Sur le site archéologique, Jack interrogeait un à un les membres de l’équipe de fouille. Pour cela il était assisté du docteur Hewitt de SG10 et d’un interprète espagnol pour les Honduriens qui ne parlaient pas l’anglais. Pendant ce temps le lieutenant colonel Abrams et le reste de SG10 patrouillaient aux alentours à la recherche de toute trace de présence extraterrestre.
- Pourriez-vous nous dire ce que vous avez vu la nuit dernière ? Demanda Jack à chacun des archéologues.
Il eut le droit à de nombreuses réponses plus invraisemblables les unes que les autres :
- Je pense qu’il s’agissait de météores, proposa le professeur Elwood.
- ¡Ovnis, los extraterrestres atacan! S’exclama l’un des ouvriers Honduriens.
- Il pense que ce sont des soucoupes volantes qui ont fait ça, s’empressa d’expliquer le traducteur.
L’un croyait à un lance-roquettes, tandis qu’un autre voyait plutôt des tests d’armement de la CIA.
- ¡Los dioses mayas vuelven a vengarse de aquellos qué profanan sus monumentos sagrados! Destruirán a todos estos descreídos de arqueólogos, affirma un ouvrier avec violence.
- Qu’est ce qu’il raconte ? Demanda le général O’Neill à l’interprète en grimaçant.
- Il dit que les dieux mayas essayent de tuer les archéologues qui « profanent » les pyramides…
- Ah ! Répondit Jack perplexe.
- Des feux d’artifice ! S’exclama fièrement un scientifique. Quand ils sont mal réglés, ils peuvent faire des dégâts. Mon Oncle Desmond en sait quelque chose, il a eu sa jambe arrachée à cause de ça.
Les différents interrogatoires se déroulèrent de la même façon. Peu avaient aperçu d’intrus rôder aux alentours ou de personnes au comportement bizarre. Après une dizaine d’entretien, Jack s’accorda une petite pause.
- Alors qu’avons-nous d’intéressant ? Demanda-t-il au docteur Hewitt.
Le scientifique survola ses quatre pages de notes et répondit :
- Eh bien… Rien que nous ne sachions pas déjà.
- C’est ce dont j’avais peur, dit Jack en enfouissant son visage dans ses mains.
- Ah si ! S’exclama Hewitt. Nous avons appris que l’oncle du Docteur Wane a eu la jambe…
- … Arrachée par un feu d’artifice, compléta le général. Je sais, j’étais là.
- Peut être aurons nous plus de chances avec les suivants.
Le docteur Hewitt ne croyait pas avoir si bien parlé, car c’était au tour du docteur Finey de répondre aux questions. Le jeune archéologue entra sous la tente et s’assit sur une chaise, en face du général.
- Bonjour docteur, commença Hewitt, pouvez-vous nous dire ce que vous avez vu la nuit dernière ?
- Oui je peux ! On nous a tiré dessus… Et avec des missiles en plus ! Je suis sûr que ce sont les rebelles, sinon l’armée américaine n’aurait pas fait le déplacement… Vous êtes venus nous aider, n’est-ce pas ?
Le général O’Neill regarda son interlocuteur en levant les sourcils. Sur quel énergumène était il encore tombé ? Mieux valait ne pas le décevoir pour ne pas se perdre en explications.
- Euh oui… Dit-il simplement. Sinon depuis vous n’avez aperçu aucun intrus ou personne à l’attitude suspecte ?
- Non aucun étranger. Par contre les honduriens sont bizarres. Vous savez, on ne peut pas vraiment faire confiance à ces gens-là. D’ailleurs je suis sûr que ce sont eux qui ont prévenu les rebelles de notre découverte et c’est pour cela qu’ils nous attaquent maintenant !
Plus ça allait plus Jack trouvait Finey désagréable. Mais quelque chose avait éveillé sa curiosité dans les propos de l’archéologue :
- Votre découverte ?
- Je ne dois pas en parler… Mais regardez, dit-il en leur montrant un croquis qui dépassait des affaires d’Heather.
Le docteur Hewitt attrapa le dessin, ses yeux doublèrent de volume :
- Mon dieu ! S’exclama-t-il.
- Faites voir, dit Jack en lui arrachant le document des mains. Ça ressemble à… Oui c’est un… Houlà ! Docteur Finey, vous pouvez partir…
- Un vaisseau mère goa’uld ! S’exclama le général O’Neill après le départ de l’archéologue. Il ne manquait plus que ça !
À ce moment, sa radio crépita et il sut d’instinct qu’il avait parlé trop vite.
