Gibbs était adossé à la porte, respirant l’air frais sur le seuil de l’appartement. En fait d’appartement il s’agissait plutôt d’une chambre/bungalow. Petite maison de bois entourée d’autres maisons de bois, plus ou moins spacieuses et destinées visiblement au personnel permanent de la maison blanche. Ils étaient un peu à l’écart de la propriété mais en restaient tout de même à quelques minutes de marche.
Après avoir réparti les tâches : le reste de l’équipe vérifiant les dossiers du personnel, il attendait l’arrivée de Mike. Et de Kate. Il attendait depuis maintenant un quart d’heure, et sa patience commençait à atteindre ses limites. Il les entendit avant de les voir arriver : Kate et Mike riant aux éclats et s’approchant tranquillement de leur bungalow. Son sang ne fit qu’un tour de la voir rire comme ça alors que… Alors qu’elle était tout simplement en retard !
Gibbs : Kate, toujours aussi ponctuelle à ce que je vois.
Stunger, intervenant : Ne lui en veut pas Gibbs, c’est de ma faute je les ais retenues un peu plus longtemps. Tu sais ce que c’est…
Gibbs : Hum. Entrez, on vous attendait.
Tony, taquin : Katie, on te croyait perdue dans cette grande maison !
Kate : Tony, cette grande maison comme tu dis je la connais trois fois mieux que toi, j’y ai travaillé je te rappelle.
Gibbs : Hum, hum.
Stunger : Alors, je vous ais apporté votre feuille de mission. Les informations dont vous avez besoin y sont ainsi qu’un plan du périmètre que vous couvrirez. Sachant que pour demain, jour d’arrivée des « invités », je vous ais attribué la route d’entrée ainsi que l’esplanade devant la maison blanche. Pour les jours suivants, et vus que la durée de leur séjour n’est pas connue, je vous distribuerais vos prochains postes au fer et à mesure.
Gibbs : Bien. Et si on veut te contacter ?
Stunger : Dans le sac que j’ai apporté vous trouverez des oreillettes et micros. Pour ce qui est de l’organisation à l’intérieur de votre périmètre, je vous laisse vous en occuper.
Gibbs : Ok, merci Mike.
Stunger leur montra lesdits micros et oreillettes et après leur avoir souhaité une bonne soirée repassa la porte. Kate se rendit compte qu’il avait oublié de récupérer son badge personnel.
Kate, sortant : Hé, votre badge !
Stunger, se retournant : Heureusement que vous êtes là, j’aurais eu l’air malin sinon !
Kate, riant : Disons que ça vous épargne un aller retour, monsieur.
Stunger : Et faites moi plaisir appelez moi Mike, agent Todd.
Kate, souriant : Kate.
Stunger, s’éloignant : Bonne soirée, Kate.
Kate : Bonne soirée.
Il fallait qu’elle arrête de rougir comme une collégienne ou elle allait vite se faire remarquer. C’était ça de travailler avec Gibbs : plus de vie sociale et dès qu’un homme s’intéressait à elle, elle ne savait plus comment réagir ! Elle était risible…
Elle rentra et se trouva prise au milieu d’une joute verbale à propos de…
Tony : Pizzas !
Abby : Chinois !
Mc Gee : Bio !
Gibbs : Bon ça suffit ! On est à la maison blanche bon sang, pas dans une vulgaire planque ! Tony, Mc Gee : vous filez aux cuisines et vous nous rapportez de quoi manger !
Tony : Ok, on est partit !
Kate, riant : Tony tu es pathétique, dès qu’il s’agit de nourriture tu cours…
Tony, sortant : Mais c’est le sel de la vie ma chère Kate.
Elle soupira en secouant la tête, décidément Tony ne grandirait jamais ! Gibbs quant à lui était plongé dans la contemplation du paysage, elle en profita donc pour s’éclipser et rejoindre Abby dans leur chambre. Cette dernière, en train de ranger ses affaires, se retourna à son arrivée et l’accueillit par un regard curieux.
Kate, souriant : Quoi ?
Abby : Quoi, quoi ?
Kate : Abby… Pourquoi tu me regardes comme ça ?
Abby : Pourquoi, tu as l’impression que je te regarde comment ?
Kate souffla et se mit à ranger ses affaires à son tour. Une fois l’ordre revenu dans leur chambre, elles s’assirent et soufflèrent quelques minutes sur le lit.
Abby : Tu sais j’ai l’impression d’avoir à nouveau quinze ans et de devoir ranger ma chambre.
