Citations du moment :
«La plupart du temps, je ne rigole pas beaucoup. Et le reste du temps je ne rigole pas du tout.»
[ Woody Allen ]
Imagine

Lost : Chapitre 2

Chapitre 2 : Juste histoire de vérifier…

 

Là encore, tout était silencieux, mais c’était différent de la chape de plomb qui s’était abattue en salle de conférence. C’était un silence reposant. Jack et Kate semblaient particulièrement apprécier le café (leurs réserves sur l’île avaient dû s’épuiser depuis longtemps). Elizabeth respira avec délectation l’arôme qui s’échappait en volutes éphémères. John remuait son expresso d’un air dubitatif. Il sourit à son frère qui était en face de lui.

 

Si Elizabeth avait du comparer cette situation à une autre, elle aurait sans conteste choisi un réveillon de Noël. Sans trop savoir pourquoi, assise à côté de John et de ces deux personnes qui pour elle étaient presque des inconnus, elle se sentait parfaitement sereine, reposée, et d’une extrême bonne humeur. Une sympathique réunion de famille, quoi. Ou plutôt une réunion entre amis. Elle n’était pas une Mme Sheppard, et Kate non plus.

Pourtant au premier abord elle aurait juré que…

Enfin ça n’avait aucune importance, ce qui était important, c’est que tout le monde aille bien.

Elle n’avait pas vraiment envie de mettre fin à cette ambiance calme et sympathique, mais il fallait qu’elle le fasse. Elle devait absolument avoir des précisions sur ce qui c’était passé sur cette île.

 

-         Désolé d’interrompre vos réflexions, commença t-elle, mais je dois à nouveau vous demander de préciser les circonstances dans lesquelles vous avez rencontré Miller et son équipe.

-         Leur compte-rendu ne vous a pas satisfait ? demanda Jack.

-         Si, bien sûr, mais…

 

Elle se mordit la lèvre. Ca n’était pas une bonne raison pour leur demander de nouvelles explications, mais c’était absolument nécessaire, au vu de ce qui était arrivé le matin même. Ce ne pouvait être le fait du hasard, il y avait quelque chose qui ne tournait pas rond, elle le sentait.

 

-         Il s’est produit un évènement rarissime, continua John lui ôtant le fardeau de devoir tout leur expliquer. Quand vous passez la porte des étoiles, vous êtes désintégrés en des millions de particules, qui sont stockées sous forme de données dans la porte jusqu’à ce que vous arriviez de l’autre côté. Or il semblerait qu’il y ait eu un problème sur la porte de la planète où Miller et son équipe se rendaient, et vraisemblablement… ils n’ont jamais été réintégrés de l’autre côté. Nous avons essayé de les ramener, mais nous n’avons pu empêcher une nouvelle activation de la porte. Leurs données ont été définitivement effacées. Ils sont morts.

-         Mais ils étaient dans un vaisseau spatial, non ? demanda Kate.

-         Quelle que soit la quantité ou la nature de la matière qui traversa la porte, ça ne change absolument rien au processus, reprit Elizabeth. Le vaisseau a été désintégré avec eux.

-         J’en suis sincèrement désolé, fit Jack.

-         Vous n’y êtes pour rien, dit Elizabeth tout en sachant que ses propos n’étaient pas cohérents.

 

 Si ils n’y étaient pour rien, alors elle n’avait aucune bonne raison de demander des précisions supplémentaires.

 

-         Je réitère donc ma question, reprit-elle. Comment avez-vous rencontré Miller et son équipe ?

 

Jack soupira, et commença à raconter sa version de l’histoire :

 

Flashback

 

Les grondements et les bruits mécaniques se faisaient de nouveau entendre.

 

-         Courez ! hurla Jack.

 

Lui-même accéléra le rythme. Au loin, il voyait Sayid et Shannon, suivit de près par Claire et Charlie. Il se retourna et tira quelques coups de pistolet dans la masse végétale étouffante.
Il regarda de nouveau autour de lui pour voir si tous ceux qui avaient survécu à la précédente attaque de ce que l’on appelait désormais le Monstre de l’Ile étaient encore là.
Merde. Il avait encore du décider d’aller faire face à son « épreuve ». Locke manquait à l’appel. Jack fit donc demi-tour dans l’espoir de retrouver son ami sain et sauf. Si il était de nouveau allé vers ce Monstre, Jack ne donnait pas cher de sa peau. Il n’aurait pas autant de chance une deuxième fois.
Alors qu’il s’apprêtait à rebrousser chemin, une voix l’interpella :

 

-         Jack ? Dépêche toi, il approche !

