Ses sentiments pour elle n’étaient pas venus en un jour, ç’aurait été mentir que de parler d’un coup de foudre.
Certes, cela avait fait une étincelle dès la première fois, quand elle s’était opposée à lui dans cette salle de briefing, se permettant de lui répondre devant le reste de son équipe. Il l’avait laissée faire, perplexe d’abord, mais finalement plus amusé que réellement froissé.
Parce qu’elle lui avait plu. Physiquement bien sûr, mais surtout grâce à sa répartie. Il l’avait sentie droite, honnête, compétente. Elle s’était rebellée, ce qui était contraire à la façon dont ils étaient censés agir, mais il l’avait un peu cherché et n’avait que pu apprécier la franchise dont elle avait fait preuve pour s’imposer. Il savait que ce n’était pas facile pour elle.
De là à le lui montrer, il y avait cependant un grand pas qu’il ne s’était certainement pas risqué à franchir. Ils allaient devoir travailler ensemble et même si elle avait fait bonne impression, il voulait aussi qu’elle fasse ses preuves. Il restait son supérieur et il entendait bien qu’elle respecte cela. Si elle était aussi douée que ce qui était imprimé sur son dossier et ce que son instinct lui avait dicté, alors il ajusterait éventuellement leur relation. Contrairement à ce qu’elle avait sûrement pensé, elle n’était pas la première femme placée directement sous ses ordres et il n’avait jamais fait la moindre différence entre les soldats qu’il commandait. Il était réputé pour être intransigeant, mais il se savait surtout objectif.
Il avait suffi d’une mission pour qu’il soit sûr. Elle était douée.
Alors il avait accepté cette nouvelle équipe à la configuration si particulière. Un extraterrestre, un archéologue et un unique soldat, scientifique en plus : pas ce qu’il aurait imaginé diriger un jour. Mais il en avait senti le potentiel et une telle opportunité ne se refusait pas. Bien sûr, il n’avait pas l’habitude de ne commander qu’un seul soldat sur le champ de bataille et même si Teal’c et Daniel ne contestaient que rarement ses ordres, c’était à elle qu’il les donnait en premier lieu.
Ils en avaient forcément développé une relation un peu particulière : il avait beau être plus gradé que le reste de la base mis à part Hammond, il était avant tout son supérieur à elle. Rien qu’à elle.
Cela ne lui avait pas posé de problème, l’équipe fonctionnait de toute façon parfaitement grâce à cette alchimie peu commune qu’ils avaient tous. Beaucoup avaient douté de SG-1, si peu militaire, soi-disant favorisée. Ils savaient tous les quatre à quel point tout cela était faux. Si cela fonctionnait, c’était tout simplement parce qu’ils étaient les meilleurs dans leurs domaines.
Il avait une relation privilégiée avec Sam mais il ne la traitait pas différemment pour autant, tout comme il ne ménageait pas Teal’c et Daniel. Certes, il avait appris à écouter les suggestions que chacun apportait parce qu’il avait compris que cela pouvait leur sauver la vie. Mais il continuait de donner les ordres, elle d’obéir et les autres de suivre, la plupart du temps du moins.
Oui, cela fonctionnait bien, peut-être trop même. Au fil des missions, il avait relâché la pression qu’il maintenait sur elle, volontairement d’abord, en lui montrant sa confiance et en lui laissant plus d’autonomie. Puis il s’était ouvert à elle, moins consciemment cette fois.
Jusqu’au jour où il s’était rendu compte qu’il n’était plus objectif.
Et qu’ils avaient un sérieux problème.
A dire vrai, il s’était senti mal à l’aise quand il avait réalisé. Certes, c’était une belle femme, elle était intelligente, ils s’entendaient bien. Tous les ingrédients étaient réunis. Mais c’était aussi le cas de beaucoup de relations qu’il entretenait avec d’autres, à commencer par Janet.
C’était juste qu’avec elle…
Oh, il avait bien essayé de se dire que la proximité, la frustration sexuelle ou toute autre raison logique était à l’origine de ce qu’il croyait ressentir. Que ce n’était pas réel, que c’était un fantasme. Il avait sincèrement tenté de combattre ce sentiment qui montait en lui et qu’il n’avait plus connu depuis trop longtemps.