- Ja… Euh mon général, bredouilla la voix de Samantha Carter. Nous avons retrouvé l’Al’kesh…
Elle lui fit un bref résumé des évènements et l’avertit de la présence du goa’uld. Il coupa rapidement la communication pour donner l’ordre à SG10 de rester à proximité et de se tenir prêt au combat.
À présent Jack devait aller voir la fameuse « découverte ». Il se dirigea au pas de course en direction du lieu des fouilles. Hewitt essayait de suivre comme il pouvait. Quand ils arrivèrent sous le chapiteau, ils n’en revinrent pas. Là, quelques mètres en contrebas, le flanc d’un immense vaisseau pyramidal émergeait du sol. Pas un mot n’arriva à sortir de la bouche de Jack, mais il se précipita vers les escaliers pour aller voir l’engin de plus près.
C’est alors qu’il aperçut le docteur Finey à genoux, vers l’une des parois de la fosse.
Environ une demi-heure plus tôt, le docteur Heather White était au même endroit, accroupie devant un cercle de plusieurs mètres de diamètre qui dépassait de la structure. Elle ne faisait pas confiance aux militaires et ne voulait pas qu’ils viennent fourrer leur nez dans son projet archéologique, c’est pour ça qu’elle était restée là. Comme ça elle pouvait surveiller que personne ne vienne fouiner, tout en continuant à gratter la terre. Cette paroi l’obsédait, elle n’avait jamais entendu parler d’une telle chose dans la culture maya. Et son intérêt n’avait fait que redoubler quand elle avait reçu, une heure plus tôt, un fax du laboratoire archéologique. Elle avait fait dater au carbone 14 la terre recouvrant la paroi. Les résultats étaient insensés, cette chose datait d’environ huit mille ans, plus vieux que la civilisation maya elle-même.
- Qu’est-ce que c’est ? demanda la voix du professeur Elwood derrière elle.
Elle se retourna vers le vieil archéologue sans dire un mot.
- Je viens de parler aux militaires… Continua l’homme. Ils ne s’intéressent qu’à ce qui est tombé la nuit dernière.
- C’est ce que je viens de déterrer, répondit-elle en retard.
Il s’avança et examina le cercle, il était recouvert de symboles qui lui étaient inconnus.
- Il y a une cavité au milieu, fit-il remarquer. Peut être que quelque chose pourrait y rentrer…
Elle ouvrit sa main et montra un petit cristal qui avait exactement les dimensions de la fente. Le professeur la regarda, interloqué, mais ne dit rien.
- Vous croyez qu’il va se produire quelque chose si… ? Demanda-t-elle.
- Attendez, nous ne savons pas sur quoi nous sommes tombés, l’interrompit-il en agrippant son bras.
Heather doutait aussi, elle n’avait aucune idée du résultat que cela aurait. Mais elle était aventurière dans l’âme, c’était la curiosité qui la rendait une archéologue passionnée. Elle n’allait pas se démonter si près du but.
- Il n’y a qu’une façon de le savoir, dit-elle en insérant le cristal dans la fente.
La plaque circulaire fit un demi tour sur elle-même. Surpris, les deux scientifiques en descendirent en vitesse. Ils regardèrent étonnés, dans l’attente d’un autre évènement. Une minute passa, mais rien ne se produit. Ils s’avancèrent à nouveau sur le cercle.
- Et c’est tout ? Demanda le professeur Elwood.
Heather retira la cristal le mit dans sa poche. À ce moment le cylindre s’abaissa et rentra dans la paroi. Surpris, les archéologues tombèrent dans l’ouverture nouvellement dévoilée. Un peu de sable amortit leur chute et ils se relevèrent sans trop de mal. Heather regarda en l’air. L’ouverture était à trois mètres de haut.
- Que se passe-t-il ? Demanda Jack à Finey.
Le docteur sursauta, Jack aperçut alors le trou circulaire.
- Rien, il n’y a rien… Je n’aurais pas dû vous parler de ça…
- Il y a quelqu’un là-dedans ? S’inquiéta Robert Hewitt.
- Euh… Non… Pourquoi, vous croyez que c’est dangereux ?
- Si c’est ce que je pense, vous n’y survivriez pas dix minutes, répondit Jack de façon anodine.
- Ah mais le docteur White et le professeur Elwood travaillaient là et ils ne sont nul part dans le camp !
- Ça veut dire que nous allons devoir aller les chercher, soupira le général en regardant au fond du trou.
- Mais vous avez dit que c’était dangereux !
- Je n’ai pas dit non plus que vous deviez venir avec nous !
- Vous n’allez pas me laisser seul quand même ?
- Vous ne risquez rien ici !
- Mais si la chose qui est là-dedans sort, je serais tout seul…
- Stop, stop, STOP. Vous restez ici, rien ne sortira de là !
