2 heures plus tard, vaste salle d’apparat
La reine, toujours voilée, regardait pensivement le ciel à travers une grande baie vitrée s’ouvrant sur l’extérieur ; un magnifique coucher de soleils (de deux des trois soleils que possédait la planète) teintait toute la pièce de tons mauves et orangés. La salle dans laquelle se trouvait la jeune femme était tout simplement royale mais pourtant ni trop chargée ni trop clinquante, magnifique avec des meubles et des étoffes précieuses aux couleurs chaudes ainsi que quelques bibelots de valeur choisis avec goût. Les longs cheveux blonds et légèrement ondulés d’Aléan, mêlés de fils d’or, tombaient gracieusement sur ses épaules, lui donnant une apparence céleste.
A ses pieds, un himalayen (un superbe chat de la couleur d’un siamois mais à poils longs) se frottait contre les plis de sa robe en ronronnant. Elle n’était pas seule dans la salle : une servante d’un certain âge était assise sur une chaise près du trône et la regardait avec bienveillance tandis que deux jaffas gardaient l’entrée. Mila’c passa la porte à cet instant et attendit sur le seuil, la tête baissée en signe de respect. Aléan tourna la tête et lui fit signe d’approcher. Arrivé à sa hauteur, il s’inclina profondément avant de prendre la parole sur un geste de la jeune femme.
- (Mila’c) Majesté, nous venons de recevoir une communication de Baal, il propose une alliance et dit qu’il se placera sous votre autorité.
- (Aléan, d’un ton enjoué) C’est ça, et moi je suis la reine d’Angleterre… (reprenant un ton ferme) Dites-lui qu’il n’en est pas question !
- (Mila’c, s’inclinant de nouveau) Bien ma reine, il en sera fait selon vos désirs.- (Jack, arrivant dans la salle escorté de deux jaffas et regardant tout autour de lui, plaisantant) J’aime beaucoup ce que vous avez fait de cet endroit. (à Aléan) Non, vraiment… il faudra me donner le nom de votre décorateur.
- (Un des deux gardes, le faisant s’agenouiller un peu brusquement) Ne t’adresse pas à la reine sans y avoir été invité !
- (Jack) Ok, ok…
Dès qu’elle avait entendu la voix du général Aléan avait chancelé, personne ne fit cependant le rapprochement, et avait dû poser une main sur le bras de Mila’c pour ne pas tomber. On ne pouvait voir son expression puisque son visage était couvert mais elle semblait sur le point de s’évanouir. Mila’c vit son trouble et l’invita à s’appuyer plus amplement sur son bras en enveloppant sa taille de l’autre. Elle se dégagea gentiment au bout de quelques secondes, lui signifiant qu’elle n’avait plus besoin de son soutien.
- (Mila’c) Ma reine, voici les trois hommes que nous avons rencontré au village de Bourci. Ils viennent de la Terre.
- (Aléan, allant s’asseoir sur son trône, d’une voix assez sèche, aux terriens) Quel était l’objet de votre visite sur cette planète ?
- (Jack, sarcastique) Botter les fesses de Baal mais apparemment c’est déjà fait.
- (Daniel, après avoir envoyé un regard noir à Jack, sur un ton respectueux) Un ami à nous est prisonnier de Baal, nous voulions le délivrer.
- (Aléan) Un ami ?
- (Da) …
- (Aléan, un peu agacée) Je ne vais pas aller le répéter à Baal si c’est ça qui vous inquiète !
- (Da) Il s’agit d’un tok’ra : Jacob Carter.
Aléan eut un geste de surprise et attrapa convulsivement le bras de son siège en inspirant une grande bouffée d’air mais elle se reprit assez vite.
- (Aléan, calmement) Bien, je m’en occuperai. Repartez sur votre planète.
- (Jack) Désolé mais nous préférons faire nos courses nous-même.
- (Aléan, ironique) On voit ce que ça donne… Sans vouloir vous offenser vous n’avez pas l’air très efficace. (avant que Jack ait pu protester) De toutes façons c’est un ordre et non une suggestion. S’il le faut je vous ferai enfermer le temps de régler cette affaire.
- (Jack) Et qui nous dit que vous y arriverez ?
- (Aléan, d’une voix dure) Nous venons de délester Baal d’une planète en quelques heures et sans dommages collatéraux, je ne pense pas que le priver d’un de ses prisonniers soit réellement plus difficile, ne croyez-vous pas ?