En vain, parce que c’était là et c’était réel. Et aussi cliché que cela ait pu paraître, il avait dû s’avouer que lui, le colonel Jack O’Neill, était tombé amoureux de sa subordonnée.
C’était pathétique, il en avait bien eu conscience. Sans aller jusqu’à se dévaloriser lui-même, il fallait reconnaître qu’il n’était peut-être pas l’idéal pour elle. Elle avait dix ans de moins d’abord, elle était plus intelligente – quoique cet argument n’était pas trop valable dans la mesure où son QI était de toute façon supérieur à celui de tous les autres. Mais surtout il traînait avec lui des ombres qu’aucune femme ne devrait partager. Alors en étant réaliste, il ne voyait pas trop ce qu’elle pourrait lui trouver. Surtout qu’elle se montrait plus « amicale » avec certains extraterrestres qu’avec lui.
Mais c’était toujours là, ce sentiment qui ne voulait le quitter, aussi déplacé soit-il. Une sensation interdite mais aussi grisante, irrésistible.
Et il avait commencé à noter les détails, à voir que peut-être…
A se rendre compte qu’elle aussi n’avait pas un passé facile. Qu’elle aussi lui jetait fréquemment des coups d’œil. Que leur relation paraissait parfois moins naturelle, plus empruntée, et surtout pas ce qu’elle était censée être.
Que cela avait eu lieu dans d’autres réalités, et même fonctionné.
Il s’était surpris à espérer, à commencer de faire des projets qu’il abandonnait tout de suite en se sermonnant d’y avoir même songé.
C’était quand il s’était retrouvé coincé sur Edora qu’il avait pleinement réalisé à quel point c’était ancré profondément en lui.
Elle lui avait manqué à en crever.
On aurait pu arguer qu’il y avait eu Laira, mais en toute honnêteté, ç’avait été une nuit de déprime et d’ivresse. Il avait beau apprécier celle qui l’avait recueilli, il avait regretté. Sans compter que de toute façon, il ne pouvait lui offrir ce qu’elle demandait.
C’était naturellement à ce moment-là que SG-1 l’avait retrouvé. En son for intérieur, il s’était senti soulagé et n’avait pas hésité un seul instant quant à la décision à prendre : il ne resterait pas ici avec Laira. Seulement il n’était pas un goujat non plus et n’avait pu se résoudre à être totalement indifférent envers celle qui avait pris soin de lui pendant cent jours, d’autant plus qu’il l’appréciait réellement. Simplement pas comme elle l’aurait voulu. Alors il avait assumé, quitte à ne pas se montrer reconnaissant pour son équipe qui s’était battue pour lui. Daniel lui avait fait suffisamment comprendre qu’il avait été déçu par son attitude d’ailleurs.
Quant à Sam… Bien sûr qu’il avait vu son soulagement de le retrouver. Bien sûr qu’il avait vu le treillis qui flottait, les cernes qui assombrissaient son regard et les larmes qui menaçaient de couler. Bien sûr qu’il avait vu la blessure dans ses yeux, celle qu’il venait de lui infliger. Rien ne lui avait échappé.
Et il avait alors compris. Compris qu’elle aussi…
Et pendant qu’elle devait le maudire et se maudire, lui avait senti son cœur se gonfler dans sa poitrine.
Etonnamment, il s’était senti plus libre et il s’était montré plus entreprenant par la suite, ayant enfin réalisé que finalement, tout cela était peut-être possible. Naturellement, les interdits étaient toujours là, mais ils lui avaient presque paru dérisoires à cette époque. Alors il y avait eu les regards plus appuyés, le flirt plus évident. Les invitations au chalet.
Et elle avait été hésitante, ne sachant manifestement pas ce qu’il était approprié de faire. Il n’avait pas trop compris d’ailleurs, s’était dit qu’elle n’avait pas digéré Edora. Il aurait dû être plus clair…
En y réfléchissant, c’était en fait sûrement là que la danse avait réellement commencé entre eux. Ils avaient appris les pas chacun de leur côté pendant trois ans, avant de passer à la pratique.
