Citations du moment :
Tu regardes à l'intérieur de toi et tu deviens aware of your own body ! - J.C. Vandamme
Imagine

Threads (pour la vie) : Chapitre 3

Sam avait quitté la base assez tôt le matin. Elle attendait maintenant Pete depuis quelques minutes, assise dans un café, tournant nerveusement sa cuillère dans sa tasse. Le policer entra enfin et sourit en apercevant la jeune femme. Il se dirigea vers elle et se penchait pour l’embrasser quand elle l’arrêta en posant une main ferme sur son torse. Il se recula, fronçant les sourcils, sonné par l’attitude de Sam. Elle leva les yeux vers lui :
-          S’il te plait Pete, assieds toi.
Il obéit sans y penser, tentant de lire sur le visage de la jeune femme la raison de sa froideur. Il demanda :
-          Qu’est-ce qu’il y a Sam, c’est la maison ?
-          Non Pete. C’est plus grave que ça.
Elle poussa alors vers lui d’une main sûre l’écrin en velours bleu. Il l’ouvrit sans y croire et découvrit la bague à l’intérieur. Il ferma un instant les yeux sous le choc. Quand il les rouvrit Sam le regardait avec tristesse. Il parvint à articuler :
-          Pourquoi ?
-          Parce que j’ai été malhonnête. Malhonnête envers moi, envers toi. Et que je le serais encore bien davantage en t’épousant.
-          Mais… comment ça ? Qu’est-ce que cela veut dire ?
Elle prit une grande inspiration et continua :
-          Je croyais t’aimer. J’ai passé avec toi des moments extraordinaires, je pensais vraiment t’aimer, mais je me mentais à moi-même. Je ne me suis pas moquée de toi, jamais. Tu es quelqu’un de fabuleux, et tu mérites une femme qui t’aime vraiment.
-          Qui m’aime vraiment… Tu ne m’as jamais aimé ?
Sam resta silencieuse. Pete tenta sans succès de retrouver une respiration calme et murmura :
-          Il y a… quelqu’un d’autre.
-          Oui, répondit-elle dans un souffle.
Pete avala définitivement sa salive, sentant la colère monter en lui :
-          Et cela fait longtemps que…
-          Non, il ne s’est rien passé. Mais j’ai réalisé que… enfin je crois que je l’ai toujours su mais que je ne voulais pas me l’avouer, je pensais être vraiment bien avec toi.
Après un silence Pete demanda :
-          Qui est-ce ?
-          Pete…
-          Dis-moi qui c’est Sam. Tu me connais, je ne ferai pas de scandale, ce n’est pas mon style. Mais j’ai le droit de savoir qui c’est, si je le connais.
-          Tu le connais. C’est le général O’Neill.
Pete écarquilla les yeux et s’écria :
-          O’Neill ? Le général de la base, ton supérieur depuis… je ne sais plus combien de temps ?
-          Oui. Nous n’avions pas le droit… de penser à quoi que ce soit justement à cause de nos grades. Mais il a démissionné.
-          Quand ?
-          Hier.
Pete accusa à nouveau le choc, livide. Il observait toujours le visage de Sam qui avait baissé les yeux vers sa tasse. Il demanda :
-          Pourquoi a-t-il démissionné ?
-          Pour moi.
Un long silence suivit. Sam murmura :
-          Je suis désolée Pete. Désolée de te faire subir cela. Pour la maison tout est arrangé, j’ai vu l’agent immobilier, tu n’auras aucun problème pour récupérer les fonds que tu as avancés. Tu avais raison, la maison était superbe. C’était… juste moi.
-          Tu es heureuse Sam ?
Elle leva à nouveau les yeux vers lui, surprise, et croisa ceux de Pete qui la regardait en silence. Elle sourit doucement et répondit :
-          Oui Pete. C’est… c’est ce que je veux vraiment.