Kate, riant : Oh oui, sauf que je nous imagine mal à quinze ans à ranger le même matériel…
Abby, souriant : C’est vrai que ça aurait fait désordre un P-90 sous le matelas !
Kate : On aurait fait une bonne colloc toutes les deux !
Abby, riant : Oui, quoique je ne sais pas si tu aurais supporté mes petits copains de l’époque !
Kate, riant aussi : Et toi les miens !
Abby : Dis moi, qu’est ce qui te met de si bonne humeur ?
Kate : Rien de spécial, pourquoi ?
Abby : Et cet agent Stunger qui t’as raccompagné ?
Kate, secouant la tête : Abby tu n’y es pas ! On travaille juste ensemble.
Abby : Moui, m’est avis que ça va pas plaire à tous le monde…
Kate : Tu t’expliques ?
Abby : Viens, je crois avoir entendu une porte claquer. Si on ne se dépêche pas on aura plus rien à manger !
Kate : J’arrive.
Gibbs soupira, il se sentait fatigué ce soir. Il devait admettre que se disputer avec Kate ne faisait pas partie de ses occupations préférées… Ducky avait peut être raison, il aurait aimé pouvoir appliqué ses conseils à la lettre et se montrer moins dur avec Kate, mais la voir arriver de la sorte avec Mike, si insouciante… ça l’avait mis en rogne tout simplement et il ne voulait pas chercher plus loin : un retard, c’est un retard ! Abandonnant la contemplation de la fenêtre, il s’apprêta à recevoir Tony et sa nourriture qu’il entendait arriver à grands cris…
Tony, entrant : Voilà le ravitaillement !
Gibbs : Quelle discrétion…
Mc Gee : On a trouvé plein de bonnes choses ! Les cuistots nous on même laissé emporter quelques repas étrangers, ils préparent des plats à thèmes pour les invités du président !
Abby, arrivant : Whaou, c’est pour nous tous ça ?
Tony, désignant fièrement les trois sacs de nourriture : Hé oui ! Merci qui, hein ?
Abby : Merci Tony ! Et toi aussi Mc Gee !
Tony : Kate dépêche le repas est servi !
Cette dernière laissa échapper un soupir sonore, elle n’avait pas faim. Cette journée lui avait coupé l’appétit, les reproches incessants de Gibbs, même les plaisanteries de Tony… Encore une journée où elle aurait mieux fait de rester couchée. Elle éteignit la chambre et alla retrouver ses coéquipiers.
Tony, la bouche pleine : Tu chnous excuches on t’as pas achtendu, hein.
Kate, souriant faiblement : Tony tu es répugnant !
Abby : Hum, en tout cas c’est délicieux ! Merci les garçons !
Ducky : D’ailleurs il y a une légende à propos des repas pris à sept, et… Mais tu ne manges pas Caïtlin, tu veux quelque chose ?
Kate : Non merci Ducky, c’est gentil mais je n’ai pas très faim. Je vais vous laissez finir.
Abby : Tu veux que je vienne ?
Kate : Non, c’est bon. Je suis juste un peu fatiguée, je vais aller me doucher.
Gibbs releva la tête de son assiette à temps pour voir Kate se lever et partir vers la salle de bain. Quelque chose lui dit qu’elle n’était pas simplement fatiguée… Seulement vu leurs relations du moment il préférait ne pas se risquer à le lui demander. Il leva les yeux pour croiser le regard de son vieil ami : Ducky n’était pas dupe.
Kate profita de sa douche pour se détendre, laissant couler l’eau brûlante sur son corps. L’eau qui lui rappelait tant de souvenirs, l’eau qui masquait ses larmes furtives et qui étouffait ses sanglots silencieux. Novembre, ce mois qui la faisait toujours tant souffrir pour des raisons perdues dans les méandres de son esprit, des souvenirs enfouis et oubliés. Mais jamais totalement, comme ce soir où elle pleurait sans raison.
La serviette finit de sécher ses dernières larmes, laissant ses yeux rougis habités son pâle visage. Elle mit plusieurs minutes à enfiler ses vêtements de nuit. De la salle de bain elle entendait les voix étouffées de Tony et Mc Gee en train de se chamailler, d’Abby aussi. Tant mieux, elle appréciait d’avoir la chambre pour elle un moment.
Elle éteignit la salle de bain et se dirigea vers leur chambre. Sans allumer la lumière elle déposa ses affaires, puis ouvrit la fenêtre laissant entrer la brise nocturne. Elle s’accouda au rebord, laissant le vent secouer ses cheveux et sécher les larmes qui continuaient à couler malgré tout.
Gibbs, chuchotant : Kate ?
