Sam avait déposé Michael et Emilie à l’école. Elle était maintenant assise par terre contre la porte de sa salle de bain.
15, 16, 17, 18,…
Elle tentait de se concentrer sur le décompte des secondes.
Un mois. Un mois s’était écoulé depuis cette semaine chez Jack.
Elle n’était toujours pas revenue travailler au SGC. Le général Hammond avait accepté de lui laisser quinze jours de plus. Il n’avait pas fait de commentaire, mais Sam savait qu’elle n’aurait pas d’autre délai. Elle le comprenait parfaitement.
27, 28, 29, 30,…
Elle respira profondément.
Un mois. Elle n’avait pas revu Jack. Elle ne voulait plus revoir Jack. Elle savait déjà qu’elle allait demander son transfert au Pentagone, mais elle devait attendre les grandes vacances, elle ne pouvait pas faire déménager les enfants une fois de plus pendant l’année.
Les enfants…
43, 44, 45, 46,…
Daniel et Teal’C étaient passés plusieurs fois. Elle savait qu’elle s’était montrée distante. Elle voulait être distante. Elle voulait se détacher d’eux malgré elle. Et partir. Refaire sa vie. Se faire une vie, tout simplement.
Et maintenant ça.
…59, 60. Une minute.
Elle ne pouvait pas se décider. Elle tremblait. Elle finit par ouvrir la main et regarda le petit carré blanc. Et les deux traits bleus.
Elle n’était même pas étonnée. Elle le savait.
Elle jeta le test de grossesse contre le mur en face d’elle et s’effondra en pleurant sur le sol.
- Vous pouvez m’expliquer cela, colonel ?
O’Neill était debout face au bureau du général Hammond, qui lui tendait une feuille de papier. Jack la parcourut rapidement. Le général ne décela aucun mouvement sur le visage du colonel. Ce dernier reposa calmement le papier et répondit froidement :
- C’est une demande de transfert du Major Carter, mon général. Je ne vois pas ce que je pourrais expliquer de plus.
Hammond s’appuya sur ses coudes et croisa les doigts sans cesser de dévisager Jack.
Que s’était-il passé ? Sam avait été obligée de quitter SG1 pour s’occuper de ses neveux, soit. Mais cela n’avait tout d’abord pas affecté ses rapports avec ses anciens coéquipiers. Puis ils étaient partis tous ensemble, pendant la convalescence du Docteur Jackson, dans le Minnesota. C’est tout ce que le général avait pu apprendre de Daniel.
Et à partir de là rien n’avait plus été comme avant. Daniel passait maintenant ses journées à travailler dans son bureau. Teal’C partait sur Chulak dès qu’ils rentraient de mission.
Et Jack…
Jack était froid, distant, hautain, désagréable avec tout le personnel. Il prenait des risques inconsidérés en mission, et n’avait dû plusieurs fois son salut qu’aux interventions de ses deux coéquipiers. Il semblait presque leur en vouloir de l’avoir secouru.
Comme eux lui en voulaient manifestement.
De quoi ?
Le major Carter avait demandé quinze jours supplémentaires. Elle était maintenant revenue travailler à la base depuis quinze jours. Le général l’avait parfois aperçue avec Daniel ou Teal’C, mais jamais avec Jack. Ils s’évitaient soigneusement. Elle arrivait avant 9 heures, ne quittait quasiment pas son labo et repartait comme une ombre avant 16h15. Et malgré ses nouveaux horaires elle abattait une charge de travail phénoménale, pire qu’avant.
Elle faisait peine à voir. Elle avait maigri, ses joues s’étaient creusées, son teint avait pâli.
Et ses yeux semblaient éteints. Elle marchait dans les couloirs comme un fantôme. Un fantôme qui sursautait dès qu’il croyait apercevoir le colonel O’Neill.
Et maintenant elle demandait à être transférée avant la rentrée des classes de septembre.
Le général Hammond avait espéré que SG1 survivrait au départ de Sam. Mais manifestement sa meilleure équipe, la meilleure unité qu’il ait jamais eue sous ses ordres, était en train d’imploser.
Jack était toujours devant lui. Froid et impassible, comme neuf ans auparavant. Hammond soupira et lui indiqua la porte d’un geste.
Daniel n’en pouvait plus de cette situation. C’était insupportable. Il en pleurait souvent de rage devant son bureau.
Ils avaient tout perdu. Ils avaient tout eu, et tout perdu. En deux heures.
Il n’avait pas essayé de parler à Jack. Plus personne ne pouvait rien faire pour Jack, il avait été trop loin. Sam avait raison. S’il voulait vivre éternellement dans le passé, c’était son choix. Il avait eu la chance de tout recommencer, il l’avait laissée passer.
Daniel se sentait trahi. Trahi dans l’amitié sans faille qu’il éprouvait pour O’Neill depuis de longues années. Jack les avait trahis, lui et Teal’C, quand il avait détruit Sam. Car Jack avait détruit Sam. Il suffisait de la voir pour s’en rendre compte. Daniel ne comprenait pas comment elle tenait encore debout. Ou plutôt si, il le comprenait, c’était uniquement pour ses neveux.
Et maintenant elle voulait partir à Washington. Daniel, en garant la voiture devant chez elle ce dimanche matin, se dit qu’en réalité Sam était déjà partie depuis longtemps.
Sam ouvrit la porte. Elle était en jean et T-shirt. Daniel se demanda si elle n’avait pas encore maigri. Ils se forcèrent tous deux à sourire. L’archéologue se rendit tout de suite compte que la maison était étonnamment silencieuse.
- Les enfants ne sont pas là ?
- Non, ils ont dormi chez des camarades.
Daniel ouvrit le sac de papier qu’il tenait à la main et le tendit en souriant :
- Alors tous les beignets sont pour vous !
L’odeur d’huile encore chaude monta aux narines de Sam. Elle porta la main à sa bouche et courut aux toilettes. Daniel lâcha le paquet et la suivit, affolé. Il soutint le front tremblant de Sam pendant que l’estomac de la jeune femme se tordait de spasmes.
Elle se calma enfin mais resta assise à côté des toilettes en silence. Daniel alla chercher un verre d’eau.
Il la regarda boire puis comprit. Tout à coup. C’était évident.
Elle leva les yeux vers lui, soupira et se passa la main sur le visage.
- On descend ? On sera mieux pour parler Sam.
Elle acquiesça. Ils se retrouvèrent bientôt face à face au salon. Ils gardèrent le silence un long moment. Puis Daniel murmura :
- C’est Jack ?
- Oui.
- Donc cela fait…
- Deux mois.
- Quand allez-vous le lui dire ?
- Je ne vais pas le lui dire.
Daniel s’attendait à cette réponse mais ne pouvait l’accepter.
- Il a le droit de savoir.
- Non. Il n’a aucun droit. Comme il l’a dit, on a juste couché ensemble, rien de plus.
- SAM ! Je ne l’ai pas accepté dans la bouche de Jack, je ne l’accepterai pas non plus dans la vôtre !