Il soupira, sourit tristement et Sam le regarda se lever. Il ramassa l’écrin et dit :
-          Tu n’entendras plus jamais parler de moi Sam. Je crois… je crois que j’ai toujours su quelques part que je ne pourrais pas garder une femme comme toi, que tu étais… trop parfaite. Tu es en fait restée inaccessible tout ce temps. Je te souhaite d’être heureuse.
Il sortit du café sans se retourner. Sam resta un moment assise, partagée entre la profonde pitié qu’elle ressentait pour Pete et… la joie de l’avenir qui s’offrait à elle. C’est avec le sourire aux lèvres que Sam rentra chez elle.
Quelques heures plus tard, Sam se tenait sur le pas de la porte de Jack. Elle sourit en se souvenant de sa visite à ce même endroit quelques semaines plus tôt. De leur entrevue dans le jardin, avec Kerry Johnson. De l’état lamentable dans lequel elle était rentrée au SGC. Elle sentit sa poitrine se gonfler d’émotion, respira profondément et sonna.
Teal’C ouvrit la porte au bout de quelques instants et s’inclina devant la jeune femme. Elle entra, ôta son manteau et se tourna à nouveau vers le jaffa qui murmura :
-          Vous êtes très belle Colonel Carter.
-          Merci Teal’C. C’est… une occasion particulière.
-          En effet.
Sam portait une jupe longue noire fendue et un petit pull en cachemire bleu pâle, près du corps, décolleté en V ; elle s’était légèrement maquillée. Mais c’est surtout son sourire éblouissant qui sembla intimer le silence à toutes les personnes qui se trouvaient déjà là. Elle distingua Jack qui, se frayant un passage au milieu des invités, avançait vers elle. Il se retrouva bientôt devant Sam. Il avait revêtu un jean noir et une chemise écrue. Ils se regardèrent en souriant un moment puis il murmura :
-          Vous êtes splendide. J’avais peur que vous… enfin….
Il se passa nerveusement la main dans les cheveux et Sam sourit :
-          Tout va bien. Tout est réglé.
Une lueur d’incrédulité passa dans les yeux bruns de Jack. Elle disparut devant le sourire de Sam et il demanda :
-          Une coupe de champagne ?
-          Avec plaisir.
Il la fit passer devant lui et ils se dirigèrent vers le buffet improvisé où Daniel les attendait. L’archéologue dit à sa coéquipière pendant que Jack remplissait le verre :
-          Vous êtes magnifique Sam. J’en connais un qui a bien de la chance.
Elle sourit encore plus largement en prenant la coupe des mains de Jack qui grogna :
-          Oh ça va Daniel, vous n’allez pas commencer…
-          Je suis d’accord avec Daniel Jackson, O’Neill. Mais je sais que vous en serez digne.
Jack donna une tape amicale sur l’épaule du jaffa qui leva un sourcil :
-          Ah merci Teal’C ! Ce n’est pas Daniel qui m’aurait dit ça !
L’archéologue se contenta pour une fois de sourire.
Ils restèrent quelques minutes tous les quatre, silencieux, savourant cette intimité, cette amitié unique et indestructible qui les unissait depuis si longtemps, qui avait su les garder en vie si longtemps. Tout était soudain si simple, si calme. Ils avaient confiance, en eux, en l’avenir. Ils étaient bien.
Daniel fronça les sourcils :
-          Jack, ça va se gâter pour vous…
Teal’C, Jack et Sam se retournèrent, suivant le regard de l’archéologue. George Hammond venait d’entrer. Jacob Carter était avec lui.
O’Neill murmura :
-          Thor, si vous m’entendez, c’est le moment ou jamais de me téléporter à l’autre bout de la galaxie…
-          Eh ! s’écria Sam en donnant un léger coup de coude dans les côtes de l’ancien général.
Jack sourit et posa son verre :
-          J’y vais.
Il se dirigea vers l’entrée et salua les deux généraux en leur prenant leurs manteaux :
-          George, Jacob, c’est gentil d’être venus…
-          Alors vous vous êtes enfin décidé, Jack ? demanda Hammond.
O’Neill leva un regard surpris vers lui et Hammond enchaîna :
-          … je parle de la retraite, Jack.