Elle l’avait entendu entrer dans la pièce, reconnaissant son pas comme toujours. Elle n’avait pas la force de commencer une nouvelle dispute, aussi ne répond dit-elle rien, espérant qu’il comprenne et qu’il reparte.
Gibbs, entrant : Je peux ?
Pas de réponse. Il s’approcha et la vit près de la fenêtre, lui tournant le dos. Dos qui semblait secoué par des sanglots. Il se posta à ses côtés et chercha à voir dans la nuit noire ce qu’elle y distinguait. Mais les fantômes ne se partagent pas, il était plutôt bien placé pour le savoir. Il fit demi tour, ferma la porte et revint à ses côtés, les isolants quelques instants du brouhaha du salon.
Gibbs : Tu veux parler ?
Kate, dans un souffle : Non.
Il passa une main autour de ses épaules et la ramena contre lui, son dos contre son torse. Sa peau était froide, la fenêtre ouverte les exposait au vent d’automne. Il ferma la fenêtre, tenant toujours Kate contre lui quand un sanglot plus violent que les précédents échappa à la jeune femme.
Gibbs : Kate, Kate… Je suis là. Là…
Il continua de lui murmurer les mêmes paroles apaisantes, et la mena sur le lit. Il l’entoura de son corps, lui proposant une muraille de chaleur humaine contre le froid de ses pensées. C’est ainsi blottie contre Gibbs, que Kate laissa filtrer toutes les larmes de son corps, témoins d’un chagrin qu’elle ne se souvenait pas avoir accumulé en de telles quantités. Longtemps après, épuisée elle s’endormit dans les bras de l’homme. Celui ci ramena une couverture sur eux et veilla tard sur Kate, avant de finir à son tour par s’assoupir dans le silence de la nuit.
Kate se réveilla la première. Elle sentit sur elle un poids inhabituel, et soudain tout lui revint : les disputes, les larmes, le froid et la solitude. Et Gibbs. Gibbs qui était venu la soutenir et l’entourer de sa présence. Elle était dos à lui, un des bras de l’homme l’entourant et la maintenant contre lui. Elle laissa échapper un soupir de bien être, elle se sentait bien là, en sécurité. Mais elle ne devrait pas, comme elle n’aurait pas dû le laisser la voir ainsi dans cet état de faiblesse.
Elle se leva doucement pour ne pas le réveiller et sortit de la pièce. Après un rapide tour dans la salle de bain et une fois habillée chaudement elle sortit de leur maison. Elle frissonna au contact de l’air froid, les nuits de novembre étaient fraîches et il était encore tôt. Ils avaient prévu de se lever à 4h or il était 2h, autant dire qu’elle avait du temps devant elle…
La sonnerie de sa montre tira Gibbs d’un sommeil confortable. Il se réveilla, s’étira et se rendit compte que Kate n’était plus là. Il soupira et entreprit de chercher la jeune femme. Après un tour rapide de l’appartement il se rendit compte qu’elle avait récupéré ses affaires et était sûrement sortie pour être seule un moment.
Il l’avait sentie se lever et entendue s’habiller avant de se rendormir. Et elle savait sûrement qu’il était réveillé à se moment là, un marine à le sommeil léger. Il secoua là tête, chassant des pensées qu’il ne voulait pas avoir. Kate était son agent, il avait été là comme il l’aurait été pour Tony ou Abby… Il n’arrivait même plus à se mentir convenablement.
Gibbs, le secouant : Hé Tony ! Debout…
Tony : Hum…
Gibbs, doucement : Aller réveille toi Dinozzo ! Abby ! Mc Gee !
Abby, endormie : On avait entendu Gibbs… J’espère que tu apporte au moins le petit déjeuner.
Kate, entrant : Moi oui !
Tony, se levant : Kate, tu sais que je t’aime ? Tu commence enfin à comprendre ton rôle dans cette équipe!
Kate : Pitié Tony épargnes moi ça !
Elle avait parcouru les jardins de la propriété, croisant quelques agents en poste. Ses pas l’avaient conduit jusqu’aux cuisines, trouvant une raison à donner à ses coéquipiers pour cette sortie matinale. Et puis après tout : avec le petit déjeuner au réveil, ils ne pouvaient pas se plaindre.
Ducky : Kate ma chère, c’est une excellente idée.
Kate, souriant : Merci Ducky.
Ducky : Viens donc t’asseoir avec nous.
Kate : J’ai déjà déjeuné aux cuisines, merci. Je vais préparer mes affaires.
