Le 20 janvier
la vie reprenait difficilement à la base. Le cœur n’y était plus. Même le général Hammond ne savait plus comment motiver ses troupes.
-Mon général dit Sam, je voudrais démissionner du SGC .
-En êtes-vous sûre, colonel ? C’est une décision qu’il ne faut pas prendre à la légère.
Il regarda Sam qui avait maigri, depuis ces trois dernières semaines. Il s’inquiétait pour elle, ce n’était plus la jeune femme dynamique et gaie qu’il connaissait, elle n’était plus que l’ombre d’elle-même.
-Oui, mon général, ici c’est trop difficile, dit-elle d’une voix étranglée.
Elle se tut incapable de prononcer une parole de plus.
-Je comprends colonel, que la disparition du général O’Neill soit trop dure à supporter…
-Vous ne comprenez pas mon général, le coupa t-elle je ne sais pas ce qui s’est passé, mais ils ont fait de lui un traître. Il n’est pas mort dans un banal accident de voiture ! Il a eu droit au peloton d’exécution. Je ne peux même pas imaginer ce qu’il a dû souffrir, seul et abandonné de tous.
-Vous êtes persuadé qu’il n’a pas trahi ? dit Hammond
-J’en suis persuadé aussi dit Teal’c
-Moi de même dit Daniel !
Le général Hammond était soucieux, il n’avait pas le droit dans l’enceinte de la base de parler du général, mais devant l’air déterminé et malheureux de SG1 il décida de faire une exception.
Il leur fit signe de passer dans son bureau.
-Ici, rien n’est filmé ni enregistré, nous pouvons parler plus librement.
-Et pourquoi n’a-t-on pas le droit de parler de Jack ? s’étonna Daniel.
-C’est ainsi dit Hammond. L’ Etat Major me l’a bien fait comprendre.
-Mais comment a-t-on pu faire une telle chose ! il avait sauvé la terre un nombre incalculable de fois dit Daniel. Je trouve le président bien ingrat. Car il aurait pu gracier Jack n’est ce pas ? dit –il en s’ échauffant.
-Je ne pense pas dit Hammond. Et pour détourner la conversation, il leur demanda où ils en étaient de leurs entretiens avec le docteur Mac Kenzie.
-Vous savez mon général, la psychothérapie ne guérit pas du chagrin, dit Sam.
-Ce n’est pas son objectif en effet, colonel. Mais j’ai cru que le docteur vous aidait à mieux supporter les scènes violentes auxquelles vous avez été obligés d’assister.
-C’est le but en effet nous faire exprimer ce que nous avons ressenti, dit Daniel. Mais à mon avis je pense comme Ja… il s’arrêta au milieu du prénom de leur ami, il avait une fraction de seconde oublié qu’il n’était plus avec eux.
Il se tut, baissant la tête, comme accablé à chaque fois qu’il réalisait que celui qui était tout pour lui, avait disparu de leur vie.
Teal’c était très raide, debout, il regardait par-dessus le visage de Hammond, immobile.
Sam avait le regard dans le vague, une larme silencieuse roula sur sa joue.
Hammond, ému, reprit la parole après un long silence.
-SG1, je vous donne des vacances , je crois que vous avez encore tous des congés à prendre, reposez-vous. Quant à vous colonel dit-il en se tournant vers Sam, mettez à profit ce temps pour faire le point. Et puis si à votre retour vous êtes encore décidée à démissionner, je vous trouverais une autre affectation.
-Merci mon général.
Le 10 décembre.
Ce soir là Jack reçut un appel du président. Il écouta quelques instants, puis raccrocha sans dire un mot.
Qu’aurait-il pu dire ? Oui monsieur le président , je suis prêt à me jeter dans la gueule du loup !
Khonsou avait été fait prisonnier. Il restait encore une chose à faire.
Le 15 décembre.
-Sg1, je vais vous accompagner sur cette mission dit O’Neill, d’un air joyeux.
Cela les fit sourire, Jack avait besoin de se changer les idées.
-Le travail de bureau vous pèse Jack ? dit Daniel malicieusement.
-Oh oui, j’en ai raz le bol de me coltiner des problèmes d’intendance. Un peu d’action me fera du bien.
SG1 mordait à l’ hameçon. Pas besoin de forcer sur ce rôle pensa t-il chacun comprenait qu’il n’était pas un bureaucrate.
C’était une simple mission de routine, un temple à visiter, une mission calme comme Daniel les aimait. Chose agréable, O’Neill n’était pas pressé de rentrer il leur avait même laissé trois heures. Il pénétra avec eux dans le temple. Chacun se sépara, Daniel tout heureux prit des photos et des films. Le temple était désert, dehors il faisait beau et chaud. Sam fit des relevés géologiques, et si le sol regorgeait de naquadah ce serait une mission encore plus réussie.
-Teal’c ! restez en faction devant le temple, je vais aller explorer un petit peu par là dit O’Neill en montrant un chemin qui serpentait derrière le monument.
-Entendu O’Neill, je ne bouge pas.
Jack pendant ce temps grimpa sur une centaine de mètres et arriva à un petit monument. C’était là qu’il devait déposer le GDO. Naturellement ce serait à Jacob de se débrouiller par la suite pour le remettre à Mout en temps voulu.
Mission accomplie. Tout était en place pour l’acte final de la mission. Khonsou était arrêté et en lieu sûr. Le GDO bientôt dans les mains de Mout. Une planète prête à recevoir le dieu de la lune, et une équipe en surface, dès le 31 au soir pour cueillir Mout et ses jaffas à la sortie de la base , quand munie des codes d’O’Neill elle sortirait, prête à débuter la conquête de la Terre.
Le 31 décembre.
