Citations du moment :
Pour bâtir un couple, il faut être quatre : un homme plus sa part de féminité, une femme plus sa part de virilité.
[Bernard Werber]
Imagine

Trop forte (too strong) : Chapitre 3

La force primaire du hurlement qui se répercuta sur le ciment des murs du SGC glacèrent un instant Jack dans sa course, puis le propulsèrent en avant. Il n’avait jamais entendu un cri pareil, mais il savait qui c’était.

« Sam… »

Il saisit l’encadrement de la porte, l’utilisant comme levier pour se propulser dans la pièce, recherchant dans le sombre espace une trace d’elle. Le laboratoire était sans dessus dessous, papiers et équipements jonchaient le sol et la table, des objets émettant des bips de protestation contre ce mauvais traitement.

Jack fit un pas de plus à l’intérieur au moment où le léger tintement des talons du Docteur Brightman arrivait à la porte.

-          Carter ?

Alors il l’entendit… un sanglot gémissant accompagné d’un battement sourd. Jack s’avança avec précaution derrière la longue table, et sa poitrine se serra. Sam était blottie en position fœtale, reposant sur le côté. Ses doigts et ses bras étaient en sang à force de griffer sa propre peau. Ses joues étaient inondées de larmes, et le bruit sourd était le rythme régulier qu’elle gardait, alors qu’elle se frappait la tête contre le ciment du sol.

Jack tomba à genoux à côté d’elle et l’attrapa par les épaules, la forçant à s’asseoir.

-          Carter… Carter !!

Des yeux vides se tournèrent vers lui, regardant sans voir. Jack ne pouvait plus respirer, clignant des yeux dans la pâle lumière de la pièce pour essayer de la voir. Mais bon dieu que se passait-il ? Que lui était-il arrivé ? Que s’était-elle fait à elle-même ?

-          Vous êtes mort..., murmura-t-elle d’une voix basse et rauque.

-          Non, Carter. Je suis là.

-          Nous devons aller à l’infirmerie, dit le Docteur Brightman dans l’embrasure de la porte.

« Non, c’est vrai Sherlock ? »

Sam battit des paupières, et ses yeux se révulsèrent si loin que les iris disparurent, ne montrant plus que du blanc. Son corps s’effondra sur lui-même, et Jack la serra contre sa poitrine.

-          Il y a une civière en route…

-          Laissez tomber.

Il la souleva dans ses bras et, la tête de Sam reposant sur son cœur, il l’emporta hors de la pièce.

Jack se tenait au pied du lit de Sam, observant son sommeil agité. Même avec une double dose de sédatif et de somnifères, elle n’était pas calme. A chaque instant des mots marmonnés passaient ses lèvres si doucement qu’il ne pouvait les comprendre et elle luttait contre les  entraves que le docteur avait fait mettre.

Trois heures. Cela faisait trois heures qu’elle était comme ça. Jack serra les dents jusqu’à ce que la douleur lui vrillât la mâchoire.

Il savait que quelque chose n’allait pas.

Pourquoi n’avait-il rien fait plus tôt ?

Pourquoi l’avait-il écoutée quand elle lui avait dit que tout allait bien ? C’était Sam, pour l’amour du ciel ! Depuis quand lui disait-elle ce qui n’allait pas sans qu’il insistât ?

Mais il ne voulait pas la forcer, il ne voulait pas s’immiscer. S’immiscer entre elle et Shanahan. Et pourquoi Shanahan n’avait-il rien remarqué ? « Pauvre connard  »

Jack faisait les cent pas le long du lit, pouvant évaluer d’un simple regard ce qu’elle s’était fait à elle-même. De profondes crevasses marquaient sa gorge, son cou, ses bras, le pire étant maintenant couvert de bandages blancs. Le Docteur avait dit qu’elle s’était fait une grosse bosse sur le côté du crâne en se tapant la tête contre le sol, tout ceci ajouté aux blessures avec lesquelles elle était revenue quelques jours plus tôt.