-          Euh, oui… comme vous voyez…
Jacob fixait Jack. O’Neill se sentit soudain étrangement mal à l’aise et indiqua le buffet d’un geste nerveux :
-          Si vous voulez vous joindre à nous… Votre fille est là Jacob.
-          J’ai vu Jack. Merci.
Le Tok’ra se dirigea alors vers Sam qui lui avait fait un petit geste de la main. Jack soupira, ce qui fit rire Hammond :
-          Bonne chance, Jack ! Et là je ne parle pas de la retraite.
Et il s’éloigna à son tour pour rejoindre les autres invités, laissant O’Neill bras ballants dans l’entrée.
-          Bonsoir ma chérie, dit Jacob en déposant une bise sur la joue de Sam.
-          Bonsoir papa.
-          Tu es absolument ravissante. Il y a bien longtemps que tu ne t’es pas faite aussi belle pour ton vieux père.
Sam sentit le rouge lui monter aux joues tandis que Daniel se raclait bruyamment la gorge pour étouffer un rire. Jacob se tourna alors vers lui et le jaffa :
-          Daniel, Teal’C, c’est un plaisir de vous revoir.
Les deux hommes lui rendirent son salut et tous se tournèrent à nouveau vers Sam qui jouait nerveusement avec sa coupe de champagne. Le regard de Jacob semblait vouloir sonder la jeune femme, qui murmura maladroitement :
-          Euh… le voyage s’est bien passé… ?
-          Comme d’habitude Sam. Comme d’habitude. Ton fiancé n’est pas là ?
Sam avala une grande rasade de champagne et Daniel dit :
-          Euh… Teal’C, et si nous allions voir si Jack n’a pas besoin d’aide ?
-          Je vous suis Daniel Jackson.
Les deux hommes s’éloignèrent, ignorant les regards implorants de la jeune femme. Jacob ne la quittait pas des yeux.
-          Alors Sam ? Où est… Pete ?
-          J’ai rompu avec Pete. Cet après-midi. Définitivement.
Le général Carter ne répondit pas et garda fixé sur sa fille un regard indéchiffrable. Elle continua :
-          Ai-je besoin de t’expliquer pourquoi, papa ?
-          Non. Je ne pense pas. Tu réalises ce que tu viens de faire ?
La voix de Jacob était glaciale. Sam écarquilla les yeux et ses lèvres tremblèrent :
-          Quoi, rompre avec…
-          Non. Je ne te parle pas de ton ancien fiancé, il m’est totalement indifférent. Je te parle de O’Neill. Il a démissionné Sam. Et il est indispensable au SGC. Je vous trouve bien égoïstes.
Sam avait l’impression d’avoir à nouveau quinze ans, elle se sentait tout à coup fragile et vulnérable, honteuse devant le regard de cet homme intransigeant qu’était son père. Elle balbutia :
-          Mais, enfin, c’est sa décision, je ne peux pas…
-          Tu sais bien que si. Tu aurais du. Sans lui à la tête du SGC, qui sait ce qui va arriver. Vous n’aviez pas le droit de prendre une décision pareille, elle est loin de n’impliquer que vous.
Sam regarda son père, les yeux maintenant embués de larmes. Elle murmura :
-          Mais… Je… Excuse-moi.
Elle posa la coupe vide sur le buffet et sortit précipitamment de la pièce, se glissant entre les invités. Jacob la regardait s’éloigner quand il entendit une voix à côté de lui :
-          C’est toi qui n’avais pas le droit Jacob.
Le général Carter se retourna vivement et découvrit George Hammond qui le dévisageait froidement. Le père de Sam fit un geste énervé :
-          Si, j’avais le droit, et tu sais comme moi qu’ils ne peuvent pas faire ça.
-          Oh si, ils le peuvent. Ils auraient pu le faire il y a bien longtemps même, et je trouve personnellement qu’ils ont beaucoup trop attendu.