Quand les alarmes se déclenchèrent, le piège était prêt à se refermer sur la reine et son fils. Le supplice de Jack pouvait commencer. Il savait qu’il vivrait là une des journées les plus terrifiantes de son existence. Pour être crédible il devrait se laisser massacrer pendant des heures. Mais pour sauver la terre il était prêt, même à mourir s’il le fallait.
Il sortit d’un pas ferme de son bureau.
Le 31 mars
La chaleur accueillit Hammond dès sa descente d’avion , à Nassau. Il se rendit sur le port où il devait prendre une navette pour une île minuscule de l’archipel des Bahamas.
La traversée fut agréable, une légère brise marine rafraîchissait l’atmosphère et Hammond savoura cet instant de répit. Ce qui l’attendait n’allait peut être pas être facile à gérer.
Le bateau le déposa juste en face de l’hôtel, le seul de l’île. Il était composé d’une maison avec l’accueil et le restaurant et tout le long de la plage, d’une succession de petits bungalows. Le réceptionniste lui indiqua une case tout au bout de la plage, la dernière et un peu à l’ écart des autres.
-Vous êtes la première personne qui demande à le voir dit l’hôtelier avec curiosité.
S’il espérait que Hammond lui parlerait de son mystérieux client, il en fut pour ses frais. Hammond se contenta de le remercier et se dirigea vers la mer.
C’est vraiment une île paradisiaque pensa Hammond, devant le décor, mer bleu et sable chaud, digne d’une carte postale. Il y avait même les palmiers !
Il n’y avait personne dans le bungalow, Hammond en fit le tour et vit un homme qui nageait vers lui.
Hammond l’attendit et s’assit à côté de la serviette et des vêtements que le nageur solitaire avait laissés sur le sable.
Lorsque la grande silhouette sortit de l’eau Hammond sentit son cœur battre.
Enfin ! Pensa t-il ! Je vais pouvoir le ramener.
Malgré lui, il se sentait intimidé, Jack O’Neill avait pris une telle aura depuis le début du programme ! Tous les évènements survenus depuis trois mois n’y étaient pas étrangers. Quel homme extraordinaire ! Les souffrances avaient laissé peu de traces sur lui, à part quelques marques récentes sur son corps que le général Hammond remarqua avec un serrement de cœur. Jack portait les cheveux plus longs ils lui tombaient bas sur la nuque et une mèche folle barrait son front. Ses épaules semblaient encore élargies, sa taille plus mince et sa peau bronzée. Il ne vieillissait pas, c’était comme si les évènements n’avaient aucune prise sur lui.
-Georges ! Quelle surprise ! dit Jack tout en s’essuyant le torse. Il passa rapidement une chemise, et s’assit à côté du général, et en silence regarda son vieil ami.
-Comment allez-vous Jack ? Vous semblez en forme pour quelqu’un qui a connu…
-L’enfer ? murmura Jack. J’avais peur qu’ils m’aient oublié ! dit-il à voix plus haute.
Coup d’œil d’ Hammond.
-Rassurez-vous Jack, je suis venu vous chercher.
-Alors que se passe t-il sur notre belle planète ? dit-il légèrement. Voyez-vous, ici je suis un peu coupé du monde !
Hammond sourit :
-Vous voulez dire au SGC ?
-Cette affreuse base avec ses murs tout gris ? Oui en effet, je n’aurais jamais cru qu’elle me manquerait tant, dit-il sans sourire.
Hammond le voyait de profil, il avait perdu un peu de cette raideur militaire qu’il avait acquis tout au long des années, il avait un air sombre et dur, sa voix était lente, un peu moqueuse.
-Comment allez vous Jack ? redemanda Hammond.
-Oh je vais bien, je suis au paradis, dit-il en montrant le lagon, tous frais payés par le gouvernement. Que demander de plus ?
Le général n’insista pas, il y avait visiblement des blessures encore ouvertes. Il faudrait du temps, beaucoup de temps. On ne se remet pas rapidement d’une pareille épreuve.
-Notre avion part dans cinq heures, Jack, mais avant il faut nous regagnions Nassau. Vous êtes prêt ?
-Dans cinq minutes.
Il rentra dans le bungalow, et effectivement quelques minutes plus tard il ressortit avec un sac de marin dont il passa la bandoulière sur l’épaule. Il avait revêtu un jean et mit des baskets.
-Vous n’avez pas d’autres bagages ?
-Non, je voyage toujours léger !
Hammond était un peu inquiet, il se dit qu’il faudrait un long débriefing à Jack, il avait sûrement beaucoup de choses à lui apprendre.
Avant son voyage il avait eu le feu vert du président. Jack devait être mis au courant de la fin de la mission dont il avait été chargé.
Pendant le vol ils ne dirent pas un mot. Jack revivait les trois derniers mois qu’il venait de passer. Un mois dans un hôpital militaire à soigner ses blessures, puis la mise au vert dans cette île des Bahamas. Un repos forcé qui lui avait fait du bien physiquement mais l’avait coupé de tout. Il ignorait ce qui s’était passé à la base depuis son départ. Comment ses amis avaient réagi après son supplice, comment ils avaient accepté sa « trahison ». Quant à lui, il revivait dans son sommeil cette terrible nuit du 31 décembre. Il se réveillait en hurlant, trempé de sueur et n’arrivait à se calmer qu’en allant se baigner et en nageant pendant des heures jusqu’à ce que l’épuisement le gagne et le fasse plonger dans un sommeil lourd et sans rêve. Il attendait que le général Hammond parle. De lui-même il ne poserait pas de questions. Trop peur d’avoir les mauvaises réponses ! Et Carter ? Elle lui avait manqué pendant tout ce temps. Pas une journée sans qu’il ne revoie son doux visage, ses cheveux blonds, ses yeux... La dernière image qu’il avait d’elle était terrible, des yeux exorbités noyés de larmes, une bouche bâillonnée sur un long cri silencieux… Toute la terreur du monde dans ce regard, toute la douleur…
Il voulait une autre image d’elle, mais c’était celle-là qui peuplait ses nuits.