Elle sortit et se rendit dans la chambre. Elle ne savait plus où elle en était, de toute façon novembre n’avait jamais été une bonne période pour elle. Sortant ses dossiers, elle prépara son sac pour la journée, quand Gibbs entra à son tour dans la pièce.
Gibbs : Bonjour.
Kate : Bonjour Gibbs.
Gibbs : ça va mieux ?
Kate, gênée : Oui. Je… Tu sais je suis désolée pour hier soir. Ça ne se reproduira plus.
Gibbs : Tout le monde peut craquer de temps en temps Kate, c’est normal.
Kate, continuant son sac : Non.
Gibbs : Où étais tu tout à l’heure ?
Kate : J’ai tourné dans les jardins, marché un peu…
Gibbs : Pourquoi ?
Kate, gênée : Rien… Et toi, pourquoi tu es là ?
Gibbs : J’ai demandé en premier…
Kate, soupirant : C’est à dire que… Je ne sais plus très bien où j’en suis, j’avais besoin de réfléchir…
Gibbs, doucement : A propos de quoi ?
Kate, gênée : C’est… Tu vois, deux personnes peuvent très bien, heu… Avoir une relation, mais heu… C’est ridicule parce que nous, nous n’avons jamais… Hem… J’ai demandé en second…
Gibbs, s’approchant : Oui mais ce que je m’apprêtai à dire n’est plus valable agent Todd, ce que vous venez de dire le rend caduc…
Kate : Caduc ?
Gibbs : Inapproprié.
Kate, s’approchant : D’accord, j’accepte inapproprié.
Echange pour le moins étrange, elle avait eu besoin de réfléchir et lui s’y refusait tout simplement, une fois n’est pas coutume. Ils s’étaient approchés jusqu’à se trouver l’un en face de l’autre. Il pouvait presque sentir le souffle de Kate glisser sur son visage, et ses lèvres qui semblaient l’appeler. Il parcouru la dernière distance qui les séparait, emprisonnant leurs lèvres dans un baiser fiévreux.
Comment pouvait-elle être en train de faire ce qu’elle faisait : embrasser Gibbs, sentir ses lèvres sur sa peau, passer ses mains dans ses cheveux et s’accrocher de la sorte l’un à l’autre ? Mais leur étreinte fut interrompue par trois coups frappés à la porte de la chambre, les faisant s’éloigner immédiatement l’un de l’autre.
Gibbs, répondant : Oui ?
Ducky, entrant : Ton portable a sonné, et comme tu n’était pas là… Je me suis permis de répondre : Stunger voudrait te voir pour faire une dernière mise au point.
Gibbs, sortant : Ok, merci Ducky. J’y vais.
Merci Mike ! Parce que d’une mise au point il en avait bien besoin ! Parcourant rapidement le chemin qui le séparait du bureau de son ami, il repensa aux minutes écoulées, à ce baiser si… Mais bon sang, qu’est ce qui lui avait pris de faire ça ? La voir ainsi, leur dispute, une nuit à la tenir dans ses bras et voilà qu’il dérogeait à ses propres règles !
Mike : Ohé Gibbs ! Ici la terre !
Gibbs, émergeant : Excuses moi, qu’y a t-il ?
Mike, soupçonneux : Ce serait plutôt à moi de te poser cette question… Mais passons, simplement pour te communiquer les codes de sécurité de ta zone et la liste des invités arrivant ce matin.
Gibbs : Ok, on va se mettre au boulot.
Mike : Comment va ton équipe ?
Gibbs : Bien, pourquoi ?
Mike : Je me renseigne c’est tout Jethro.
Gibbs, froid : A plus tard Mike.
Ok il n’aurait pas du réagir de la sorte mais c’était plus fort que lui. Et Mike qui croyait qu’il n’avait pas compris : « comment va ton équipe », sous entendu comment allait la femme qui l’intéressait! Et voilà qu’il en revenait à sa question première : comment avait-il put faire ça ? Kate n’éprouvait rien pour lui, comment le pourrait-elle ? Il était son patron, avait l’âge d’être deux fois son père… Non c’était leur soirée d’hier soir qui les avaient troublé tout simplement. Il aurait mieux fait de lui envoyer Abby, tiens !
Il souffla un bon coup et entra dans le bungalow. Il ferait comme si de rien n’était et il espérait que Kate aussi, d’ailleurs elle devait être parvenue à la même conclusion que lui.
Gibbs : Dépêchez vous, on doit être sur le terrain dans moins de 15 minutes !
Tony : On prend les sacs et on arrive patron !
Gibbs, ressortant : N’oubliez pas vos badges.
