Citations du moment :
«J’ai envie de suggérer une hypothèse, selon laquelle la faible participation des femmes sur la scène politique serait le simple mépris qu’elles en ont.»
[ Pierre Desproges ]
Imagine

Jack, Liz et Sam : Chapitre 2

Elle courait aussi vite qu’elle le pouvait, ses chaussures de ville et le sable ne l’aidaient pas beaucoup. De nouveau, il la rattrapa, cette fois il la fit tomber dans le sable et l’immobilisa. Il était au-dessus d’elle

 

Jack : Doucement, je ne te ferais aucun mal, ne t’enfuis pas, je veux juste te parler

Liz :…(pensant) Mais pourquoi il insiste ?

Jack : Quoi ? Pourquoi partir, s’il te plait, reste un peu pour discuter avec moi.

 

Jack la sentait très tendue, il lui ôta doucement les lunettes et revit ses yeux noirs. Il lui sourit

 

Jack : Voilà qui est mieux dit il en la fixant

Liz : Lâche-moi(pensant) Pas ça, non je ne veux pas, il ne doit pas

Jack : Tu ne pars plus ?

Liz (implorant): Je vous en prie mon Colonel lâchez-moi (pensant) Idiote, tu te grilles toute seule !

 

Jack se figea. Avait-il bien entendu ? Non, c’était pas possible. La jeune femme se pinça les lèvres, cela lui avait échappé. Jack restant sur elle dirigea sa main vers les longs cheveux noirs, il hésita puis doucement tira. La chevelure s’accrocha à ses mains et il découvrit des cheveux blonds. Il la regarda sans comprendre.

 

Elle avait espéré qu’il s’éloigne simplement, mais comme elle s’en doutait, il voulait savoir, s’il avait bien entendu. Quand il approcha la main de ses cheveux, elle retint sa respiration quelques secondes. Et il la vit.

 

Sam : S’il vous plait poussez-vous. Supplia t’elle

 

Jack obéi machinalement, il resta à genoux devant elle, qui s’asseyait. Un vent plus violent fit s’envoler le sable. Elle ferma les yeux et les frotta. Elle tourna la tête et  quand de nouveau elle fit face à Jack, il vit ses yeux bleus le  sonder. Sam était devant lui. Les yeux rougis par le sable et les larmes.

 
***Sam
 

Il n’aurait pas du. Je crois que je n’ai jamais eu aussi honte de toute ma vie. Comment j’aurais pu savoir que Mon Jonathan et Jack étaient les mêmes…J’en reviens pas ! Il me regarde de telle façon, j’aimerais m’enfoncer dans le sable.***

 

Jack : Carter ? réussi t’il finalement à dire

Sam (tête basse): Mon Colonel

Jack : Attendez, c’est quoi cette histoire ?

Sam : Je ne savais pas, je vous le jure

Jack : Vous êtes Liz ?

Sam : Oui

 
 
***Jack
 

Non, c’est pas vrai, c’est un rêve, je vais me réveiller. Ce n’est pas possible. Arh, saleté de sable et voilà la pluie qui s’y met. Il faut que je reprenne le contrôle.***

 

Le vent se leva encore et la pluie commença à tomber, lentement puis de plus en plus fort. Jack se releva et tendit la main à Sam. Elle accepta l’aide et baissa de nouveau les yeux

 

Jack : Venez, retournons dans ce bar, nous serons à l’abri. Dit il en se remettant en mode militaire

 

Quand il arrivèrent à destination, Jack commanda deux tequilas et invita Sam à s’asseoir à une table. Elle avait les yeux rivés sur l’océan.

 

Jack (froid): Tenez, j’espère que vous aimez, moi j’en ai besoin

Sam (tête basse): Merci

Jack : Je comprends pas

Sam : Y ‘a rien à comprendre

Jack (élevant la voix): Vous plaisantez ? Pourquoi m’avoir menti toutes ses années ?

Sam (de même): Attendez, je n’en savais rien avant ce soir

Jack : Vous ne m’avez pas reconnu ?

Sam : Désolée mais non, la première fois que l’on s’est revu, 15 ans avaient passé presque. Et vous, vous ne saviez pas ?