Il frissonna.
Après un long voyage sans histoire et un changement d’avion Colorado Springs était en vue.
-Je vais vous conduire chez moi Jack. Nous devons parler.
Il ne répondit pas, il avait froid, la température de Colorado Springs était encore très froide. Il prit un pull dans son sac. Un taxi les déposa chez Hammond.
Ils s’installèrent autour de la table de la cuisine autour d’un repas que le général Hammond avait préparé.
Après le potage le général commença.
-Tout d’abord Jack, vous le savez peut être , mais ils vous croient mort !
-Oui je m’en doute . Ma disparition était nécessaire, pour faire croire à Mout que j’étais mort. Il fallait que ma « trahison » soit officielle, c’est bien cela ?
-Oui, donc après votre procès éclair, l’état major a fait croire à votre mort. Moi-même je l’ai cru jusqu’il y a deux jours, quand le président m’a fait venir à Washington.
-Maintenant tout le monde sait que je suis en vie ?
-Pas encore Jack.
-Et vous comptez-le leur dire quand ?
Le général ne répondit pas tout de suite à sa question mais lui fit le long récit de ce qui s’était passé depuis la nuit du 31 décembre.
-Quand Mout et sa poignée de Jaffas sont sortis de la base, ils n’avaient pas prévu le comité d’accueil qui les attendaient. C’est tout juste si on ne lui avait pas déroulé le tapis rouge.
Un haut responsable l’invita à monter dans un véhicule en lui expliquant que le président des USA averti de ce qui s’était passé dans la base, voulait la voir. Il avait d’importantes choses à régler avec elle. Il lui dit qu’il savait parfaitement qu’elle avait des vaisseaux en orbite autour de la terre prêts à tirer. En somme il lui fit comprendre que le président aimerait discuter de la reddition de la Terre avec elle.
Hayes avait bien fait les choses, une limousine présidentielle l’attendait. Tellement orgueilleuse et imbue de sa personne, elle goba tout, et accepta de bonne grâce, comme un heureux présage, les honneurs qui lui étaient rendus.
Ce qui s’est passé ensuite est du domaine confidentiel naturellement. Rien n’a filtré des conversations entre Mout et le président.
Pendant ce récit Jack n’avait pas dit un mot, mais il écoutait attentivement, de temps à autre il jetait un regard au général qui en disait long sur l’attention qu’il portait à ce récit.
Le général poursuivit :
-Ensuite tout alla très vite, le président lui expliqua sans doute que l’on avait retrouvé son fils, sur quelle planète il était, et contre ces renseignements, elle devrait renoncer à la Terre. Elle a dû bien rire ! Mais finalement elle a du se dire que cela ne l’engageait pas beaucoup, et qu’ une fois résolus ses différents avec son fils, elle reviendrait régler son sort à notre planète.
Elle accepta.
Elle fut reconduite en grand secret dans la base et repassa la porte en direction de la planète de Khonsou. Ensuite nous avons appris par Jacob Carter que mère et fils se livraient un combat sanglant, et que le désastre que cela occasionnait dans sa flotte renvoyait ses prétentions sur la terre aux calendes grecques.
Après un long silence Hammond reprit.
-Votre mission a pleinement réussi, Jack.
-Vous m’en voyez ravi dit-il froidement.
-Qu’est ce que je peux faire pour vous Jack ? demanda Hammond avec inquiétude.
-Me conduire à la base. Suis-je rétabli dans mes fonctions ?
-Naturellement répondit Hammond, dès que j’aurais parlé avec le personnel de la base. Mais vous ne pouvez pas arriver comme ça. Il me faut prendre certaines précautions.
-Pourquoi ?
-Parce que vous n’imaginez pas les ravages qu’ a faits cette affaire. Ravages dans les esprits et dans … les cœurs.
-Je vous fais confiance Georges. Mais je suis resté assez longtemps hors de chez moi, je voudrais rentrer.
Le lendemain il pénétrait dans la base.
*****
Sam travaillait dans son labo quand elle entendit l’appel
-SG est demandée dans le bureau du général Hammond, SG1 est demandé…
Elle retrouva Daniel dans l’ascenseur. Ils ne dirent pas un mot. Les convocations chez le général Hammond n’ étaient pas rares, il devait y avoir encore un problème à résoudre pensa Sam en soupirant.
Elle était revenue à la base après ses congés. Hammond lui avait demandé expressément de reporter sa démission du SGC d’un mois ou deux. Il voulait qu’elle termine quelques travaux qu’elle avait en chantier, pour que son successeur puisse travailler dans de bonnes conditions. Elle avait accepté, pour rien au monde elle n’aurait voulu compliquer la tâche au vieux général qu’elle aimait beaucoup. Hammond avait toujours été là pour la soutenir dans cette terrible épreuve. Elle s’était confiée à lui, sans aucun regret. Maintenant que Jack était mort, il n’y avait plus aucun règlement qui tienne. Elle lui avait parlé de Jack, de cet amour interdit qui l’avait détruite peu à peu, qui les avaient détruits. Elle avait pleuré sur l’épaule compréhensive et affectueuse du général, et cela l’avait un peu soulagée de sa douleur. Maintenant elle n’avait plus qu’une hâte, quitter cette base à tout jamais. Pourtant elle avait du mal à le faire, car c’était là qu’elle le retrouvait, il avait hanté ces lieux si longtemps, tous les murs criaient sa présence. Pour elle c’était si dur ! elle savait bien qu’elle devrait changer de vie, mais elle ne se résignait pas à partir.