Il ne lui avait même pas jeté un regard… Elle aurait du s’en douter : pourquoi le grand Leroy Jethro Gibbs se laisserait-il aller à quelque sentiment que se soit ? Jamais elle n’aurait du se laisser aller, et jamais elle n’aurait du être ainsi troublée à sa seule vue. Soit, elle oublierait et ferait elle aussi comme si de rien n’était ce qui ne devrait pas être trop difficile puisqu’il n’y avait rien. Rien d’autre que deux personnes succombant à une attirance bien humaine, mais pas de sentiments, rien de tout ça là dedans. Rien.
Ils passèrent la journée à surveiller l’esplanade, ne relevant aucun incident majeur. Journée calme en somme, qui laissa tout le loisir à Dinozzo de faire vivre un calvaire à Mc Gee…
Tony : Tu veux bien aller porter cet appareil à Abby, le bleu ?
Mc Gee : Tony, je viens d’y aller…
Tony, souriant : J’avais oublié de te donner celui-ci…
Mc Gee : Abby est à l’autre bout du périmètre…
Tony, faussement fier : Je suis fier de toi le bleu, tu est un vrai agent de terrain maintenant…
Mc Gee : Très drôle Tony.
Gibbs, intervenant : Tony tu arrêtes tes âneries et tu te déplace toi même !
Pas possibles ces deux là ! Il récupéra son poste et observa ses agents quand il tiqua sur Kate : absente de son poste ! Après un rapide tour d’horizon, il l’avisa : en pleine discussion avec Mike Stunger. Il alla rejoindre les deux agents, bien décidé à rappeler à Kate sa position !
Gibbs, les coupant : Kate, je peux savoir pourquoi tu as déserté ton poste ?
Kate : Je…
Stunger : C’est de ma faute Jethro. Je venais simplement vous prévenir qu’une équipe va arriver d’ici quelques minutes pour vous relever, vous avez fait du bon boulot !
Gibbs : Ok, on va y aller alors.
Stunger, partant : Bien, a plus tard Jethro. A tout à l’heure agent Todd.
Kate, souriant : A tout à l’heure.
Gibbs, à Kate : A tout à l’heure ?
Kate, gênée : Heu oui… Nous devons dîner ensemble. Ça pose un problème ?
Gibbs, s’éloignant : Aucun agent Todd, vous êtes libre de faire ce que vous voulez en dehors de cette mission.
Et dire qu’elle avait espérée une quelconque réaction de sa part ! Même pas une once de jalousie, pas même un froncement de sourcil… Il s’en fichait complètement. Qu’à cela ne tienne, elle aussi. Fichu mois de novembre !
En route pour la réunion quotidienne des chefs d’équipe instaurée par Mike, Gibbs accélérait le pas afin d’arriver à l’heure quand il fut rattrapé par ce dernier.
Stunger : Hé Jethro ! Pas la peine de courir, la réunion ne commencera pas sans moi…
Gibbs : Disons que j’ai une certaine idée de la ponctualité.
Stunger, l’arrêtant : Attends, je voulais te demander quelque chose.
Gibbs, méfiant : Hum ?
Stunger : C’est que… J’ai invité l’agent Todd à dîner ce soir, comme c’est un de tes agents… Je voulais savoir si ça ne te gênais pas ?
Gibbs, froid : En quoi veut tu que ça me concerne ? Tu fais ce que tu veux Mike et elle aussi.
La réunion c’était bien passée, le président et ses invités finiraient leur réunion exceptionnelle le lendemain soir si tout se passait bien. Il avait récupéré de quoi se substanter sur le chemin du bungalow et prenait maintenant son repas en compagnie de toute son équipe, enfin presque toute. Kate les avait laissé quelques minutes avant qu’il ne revienne, la manquant de peu ce qui était aussi bien.
Tony : Gibbs, tu crois que Kate va rencontrer le président ?
Gibbs, sceptique : Mais bien sur Dinozzo et demain elle quitte le NCIS pour un poste ministériel !
Tony : Moi ce que j’en dis… N’empêche que ce Stunger semble avoir des relations ici.
Abby : Tu crois qu’il pourrait m’avoir un budget pour le labo ?
Gibbs, se levant : Si vous n’avez rien d’autre à faire que de discuter de ça, je préfère vous laisser. Bonne soirée.
Non mais ils s’étaient donné le mot ou quoi ? ! Mike avoir des relations, avec le président en plus, manquerait plus que ça ! Il était déjà tard, et la nuit prenait doucement le dessus sur le jour déclinant. Gibbs s’adossa à un arbre, non loin de la zone d’habitation, gardant un œil sur la route qui y menait et à leur bungalow.