Elle éclata en sanglots. Daniel vint s’asseoir à côté d’elle et la prit dans ses bras. Les larmes ruisselaient sur les joues pâles de la jeune femme. L’archéologue la berça contre lui. Elle se calma petit à petit et le regarda :
- Où est-ce que nous avons commis une erreur ? J’ai eu tellement mal à la mort de Mark, et tout à coup, tout était si parfait, je croyais avoir une chance… une chance d’être heureuse…
- Je crois que Jack aussi y a cru. C’est ce qui lui a fait peur. Il a peur. Peur d’être heureux à nouveau et de tout perdre à nouveau. Et nous savons tous deux de quoi est capable Jack quand il a peur. Mais vous avez encore une chance Sam, il faut lui dire que vous êtes enceinte, je suis sûr qu’il reviendra et…
- Je ne veux pas qu’il revienne pour ça. Je peux l’assumer seule. Je sais m’occuper d’enfants maintenant, j’en ai déjà deux…
Elle sourit faiblement. Daniel demanda :
- Comment cela se passe avec eux ?
Les larmes de Sam recommencèrent à couler.
- Mal. Michael est plus calme, mais ils sont malheureux. Et je suis incapable de les consoler, vu l’état dans lequel je suis. Daniel… j’ai honte mais…parfois je leur en veux. Je me demande ce que serait ma vie si tout cela n’était pas arrivé… si Mark… si je n’avais pas été obligée…
- Je comprends Sam. C’est normal. Il n’y a pas à avoir honte. Et vous n’y avez pas été obligée. Vous auriez pu les laisser à leurs grands-parents, à une cousine, que sais-je. Mais vous avez fait un choix courageux, le plus courageux de tous. Et pour cela vous avez abandonné votre carrière, SG1. C’est normal que parfois vous ressentiez un peu de rancune. Vous regrettez ?
- Non. En fait non.
Elle sourit faiblement puis redevint grave :
- Que vais-je faire Daniel ? J’ai tellement rêvé de cet enfant, de cet enfant de lui… Mais maintenant je suis toute seule. Ou plutôt non, je dois m’occuper aussi de Michael et Emilie, comment vais-je faire…
Elle s’appuya la tête dans les mains.
- … Mon Dieu Daniel, on a passé une nuit ensemble Jack et moi, une seule nuit !!!
- C’est vous la scientifique Sam, je ne vais pas vous expliquer comment ça se passe.
Elle releva la tête et vit Daniel qui souriait. Elle sourit à son tour. L’archéologue dit doucement :
- Cet enfant peut sauver bien du monde : vous, Jacob, Jack… Ne le vivez pas comme un fardeau. C’est une chance, peut-être notre seule chance.
- Non Daniel. Je ne veux pas lui dire. Je ne veux pas qu’il sache. Il est si… froid et distant. Je ne peux pas lui parler, il est si différent de l’homme que j’aime.
- Non Sam. C’est toujours Jack. C’est ce qu’il y a de pire en lui, mais c’est toujours Jack. C’est celui que j’ai connu il y a neuf ans, l’homme dévasté qui a peur de souffrir à nouveau. Michael n’est absolument pas responsable, mais il a fait ce qu’il ne fallait pas juste quand il ne fallait pas, quand Jack avait enfin baissé sa garde, enfin cru au bonheur, enfin eu à nouveau confiance en l’avenir. Et c’est alors le passé qui a rejailli devant lui sous la forme d’un revolver dans la main d’un petit garçon.
Elle secoua la tête.
- Vous avez sûrement raison Daniel. Mais je ne peux pas l’obliger à croire en l’avenir. J’ai déjà assez de mal à croire dans le mien.
Daniel et Sam restèrent à discuter une bonne partie de la journée. Ils s’étaient enfin rapprochés, après ces semaines de malaise, et cela leur faisait à tous deux un bien immense. L’archéologue ne parvint cependant pas à convaincre son amie de partager son secret avec d’autres et accepta à contrecœur de se taire.
Daniel était depuis ce jour-là aux petits soins avec Sam : il passait fréquemment à son labo pour l’obliger à se ménager des pauses dans son travail et veillait à ce qu’elle s’alimente à peu près convenablement. Ils avaient retrouvé leur complicité et passaient à nouveau beaucoup de temps ensemble. Michael et Emilie ne se lassaient pas d’écouter les récits mythologiques de l’archéologue qui avait un don exceptionnel de conteur.
Daniel s’était retrouvé un jour au mess avec Teal’C. Le jaffa avait demandé de sa voix calme :
- Comment va le major Carter ?
- Mieux, peut-être. Elle réussit doucement à accepter sa nouvelle vie, cela se passe de mieux en mieux avec les enfants. Mais elle est décidée à partir pour Washington.
- Donc elle ne veut pas le dire à O’Neill ?
Daniel écarquilla les yeux et resta figé, sa fourchette en l’air.
- Dire… dire quoi, Teal’C ?
- Qu’elle attend un enfant de lui, Daniel Jackson.
- Comment… qui vous a dit… ?
Un sourire passa sur le visage du jaffa.
- Je parle peu, Daniel Jackson, mais j’observe les gens. Et je connais bien le Major Carter.
Daniel sourit à son tour et soupira.
- Non Teal’C, elle ne le lui dira pas. Et elle ne veut pas que nous lui en parlions. Si seulement Jack pouvait se préoccuper des autres comme vous le faites, Teal’C…
- Merci. Mais je crois qu’actuellement O’Neill ne regarde plus rien ni personne autour de lui.
- Je sais Teal’C. Je sais.
Sam fut en fait soulagée d’apprendre que le jaffa s’était aperçu de sa grossesse. Soulagée et fière d’avoir de tels amis et de pouvoir partager cela avec eux. A partir de là, Teal’C passa lui aussi plus de temps à ses côtés, à la plus grande joie d’Emilie qui restait à nouveau des heures dans les bras du jaffa.
- Jack c’est du suicide !!! cria Daniel. O’Neill ne prêta pas la moindre attention aux paroles de l’archéologue qui était toujours allongé à ses côtés, tirant sur les jaffas.
La scène se répétait encore. Combien de fois Jack avait-il pris ce genre de décision depuis trois mois ? Assez pour avoir risqué de mourir au moins vingt fois. Sans sa chance insolente et ses coéquipiers, O’Neill serait mort depuis longtemps.
- C’est un ordre ! Teal’C et vous passez la porte, je prépare la charge de C4 et je vous rejoins !
- Il ne faut pas utiliser le C4 ! Nous sommes juste devant la porte ! Nous pouvons sauter dans le vortex…
- NON ! On peut les avoir, on peut les tuer tous grâce à la charge, je ne veux pas laisser passer cette occasion !
- Mais c’est ridicule, ce ne sont que des jaffas !… cria Daniel
- O’Neill… tenta Teal’C
- Ce sont des Goa’ulds ! Et notre mission est de tuer des Goa’ulds, au cas où vous l’auriez oublié Docteur Jackson !
Daniel laissa échapper un juron. Jack l’avait une fois de plus appelé par son nom. L’archéologue savait qu’il n’en tirerait rien de plus.
Le colonel O’Neill jeta un coup d’œil à Teal’C et Daniel et hurla :
- Ouvrez le vortex et partez, c’est un ordre !
Teal’C et Daniel échangèrent un regard et commencèrent à se replier vers la porte pendant que Jack préparait les charges de C4. Les quinze jaffas étaient à quelques mètres.
