ? poursuivait Sam ne se remettant pas. Un engin si gros et en si peu de temps !

La jeune femme fut alors assez près pour découvrir le pilote qui faisait de grands signes de la main. Elle put même lire sur ses lèvres ce que celui-ci disait à petit Jack.

- Salut fiston ! s’écria M. O’Neill

Sam se tourna vers Jack, abasourdie. Son supérieur lui sourit gentiment.

- Il a été pilote pendant la guerre, expliqua-t-il. Et il adorait raconter ses années sur le front. En l’écoutant, j’avais vraiment l’impression qu’il s’agissait d’un passe-temps sympa.

Jack fronça les sourcils comme s’il venait de comprendre quelque chose de crucial.

- En fait, c’est de sa faute si je me suis engagé dans l’armée ! reprocha-t-il

La porte de l’hélicoptère s’ouvrit alors pour faire monter les précieux passagers. Apparemment, M. O’Neill avait emmené quelqu’un pour l’aider dans sa mission de sauvetage.

- Saluuuuuuuuuuuuuuuuuut ! s’exclama Antéa

Jack fit un pas en arrière tandis que les autres commençaient à grimper sous les regards étonnés des habitants qui regardaient la scène avec incrédulité.

- Oh non ! Pas elle ! supplia-t-il. Carter ! Protégez-moi ! Elle a les mains baladeuses !

*

Sam progressa avec difficulté à l’intérieur de l’hélicoptère. Pour un soldat de l’armée de l’air, elle trouvait qu’elle supportait très mal leur voyage. D’autant plus que les autres passagers semblaient profiter parfaitement de ce relatif moment de calme compte tenu du bruit, de la température et de l’inconfort total de leur étonnant mode de transport. Teal’c et Jonas entouraient Janet de près pour qu’elle pût entendre le récit de leurs aventures, Jack et monsieur O’Neill étaient aux commandes commentant les performances de l’hélicoptère et Antéa répondait de bonne grâce à l’interview insidieuse du double de Janet. Petite Sam et petit Jack, quant à eux, étaient assis sur de moelleux coussins que le jeune homme avait dû demander à son père d’apporter pour sa dulcinée.

Maintenant qu’ils avaient quitté Colorado Springs, les deux tourtereaux ne se gênaient plus pour montrer leur amour en plein jour. Les observant se mirer dans le regard de l’autre avec un air rêveur, Sam se demanda s’ils n’en faisaient pas un peu trop.

- Tu es sûre que tu veux m’épouser ? demanda petit Jack

- Oui ! répondit petite Sam avant de l’embrasser. Et toi ?

- Bien sûr ! répondit le jeune homme presque choqué par sa question.

Il déposa un léger baiser sur ses lèvres qui s’intensifia rapidement.

- Mais, précisa-t-il à bout de souffle, tu sais que ma mère et ma grand-mère sont des vrais furies ?

- Oui ! répondit-elle amoureusement

- Qu’elles nous mèneront sûrement la vie dure ? poursuivit le jeune homme

- Oui ! s’exclama petite Sam. Et je m’en fiche ! C’est toi que j’épouse, pas elles ! Et puis tu n’as pas rencontré mon père et mon frère ! Ils vont vouloir te tuer !

- Je m’en fiche aussi ! répliqua petit Jack en la serrant un peu plus dans ses bras. Du moment qu’ils ne font du mal ni à toi ni à…

Le jeune homme s’arrêta et regarda le ventre plat de sa fiancée d’un air indécis.

- Ni à tout ce qu’il peut y avoir là-dedans, conclut-il.

Sam sourit. Ils en faisaient vraiment trop mais elle ne pouvait pas leur en vouloir.

- Ils sont mignons, hein ? dit alors le double de Janet la faisant sursauter. A quand votre tour avec Jack ?

Pour toute réponse, Sam tira la langue à la caméra avant de s’éloigner. Elle n’avait aucune intention d’étaler sa vie privée — ou plutôt la vie privée qu’elle n’avait pas — devant l’objectif.

- On ne coupera pas au montage ! signala la star

Un hurlement se fit alors entendre dans la carlingue.

- Mais laissez-moi ! Je vous ai dit de me laisser ! Assez !

- Mais qu’est-ce qu’il se passe ? s’étonna le double de Janet

- Un colonel en détresse ! répondit Sam en s’élançant vers l’avant de l’hélicoptère

- Je viens ! s’écria la star en la suivant

Quand les deux jeunes femmes arrivèrent, l’apprentie réalisatrice dut retenir son souffle.

- Waow ! Je n’ai jamais vu quelqu’un d’aussi rouge ! s’extasia-t-elle en zoomant sur Jack sur le point d’exploser

Si M. O’Neill était tranquillement assis à sa place, fixant consciencieusement l’horizon, Sam avait du mal à comprendre ce qui, dans l’amas de bras et de jambes, appartenait à son supérieur et à ce qui appartenait à Antéa.

- Carter ! Au secours ! cria Jack

Remarquant enfin de nouvelles personnes auprès de lui, M. O’Neill se retourna. Son visage s’illumina littéralement quand il reconnut son ex-belle-fille.

- Oh ! dit-il sur un ton plus qu’aimable. Bonjour Samantha !