Elle entra dans la salle de briefing et s’installa à sa place. Hammond dès son arrivée et après avoir pris connaissance des terribles évènements avait fait changer la table, ce n’était plus celle sur laquelle Jack… Elle avait adressé un merci silencieux au général quand elle était entrée avec appréhension pour la première fois dans cette pièce. Avec soulagement elle avait touché le bois coloré d’un brun chaud qui n’avait rien à voir avec le rouge et le noir de la table précédente. Le sourire de Sam avait conforté le vieux général. Oui, il avait bien fait.
Le général était tout sourire quand il s’assit en haut de la table. Il avait aussi convoqué à cette réunion Veronica Green, Tom David et Anita Castillo.
Ils avaient beaucoup parlé tous les six, ils avaient eu des thérapies de groupe pour évacuer leurs souffrances et dire leur mal être. Mais ils se voyaient peu, SG1 était souvent en mission. Anita appartenait à SG13 et Tom David à SG10. Seule Veronica qui travaillait à l’infirmerie les voyait souvent, et Sam et Veronica étaient plus liées. A elle aussi Sam s’était confié. Toute la base était maintenant au courant des sentiments qu’elle avait éprouvés pour Jack. Tous le savaient, sauf le principal intéressé, elle n’avait pas eu le temps de le lui dire, et combien maintenant elle le regrettait. Il était parti sans le savoir.
Perdue dans ses pensées elle n’avait pas entendu le début de la réunion.
-Colonel ! Appela Hammond.
-Oh , excusez-moi mon général dit-elle confuse.
-Je disais donc que j’allais à nouveau partir en retraite, et j’espère bien y rester, dit-il enjoué.
-En retraite ? nous allons encore avoir un autre général dit Daniel d’un air renfrogné. On le connaît ?
-Oh oui, vous le connaissez, et même très bien. Je sais que ça ne posera aucun problème dit-il en souriant ;
-De qui s’agit-il ? demanda Daniel d’un air un peu inquiet.
-Avant de le nommer je dois vous faire le récit d’évènements qui se sont déroulés depuis ces trois derniers mois, commença le général.
Ils l’écoutaient en silence retracer la mission de Jack. Les mots parvenaient difficilement à Sam. Elle était comme pétrifiée, le cœur battant à tout rompre, elle entendait que Jack n’avait pas trahi, mais qu’il était en mission.
-Je ne suis pas surpris du tout général Hammond, O’Neill ne pouvait pas avoir trahi dit Teal’c calmement.
La bouche sèche, le cœur battant à tout rompre Sam parvint à articuler :
-Il va être réhabilité alors ?
-Naturellement dit Hammond. Une cérémonie est prévue, le président viendra exceptionnellement dans la base. Il a toujours voulu la visiter d’ailleurs, continua t-il d’un ton plus léger.
-Qu’essayez vous de nous dire Général Hammond ? Que Jack n’est…
Daniel s’arrêta au milieu de sa phrase, de peur de prononcer des mots qui auraient replongé Sam encore plus loin dans son chagrin.
Le général Hammond hocha la tête.
-Oui mes amis, il est vivant !
Les mots atteignaient Sam en plein cœur ! C’était trop, elle voulut prendre sa respiration mais n’y arriva pas, elle blanchit jusqu’aux lèvres et glissa de son fauteuil, évanouie.
Veronica la fit s’allonger sur le sol.
-Elle va bien dit-elle, comme Sam ouvrait les yeux.
Quelques instants plus tard, Sam le regard fiévreux écoutait la fin du récit du général, elle avait un léger sourire sur les lèvres, les yeux plein de larmes, son regard illuminait le bonheur.
-Où est-il ? comment va t-il ? Je peux le voir ? dit-elle avec précipitation, elle riait et pleurait à la fois, en proie à des émotions violentes. Elle qui était morte depuis trois mois sentait à nouveau la vie couler dans ses veines.
*****
Sam avait tous ses sens en éveil, elle reconnut son pas tandis qu’il montait l’escalier, elle ferma les yeux, pour jouir de cet instant et s’en rappeler par la suite. Quand elle les rouvrit, il était là sur le seuil, sa haute silhouette dans l’encadrement de la porte, un petit sourire sur les lèvres. C’était lui, son cœur se dilata de joie.
Il remarqua tout de suite le changement de table et jeta un regard surpris vers Hammond. Celui-ci lui répondit d’un sourire et il hocha la tête, soulagé.
Sam était pétrifié et ne bougeait pas se contentant de le dévorer des yeux. Elle laissa Daniel plus expansif se précipiter vers son ami. Teal’c aussi vint le saluer. Il parlèrent quelques minutes, puis Hammond fit un signe discret et tous sortirent laissant Jack et Sam ensemble.
Ils avaient le regard soudés l’un à l’autre. Ce fut elle qui prit les devants, elle se jeta à son cou, il fit seulement « Hé ! Carter ! » mais il referma les bras sur elle, et la prit tout contre lui, respirant le doux parfum de ses cheveux. Puis il l’éloigna d’elle et la regarda, elle avait le regard noyé, plein de larmes de chagrin et de bonheur mêlés.
-Venez vous asseoir dit-il, vous tenez à peine debout.
Délicatement il lui avança un fauteuil elle vint s’écrouler. Il s’assit près d’elle, gardant sa main dans la sienne, leurs doigts entremêlés.
-Que se passe t-il ?
-Vous savez, on a jamais cru que vous aviez trahi !
Il rit moqueur
-Et moi qui croyais avoir donné le change ! C’est raté !
-Oh non, ce n’était pas raté ! Mout y a cru et c’est le principal. Mais aucun d’entre nous dans toute la base, n’a douté de vous, je tenais absolument à vous le dire.
C’était le genre de phrase qui rendait O’Neill mal à l’aise. Il n’aimait pas s’épancher, il n’aimait pas recevoir de compliments, il avait toujours l’impression que ce n’était pas mérité. Sam le savait mais elle tenait à lui faire savoir la confiance que toute la base avait en lui.