- (Jack) Effectivement, vu comme ça…
- (Aléan, à Mila’c) Ramène-les à la porte des étoiles !
- (Da, un peu penaud) Mais… nous pourrions peut-être discuter un peu, devenir allié.
- (Aléan, d’un ton beaucoup plus amical) Je crains que cela ne soit pas envisageable, je préfère travailler seule.
- (Da) Je le comprends, cependant nous pourrions échanger des informations, des technologies.
- (Aléan) Nous possédons et maîtrisons toutes vos « technologies » et d’autres dont vous n’avez pas idée. Nous connaissons tous vos principaux alliés et nous avons des espions chez tous les grands maîtres. A quoi cette alliance pourrait bien nous servir ? De plus vous ne semblez pas approuver ma manière de procéder, alors…
Daniel ne répondit rien, elle n’avait pas tort sur le fond. Teal’c qui fixait profondément la Reine depuis un moment prit la parole.
- (Teal’c, à Aléan) Vous ne portez pas de symbiote.
- (Aléan, ironique) Ah, non ? Vraiment ? Bizarre… (sarcastique) Je croyais pourtant qu’il était livré avec la panoplie de méchante reine avide de pouvoir et de sang.
- (Da) Excusez-nous, Teal’c ne voulait en aucun cas vous offenser.
- (Aléan, plus calmement) Je sais mais vous, les terriens, avez toujours la fâcheuse habitude de juger les gens selon les apparences. (se levant et faisant quelques pas) Parce que je suis puissante, que j’ai un grand vaisseau, une armée, (désignant sa robe avec un sourire ironique) de beaux vêtements alors forcément je suis une goa’uld. Eh bien, non. J’ai porté un symbiote autrefois, il était tok’ra. Aléan était son nom, je l’ai gardé.
- (Jack, repensant à Sam et à Jolinar) Il est mort pour vous sauver ?
- (Aléan, pensive) On peut dire ça comme ça.
- (Da) Vous utilisez le sarcophage pour ne pas vieillir aujourd’hui.
- (Aléan, se dirigeant vers la baie vitrée) Non, nous connaissons les effets nocifs de cet instrument. Nous en avons créé un dérivé. (une personne entra à ce moment dans la pièce) Ah, justement, voici ma plus fidèle conseillère. (tendant la main vers elle) Léana, approche.
La jeune femme en question s’approcha, elle était vêtue d’une longue robe de lin beige, complétée d’une ceinture qui mettaient ses formes en valeur et d’une cape en velours dans les pourpres dont la capuche couvrait le haut de son visage, qu’elle maintenait baissé, voilé lui aussi. Quand elle releva la tête, arrivée à proximité de la reine, et vit SG1, elle eut un geste de recul et se rapprocha instinctivement d’Aléan, sa main s’était levée pour se fixer devant sa bouche, dans un mouvement d’intense surprise, elle resta pourtant muette. Aléan posa une main sur l’épaule de sa conseillère qui sembla revenir sur terre. Elles échangèrent un regard entendu à travers leur voile et se retournèrent vers les visiteurs. Ces derniers avaient tout de suite vu la complicité entre les deux femmes au fait que Léana ne s’était pas inclinée devant la reine, contrairement à tous les autres.
- (Aléan, toujours une main protectrice sur son épaule) Léana, je te présente nos visiteurs : Daniel Jackson, Teal’c et le général O’Neill…
- (Léana) …
- (Aléan, rompant le silence un peu pesant) Voici Léana, notre scientifique la plus éminente.
- (Da) Enchanté.
- (Jack, touchant sa casquette) Mademoiselle.
Teal’c lui adressa un signe de tête auquel elle répondit par un autre, relativement bref, elle ne semblait pas à son aise.
- (Aléan, à Léana, doucement) Retourne au labo, je te rejoindrai.
Elle repartit assez précipitamment, la rencontre semblant l’avoir bouleversée, et referma derrière elle.
- (Da, se retournant vers Aléan) Même si vous êtes contre toute forme d’alliance, pourrions-nous en apprendre un peu plus sur vous et votre peuple ?
- (Aléan, après avoir réfléchi et consulté Mila’c du regard) Il se fait tard. (plus spécialement à Daniel) Nous arriverons sur Velvios à l’aube, demain vous pourrez étudier les archives de notre bibliothèque royale, si toutefois vous en ressentez le désir bien sûr. Vous serez reconduit le soir. Nous vous déposerons ici. (devançant une question future) Il n’y a pas de porte des étoiles sur notre planète, nous l’avons retirée.