O’Neill entendit le vortex se former. Il arma la charge et rampa à reculons mais il lui était impossible de s’approcher davantage du DHD, les tirs des jaffas sifflaient en tous sens. Et la charge allait exploser dans quelques secondes maintenant.
O’Neill ferma les yeux un instant mais les rouvrit immédiatement. Il voulait voir sa mort en face.
Mais ce ne fut pas la mort qui vint. Ce fut la main de Teal’C qui l’attrapa par le col de sa veste et le tira d’un geste brutal vers l’arrière. Jack se retrouva derrière le DHD quand la charge explosa.
Le DHD trembla sur son socle. Quand le nuage de poussière se dissipa, les trois hommes découvrirent les derniers jaffas gisant à terre.
Et la vague du vortex, toujours ouvert, qui faisait d’étranges circonvolutions.
O’Neill rugit :
- Que faites-vous là ! Je vous avais ordonné de partir !
Daniel et Teal’C ne répondirent même pas. A quoi cela aurait-il servi de toutes façons ?
Les trois hommes se relevèrent et regardèrent le halo bleuté qui se fermait par intermittence. Daniel soupira :
- Le vortex n’est plus stable et le DHD semble hors d’usage. On est bloqués. Je vais essayer de faire passer un message.
Jacob était dans le bureau de Hammond. En tant qu’agent de liaison avec la Tok’ra, il était obligé de revenir sur Terre de temps à autre, même s’il s’arrangeait le plus souvent pour envoyer Anise à sa place. Celle-ci étant actuellement en mission, le général Carter avait du se résigner à venir lui-même.
Selmak avait réussi à garder Jacob physiquement en forme. Mais les longues conversations muettes qu’il avait eues avec son symbiote n’avaient que très peu apaisé la douleur du père de Sam.
Ses contacts avec sa fille étaient rarissimes, au grand désespoir de cette dernière. Elle n’était arrivée à lui parler qu’à de rares occasions, et toujours au SGC. Jacob avait refusé de revoir ses petits-enfants. Il prétendait n’être pas prêt. Il fuyait toute discussion, et se montrait distant avec tout le monde au SGC, Sam y compris. La jeune femme ne lui avait bien sûr pas annoncé qu’elle était enceinte.
Le comportement de son père rappelait à Sam celui de Jack. Et elle n’était pas prête à supporter deux fois la même attitude de la part des deux hommes qu’elle aimait le plus au monde. La jeune femme avait donc abandonné toute tentative de discussion avec Jacob et se contentait pour le moment des quelques contacts que leur permettaient leurs travaux respectifs.
Les sirènes retentirent : « activation extérieure non programmée ».
Jacob suivit le général Hammond en salle de commande.
- C’est le code de SG1.
- Ouvrez l’iris.
La vague bleutée s’ouvrit mais rien ne se passa. Les secondes s’égrenaient sur les écrans et personne n’apparaissait. Puis tout à coup la vague se tordit, tressauta, et une gerbe d’étincelles éclata de la porte.
- Que se passe-t-il ??
- Le vortex est devenu instable !
- Fermez la porte ! Fermez l’iris !
- Impossible ! Le vortex refuse de se refermer, il semble bloqué depuis l’autre côté, il y a un dysfonctionnement ! Il faudrait déconnecter tout le système !
- Alors allez chercher le major Carter !
Quand la jeune femme arriva en courant en salle de commande, elle nota à peine la présence de son père et se figea devant la porte :
- Que se passe-t-il ? Il faut fermer la porte, le vortex n’est pas stable, la puissance de la porte risque de tout faire sauter si on le laisse ouvert !
- Impossible major, c’est pour cela que je vous ai fait appeler.
L’un des soldats au poste de commande s’écria :
- On capte un signal mon général ! Mais la transmission est très mauvaise !
- Passez le quand même.
L’homme tapa sur son clavier et la voix de Daniel retentit, hachée et extrêmement lointaine :
- impossible … passer ou fermer… instabl…DHD bloqu…
Sam avait blêmi en reconnaissant la voix de Daniel. C’était donc SG1 qui se trouvait de l’autre côté. Elle poussa l’un des techniciens et prit sa place devant les commandes. Ses doigts volaient sur les touches.
Jacob et Hammond, qui ne la quittaient pas des yeux, l’entendirent murmurer :
- Combien de temps… combien…
Après quelques dizaines de secondes qui semblèrent des heures, elle se retourna vers eux :
- Mon général, il faut les faire revenir et fermer la porte avant moins de deux heures. L’énergie de la porte s’amplifie progressivement, et au bout de ce laps de temps elle explosera. Et nous et eux avec.
Hammond se passa une main sur le visage.
- Je vous laisse une heure et demie pour nous trouver une solution. Après… après on avisera.
Pendant ce temps, on va tâcher d’envoyer un message à SG1 pour leur expliquer la situation.
Sam se replongea sur son clavier. Jacob fixait la vague instable.
Teal’C, Daniel et Jack avaient fini par comprendre le contenu du message que le SGC leur envoyait en boucle depuis trente minutes : SG1 ne devait pas tenter de passer la porte, ils cherchaient une solution pour stabiliser le vortex.
Jack était furieux, comme d’habitude. Il était assis par terre, l’arme au poing au cas où d’autres jaffas arriveraient. Il savait que la porte était ouverte sur le SGC, et donc sur la Terre.
Daniel essayait de faire fonctionner le DHD mais rien ne se passait, il était toujours bloqué sur les coordonnées de la Terre.
Daniel jura et s’assit à son tour, à côté de Teal’C. Il avisa Jack et lui dit d’une voix pleine de rancœur :
- Tout cela à cause de votre plan une fois de plus ! Je vous avais dit que la charge était trop proche de la porte !
- Taisez-vous Daniel ! Si vous aviez suivi mes ordres et que vous étiez partis dès que je vous l’ai dit, la porte aurait eu le temps de se refermer avant l’explosion !
- Mais vous…
- Je vous avais donné un ordre !!! UN ORDRE !!!!!
- Un ordre stupide O’Neill, trancha le jaffa, sourcils froncés.
Jack ne répliqua pas et continua de scruter les alentours. Il faisait nuit noire et la steppe face à eux était silencieuse.
- Je peux stabiliser le vortex, mais uniquement dans un sens, annonça Sam en faisant irruption une heure plus tard en salle de briefing, où se trouvaient à présent le général Hammond et Jacob.
- Comment cela ?
- J’ai le matériel nécessaire pour me brancher sur le DHD, contrôler la puissance pendant un laps de temps réduit – quelques secondes - et permettre à des humains de traverser la porte sans encombres. Mais le passage ne peut être sécurisé que dans un seul sens, je crains, le vortex est trop instable pour pouvoir être rétabli des deux côtés en même temps. Sinon il me faudrait plus de temps mais l’augmentation de la puissance ne nous en laisse pas.
- Et donc ?
- Et donc il faut que je sois du même côté que ceux qu’il faut faire passer. Il faut que je rejoigne SG1.
Jacob rugit :
- C’EST HORS DE QUESTION !
Sam ne lui accorda pas la moindre attention et regardait le général Hammond qui la fixait lui aussi en silence.
- Je ne peux pas vous laisser faire cela major.
Elle s’appuya sur la table de réunion en face de lui.