- Bonjour M. O’Neill, je suis ravie de vous revoir, salua la jeune femme.

Si petite Sam pouvait s’inquiéter de l’accueil qu’elle recevrait de la part de la mère et la grand-mère de petit Jack, elle n’aurait vraiment aucun mal à amadouer son futur beau-père.

- Carter ! Je meurs !

Sam comprit enfin qu’Antéa par un expert jeu de jambes retenait son supérieur assis et avait passé ses bras autour de son cou. Elle semblait de plus le serrer à outrance à en juger la visage toujours plus rouge de Jack.

- Il faudrait peut-être dire à la jeune fille de se calmer ou à votre Jonathan de se détendre, fit remarquer M. O’Neill.

- Je ne veux pas me détendre ! Je veux juste qu’on me sorte de là !

- Quel suspense intense ! souligna le double de Janet. Va-t-il mourir ou pas ?

- Carter ! Faites quelque chose !

Sam se rendit devant ce dernier appel au secours et soupira. Elle fit reculer la star qui pesta de ne pas avoir une assez bonne vue sur les ultimes instants de Jack.

- Que diriez-vous de filmer en direct la conversation de nos doubles au colonel et à moi avec M. O’Neill ? proposa Sam

- L’heure des révélations rien que pour moi ? Ce serait super cool ! s’écria la jeune femme

- Alors sortez-moi Antéa de là, ordonna le seul membre féminin de Sg-1.

La réaction fut immédiate. L’apprentie réalisatrice réfléchit quelques instants puis n’eut qu’une phrase à dire.

- Antéa, lâchez le colonel et je vous offre un rôle dans mon prochain film !

Il y eut des bruits de pieds qu’on piétinait et des bras qu’on écrasait mais bientôt la turbulente fan et son idole apparaissaient enfin décollés.

- Merci Carter ! dit Jack ironiquement. Vous avez été très rapide !

La star, quant à elle, prenait en charge sa nouvelle actrice et lui colla son téléphone portable dans les mains. La jeune fille s’assit sagement dans un coin de l’appareil.

- Je lui ai dit d’annoncer la nouvelle à toutes ses amies. Je pense que ça lui prendra le reste du voyage, évalua le double de Janet en revenant vers les deux soldats.

- Voilà une solution efficace ! commenta Jack soulagé. Prenez-en de la graine, Carter !

- Bon, on y va ? demanda la star en réajustant sa caméra sur l’épaule. C’est pas que je m’ennuie mais j’ai une scène cruciale à filmer !

Elle poussa sans ménagement Jack et Sam vers leurs doubles. Après s’être raclée la gorge à plusieurs reprises, la jeune femme parvint enfin à retenir leur attention.

- Euh, commença-t-elle bientôt troublée de se trouver face au couple avec son colonel.

- Laissez-moi faire, Carter, intervint son supérieur.

Petit Jack et petite Sam les fixaient avec étonnement.

- Eh ! Les jeunes ! Vous ne pensez pas que Papa aimerait bien apprendre les bonnes nouvelles ?

- Oh mon Dieu ! Papa ! s’exclama le jeune homme semblant redescendre sur terre. Il nous a sauvés et il ne sait toujours pas pourquoi !

Le couple se leva rapidement, petit Jack tenant sa dulcinée fermement contre lui pour éviter tout risque de chute.

- Attendez ! s’écria Sam en retenant son double par le bras

Elle retira avec quelques difficultés son alliance et la donna à la jeune fille.

- Cadeau de fiançailles, expliqua-t-elle tandis que le couple souriait largement. Tous mes vœux de bonheur.

- Merci ! répondirent les deux jeunes gens en chœur

Avec un air mélancolique, Sam les regarda partir, suivis par le double de Janet, pour rejoindre M. O’Neill. Elle remarqua alors le sourire un peu moqueur de Jack.

- Je ne vous savais pas si attachée à eux, constata-t-il.

- Vous plaisantez ! s’écria Sam la larme à l’œil. C’était juste pour la caméra ! Ce ne sont que des morveux !

Le sourire de Jack s’agrandit montrant qu’il n’était pas dupe.

- Puisque vous avez donné votre alliance, reprit-il, je dois comprendre que notre mariage est fini ?

Sam soupira et prit son courage à deux mains.

- Oui ! lâcha-t-elle avant de changer d’avis

- C’est dommage, regretta son supérieur, c’était plutôt chouette.

- Plutôt chouette ? répéta la jeune femme incrédule. Mes crises de jalousie et vos nuits sur le rocking-chair vous trouviez ça chouette ?

- Oh ! Carter ! supplia Jack. Je vous en prie, ne gâchez pas tout !

*

Tels deux agents du diable attendant leurs proies, elles étaient debout, les bras fermement croisés, nullement décontenancées par le vent violent créé par les pales de l’hélicoptère.

Malgré elle, Mme O’Neill laissa échapper un soupir de soulagement en voyant l’engin se poser sans problème. A ses côtés, sa belle-mère semblait bien plus curieuse de savoir quelle nouvelle lubie avait saisi son fils.