Jack : Je vous signale que pour moi Liz est une brune aux yeux noirs.

Sam : Mon dieu, je ne sais pas quoi dire(pensant) J’ai l’air d’une truffe

Jack : Commencez par me dire pour quoi vous m’avez menti à l’époque

 

Jack se sentait trahi, il voulait comprendre, Liz était très importante pour lui et le fait qu’elle lui ai menti, le rendait triste et en colère.

Que pouvait elle lui dire à part la vérité, une vérité qu’elle ne connaissait pas vraiment, c’était une époque de son existence très délicate, Jonathan l’avait réconcilié avec la vie. Elle prit une grande inspiration et regarda autour d’elle, il y avait quelques personnes assises au comptoir, qui riaient, d’autres regardaient l’orage déchirer le ciel. Enfin elle se décida à parler mais ne put le regarder.

 

Sam : Je n’ai pas vraiment menti murmura t’elle

Jack : Vous vous étiez déguisée et vous avez prétendu vous appeler Liz et vous avez aussi dit que vos parents étaient morts.

Sam : Je sais. D’abord, je n’étais pas déguisée, à l’époque je n’allais pas bien, je m’étais fait teindre les cheveux et je portais des lentilles. J’étais dans une période noire dans tous les sens du terme. Liz ça vient de mon 2ème prénom, ma grand-mère m’appelait ainsi quand elle me racontait des histoires enfant.

Jack : Et pour vos parents, Jacob est tout ce qu’il y a de plus vivant. Demanda t’il insatisfait

Sam : J’ai dit que j’avais perdu mes parents, ma mère venait de mourir et mon père n’était plus qu’une ombre, je ne le voyais presque plus. Et je lui en voulais tellement…Jamais je n’ai voulu mentir, ma vie…je voulais juste être quelqu’un d’autre. Au début ça n’avait pas d’importance, je ne pensais pas que l’on se reverrait…et puis vous êtes revenu tous les soirs

Jack : Et aujourd’hui pourquoi cette perruque ?

Sam : Pour qu’il me reconnaisse !

Jack : Pas il, moi !

Sam : Oui, et puis j’ai toujours su qu’il…pardon que vous étiez militaire de l’USAF, j’avais pas forcément envie que l’on se croise à une soirée, après tout je ne savais pas ce que vous étiez devenu.

Jack : Par prudence alors ?

Sam : Oui et un peu par peur.

Jack (soupirant) : Ok, je ne sais pas quoi penser

Sam : Et vous, pourquoi vous vous êtes présenté sous le nom de Jonathan ?

Jack : Je n’en sais rien, au moins c’est mon prénom et puis, je peux dire que vous seule m’avez appelé ainsi

 

Un silence se fit pendant quelques minutes, la musique du bar parvenait à leurs oreilles, mais aucun des deux n’aurait pu dire ce qui passait, trop occupé à vouloir comprendre et surtout encaisser le choc.

 

Sam : Quand je vous ai vu sur la plage tout à l’heure, j’ai paniqué

Jack : J’avais compris. Vous n’êtes pas avec votre frère alors, pourquoi avoir encore menti ?

Sam : Sérieusement vous me voyez vous dire : J’ai rendez-vous avec un homme que j’ai connu il y a 20 ans, nous avons eu une aventure et nous nous sommes promis de nous revoir pour un câlin sur le sable

Jack : C’est sur. Je peux avaler votre verre ?

Sam : Allez-y !

Jack (buvant d’un trait):Merci. Si j’avais su que vous étiez ma Liz, vous vous rendez compte depuis 7 ans nous sommes tous les deux, côte à côte

Sam : Je sais. (presque pour elle-même ) Finalement, j’ai obtenu ce que je voulais

Jack : C’est à dire ?

Sam : Quand je suis partie à New-York, les disputes avec mon père sont devenues insoutenables. Je le haïssais, à cause de son retard ma mère était morte. D’ailleurs si je suis si ponctuelle ça vient de là.

