Son réveil fut difficile. Un mal de crâne carabiné lui labourait les tempes. Le major était couché sur un lit. Il ouvrit les yeux et la lumière, si tamisée fut-elle, l’éblouit. Il referma les yeux et ne les rentrouvrit que de quelques millimètres. Il aperçut alors une silhouette s’approcher et devina qu’un médecin venait d’arriver.
- Ah, vous êtes enfin réveillé. Nous avions peur de vous perdre. Vous êtes revenus dans un sale état. Nous vous avons soigné du mieux possible et vous devrez rester encore deux ou trois semaines en convalescence, j’en ai peur.
La voix du médecin l’agressait. Son mal de tête était insupportable. L’homme qui approchait de la quarantaine, gisant sur le lit, demanda dans un murmure :
- Puis-je avoir de l’aspirine ? J’ai un de ces maux de tête…
- Bien sûr. Je vous prépare ça tout de suite.
Alors, le médecin s’éloigna quelque peu, se dirigeant vers une pharmacie pour y préparer le médicament. Une autre personne arriva :
- Vous voilà réveillé, major. Ca me fait plaisir. Le général Hammond voudrait vous parler, si vous le pouvez.
- Bien sur, répondit difficilement le major Raziel en essayant de ne pas faire ressortir sa souffrance.
- Mais surtout ne forcez pas, conseilla Janet Fraiser, le médecin principal du complexe.
Elle se dirigea ensuite vers le téléphone mural situé près de l’entrée de l’infirmerie. Alex Raziel se redressa un peu dans son lit, réveillant une multitude de douleur. Le médecin revint et lui donna le verre contenant le médicament que le major but d’un trait. Il espérait que celui-ci ferait effet assez rapidement. Le docteur Fraiser se rapprocha du lit avec des instruments de mesure et de soins. Elle lui annonça :
- Le général arrive. En attendant, je vais voir si vous êtes réellement remis.
Sur ce, elle lui prit la température au moyen d’un thermomètre se mettant dans l’oreille, puis sa tension, et enfin elle lui fit une prise de sang. Alors elle lui expliqua qu’il faudrait faire encore quelques analyses plus tard pour savoir lorsqu’il serait vraiment apte à reprendre le service. Elle quitta alors l’infirmerie laissant Alex seul. Ce dernier put alors fermer les yeux quelques instants et essayer d’oublier les souffrances que son corps lui transmettait. Il rouvrit les yeux et regarda ses nombreux pansements en repensant à ce qu’il avait vécu. Alors, une évidence lui sauta aux yeux. Il eut envie de pleurer…
Le général Hammond arriva alors. Le major Alex Raziel se reprit le plus vite possible, essayant de dissimuler ses inquiétudes et ses sentiments, il essaya de prendre une posture de garde-à-vous. Mais blessé et couché dans un lit d’hôpital, c’était compliqué à exécuter.
- Repos, annonça le général. Dans l’état où vous êtes, n’allez pas l’aggraver par soucis de procédure militaire. De plus nous sommes seuls, major, il est inutile de faire bonne impression. Je sais que vous revenez d’une mission éprouvante et que vous en gardez des traces, tant physiques que morales. Malheureusement, j’ai des questions à vous poser. Après cela vous pourrez vous reposer tranquillement, sans être dérangé. Et je tiens aussi à vous signaler que ces questions risquent de raviver des souvenirs douloureux, continua le chef du complexe d’une voix grave.
Le major Raziel avait toujours tenu le général Hammond en grande estime. C’était un homme droit et bon qui respectait ses Hommes et qui avait une totale confiance en eux. Parfois, il transgressait même les règles pour aider ses Hommes, ce qui lui avait valu quelques problèmes avec le commandement, l’Etat Major, mais qui lui avait permis de gagner le respect et la loyauté de toute la base. Alex ne connaissait pas un militaire de la base qui n’aimait pas le général.
En pensant à la discussion à venir, Alex se sentait de plus en plus mal. Il allait devoir parler de ses Hommes, ses compatriotes. Son groupe, qu’il avait laissé. Abandonné, sur une planète hostile et aux mains de l’ennemi. Un ennemi inconnu, qu’il n’avait jamais vu, ni entendu parler dans les rapports qu’il avait portant épluchés. Il allait devoir raconter tout ce qui s’était passé. Très mal passé.
- Pour commencer, vous devez me raconter tout ce qui s’est passé lors de votre séjour sur PJ5-497. Par moment, je risque de vous interrompre pour poser une question, pour que vous me décriviez une scène avec plus de précision, pour savoir ce qu’il s’est passé exactement et pour que nous puissions avoir le meilleur point de vue possible. Vous m’avez compris.