Les deux femmes du clan O’Neill avaient été tout d’abord très intriguées par ce que Johanna leur avait dit sur l’absence du maître de maison à leur retour de leur vente de charité. La domestique avait précisé que leur mari et fils avait reçu un mystérieux coup de téléphone puis était sorti en déclarant qu’il allait faire une « petite ballade ». Connaissant le fort penchant de l’homme pour les euphémismes, elles avaient mené rapidement leur enquête pour découvrir que M. O’Neill avait fait jouer ses relations pour pouvoir emprunter à l’armée un de leurs plus gros hélicoptères. D’après son plan de vol, il devait effectuer un rapide aller-retour entre leur ville et Colorado Springs et cela en plein milieu de la nuit.

Alors, elles attendaient. Mme O’Neill avait hésité à montrer son inquiétude à sa belle-mère de peur de paraître trop faible. Bien sûr, son mari n’en était pas à son premier coup d’essai en cette matière mais cela faisait des siècles qu’il n’avait pas piloté. Et elle le connaissait assez pour savoir qu’il avait du mal à comprendre qu’il n’avait pas les mêmes capacités que dans le passé. Pour lui, tout ce qu’il entreprenait devait réussir. Et il en était de même pour sa mère qui ne devait pas du tout se demander si son fils parviendrait à poser un hélicoptère plus de vingt ans après son dernier vol.

Mais la précision du jeune homme présent lors du décollage avait assombri l’humeur de Mme O’Neill. En effet, celui-ci lui avait appris que son mari était parti en compagnie d’une ravissante femme âgée d’un peu plus de vingt ans. Mme O’Neill avait senti son cœur se briser en mille morceaux. Comment avait-il osé ? Lui faire cela à elle ! Cependant, elle n’avait pas fui et s’était bien gardée d’en dire un mot à sa belle-mère. Elle était restée pour voir le visage horrifié de son mari quand il comprendrait qu’elle savait tout.

Quand l’immense porte s’ouvrit, les deux femmes regardèrent avec étonnement Teal’c, Jonas, Antéa, Janet et son double descendre de l’appareil. Mais qui étaient ces gens dans cet accoutrement ridicule ? Et comment son mari pouvait-il les connaître ? Et pourquoi était-ce à lui que ces personnes s’étaient adressées pour venir les chercher ? La mère de M. O’Neill grogna imperceptiblement quand apparurent Jack et Sam. Acquiesçant, sa belle-fille serra les poings. Elle aurait dû se douter que ces deux êtres malfaisants étaient mêlés à toute cette histoire. Après tout, c’était eux qui lui avaient volé son fils ! Mais immédiatement un autre espoir saisit son cœur : peut-être qu’elle reverrait Jonathan et peut-être que la jeune femme qui accompagnait M. O’Neill n’était qu’une autre intrigante que son mari avait été obligé d’emmener avec lui. Elle retint sa respiration quand, enfin, son époux et sa progéniture émergèrent à leur tour de l’hélicoptère. Ils encadraient avec une grande délicatesse une jeune religieuse.

- Voilà peut-être le miracle que nous attendions ! s’exclama sa belle-mère. Elle doit avoir libéré Jonathan de l’influence maléfique de la sorcière !

- Oh mon Dieu ! s’écria Mme O’Neill en reconnaissant enfin la bonne sœur. Elle s’est dédoublée !

Jack eut un sourire moqueur en voyant la mère de son double répondre faiblement au signe de la main de son mari. On voyait sur son visage qu’elle savait parfaitement qui l’accompagnait et que cela ne lui plaisait pas beaucoup. Sans plus attendre, il rejoignit le reste de son équipe ainsi qu’Antéa et le double de Janet.

- Bon, je vous charge de tout organiser pour notre retour, leur apprit-il. Carter et moi avons deux ou trois choses à régler avec la famille O’Neill. Un conseil : restez à distance, cela risque d’être sanglant.

- Mais mon colonel, protesta Sam, nous partons ! Cela n’a plus aucune importance !

- Oh si ! Cela a de l’importance ! répliqua son supérieur. Je vous rappelle que ces charmantes dames ont envoyé des tueurs à gage à nos trousses et je veux des excuses.

Sans tenir compte de sa réponse, il attrapa la jeune femme par le bras et se dirigea vers la famille de son double. Le double de Janet ne tarda pas à les rejoindre.

- S’il y a du sang et des tueurs à gage, il faut absolument que je sois là !

Ils arrivèrent juste après que M. O’Neill eût embrassé respectueusement sa mère. Fait étonnant : sa femme le regardait d’un air peu amenant. En face d’elle, Petit Jack tenait la main de sa fiancée et fixait durement les deux personnes qui l’avaient pratiquement chassé de sa maison.

- Quel voyage ! s’exclama M. O’Neill en serrant son épouse peu coopérative dans ses bras

Surpris, il s’écarta d’elle et tenta de découvrir ce qui n’allait pas.

- Que se passe-t-il ma chérie ?

- J’aimerais savoir où tu étais passé et surtout ce que tu faisais avec tous ces gens ! s’écria sa femme sur les nerfs en désignant les passagers de l’hélicoptère

- Johanna ne vous a rien dit ? s’étonna M. O’Neill

- Bien sûr qu’elle nous a prévenues ! répliqua la mère de petit Jack. Mais tu crois que piloter pendant je ne sais combien d’heures, pour aller je ne sais pas où, avec la première pépé venue est…

M. O’Neill l’interrompit en la serrant dans ses bras mais cette fois-ci de façon à ce qu’elle ne pût plus s’échapper.

- Je suis si content que tu te sois inquiétée pour moi, mon amour.