Il baissa les yeux vers les mains de Sam. Ses poignets étaient emprisonnés dans des attaches de cuir doublées de tissu, pour protéger sa peau au maximum, mais il distinguait déjà une éruption rouge sur les poignets. Ses poings étaient serrés, ses articulations blanches. Après un rapide coup d’œil dans la pièce pour voir si on l’observait, Jack sortit une main de sa poche et passa ses doigts le long de ses articulations.

La peau sur le dos de la main de Sam était douce comme la soie, contrastant avec la force qu’il savait que ces mains pouvaient avoir, contrastant avec les blessures  qu’elle s’était faites.  Il passa ses doigts le long des siens jusqu’à atteindre l’intérieur de son poing, poussant doucement et délicatement sa main à se détendre et à se desserrer. Elle soupira dans son sommeil, un frisson parcourant tout son corps, et sa main s’ouvrit sous la sienne.

Jack leva les yeux vers le visage de Sam : elle s’était tournée vers lui, ses traits légèrement plus détendus qu’un instant avant. Finalement, les sédatifs avaient fait leur effet. Il retira sa main de sous celle de Sam et la garda un moment sur le dessus, avant de la remettre dans sa poche.

-          On m’a dit que tu étais là.

Il se retourna pour découvrir Kerry debout à quelques pas du bout du lit, ses bras croisés devant elle.

-          Oui, fut tout ce qu’il eut la présence d’esprit de répondre, regardant à nouveau les traits à présent calmes de Sam pendant un bref instant, avant de s’éloigner du lit.

-          J’ai aussi entendu dire qu’il y a des problèmes avec la sécurité. J’ai pensé que nous pourrions en parler.

-          Pas maintenant.

Il gardait une voix douce, mais espéra que son ton serait efficace « Rien au monde ne me fera quitter cette pièce. »

-          Y aura-t-il un meilleur moment ?

-          Je dois être ici maintenant.

Le Docteur Brightman choisit ce moment pour venir vers eux, un bloc-notes dans une main et un air inquiet sur le visage.

-          Général, je pense que nous avons déterminé quel est l’élément inconnu. Mais je ne crois pas que vous allez aimer ça.

-          Continuez.

-          Et bien, comme vous savez.. il y a quatre ans les Tok’ra furent capables d’isoler un certain composant chimique lié au contrôle mental Za’tarc des Goa’ulds, et depuis nous avons recherché ce composant dans chaque équipe à leur retour par la Porte.

-          Oui… et… ce n’est pas ça sinon vous l’auriez remarqué il y a trois jours.

Elle secoua la tête.

-          Non, mon général, cela ne l’est pas. C’est un dérivé. Un dérivé plus pur, une forme plus raffinée du même composant. Il était moins apparent que l’original dans le sang, et l’analyse est suffisamment différente pour que l’ordinateur ne l’ait pas reconnu  comme faisant partie des toxines recherchées.

-          Etes-vous en train de me dire qu’elle est une Za’tarc ?

-          Je ne vois aucun moyen de l’expliquer autrement, général.

-          Ah, merde…

-          C’est grave, je sais.

Kerry regardait entre Jack et le docteur tout en parlant.

-          Je crois que je me souviens avoir lu un dossier à propos de certaines personnalités à la base il y a quelques années...

-          Non ? demanda Jack, l’interrompant.

-          Et bien, oui. Certains membres d’une équipe SG se trouvèrent être des Za’tarks, et même un Tok’ra nommé Martouf ?

Jack acquiesça, pas très sûr de savoir s’il acquiesçait au fait que c’était tout ce qu’il y avait dans le rapport ou non.

-          Ouai… En parlant des Tok’ras… Il semble que ce soit le moment d’appeler Anise-Freya et de la faire venir ici.

Il pointa du doigt vers le bureau du Docteur Brightman dans une demande silencieuse d’utiliser son téléphone, et elle acquiesça. Avec un rapide et heureusement discret coup d’œil vers Sam, Jack se dirigea vers le bureau et composa le numéro de la salle de contrôle de la Porte.