- La seule autre solution est de déconnecter le système. Mais nous ne savons pas, puisque la porte de leur côté est endommagée, si nous pourrons un jour la rouvrir.
Hammond croisa nerveusement les mains et murmura :
- Vous ne pouvez pas faire cela major. Vous n’avez pas repassé la porte depuis des mois et, je vous le rappelle, vous êtes responsable de deux enfants maintenant…
« Presque trois » pensa Sam.
- … que deviendront-ils s’il vous arrive quelque chose ?
- Il ne m’arrivera rien mon général. La manœuvre est simple et je suis sûre de mes calculs.
- Dans ce cas, pourquoi ne pas l’expliquer à quelqu’un d’autre qui partirait à votre place ?
- Pas le temps. Vous savez que je suis la plus qualifiée, vous savez que vous devez m’envoyer. Ne me protégez pas mon général, je peux le faire moi-même.
Hammond regarda la jeune femme. Bien sûr il pouvait déconnecter la porte, Jacob contacterait la Tok’ra qui enverrait un vaisseau les récupérer… peut-être… ou Thor…. Le général soupira : Sam avait raison. Il fallait qu’elle y aille. Il acquiesça d’un geste de la tête. Jacob bondit :
- George, tu ne peux pas la laisser partir, s’il arrive la moindre chose à Sam…
- Je n’ai pas le droit de la retenir pour des motifs non professionnels Jacob. Elle est notre meilleure spécialiste de la porte, si elle dit qu’elle doit y aller c’est qu’elle doit y aller. Tu le sais comme moi.
- Alors je pars aussi.
- Jacob, non, tu…
- C’est ma fille ! Je ne la laisserai pas partir seule, George ! Je dois être là si…
Jacob n’acheva pas sa phrase. Sam le regarda, les larmes aux yeux. Le général Hammond savait qu’il ne le retiendrait pas. S’il devait y avoir un problème, Jacob voulait être aux côtés de sa fille. Au moins aux côtés de Sam, puisqu’il n’avaient pu être là ni pour sa femme ni pour son fils.
- Soit. Préparez-vous. Carter, prenez tout le matériel dont vous avez besoin. J’allais vous dire de passer à l’infirmerie mais je crois que nous n’avons plus le temps. Bonne chance.
Sam partit en courant. Heureusement qu’elle n’avait pas le temps de passer à l’infirmerie, pour le coup personne ne l’aurait laissée partir…
Quand elle revint en salle de commande en treillis quelques minutes plus tard, son père l’attendait. Elle se rua à nouveau sur le clavier. Pendant ce temps des techniciens s’affairaient à côté de la porte. Ils lui firent signe au travers de la vitre et elle descendit en courant dans la salle d’embarquement, un lourd sac sous le bras. Elle resta à côté du général Hammond et de son père, scrutant la surface bleutée. L’inquiétude de Hammond se lisait sur son visage. Sam lui sourit et murmura :
- Ne vous en faites pas, mon général, on sera bientôt de retour. De toutes façons je dois aller chercher les enfants à cinq heures.
A ce moment l’énergie de la porte sembla décroître un instant, les lumières de la salle tremblèrent un instant et le vortex sembla se stabiliser. Sam cria :
- Maintenant !
Jacob et elle s’engouffrèrent dans la vague bleutée.
Un flash lumineux plus intense se dégagea de la porte. Un instant plus tard, le major Carter et son père posèrent le pied sur P8X535.
Les trois hommes furent immédiatement sur leurs pieds. Jack réagit en premier :
- Carter, mais bon Dieu qu’est-ce que vous foutez là ???
Il avait hurlé, mais c’est de l’inquiétude et non de la colère qui se lisait à cet instant sur son visage.
Sam ne répondit rien. Elle vacilla. Jacob la rattrapa alors qu’elle allait s’écrouler sur le sol, livide et manifestement sonnée. Daniel se précipita :
- Mais Sam, qu’est-ce qui vous a pris… repasser la porte dans votre…
La jeune femme leva les yeux vers lui et Daniel se tut instantanément en se souvenant que ni Jack ni Jacob n’étaient au courant. L’archéologue aida la jeune femme à se relever. Elle murmura :
- Je n’avais pas le choix. Je peux nous faire retraverser, mais je devais être de ce côté. Aidez-moi.
Jacob et Daniel aidèrent Sam à sortir son équipement et suivaient les instructions de la jeune femme. Teal’C l’observait en silence, sourcils froncés : le teint pâle de son amie, la sueur sur ses tempes et les frissons qui la parcouraient ne lui inspiraient rien de bon. Jack restait en retrait, les yeux fixés lui aussi sur la jeune femme qui s’affairait sous le DHD.
Sa présence le calmait. Etrangement, il se sentait apaisé, rassuré même. Non pas qu’il ait eu peur de mourir. Non. Et surtout pas ses derniers temps. Mais il avait peur de lui, de ce qu’il était en train de devenir. Et la présence de Sam à ses côtés, à quelques centaines d’années lumière du SGC, faisait taire pour quelques minutes le militaire infect qu’il était redevenu.
Teal’C, Daniel, Jacob et Sam à ses côtés. Enfin.
Ils étaient restés parfaitement silencieux pendant que Sam travaillait. Quand elle eut fini les derniers branchements, trente minutes plus tard, elle se retourna vers eux, souriant presque :
- Ca y est. Il suffit que je branche et cela va fonctionner, on pourra rentrer.
- Bien. Vous passez en premier major, ordonna Jack.
- Non. Je dois passer la dernière pour vérifier la stabilité du vortex jusqu’au dernier moment.
- Je passerai avec vous.
Jacob avait ouvert la bouche mais Jack avait été plus rapide. Les regards des deux hommes se croisèrent et Jack dit doucement :
- C’est mon unité Jacob. Je passe le dernier. Et je ramène votre fille. Vous avez ma parole.
Ce que vit le général Carter dans les yeux de O’Neill le rassura. Il ramènerait Sam. Jacob acquiesça et ils se tinrent tous devant la porte, attendant le signal de Sam. Celle-ci était toujours accroupie près du DHD, pianotant sur son ordinateur portable. Un éclair illumina la porte à nouveau et Sam cria :
- Allez-y !
Teal’C, Daniel et Jacob s’engouffrèrent dans le vortex et disparurent.
La vague se remit à vaciller. Jack regarda Sam en fronçant les sourcils. Elle ferma son ordinateur et se releva :
- On devrait avoir à nouveau un passage dans quelques secondes…
- Si vous le dites, Carter, cela ne peut être que vrai.
Elle le regarda. Il souriait. Depuis combien de temps n’avait-il pas souri ? Trois mois.
Ils étaient à plusieurs centaines d’années lumières de la Terre, devant la porte des Etoiles.
Sam et Jack devant la porte des Etoiles. Là où tout avait commencé.
Elle l’avait passée pour la première fois à ses côtés.
Maintenant elle savait que ce serait la dernière. Elle pouvait en profiter. Et elle était avec lui. Elle passerait la porte avec lui, comme la première fois.
Un nouvel éclair illumina la porte et le vortex se stabilisa à nouveau. Jack murmura :
- On y va ?
Elle lui sourit et acquiesça. Il mit une main dans le dos de la jeune femme.
Comme la première fois.