Plongé dans ses pensées, il essayait en vain de démêler ce qu’il ressentait réellement de ce qu’il se persuadait de ne pas ressentir. Tony essaya bien de venir le distraire quelques instants mais il le renvoya d’où il venait avec ordre de ne plus le déranger pour rien. Les yeux perdus dans le lointain, il vit Kate revenir de son dîner. Elle passa près de lui sans même lui accorder un regard, la tête baissée et le pas pressé. La douleur qu’il ressentit à son passage le laissa coi. Il serra les dents, les poings blanchis de se retenir d’aller la retrouver, d’aller la soutenir et de tout lui dire.
Tony, sur le pas de la porte : Alors Kate ce dîner ? Tu ne dors pas à la maison blanche ce soir ?
Kate, froide : Tony tu m’épargnes tes blagues graveleuses, ok ? Et surtout tu me lâche.
Tony : Hé c’est bon ! Qu’est ce que vous avez tous ce soir ?
Elle ne releva pas et partit s’enfermer dans sa chambre, laissant les regards curieux de ses amis au salon. Une fois la porte close, elle se laissa tomber sur le lit, refoulant les larmes qui lui montèrent aussitôt aux yeux. Le dîner ne s’était pas vraiment passé comme elle l’avait prévu.
Mike et elle avait agréablement discuté pendant un moment, comme deux amis. Puis ils avaient dérivé sur des sujets plus personnels, elle avait esquivé de nombreuse questions en les lui retournant, en apprenant ainsi beaucoup sur l’homme. C’est ce qui l’avait aidé à se rendre compte qu’elle ne ressentait rien pour lui, pas d’attirance, pas de sentiment profond. Réflexions qui l’avait amené à repenser à Gibbs… Ce qui n’avait pas échappé à Mike évidemment.
C’est pourquoi elle était rentrée. Il lui avait dit que son cœur était manifestement pris, qu’il ne pouvait rivaliser avec celui qui lui faisait oublier le reste du monde de cette manière. Elle avait beau eu protester, rien n’y avait fait. Alors après avoir décidé d’un commun accord d’en rester au stade d’une amitié professionnelle, elle était partie.
Gibbs de son côté repensait à cette journée folle. Il vit s’approcher Mike, apparemment décidé à lui parler, qui vint s’asseoir à ses côtés.
Mike : Salut.
Gibbs, grognant : Salut.
Mike : Tu te rappelles cette fille à la fac ?
Gibbs : Laquelle ?
Mike : Celle avec qui ont voulait sortir tout les deux.
Gibbs : Hum. C’est avec toi qu’elle était sortie.
Mike : Et c’est à cause de toi que ça n’avait pas duré.
Gibbs : Je n’avais rien fait.
Mike : Si, tu avais pris son cœur.
Gibbs : Où veux tu en venir ?
Mike : Nul part, c’est un souvenir qui m’est revenu comme ça. Tu t’es toujours effacé pour moi en ce qui concernait les filles à l’époque.
Gibbs : Tu avais plus de succès, c’est tout.
Mike, sceptique : Je n’en suis pas si sûr. Il ne s’est rien passé avec Kate.
Gibbs, absent : Hum.
Mike : Elle n’éprouve rien pour moi.
Gibbs : Tu m’en vois désolé.
Mike, provocateur : Moi aussi parce qu’une femme comma ça... Ça doit être sympa une nuit avec elle !
Gibbs, le prenant par le col : Je t’interdis !
Mike, rigolant : Aller quoi, Jethro ! Ne me dis pas que tu n’y as jamais pensé…
Il lui balança un direct du gauche, son poing percutant sa joue et éclatant la peau à l’endroit de l’impact. Le coup était parti tout seul, il n’avait pas réfléchi. Voyant l’éclair de victoire dans les yeux de son ami il fut prit d’un doute.
Gibbs, le relâchant : Je… Excuse moi…
Stunger, souriant : Je le savais ! Tu devrais t’énerver plus souvent Jethro.
Gibbs, perdu : Quoi, comment ça ?
Stunger, se touchant la joue : A demain mon ami. Agent Todd.
Gibbs, se retournant : Kate ?
Oh elle aurait pu tourner les talons, repartir comme si de rien n’était mais il y avait comme quelque chose de torturé dans l’expression de Gibbs. Elle accrocha son regard : perplexe de son geste, perplexe de la force de ses sentiments, reflet exact de ce qu’elle se refusait jusqu’ici à ressentir. A quoi jouaient-ils donc ? Se voiler la face et continuer comme si de rien n’était ? Elle fit les quelques pas qui les séparaient encore, et s’approcha de lui jusqu’à ce qu’ils ne soient plus séparés que par quelques pas.