Un message venant de SG10 arriva par la radio du général O’Neill :
- On nous attaque, ils viennent vers vous. Des jaffas ! J’en compte cinq, peut être plus, dit le colonel Abrams.
Jack vit tout de suite le visage affolé, au bord de la syncope de Finey :
- Ok, vous venez avec nous, mais ne dites rien, rien du tout !
SG10 était effectivement aux prises avec cinq jaffas « scarabées ». Les arbres arrêtaient bon nombre des tirs. Mais les jaffas continuaient de maintenir les militaires à distance.
Le major Cain en décousait avec l’un des soldats. Quelques mètres plus loin, le lieutenant Colonel Abrams et le Capitaine Will Person faisaient face côte à côte. Soudain Khépri fit irruption parmi ses soldats. Len Abrams le reconnut immédiatement. C’était lui… Les cheveux noirs coupés droits au niveau des épaules et ornés d’un diadème en or. Son corps était recouvert d’un long manteau noir aux reflets colorés et doublé d’or qui laissait transparaître un pagne égyptien noué au niveau des hanches.
Khépri envoya une onde d’énergie avec son gantelet. Abrams plongea à terre derrière un buisson, tandis que son homme se cacha derrière un arbre. Les ennemis reculaient progressivement mais SG10 tirait toujours depuis sa cachette. Un jaffa tomba.
Will tenta d’effectuer une progression. Mais un tir bien placé fit vaciller un arbre derrière lui. En quelques secondes, Len se leva et bondit sur le capitaine. Il le plaqua au sol. Le tronc tomba à quelques centimètres de leurs têtes.
Quand ils se relevèrent, tout était silencieux. Il n’y avait plus un mouvement autour d’eux.
- Où est le major Cain ? Demanda Will en regardant dans toutes les directions.
Len ignora la question et se dirigea vers l’endroit où se trouvaient les jaffas.
- Où allez-vous ? Questionna encore le jeune homme.
- Je vais rattraper Khépri, lui répondit son colonel.
- Qui ?
- Le goa’uld !
Len Abrams partit à toute vitesse entre les arbres devant son second désemparé :
- Et Cain ? cria-t-il en vain.
Le capitaine Will Person décida alors de rechercher lui-même son coéquipier disparu. Il envoya plusieurs messages radio, essaya de crier. Aucune réponse. Il allait rentrer au site archéologique mais un bruit attira son attention. Quelques mètres plus loin il trouva le major Joe Cain se battant au corps à corps avec un garde scarabée. Ce dernier maniait un sabre dans chaque main. Le major qui n’avait plus de munitions, se protégeait comme il le pouvait avec son fusil p90.
Mais Will ne bougea pas. Juste derrière son oreille il venait d’entendre une lance jaffa s’ouvrir.
- Tu vas mourir ! S’exclama une voix grave.
Len ignorait où il allait. Mais une chose était sûre pour lui, il ne devait pas laisser Khépri s’en sortir… Pas une deuxième fois. Peu importait ce que ça lui coûterait, il aurait la peau de ce goa’uld. C’est pour ça qu’il courait à toute vitesse depuis une dizaine de minutes.
Il s’arrêta un instant pour reprendre son souffle, tout en essayant de se repérer. Toutefois il n’arrivait pas à réfléchir avec la voix du capitaine Person qui appelait Cain à la radio. Il coupa donc l’appareil ce qui lui permit d’entendre quelque chose d’autre. Son cœur battant, il s’approcha le plus discrètement possible de la source du bruit.
C’était le faux dieu qui parlait à ses trois gardes scarabées restants, dans une langue que le colonel ne comprit pas. S’il agissait maintenant, il n’aurait aucune chance de tuer son ennemi. De trop loin un arbre arrêterait son tir et les jaffas ne le louperaient pas, et de trop près il se ferait repérer. Malgré tout l’énervement que cela provoqua en lui, il décida de les suivre et d’attendre. La tâche s’avéra difficile à travers la végétation dense.
Len resta à bonne distance tout au long du parcours pour ne courir aucun risque de perdre son effet de surprise. Mais il n’avait pas prévu une chose. Le goa’uld était arrivé au camp archéologique. Il se dirigea vers le milieu de la petite clairière. Déjà quelques ouvriers se précipitèrent vers les intrus, la présence militaire avait exacerbé la méfiance.
- Où est Eldorado ? Leur demanda Khépri impérieux.
Les honduriens, ne comprenant pas, commencèrent à devenir agressifs. Ça allait être un carnage ! Le militaire se précipita à travers le camp, mais il était trop loin. Les ouvriers n’eurent pas le temps de comprendre ce qui arrivait. Chacun des scarabées en tua un avant que les autres ne commencent à fuir.