- Mais non, démentit sa femme, ce n’est pas du…

Il la fit taire en l’embrassant si goulûment que petite Sam se signa tandis que les autres dégoûtés détournaient les yeux mis à part le double de Janet, trop contente de filmer un échange de microbes en direct.

- Ils le font souvent ? demanda petite Sam en se penchant vers son fiancé

- A chaque fois qu’il veut avoir raison, répliqua ce dernier.

La jeune fille acquiesça d’un air pensif.

- N’essaye jamais ça sur moi, prévint-elle.

- Assez ! s’écria alors la grand-mère outrée par ce spectacle un peu trop osé maintenant que Mme O’Neill répondait parfaitement au baiser de son mari. Vous croyez que c’est un exemple pour Jonathan ! Que feriez-vous s’il agissait comme un dépra…

- Y aurait-il un problème, Mère ? coupa son fils en interrompant son étreinte à regret

La vieille dame n’osa pas répondre créant l’admiration de Jack et Sam pour le patriarche. Celui-ci ne semblait pas traumatisé par l’affront qu’il avait fait à la femme qui l’avait mis au monde. Il s’apprêtait à embrasser de nouveau celle qu’il avait choisie pour épouse quand sa mère le retint violemment par la manche.

- Je t’ordonne d’arrêter cela tout de suite ! se rebella-t-elle. Tu ne crois pas que la situation est assez horrible pour en rajouter.

- Mère, vous commencez à m’ennuyer ! menaça M. O’Neill.

- Mais il faut réagir ! Mon petit-fils s’en va et revient comme bon lui semble et sans jamais nous donner de nouvelles et tu ne fais rien ! Cela ne peut plus durer ! Tu dois faire quelque chose pour cet enfant au lieu de te montrer ainsi en public ! Vous allez ruiner la bonne réputation de cette famille et nous déshonorer ! Je ne pourrais pas le supporter ! Et ta femme non plus quand elle comprendra ce qu’elle fait !

- Ah oui ? demanda M. O’Neill

Il se tourna vers sa femme qui ne semblait pas vraiment en mesure de se souvenir du lieu où elle se trouvait ou même de son nom.

- Tu penses vraiment que mon comportement va ruiner la réputation de notre famille, ma chérie ? poursuivit son mari

- Oh non, mon amour ! s’écria-t-elle par automatisme

Les yeux levés au ciel de Jack et son double confirmèrent à Sam et le sien que ce comportement était des plus normaux chez leur future et ex belle-mère. Sam frissonna en songeant que Jack avait trouvé lui aussi une technique imbattable pour faire d’elle tout ce qu’il voulait. Cependant, un regard furieux de l’aïeule de la famille O’Neill fit vite reprendre conscience à la mère de petit Jack.

- Je voulais dire oui ! répliqua-t-elle en se reprenant. Il faut que nous montrions dignes de notre statut dans cette ville !

- Et nous y arriverions sans peine si ton père était encore là, reprit la matriarche. Il n’aurait jamais toléré que vous n’engagiez pas de nurse pour le petit ! Vous l’avez pourri avec votre manque de discipline et votre habitude de vous donner ainsi en spectacle en permanence comme si vous étiez encore des collégiens ! Voilà ce que ça…

- Silence ! interrompit M. O’Neill sans pour autant être fâché

Il se décolla à regret de son épouse et prit son air le plus sérieux pour parler aux deux femmes de sa vie.

- J’ai appris que vous aviez fait et dit des choses qui ne me plaisent pas du tout, annonça-t-il.

- Je t’assure que non, mon chéri…

- Ah ! Silence ! Vous trouviez ça drôle de lancer un contrat sur la tête de Jack et Sam ?

Il désigna les deux Terriens qui firent un petit signe de la main pour se faire identifier. La religieuse se signa de nouveau. Mme O’Neill se mordit la lèvre tandis que sa belle-mère ne semblait pas ressentir un début de culpabilité ou de regret.

- Ç’aurait pu vraiment les mettre en danger ! signala en bon maître d’école M. O’Neill

Jack se retint pour ne pas lui signaler que c’était le but recherché. Dans son monde, le père de son double ne devait pas connaître les mauvaises pensées.

- C’était un accident ! se défendit la mère de petit Jack

- S’il vous plait, Mme O’Neill, supplia le chef de Sg-1 lassé. Arrêtez, vous êtes pathétique !

La femme eut un regard de tueur pour Jack qui s’empressa de fixer ses chaussures comme un gamin fautif.

- Et quelle idée absurde de renier Jonathan ! reprit M. O’Neill. Et tu ne peux pas dire que c’est un accident !

- Mais ce n’est pas de ma faute ! Ce sont eux qui m’ont forcée ! dit-elle en désignant Jack, Sam et petit Jack. Et pourquoi tu ne demandes pas des explications à ta mère ? Elle aussi a renié notre fils !

- En fait, c’est parce que ça ne m’étonne pas d’elle, avoua-t-il dans une grimace.