-          Pardon ?? Mais George, te rends-tu compte des implications…
-          Je me rends parfaitement compte Jacob. Je te signale que je suis plutôt bien placé pour m’en rendre compte.
-          Alors tu sais que le SGC sans Jack…
-          Je reprends le commandement.
Les yeux de Jacob s’agrandirent d’étonnement :
-          Pardon ???
-          Je reprends le commandement du SGC dans un mois. Le général Silmer n’est là que pour l’intérim, Hayes m’a convaincu.
-          Mais… et le Prométhée ?
-          Le Prométhée est un vaisseau fabuleux, mais un vaisseau qui me gardait éloigné de tous ceux que j’aime. Ma place est ici, où au moins je n’ai pas plusieurs millions d’années lumière à parcourir pour voir mes petites filles. Ma vie est au SGC. Et si par cette décision je peux permettre à Jack de partir tranquille et de refaire enfin sa vie avec celle qu’il aime, alors j’en suis le plus heureux des hommes.
Le visage de Jacob était toujours fermé. George ajouta avec un sourire triste :
-          Alors que cela devrait être toi, le plus heureux des hommes, Jacob. Je constate qu’en fait ce n’est pas le commandement du SGC qui te pose problème.
Le Tok’ra soupira :
-          Bref, vous êtes tous contre moi.
-          Tous ?
-          Oui. Selmak me fait la leçon toutes les deux minutes.
-          Elle est connue pour sa sagesse, je te rappelle.
-          Oui. Mais enfin, George, il s’agit de ma fille !!!
-          Je ne te comprends pas. N’apprécies-tu pas Jack ?
-          Si. Enormément. C’est peut-être la personne que j’admire le plus au monde. Mais… enfin… c’est Sam…
Hammond sourit :
-          Jacob, je sais que tout ce que tu veux c’est le bonheur de Sam. Et sur ce point encore j’ai une totale confiance en Jack, et toi aussi. Mais elle ne pourra pas être heureuse sans ton consentement. Oui Jack n’est pas quelqu’un de facile, nous connaissons tous deux son passé. Mais s’il y a bien une personne qui peut l’aider, et qu’en tous cas il ne fera jamais souffrir, c’est Sam. Aie confiance en eux Jacob. Et va le leur dire.
-          C’est difficile George. Là… là j’ai vraiment l’impression que Sam m’échappe. Avec ce policier, c’était différent…
-          Oui. Elle ne l’aimait pas. Elle ne t’échappe pas, Jacob. Elle vit sa vie, enfin.
Daniel poussa O’Neill du coude dans la cuisine :
-          Jack !! Regardez !!
L’ancien général leva les yeux du frigo et vit la silhouette tremblante de Sam sortir vers le jardin. Il fronça les sourcils et grogna :
-          Qu’est-ce que Jacob a bien pu… Rappelez-moi de les étrangler, lui et son serpent.
Il colla les deux bouteilles de champagne dans les bras de Daniel, passa dans l’entrée où il attrapa le manteau de Sam et sortit. Il descendit rapidement les marches et regarda dans la rue : personne. La voiture de la jeune femme était là, garée un peu en contrebas. Il fit en vain le tour de sa maison, puis se ravisa et un sourire passa sur ses lèvres. Il se dirigea vers son garage et monta rapidement le petit escalier de bois. Quand il arriva sur la terrasse, Sam était immobile à côté du télescope, lui tournant le dos. Il s’approcha doucement et posa son manteau sur les épaules de la jeune femme qui se retourna alors vers lui. Ses yeux étaient baignés de larmes. Jack l’attira doucement contre lui et murmura :
-          Les belles-familles, c’est la plaie.