Le lieutenant colonel se mit à couvert derrière une tente et tira sur son ennemi. Mais le champ de force de son bouclier arrêta la trentaine de balles qui volait en sa direction. Le goa’uld se retourna, ses yeux brillèrent de rage en voyant Len. Son gantelet lui envoya une onde d’énergie et l’homme effectua un vol plané, jusqu’à percuter un arbre.
Les trois jaffas, sous les ordres de leur dieu s’en donnèrent à cœur joie. Ils tirèrent à gauche, à droite en tentant d’exterminer les hommes restants. Un sourire satisfait s’afficha sur le visage du faux dieu. Une fois que plus rien ne bougea aux alentours, ils se dirigèrent vers le périmètre de fouilles. Le chapiteau les avait intrigué. Len se releva malgré la douleur qui envahit son dos et les suivit.
Quand il arriva à destination, Khépri s’apprêtait à descendre dans le vaisseau. Comme de toute évidence les balles n’atteignaient pas son ennemi, Len essaya cette fois de lui lancer son couteau, comme le décrivait le général O’Neill dans ses vieux rapports de mission. Mais pour cela il fallait se rapprocher au risque de se faire repérer rapidement. Il prit ce risque, il n’avait plus rien à perdre.
Ce fut payant, mais pas assez, la lame n’entailla que le bras du goa’uld. Prit de colère, celui-ci se précipita sur le lieutenant colonel. Ce dernier n’eut pas le temps de sortir un second couteau, le gantelet du faux dieu le mit à genoux. Un rayon lumineux sortit de l’arme de poing et s’engouffra dans le crâne de Len.
- Toi ! S’exclama le goa’uld. On ne défit pas un dieu impunément. Tu mouras cette fois !
Len entendit à peine. Sa tête était prise dans un étau de douleur. Des souvenirs bouillonnaient en lui… Des souvenirs qu’il avait tant essayé d’oublier… Inutilement. Les cris résonnaient à ses oreilles, aussi déchirants que la première fois. L’odeur pesante du sang naquit à nouveau dans ses narines. Il vit à nouveaux ces yeux cruels, les même qu’il avait en face de lui aujourd’hui, les même qui l’avaient envoyé à l’hôpital, les mêmes qui avaient tué son équipe…
Puis il se sentit basculer peu à peu dans l’obscurité… Non ! Il fallait qu’il résiste ! Il rouvrit les yeux et lança un regard de défi à son bourreau, même s’il savait qu’il ne gagnerait pas. Et encore une fois les ténèbres prirent possession de lui.
Un peu plus tôt dans la jungle, le capitaine Will Person de SG10 crut que sa dernière heure était venue. Son ennemi pointait son arme droit sur sa nuque, à quelques centimètres de lui. Un tir de lance partit… Mais ce fut Teal’c qui envoya le jaffa au cimetière. Quant à celui qui s’en était pris au major Cain, le reste de SG1 le mit en fuite facilement.
- Où est Len ? Demanda Cameron.
- Il est parti à la poursuite du goa’uld, sa radio a été coupée.
- Ils se dirigent sûrement vers les fouilles archéologiques, allons-y, dit Sam.
SG1 repartit tout aussi sec. Les deux membres de SG10, à peine remis de leurs émotions, n’eurent d’autre choix que de les suivre. Ils trouvèrent une centaine de mètres plus loin les corps sans vie de l’équipe archéologique. Les tentes étaient en morceau, l’une d’elle brûlait.
Sam n’eut pas le temps de réfléchir, elle agrippa sa radio et demanda :
- Mon général, vous allez bien ? Mon général ?
- La tente qu’il utilisait se trouvait par là ! S’exclama Daniel en se précipitant vers la toile reposant par terre.
Il souleva la toile, il n’y avait rien en dessous. Teal’c prit un air préoccupé :
- Je crois que quelqu’un nous observe, dit-il en regardant autour de lui.
- Oui, confirma Cameron, j’ai aperçu quelque chose là-bas.
Les deux hommes se dirigèrent vers des arbres. Teal’c attrapa facilement le hondurien qui voulut attaquer Cameron. L’homme cria quelque chose en espagnol. Mais au bout de cinq minutes, quand il vit que personne ne lui voulait de mal, il pointa la direction du chapiteau.
- Nous devrions aller voir ça, dit Sam.
Sans même attendre la moindre réponse elle se dirigea dans la direction qu’avait indiquée l’homme. Les deux hommes de SG10 et Mary Edison qui avaient fait, inutilement, le tour des décombres à la recherche de survivants, se joignirent à SG1. Ils n’eurent pas le temps de s’appesantir sur la découverte du vaisseau qu’ils essuyèrent les tirs des trois gardes de Khépri.