- Mais comment oses-tu dire ça de ta mère ! s’exclama cette dernière horrifiée

- Et comment avez-vous osé faire ça à votre petit-fils ? répliqua sa progéniture. Ma femme, au moins, regrettait son geste !

Tous les regards se tournèrent vers Mme O’Neill qui rougit de se voir découverte.

- Maman ? demanda petit Jack incertain. Vous regrettiez ?

- Un petit peu…

M. O’Neill fronça les sourcils tandis que le visage du jeune homme s’éclairait.

- Un petit peu ? Et c’est pour cela que tu pleurais à chaque fois que je te demandais des nouvelles de notre fils ?

- Oh ! Maman ! dit petit Jack en serrant sa mère dans ses bras. Vous ne pouvez pas savoir combien ça me fait plaisir que vous ayez pleuré pour moi !

Mme O’Neill resta quelques secondes stoïque dans l’étreinte de son fils puis osa le tapoter dans le dos.

- Excuse-moi, Jonathan, dit-elle d’une voix pourtant émue. Je me suis laissée emporter. Je ne pensais rien de ce que je t’ai dit.

On entendit alors le double Janet pleurnicher derrière l’objectif tant son émotion était grande. Troublant cette scène de concorde familiale, Jack se racla la gorge malgré le regard désapprobateur de sa subordonnée.

- Et pour nous ? demande le chef de Sg-1

Mme O’Neill prit une grande inspiration comme si elle s’apprêtait à faire quelque chose qui lui déplaisait.

- Je vous présente aussi toutes mes excuses.

- Vous êtes content maintenant ? demanda Sam

La jeune femme dut se retenir pour ne pas rire en voyant Jack avec un immense sourire sur le visage.

- Ce serait parfait si Grand-mère voulait bien s’excuser aussi mais je crois que c’est désespéré, commenta-t-il.

En effet, celle-ci semblait totalement se désintéresser de la conversation et observait Teal’c comme s’il était une bête curieuse.

- Bien, conclut M. O’Neill ne se faisant lui aussi aucune illusion sur le repentir de sa mère, j’espère que vous allez revoir sérieusement votre sens de l’humour et surtout que vous ne recommencerez pas !

- Plus jamais ! promit sa femme

- Mère ? tenta M. O’Neill

Elle ronchonna mais finit par acquiescer mollement. Jack trouva tout de même tout cela un peu trop facile et décida de mettre les deux femmes à l’épreuve.

- Il faudrait peut-être les mettre à l’écart quelques temps, suggéra-t-il à M. O’Neill. Elles seraient capables de faire fuir petite Sam avant le mariage !

- Se retrouver dans ma situation en étant religieuse est une sorte d’humour assez spécial, signala la jeune fille dans un sourire. Donc je vous assure que je ne quitterai jamais petit Jack.

Les deux tourtereaux se sourirent puis naturellement s’embrassèrent créant un étrange effet de répétition.

- Mais quel mariage ? demanda Mme O’Neill en regardant son fils et sa future belle-fille avec horreur se décoller

- Je suis d’accord avec lui, intervint le double de Janet. D’autant plus que cela ne durerait pas très longtemps puisqu’il faut vous marier le plus vite possible. Enfin, avant que ça ne se voie.

Les futurs mariés et M. O’Neill acquiescèrent devant les visages médusés des deux ignorantes.

- Quel mariage ? demanda la grand-mère au bord de l’apoplexie

- Et avant que quoi ne se voie ? répliqua Mme O’Neill

Petit Jack prit une grande inspiration tout en regardant sa fiancée.

- Je vais épouser petite Sam, annonça-t-il. Enfin, si tu es toujours d’accord !

- Oui !!!!!! s’exclama la jeune femme pour la énième fois en se jetant à son cou pour l’embrasser de nouveau

Mme O’Neill dut se raccrocher à son mari sous peine de sombrer.

- Et tu ne devineras jamais, mon amour ! ajouta son mari avec enthousiasme. Nous allons bientôt devenir grands-parents !

Son épouse parut faire de l’apnée tandis que sa belle-mère, rouge de colère, s’apprêtait à parler mais Sam lui coupa la parole.

- Rappelez-vous que vous ne devez pas recommencer, dit-elle perfidement.

- Mon petit-fils unique, l’un des plus beaux partis de Gè va épouser une obscure religieuse enceinte et vous voulez que je ne fasse rien pour le sauver ? s’écria-t-elle

- Mais Mère, petite Sam n’est pas n’importe qui, répliqua M. O’Neill. C’est la fille du général Carter !

- Et ce n’est pas non plus n’importe quelle religieuse ! ajouta le double de Janet. Je crois qu’elle est la première que nous avons pu arracher du couvent de Colorado Springs !

- Oh mon Dieu ! murmura la grand-mère avec une voix blanche. Ils… l’ont… enlevée…

Elle glissa assez lentement pour que son fils, aidé par Jack, pût la rattraper.

- C’est l’émotion, crut bon de préciser M. O’Neill. Johanna !

Sam et le double de Janet froncèrent les sourcils en voyant la domestique de la maison apparaître de nulle part un quart de seconde après.

- Ramenez Mère à la maison, s’il vous plait, pria-t-il tandis que la grand-mère se réveillait.