Et ils avancèrent côte à côte dans la surface bleutée.
Jack et Sam arrivèrent sur la rampe métallique quelques secondes à peine après Teal’C, Daniel et Jacob.
Elle descendit la rampe d’un pas peu assuré, trébucha ; Jack la retint, soudain inquiet. La jeune femme releva la tête et fit un signe de la main aux techniciens.
La pièce se retrouva plongée un instant dans une quasi obscurité et la porte se referma derrière eux dans un éclair gigantesque.
La voix du général Hammond retentit dans les haut-parleurs depuis la salle de commande :
- Heureux de vous voir tous entiers. Félicitations major Carter.
Elle releva la tête et fit un sourire mal assuré. Jack se détacha soudain d’elle et son visage redevint sévère.
- Oui, merci Major, dit-il froidement avant de prendre la direction de la sortie, laissant Sam debout au bas de la rampe.
C’était tout ? « Merci Major ? » Daniel balança son casque qui rebondit bruyamment contre le mur de la salle. Jack se retourna, fronça les sourcils et Sam, livide, s’appuya sur la rambarde de la rampe d’accès.
Daniel semblait soudain ivre de colère.
- Mais cela va durer combien de temps ?? Combien de temps encore allez-vous vous cacher derrière votre satanée fierté, Jack ?!
- Daniel, je vous ordonne…
- Vous ne m’ordonnez plus rien du tout Jack ! Je ne suis pas un de vos petits soldats ! Vous ne pouvez pas me forcer à me taire ! Pas de « c’est un ordre Major » avec moi ! Et je ne me tairai pas, j’en ai marre de me taire et de vous regarder ruiner votre vie et la nôtre par la même occasion ! Marre de vous voir jouer les militaires insensibles, les machines de guerre, marre de devoir supporter votre comportement inadmissible en mission et votre manque de professionnalisme ! Car c’est de votre faute si Sam a été obligée de venir !
- Attention à ce que vous allez dire Daniel.
Jack s’était avancé d’un pas mais Daniel n’y prêta aucune attention.
- Et qu’est-ce que vous allez faire ?? Un rapport ?? M’envoyer au trou ?? Me casser la figure, là devant tout le monde ?? Parce que j’aurai osé dire que le grand Jack O’Neill se conduit comme un beau salaud ??
Le poing de Jack atteignit Daniel en plein sur la mâchoire. Les lunettes volèrent sur le sol et l’archéologue tomba à la renverse.
Tous restèrent figés de stupeur.
Jack demeura interdit pendant que Daniel se remettait péniblement debout en se massant la joue. O’Neill ouvrit la bouche pour parler mais à cet instant Daniel releva la tête, et s’écria :
- SAM !!!!
La jeune femme était en train de glisser lentement le long de la rambarde d’acier, paupières closes, pâle comme la mort.
Elle n’avait pas atteint le sol quand Jacob la retint délicatement. Jack se précipita et la souleva dans ses bras. Avant que quiconque ait pu dire quoi que ce soit il était sorti de la pièce et se dirigeait à toute allure vers l’infirmerie, suivi de Teal’C, Jacob et Daniel qui remettait ses lunettes.
Quand Jack déposa Sam sur le lit, elle était totalement inconsciente. Les quatre hommes étaient consternés. Ils regardaient le médecin s’affairer autour d’elle, demander les constantes, vérifier les pupilles… Soudain il se retourna vers Jack :
- Colonel, elle a montré des signes de faiblesse ? Des vomissements ? Mal au crâne ? Quelque chose d’inhabituel ?
Jack balbutia :
- Je ne sais pas…je… je ne sais vraiment pas…
Daniel vit le médecin prendre une seringue sur un plateau, et n’hésita qu’une seconde :
- Elle est enceinte. De trois mois. Elle est fatiguée et se nourrit mal, mais sinon ça va.
Le médecin écarquilla les yeux :
- Et elle a passé la porte ?? Mais c’est de la folie ! Bon, sortez, on vous tiendra au courant.
Daniel attrapa machinalement une poche de glace qu’il s’appliqua sur la joue et sortit lentement de l’infirmerie. Il s’apprêtait à regagner ses quartiers quand une voix s’éleva derrière lui.
- Qu’est-ce que vous avez dit, Daniel ?
L’archéologue se retourna lentement et se retrouva face à Jack. Le visage du colonel était tendu, fermé, ses yeux bruns semblaient sonder ceux de Daniel. Celui-ci pensa un instant à l’envoyer promener, à lui dire que cela ne le concernait pas, qu’il avait renoncé depuis des mois à faire partie de la vie de Sam …
Mais en fait Daniel était fatigué. Fatigué de se battre, fatigué de lutter, fatigué. Il répondit donc doucement :
- J’ai dit qu’elle était enceinte. Et c’est vrai.
Jack sembla s’animer soudain et leva les mains en signe d’incompréhension.
- Mais comment…enfin… qui… quand…
- Trois mois Jack. Sam est enceinte de trois mois. Réfléchissez, même vous, vous devriez être capable de faire le calcul.
Jack ouvrit la bouche pour répondre mais s’interrompit au milieu de son geste. Il écarquilla les yeux et ses lèvres tremblèrent. L’expression de son visage changea. Daniel y lut quelque chose qui ressemblait à de l’incrédulité et… à de la peur.
Daniel tourna les talons et, sa poche de glace sur la joue, laissa Jack seul debout au milieu du couloir.
Quand Sam ouvrit les yeux elle découvrit Daniel assis à côté d’elle à l’infirmerie.
Avant même qu’elle ait eu le temps de s’inquiéter, l’archéologue dit :
- Le bébé va bien Sam. Vous avez fait une brutale chute de tension et une réaction un peu violente au passage de la porte, mais tout va bien, il faut juste vous reposer. Teal’C est parti chercher les enfants et il les ramène chez vous, il va les rassurer. Hammond est furieux de vous avoir laissée partir alors que vous êtes enceinte !
Sam sourit. Daniel sourit aussi puis parut soudain mal à l’aise :
- Sam… je…enfin… Le médecin a demandé ce que vous pouviez avoir, vous étiez inconsciente… Je lui ai dit que vous étiez enceinte de trois mois.
Sam fronça les sourcils :
- … Et ?
- Jack et votre père étaient dans la pièce ; ils ont tout entendu. Ils ont tout compris.
La jeune femme ferma les yeux et soupira. L’archéologue continua :
- Jacob est avec Hammond, il va être ravi de vous savoir réveillée. Il n’a pas… réagi.
- Et Jack ?
- Je ne l’ai pas revu. Il a quitté la base. Je suis désolé Sam.
- Ne le soyez pas Daniel, vous n’aviez pas le choix. Je suppose qu’il fallait bien que cela arrive.
- Vous avez pris de gros risques en venant nous chercher ! Pour vous, pour Michael et Emilie, et surtout pour le bébé.
- Je n’avais pas le choix. Nous n’allions pas vous laisser là-bas. Et puis tout s’est bien terminé, non ?
La voix de Sam était pleine d’amertume. Daniel lui fit un sourire triste :
- Je suis désolé Sam. J’espérais…
- Quoi ? Que le colonel O’Neill se précipiterait à mes pieds pour implorer mon pardon ?
- Oui. Je me rends compte maintenant que c’était stupide.