Elle sourit au milieu de ses larmes et répondit :
-          Il a raison Jack. Nous n’avons pas le droit, nous avons trop de responsabilités, je ne peux pas vous faire quitter le SGC…
Il se redressa d’un geste sec, saisit le visage de Sam dans ses paumes et plongea ses yeux sévères dans ceux de la jeune femme :
-          Tu ne m’as rien fait quitter du tout, que cela soit bien clair. J’ai démissionné. C’est une décision personnelle et très réfléchie, dont je connais et dont j’assume toutes les conséquences. Décision qui a été acceptée par le Président des Etats-Unis lui-même. Que Jacob ne soit pas capable de l’accepter à son tour me déçoit mais ne me fera jamais changer d’avis. Jamais. Je t’aime, je veux passer le peu de temps qu’il me reste avec toi, si tu veux toujours de moi. Et là-dessus seul ton avis m’importe.
Sam resta quelques instants sans voix, le souffle court, submergée par ce que Jack venait de lui dire et par ce qu’elle lisait à cet instant dans ses yeux bruns. Elle murmura :
-          Bien sûr que je le veux toujours. Je t’aime.
Jack sourit et, écartant du bout du doigt une mèche du front de Sam, se pencha et embrassa à nouveau la jeune femme.
Ils restèrent plusieurs minutes l’un contre l’autre, s’embrassant à perdre haleine, oubliant le monde autour d’eux. Puis Sam sentit le corps de Jack frissonner et elle s’écarta de lui :
-          Tu as froid, rentrons et allons affronter mon père.
-          Charmante perspective, murmura Jack avec une grimace.
Ils redescendirent de la petite terrasse et entrèrent dans la maison par la cuisine. Teal’C et Daniel, qui s’y trouvaient toujours, sourirent en voyant les visages sereins de Sam et Jack. L’archéologue demanda :
-          Tout va bien ?
-          Très bien Daniel. Il faut juste qu’on ait une petite conversation avec papa Jacob, répondit O’Neill.
-          Je vous écoute, Jack.
Les quatre anciens coéquipiers se retournèrent et découvrirent le père de Sam dans l’embrasure de la porte. Daniel et Teal’C s’entre regardèrent et l’archéologue balbutia :
-          Bon, et bien nous… on va aller s’amuser, hein Teal’C ?
-          Allons nous amuser Daniel Jackson, répondit calmement le jaffa en quittant la pièce.
Sam sentit alors la main que Jack venait de poser doucement sur son épaule et dit, les yeux rivés à ceux de son père :
-          papa, je suis désolée que tu n’approuves pas notre décision, mais…
-          Je m’excuse Sam.
La jeune femme écarquilla les yeux et se tourna un instant vers Jack, qui semblait aussi surpris qu’elle. Jacob reprit :
-          J’ai discuté avec Georges. Ma réaction était stupide, je voulais te protéger, alors que tu n’en as pas besoin. Je suis désolé pour ce que je t’ai dit. Et je suis très heureux et très honoré que tu aies choisi Jack.
Les deux amants restèrent bouche bée. Le général sourit et continua :
-          Vous avez raison de démissionner. Profitez de la vie comme je n’ai pas su le faire. Et le SGC est à nouveau dans de bonnes mains.
O’Neill fronça les sourcils :
-          Vous connaissez bien le général Silmer ?
-          Je ne parle de Silmer. Mais l’intéressé se fera un plaisir de vous l’annoncer lui-même. Et si nous allions boire à votre retraite, Jack ?
-          Avec plaisir Jacob.
Ils se regardèrent un instant en souriant puis regagnèrent le salon.  La soirée fut très agréable. Il y avait une trentaine d’invités, tous des proches de SG1 et membres du programme. Sam et Jack étaient souvent séparés, la jeune femme restant beaucoup avec son père et Cassandra  alors que l’ancien général O’Neill allait discuter avec les uns ou les autres. La fille adoptive de Janet était devenue avec les années une superbe jeune femme, mais sa complicité avec Sam était restée celle du premier jour. Les regards que le Colonel Carter jetait de temps à autre vers son ancien supérieur n’avaient donc pas échappé à Cassandra, qui murmura quand elles furent un peu seules :
-          Je suis contente pour Jack et toi. Cela fait longtemps que maman et moi attendions ça.
Sam sourit doucement à la jeune fille et passa une main dans ses longs cheveux châtains. Cassandra continua :
-          Alors ça y est. Plus de règlement, plus de lois, plus rien entre vous…. Sam ?