- (Jack, ironique) Trop encombrant ?
- (Aléan, idem) ça jurait avec ma décoration… Trop risqué.
- (Da) Merci beaucoup.
- (Aléan, semblant amusée, allant se rasseoir) Ne me remerciez pas, vous dormirez en cellule. On vous portera votre repas et… (à Mila’c) vous les reconduirez demain.
- (Da) Vous verrons-nous ?
- (Aléan) Non, j’ai une chose importante à faire.
- (Teal’c) Vous allez chercher Jacob Carter ?
- (Aléan) Cela ne vous concerne plus.
- (Da) Vous y allez seule ?
- (Mila’c) Non ! (à Aléan) Ma reine…
- (Aléan, se levant) Mila’c, je ne vais certainement pas risquer ta vie et celle des autres pour une affaire qui ne concerne que moi. Vous vous êtes engagés pour protéger notre peuple et combattre les goa’uld, pas pour exécuter des missions à but personnel. Ce n’est pas une dictature.
- (Mila’c) Laissez moi au moins vous accompagner…
- (Teal’c) ça pourrait être dangereux.
- (Aléan, s’énervant) C’est bon ! Je ne suis plus une petite fille. Et sauf erreur de ma part je suis encore celle qui commande ici, non ?
- (Da) Oui, bien sûr. Mais ce serait moins risqué pour vous si vous n’étiez pas seule.
- (Aléan, ironique) Bien sûr, la faible femme qui a besoin d’un homme pour veiller sur elle…
- (Jack) Nous ne laisserions pas un des nôtres y aller seul.
- (Aléan, s’approchant de lui, menaçante et sarcastique) Vraiment ? En êtes vous sûr ? (criant presque) Vous ne… ! (se calmant aussi rapidement qu’elle s’était emportée) J’irais seule. (à Mila’c) C’est bien compris ?
- (Da) Mais nous, nous pourrions peut-être vous aider et…
- (Aléan, s’énervant) Vous n’avez pas l’air de comprendre, c’est justement de votre aide dont je ne veux pas !
Elle se retourna pour retrouver un semblant de calme puis leur refit face à nouveau. Ils n’osaient plus parler, ne comprenant pas pourquoi elle avait eu une telle réaction, un tel accès de colère envers eux. Elle allait prendre la parole quand la porte s’ouvrit brusquement, laissant passer Brata’c en tenue de combat, l’air relativement pressé. Dès que la reine le vit elle lui fit de discrets gestes pour lui indiquer la présence de SG1. Le jaffa parut d’abord surpris puis la regarda d’air entendu en acquiesçant de la tête.
- (SG1) Brata’c/Maître Brata’c ?
- (Brata’c sans leur répondre, après s’être brièvement incliné) Aléan, je viens d’apprendre que Jacob est aux mains de Baal. Son vaisseau mère s’est posé il y a quelques heures sur Soli’n. Je suis venu dès que j’ai su mais mon cargo est en mauvais état.
- (Aléan) Nous allons le réparer. (à Mila’c) Amène moi Cerius.
- (Mila’c, partant) A vos ordres.
- (Aléan, à Brata’c) Je sais pour Selma’c. Je m’en charge.
- (Jack, s’avançant d’un pas, levant la main) Heu… Brata’c ? Ce n’est pas que je tienne toujours vraiment à comprendre ce qui se passe autour de moi mais qu’est-ce que vous faites là ?
- (Aléan) Brata’c est un fidèle ami et un tout aussi fidèle informateur.
- (Brata’c) Je viens aussi te dire que la tok’ra a placé un espion dans tes rangs.
- (Aléan, malicieuse) Ne t’en fait pas, je suis au courant.
- (Da, surpris) Vous êtes au courant et… ?
- (Aléan, aux jaffas présents) Laissez nous s’il vous plaît. (à la servante) Toi aussi.
Après s’être incliné devant leur souveraine, ils ouvrirent la porte pour sortir au moment même où un homme entrait. Il posa lui aussi un genou à terre devant Aléan, sous l’œil ébahi des 3 terriens.
- (Aléan) Cerius.
- (Cerius) Votre majesté.
