C’était comme une chaîne qui reliait ses lèvres aux siennes, et puis comme un souffle qui se posait silencieusement sur son cœur. C’était ce mot, celui qu’on prononce trop de fois, souvent à tord et à travers. Ce petit mot si facile à prononcer quand on croit aimer ou quand on aime vraiment, mais pourtant si difficile à définir avec d’autres mots. C’était cette sensation qu’on recherche si souvent et qu’on trouve très rarement, seulement une fois dans sa vie.
C’était juste un baiser. Juste un pour que tout devienne vrai à leurs yeux. Pour que plus rien n’ait d’importance. Pour que seules leurs lèvres comptent.
Lentement, sans ouvrir ses yeux elle quitta les lèvres de Jack et posa son front contre le sien. La serviette alla rejoindre le sol. Le regard de Sam suivit la serviette avant de remonter vers le visage de Jack, avec un sourire en coin. Il captura à nouveau ses lèvres, plus ardemment encore, presque voracement. Il ferma la porte et fit glisser sa main le long du dos de Sam. Celle-ci se détacha de lui, préférant monter dans la chambre, donner un rythme plus effréné à ce qui n’était encore qu’un prélude à leur corps désirés.
Le soleil, comme chaque matin, baignait la chambre de son agréable lumière. Quelques uns de ses rayons allèrent éclairer le visage de Jack, que Sam, réveillée depuis quelques minutes, ne se lassait pas de regarder. Elle remonta les draps sur sa poitrine puis avec sa main droite décida de réveiller Jack avec douceur. Elle lui caressa d’abord le nez, puis la joue. Elle le vit sourire, mais il ne se décidait pas à ouvrir les yeux. Alors elle approcha son visage du sien et alla parsemer son nez de petits baisers bruyants. Sans qu’elle ne puisse réagir, il se retourna et roula sur le corps de Sam pour enfin se lever et aller dans la cuisine. Sam soupira, trop contente de savourer réellement ce moment. Sans penser aux conséquences, sans penser à rien d’autre qu’à l’homme qui était en train de lui préparer un petit déjeuner.
Elle passa une main sur son visage, regarda par la fenêtre, les yeux encore fatigués, puis enfila ses sous-vêtements et alla rejoindre Jack à la cuisine.
« Bonjour.
-Bonjour. »
Il s’avança pour l’embrasser quand il vit la tenue qu’elle portait.
« Je voudrais pas être rabat-joie, mais si tu ne mets pas de tee-shirt, le petit déjeuner devra attendre.
-Je ne voudrais pas être rabat-joie, mais ta tenue est très tentante aussi. »
Il se regarda, puis :
« C’est vrai. Mais c’est pas une raison. »
Il l’embrassa brièvement, puis ils s’installèrent autour de la table pour manger.
« Je sais qu’il est midi passé, mais j’avais pas envie de faire à manger.
-C’est pas grave, j’adore les brunchs. »
Ils discutèrent quelques minutes, le temps de finir de manger, puis ils allèrent se doucher pour pouvoir se promener après.
« Ca me fait un peu peur.
-Quoi ?
-Cette situation.
-Pourquoi ?
-Tu es le seul qui sache pour Myriam. Tu es aussi celui avec qui je viens de faire l’amour, alors qu’il y a un règlement qui nous l’interdit.
-Je me vois plutôt comme ton confident…
-Oh, je vois. Et la confidence passe aussi par le sexe.
-C’est ça. »
Elle rit, puis reprit.
« Sérieusement, c’est un problème.
-Ca te bloque à ce point là ?
-C’est pas que ça me bloque, c’est juste que… c’est juste que j’ai l’impression de faire quelque chose de mal. Mais en même temps tu es le seul qui me comprenne vraiment. »
Elle s’arrêta quelques secondes, puis reprit.
« Je suis tellement soulagée d’avoir enfin pu évacuer mes sentiments, mais en même temps tellement inquiète pour l’avenir.
-Tu te rappelles de la chose que je devais te dire ?
-Tu m’as dit que tu attendais le bon moment pour me la dire, tu m’as dit que ça dépendait de moi.
-Je voulais que ça vienne de toi, je ne voulais pas que ce que je vais te dire maintenant, n’altère ton jugement ni ne te pousse à faire certaines choses. Je voulais que tu sois vraiment sincère.
-Je l’ai été ?
-Oui. »
Elle attendit patiemment qu’il continu, jusqu’à ce que :
« J’ai donné ma démission lundi dernier.
-Quoi ?
-J’ai réfléchi à la discussion qu’on a eue tous les deux. Je me suis subitement rendu compte que j’étais trop vieux pour certaines choses, et que si je continuais d’attendre sans rien faire, je serais trop vieux pour tout ce que je voudrais entreprendre. Je l’ai fait pour moi. Je ne savais pas ce que tu éprouvais vraiment, mais j’avais le sentiment que si je me libérais de ce poids, je pourrais vraiment être moi-même. Cette liberté nouvelle m’a offert de nouveaux horizons. J’ai pu jouer avec toi, poser des regards plus insistants, te frôler par un hasard intéressé… Choses que je ne me serais jamais permis de faire si j’avais eu le règlement derrière moi. »
Sam le regardait lui dire toutes ces choses, sans pouvoir réagir, sans pouvoir répondre. Son regard brillant laissait deviner la confusion, puis le bonheur qu’elle ressentait. Elle savait qu’il avait mûrement réfléchi, qu’il avait tourné et retourné la question dans sa tête, et elle était sûr qu’il avait pris la bonne décision.
« Je ne sais pas quoi dire, je… je suis tellement contente.
-Je dois l’annoncer aux autres jeudi.
-Je devrais moi aussi leur parler de Myriam.
-Tu es sûre ?
-Oui, je pense qu’il ne faut pas que j’attende plus longtemps.
-Je pensais faire une petite fête chez moi jeudi soir, tu pourrais peut-être leur dire là bas.
-Oui.
-D’accord. On rentre ?
-Tu as prévu quelque chose ?
-Peut-être bien que oui… »