Le combat fut bref. Quand l’un des jaffas tomba devant le nombre des opposants, le goa’uld abandonna à regrets son souffre-douleur et disparut dans le vaisseau avec ses esclaves restants. Les militaires se précipitèrent alors vers le lieutenant colonel Len Abrams.
Sam prit son pouls et confirma qu’il était encore bien en vie. Il ouvrit les yeux et bougea douloureusement les muscles :
- J’ai mal de partout, dit-il en souriant pour qu’on ne distingue pas la totalité de sa souffrance. Mais j’ai connu pire.
- Tu nous as fait peur Len ! S’exclama Cameron.
- Il ne faut pas, ça peut aller…
Une fois rassurée, SG1 se concerta sur l’autre sujet préoccupant :
- Je n’y connais rien en archéologie… Commença Cameron. Mais ça ! Ce n’est pas une pyramide ! Continua-t-il en écartant les bras pour montrer l’immense vaisseau.
- Je confirme, ce n’est pas une pyramide, dit Daniel. D’ailleurs je suis curieux de voir ce qu’il y a à l’intérieur.
- O’Neill s’y est sûrement réfugié, dit Teal’c.
- Raison de plus pour aller voir dedans, annonça Sam.
- Et je viens avec vous ! S’exclama une voix derrière eux.
C’était Len Abrams qui s’était relevé en s’appuyant sur le capitaine Person.
- Ce n’est pas prudent dans votre état, vous nous ralentiriez, objecta Teal’c.
- Je peux de nouveau marcher. Il n’y a qu’un goa’uld et deux jaffa et j’ai mes hommes pour me couvrir alors ça ira.
- Si c’est ce que tu veux… Commença Cameron sous le regard désapprobateur de son équipe et du lieutenant Edison. Il n’y a pas de plus haut gradé ici pour t’en dissuader.
Len remercia son ami et SG1, suivie de SG10, s’engouffra dans le vaisseau extraterrestre.
La recherche d’une autre issue ne fut pas facile pour Heather et Brian Elwood, d’une part parce qu’ils n’avaient aucun moyen d’éclairage, d’autre part parce que la configuration intérieure était assez bizarre. Le sol montait et était parsemé de plusieurs trous, invisibles dans l’obscurité. Tout à coup le professeur Elwood glissa dans l’un d’eux. Heather essaya de le rattraper mais tomba à son tour.
Elle essaya de se retenir à la paroi, mais ne réussit qu’à s’érafler les mains et toucha le fond à peine plus tard que son collègue. Les deux archéologues cherchèrent un moyen de se sortir de ce trou sombre qui ne mesurait pas plus de quatre mètres carrés. Mais rien, pas une issue ! Heather essaya de grimper le long du mur, malheureusement la surface était trop lisse, il n’y avait pas de prises. Découragée, elle se laissa tomber et frappa de toutes ses forces contre le sol.
- Qu’y a-t-il ? Lui demanda le professeur.
- Je suis juste claustrophobe ! Le noir et le mystérieux bâtiment enfui dans la jungle ne font rien pour arranger ça, répondit-elle férocement.
Elle réalisa soudain dans quel état elle se mettait.
- Je suis désolée, dit-elle en prenant un ton le plus normal possible. Mais j’aimerais bien sortir d’ici ! Rajouta-t-elle en criant, la tête levée.
- Vous n’avez pas entendu quelque chose ? Demanda Jack en cherchant une lampe de poche.
Le docteur Hewitt de SG10 et le docteur Finey de l’équipe archéologique le regardèrent d’un air étrange alors il n’insista pas.
- Mais il est complètement tordu ce vaisseau ! S’exclama Jack un peu plus tard en allumant sa lampe torche. Il n’a pas dû s’écraser à moitié.
En effet, la structure était renversée sur le côté. Le « sol » où ils marchaient était en fait un mur, et c’étaient le sol et le plafond qui faisaient offices de cloisons murales.
- Un vaisseau extraterrestre ?! S’exclama Finey. Vous me faites marcher…
Les deux autres ignorèrent totalement celui-ci.
- Et il ne ressemble pas vraiment à un vaisseau goa’uld de l’intérieur… Fit remarquer Hewitt en examinant les murs.
- Non, ça ressemble plus à… L’avant-poste des anciens !
- Vaisseau goa’uld ? Avant-poste des anciens ? C’est une blague, c’est ça ? Interrogea Finey, stupéfait, dans l’indifférence complète.