Cassie fronça les sourcils. Elle venait de voir passer soudain dans les yeux bleus de son amie une lueur nouvelle. La peur. Sam gardait les yeux rivés sur Jack qui riait avec Daniel à l’autre bout de la pièce.
-          Sam ? Qu’est-ce qui ne va pas ?
-          Je… je ne sais pas… je crois que je viens de réaliser que c’est… maintenant. Que ce que j’ai espéré si longtemps arrive vraiment.
A cet instant Jack leva les yeux vers elle et lui sourit. Sam lui sourit en retour. Cassandra toucha doucement le bras de son amie.
-          Oui Sam, cela arrive maintenant. Mais tu n’as pas à avoir peur. Vous vous aimez depuis… si longtemps. Vous avez déjà supporté tellement plus que n’importe quel couple. Tout ira bien. Il va falloir que tu te fasses à cette idée.
-          Justement… c’est… nouveau pour moi.
-          Et pour lui ? Tu ne crois pas que c’est nouveau, que tout aille bien ?
Sam soupira :
-          Oui, c’est vrai. Tu crois qu’il a… ?
-          Peur ? Je pense que le général O’Neill est terrifié. Mais que jamais il ne l’avouerait, surtout pas devant Daniel !!!
Elles rirent toutes deux. Jack les observait toujours en souriant, se désintéressant totalement de ce que racontait l’archéologue, ce qui finit par agacer ce dernier :
-          Bon, ok Jack, elle est superbe, mais je vous signale que je vous parle là !!
-          Pardon ?
Daniel soupira et Teal’C sourit doucement. Jack se tourna à nouveau vers Sam et l’archéologue grogna :
-          Ah si, vous pouvez vous demander ce qu’une femme comme elle vous trouve, je serais personnellement incapable de répondre.
-          Moi je trouve que O’Neill et le colonel Carter forment depuis toujours un couple très assorti. Contrasté, mais assorti.
Jack et Daniel se tournèrent, surpris, vers le jaffa. O’Neill sourit :
-          Depuis toujours… n’exagérons rien Teal’C.
-          Depuis quand aimez-vous Sam, Jack ?
O’Neill, manifestement agacé, voulut éluder la réponse d’un geste, mais le jaffa renchérit :
-          Je parierais personnellement sur votre découverte de la seconde porte en Antarctique.
-          Vous parieriez ?? demanda O’Neill, les yeux écarquillés.
-          Oui. Et vous Daniel Jackson ?
-          Je ne sais pas trop… Cette histoire de réalité alternée peut-être… Quand je vous ai dit que vous y étiez fiancés.
-          Moi je parierais sur avant, mais vous n’étiez là ni l’un ni l’autre.
Jack, Teal’C et Daniel se retournèrent et découvrirent Hammond, souriant, un verre à la main. L’archéologue sourit :
-          Avant ?? Racontez-nous cela général !
Jack observait son ancien supérieur, surpris et amusé, attendant qu’il s’explique. Ce qu’il fit :
-          Moi je parierais sur le premier jour. Sur l’entrée du colonel – du capitaine à l’époque – Carter dans la salle de briefing, pour la seconde mission sur Abidos. Elle arrivait directement du Pentagone, ravissante et décidée. Je pense que nous sommes tous instantanément tombés sous le charme. Mais ce que j’ai lu dans vos yeux ce jour-là, Jack, allait au-delà de ça. Alors, qui aurait gagné ?
O’Neill regardait Hammond en souriant et murmura :
-          Je pense que ce serait vous, George.
Hammond lui rendit son sourire et ajouta :
-          Je suis fier de vous. Et je suis heureux d’être encore là pour voir ça.
-          Pour voir quoi ? demanda Sam en se plaçant entre Jack et Daniel.
Les quatre hommes lui sourirent et elle rougit. Hammond enchaîna :
-          Mais maintenant que je suis de retour parmi vous, je vais avoir des nouvelles plus régulières.