-Merci Carter, ça me touche beaucoup. Bon, je crois que le travail m’attend, dit-il en se levant.
-Mon général, vous le saviez ?
-Quoi ? Carter dit-il avec douceur.
-Ce qui allait se passer ? le soir du 31 décembre, vous le saviez.
-Naturellement, j’étais en mission dit-il d’une voix neutre.
-Pour la torture aussi , vous le saviez, n’est ce pas ?
Il eut un geste d’impatience :
-Où voulez vous en venir Carter ?
-Je veux savoir comment ça c’est passé.
-Non.
-Non ? et pourquoi ?
-Parce que c’est confidentiel. C’était une mission commando, et je ne peux pas en dire plus.
-Même maintenant que Mout ne représente plus un danger ?
-Oui.
Il avait plongé son regard dans le sien. Elle ne pouvait rien y lire d’autre que de la détermination.
-Vous le saviez, j’en suis sûre, dit-elle en le dévorant des yeux. C’est … c’est … Les mots me manquent Monsieur,
Il secoua la tête :
- C’est militaire, Carter et n’importe lequel d’entre vous aurait fait la même chose. Tout le monde dans cette base aurait pu en faire autant.
-Je ne crois pas, mon général. Personne n’aurait tenu aussi longtemps que vous.
-Et bien disons que j’ai la peau un peu plus dure que les autres, et n’en parlons plus Carter, dit-il avec un sourire pour atténuer le ton un peu rude de ses paroles.
-A vos ordres, Monsieur.
*****
Jack reprit doucement le travail, il lui fallait se replonger dans la réalité. C’était très difficile pour lui d’oublier, trop de choses avaient passé qui l’avaient transformé en profondeur. Il avait compris, mais ce n’était pas la première fois, que la vie était bien courte et qu’il passait sans doute à côté du bonheur. Mais pour ça il n’était pas doué du tout. Les actions, l’héroïsme, il connaissait, mais se laisser submerger par les sentiments, ça c’était trop dur. Il faudrait bien un jour qu’il y songe sérieusement, car il n’y avait pas que lui en cause. Mais depuis la mort de son fils, il pensait qu’il n’aurait pas trop de sa vie entière pour expier ce qu’il considérait comme son crime le plus abominable.
*****
Hammond partit au bout d’une semaine, le temps que la transition se passe bien.
Il fit des adieux émouvants au SGC.
-J’espère que personne ne va me faire sortir de ma retraite une fois de plus , dit-il en riant.
-Bonne retraite Georges, dit Jack en le raccompagnant à la surface et jusqu’à sa voiture.
Les deux hommes se serrèrent la main.
-Venez me voir Jack, quand vous aurez cinq minutes, nous parlerons du bon vieux temps !
-Avec plaisir.
-Une chose, avant que je parte, faites attention au colonel Carter !
-Qu’est ce que vous voulez dire ?
-Rien d ‘autre que vous ne sachiez déjà.
Sur un signe de la main Hammond se dirigea vers sa voiture laissant Jack planté sur le parking.
*****
Jack rentra de bonne heure chez lui. Il voulait faire le point tranquillement. Il avait pu quitter la base sans faire trop de rencontres, mais les regards admiratifs et la gratitude des officiers et du personnel, le gênaient beaucoup. Il sortit en un quart d’heure ce qui vues les circonstances n’était pas mal du tout.
Il posa son sac dans l’entrée et mit sa veste au porte manteau et se faisant il croisa son regard dans la glace.
Trop vieux, beaucoup trop vieux pour elle, pensa t-il en s’examinant sans complaisance. La glace lui renvoya l’image d’un homme d’âge mûr, aux rides profondes, au visage fatigué. Il se trouva moche et pensa que c’était incompréhensible qu’ une si belle femme comme Carter, et de dix ans sa cadette, le trouve à son goût. Non, il avait dû faire une erreur, elle était son amie, elle avait crié sa douleur de ne pouvoir rien faire, elle l’avait pleuré comme on pleure un proche, un supérieur avec qui on a travaillé tellement de temps ! Elle avait souffert terriblement de sa « trahison », que l’armée le fasse passer pour un traître, elle avait été heureuse de le retrouver, l’émotion l’avait submergée mais il ne pouvait y avoir rien de plus. Que pouvait-elle trouver chez lui de bien ? son visage était marqué, il avait les cheveux plus blancs que gris maintenant, sa jeunesse s’était envolée dans trop de tourments, et de souffrances. Ce qu’il venait de vivre était peut être une des pires choses qui avait pu lui arriver. Ses nuits étaient peuplées de ses terreurs, à un tel point qu’il redoutait de se coucher, et dormait le moins possible, juste ce qu’il fallait pour éviter l’épuisement. Il était de plus en plus grincheux et taciturne. Oui il se sentait au bout du rouleau, et n’avait pas le droit de lui laisser de faux espoirs, il ne pourrait jamais rien y avoir entre eux.
Oui, à la prochaine occasion, il le lui dirait.
*****
L’occasion se présenta dès le soir même. Vers dix heures on sonna à la porte.
C’était elle.
-Carter ! Qu’est ce que vous venez faire ici dit-il d’un ton un peu brusque.
-Je vous dérange Monsieur ? demanda t -elle avec de la déception dans la voix.
-Pas du tout, entrez, dit-il en s’effaçant.
Elle trouva son salon bien vide, bien impersonnel, pas de photos, ni d’objets auxquels on tient.
Il suivit son regard :
-Vous savez je ne suis jamais chez moi ! Je me demande parfois pourquoi je garde cette maison… dit-il à mi voix.
Elle s’assit un peu raide sur le bout du canapé, et leva les yeux sur lui.
-Je voulais qu’on parle…
-On a déjà dit beaucoup de choses, vous savez.