Cette femme, si près de lui. Kate… Kate pour qui il donnerait tout : sa vie, sa mort, et plus encore. Ses yeux qui parcouraient son visage pour plonger dans son regard, et sa main montant à la rencontre de son visage. Ce subtil mouvement lorsqu’elle inclina légèrement la tête, les rapprochant davantage. Et cette envie folle que le temps s’arrête, que ce moment soit leur à jamais. Il rapprocha leurs lèvres, un dernier regard pour leur ôter tout doute et leurs respirations qui tout doucement se mêlent…
Tony, déboulant dehors avec les autres : Patron ! Prise d’otages à l’esplanade !
Aussitôt le moment s’envola, aussitôt ils se séparèrent avant même d’être unis. Ils s’étaient reculés spontanément, mais toute réflexion fut balayée par l’urgence de la situation. Leurs équipiers n’avaient pas relevés, aussi stupéfaits qu’eux.
Gibbs, courant déjà : Suivez moi, on y va !
La course fut brève, en quelques minutes ils furent sur place. Les autres équipes étaient déjà là, leur faisant aussitôt un compte rendu de la situation :
Stunger : Gibbs ! Deux équipes de snipers entourent l’esplanade : une sur les toits, l’autre postée autour. Nous avons pour le moment deux otages : le premier ministre français et l’agent Crown qui était en charge de sa protection.
Kate, étouffant un cri : Meg !
Stunger : Pour l’instant elle n’a rien d’autre qu’une blessure par balle à l’abdomen. Si on les sort de là elle survivra.
Kate : J’espère.
Stunger, la voix cassée : Moi aussi.
Soldat : Les équipes sont prêtes à intervenir monsieur. Nous avons les deux preneurs d’otages en vue.
Stunger : On ne peut rien risquer pour le moment, dites leurs de se tenir prêts. Ils ont fait parvenir des exigences ?
Soldat : Pas encore monsieur.
Stunger, angoissé : Bien rompez.
Gibbs comprenait la complexité de la situation : deux otages, deux hommes à abattre. Des situations auxquelles il avait déjà eu affaire, tout comme Mike. Cependant jamais il n’avait vu ce dernier si angoissé, jamais il n’avait semblé à ce point sujet au stress.
Gibbs, l’arrêtant : Mike, Mike ! Arrêtes de marcher comme ça, tu me donnes le tournis.
Stunger : Bon sang, mais tu ne te rends donc pas compte ? !
Gibbs : Si. Mais tu sais très bien qu’on ne peut rien faire tant qu’ils ne nous font pas parvenir leurs exigences.
Stunger : Bordel !
Gibbs : Mike, qu’est e qu’il y a ?
Stunger, à voix basse : Je veux pas qu’elle y reste Jethro. Pas elle…
Gibbs, dur : Elle connaissait les risques Mike. On va tout faire pour que tout le monde s’en sorte.
Stunger : C’est moi qui devrais être à sa place…
Gibbs : Ne dis pas n’importe quoi Mike, tu n’y peux rien.
Stunger, hargneusement : Si ! Elle a accepté de me remplacer pour la protection de cet homme… C’est moi qui devrait y être, c’est moi qui devrait avoir un canon sur la tempe en ce moment, pas elle !
Gibbs, doucement : Tu ne pouvais pas savoir Mike…
Bon sang, comme il comprenait ! Mais ils ne pouvaient rien faire, rien tant que… Soudain deux coups de feu furent tirés, déclenchant un branle bas de combat général.
Stunger, criant : Que se passe-t-il ? Soldat !
Tony, arrivant : On ne sait pas monsieur, apparemment les otages ont fait quelque chose qui a déplu aux deux cibles. Ils leurs ont tiré un coup dans l’épaule pour la femme et le genou pour l’homme.
Stunger : Bon sang !
Il vit son ami réfléchir à toute vitesse pour tenter de trouver une échappatoire à la situation avant de partir brusquement.
Gibbs : Mike, où vas tu ? Mike !
Pas de réponse. Que voulait-il faire, ils étaient impuissants comme souvent dans ce genre de situation. Il le vit parler avec un responsable de l’USAF, essayant de deviner les intentions de son ami. Quand celui-ci enfila un gilet par balle il comprit. Il allait négocier en direct, il allait s’échanger, il allait jouer leur unique carte : il détournerait leur attention laissant aux snipers une occasion de tirer sans danger. Au prix de sa vie.
Gibbs, s’élançant : Mike, non !