 

C’était Kate qui l’appelait en mettant ses mains en porte-voix. Nul doute qu’il ne restait plus beaucoup de temps avant que le Monstre n’arrive.

 

-         J’arrive, je vais chercher Locke ! Occupe toi des autres et emmène les plus au nord, comme on l’a décidé.

 

Le Monstre poussa de nouveau un hurlement terrifiant, et les bruits d’arbres abattus et de pas gigantesques continuaient de se rapprocher.
Jack ne laissa pas à Kate le temps de protester et partit en courant vers l’endroit où il pensait que Locke devait se trouver. Il se rapprochait du Monstre…
Après environ 200 mètres de course, il aperçut Locke. Ce dernier était acculé. Assemblage de matière organique et de métal, ce que Danielle Rousseau avait appelé un « système d’alarme »  s’apprêtait à lui flanquer un coup de ses griffes gigantesques.
Des secours inespérés arrivèrent : une roquette fut tirée d’un buisson avoisinant, suivit de quelques salves de tirs.
 Locke eut juste le temps de rouler sur le côté avant que le Monstre ne s’écrase lourdement au sol dans un bruit mat.
« Je crois que cette saloperie est morte » fit une voix dans les buissons. « J’avais jamais vu un machin aussi gros » fit une autre.
Jack s’approcha de Locke.

 

-         J’ai passé l’épreuve avec succès, dit celui-ci, alors que Jack l’aidait à se relever.
-         Avec un peu d’aide, ajouta le médecin en souriant.
-         Avec un peu d’aide, c’est vrai, reconnut Locke.

 

L’équipe de Miller sortit des fourrés, fusils braqués sur Jack et Locke.

 

-         Qui êtes-vous ? demanda Miller.
-         Eh  du calme tout va bien, fit Locke avec un geste appaisant.
-         Vous êtes les secours ?demanda Jack.
-         Les secours ? De quoi est-ce que vous parlez ? interrogea Miller.
-         Le vol 815 de Oceanic Airlines à destination de Los Angeles, vous vous rappelez ?
-         Los Angeles ? Vous êtes Terriens ?

 

De leur côté, Jack et Locke s’interrogeaient sur la signification précise de « Terriens ». L’équipe de Miller, elle, se regardait avec incrédulité.

 

-         Notre avion s’est écrasé il y a 1 mois et demi sur cette île, continua Locke, et… nous attendions les secours, mais je vois que ce n’était pas votre but, ni votre destination, à vrai dire…
-         Qu’est-ce que vous racontez ? dit Miller suspicieusement. On est dans la Galaxie de Pégase, pas dans la Voie Lactée.
-         C’est quoi ce bordel ? fit Jack. Si on est pas dans la Voie Lactée, alors pourquoi nous demandez si nous sommes Terriens ?

 

Miller sembla se calmer, baissa son P-90 et ordonna à ses hommes de faire de même.

 

-         Nous faisons partie de l’expédition Atlantis en provenance de la Terre, et nous explorons cette galaxie grâce à la porte des étoiles. Vous savez bien ce qu’est la porte des étoiles tout de même ?

 

 

-         Et c’est tout ? interrogea Elizabeth.

-         Jack et l’équipe du capitaine Miller sont venus nous chercher, nous sommes montés dans votre vaisseau, et voila… termina Kate.

-         Vous n’avez pas émis de réserves ? Rien ? Vous avez accepté de les suivre comme ça ?

 

Elizabeth avait de plus en plus de mal à croire ce qu’il lui racontait. Ca paraissait trop étrange, trop « calculé » pour être vrai.

Jack reposa sa tasse sur la table.

 

-         Pour être honnête tous les secours étaient les bienvenus, surtout à un moment où la quasi-totalité de ceux qui avaient survécu au crash avait été massacrée par le Monstre. D’autant plus que Locke pensait qu’il s’agissait d’un signe du…

-         D’un signe du destin.

 

L’étrange personnage venait d’arriver au mess et se tenait debout à quelques mètres d’eux.

 

-         C’est le destin qui nous a amené là-bas, et c’est le destin qui nous a permis d’en repartir. Pour arriver ici. Notre destin était d’arriver sur Atlantis.

 

John le regardait bizarrement tout en continuant de faire tourner sa cuillère dans sa tasse.

 

-         Et qu’est-ce qui vous fait penser ça… Mr. Locke ? demanda Weir.

 

Il haussa les épaules.

-         Je peux me servir un café ? demanda t-il.

-         Pas de problème, répondit John, sans le quitter des yeux.