Jack : Continuez

Sam : Bref, j’en avais assez, et puis je me suis dit l’armée c’est pas plus mal, ça va faire enrager mon père et puis peut-être que je retrouverais mon Jonathan

Jack (surpris): Vous vous êtes engagés pour ça ?

Sam : Ironique non ? dit t’elle dans un rire nerveux

Jack : Comme vous dites !

Sam : J’ai cherché un peu partout mais j’ignorais votre nom de famille. Et je cherchais un Jonathan

Jack : Je comprends, je suis revenu parfois ici, pour savoir. La dernière fois, c’était après la mort de Charlie…ça m’a fait du bien.

Sam : J’ai souvent repensé à ces quelques mois, je vous dois la vie depuis bien longtemps, grâce à vous j’ai repris le dessus, je sais ça peut paraître mielleux mais, j’ai passé de merveilleux moments, ils font partis des plus beaux de ma vie.

Jack : Je sais moi aussi

Sam : Vous connaissiez déjà Sara ?

Jack : Oui, le premier soir quand on s’est vu, elle venait de me quitter. Elle est revenue quelques mois après votre départ.

Sam : Je comprends. (pas convaincu) Ecoutez tout ceci ne devrait pas nous gêner, c’était il y a longtemps, nous étions jeunes…

Jack (la coupant): Oh mon Dieu !

Sam : Quoi ?

Jack (inquiet): Vous aviez quel âge ?

Sam : Vous le savez vous connaissez ma date de naissance

Jack (blanc): C’est pas vrai, vous n’étiez qu’une enfant dit il tout bas en se passant la main dans les cheveux, signe de nervosité chez lui

Sam (vexée): J’avais 16 ans

Jack : J’étais persuadé que vous étiez majeure, vous vous rendez compte que j’ai 10 ans de plus que vous ?

Sam : Et alors, à l’époque c’est vrai que je pensais que vous aviez 23/24 ans mais bon, quant à mon âge si vous aviez demandé je ne l’aurais pas caché ?

 

Jack était abasourdi par la nouvelle, il n’avait même pas pensé à lui demander son âge…En y repensant, elle disait qu’elle était à la fac, donc pour lui, elle était majeure. Il se souvint que Sam avait trois ans d’avance sur ses études et secoua la tête. Il se rappela de la fois ou elle lui avait annoncé timidement qu’elle était vierge, cela ne lui avait pas semblé bizarre qu’à 18 ou 20 ans elle puisse l’être encore, après tout certains attendent plus longtemps. A cette pensée, il rougit.

 

Sam l’observait, il avait l’air encore plus mal à l’aise, si du moins s’était possible. Elle ne supportait pas de le voir réagir ainsi, elle ne lui avait pas caché son âge, ils n’en avaient jamais parlé c’est tout, elle pensait qu’il savait.

 
 

Jack : Mon Dieu 16 ans…

Sam (les larmes aux yeux): Je vous en prie ne gâchez rien avec des remords, s’il vous plait ne faîtes pas ça

 

Jack leva les yeux vers elle, elle semblait peinée qu’il puisse ressentir ce genre de sentiments, le pire c’est qu’il ne regrettait pas. S’il avait su son âge à ce moment là, il ne se serait rien passé c’était certain mais il ne regrettait rien, il avait été réellement amoureux d’elle, d’ailleurs il devait bien avouer que c’était encore le cas. Elle était là devant lui, et il voyait de nouveau cette fragilité d’autrefois…

 

Jack : Je ne regrette rien Sam, c’est juste que je n’avais pas réalisé.

Sam : Bien sur que si vous aviez réalisé, sinon vous n’auriez pas été si hésitant à passer cette première nuit avec moi

Jack : Sans doute, mais je vous croyais plus âgée. C’est étrange de parler de ça maintenant

Sam : Je sais (levant la main) : Tequila s’il vous plait demanda t’elle au serveur

Jack : Un rail ajouta Jack

 

Ils se regardaient à présent, gênés. Ses révélations les secouaient. Tout se chamboulait. Sam se disait qu’elle ne s’étonnait plus d’être amoureuse de son supérieur, à l’époque elle était folle de Jonathan. Jack lui était en train de se dire qu’il avait passé des années à fantasmer sur elle, et que finalement il l’avait déjà eu dans les bras.