- (Aléan, aux autres) Je vous présente mon spécialiste en technologie goa’uld : Cerius, ou devrais-je dire Aldwin, mon espion tok’ra.
- (Da) Vous étiez au courant ?
- (Aléan) Depuis le début. Nous nous sommes tout de suite entendus. C’est très pratique d’avoir un agent double.
- (Jack, à Aldwin) Vous avez trahi les tok’ra ?
- (Aldwin, sur un signe d’Aléan) Non, mais je me suis proposé pour cette mission car je connaissais Aléan depuis longtemps et j’étais d’accord avec ses méthodes je ne fais pas de désinformation, je donne aux tok’ras les renseignements qu’Aléan m’autorise à laisser filtrer et j’informe ma reine des manœuvres tok’ras, juste pour qu’ils ne posent pas de problèmes dans ses plans.
- (Jack, à Aléan) Vous avez réussi à retourner un tok’ra, chapeau !
- (Aléan à Aldwin, ignorant Jack) Tu as un vaisseau à réparer. (à Brata’c) Montre lui, nous parlerons plus tard.
- (Brata’c, à Aléan) Je voudrais t’accompagner pour aller chercher le général Carter, c’est quelqu’un de bien… pour un tok’ra.
- (Aléan) C’est une maladie ou quoi ?
- (Aldwin) Moi aussi je…
- (Aléan, le coupant) Toi, mon ange, tu as plutôt intérêt à aller t’occuper de tes cristaux avant de dire quelque chose que tu pourrais regretter. (à Brata’c) Merci mais j’ai décidé d’y aller seule. (voyant qu’il allait protester) Fin de la discussion. En sortant rappelle les jaffas pour qu’ils ramènent (désignant SG1) ces trois là en cellule.
Aldwin et Brata’c s’éclipsèrent rapidement non sans s’être inclinés au préalable et quatre jaffas firent leur apparition.
- (Aléan, aux jaffas, leur montrant SG1) Occupez-vous d’eux.
- (Jack, alors que les gardes s’avançaient) Sauf votre respect, j’avais deux ou trois questions.
- (Aléan, manifestant quelques signes d’impatience) Posez-les toujours, nous verrons bien.
- (Jack, l’air vraiment surpris) Vous connaissez Brata’c ?
- (Aléan) Qui ne le connaît pas ?
- (Jack) Ce n’était pas le sens de ma question.
- (Aléan) Je sais. J’ai fait appel à lui pour une mission délicate un jour, nous avons fait connaissance et il se trouve que nous nous entendons bien donc nous nous rendons de petits services.
- (Jack) Pour Aldwin… comment… ?
- (Aléan) Comment j’ai su ? Je me suis toujours tenue informée des allées et venues des différents membres de la tok’ra. (Aléan, retournant sur son trône, aux jaffas) Emmenez-les maintenant. (à SG1, sur un ton dur) J’espère que vous ne croiserez plus mon chemin, je pourrais me montrer moins conciliante. Ne comptez pas sur moi pour régler vos problèmes. Je ne suis pas comme vous, je n’accours pas dès que mes soi-disant amis tok’ra me sifflent.
- (Jack, s’insurgeant) Nous ne… !
Il fut arrêté dans son élan par un coup au ventre suivi d’un autre à la nuque qui le firent tomber à genoux, les mains à plat sur le sol. Le jaffa qui l’avait déjà frappé s’apprêta à abaisser sa lance sur le dos de Jack mais Aléan l’arrêta d’un geste et fit signe aux autres de faire sortir les 3 hommes de la pièce, ce qu’ils firent avec plus ou moins de ménagement pour Jack et avec davantage d’égards pour les deux autres. Une fois qu’ils furent parti la reine resta un moment assise sur son trône, perdue dans ses pensées puis elle se leva, passa voir Brata’c dans le hangar où il supervisait les réparations de son vaisseau avec Aldwin. Ensuite elle parcourut quelques couloirs afin de rejoindre sa conseillère.
Dans une pièce du vaisseau servant de laboratoire
Léana était assise dans une semi obscurité devant un plan de travail couvert d’artéfacts, d’éprouvettes et de dossiers de toutes sorte. Elle n’avait plus sa cape mais portait toujours son voile.
- (Aléan, passant la porte) Léana, tout va bien ?
- (Léana, semblant sortir de ses réflexions) Je… je crois oui. Mais c’était… plutôt dur.
- (Aléan) Je sais.