Où ils avaient lamentablement échoué…
Bien sûr, cela avait été hésitant au départ, rien d’alarmant : il demandait, elle refusait. Puis revenait, et le pas recommençait. Mais cela s’était amplifié tout au long des deux années qui avait suivi, finissant par empoisonner l’histoire. Elle s’était dérobée trop de fois pour qu’il puisse garder ses certitudes.
Lui avait voulu tenter, mais en la voyant ainsi esquiver, il s’était dit que ce n’était peut-être pas ce qu’elle voulait.
Il s’était mis à douter, à voir à nouveau ces barrières entre eux. A avoir peur. Peut-être s’était-il imaginé des choses…
Jusqu’au prochain signe, à la prochaine lueur d’espoir. Et le pas recommençait, encore et encore. Sans qu’elle paraisse le maîtriser plus que lui.
En deux ans, il avait vu ses certitudes, ses espoirs s’envoler peu à peu. Balayés par la réaction de la jeune femme après le test Zatarc, parce qu’elle voulait laisser cela dans cette pièce. Rejetés par son comportement après qu’ils avaient retrouvé la mémoire, parce qu’il avait eu peur, encore.
Et pourtant, la flamme brûlait encore, la musique jouait toujours : ils dansaient, de moins en moins en accord, mais toujours ensemble.
Les sentiments n’avaient pas disparu, ils s’étaient simplement cachés derrière les obstacles.
Les barrières à franchir pour être ensemble avaient paru trop imposantes, ils avaient continué la danse au lieu de faire face. Leur histoire était rongée par les non-dits et en silence, ils avaient regardé les faux-pas s’enchaîner, de plus en plus évidents mais jamais mentionnés.
Par peur.
Jusqu’au jour où la musique avait changé, les faisant trébucher.
Il n’aurait jamais pensé que l’orchestre qui jouait derrière eux avait une telle importance, ni que Daniel en était un pilier. Sa mort avait brisé quelque chose dans l’harmonie déjà vacillante de leur couple. Au lieu de s’accrocher, ils s’étaient éloignés. Désormais, il n’était plus présent que lorsqu’elle était en danger. Quand le pas se faisait difficile et qu’elle menaçait de chuter…
Peu à peu, ils avaient relâché leur étreinte et même le retour de leur ami n’avait pas renversé le processus.
La danse avait été trop longue, ils en étaient tous les deux conscients. A trop hésiter et se cacher, ils avaient détruit ce qu’ils avaient.
Dans l’idéal, ils en auraient parlé et en mettant les choses à plat, ils auraient pu prendre une décision réfléchie, ensemble. Peut-être affronter enfin la réalité.
Mais ils avaient commencé sans un mot, et ils avaient fini dans le silence des non-dits.
Elle avait lâché sa main la première.
Il n’avait pas pu lui en vouloir de tenter sa chance avec un autre cavalier, lui était épuisé d’avoir tourné pour rien, sans s’être résolu à s’arrêter en la gardant dans ses bras. Elle s’en était allée dans ceux d’un autre.
Il avait même été soulagé, se convaincant que c’était mieux ainsi, qu’il n’aurait de toute façon pas été pour elle. Trop d’obstacles et pas assez de volonté pour les surmonter.
Oui, c’était mieux.
Malgré la douleur.
Et pour cela, pour que rien ne vienne entacher ce nouvel équilibre, il avait mis sur son visage le masque de l’indifférence, encourageant la jeune femme à resserrer son étreinte avec son nouveau prétendant.
Leur danse à eux ne devait pas reprendre, elle était sans fin. Elle les avait fait trop souffrir.
Il allait être l’ami, la laissait évoluer sur la piste sans lui, avec un autre. Pour qu’ils n’aient pas la tentation de recommencer à tourner tous les deux. Pour qu’elle soit enfin heureuse et qu’il oublie enfin.
Du moins le croyait-il…
Car la flamme entre eux était restée, refusant encore une fois de mourir.
Sûrement sa faute, parce qu’il avait continué à être ce soutien pour elle dans les difficultés et les épreuves. Il avait bien senti qu’il aurait suffi de peu pour qu’elle revienne dans ses bras. Mais à chaque fois qu’elle avait esquissé un pas, il l’avait rejetée.