Le serveur leur apporta la commande.

 
Sam : Mon Colonel ?

Jack: S’il te plait, sur cette plage pas de Colonel ni de Major

Sam : Ca me va Jonathan dit elle avec un petit sourire pour détendre l’atmosphère

Jack (souriant): Je dois t’appeler Liz ou Sam ?

Sam : Comme bon te semble.

Jack : Bien. Pourquoi es-tu venue alors ce soir ?

 

Bizarrement Jack ressentait une pointe de jalousie, Sam avait renoncé à un week-end de pêche pour retrouver un amour vieux de 20 ans. Même si c’était lui, il ressentait de la déception.

Quand il entendit sa réponse, il oublia tout ça.

 

Sam : J’avais besoin de savoir si t’étais en vie, comment tu étais, quelle était ta vie et des tas d’autres choses. Et toi ?

Jack : Pareil. J’ai failli renoncer plusieurs fois

Sam : Pour quelles raisons ?

Jack : Une partie de pêche en autres

Sam (baissant les yeux): Oh…

Jack : Et puis quand tu m’as appelé tout à l’heure, j’ai bien failli faire demi-tour. Mais il fallait que je revoie ma mystérieuse jeune fille de la nuit

Sam : Je ne sais pas pourquoi j’ai appelé en fait, mais j’ai failli partir aussi ensuite.

Jack (avalant un verre): Tu te rends compte de tout ça ?

Sam : Oui, enfin je crois, c’est pas facile à croire

Jack : Si je ne t’avais pas suivi, tu ne m’aurais jamais rien dit. Dit il plus comme une affirmation que comme question

Sam : C’est vrai.

Jack : Pourquoi ?

Sam (buvant à son tour): Je ne sais pas où je suis placée dans le tableau de chasse de Jack O’Neill mais crois moi pour moi, c’est particulier, on ne peut pas oublier…Elle baissa la tête sans finir

Jack : Le premier ? Finit il à sa place

 

Sam frissonna, oui Jack O’Neill avait été son premier amant, comment oublier une telle chose à présent.

 

Sam (rougissant): Oui, enfin c’est un peu gênant au vu de notre situation actuelle

Jack : Je sais. Je te jure que tu as une grande place dans ma vie, ce n’était pas juste comme ça. Je suis très conscient de la gêne que tu peux ressentir tout comme je suis conscient de ce que tu m’as donné cette nuit là sur la plage

 

Sam avait la tête entre les mains ne sachant pas comment réagir, elle se sentait à la fois contente que se soit lui le premier mais en même temps cela la rendait très nerveuse. Oh il y avait eu d’autres hommes dans sa vie mais un seul Jonathan.

Jack ne savait pas trop quoi faire, son orgueil de mâle se sentait flatté bien entendu, il était aussi heureux d’avoir une place si importante dans sa vie mais il y avait cette gêne parce qu’il l’aimait toujours. Pas Liz mais Sam.

Ils avalèrent chacun un verre.

 

Sam : Finalement, quand j’ai dit lors de l’interview que tu m’avais appris beaucoup, je crois que j’étais loin du compte. J’ai vraiment appris beaucoup de choses différentes

Jack (souriant) : Ce n’est pas dans le manuel du parfait petit soldat

Sam (réalisant ce qu’elle venait de dire): C’est sur, je crois qu’il faut que j’arrête la tequila avant de dire des énormités

Jack : Pareil pour moi.

Sam : Je peux vous poser une question ?

Jack : C’est gênant si tu reprends le « vous »

Sam : L’habitude. Mais oui c’est un peu gênant…comment dire ?

Jack : Vas-y

Sam : Tu te rappelles la dernière nuit sur la plage ?

Jack : Chaque instants répondit il avec empressement en souriant avec nostalgie

Sam : Rassure toi je ne te demande pas de m’épouser…(Pensant ) mais qu’est ce que je raconte moi, allé encore un verre ça me calmera

Jack : J’imagine (pensant) pourquoi pas ?