 

Locke revint avec une tasse pleine de liquide fumant, prit une chaise et s’assit à leurs côtés.

 

-         Cette petite partie de Dr. Maboul avec le Dr. McKay était très réjouissante, fit-il en plaisantant.

 

La réfléxion arracha un sourire à Jack, en souvenir de leur petite aventure avec la dynamite, quelques semaines plus tôt. Mais il se rembrunit en repensant à ce qui était arrivé au pauvre Artz, qui avait littéralement était déchiqueté en manipulant les explosifs.

Elizabeth sourit. Ce type avait beau être bizarre, il n’en demeurait pas moins sympathique, tout comme ses deux compagnons, d’ailleurs.

 

-         Et vous faisiez quoi avant l’accident d’avion ? demanda Elizabeth, l’air de rien.

-         Je travaillais dans une entreprise de boîtes, dit-il.

 

D’après ce qu’Elizabeth avait compris, Locke était plutôt une espèce d’aventurier débrouillard, mi-scout, mi-illuminé. Et il travaillait dans une entreprise de boites… Décidément ces 3 personnes n’arrêteraient pas de la surprendre.

 

-         Personnellement, j’étais chirurgien, ajouta Jack, même si tout le monde le savait déjà.

-         Et vous Kate ?

 

La question de John sembla jeter un froid, Locke resta impassiblement plongé dans la contemplation de son café, Kate, paraissait très mal à l’aise, et Jack lançait à son frère un regard qui disait « Ferme là et ne cherche pas à en savoir plus ».

Il s’apprêtait à prendre la parole, pour détendre l’ambiance ou pour venir au secours de Kate, pensa Elizabeth, mais la jeune femme ne lui en laissa pas le temps.

 

-         Inutile de vous le cacher plus longtemps, dans ma vie d’avant j’…

-         Arrête Kate, franchement ce n’est pas la peine de…

-         Si c’est nécessaire. Dans l’éventualité où nous resterions ici pour un bout de temps et où nous devrions bâtir… une vie, des relations, des amitiés… - elle inspira profondément … Dans cette éventualité je ne pourrais construire tout ça sur un mensonge et ils doivent savoir que dans ma vie d’avant le crash j’ai commis quelques erreurs.

 

Elizabeth avait sa petite idée sur ces erreurs, et attendit que Kate rassemble le courage de tout leur expliquer.

 

-         J’ai été arrêtée pour plusieurs délits que j’ai commis, et dans l’avion j’étais escortée par un marshall. Je devais aller en prison à Los Angeles.

-         Et le destin a voulu, encore une fois, que vous n’y alliez pas. Votre nouvelle vie, comme la mienne et celle de Jack, a commencé sur cette île, et continue ici.

 

Elizabeth garda le silence. Peut-être que Locke n’avait pas tort. Peut-être que tous ceux qui venaient ici y venaient effectivement pour prendre un nouveau départ dans la vie. Elle-même avait du oublié tout ce qui faisait sa vie d’avant. Son chien, sa maison… Simon.

Son regard croisa celui de John Sheppard. Ils venaient de se mettre d’accord, sans qu’aucun mot ne fût échangé. Une sorte de lien particulier qu’ils étaient les seuls à partager. Non, elle n’avait pas perdu au change en venant ici.

 

-         Personne ne vous jugera pour ce que vous avez pu faire avant, Kate. Vous avez ma parole, dit Elizabeth.

-         Merci, vraiment… répondit Kate avec soulagement.

 

En tout cas, se dit Elizabeth, ça expliquait la soudaine animosité des autres en salle de conférence tout à l’heure. Ils en voulaient à Kate et la soupçonnaient d’essayer d’échapper à son destin. L’incarcération. Mais comme l’avait fait remarquer Locke, ce n’était peut-être pas le hasard qui les avait amenés ici.

 

**

Un quart d’heure plus tard, tous les 5 se trouvaient en salle d’embarquement. Elizabeth comprenait que la dizaine de personnes devant elle ait plus d’appréhension à passer la porte sans la « sécurité » d’un Jumper, et elle leur expliqua qu’il ne fallait pas s’inquiéter, que de l’autre côté ils seraient reçus par le Général O’neill en personne, et qu’ils pourraient rentrer chez eux dans très peu de temps.

 

Les « disparus » qui n’avaient pas été massacrés par le Monstre passèrent alors la porte les uns après les autres, les derniers étant Charlie, Claire et son petit Aaron. Ils leurs firent un ultime salut. Puis le vortex se referma.

 

-         Où sont Ronon et Teyla ? demanda John, qui se rappela soudainement que la cité d’Atlantis servait aussi de SOS – détresse - amitié pour extraterrestres rejetés.