- (Léana, d’une voix angoissée) Et si ils…
- (Aléan, la prenant dans ses bras) Ils ne savent pas. (autant pour se convaincre elle-même que pour convaincre Léana) Ils ne peuvent pas savoir. (l’écartant un peu) Et ils ne sauront pas mais il faut se montrer forte, d’accord ? Ils n’ont aucune raison de soupçonner que… Ils vont bientôt repartir de toute façon.
- (Léana) Comment… ?
- (Aléan) Un malheureux hasard. C’est à propos de Jacob.
- (Léana, comme paniquée) Quoi ?
- (Aléan, rassurante) Ne t’inquiète pas, je vais le sortir de là. (gentiment) Va te reposer maintenant.
- (Léana) Bien.
- (gentiment) Ce n’était pas un ordre. (lui glissant quelques pilules dans la main) Prends ça. Ça va t’aider.
- Merci.
- (Aléan) Ne te préoccupe plus d’eux. Tout ira bien.
- (partant puis se retournant) En fait, je voulais te parler au sujet du bouclier.
- (un peu inquiète) Un problème ?
- (contente) Pas du tout. Tout va bien, les réglages que nous avons décidés ont tout arrangé.
- (souriant) Tant mieux. (lui désignant la sortie d’un signe de tête) Vas-y. Prend un bain, ça te fera du bien. Je t’enverrais Sybille.
Léana quitta donc la pièce laissant Aléan seule, pensive. La reine s’assit en face du bureau, touchant machinalement du bout des doigts les objets à sa portée pendant une dizaine de minutes. Enfin elle se leva, embrassa une nouvelle fois la salle du regard puis sortit en refermant la porte derrière elle.
Dans la cellule
- (Jack, grognant) Des jaffas « gentils », hein ? Je vous retiens sur ce coup Daniel !
- (Daniel) Vous êtes de mauvaise fois, ils sont amicaux par rapports aux autres jaffas que l’on a rencontrés mais vous avez crié contre leur reine.
- (Jack) C’est elle qui a commencé !
- (Daniel) C’est une reine ! Elle a le droit de se montrer un peu… capricieuse.
- (Jack, grimaçant) « Capricieuse » ?
- (Daniel) Bon, ok le terme n’est peut-être pas très approprié mais toujours est-il qu’elle a empêché ce jaffa de vous casser le dos.
- (Jack, sarcastique) Trop aimable à elle ! (s’asseyant difficilement) Elle aurait pu l’arrêter au premier coup.
- (Daniel) Jack…
- (Jack, levant la main pour le faire taire) Oui, oui, je sais.
- (Teal’c) Nous devrions nous reposer à présent. J’ai confiance.
- (Da) Moi aussi.
- (Jack)… (voyant leurs regards) Ah non, ne comptez pas sur moi.
Il s’installa plus confortablement sur les coussins et ferma les yeux. Le silence prit possession de la pièce, chacun réfléchissant dans son coin aux évènements précédents, jusqu’à ce qu’on leur apporte à manger. Ils se sustentèrent légèrement de pain au sésame, de pâté, d’olives, de fruits et de vin puis ils discutèrent un moment en confrontant leurs points de vue sur la reine et ses jaffas, se demandant ce qu’il fallait en penser, quelles pouvaient bien être leurs motivations et leurs origines. Ils s’endormirent, ou plutôt s’assoupirent, deux heures plus tard, avec beaucoup plus de questions que de réponses.
Dans une grande et magnifique chambre du vaisseau
Les deux lourds battants de la porte d’ébène s’ouvrirent assez vivement laissant le passage à une magnifique jeune femme manifestement quelque peu bouleversée, deux jaffas les refermèrent derrière elle en les tirant vers l’extérieur avec le plus de délicatesse possible. Elle, elle se laissa tomber sur le lit en soupirant, elle retira ou plutôt arracha assez brusquement le voile qui recouvrait sa tête, laissant apparaître un visage magnifique, légèrement mais soigneusement maquillé, d’une pâleur inquiétante qui lui donnait un aspect irréel, presque féerique, le tout encadré de long cheveux blonds aux reflets dorés.