Sam (prenant son courage à deux mains): Tu étais sincère ? Tu comprends, parfois on dit des choses pour ne pas peiner l’autre, tu savais que l’on ne se verrait plus et tu as peut-être dit ces mots, juste pour ne pas me blesser

Jack : Quoi, tu veux savoir si quand je t’ai dit » je t’aime » c’était pour avoir bonne conscience de t’avoir volé ta virginité ?

Sam : Oui, mais tu n’as rien volé, je te l’ai offert

 

Tous les deux piquèrent un fard, ne sachant plus où se mettre, l’alcool aidait à parler mais n’enlevait pas l’embarra de la situation. Jack se reprit en premier.

 

Jack (la regardant droit dans les yeux): J’étais sincère, je le pensais

Sam (se sentant mieux): Merci.(mal à l’aise) Il faut que je rentre

Jack : Pourquoi il va faire jour ?

Sam : Et tu risques de te transformer en citrouille

Jack (souriant): C’est fort possible

Sam (se levant) : Merci pour tout Jonathan. Oh et sache que j’étais sincère aussi en te disant « je t’aime ».

Jack : Je le savais dit il sans prétention.

Sam : Sache aussi que tu es le seul à avoir entendu ses mots la de ma bouche dit elle en partant

 

Il eu comme un choc en entendant ça, sa Sam lui avait dit je t’aime, bon c’était il y a 20 ans, mais elle l’avait fait. Non seulement  elle s’était offerte à lui pour la première fois, mais en plus elle n’avait jamais prononcé cette phrase pour un autre, un « je t’aime » .

Jack la regardait partir, il avait besoin de réfléchir à tout ça. En imaginant les retrouvailles avec Liz, il avait pensé à tout sauf à ça. C’est vrai ce n’est pas tous les jours que l’on apprend qu’on a couché avec son second sur lequel on fantasme depuis très longtemps, et que l’on a été son premier amant. Jack sentit un frisson le traverser à cette pensée, non décidément il ne regrettait rien, au contraire, même s’il se posait une multitude de questions. Que se serait il passé, s’ils s’étaient reconnus au premier coup d’œil…Nul le saura. Jack avala le dernier verre et parti vers son hôtel. Il avait un grand besoin de dormir.

 

Jack s’endormit rapidement, il se réveilla vers midi. Sa chambre d’hôtel avait une magnifique vue sur la plage, on entendait le bruit des vagues s’écrasant contre les rochers. Il se mit debout et poussa un juron en se cognant l’orteil conte la table de nuit. Il aurait juré qu’il n’y en avait pas la veille. Il faut dire qu’il avait été dans une sorte de bulle jusqu'à ce qu’il revoie Liz. Sa chambre était tout ce qu’il y a de plus simple. Un lit double, une table de nuit gênante sur laquelle était posé un téléphone, une télévision accrochée sur le mur et une salle de bain comportant juste un lavabo, une douche et un toilette. Le tout dans des tons bleu océans.

Après avoir fait le tour de son nid, il alla sur le balcon respirer l’air pur. De cet endroit, il voyait les gens sur la plage en train de bronzer, de jouer au volley et toutes autres activités que procurent des vacances à la mer. En voyant un couple enlacé, il repensa à Liz, enfin Sam. Sa Sam, son major, son amie, la femme qu’il aimait, celle qui fut pour quelques nuits un des plus beaux souvenirs de sa vie. Sam, Sam, Sam…tout revenait à Sam, encore et toujours. Depuis des années elle illuminait ses journées, depuis 20 ans en fait. Un petit vent le fit sourire, il pensait tant à elle qu’il sentait presque son parfum. Il sortit enfin de ses rêves et alla se préparer, puis il quitta l’hôtel pour se balader, son avion ne repartirait que le dimanche à 19h. Il passerait donc ce samedi et ce dimanche en Floride.

 

C’est avec plaisir, qu’il redécouvrit la ville, il passa aussi par son ancienne base et alla saluer quelques connaissances. Il ria avec un vieux Général qui avait eu Jack sous ses ordres alors que celui ci était Capitaine et lui Colonel. La journée se passa bien et le détendit un peu.