- Oui c’était stupide. Mais j’avais espéré la même chose, Daniel.
L’archéologue se pencha vers elle et la prit délicatement dans ses bras. Elle enfouit la tête dans le cou de son ami. Une voix les interrompit :
- Sam ?
Daniel et Sam se détachèrent l’un de l’autre. Jacob Carter se tenait dans l’embrasure de la porte. La jeune femme sourit :
- Je me sens bien papa. Tu peux venir.
- Bon, je vous laisse. Sam, le médecin a dit que vous pourriez rentrer chez vous dès aujourd’hui mais Teal’C et moi vous aiderons avec les enfants. Quand vous le souhaitez je vous ramène chez vous, faites-moi signe. A plus tard Jacob.
Le général Carter inclina légèrement la tête et l’archéologue sortit. Le père de Sam s’approcha et se tint debout devant le lit de Sam. Son visage restait impassible. Comme sa voix.
- Tu comptais me le dire quand ?
Sam soupira. A part Teal’C et Daniel, ils s’étaient décidemment tous donné le mot pour lui faciliter la vie. Elle leva ses grands yeux bleus vers son père :
- Je ne sais pas. Bientôt. J’attendais une occasion, nous ne nous voyons pas beaucoup en ce moment, …
- Ah non ! Ne me reproche pas de…
- Je ne te reproche rien !!!! Je ne reproche rien à personne moi ! Mais j’ai moi aussi mes propres soucis et moi aussi je dois vivre avec !
Le visage de Jacob se ferma un peu plus. Il était manifestement mal à l’aise. Il savait qu’il n’avait pas été là, ni pour Michael et Emilie, ni pour Sam. Après un silence, il murmura :
- Et donc le père est….
Il n’arrivait pas à prononcer son nom. En d’autres circonstances, Sam aurait pu trouver cela comique.
- Le colonel O’Neill. Oui.
- Et il a osé t’abandonner…
- Non. Il n’a rien abandonné du tout. Il n’était pas au courant jusqu’à aujourd’hui. C’était…un accident. Une erreur qui ne s’est jamais reproduite. Je ne comptais pas le lui dire. Voilà trois mois que nous ne nous adressons quasiment plus la parole. J’ai demandé mon transfert au Pentagone.
- Mais… pourquoi ? Que s’est-il passé ?
- Il… il a ses propres soucis. Ses propres démons. Je pensais pouvoir l’aider mais personne ne le peut. Il y a des situations... qu’il ne veut plus revivre. Je ne le juge pas, et je ne veux pas que tu le fasses.
Jacob resta silencieux. Sam enchaîna :
- Tu vas rester quelques jours ? Tu vas passer voir Michael et Emilie ? Ils en seraient tellement heureux papa. Et toi aussi je pense.
- Je ne sais pas. Je ne sais pas, Sam.
- Bien. Fais comme tu veux.
Jacob serra brièvement sa fille dans ses bras et quitta l’infirmerie.
Il posa sa bière – il faudrait en racheter, son stock s’épuisait rapidement - et se dirigea vers la porte. Il resta un instant immobile : Jacob Carter se tenait debout sur le perron. Le regard du Tok’ra n’annonçait rien de bon. Jack soupira :
- J’hésitais entre Daniel et vous. J’aurais parié sur Daniel. J’aurais perdu.
- Je peux entrer ? Il faut qu’on parle.
Jack s’effaça à contrecœur et ils passèrent au salon. Ils restèrent un moment silencieux. Jack était mal à l’aise, Jacob ne le quittait pas des yeux. Le père de Sam demanda finalement :
- Que comptez-vous faire ?
- A propos de quoi ?
- Ah, ne jouez pas à cela Jack ! Vraiment pas ! Je pensais que vous aviez le sens des responsabilités !
- Vous vous êtes trompé, moi c’est le sens de l’humour. Pour les responsabilités, voyez cela avec votre fille.
La réplique était amère. Jacob le foudroya du regard.
- D’après ce que j’ai entendu, votre humour ne fait plus rire personne au SGC ces derniers temps.
- C’est pour vous occuper de mon humour que vous êtes là ?
- Non. C’est pour m’occuper de Sam.
- Il est bien temps.
Jacob se leva, soudain pâle de colère :
- Comment osez-vous ??? Que savez-vous de moi ces derniers temps ? Que…
- Que vous avez perdu votre fils. Et sur le chapitre, je suis passé maître je vous rappelle.
Le général Carter se tut et se rassit. Jack continua plus doucement :
- Je vous l’avais dit Jacob, que ce serait insupportable.
- Oui… Mais je ne pensais pas…
- … que ce serait à ce point. Je sais.
Jacob avait les yeux dans le vide. Le poids des ans sur ses épaules semblait soudain très lourd à porter. Jack aussi se sentit soudain vieilli. Usé. Fatigué. Il se passa une main dans ses cheveux grisonnants. La voix de Jacob s’éleva à nouveau :
- Comment avez-vous fait Jack ? Comment avez-vous survécu ?
- Je ne sais pas. Pas le choix. Le projet Porte des Etoiles s’est présenté pile au bon moment. J’espérais en finir rapidement, et en fait j’ai rencontré Skaara, Daniel, et ensuite Teal’C…
Il hésita. Jacob enchaîna :
- et Sam. Vous me l’avez déjà dit. Je le savais déjà, remarquez. Je crois que je l’ai toujours su. Du jour où je vous ai vus ensemble, du jour où j’ai vu la façon dont elle vous regardait.
Jack faisait tourner dans ses mains la bière qu’il avait reprise. Il fixait un point sur le mur. Jacob continua sans regarder O’Neill :
- Je n’ai jamais eu peur. Je savais qu’aucun de vous n’agirait jamais à l’encontre du règlement. C’était confortable pour moi au départ, vous faisiez attention à elle en mission, j’avais une totale confiance en vous. Je ne pouvais pas rêver voir ma fille en de meilleures mains, à partir du moment où il ne se passait rien entre vous. Mais je crois qu’une fois encore j’ai négligé la souffrance de Sam. Je me rendais bien compte de ce qu’elle éprouvait réellement, mais pendant longtemps j’ai refusé de le voir. Je me disais que cela passerait, qu’elle rencontrerait quelqu’un, un gentil scientifique de son âge. Mais non. Au lieu de cela les liens entre vous étaient plus forts à chaque fois que je vous voyais. J’étais jaloux.
Jack leva les yeux, surpris.
- Oui, jaloux Jack. Jaloux de votre complicité. Jaloux de ces regards que je surprenais entre vous, jaloux de son sourire quand elle vous regardait, jaloux de son rire à la moindre de vos blagues, jaloux de l’admiration dans ses yeux… Moi cela fait des années que je ne comprends plus Sam. Que nous nous sommes éloignés l’un de l’autre. Des années que je ne l’ai pas faite sourire. Depuis la mort de sa mère.
- C’est faux Jacob. Vous ne vous en rendez peut-être pas compte, mais vous êtes proches vous et elle, j’ai pu le constater à bien des reprises. Elle vous aime profondément, elle ne vous en veut pas pour ce qui est arrivé. C’est vous qui mettez cette distance entre vous deux, pas elle.
- Comme vous-même avez mis cette distance entre elle et vous, Jack ?