-          Ici le général, dit-il au soldat qui décrocha. Composez toutes les adresses actuelles de bases connues de la Tok’ra. J’ai besoin soit de Jacob Carter soit d’Anise-Freya. En fait, les deux si vous pouvez les joindre. Quand vous établissez le contact, vous pouvez me joindre à l’infirmerie.

Jack raccrocha, et posa ses coudes sur le bord du bureau, prenant un moment pour fermer les yeux et essayer d’absorber les dernières informations. Il poussa doucement un soupir, le laissant emplir ses joues avant de passer ses lèvres. Il ne comprenait pas. Si on regardait toutes les informations qu’ils possédaient sur le contrôleur Zat’ark, il n’y avait jamais eu de réaction comme celle-là. Excepté quand les contrôlés avaient échoué et tenté de se suicider. Mais Sam n’avait pas essayer de faire cela… quelque chose n’était pas logique.

Pour la seconde fois ce jour là le cœur de Jack se serra dans sa poitrine quand le cri de Sam retentit dans le SGC. Mais cette fois c’était différent.

-          Jack ! Jack !

Son nom – hurlé avec une telle terreur – se referma sur son coeur comme un étau. Jack courut dans l’infirmerie pour trouver Sam luttant sauvagement contre ses entraves, avec le docteur et trois infirmières tentant de la maintenir couchée. Elle jurait et criait violemment, sa tête allant d’un côté et de l’autre contre l’oreiller.

-          Jack ! Noooooon ! hurla-t-elle à nouveau.

Jack poussa l’infirmière la plus proche de la tête de Sam et posa ses mains sur les joues de la jeune femme, la forçant à se tourner vers lui.

-          Carter ! Eh, je suis juste là. Je suis juste là.

Elle le regarda, ses yeux aussi ronds que des soucoupes bleues et respirant violemment, son souffle chaud contre l’intérieur des poignets de Jack. Sam tira à nouveau sur les entraves de ses poignets, il voyait du coin de l’œil qu’elle essayait de le toucher mais ne pouvait pas.

-          Jack ?

-          Oui, je suis là.

-          Ils disent que vous êtes mort.

Sa voix tomba si basse qu’il l’entendit à peine, et il se rapprocha. Les infirmières se reculèrent pour lui laisser de l’espace.

-          Qui Carter ? Qui dit que je suis mort ?

Des larmes apparurent dans les yeux de Sam, les faisant briller, et ses lèvres tremblèrent. Un trait humide s’échappa, courant le long de sa joue pour joindre l’endroit où la main de Jack touchait sa peau.

-          Elles. Les voix. Jack... tellement de voix.

-          Elles ont tort, Sam. Ne les écoutez pas.

Elle tira à nouveau sur ses entraves, et Jack regarda le docteur. D’un regard il indiqua qu’elle devait la libérer. Il vit dans les yeux du médecin qu’elle ne pensait pas que c’était une bonne idée… mais c’était l’avantage de porter des étoiles sur sa veste. Avec ses mains libres, Sam l’attrapa et enroula ses doigts autour des poignets de Jack.

Jack caressa sa joue avec son pouce, et la tension dans le corps de Sam sembla s’évanouir. Lentement, elle se laissa aller sur l’oreiller et Jack ôta ses mains de son visage. Mais comme il essayait de s’éloigner, elle attrapa sa main, la tenant avec les deux siennes, et elle se tourna sur le côté pour lui faire face.

Aussi vite qu’elle s’était éveillée, Sam retomba endormie, tenant sa main.

Jack leva les yeux. Le Docteur Brightman se tenait de l’autre côté du lit, un air énigmatique sur le visage. Kerry se tenait elle au pied du lit, avec dans les yeux une expression qu’il ne voulait même pas essayer de définir.