Quand le soir arriva, inexorablement il fut attiré par la plage, il passa d’abord à l’hôtel pour prendre une couverture et un thermos de café, il avait l’intention de passer la nuit dans cette crique, il en avait besoin.

 

Après avoir franchi les rochers, puis sauté sur le sable, il avança et vit une ombre, il fut surpris, elle était là. Pas Liz, Sam. Il resta à l’observer quelques instants. Elle était là, immobile, les yeux vers l’horizon, sa robe d’été volant autour d’elle, les pieds nus. Alors qu’il voulait approcher, il la vit entrer dans l’eau en marchant. Le souvenir de sa tentative de suicide lui revint en mémoire, mais il ne bougea pas. Sam était différente, elle ne ferait plus ça à présent.

Quand enfin, l’eau arriva au niveau de ses genoux, Jack la vit faire glisser la fermeture de sa robe, dégager les fines bretelles, ôter le vêtement et le jeter sur la plage. Puis elle plongea en sous-vêtement dans l’eau et nagea.

 

Sam avait passé sa journée en ville aussi, mais de façon moins enthousiasme, cet endroit lui rappelait trop de mauvais souvenirs, seul Jonathan avait laissé une note joyeuse. Elle rentra à son hôtel tôt, puis voyant l’heure avancer, l’envie de retrouver cette crique déserte, où elle aimait se ressourcer, lui revint.

C’est comme ça qu’elle se retrouva face à l’océan avec une envie folle d’y plonger. Alors naturellement elle se dévêtit, de toute façon qui la verrait, et elle s’élança dans l’eau. Quand elle fut suffisamment loin, elle fit la planche et laissa son esprit vagabonder.

Elle se revoyait à 16 ans, désespérée, venant chercher des réponses toutes les nuits sur cette plage. Elle se souvint de sa rencontre avec l’étranger de la crique, comme elle le surnommait parfois. Il lui avait fait la peur de sa vie en lui parlant la première fois. Cet endroit n’était pas fréquenté en général surtout la nuit. Elle se rappela de s’être senti apaisé par son regard. Du silence des premiers soirs. Et puis il s’était envolé comme ça. Chez elle ce n’était pas la joie, elle se sentait comme une étrangère parmi les siens. Elle ne supportait pas sa tante qui bien que très gentille l’étouffer de tendresse. Elle l’entendait souvent parler à ses amies. Des mots que Sam détestait, » vous vous rendez compte la pauvre enfant, elle ne parle presque plus, et puis elle ne mange plus, maintenant elle se balade en noir de la tête aux pieds, la pauvre petite, c’est si dur de perdre sa mère »

 Un soir après une énième remontrance de son père qui l’accusait d’être bonne à rien, d’être trop rebelle, pas assez sage…d’être elle, Sam. Un énième « pauvre petite » de sa tante, l’avait rendu complètement folle. Alors comme toutes les nuits elle fuyait vers ce lieu ou elle pouvait n’être qu’une jeune fille normale. C’est cette nuit là qu’elle était entrée dans l’eau. Elle ne voulait pas mourir au départ, ce n’est qu’en buvant la tasse et laissant l’eau entrer dans son corps qu’elle s’était sentie mieux. Alors elle avait continué à avancer, se laissant envahir doucement par la torpeur. Appréciant le froid qui la gagnait petit à petit et qui l’emmenait dans l’inconscience, sombrant dans l’océan. Voilà ce qu’elle était, une adolescente de 16 ans avec un mal de vivre, comme beaucoup à cet âge là. Elle se sentait incomprise et seule. Puis elle se souvint de son réveil dans la douleur, pourquoi ne la laissait on pas mourir tranquillement, qui osait venir troubler le sentiment d’apaisement qu’elle avait ressenti au moment ou la mort lui souriait.

C’était lui, ce jeune homme qui venait s’asseoir à côté d’elle la nuit, gardant le silence…Elle lui en avait voulu d’être absent, sans savoir pourquoi. Lui aussi la rejetait. Ce soir la pourtant, il l’avait prise dans ses bras, l’avait simplement réconforté sans un mot de trop, ne la plaignant pas comme tout le monde le faisait. Elle lui en était reconnaissante. C’est quand leurs yeux se croisèrent après s’être réveillée dans ses bras, qu’elle était tombée amoureuse.