-Ah vous trouvez ! dit-elle en élevant la voix. On a rien dit, on ne dit jamais rien, on enfouit tout en soi… Tout ce qu’on ressent ne doit pas dépasser, ça ne ferait pas militaire ajouta –elle amèrement.
Il ne répondit pas la regardant d’un air dur.
-Vous êtes rentré aujourd’hui, on a juste évoqué ce qui s’était passé, ce n’est pas assez pour moi.
-Il y a des psy pour ça Carter, dit-il moqueur. D’ailleurs connaissant les bons docteurs de la base, vous avez déjà dû y passer, que voulez-vous de plus ?
Elle était suffoqué, que s’était –il passé depuis tout à l’heure ? Il avait eu ‘air heureux de la revoir. Il l’avait même serré contre lui. Alors pourquoi ce recul ?
-C’est avec vous que je voulais en parler, Monsieur, murmura t-elle.
-Pourquoi ? Vous savez que je n’ai pas le droit de parler.
-C’est trop cruel, je vous ai vu, sur cette table, je ne trouve même pas les mots pour dire cette terreur que j’ai ressentie. Je ne pouvais rien faire, nous ne pouvions rien faire, que de regarder vous laisser massacrer. Vous aviez accepté ça, c’était votre mission, mon côté militaire l’approuve bien sûr, mais mon cœur le rejette, c’est trop dur.
Elle pleurait à nouveau maintenant, des larmes inondaient son visage. Il ne pouvait rien pour elle. Il ne voulait rien pour elle. Rien du tout.
-Carter, calmez vous. Tout ça c’est fini !
Il s’était assis en face d’elle, le plus loin possible d’elle, pour ne pas être tenté de la prendre dans ses bras.Il valait mieux que tout s’arrête maintenant. Il le lui dit :
-J’ai vu sur mon bureau un dossier vous concernant colonel. Vous aviez fait une demande de mutation dans le courant janvier ?
Il l’avait appelée colonel ! Elle leva les yeux sur lui, et ne vit qu’un visage dur et impassible.
-Oui mon général ! dit-elle d’une voix tremblante Mais le général Hammond m’avait dit qu’il ne la ferait pas suivre, j’ai changé d’avis à sa demande.
Il la regarda le cœur serré, mais ne montra rien de son trouble.
-Colonel, reprit-il d’une voix plus douce, j’ai bien envie de faire remonter cette demande à l’état major. Je crois que vous ne pouvez plus supporter ce qui vous est demandé à la base. Un changement vous ferait du bien.
-Et qui supporterait ça ? A part le GRAND Jack O’ Neill ! cria t-elle. Vous vous êtes demandé ce qu’il en advenait de Daniel, Teal’c, Tom, Anita et Veronica ? A eux aussi vous allez leur demander de partir ? parce qu’ils ont aussi été bouleversé par ce qu’ils ont vu et n’ont pu l’ empêcher ?
-Votre réaction me conforte dans l’idée que vous avez besoin de quitter cette base.
-Je ne démissionnerais pas dit-elle les dents serrées.
-Je n’ai pas besoin de votre démission dit-il glacial, je peux vous faire muter dans les 48 heures.
Elle tremblait, il voulait se débarrasser d’elle. En fait il ne supportait pas qu’elle ait dû assister à son supplice. Il avait dû se sentir extrêmement humilié.
-Je vous demande pardon monsieur.
-Mais de quoi ?
-D’avoir été là.
-Vous n’avez aucun reproche à vous faire ! Carter. Vous devriez rentrer chez vous maintenant.
Elle hocha la tête et après un dernier regard vers la silhouette de son supérieur elle sortit de la maison, le cœur en charpie. Il ne l’aimait pas, elle en était sûre maintenant.
*****
La pluie se mêlait à ses larmes tandis qu’elle regagnait sa voiture. Elle ne démarra pas tout de suite incapable de tenir le volant. Elle s’efforça de respirer calmement, de ralentir les battements de son cœur. Mais de cœur elle n’en avait plus, il était mort. Il ne voulait pas d’elle.
La nuit était sombre, les rues mal éclairées, pas un chat dehors, c’était presque une nuit de tempête, une nuit en harmonie avec ce qu’elle éprouvait, de la peur et de l’ angoisse. Etre seule jusqu’à la fin de ses jours, adieux ses beaux rêves. Elle le haïssait d’être rentré, rendu encore plus fort et plus lointain par cette épreuve. Totalement inaccessible. Quand elle le pleurait c’était un déchirement, mais il n’était plus là, tandis que maintenant, elle le croiserait tous les jours à la base, lui parlerait, verrait la dureté dans son regard, serait obligée de lui parler, de faire des briefings avec lui. Non pas avec lui, à coté de lui, mais si loin pourtant.
Oui, elle le haïssait, il n’aurait pas dû rentrer.
Puis l’instant d’après elle avait honte d’elle, penser une telle chose était indigne ! Lui qui avait accepté une mission si cruelle , sans se poser de questions parce que c’était son devoir, non, elle n’avait pas le droit de l’accabler. Elle se sentait si petite et si misérable. Sam était partagée entre une foule de sentiments contradictoires, la passion, l’amour et la haine, l’angoisse et la peur, la joie et la souffrance.
Elle s’arrêta à quelques mètres de sa maison. Le vent s’était levé et soufflait en rafales, une pluie diluvienne la trempa le temps qu’elle arrive devant sa porte.
Son chez elle était aussi impersonnel que celui de Jack. Un logement de passage, où elle venait de temps en temps quand elle voulait quitter la base. Rien qui put donner envie d’y rester, un foyer déserté, sans chaleur, comme sa vie. Le vide.
Le lendemain, elle ne le vit pas, il n’ était pas à la base. Elle avait voulu lui parler mais Harriman lui avait dit qu’il était à Washington, jusqu’au lendemain.