Bien sûr, il était toujours là, quand elle avait besoin de lui, quand elle allait mal. Peut-être plus qu’avant même. Il s’était même permis des gestes de réconfort, de ceux qu’il n’avait plus osé depuis qu’il avait réalisé ce qu’il ressentait pour elle. Mais cette fois-ci, il n’y avait plus d’ambiguïté : il n’était plus le cavalier.
Sauf que si lui avait choisi l’indifférence pour arrêter de souffrir et surtout lui laisser une chance de bonheur, Sam avait plutôt paru déstabilisée. Peut-être par les marques d’affection, peut-être parce que c’était trop ancré en elle aussi. Elle doutait clairement, ne cessant de revenir vers lui, alors même qu’il faisait son possible pour la rejeter…
Il n’avait pas osé espérer, il avait trop essayé pour se permettre de faire encore cette erreur.
C’était trop tard… Il savait que tout cela ne les mènerait à rien, elle continuerait de se dérober. Et lui aussi pour être honnête.
C’est alors qu’elle était revenue une dernière fois et qu’il avait pris cette décision irrévocable. De mettre fin à cette histoire.
Et alors même que Jacob était en train d’abandonner sa fille, lui aussi était parti.
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Cela devait bien faire plusieurs minutes qu’il était appuyé contre le chambranle de la porte.
Jack soupira et se redressa enfin, se dirigeant vers la cuisine. Tel un automate, il se versa du café dans la première tasse qu’il avait posée sur la table après avoir mis la cafetière en marche. La seconde était à côté, vide. Il n’y toucha pas, se contentant de la regarder d’un œil morne.
Il avait obtenu ce qu’il voulait. Avec trois ans de retard, certes, mais c’était enfin terminé.
Le breuvage lui brûla la langue mais il n’y prêta pas attention. La douleur irradiait son corps de toute façon. Elle n’aurait pas dû.
Il aurait pensé qu’il ressentirait du soulagement, il s’était trompé. Il avait eu faux sur toute la ligne d’ailleurs…
Il se frotta le visage et un nouveau soupir lui échappa.
Pourquoi avait-il fallu qu’elle vienne ? Il avait mis fin à tout cela, à ce tango qu’ils avaient dansé pendant huit ans. Du moins avait-il cru…
La décision de partir n’avait pas été facile à prendre, mais elle avait été mûrement réfléchie. La plupart de ses collègues avaient jugé qu’il quittait précipitamment le SGC mais il n’en avait rien été. Les démarches avaient en réalité duré plusieurs mois : il avait pris sa décision alors que Daniel était en route pour Atlantis – enfin la première fois…
C’était à ce moment-là qu’il avait compris que tout changeait autour de lui et qu’il ne pouvait plus rester. Il avait toujours pensé qu’ils resteraient tous soudés jusqu’à l’élimination des Goa’ulds mais le départ de l’archéologue lui avait fait prendre conscience qu’il avait commis une erreur de jugement. Son ami avait manifestement estimé que Pégase était tout aussi importante. Il était bien revenu par la force des choses, mais sa déception avait été visible : il repartirait à la moindre occasion. De même pour Teal’c, que Jack sentait prêt à rejoindre les Jaffas à tout moment. Même Hammond avait l’air de penser que parcourir l’univers en vaisseau était plus utile que de soutenir le SGC à Washington.
Quant à elle, elle allait se marier et avait évoqué l’idée d’avoir des enfants, une vie « normale ».
La vérité l’avait alors frappé en pleine face : ils n’étaient pas indispensables, d’autres pouvaient continuer le combat.
Et pour dire vrai, Jack n’avait aucune envie de rester au SGC sans Daniel, avec un Jaffa prêt à s’en aller à tout moment. Parce qu’il se serait alors retrouvé seul face à elle et son nouveau bonheur, et c’était hors de question. L’indifférence n’empêchait pas la souffrance.
Alors, sans rien dire à personne, il avait demandé sa mutation, exigeant néanmoins de choisir son remplaçant.
Et plus le temps passait, plus il sentait qu’il avait eu raison de chercher à avancer différemment. C’était aussi pour cela qu’il avait entamé cette relation avec Kerry, trop tôt apparemment. Mais au moins, il allait enfin de l’avant.