Sam sourit à ce souvenir. Puis elle réalisa qu’elle commençait à avoir froid, elle se redressa et vit un feu au loin, sur la plage. Son cœur s’accéléra, il était là. Elle resta un moment encore à observer les flammes de loin, puis elle sentit son corps s’engourdir et la fatigue la gagner alors elle se résolu à revenir sur le sable. Plus la plage se rapprochait plus elle devenait nerveuse. Elle se rendit compte aussi qu’elle ne portait quasiment rien sur le dos, juste un soutien gorge blanc en dentelle ainsi qu’un tanga s’accordant. Quand elle fut suffisamment proche, elle se mit à marcher dans l’eau, le cœur au bord de l’explosion. Du regard elle chercha sa robe sans la voir. Quand elle releva la tête, Jack était devant elle, il ne dit rien et l’entoura d’une couverture, puis il la traîna jusqu’au feu, où elle s’assit. Sam vit sa robe posée en train de sécher.

 

Jack l’avait vu, au loin en train de faire la planche et d’observer le ciel. Il avait juste allumé un feu sachant qu’elle en aurait besoin en revenant. Quand Sam s’était enfin décidée à revenir, il s’était avancé. Et il la vit sortir de l’eau, elle était divine. Il n’avait pu s’empêcher de détailler ce corps, le peu de vêtements qu’elle portait ne cachaient rien et cela mit jack au bord de l’apoplexie. Il se reprit vite, il ne fallait pas qu’elle se rende compte de son regard sur elle, et surtout qu’il maîtrise l’envie de l’embrasser et aussi d’autres pensées plus ou moins sages qui lui venaient à l’esprit. Quand il fut en face d’elle, séparé d’à peine quelques centimètres, il passa les bras de chaque côté de son corps, sans la toucher et l’entoura de la couverture. Elle avait sursauté en le voyant si près. Il la vit trembler, le froid, la peur, les deux, il ne savait pas il lui prit la main et l’entraîna vers le feu. Une fois qu’elle fut assise, il lui tendit un peu de café, d’un mouvement de tête elle le remercia et prit une gorgée du liquide chaud. Après un moment de silence Jack prit la parole.

 

Jack :Pourquoi êtes vous venu ?

Sam : Pour voir le couché de soleil

 

Il sourit, comme lui, elle se souvenait des paroles prononcées il y a vingt ans, cette fois le dialogue était inversé. Encore un silence, mais rien de pesant.

 

Jack : Pourquoi avoir voulu mourir ce soir là ?

Sam : Pour tout un tas de raisons. Les disputes, la solitude, la douleur.(pause) Ma mère était morte 1 mois plus tôt et mon père était comme mort avec elle, pour moi il était coupable. Pour Marc aussi. J’en avais plus qu’assez, pour certain membre de la famille, j’étais la fille de la traînée qui avait séduit Jacob. Pour d’autres, j’étais une sale gamine trop comme si ou pas assez comme ça…j’étais une fille à plaindre mais inconsciente. Tendance violente et agressive. Et puis pour mon père et Marc j’étais la réplique de Catherine Carter….Marc lui avait moins de mal à me voir, mais mon père, il voyait en moi le portrait de sa femme défunte. Sa copie conforme. Je ne voulais plus que l’on me dise que je lui ressemblais, je ne voulais plus voir mon père baisser les yeux devant moi, je ne voulais plus le voir. J’ai commencé par me teindre les cheveux, puis les lentilles. Par ces actions, je défiais encore tout le monde, refusant cette ressemblance qui était devenue un fardeau, je punissais aussi mon père, je le privais du souvenir de sa femme. J’ai compris plus tard que ce qui me gênait c’était que mon père souffrait en voyant que sa fille ressemblait tant à sa femme. Aujourd’hui je surprends encore parfois cette tristesse quand il me voit. C’est un fait, je ressemble à ma mère. Si j’ai voulu mourir c’est pour échapper à tout ça. Mon frère venait de quitter la maison en plus et rester avec mon père était inconcevable.