-          De retour ? Vous ne commandez plus le Prométhée ?
-          Et non Samantha. Je reprends le commandement du SGC.
-          PARDON ?? s’écrièrent en cœur les quatre anciens membres de SG1.
-          Oui. Il semble que ma retraite à moi soit encore loin. Mais c’est vrai que je n’y ai pas la même motivation que Jack. Le général Silmer n’est là que pour un mois, après je reprends les commandes.
-          C’est une merveilleuse nouvelle mon général, renchérit Sam, radieuse.
Jack Teal’C et Daniel acquiescèrent en souriant. Puis O’Neill dit :
-          J’espère que les changements de décoration dans votre bureau ne vous poseront pas de problème…
-          Pardon ?? demanda Hammond en fronçant les sourcils.
Jack sourit largement et Daniel s’empressa de rassurer Hammond :
-          Ne vous inquiétez pas, on l’a surveillé, on l’a empêché d’y accrocher des cannes à pêches et autres carcasses de poissons. Tout est… plus ou moins en l’état.
Ils rirent tous les cinq.
La soirée se passait tranquillement, dans le calme et la détente. Jack avait reçu comme cadeau, entre autres choses, une magnifique canne à pêche. Daniel n’avait pu s’empêcher d’ajouter qu’avec du matériel pareil, même dans son pauvre lac du Minnesota il serait obligé de trouver un poisson.
Sam se trouvait maintenant à la cuisine, où elle avait rapporté quelques assiettes qu’elle allait poser sur le plan de travail quand une voix retentit derrière elle :
-          Sam, tu laisses ça, je refuse que tu t’en occupes.
Elle sursauta et lâcha une assiette que Jack rattrapa au vol :
-          Et, je n’ai déjà pas beaucoup de vaisselle, j’y tiens !
Elle sourit et s’appuya au plan de travail derrière elle. Il déposa l’assiette dans le lave-vaisselle et se redressa, frôlant du bras la jambe de Sam. Ils frissonnèrent tous deux et elle cessa de respirer. Il se tenait maintenant face à elle, le visage grave, les yeux presque noirs. Elle tentait désespérément de calmer sa respiration anarchique.
La porte de la cuisine s’ouvrit et Jack s’écarta rapidement de la jeune femme. Jacob les regardait avec un sourire en coin :
-          Ne vous dérangez pas pour moi, j’étais juste venu dire au revoir.
-          Tu pars déjà papa ?
-          Oui Sam. Je loge chez George.
Sam s’approcha de son père et le serra longuement dans ses bras. Puis il se détacha d’elle et serra la main de O’Neill :
-          Si vous lui faites du mal, vous regretterez d’être dans mes mains plutôt que dans celles d’Apophis.
Jack répondit en souriant :
-          Je tâcherai de m’en souvenir. Merci Jacob.
Ils saluèrent aussi Hammond et les deux généraux partirent. Vers une heure du matin, il ne restait plus grand monde. Sam sentait son cœur battre de plus en plus vite au fur et mesure que les derniers invités s’éclipsaient discrètement. Teal’C et Daniel partirent les derniers après avoir aidé à tout ranger. Le regard du jaffa avait dissuadé l’archéologue de faire la moindre réflexion sur le fait que Sam ne semblait pas disposée à quitter les lieux.
Après avoir refermé une dernière fois la porte, Jack prit une grande inspiration et se dirigea vers le salon où la jeune femme finissait d’arranger les coussins sur le canapé. Elle se redressa en sentant sa présence et ils restèrent debout, face à face, un long moment. Puis Jack murmura :
-          Sam, si tu veux rentrer, je peux te ramener…
Il se passa une main nerveuse dans les cheveux et Sam réalisa soudain l’impensable : il avait peur. Jack O’Neill avait peur. Etrangement cette pensée rendit à la jeune femme tout son courage et elle s’avança doucement vers lui. Il la regardait, le souffle court, lèvres entre ouvertes. Il suivait des yeux les courbes de ses hanches, le creux de sa taille, le galbe de sa poitrine sous le petit pull bleu. Son sourire. Ses magnifiques yeux bleus brillant d’un éclat nouveau, à la fois décidés et craintifs.
