Citations du moment :
«Il faut manger pour vivre et non pas vivre pour manger. De même qu’il faut boire pour vivre et non pas vivre sans boire, sinon c’est dégueulasse.»
[ Pierre Desproges ]
Imagine

La rupture : Chapitre 3

 

DEUXIEME PARTIE : Last Thing on my Mind.

 

 

« Vous avez ...deux... nouveaux messages. Jeudi… 15 juin à… 17h30 :

Daniel, c’était juste pour vous dire que je viens à Colorado Springs ce week-end. Je comptais réserver dans un hôtel mais ils sont tous pleins à cause de ce festival de je ne sais quoi. Je voulais savoir si vous pouviez m’accueillir chez vous. Désolé de vous avertir si tard. Voilà… Bonne journée.

 

Jeudi… 15 juin à… 17h34 :

C’est encore moi, j’ai oublié de préciser que ma visite n’était pas officielle, donc si vous pouviez éviter d’en parler. Merci.

 

Fin des… nouveaux messages »

 

 

Daniel referma le clapet de son téléphone et fronça les sourcils. Pas besoin d’être devin pour comprendre que quelque chose clochait. Depuis trois ans qu’il était parti à Washington, jamais Jack n’était revenu à Colorado Springs sans une bonne raison, toujours professionnelle d’ailleurs. A chaque fois, il avait séjourné à l’hôtel ou à la base, refusant la chambre d’ami que l’archéologue lui proposait.

Et là, le militaire l’appelait un jour avant, demandant enfin son hospitalité mais le priant de garder le silence sur sa venue. Le silence pour qui ? Jack n’aimait pas faire de discours, mais il avait été plus que flou dans ces deux messages.

 

La visite n’était pas officielle. Il irait quand même à la base ? Le motif était-il professionnel mais officieux, ou tout simplement personnel ?

Pourquoi tant de secret ?

 

Daniel soupira et tenta de réprimer le mauvais pressentiment qui venait de naître au fond de son ventre. Ce n’était même pas son instinct, juste que son ami n’avait pas eu un comportement normal.

D’ailleurs, avait-il eu un comportement normal depuis son départ ?

 

Il sentait que quelque chose n’allait pas, mais connaissant Jack, il n’était pas prêt de savoir la vérité.

 

Le jeune homme mordilla quelques instants sa lèvre inférieure puis ouvrit résolument le clapet du téléphone.

Il allait le rappeler. Il fallait qu’il confirme que cela ne posait aucun problème et de toute façon, Jack avait oublié de lui dire quand il comptait arriver exactement.

 

 

-         O’Neill.

 

La voix était neutre, presque sèche. Comme toujours.

 

-         Jack, c’est Daniel.

-         Je sais que c’est vous, le nom s’est affiché, rétorqua le militaire. Vous avez eu mon message je suppose.

-         Euh oui, je voulais vous dire que c’était bon pour ce week-end. Vous arrivez quand ?

-         Je prends l’avion demain vers midi, je devrais être là dans l’après-midi.

-         Pas de problème. Vous voulez qu’on vienne vous chercher à l’aéroport ?

 

Un blanc lui répondit, avant que la voix de son ami ne retentisse à nouveau dans le combiné.

 

-         Non, je louerai une voiture, je vais devoir me déplacer de toute façon.

-         Je m’arrangerai pour être chez moi alors.

-         Daniel, une dernière chose…

-         Oui ?

-         Je ne plaisantais pas quand je vous disais de ne pas en parler.

-         Pas même au reste de SG-1 ?

-         Surtout pas au reste de SG-1.

 

Daniel marqua une légère pause.

 

-         Jack, est-ce qu’il y a un problème ?

 

Il n’avait pas pu s’en empêcher. Il sentait son estomac se contracter au ton presque las qu’employait son ami, il savait que rien n’était normal. S’il y avait un souci avec le SGC, il voulait le savoir.

Si c’était Jack lui-même qui n’allait pas bien, cela allait être plus difficile.

 

-         Non… soupira le militaire à l’autre bout de la ligne. Ecoutez Daniel, je sais que j’ai dû vous inquiéter, mais ce n’est pas la peine. Il n’y a rien de grave. J’ai juste besoin de votre silence…

-         D’accord, c’est juste que… Je ne dirai rien Jack, mais j’espère que vous m’expliquerez tout cela demain soir.

 

Une nouvelle pause. Le jeune homme ferma les yeux, espérant ne pas être allé trop loin cette fois. Son ami finit néanmoins par répondre ironiquement :

 

-         Vous pensez réellement pouvoir me faire parler ?

 

La voix semblait plutôt amusée et l’archéologue se détendit légèrement.

 

-         Je suis parvenu à faire taire Vala l’autre jour, je devrais arriver à vous délier la langue, non ? plaisanta-t-il à son tour.

-         Mon Dieu, elle a arrêté de parler ? Pour de vrai ?

-         Pendant au moins vingt secondes !

-         Il faudra que vous me racontiez ça alors… Vous avez dû la bâillonner ? Ou l’embrasser peut-être…

-         Jack ! le coupa-t-il outré.

-         Non mais c’est vrai que… continua son ami.

-         Jack, je vous préviens, je vais raccrocher…

-         Vous devez quand même reconnaître que…

-         Et en plus je vous laisserai coucher dehors !

 

Il devina le sourire du militaire dans sa voix. Celui-ci reprit rapidement la parole.

 

-         D’accord, j’arrête. Je suppose que tout va bien chez vous ? demanda-t-il ensuite.

-         C’est gentil de vous y intéresser enfin…

-         Vous n’avez pas demandé de mes nouvelles non plus.

-         Si, rétorqua le jeune homme. Et tout le monde va bien ici. Vous pourrez vous en rendre compte par vous-même, j’espère.