Mike, marchant : C’est la seule solution pour qu’ils s’en sortent en vie Jethro. Tu le sais.
Gibbs : Attends laisse moi y aller.
Mike, résolu : Non. C’est à moi d’y aller. Ils connaissent ma position, ils me laisseront les approcher.
Gibbs : Mais…
Mike, se tournant vers Gibbs : Jethro… Promet moi que…
Gibbs : Que ?
Mike, la voix brisée : Dis le à Meg. Dis le lui pour moi.
Gibbs, comprenant : Tu reviendras et tu le lui diras toi même.
Et il partit. Résolu et ferme dans sa démarche. Droit et fier, décidé à regarder sa mort en face et à ce qu’elle ne soit pas vaine.
Kate : Gibbs ? Où va-t-il ?
Il eut à peine le temps de tourner la tête pour voir Kate, son inquiétude pour son amie, pour Meg et aussi pour Stunger qu’elle voyait s’avancer vers l’esplanade. A peine le temps de croiser son regard. Soudain tout s’enchaîna, déroulement d’actions à grande vitesse, les laissant tous démunis face au temps comme accéléré.
Mike avait à peine fait un pas sur l’esplanade, à peine ouvert la bouche, qu’une balle lui frôla l’épaule, déclenchant le tir d’un sniper fébrile. Lequel abattit le deuxième preneur d’otages. Le premier, tenant Meg, mis alors Mike en joue tandis qu’un tireur de l’USAF s’apprêtait à lâcher une balle fatale. Devinant le tir de son ravisseur, l’agent Crown échappa à son étreinte, arrêtant de son corps la trajectoire mortelle qui allait atteindre Stunger. Elle fut immédiatement jetée à terre par la force de la frappe, aucun cri ne lui échappa lorsque son corps inerte toucha le sol.
Quelques secondes à peine, et le sol de l’esplanade n’était plus blanc. Quelques secondes et le sang maculait victimes et tireurs. Quelques secondes et déjà tant de cris : celui que Meg n’avait pas poussé, celui arraché à Mike lorsqu’une balle perfora son épaule gauche, celui de Kate déchirant l’air du soir, et tant d’autre inarticulés ou morts avant d’être prononcés.
Kate s’était précipitée vers son amie. D’abord retenue par Gibbs puis le danger écarté, libérée et courant vers Meg. Son corps encore chaud, ses traits à jamais abîmés par l’horreur de cette fin d’après midi. Comment réaliser ? Comment accepter ? Brusquement le corps de Meg quitta ses bras pour ceux de Mike qui s’en empara. Agenouillé sur elle, caressant ce corps jadis plein de vie. C’est Gibbs qui vint arracher son ami à cette étreinte douloureuse.
Gibbs : Mike… Laisse là, c’est fini… Viens, là… Laisse là partir maintenant… Mike…
Mike… Oh pauvre Mike ! Comme il devait souffrir, lui résolu à mourir pour celle qu’il aimait, lui décidé à donner sa vie pour elle. Lui qui devait rester et lui survivre. Il jeta un regard à Kate qui avait fermés les yeux de son amie, partant déjà avec les ambulanciers pour un long sommeil. Lui même dû laisser Mike à leurs soins.
A contre cœur il s’éloigna de son ami pour rejoindre le reste de son équipe. Personne ne voulait y croire, tout s’était passé si vite… Et pourtant. Kate les avait rejoins elle aussi, contemplant tous la scène irrévocable qui s’était jouée ici même.
Les cris de désespoir de Mike leurs parvenaient, déchirants dans leur douloureuse négation. Lui non plus ne voulait pas y croire. Prostré, soumis à contre cœur aux soins des médecins, l’homme ne semblait pouvoir faire autre chose que refuser cette douloureuse réalité. Ces évènements qui les avaient tous frappés de plein fouet.
Des évènements qui justifiaient la fameuse règle 12 de Gibbs, qui justifiaient la loi de non fraternisation dans les corps armés. Des évènements qui visaient à éviter ce genre de situation. Des cœurs qu’ils valaient mieux voir brisés qu’arrêtés à jamais.
C’est le regard grave, le visage fermé et le cœur déchiré qu’il se détourna du spectacle fracassant qui se jouait devant eux tous réunis. Ce serait être tellement arrogant de ne pas tirer d’enseignement de cette tragédie… Il regarda Kate et sut qu’elle avait compris, qu’elle comprenait comme toujours. Comme eux tous. Une équipe. Une famille. Déjà beaucoup et pourtant si peu. Déjà tant et à la fois jamais assez.
FIN