- Oui. Je suis prêt.
- Bien. Vous allez pouvoir commencer.
Alors une jeune femme militaire arriva, un ordinateur portable à la main. Elle alla s’asseoir sur une table non loin de là et regarda le général en hochant la tête lorsque son ordinateur fut préparé. Les déclarations du major allaient donc être retranscrites. Elles allaient jouer le rôle d’un pré-rapport. Alex Raziel aurait du s’en douter. Mais son mal de crâne le déconcentrait.
- Allez-y, major Raziel. Racontez-moi votre mission, du départ de votre groupe à votre arrivée seul et blessé.
Après un petit silence pendant lequel le major réfléchissait pour savoir par où commencer, ce qui s’était passé fut raconté.
- Nous avons quitté la Terre, mon groupe et moi-même, pour nous rendre sur PJ5-497, commença Raziel en prenant le ton de quelqu’un qui faisait un rapport. Cela faciliterait la tâche des lecteurs et de la personne qui écrivait ce qu’il racontait. La planète sur laquelle nous partions avait été scannée par la MALP et elle ne présentait aucune présence hostile. Nous partions donc assez sûr de nous. Nous avons franchi la Porte pour arriver sur une belle planète. La présence de Goa’Uld ne devait pas exister. Nous avons donc parcouru quelques kilomètres, de forêt clairsemée principalement, pour trouver un village. Nous avions quitté la forêt et suivions une route entourée par quelques champs lorsque nous vîmes des enfants jouer. Ils nous indiquèrent le chemin du village et nous présentèrent au maire. C’était une petite ville, rappelant celles du XVIème siècle, l’époque moderne européenne. Nous y fûmes bien. Le temps de quelques heures. En effet, nous apprîmes que la petite ville n’était en fait qu’un village et que de plus grandes cités existaient et étaient dispersées sur le continent. Nous parlâmes alors des Goa’Uld en demandant s’ils en avaient entendu parler. Ils nous révélèrent qu’ils les connaissaient et qu’ils travaillaient pour eux. Ils exploitaient des mines pour le compte d’un Goa’Uld. Un Goa’Uld assez puissant mais en guerre contre un autre. Ce qui n'était pas étonnant étant donné que tous les Goa’Uld se font la guerre. J’ordonnai au docteur Sarah Blanche et au Capitaine Damien Hisoka d’explorer un peu plus la ville. De fureter, de dénicher des informations. Je pensais quant à moi continuer de parler avec le maire. Yohann Tajiri resta avec moi. Après quelques heures, le lieutenant et le capitaine revinrent paniqués. Ils demandèrent à me parler en privé. Ils m’annoncèrent alors qu’ils avaient réussi à apprendre que ce peuple, si gentil, nous avait livrés. Ils avaient communiqué notre venu aux Goa’Uld, fit le major d’un ton dégoûté. Tous cela parce que les Goa’Uld, leurs Dieux, devaient savoir tout ce qui se passait sur la planète. Tu parles, si c’était des dieux ils n’auraient pas eu besoin qu’on les informe de la situation… Euh, excusez-moi Général.
- Ce n’est pas grave, Major. Continuez.
- Alors, j’ordonnai la retraite immédiate. Nous devions quitter la planète le plus vite possible. Mais à peine nous quittions la ville qu’un bataillon de Jaffas apparurent au détour du chemin. Leur casque avait une forme bizarre, que je ne connaissais pas, mais je n’eus pas le temps de m’appesantir sur le sujet car il y eut alors une fusillade. Je suis sûr d’en avoir eu plusieurs mais à chaque fois que l’on en tuait un, deux prenaient sa place. La lutte était vaine. Le docteur Sarah Blanche fût touchée. Alors je demandai un repli vers la ville. Je pensais pouvoir tenir là-bas. En essayant de se cacher, je ne sais pas. Mais à l’entrée de la ville nous attendait une belle surprise. Un groupe de civil armé était prêt à faire feu sur nous. Bien que leurs armes ressemblaient à de vieilles arquebuses, nous ne pouvions leurs faire face, ils étaient trop nombreux. Et nous ne voulions pas les tuer, car malgré leur trahison, ils étaient innocents. Nous nous réfugiâmes dans les fourrés sur le bas-côté de la route. Les Jaffas n’eurent pas de mal à nous retrouver malgré notre fuite au travers de la forêt. Une autre fusillade débuta. Je n’y survécus pas.
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