Deux grands yeux d’un bleu profond, rehaussés de deux traits de khôl, éclairaient cet ensemble diaphane relevé par le rouge sang de deux lèvres tremblantes. Une larme scintillante, telle un diamant, fit soudain son apparition au coin d’un œil puis roula sur sa joue avant de finir sa course sur le satin pourpre du drap et, pendant quelques instants, le point foncé sur le tissu fut la seule marque subsistant de cet instant de faiblesse mais bientôt d’autre étincelles caractéristiques apparurent dans un regard déjà voilé par la tristesse, la souffrance et le doute. L’instant d’après, ses joues étaient inondées de longues traînées humides qu’elle tenta d’endiguer d’un geste rageur en passant ses deux mains sur son visage sans toutefois parvenir à arrêter le flot maintenant continu de liquide salé.
En dernier recours la jeune femme se jeta de tout son long sur le lit et tenta d’étouffer ses sanglots en enterrant son visage dans les coussins recouvert de satin également, dans des tons d’ocre, de doré et de pourpre, qui le parsemaient. Quelques spasmes secouèrent ses fines épaules enserrées dans un fin tissu puis elle se releva en reniflant avec une distinction certaine, se saisit d’un carré de dentelle et s’essuya le visage avec calme. Elle se leva ensuite et se dirigea vers la pièce contiguë qui se trouvait être une salle de bain et dont la magnificence s’accordait avec celle de la chambre : tous les meubles était en marbre et en fer forgé ou en bois précieux délicatement sculpté et le sol en mosaïques colorées. La dizaine de bougies multicolores posées à même le sol donnait à la pièce une atmosphère mystérieuse, mystique, sensuelle, douce et reposante.
Une baignoire circulaire, elle aussi en marbre beige égayé par des bandes de mosaïque représentant des scènes marines, de la profondeur d’un jacuzzi, était creusée à même le sol et quelques marches permettaient de s’y plonger. La jeune femme ouvrit deux des robinets dorés, de l’un deux s’échappa un flot d’eau chaude et de l’autre une mousse épaisse et onctueuse. Elle alla ensuite allumer de l’encens puis porta ses mains à sa nuque et tourna sa tête afin de se détendre, ensuite elle se débarrassa de sa ceinture qui tomba au sol, bientôt rejointe par sa robe qui glissa gracieusement jusqu’à ses pieds. Une fois totalement dévêtue elle entra dans la baignoire déjà pleine et referma les robinets avant de s’étendre dans l’eau en posant sa tête sur le rebord et ferma les yeux mais ne pu empêcher une larme de passer cette barrière.
Sam rouvrit les yeux, essuya de nouveau sa joue et s’amusa un moment avec la mousse blanche, la prenant entre ses mains et soufflant dessus comme une enfant, faisant s’envoler aux quatre vent de petits monticules de bulles aux reflets changeant, elle fut interrompue dans son jeu par des coups à la porte et lança un « Entrez ! » de sa voix claire sans se retourner. Quelques secondes plus tard une servante faisait son entrée, une brassée de Lys et un panier dans les bras. Elle disposa les fleurs dans deux vases, en plaçant un sur la coiffeuse de la salle de bain et l’autre sur une console dans la chambre. Ensuite elle déposa plusieurs petits flacons de verre ciselé par terre près de Sam ainsi qu’une large et épaisse serviette blanche et un peignoir de satin beige. Elle ramassa la robe et la ceinture et, avant de partir, tendit une orchidée à la jeune femme se prélassant dans son bain qui la prit et la remercia d’un sourire auquel la femme répondit par une profonde révérence.
Une fois que la servante eut disparue Sam porta la fleur à ses narines, caressant rêveusement les pétales rose et blanc, elle la reposa ensuite près de sa tête sur la mosaïque. Elle repensa à tout ce qui s’était passé lors de cette journée et regarda ses mains : elles tremblaient encore de cette rencontre. Bon sang ! Pourquoi avait-il fallu qu’ils visitent cette planète, aujourd’hui ? Pourquoi avait-il fallu qu’ils se fassent prendre ? Pourquoi avait-elle décidé de s’en prendre à Baal ce jour précis ? Pourquoi… ? Pourquoi se sentait-elle aussi vulnérable en leur présence ? Pourquoi était-elle autant secouée par cette entrevue ? Elle aurait tellement voulu… ne plus les revoir évidemment, mais surtout elle aurait tellement voulu pouvoir rester calme, insensible devant eux, garder son sang froid. Qui étaient-ils pour avoir encore autant d’effet sur elle ?