 

La voix qui lui répondit avait perdu de son sourire.

 

-         Nous verrons… Merci Daniel, je vous vois demain alors.

-         Et Jack…

-         Oui ?

-         Ca m’a fait plaisir de vous avoir au téléphone comme cela…

 

Un léger silence se fit puis le militaire répondit :

 

-         Moi aussi Daniel…

-         A demain alors.

-         A demain.

 

 

L’archéologue raccrocha, pensif.

Il était un peu moins inquiet qu’avant d’avoir passé ce coup de téléphone, mais il avait toujours autant de questions.

 

Quelque chose clochait, c’était indéniable…

 

 

****************

 

 

Le bruit des pas qui se dirigeaient vers son laboratoire fit se redresser Sam. Elle gémit et étira doucement son dos courbaturé. Il était temps qu’elle fasse une pause. Cela devait maintenant faire trois heures qu’elle était penchée sur ce simulateur et elle avait besoin de s’aérer le corps et surtout la tête, sans quoi elle ne parviendrait à rien.

 

La distraction avait d’ailleurs décidé de venir la trouver sur place…

 

-         Alors, vous avez des plans pour le week-end ?

 

Le colonel se tourna vers l’origine de la voix. Vala s’était appuyée contre l’étagère qui était à côté de la porte et la regardait en souriant.

 

-         Je pensais avancer sur ce simulateur et l’envoyer en zone 51.

-         Oooh, fit la brune dont le sourire s’agrandissait. Et vous comptez l’accompagner pour qu’il ne se casse pas en route je suppose…

 

Sam fronça les sourcils.

Vala leva les yeux au ciel et se détacha de son appui, s’avançant dans la pièce.

 

-         Allez, tout le monde est au courant pour Alan, fit-elle avec un clin d’œil.

 

La militaire la regarda, surprise et légèrement inquiète aussi.

Comment cela « tout le monde » ? Elle n’en avait parlé qu’à Daniel, un mois auparavant, quand il avait fait remarquer pas si innocemment que cela qu’elle se rendait beaucoup dans le Nevada ces derniers temps. Elle lui avait alors avoué la vérité, en précisant qu’elle n’était encore sûre de rien. Il n’avait pas fait de commentaire, juste dit qu’il espérait qu’elle était prête.

C’était d’ailleurs cette phrase qui l’avait convaincue qu’elle devait se rendre à Washington. Non, elle n’était pas prête, mais elle allait l’être.

 

Du moins l’avait-elle cru, jusqu’au week-end précédent…

 

-         Bon d’accord, reprit Vala avec une légère grimace, peut-être pas tout le monde. Juste Daniel et moi.

 

Sam fronça cette fois les sourcils. Daniel en aurait-il parlé à leur coéquipière ? Elle lui faisait confiance pour rester discret, mais il fallait avouer que Vala savait parfaitement comment obtenir ce qu’elle désirait. L’archéologue n’avait peut-être rien évoqué spontanément, mais il y avait sans aucun doute eu des fuites.

Il faudrait qu’elle éclaircisse cela.

 

-         Et il se pourrait aussi que j’aie laissé échapper quelques mots à Teal’c. Mais pas à Mitchell, il est beaucoup trop bavard, termina sa coéquipière avec un grand sourire.

 

Sam la regarda à nouveau en plissant les yeux.

 

-         Comment savez-vous…

-         J’ai mes sources, la coupa l’ancienne voleuse. Alors, vous vous rendrez en zone 51 ?

-         Vous êtes trop curieuse, sourit la militaire malgré elle.

-         Je manque surtout d’occupations, rétorqua Vala.

-         Vous ne préférez pas vous intéresser à la vie des stars hollywoodiennes ? Il y a de très bonnes publications là-dessus…

-         Je sais déjà tout ce qu’il y a à savoir sur le mariage pas si secret de Brad Pitt et Angelina Jolie. Revenons à Alan, vous voulez bien ?

 

Le colonel secoua la tête et leva les yeux au ciel.

 

-         Non, fit-elle amusée.

-         S’il vous plaît, gémit sa coéquipière. Un peu de pitié, que je vive par procuration !

-         Vala…

-         Je vous demande juste si vous allez le voir ce week-end. Ne me forcez pas à vous supplier plus que cela…

 

Sam soupira en dissimulant son sourire. Connaissant Vala, elle n’allait pas abandonner aussi facilement.

 

-         Et vous me donnez vos sources en échange ? tenta-t-elle néanmoins.

-         Marché conclu, répondit immédiatement sa coéquipière en tapant leurs paumes l’une contre l’autre. Alors ?

-         Non, je ne vais pas voir Alan ce week-end.

 

Son amie afficha un air légèrement déçu puis se reprit.

 

-         Vous avez raison, deux fois de suite, ce serait trop. Vous y êtes allée la semaine dernière, c’est à lui de se déplacer maintenant. Il faut savoir faire marcher les hommes…

 

Daniel avait forcément parlé.

Sam n’avait dit qu’à lui qu’elle se rendait dans le Nevada le week-end précédent. Et comme elle lui avait en réalité menti…

 

-         Vala, comment…

-         Mes sources, toujours, s’amusa la jeune brune.

-         Qui sont ?

 

Sa coéquipière esquissa un grand sourire alors qu’elle se dirigeait vers la sortie à reculons. Avant de passer la porte, elle sortit de son treillis le téléphone portable que Daniel avait consenti à lui acheter le mois précédent et l’agita en direction de la militaire :

 

-         Un, neuf, six, cinq. Aucune originalité... Puisque vous semblez décidée à rester au SGC ce soir, je vous vois pour le dîner alors !

 

Elle fit un clin d’œil et quitta le laboratoire, laissant une Sam perplexe derrière elle.

 

 
 
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