O’Neill hésita une seconde, puis répondit :
- Pourquoi faisons-nous cela Jacob ? Pourquoi la tenons-nous à distance ?
- Peut-être parce qu’elle veut notre bonheur à tous les deux et que nous en avons…
- … peur, acheva Jack.
- Oui. Et au final, qu’y gagnons nous ?
- Rien. On la fait souffrir. Et c’est peut-être cela qui nous détruit, en fait, Jacob.
- Peut-être. Peut-être devrions-nous lui laisser une chance de nous sauver.
- Peut-être Jacob.
Les deux hommes se regardèrent. Jack se leva :
- Je vous offre une bière ?
- Merci.
Jack revint de la cuisine avec deux bières et se rassit. Jacob reprit :
- Le jour de l’enterrement de Mark, vous m’avez rappelé que j’avais encore Sam, alors que vous aviez tout perdu à la mort de votre fils. Ce n’est plus vrai aujourd’hui, Jack.
O’Neill ne répondit pas et avala une gorgée de bière.
- Ne me dites pas que vous ne comptez rien faire Jack, je ne vous croirai pas. Je sais que vous n’abandonneriez jamais Sam, ni avant ni maintenant.
- Elle ne voulait pas me le dire, Jacob. Sans la mission, sans Daniel, je ne serais pas au courant, je ne l’aurais peut-être jamais été. Elle veut partir à Washington. Peut-être est-il vraiment trop tard, et cela je ne peux pas lui en vouloir. Et puis, je ne vais pas discuter de cela avec vous, mais… nous n’avons pas vraiment été ensemble, … enfin…
Jack se passa à nouveau nerveusement la main dans les cheveux, la situation le mettait très mal à l’aise. Jacob acheva avec un léger sourire :
- Jack, cela près de fait sept ans que vous êtes ensemble.
Jacob Carter se leva.
- Je vous laisse, je dois aller embrasser mes petits-enfants. Merci pour la bière.
Il sortit. Jack leva les yeux et vit la photo sur le bar en face de lui. La photo de lui avec Charlie. Le colonel O’Neill sourit.
Quand Jack frappa à la porte de chez Sam, ce fut Daniel qui ouvrit et dit simplement après un instant de silence :
- Jack.
Le visage de l’archéologue était parfaitement impassible. Les deux hommes se regardèrent. O’Neill demanda :
- Carter et les enfants sont là ?
- Michael et Emilie sont au zoo avec Jacob. Sam s’est…absentée. Elle avait rendez-vous à l’hôpital militaire. Je suis passé déposer des dossiers et attendre qu’elle revienne.
Jack fronça les sourcils :
- Je croyais que tout allait bien…
- Tout va bien. Elle passe sa première échographie.
Les deux hommes restèrent immobiles face à face. Jack demanda doucement :
- Pourquoi n’êtes-vous pas allé avec elle ?
- Je le lui ai proposé, elle n’a pas voulu. Après tout, je n’ai rien à y faire.
L’archéologue sembla hésiter puis ajouta :
- Sam est dans le service du Docteur Martins, une amie de Janet. Elle est déjà partie mais n’a rendez-vous qu’à 15 heures 30.
Jack se passa nerveusement la main dans les cheveux.
- Daniel, je… Vous croyez que…
- Honnêtement je ne sais pas. Mais si vous n’y allez pas vous ne saurez jamais. Au risque de me refaire casser la figure, vous êtes vraiment un idiot Jack.
- Je sais. La mâchoire, ça va ?
- Bien. Vous n’avez plus votre force de jeune homme, vous savez.
Les deux amis se regardèrent en souriant enfin. Jack fit mine de partir, puis se retourna une dernière fois :
- Merci Daniel.
Ces journaux féminins étaient inintéressants au possible. Mais lever le nez voulait dire voir à nouveau ces trois couples complètement gâteux qui se trouvaient avec Sam dans la salle d’attente. Insupportable. Ces trois types béas, aux petits soins avec les trois jeunes femmes qui arboraient fièrement des ventres déjà rebondis, énervaient Sam au possible. L’un d’entre eux, le lieutenant Tyler, faisait partie du personnel de la base, et l’avait immédiatement saluée quand elle était entrée. Merveilleux… en plus dès le lendemain tout le SGC serait au courant… Mais le summum était les regards compatissants qu’ils lançaient tous vers elle plus ou moins discrètement. La pauvre… une mère célibataire sûrement…
Elle lisait pour la troisième fois un article sur l’intérêt du lait maternel, sans retenir quoi que ce soit de ce qu’il racontait.
La porte de la pièce s’ouvrit une fois de plus et Tyler bondit sur ses pieds. Sam leva les yeux et découvrit Jack qui la regardait, debout dans l’encadrement de la porte. Le colonel O’Neill articula à l’adresse de Tyler :
- Repos.
Les regards des trois couples allaient maintenant de Sam à Jack, qui s’était avancé, mal à l’aise, vers la jeune femme. Elle le regardait, impassible. Il articula très doucement :
- Daniel m’a dit où vous étiez. Si vous voulez que je reparte…
A ce moment le médecin entra à son tour et demanda à Sam de la suivre. Celle-ci se leva lentement et attrapa son sac sans quitter Jack des yeux. Le médecin suivit le regard de la jeune femme vers le colonel et demanda :
- Major Carter… qui est…
- Je suis le colonel O’Neill, le père du bébé.
Jack avait dit cela très naturellement. Sam se figea. Jack eut soudain peur de la réaction de la jeune femme, peur d’avoir pris une place qu’elle ne voulait peut-être pas lui donner… Peut-être qu’elle ne voulait pas que cela se sache, peut-être en avait-il trop dit. Peut-être ne voulait-elle plus de lui, plus d’eux. Peut-être…
Mais elle sourit et dit doucement :
- On vous suit Docteur.
Ils sortirent tous les trois de la salle d’attente sous les regards médusés des six personnes qui s’y trouvaient toujours.
Le lieutenant Tyler était bouche bée.
Sam regardait droit devant elle en suivant le médecin dans le couloir. Jack murmura à ses côtés :
- Je suis désolé… je ne voulais pas vous mettre dans une situation embarrassante. Je suis passé chez vous, et quand Daniel m’a dit où vous étiez…
- Vous avez le droit d’être là.
Elle s’arrêta et leva les yeux vers lui. Ils étaient devant le bureau du médecin. Celle-ci leur jeta un coup d’œil et les précéda. Ces deux-là avaient manifestement besoin de discuter deux minutes. La voix de Sam était très calme et déterminée :
- Seulement si vous êtes là aujourd’hui il faudra être là après, pour lui ou elle.
- Et pour vous, Sam ?
Elle hésita :
- Moi… enfin… ce n’est pas la question pour le moment. La question, c’est est-ce que VOUS vous voulez venir ? Si c’est pour moi, ou uniquement par respect de je ne sais quelles obligations, vous pouvez partir, je ne vous le reprocherai pas. Je préfère même que vous partiez dans ce cas.
- Je ne partirai plus.
Les yeux bruns étaient fixés sur elle. Jack était parfaitement calme, presque triste. Sam refoula les larmes qu’elle sentait monter et ils entrèrent dans le bureau du médecin.