De violents maux de tête qu’elle mit sur le manque de sommeil l’empêchaient de se concentrer. Dans l’après midi elle dut se résoudre à aller à l’infirmerie.
-Sam ! qu’est ce qui se passe ? lui dit Veronica inquiète, en la voyant sur le seuil de la porte, au bord du malaise.
-Mal au crâne dit la jeune femme.
-Allonge-toi, le médecin ne va pas tarder.
-Tu sais je ne sais pas si j’ai vraiment besoin d’un médecin dit Sam en fondant en larmes.
-Oh là, ça n’a pas l’air d’aller toi ? Des ennuis ?
-Non, bien sûr que non, dit Sam un peu trop vite.
Veronica sourit :
-Bon admettons, mais si tu veux m’en parler…Je suis là jusqu’à 19 heures…
-Ça va aller coupa Sam. En aucun cas elle ne voudrait parler du général, à des membres du personnel. Elle se devait de résoudre seule, ses problèmes.
Après une nouvelle nuit sans sommeil elle décida de prendre les devants, de le pousser dans ses derniers retranchements. Il fallait qu’elle soit sûre. Il ne lui avait pas dit qu’il ne l’aimait pas, or elle voulait l’entendre de sa bouche, c’était indispensable pour la paix de son âme, et pouvoir peut être tourner la page, un jour.
Il était dans son bureau quand elle frappa. Elle attaqua tout de suite avant qu’il ait pu dire un seul mot.
-Excusez-moi de vous déranger, mon général, mais je voudrais vous parler en privé, mais pas ici.
-Est-ce bien nécessaire Carter ? dit-il en la fixant.
Sur le visage de la jeune femme il ne put rien lire, comme lui, elle était passée maître dans l’art de la dissimulation de sentiments quand elle le voulait. Il dut se résigner.
-Oui mon général.
-Entendu Carter, mais je ne serais pas libre avant 21 heures, peut être même plus tard, si ça vous convient ?
-Bien Monsieur, je vous attendrais chez moi, toute la nuit s’il le faut… murmura t-elle.
-C’est entendu, Carter.
Pendant le briefing Jack n’écouta pas beaucoup les longues explications de Daniel sur la présence de Goa’ulds sur P9N762. Il n’avait pas beaucoup dormi lui-même depuis qu’elle était venue chez lui. La demande de mutation était encore sur son bureau et il se donnait une semaine de réflexion avant de la faire remonter. Mais il ne l’avait pas dit à Sam. Il attendait. Il ne savait pas trop quoi, peut être un coup de pouce du destin, quelque chose d’inattendu qui changerait tout. Il se traita d’adolescent attardé ! Devant Sam son cœur s’emballait, il la regardait pendant qu’elle triait sans conviction ses papiers devant elle. Il lui trouva une toute petite mine, les yeux rouges, elle avait pleuré. Il s’en voulut de la faire souffrir. Mais il pensait sincèrement qu’il n’y avait aucun avenir entre eux, et qu’il était temps de rompre cette attirance qui les détruisait tous les deux.
Au moment où elle s’apprêtait à partir, les alarmes retentirent. Elle se trouvait encore dans la salle de contrôle quand tout s’éteignit.
-Carter ! cria O’Neill ,
-Je m’en occupe mon général dit-elle aussitôt, ayant senti de l’impatience dans sa voix.
Elle travailla avec les techniciens sur les consoles pendant plus d’une heure. Rien n’y fit.
-Je ne vois pas ce qui se passe, dit-elle.
-Une attaque ? le vortex est pourtant resté connecté très peu de temps.
-Cela est suffisant pour abîmer notre système monsieur.
-Mais vous allez trouver la parade, n’est ce pas ?
Il avait tout à coup de l’inquiétude dans la voix. C’est là qu’il se maudissait de ne pas s’y connaître un peu plus. Il ne voulut surtout pas avoir l’air paniqué et reprit beaucoup plus calmement.
-Vous allez trouver Carter ?
-Bien sur mon général dit-elle en lui jetant un coup d’œil, mais cela risque d’être un peu long et je vais sûrement y passer une bonne partie de la nuit.
-Vous avez besoin de moi ?
-Pour les codes, oui, quand on pourra réinitialiser, mais nous n’en sommes pas là.
-Bon je vous laisse travailler. Appelez moi au moindre problème.
-A vos ordres.
Cette maudite base se mettait toujours entre elle et lui, pensa t-elle. Le soir où elle voulait lui parler il fallait qu’il y ait cette panne. Son professionnalisme reprenant le dessus, elle se mit au travail. Deux heures plus tard elle avait trouvé l’origine des fluctuations qui avaient atteint le système. Elle fit appeler O’Neill par le sergent Harriman qui était resté à proximité. Tout dévoué à son général auquel il vouait une grande admiration, il ne comptait pas ses heures.
O’Neill arriva cinq minutes plus tard, il était trois heures de la nuit et la fatigue commençait à se faire sentir.
Sans un mot il s’installa à la console près de Sam. Ils travaillèrent de concert ne parlant que brièvement , à propos de leur travail.
Sam était bien, tout en pianotant sur les claviers, elle jetait de temps à autre un regard à son supérieur qui était hyper concentré. Elle se permit un sourire qu’il intercepta.
-Pas évident pour moi tout ça ! dit-il amusé.
-Vous vous débrouillez très bien, monsieur !
Elle se rendait compte à ce moment combien la présence de cet homme lui était indispensable, comme l’air dont elle avait besoin pour respirer. C’était aussi simple que cela, sans lui elle était morte. Tant pis s’il ne l’aimait pas, mais si elle ne pouvait vivre avec lui, alors ce serait à côté de lui.