Jack : Je suis content d’être arrivé à temps

Sam : Je t’en ai voulu

Jack : Je sais. Dis-moi, tu n’as jamais recommencé au moins ?

Sam : Te dire que je n’y ai pas pensé en 20 ans serait mentir, mais je t’avais fait une promesse.

Jack : J’ai tenu la mienne aussi, je suis en vie.

 

Jack remis quelques branches dans le feu, elle le regardait faire, pendant une seconde, elle avait 16ans et était avec Jonathan son premier amour. Elle laissa s’échapper un soupir qui fit lever la tête de Jack vers elle. Il l’observa, emmitouflée dans la couverture, l’air absente.

 

Sam : Pourquoi Sara t’avait quitté à ce moment là ?

Jack (surpris de la question) : Sara ?….Oh, elle disait que je n’étais pas assez attentif, pas assez démonstratif, pas assez romantique, tout le genre de chose que les femmes reprochent, enfin surtout à moi.

Sam : Je comprends ce qu’elle voulait dire. Pourtant tu as été très bien avec moi à l’époque

Jack : A l’époque, plus maintenant ?

Sam : Faut vraiment que je réponde ?

Jack : Tu n’es pas non plus des plus démonstrative

Sam : Bienvenu dans le monde militaire, à gauche un Colonel grincheux, autoritaire avec un humour grinçant et à droite un Major froid, zélée et insensible.

Jack : Vous êtes dures Carter !

Sam : Réaliste mon Colonel.

Jack (changeant de sujet) : Je me suis souvent demandé ce que tu étais devenue

Sam : Moi aussi. New York était une punition pour moi dans tous les sens du terme.

Jack : Tu m’as manqué, je suis venu tous les soirs ici, jusqu'à ce que je sois affecté ailleurs.

Sam : Où as tu été ?

Jack : Ici et là, avec les forces spéciales. Que s’est il passé pour toi à New York ?

Sam : Tout et rien. Quand j’étais ici, j’habitais chez ma tante avec Marc, mon père était toujours parti et il fallait surveiller que la petite Samantha ne fasse pas de bêtise. Finalement quand tout le monde en a eu assez de moi, direction New York, je me rapprochais de la Base de mon père et j’allais devoir vivre avec lui. Avec lui est un bien grand mot, j’ai pour ainsi dire vécue seule, à 18 ans j’ai signé pour l’académie militaire et j’ai coupé les ponts avec ma famille, j’ai coupé mes cheveux, je suis redevenue une blonde aux yeux bleus par la même occasion. Le reste tu connais à peu près, enfin au niveau professionnel.

Jack : Cela n’a pas été facile n’est ce pas ?(pensant) Toujours évasive, pourquoi elle ne dit rien

Sam : Très dur ! Mais sûrement pas autant que pour toi

Jack : Moi c’est à cette époque que j’ai épousé Sara, j’ai reculé ça pendant longtemps quand elle est tombée enceinte, je me suis décidé.

Sam : Tu ne voulais pas te marier ?

Jack : Pas vraiment, j’aimais Sara mais pour moi le mariage n’était pas envisageable

Sam : Je ne suis pas très à l’aise de parler de tout ça avec vous, Mon Colonel

Jack : Moi non plus mais j’ai envie de savoir. Si cela n’avait pas été moi

Sam (le coupant): C’est vous

Jack : Si cela n’avait pas été moi, disais-je, qu’auriez-vous fait avec Jonathan ?

Sam (rougissant): Pardon ?

Jack : Je veux dire de quoi auriez vous parlé, quelles questions vouliez-vous lui poser ?

Sam : Je ne sais pas trop, j’aurais eu des tas de choses à lui dire ou à lui demander, je présume

Jack : Moi aussi. Ecoutez, si nous sommes venus ici, c’est pour avoir des réponses, alors oublions nos grades, notre travail, juste pour tout le temps que nous sommes en Floride. Nous pouvons tout de même discuter, il n’y a rien de mal à ça

Sam : C’est vrai, je veux bien essayer.

Jack : Bien
 
 
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