- Très bien, M. O’Neill, répondit docilement Johanna avant de partir.

Sam et la star ne purent la quitter des yeux tandis qu’elle disparaissait avec l’aïeule de la famille O’Neill.

- Mais comment arrive-t-elle à faire ça ? demanda l’apprentie réalisatrice

- C’est une énigme scientifique que j’aimerai bien résoudre, répondit la jeune femme.

- Je crois que votre femme devrait rentrer aussi, signala alors petite Sam en désignant du menton Mme O’Neill qui était plus pâle qu’un cachet d’aspirine.

- Ma chérie, tout va bien ? demanda l’époux de cette dernière en se précipitant vers elle pour la soutenir.

- Je… Je vais… très bien, répondit-elle les yeux dans le vide. Je cherche seulement à comprendre comment notre fils arrive à se mettre dans de telles situations. J’ai beau fouiller dans tous mes souvenirs, je ne me rappelle pas avoir fait quoi que ce soit qui aurait pu me préparer à… à ça…

Petite Sam eut un regard compatissant pour sa future belle-mère.

- Si cela peut vous consoler, mon père n’est pas du tout prêt non plus, dit-elle. Il ne sait même pas que j’étais au couvent avant de rencontrer petit Jack.

Mme O’Neill eut un gémissement prévoyant le pire mais parvint à rester consciente.

- Cela lui fera une excellente surprise, assura son mari à la jeune fille. Il saura que vous ne pouviez pas faire de meilleur choix, tout comme Jonathan.

- Ah oui ? demanda sa femme pas du tout convaincue

- Regarde-la, mon amour. Elle est exquise, elle est jeune. Elle est issue d’une famille respectée et le fait qu’elle ait été religieuse est le gage d’une grandeur d’âme supérieure à la moyenne et d’une vie saine. Quoi de meilleur pour un mariage stable et un enfant en parfaite santé ?

Mme O’Neill observa d’un œil neuf sa future bru.

- C’est vrai que de ce point de vue…

- Et en plus, nous serions les premiers de notre promotion à avoir un petit-fils ou une petite-fille, ajouta son époux.

Les yeux de la mère de petit Jack s’illuminèrent subitement.

- Oui ! Nous serons les premiers ! s’écria-t-elle. Nous organiserons un mariage grandiose, nous dirons que Jonathan Junior est né prématuré et nous ferons une fête encore plus grandiose pour son baptême !

Tous se regardèrent avec incrédulité. Où avait-elle trouvé subitement tant d’énergie ?

- Ce pourrait être une fille, osa contredire petite Sam en brisant le silence.

Mme O’Neill la regarda avec un air de défi.

- Ce sera un garçon, décida-t-elle.

- Mais Maman…

- Ecoute, Jonathan, reprit sa mère sèchement, je suis spécialiste de ce genre de choses et je te dis que ce sera un garçon et que vous l’appellerez Jonathan Junior !

- Elle est voyante ? demanda discrètement le double de Janet

- Non, mais elle aura raison dès que j’aurais payé l’échographiste, précisa M. O’Neill.

Sa femme eut alors un rire diabolique qui fit frissonner tout le monde.

- Appelez-moi donc belle-maman, petite Sam, dit-elle en passant son bras autour des épaules de sa bru. Et ne vous inquiétez de rien. Je ferai tout pour vous et… *mon petit-fils*.

Jack, Sam et le double de Janet se penchèrent vers son double tandis que M. et Mme O’Neill commençaient à prendre en main petite Sam encore toute décontenancée par le changement d’attitude de la mère de son fiancé.

- Vous pensez qu’elle est sincère ? demanda petit Jack

- J’ai des doutes, répondit la star. Je rencontre tellement d’acteurs talentueux en ce moment ! Dites, vous pensez que votre mère et votre grand-mère voudraient bien jouer dans un de mes films ?

- Je crois qu’elle l’est, admit Sam sans tenir compte du double de Janet. Et même si elle feint, elle découvrira que la petite n’est pas un danger, bien au contraire.

- Ça vous va bien de dire ça ! lui fit remarquer Jack.

Il se tourna plus sérieusement vers son double tandis que la jeune femme haussait les épaules.

- Ne la laisse jamais seule avec elle, conseilla-t-il. On ne sait jamais.

- De toute façon, je n’avais pas l’intention de la quitter des yeux une seconde, répondit petit Jack déterminé. Et puis Papa trouvera bien quelque chose pour occuper Maman.

- Beurk ! firent en chœur les autres dégoûtés

*

Jonas tapa consciencieusement les coordonnées pour rentrer sur Terre. Se retrouvant devant les symboles, il s’était demandé pendant une seconde s’il serait capable de se rappeler de ceux qui les ramèneraient enfin chez eux avant que sa main ne glissât tout naturellement vers eux.

- Je suis bien content de partir, dit alors Jack au reste de son équipe. J’en avais vraiment assez d’Antéa et ses regards malsains, de cette star et sa caméra et encore plus de petit Jack et de petite Sam.

- Je pense pourtant que c’était eux les plus sympathiques, fit remarquer Teal’c.

- Mais ils se bavaient continuellement dessus ! répliqua Jack. C’était répugnant !

- Vous oubliez M. et Mme O’Neill, précisa Janet.