Bien que la couleur générale était plutôt vert pâle et grise, l’architecture du vaisseau était la même que celle entourant l’arme des anciens en Antarctique. Des piliers éclairants, dont les lampes étaient éteintes, se répartissaient le long des murs. Les matières utilisées semblaient être les mêmes. Des panneaux de métal découpés en motifs décoratifs formaient des fenêtres entre les différentes salles.
Les trois hommes partirent à l’exploration des lieux. Ils firent attention à ne pas tomber aux endroits où d’autres couloirs venaient rejoindre le leur. Bientôt Jack aperçut quelque chose de familier, dans une salle juste au-dessus d’eux, par l’une des fenêtres sculptées. Il demanda au scientifique de lui faire la courte échelle afin qu’il puisse ouvrir la porte qui donnait sur la pièce en question. La manœuvre fut périlleuse, d’autant plus que le docteur Hewitt n’était pas très costaud et chancelait sous le poids de son supérieur. Mais le général réussit finalement à se hisser en s’appuyant sur un battant de l’entrée encore à moitié fermé. Il aida ensuite son compagnon à monter le rejoindre.
- Et moi ? Demanda une voix sous eux.
- Restez où vous êtes docteur Finley… Commença Jack.
- Finey ! Vous n’allez quand même pas m’abandonner ici ?!
Le général regarda Hewitt en silence… Le docteur comprit aussitôt ce qu’il lui restait à faire :
- Mais non docteur, nous restons ici, assura le scientifique de SG10. Nous ne pouvons pas aller plus loin. Ne vous inquiétez pas…
- Vous parlez d’extraterrestres et vous voulez que je ne m’inquiète pas ?
Après trois ou quatre appels, Finey se résigna à attendre le temps qu’il faudrait puisqu’il n’y avait rien d’autre à faire.
Pendant ce temps, Jack ramassa sa lampe de poche et la pointa vers le haut. Elle était là, à quelques mètres au-dessus d’eux, fixée au « sol » originel… La porte des étoiles. Tout autour étaient disposées des interfaces de contrôle.
- Je pense que ces joujoux vont faire plaisir à Carter, dit Jack en saisissant sa radio.
Il s’aperçut rapidement que les communications ne passaient pas.
- Je peux essayer de remettre le courant, déclara Robert Hewitt en examinant un panneau mural situé sous ses pieds. Ça ne devrait pas être trop compliqué.
Dix minutes plus tard, Jack se tournait encore les pouces en attendant que le scientifique trouve une solution. Mais tout à coup il tomba à la renverse et la lumière revint. Le sol, les murs et le plafond avaient repris leurs fonctions respectives.
- Ça y’est, vous avez réussi ! S’exclama le général.
- Euh nan, en fait je n’ai rien touché au moment où c’est revenu… Avoua Hewitt peu fier de lui. Mais si j’avais eu plus de temps…
- Mais alors pourquoi tout est à l’endroit ?
- À mon avis, le courant a remis en route la gravité artificielle du vaisseau…
- Mais c’est vous qui avez remis le courant ?
- Et bien… Non.
- Ne bougez pas de là, je vais chercher SG1. Ils doivent être dans les parages maintenant, dit le général en sortant de la pièce.
Juste avant de disparaître il se retourna et ajouta :
- Et faites tout votre possible pour protéger… L’autre, dit-il en montrant Arthur Finey encore à terre.
SG1 et SG10 étaient aussi tombées à la renverse au même moment, alors qu’elles venaient de pénétrer dans le vaisseau. Ce fut aussi le cas, dans leur cellule, pour Brian et Heather. Cette dernière eut une surprise de plus. Quand elle ouvrit les yeux elle vit un visage. Elle laissa échapper cri. Elle était allongée sur le ventre, sur un caisson vitré qui contenait le corps d’un vieillard.
Elle se releva immédiatement.
- Cette fois-ci c’est sûr nous ne sommes pas dans un monument maya inconnu, dit le professeur Elwood en découvrant la pièce.
Deux rangées de caissons identiques étaient couchées le long des murs. Chacun contenait une personne, visiblement âgée, mais en parfait état de conservation. On aurait pu les croire juste endormis. Ils étaient tous vêtus d’habits et de riches parures à la mode précolombienne.
Heather se retourna vers la porte de la salle.
- Qu’y a-t-il ? Demanda le professeur Elwood.
- Des voix qui approchent !
- On vient nous chercher ! S’exclama-t-il en se dirigeant vers la sortie.
- Je ne suis pas aussi sûre de ça… Dit-elle en tirant le professeur vers elle.
Ils se cachèrent chacun entre le dernier sarcophage d’une rangée et le mur du fond de la salle. Trois hommes entrèrent alors dans la pièce. Deux portaient de lourdes armures entièrement noires avec des casques en forme de scarabée et le dernier était vêtu de la même couleur mais beaucoup plus légèrement. Heather remarqua aussi un étrange gantelet doré à sa main droite.