Quand elle fut à quelques centimètres de lui, elle murmura :
-          Non. Je veux rester.
Elle sentit la main de Jack dans la sienne et, très doucement, toujours sans la quitter des yeux, il l’entraîna à l’étage et ils entrèrent dans sa chambre. La canne à pêche reposait sur le lit. Jack s’en saisit et la posa contre le mur. Sam sourit :
-          Il faudra que tu m’apprennes, la pêche.
-          Avec plaisir. Tu verras c’est passionnant.
Elle grimaça et Jack sourit de plus belle. Il ajouta :
-          Mais il y a plein d’autres choses à faire dans le Minnesota, ne t’inquiète pas.
-          Je ne m’inquiète pas, répondit Sam calmement. J’ai déjà quelques idées.
Le sourire de Jack se fit plus machiavélique et il fit un pas vers la jeune femme qui cessa de respirer. Il l’attira contre lui et murmura :
-          Je suis très gâté. Vous m’avez tous gâté.
-          La canne à pêche n’était pas mon vrai cadeau.
-          Ah ? Et c’est ?
Elle se détacha doucement de lui, se recula un peu et, ses yeux bleus rivés aux yeux bruns, ôta doucement son petit pull. Le cœur de Jack sembla s’arrêter de battre une fraction de seconde. Elle fit à nouveau un pas vers lui, passa ses mains dans les cheveux grisonnants et posa ses lèvres sur les siennes dans un baiser profond et passionné. Ils basculèrent sur le lit.
-          Bon maintenant ça suffit !
Elle rit, secouant ses boucles blondes, et sauta à terre lestement. Jack la menaça du doigt :
-          Tu sais que personne ne m’a jamais désobéi comme ça ??
Le ton qu’il voulait sérieux trahissait en fait son envie de rire et de la serrer à nouveau dans ses bras. Elle lui sourit, de son sourire en coin, terrible, et il se sentit fondre.
Fondre.
Une clé tourna dans la serrure.
Elle avait déjà dévalé l’escalier, Jack sur ses talons. Il arriva essoufflé en bas alors que la porte d’entrée s’ouvrait. Sam et Daniel écarquillèrent les yeux en découvrant Jack, mains sur les genoux, tentant désespéramment de récupérer sa respiration. Une tornade blonde bondit dans les bras du colonel O’Neill :
-          MAMAN !!!!
Sam accusa le choc en souriant et embrassa sa fille qui se détourna ensuite vers l’archéologue :
-          Bonjour Danny !
-          Salut Emy ! Je t’ai rapporté un nouveau trésor.
-          Ouai !!!!!
Jack fronça les sourcils en déposant un baiser sur les lèvres de sa femme :
-          Daniel, arrêtez de la gâter comme ça, après elle est insupportable ! Je vis un enfer ici !
Daniel et Sam rirent, puis cette dernière demanda :
-          Où est Michael ?
-          En pleine sieste. Et Teal’C ?
-          Il arrive, il devait repasser chez lui. Il nous rejoint.
-          Bien. A la base ?
-          Pas de problème. Il faudrait que tu fasses un saut à propos de Thor.
Jack grimaça :
-          Aïe, pas trop tôt j’espère ? On a plein de trucs de prévus.
Daniel rit doucement et ses deux amis se retournèrent vers lui. Jack demanda :
-          Quoi ? Qu’est-ce qu’il y a encore, Daniel ?
-          Rien Jack. Je me disais juste que… vous voir là, à regretter de devoir passer à la base, avec Sam, Emy et Michael… à un moment je n’y croyais plus. Et vous en papa gâteau, vraiment cela aurait été dommage de rater ça.
Jack sourit et regarda sa femme. Les magnifiques yeux bruns d’Emy pétillèrent quand son père embrassa doucement son épouse après avoir murmuré :
-          C’est vrai, cela aurait été dommage.
FIN
 
 
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