Le docteur Martins ne fit aucun commentaire. Quand elle demanda à la jeune femme si elle avait besoin d’explications sur le fonctionnement de l’échographie, Jack et Sam se regardèrent en souriant et Sam dit simplement :
- Non, merci Docteur, je connais un peu.
Leurs sourires s’agrandirent davantage quand le médecin découvrit dans le dossier qu’aucune prise de sang n’avait été faite à l’hôpital et qu’elle demanda :
- Votre sang est classé secret défense ou quoi ?
- C’est un peu cela, Docteur. Mais je suis très bien suivie à la base, et ils ont dû vous transmettre toutes les analyses.
- Oui. Et à priori pas de problème. Bon, et bien passons aux choses sérieuses.
Sam était à présent allongée sur la table d’examen, son T-shirt relevé et le liquide froid étalé sur son ventre encore plat. Jack était debout à côté d’elle. Il croisa son regard pendant que le médecin finissait les derniers réglages. Sam fronçait les sourcils et paraissait extrêmement nerveuse. Il lui dit avec un sourire en coin :
- Et bien Carter, détendez-vous, ce n’est pas la première radio que vous passez, non ?
Elle lui jeta un regard noir et s’apprêtait à lui répondre quand le médecin posa un instrument sur son ventre et qu’un bruit emplit la pièce.
Des battements de cœur.
Sam resta bouche bée. Jack s’assit instantanément et prit la main de la jeune femme dans la sienne. Elle la serra. Ils regardaient tous deux l’écran du moniteur en silence pendant que le médecin commençait à leur donner les explications nécessaires.
Jack n’avait plus parlé. Sam avait posé quelques questions distraites au médecin après l’échographie. Tout allait très bien. La tension de Sam était un peu élevée, elle devait se ménager, mais rien d’important.
Jack et Sam marchaient maintenant tous deux en silence sur le parking de l’hôpital vers la voiture de la jeune femme. Elle regardait les clichés que le médecin lui avait remis. Jack prit doucement les clés de voiture des mains de Sam :
- Je vous ramène chez vous ?
Elle leva ses yeux bleus vers lui et sembla sortir de sa torpeur :
- Mais… et votre voiture ?
- Je reviendrai la prendre plus tard. Alors ?
- C’est d’accord.
Jack sourit et lui ouvrit la portière.
La maison était vide. Daniel avait laissé un petit mot comme quoi il avait du partir, il avait oublié qu’il avait quelque chose à faire et repasserait plus tard. Jack et Sam sourirent devant le mensonge éhonté de l’archéologue.
Sam rangea les radios dans son bureau et se tourna vers Jack :
- Je vous sers une bière ?
- Avec plaisir.
Elle revenait avec une bière et un verre d’eau quand elle s’arrêta net à l’entrée du salon. Jack fronça les sourcils :
- Quoi, qu’est-ce qu’il…
Elle éclata en sanglots. O’Neill se précipita vers elle, lui ôta les boissons des mains, les posa sur un meuble et prit délicatement la jeune femme dans ses bras. Elle hoquetait :
- Je suis désolée… Je ne sais pas… Tout cela…
- Quoi ? Le fait d’avoir tout à coup trois enfants dont un avec votre ex-officier supérieur ? On a connu des situations plus graves ensembles, Carter !
Elle rit au milieu de ses larmes. Ils allèrent s’asseoir côte à côte sur le canapé. Sam murmura en fixant ses chaussures :
- Je ne sais pas ce qui arrive. Depuis la mort de Mark, j’ai l’impression que tout s’accélère et que je ne contrôle plus rien. Papa, les enfants, vous…
- Je sais. J’ai la même impression. Et vous et moi avons tous deux toujours détesté ne rien contrôler, Sam.
- Oui. Et maintenant le bébé… Je ne sais pas, je crois que je viens seulement de réaliser. Après Jolinar, j’avais toujours évité de penser aux répercussions que cela avait pu avoir sur moi. J’avais refusé que Janet me fasse passer des examens à ce sujet. Et puis, tout à coup, alors qu’on a passé une seule nuit ensemble…
- C’est vrai qu’on est doués !
Elle leva les yeux vers Jack qui souriait et secoua la tête :
- Mon colonel, vous êtes vraiment insup…
- Jack.
- Quoi ?
- Jack. Appelez moi Jack. Je vous autorise à utiliser mon prénom, mais c’est bien parce que vous portez notre enfant, Sam !
Elle sourit. Jack redevint alors sérieux :
- Je suis désolé Sam. Je dois bien avouer que Daniel avait entièrement raison, comme toujours : je me suis conduit comme un beau salaud ces trois derniers mois. Si vous jugez que c’est trop tard pour… pour nous, je comprendrai. Mais vous pouvez compter sur moi pour le bébé, je serai là. Je crois que j’ai eu peur. Je ne suis pas très habitué à… enfin…
Il cherchait ses mots. Sam murmura :
- Très habitué au bonheur ?
- Oui. Je crois que c’est ça, répondit O’Neill avec un petit sourire.
- Moi non plus Jack. Mais j’ai très envie d’essayer. Et je ne pourrai pas y arriver sans vous.
- Ne vous inquiétez pas, je vous ai promis que je serai là…
- Pour le bébé, je sais. Mais ce n’est pas de cela que je parlais.
Jack sentit ses battements de cœur s’accélérer. Il avait peur de mal comprendre. Ou peur de ne comprendre que ce qu’il avait envie d’entendre.
Sam vit la peur dans les yeux bruns et sourit. Elle approcha alors doucement son visage du sien, ferma les yeux et embrassa Jack timidement. Comme il ne semblait pas réagir, elle s’écarta légèrement. Son mouvement ramena O’Neill à la vie ; il prit le visage de Sam dans ses mains, sourit et l’embrassa passionnément.
Jack et Sam étaient enlacés depuis plus d’une heure sur le canapé quand ils entendirent les voitures se garer devant la maison. Quelques instants plus tard, Jacob, Daniel, Teal’C, Michael et Emilie entrèrent. En apercevant Sam et Jack debout dans le salon, le petit garçon s’écria :
- Jack !!!
Il se précipita dans ses bras, suivi de peu par Emilie. O’Neill les serra contre lui et releva la tête. Jacob, Daniel et Teal’C les regardaient en souriant. Le jaffa prit la parole :
- Je suis heureux de vous retrouver enfin, O’Neill.
- Je suis moi aussi heureux de me retrouver, Teal’C.
Sam, un magnifique sourire aux lèvres, s’agenouilla alors et les enfants se tournèrent vers elle :
- Michael, Emilie, j’ai plein de bonnes nouvelles à vous annoncer.
Elle leva ses yeux bleus vers Jack qui la regardait en souriant lui aussi.
Cette fois tout était vraiment à sa place. Tout était vraiment parfait. Et le resterait.
FIN
Si vous avez tenu jusque là, vous êtes obligé de m’envoyer un petit commentaire !
Remarques : je dois l’idée de départ à une fic de Nora, « ascenseur ». Et la scène avec le revolver, quand Jack est fou furieux, vient d’une EXCELLENTE fic américaine intitulée « Good morning campers ». Je vous la conseille si vous lisez l’anglais, elle est fabuleuse. Merci donc aux deux auteurs de m’avoir permis d’utiliser ces passages.