Ce personnage regarda le premier caisson, il prêta plus particulièrement attention aux inscriptions qui étaient gravées dessus. Il continua son inspection, toujours suivi par les deux autres, par le deuxième cercueil et ainsi de suite. Il arriva bientôt au dernier sarcophage avant celui derrière lequel était cachée Heather. Elle commença à se tapir contre le coin du mur et à diminuer sa respiration en espérant presque disparaître.
Mais ce qu’elle redouta arriva, l’inquiétant personnage l’avait vue. Ses yeux s’allumèrent d’une lueur démoniaque. Il dit quelque chose dans une langue qu’elle n’avait jamais encore entendue et l’un des deux hommes en armure la saisit.
- Je ne vous espionnais pas, bredouilla-t-elle. Vous n’avez qu’à me laisser partir et j’oublie tout ça…
Khépri la regarda avec une expression amusée.
- Débarrassez-vous d’elle, dit-il à ses serviteurs avant de retourner à la contemplation des symboles.
Un jaffa l’obligea à se mettre à genoux, tandis qu’un autre pointa sa lance droit sur sa poitrine. L’extrémité de l’arme s’ouvrit laissant échapper une étincelle orangée. C’est à ce moment qu’elle comprit qu’ils ne voulaient pas la blesser mais bel et bien la tuer. Elle ferma les yeux d’appréhension.
- Non ! S’exclama le goa’uld. Elle nous sera utile.
Le professeur Elwood, caché à peine plus loin n’avait pas manqué une miette du spectacle. Mais le plus surprenant fut à venir. Celui qui avait l’air du chef appuya à un endroit du sarcophage et celui-ci s’ouvrit. Le vieil homme à l’intérieur prit une grande respiration et se releva tout doucement en tremblant. C’est alors qu’on obligea par la force Heather à se pencher sur l’homme et à ouvrir la bouche. Ce dernier colla ses lèvres aux siennes pendant quelques secondes.
Le vieillard retomba, inanimé tandis que les yeux de la jeune femme s’illuminèrent. Les trois autres la lâchèrent et s’agenouillèrent à ses pieds. Elle parla d’une voix grave et dans un langage obscure, qui n’étaient pas les siens. Les jaffas saisirent le professeur Elwood sans qu’il n’ait eu le temps de réagir.
- Alors c’est vraiment un vaisseau extraterrestre ? Demanda Finey.
Le docteur Hewitt resta absorbé par une console de contrôle.
- Je vous parle ! Insista l’autre sans plus de succès.
L’archéologue était au bord de la colère.
- Hé oh !!! Je suis là ! Ajouta-t-il en agitant les bras.
- Ah oui… Désolé, mais je ne peux pas en parler avec vous, répondit calmement le scientifique sans regarder son interlocuteur.
Mais il releva la tête quand elle entra dans la pièce. Il pointa tout de suite son arme vers elle.
- Docteur White, vous êtes là ! S’exclama le docteur Finey. Où est le professeur Elwood ?
- Oui, c’est moi. Dit-elle en s’approchant lentement. Le professeur est… Ailleurs.
Hewitt baissa son arme mais garda la nouvelle venue à l’œil. Elle tourna sa tête étrangement tout en continuant sa progression, cette fois-ci en direction du centre de la pièce.
- Vous allez bien ? Questionna Finey intrigué par son attitude.
- Oui… Je suis juste un peu... surprise par… cette découverte. Qu’est-ce ? ajouta-t-elle en désignant le DHD qui servait à contrôler la porte des étoiles.
- Ce n’est rien, répondit Hewitt tout aussi sec.
- Alors je peux y toucher, dit-elle en posant sa main sur le cadran.
- Il ne vaudrait mieux pas, avertit-il en montant le ton.
- Mais il y a comme des boutons…
Elle appuya sur l’une des touches de l’appareil. Le docteur Hewitt saisit immédiatement son p90 et le braqua contre la jeune femme.
- Qui êtes-vous et que voulez-vous ? Prononça-t-il tremblant.
- Calmez-vous, ce n’est que moi… Lui répondit une voix enivrante.
- J’en doute ! Ne bougez plus !
- Mais c’est le docteur White ! Celle qui dirige les fouilles ! Riposta Finey effrayé.
La jeune femme s’avança vers les deux hommes, le regard noir de colère. Une force invisible s’empara d’eux et les fit voler dans la salle. Le visage d’Heather se déforma :
- Vous avez raison, je suis Quetzalcóatl, votre dieu !