Elle prit la décision de rester au SGC, si lui quittait la base, elle le ferait aussi, elle irait vivre près de lui. Elle vivrait dans son ombre. Il était son soleil, sa force, il levait tous les doutes, il apaisait ses angoisses.
Forte de cette évidence , elle décida de lui parler tout de suite, dès qu’ils auraient fini ce travail.
-Mon général, je crois que la nuit est fichue,
-En effet, il est cinq heures, dans trois heures nous avons un briefing, dit-il en soupirant et en étouffant un bâillement.
La salle des ordinateurs n’était éclairée que par la lueur bleutée des écrans. Tout était calme, le silence s’instaura entre eux, tandis que Sam faisait les derniers réglages.
-Tout est sous contrôle mon général.
Ils étaient seuls tous les deux, et se regardaient en souriant. Sam se lança
-Mon général,je peux vous parler une minute ?
-Dans mon bureau, Carter.
Quelques instants plus tard à l’abri des caméras de surveillance et des oreilles indiscrètes, Sam aborda le sujet qui lui tenait tant à cœur.
-Je voudrais rester au SGC, mon général.
-Vous êtes sûre ?
-Absolument mon général, si vous voulez toujours de moi ?
Il soupira :
-Naturellement, je tiens beaucoup à vous…
Il s’interrompit sous le regard inquisiteur et amusé de Sam.
-Vous tenez à moi jusqu’à quel point ? mon général dit-elle avec un soupçon d’ironie dans la voix.
Elle savait qu’elle s’aventurait en terrain glissant. Avec lui, elle ne savait jamais sur quel pied danser, surtout depuis qu’il était revenu de sa terrible mission, il avait changé et souriait peu, et plaisantait encore moins..
Il sourit :
-Je souhaite que vous restiez au SGC, Carter.
Elle semblait déçue :
-Sommes nous toujours amis mon général ? autant que faire se peut entre un supérieur et son second, ajouta t-elle très vite.
Il sourit largement
-Naturellement Carter. Où voulez vous en venir ?
Son cœur fit un bond dans sa poitrine, il ne coupait pas la conversation au contraire il tentait une ouverture.
Elle se rapprocha de lui, il ne bougeait pas un petit sourire énigmatique sur les lèvres.
-Vous comprenez très bien ce que je veux dire, mon général…enfin je suppose souffla t-elle.
-Oui, enfin je pense dit-il, en coupant court. Et si on allait se reposer un peu, avant le briefing de demain ?
-Oui, mon général, allons-y, dit-elle le cœur serré, il s’était encore dérobé.
Ils descendirent lentement les escaliers et se dirigèrent vers leurs quartiers, situés dans le même secteur de la base. Sam arriva devant sa porte la première.
-Bonne nuit mon général,
-Bonne nuit Carter dit-il en s’éloignant.
Jack, sans même se dévêtir, s’allongea dans le noir et contre toute attente il s’endormit tout de suite. Le rêve l’empoigna aussitôt.
C’était toujours le même, le regard de Carter, pendant qu’il subissait la torture des mains de Mout. Ce terrible regard bleu noyé de larmes, exprimant l’indicible , l’horreur, mais aussi tout l’amour qu’elle éprouvait pour lui. Il sentait ce regard sur lui et loin d’en éprouver de la honte, il lui faisait du bien, il souffrait moins. La chaleur l’enveloppait et il oubliait tout. Puis le rêve changea il revit la lagune où il avait passé deux mois à essayer de se reconstruire loin d’elle, et il confondait le bleu de ses yeux et celui de la mer. Les images se superposaient mais il revenait toujours vers elle, comme vers une lumière dont il ne pouvait se passer, tel un papillon qui vient se brûler les ailes sur la lampe. Ce rêve il le faisait toutes les nuits depuis le 31 décembre, pas une seule nuit sans cet amour. De nuit en nuit le rêve se faisait plus pressant. Il sentait l’urgence à trouver une issue, mais il n’arrivait pas à se décider.
Il savait au fond de lui que cela ne pouvait pas durer ainsi, il se réveillait tous les matins, moins reposé que la veille au soir, le cœur battant, couvert de sueur, le crâne résonnant de sons et d’images qu’il ne contrôlait plus. Ces images le poursuivaient dans la journée, le poussant à rechercher la présence de Sam. Il aimait tellement la façon dont elle le regardait, cela l’apaisait. Oui elle l’aimait, elle le lui avait encore fait comprendre hier soir. Tout cela il le savait dans son cœur depuis longtemps, mais sa raison se rebellait encore. Ses nuits ne le reposant plus, il lui fallait agir et vite, s’il ne voulait pas sombrer totalement.
Il arriva en retard au briefing, très en retard, il avait voulu prendre une douche pour éclaircir ses idées.
Il s’assit à sa place en haut de la table et commença la réunion tout de suite.
-Hier soir nous avons eu un problème avec les ordinateurs, une attaque éclair venant du vortex. Carter, dit-il en appelant la jeune femme, vous passerez le temps qu’il faudra pour trouver d’où vient cette attaque, de quelle planète, quel Goa’uld ? et empêcher à l’avenir la panne du système. Faites-vous aider de Daniel et de Teal’c.
-A vos ordres répondit la jeune femme.
-Mais Jack, dit Daniel, et l’artéfact de P9N890 ? On n’en parle pas aujourd’hui ?
-Désolé Daniel dit Jack en souriant, la mission est reportée.
Daniel soupira :
-J’avais pourtant préparé un topo ! dit-il déçu.
-Ce n’est que partie remise Daniel, on en reparle demain, dit-il soulagé d’échapper aux longs monologues de Daniel.
Il se leva et fit signe à Sam de la suivre dans son bureau.
-Fermez la porte Carter, s’il vous plait. Est-ce que votre invitation tient toujours ? dit-il soudain.
-Mon invitation ? à vous rendre chez moi dit-elle en le regardant au fond des yeux ?