-         Ils sont partis pour deux jours sur P8X442, lui répondit Elizabeth, ils tentent d’obtenir une alliance commerciale.

-         Ah, je ne savais pas… fit distraitement John, qui avait remarqué que son frère avait passé son bras autour de la taille de Kate… laquelle avait entrecroisé ses doigts avec les siens.

 

John fit discrètement signe à Elizabeth de regarder, puis il lui lança un regard du style « j’avais encore raison ». Elle leva les yeux au ciel.

 

-         Bon et bien, si vous n’y voyiez pas d’inconvénients, je retourne travailler, fit-elle.

-         A tout à l’heure alors, dit Kate.

 

Elle et Jack partirent dans les quartiers qui leurs avaient été attribués.

 

**

 

-         Vous voyez, j’avais raison, dit victorieusement John.

-         Un vrai gamin, soupira Elizabeth.

 

Ils étaient dans le bureau de cette dernière. Elle travaillait sur son ordinateur portable. Quant à lui et bien… Il s’amusait avec un trombone et avait les pieds posés sur le bureau.

 

-         La dernière fois qu’on m’a dit ça… commença t-il en s’arrêtant volontairement pour « ménager le suspens ».

-         Oui ? fit-elle en levant un œil distrait et en se replongeant immédiatement dans son travail.

-         C’est quand j’ai demandé à ma petite amie au lycée si…

 

Il s’arrêta de nouveau. Elle leva un regard exaspéré.

 

-         Je vous écoute, John…

-         Si je pouvais lui faire un « french kiss ».

 

Il s’attendait à une réaction, bien sûr… Il continua de jouer avec son trombone, l’air de rien.

Plusieurs émotions passèrent sur le visage d’Elizabeth.

Premièrement, elle resta interdite par cette révélation d’ordre personnel.

Deuxièmement, son visage se tordit dans un rictus étrange qui ressemblait fortement à un sourire.

Troisièmement, elle éclata de rire en se tenant l’estomac.

 

-         Quoi ? fit l’autre, légèrement vexé.

-         Un « French Kiss »… quel manque d’originalité !

 

Elle était toujours hilare.

 

-         Je ne vois pas en quoi ce n’est pas original.

-         Tout le monde le fait !

-         Pas aussi bien que moi, assurément…

-         Et prétentieux avec ça, dit-elle en essuyant une larme de rire.

 

Malgré tout elle continuait de taper sur son clavier sans se soucier de rien.

L’autre avait fait le tour du bureau et se tenait debout à côté d’elle

 

-         Je vous parie le contraire, lança t-il d’un air bravache.

 

Elizabeth arrêta de travailler et se leva. Les mains sur les hanches, elle répliqua :

 

-         Alors comme ça monsieur Sheppard pense qu’il embrasse mieux que tout le monde ?

 

Elle tenta de se composer un air courroucé mais c’était très difficile.

 

-         Parfaitement. Je pourrais vous le prouver, si je voulais

-         C’est vous qui voyez. En l’absence de preuve, je ne peux statuer sur la validité de votre affirmation.

-         D’accord. C’est juste histoire de vérifier.

-         Juste histoire de vérifier, confirma t-elle.

 

Elle devait reconnaître qu’il embrassait particulièrement bien. Elle devait également reconnaître qu’au départ il n’était pas vraiment prévu qu’il passe ses mains sous son T-Shirt et qu'elle passe les siennes autour de sa nuque, mais de toutes manières ça n’avait pas vraiment d’importance. Puisque que c’était juste pour vérifier ! Puisque que c’était juste pour vérifier il pouvait également se permettre de lui murmurer des « Liz » enfiévrés et elle pouvait à la rigueur lui demander de continuer encore et encore. Puisque c’était juste histoire de vérifier.

 

-         Je dérange peut-être ? fit une voix.

 

Locke.

 

-         Je peux savoir ce que vous faites là, Mr. Locke ? demanda Liz qui était passablement énervée par l’air amusé de leur interlocuteur qui venait de les surprendre dans une position pouvant induire un léger doute…

-         En fait je cherche Jack.

-         Et qu’est-ce que vous voulez que Jack fasse dans mon bureau ? dit-elle,tandis que John tentait d’enlever discrètement sa main de sous son T-Shirt.

-         A vrai dire je n’en ai aucune idée.

-         Alors que faites vous là ? demanda John tandis que Liz essayait d’enlever discrètement ses mains de sa nuque.

-         C’était juste histoire de vérifier…

 
 
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