O’Neill retrouva SG1 et 10 prêt de l’entrée du vaisseau.
- Tout va bien ? Demanda Sam inquiète.
- Oui, pourquoi ? S’inquiéta à son tour Jack.
- Khépri a fait un carnage à l’extérieur, l’informa Teal’c.
- Oh ! Ici on a juste trouvé plein de jolies machines. Le courant est juste revenu tout seul aussi… Mais ça doit être Khépri.
Après un bref rapport, le groupe se dirigea au pas de course vers la salle de la porte. Mais quelques mètres avant leur but ils croisèrent les deux gardes scarabées. Les militaires se tinrent prêt à tirer mais les deux jaffas ne bougèrent pas. Khépri apparut alors, tenant Brian Elwood :
- Ne bougez pas ou il mourra !
Quetzalcóatl tourna la tête et vit Khépri arriver en courant avec son otage et ses deux gardes.
- Il faut y aller ! S’exclama le dieu égyptien.
- On se reverra, lança l’autre goa’uld aux deux humains qui lévitaient.
Il les laissa retrouver le plancher, tandis qu’il se précipitait vers le DHD. Mais le temps de composer une adresse, les deux équipes SG avaient déjà investi la salle et formaient un mur compact devant l’anneau. Le docteur Hewitt en profita pour mettre le docteur Finey à l’abri, comme l’avait ordonné le général O’Neill. Les deux hommes franchirent la porte à l’arrière de la salle.
Pendant ce temps les deux camps se jaugeaient, sans bouger, tandis que les chevrons s’activaient. Daniel tentait de mémoriser les coordonnées. La flaque bleue se forma enfin.
- Bougez ! Ou je tord la nuque de ce misérable ! Menaça Khépri en plaçant ses deux mains sur la tête du professeur.
- Ne bougez pas ! Ordonna aussitôt O’Neill à ses hommes.
Voyant que le chantage ne marchait pas, le goa’uld d’Heather White s’avança :
- Faites place à Quetzalcóatl, votre seigneur et dieu !
D’un geste il fit s’envoler les neufs soldats qui lui faisaient face. Mais il n’avait pas récupéré toutes ses forces et il dut se résoudre à abandonner. Il fit un signe. Les extraterrestres prirent soudainement la fuite en direction de la porte qu’avaient emprunté Hewitt et Finey quelques secondes plus tôt.
Le lieutenant colonel Abrams se jeta immédiatement à leur poursuite malgré la douleur qu’il ressentait à chaque pas.
- SG1, avec moi. SG10, Edison, protégez la porte ! Ordonna Jack en s’élançant derrière Len Abrams.
La salle suivante contenait une vingtaine de petits vaisseaux. Les goa’ulds, montèrent à bord de l’un d’eux. Un des murs de la pièce s’abaissa alors, la salle de la porte et le hangar ne firent plus qu’un. Abrams grimpa dans un autre des appareils et s’installa aux commandes. Les deux docteurs qui étaient cachés à l’arrière se montrèrent et s’installèrent aux côtés du leader de SG10.
- Où va-t-on ? Demanda Hewitt.
- Je n’en sais rien… Faire un petit tour ! Répondit Abrams.
- Mais vous avez déjà piloté ce genre de machine ?
- Non pourquoi ?
Les deux vaisseaux partirent à toute vitesse à travers la porte des étoiles, l’un derrière l’autre, devant SG1 médusée. Les hommes devant la porte eurent juste le temps de se dégager. Le capitaine Will Person et le major Cain suivirent leur lieutenant colonel sans hésiter et plongèrent à leur tour dans le vortex.
Le lieutenant Edison toucha le miroitement bleu du bout des doigts. Elle était restée très effacée après l’incident de la jungle, contrairement à son habitude. Elle avait toujours essayé d’agir pour le mieux, c’est pour cela qu’elle vivait chaque échec comme un drame. Mais là, il s’offrait à elle une chance de prouver sa valeur, d’être utile. Elle ferma les yeux et prit de l’élan…
- Lieutenant Edison, restez ici ! Cria le général O’Neill en accourant avec SG1.
… Cette porte des étoiles, elle avait tant rêvé de la traverser. Elle prit une dernière bouffée d’air et fit un grand pas en avant, à travers l’horizon des évènements. La porte se referma, laissant SG1 et le général O’Neill impuissants.
- Daniel, activez la porte que j’aille récupérer mes hommes, dit Jack.
- Je crois que ça va être impossible… Commença l’archéologue. L’adresse comportait huit symboles.
- Une autre galaxie ! S’exclama Sam au moment où le sourcil de Teal’c atteignait des sommets.
- C’est foutu ! Finit Cameron.
Fin de la première partie.