- Beurk ! firent en chœur tous les autres

- En tout cas, ils nous aimaient tous assez pour nous proposer de rester, signala Sam.

- Vous seriez restée, vous ? demanda Jonas intrigué

- Noooooon ! Ils sont tous malades !

- Je confirme, ajouta Janet. Franchement j’ai hâte de rentrer sur Terre, de revoir la base et surtout Cassandra.

- Je suppose que cela sera possible dès que nous aurons fini le débriefing, lui apprit Jack.

- C’est-à-dire pas avant quatre ou cinq heures, précisa Jonas.

Le chef de Sg-1 eut un long soupir tandis que la Porte entrait enfin en activité. Tous se dirigèrent vers la flaque bleutée et partirent pour la Terre.

Ils apparurent tous bientôt en salle d’embarquement et se sourirent avec soulagement. Ils étaient enfin de retour.

- Bienvenue chez vous ! salua le général Hammond qui les attendaient en bas de la rampe. Je suis content de vous revoir les enfants !

- Moi aussi, mon général ! s’écria Janet en le serrant dans ses bras. Dieu que vous avez grandi !

Le chef du Sg-C ne comprit pas tout mais se dit que la jeune femme n’aurait certainement pas eu le même comportement si elle savait qu’au moment même un soldat libérait Cassandra de la cellule où on l’enfermait dès qu’elle quittait l’école.

Jack s’apprêtait à saluer son supérieur avec un peu moins d’effusion quand il y eut un éclair près de Jonas. Le jeune homme eut un immense sourire en constatant qu’on venait de lui livrer les nouveaux numéros du Tauri-Match et du SgC-Inquire.

- C’est impressionnant ! s’exclama Sam. On dirait une télétransportation asgarde !

Teal’c leva un sourcil soupçonneux.

- Maintenant que vous me le dîtes, appuya Jack, on dirait vraiment un coup de Thor. J’en ai plus subi que vu mais je pense comme vous.

Le Jaffa eut un grognement rageur et quitta sans autre forme de procès la salle d’embarquement. Le célèbre petit homme gris aurait du souci à se faire la prochaine fois qu’il croiserait Teal’c.

Le général Hammond observa la scène avec inquiétude. Jack lui tapota gentiment sur le bras.

- Prévoyez de l’aspirine pour le débriefing, le prévint-il. Il faudra être bien au calme pour tout comprendre. Préparez même beaucoup de papier et beaucoup de crayons, je crois que vous aurez besoin de prendre beaucoup de notes !

- Je vous attends tous en salle de débriefing dans une heure, dit le général en souriant avant de partir.

Janet, Jonas, Jack et Sam se dirigèrent alors vers l’infirmerie. Se retrouvant dans leurs murs habituels, ils semblaient prendre conscience de tout ce qu’ils avaient vécu au cours de ces derniers mois.

- Si on suite le parallèle entre les deux planètes, commença Jonas, il doit s’y passer exactement les mêmes choses ?

- Oui, répondit Sam. Pourquoi ?

- Rien, je constatais seulement que tout ce qu’il se passera entre petit Jack et petite Sam dépend de vous, conclut le jeune homme

- Ça va être gai ! commenta Janet

Jack et Sam ne prirent même pas la peine de répondre à la pique de la jeune femme.

- A moins que Gè puisse nous influencer comme la Terre peut influencer Gè, proposa Jonas.

- Ce n’est pas possible, répondit le chef de Sg-1. Petit Jack et petite Sam sont plus jeunes que nous.

- Non, mon colonel…

- Docteur, vous êtes gentille, mais je vous assure qu’ils sont plus jeunes que nous !

Janet et Sam sourirent.

- Je voulais simplement dire que Jonas a raison, poursuivit la jeune femme. Mon double a quelques heures de moins que moi mais elle s’est mariée et a divorcé bien avant moi !

Jack et Sam se regardèrent avec inquiétude.

- Mais comment pouvez-vous dire que petit Jack et petite Sam sont en avance sur nous ? demanda le seul membre féminin de Sg-1. Nous avons vu la grand-mère de petit Jack !

- Eh ! protesta son supérieur. Ma grand-mère est toujours vivante !

- Désolée ! s’excusa Sam dans une grimace

- Hein ? demanda Jack choqué

- Non ! dit-elle en rougissant. Je ne le pensais pas dans ce sens là ! Je suis très contente que votre grand-mère soit vivante !

- Je préfère ça !

Sam espérait qu’ils n’auraient pas de réponse à sa première question mais malheureusement Jonas semblait penser à tout.

- Antéa nous a raconté toute la vie de petite Sam, leur apprit-il. Elle a perdu sa mère à dix ans et elle est partie pour Colorado Springs après le remariage de son père. Elle est donc en avance sur vous.

Il y eut un grand silence. Sam ne se laissa pas abattre pour autant.

- Et petit Jack ? demanda-t-elle à Jonas

Cette fois-ci, la solution vint du chef de Sg-1 qui se racla la gorge.

- J’ai remarqué que nos souvenirs différaient de quelques mois, dit-il en fixant le sol comme un gamin fautif. En fait, il a fait toutes nos bêtises avant moi. Mais je vous assure que je ne suis pas un copieur !

Janet eut un large sourire tandis que Sam regardait Jack avec horreur.