Elle aurait tant aimé pouvoir tirer un trait sur cette vie, sa vie d’avant et elle pensait naïvement y être arrivée mais il avait seulement fallu qu’elle pose son regard sur eux, non en fait il avait fallu qu’elle entende « sa » voix pour que tous ses efforts partent en fumée. Elle était en colère, furieuse contre elle-même de n’avoir pas su se maîtriser, de ressentir ça. Une telle douleur, une telle haine une telle peine et un tel… amour, oui de l’amour, bien sûr qu’elle les aimaient tous les trois, de tout son cœur, ils étaient sa famille. Voilà que cette envie de pleurer la reprenait et Dieu sait pourtant qu’elle luttait de toutes ses forces. Elle frappa rageusement du poing dans l’eau ce qui eut pour effet de l’apaiser quelque peu. Cette rencontre lui avait aussi fait repenser à la Terre, à tout ce qu’elle avait abandonné là-bas.
Elle se sentait si stupide, elle menait la vie dont toutes les petites filles rêvaient, elle faisait ce qui lui plaisait : lutter contre les goa’ulds, étudier de nouvelles technologies et tout cela dans la plus totale liberté. Elle s’était fait des amis, des ennemis aussi mais bon c’était le risque du métier, les gens la respectaient, l’admiraient, l’adoraient même pour certains. Cette pensée lui tira un sourire. Mais de les revoir, eux, lui avait provoqué un pincement au cœur, lui avait retourné l’estomac, lui avait fait naître une boule au creux du ventre, l’avait presque fait défaillir… oui bon, l’avait fait carrément défaillir si elle voulait être objective. Après 5 mois.
Elle s’empara d’une éponge et y appliqua le contenu mauve et parfumé d’un des flacons avant de se la passer sur tout le corps. La jeune femme plongea ensuite la tête sous l’eau et se massa les cheveux avec une autre pâte. En actionnant un petit levier elle fit tomber un voile pourpre du plafond qui entoura toute la baignoire et se leva ensuite. À travers le fin tissu on pouvait distinguer sa silhouette gracieuse et harmonieuse tandis qu’à l’aide d’un autre bouton elle fit couler de l’eau depuis la paume d’une douche située au-dessus d’elle. Une fois rincée, elle passa son bras par une ouverture dans le voile et attrapa la serviette.
Elle s’en enveloppa et sortit de la baignoire puis en prit une plus petite pour ses cheveux sur une commode. Sam les essora vivement puis quand elle se jugea assez sèche elle laissa tomber les deux serviettes et enfila le peignoir. En resserrant la ceinture sur sa taille fine elle continuait à réfléchir à ce qui allait se passer à présent : elle s’arrangerait pour ne plus les revoir et elle oublierait, enfin elle l’espérait. Elle savait qu’elle ne devait pas leur parler et encore moins se découvrir à eux mais en même temps elle avait tellement, envie et besoin de les voir, de les toucher… Et elle ne le pouvait pas, ça impliquerait tant de choses, trop de choses.
Après tout, elle n’avait pas le droit de se plaindre pensa t’elle se laissant tomber sur le dos sur son lit, elle avait fait son choix en connaissance de cause avec tout ce que cela impliquait. Elle se releva, s’enduit le corps d’une crème aux reflets nacrés et s’habilla pour la nuit d’une légère et courte robe de soie blanche, se coiffa puis déposa une goutte de parfum sur chaque poignet. Elle prit une pomme dans sa main, en croqua un bout, réfléchit un instant, mit sa cape sur ses épaules, rabattit la capuche sur son visage, enfila des sandales et sortit de sa chambre. Sans hésiter elle se dirigea jusqu’aux cellules et s’arrêta un peu avant celles-ci, à l’angle d’un couloir.
De là où elle était elle pouvait voir les membres de SG1, endormis sur des coussins, appuyés contre le mur mais, même s’ils venaient à se réveiller, ils ne pourraient pas se rendre compte de sa présence. Elle les contempla un moment, semblant se rassasier de leur vue. Bien sûr elle aurait aimé les serrer dans ses bras, même « lui » bien qu’elle sache qu’il ne… Il ne valait définitivement mieux pas qu’elle y pense. Au bout de quelques minutes elle repartit, elle se sentait coupable, comme si elle leur volait quelque chose, de plus ce petit espionnage lui faisait plus de mal que de bien en la mettant dans un état de frustration qu’elle ne supportait pas et elle retourna donc dans sa chambre.