La victoire finale n’avait en réalité rien changé pour lui, tout était déjà prêt. Elle lui avait juste permis de partir du SGC la conscience tranquille : il avait accompli sa mission.
Il était temps pour lui de céder la place.
Le café était maintenant froid et Jack l’avala avec une grimace. La tasse atterrit dans l’évier sans qu’il prenne le temps de la rincer. Il ferait cela plus tard.
Il entra de nouveau dans son salon où seul le grésillement des enceintes se faisait entendre.
Le militaire écouta un instant ce quasi silence, avant de le trouver soudain oppressant. Ses mains cherchèrent nerveusement un CD dans la pile mais la mélodie qui s’éleva bientôt dans la pièce ne l’apaisa pas.
Il avait vraiment pensé avoir pris la bonne décision…
Avancer, coûte que coûte.
La fuir.
Mettre enfin un terme à cette histoire, s’en aller définitivement, tout cela lui avait paru la meilleure solution.
Même quand elle était venue le trouver et avait découvert pour Kerry, il ne s’était pas écarté du chemin pris. Elle hésitait encore, mais il avait l’habitude de cela : c’était ce qu’elle faisait depuis le début. Il doutait qu’elle s’en soit rendue compte elle-même : elle avait peut-être eu l’impression d’attendre un signe de sa part, mais en y regardant de près, elle avait été ambiguë, faussant les signaux qu’elle-même envoyait. Hésitant…
L’ordre d’affectation était tombé quelques heures avant que Jacob ne meure. Le vieil homme n’en avait jamais rien su, Jack n’avait pas osé lui dire. Sûrement parce qu’il savait inconsciemment que sa décision ne serait pas approuvée.
Mais il était sûr de lui. Alors il avait commencé à faire ses adieux, en douceur. Oui, il serait toujours là pour elle, mais plus comme cela…
Il avait invité son ancienne équipe à son chalet, pour des vacances, tout en sachant qu’il ne reviendrait pas au SGC. Il pensait qu’elle allait encore une fois refuser mais elle avait accepté. Cela n’avait rien changé aux certitudes du militaire.
Il y avait bien eu ce jour où elle avait annoncé à mi-voix qu’elle avait rompu ses fiançailles, il devait avouer qu’il avait été ébranlé dans sa décision pendant quelques heures. Puis il avait réfléchi et conclu qu’il n’avait aucune envie de recommencer ce qu’ils avaient vécu pendant huit ans.
Les choses auraient-elles changé ? Il n’y croyait pas…
Fin de la danse. Sa décision était prise, l’ordre de transfert était signé.
Il partait.
Il ne leur avait dit la vérité que le dernier jour, n’ayant pas voulu plomber auparavant l’ambiance qui régnait au bord du lac. Teal’c avait immédiatement acquiescé et sans surprise annoncé qu’il quittait aussi le SGC. Daniel n’avait rien ajouté, même pas parlé d’Atlantis. L’archéologue avait juste jeté un bref coup d’œil sur Sam qui affichait un vaillant sourire mais s’était tu.
La jeune femme avait été secouée par sa décision, le militaire l’avait bien vu. Mais il avait fait son choix, c’était trop tard. Elle avait grillé ses dernières cartouches des années auparavant, il refusait de se laisser prendre au piège une nouvelle fois.
Jack secoua la tête en s’approchant de la fenêtre pour regarder le soir qui tombait sur Washington.
Il avait été tellement pris dans ses certitudes qu’il n’en avait pas un instant réellement parlé avec elle, persuadé de savoir où cela les mènerait encore. La discussion qu’il venait d’avoir avec Sam lui prouvait qu’il avait peut-être mal jugé la situation. Sûrement même.
Oui, il avait eu marre des hésitations de la jeune femme, au point de décider de mettre un terme à tout cela. Au point de feindre cette indifférence qu’elle lui avait reprochée. Il avait choisi une rupture unilatérale…
Et elle venait enfin de faire elle-même la démarche, comme il l’avait souhaité.
Il avait eu ce qu’il voulait, la fin officielle de cette histoire qui avait mis des années à mourir. Qui n’avait jamais réellement vécu.
Alors pourquoi avait-il malgré tout cette impression de gâchis ?