- Ce qui veut dire…

- Ce qui veut dire que Jacob va se remarier ! s’écria Jack outré. Quel cachottier !

Jonas et Janet préfèrent accélérer le pas pour rire sans risquer de se prendre des coups. Sam fut alors arrêtée par son supérieur.

- Carter, ne me dites pas que vous êtes « e » ?

- Non, je vous rassure, je suis « i » régulièrement.

Jack parut un peu déçu au plus grand étonnement de Sam. Il était scientifiquement impossible qu’elle fût enceinte. Il n’allait tout de même pas commencer à la faire douter !

- Bon, dit-il. Mais on devrait quand même réfléchir au prénom. J’aime beaucoup petit Jack et petite Sam.

La jeune femme ne put se retenir et éclata de rire malgré la tête très sérieuse de son interlocuteur.

- Vous plaisantez, j’espère ? dit-elle en reprenant son calme. Et puis, nous sommes loin d’y être !

- Mais il ne faudrait pas être pris au dépourvu ! répliqua Jack. Vous savez, ce genre de choses arrive tellement vite ! En plus, il en faudra plusieurs.

- Plusieurs ? répéta la jeune femme en le regardant comme s’il était devenu fou

- Vous ne croyez tout de même pas qu’ils vont s’arrêter à un enfant ! lui rappela Jack

- Euh, je ne sais pas, mentit Sam en imaginant très bien leurs doubles avec une famille nombreuse.

- Bon, soupira-t-il. Restons sur un prénom si vous voulez. Alors, vous avez une idée ?

- Que pensez-vous de Georges ? proposa alors une voix venant de derrière les faisant tous les deux sursauter

Ils se retournèrent et découvrirent avec effroi le général Hammond avec un sourire malin sur les lèvres.

- Ce n’est pas ce que…

- Je vous rappelle que vous êtes attendus en débriefing et à l’infirmerie, coupa tout simplement leur supérieur.

- On y court, mon général, répondit Jack.

Le chef du Sg-C acquiesça et retourna à ses occupations. Sam eut un lourd soupir et se remit en route avec Jack. Ils restèrent silencieux quelque temps encore, toujours sous le choc de leur entrevue.

- Il a raison, finit par dire le chef de Sg-1. Georges est pas mal du tout, surtout si c’est lui qui doit sauver nos têtes !

Ils éclatèrent de rire tous les deux.

- En tout cas, il a l’air de s’investir un peu plus que vous dans l’avenir de nos enfants, fit remarquer Jack d’un ton faussement grave.

Sam n’en revenait pas. Elle ne l’avait jamais connu si obstiné et insistant !

- Mais comment pouvez-vous être tellement persuadé que nous aurons des enfants ensemble ? demanda-t-elle

Jack eut un sourire mystérieux qui la fit immédiatement fondre. C’était dans ces moments là qu’un couloir désert en sa compagnie devenait extrêmement dangereux.

- Vous savez très bien que je n’ai besoin que de trois mots pour vous convaincre, lui souffla-t-il tandis qu’ils s’approchaient toujours un peu plus de l’infirmerie.

- Vous êtes sûr ? demanda Sam tout en se sentant céder rien qu’à l’idée d’entendre « mon petit lapin » sortir de nouveau de sa bouche

- Ne jouez pas à ça, Carter, la prévint-il, ou vous comprendrez bien plus vite que vous ne le pensez que j’ai raison.

Ils s’arrêtèrent devant l’entrée de l’infirmerie et il s’effaça pour la laisser passer. Elle le regarda une dernière fois.

- C’est une menace ? dit-elle avec un brin de provocation

Elle eut droit à un nouveau sourire qui l’aurait liquéfiée sur place si cela avait été possible. Il se pencha vers elle, ses lèvres frôlant cette fois délibérément son oreille.

- Non, c’est une promesse, Carter. Une promesse que je tiendrai.

FIN !!!!!!!

Note finale : Et voilà ! Je vous remercie d’avoir tout lu !!!! Je vous signale d’ors et déjà qu’une version collector (c’est-à-dire un fichier avec l’INTEGRALITE des épisodes) est disponible si vous me le demandez gentiment (chantage au feed-back).

Et pour les personnes qui auraient l’idée saugrenue de me demander une suite, voilà dès à présent ma réponse : quand Sam apprendra que son double a eu des quintuplés, elle suivra un traitement de stimulation ovarienne, Thor mourra dans d’atroces souffrances et fera la une du Tauri-Match ET du SgC-Inquire à cette occasion et réalisera par là son rêve secret, Janet privera Cassandra de sortie pendant 135 ans en découvrant l’état de sa maison, Jonas finira commère du SgC, le film du double de Janet aura les Oscars de la meilleure réalisation, de la meilleure prise de son, des meilleurs décors, du meilleur scénario, du meilleur documentaire, de la meilleure photo, de la meilleure actrice (1er ET 2nd rôle), du meilleur film pour son documentaire qui battra tous les reccords du box-office et enfin Antéa fera un grand succès de libraire avec son livre-autobiographie « Deux minutes cinquante sur les genoux de Jack O’Neill ». Vous êtes satisfaits ?

 
 
Conçu par Océan spécialement pour Imagine.
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