« Et merde. »

-          O’Neill…

Les yeux de Jack s’ouvrirent d’un coup, et il souleva son bras de sur ses yeux. Il leva la tête de l’oreiller derrière lui et regarda Teal’C qui se tenait entre les deux lits de l’infirmerie, puis il regarda le lit à côté de lui.

Il était vide.

Ses jambes pendaient toujours sur le côté du matelas, et il se souvint vaguement s’être étendu sur l’oreiller à un moment vers 21 heures, après que Sam eut semblé partie pour dormir un bon nombre d’heures d’affilée.

-          Quelle heure est-il ?

-          Nous approchons de minuit.

Jack s’assit, son dos protestant contre l’inconfortable position de son sommeil.

-          Où est-elle ?

-          Le Docteur Brightman a fait déplacer le colonel Carter et le reste du personnel infecté dans les quartiers de sécurité.

-          Elle était supposée me réveiller avant de les transférer.

-          Le Docteur Brightman a exprimé son inquiétude sur le fait vous ne vous reposiez pas assez.

-          Pour l’amour du ciel, grogna Jack en sautant du lit, quand êtes-vous rentré ?

-          Il y a moins d’un demi heure, O’Neill. Je fus tout à fait peiné d’apprendre les événements qui se sont produits en mon absence.

Jack se passa la main sur le visage.

-          Savez-vous si on a reçu des nouvelles de la Tok’ra ?

-          Toutes les recherches pour trouver la Tok’ra nommée Anise ont échoué. Un message a été transmis à Jacob Carter et nous avons été informés qu’il serait là dans les prochaines 36 heures.

Jack ferma les yeux un bref instant, soupirant doucement. Il se sentait impuissant, et il détestait se sentir impuissant. Spécialement quand cela concernait ses hommes. « Dieu, qui voulait-il tromper ? Quand cela concernait Sam. » Donnez lui un ennemi à descendre, mettez lui une arme entre les mains. C’est ce qu’il savait faire… C’est ce pour quoi il était programmé.

Pas pour cette putain d’incertitude.

-          Donc vous êtes au courant de ce qui se passe ? demanda Jack.

-          En effet. Cela doit être très déroutant de voir le colonel Carter dans un tel état de détresse.

-          C’est une façon de voir les choses, grommela Jack dans ses mains en se frottant le visage, essayant de chasser la fatigue. Elle ne me laisse pas m’éloigner d’elle de plus de deux pas.

-          C’est seulement à votre contact que le Colonel Carter retrouve la paix.

Jack ouvrit à nouveau les yeux et regarda le grand jaffa.

-          On vous a dit ça ?

Teal’C leva un sourcil, inclinant la tête :

-          Comme diraient les Tauris, « pas en ces termes »…

Jack essaya de ne pas penser à ce qui devait déjà se dire sur la situation. Il avait accepté il y avait longtemps déjà de ne pas s’en faire sur le fait que, quoi que lui et Sam puissent dire ou pas, faire ou pas, les racontars iraient bon train. Il se préoccuperait de cela plus tard… quand elle irait à nouveau bien.

-          Accompagnez moi, Teal’C, dit Jack en se dirigeant vers la porte.

Si Sam était endormie quand elle avait été transférée, il voulait être à ses côtés quand elle se réveillerait. Teal’C le suivit pas à pas et ils sortirent de l’infirmerie. Les couloirs du SGC étaient silencieux au milieu de la nuit, sans aucun des techniciens ou du personnel parcourant les couloirs d’un endroit à un autre. Ils gagnèrent l’ascenseur le plus proche et Jack fouilla dans ses poches pour trouver son passe.

-          Flûte, grogna-t-il.

Au moment il la trouvait dans sa poche arrière, Teal’C passa sa propre carte et les portes s’ouvrirent.

-          Merci.

Teal’C inclina la tête et ils entrèrent. Jack était plus fatigué qu’il n’en avait conscience, et s’appuya de l’épaule sur la paroi de la cabine.

-          Je parie que Carter va être heureuse de vous voir, dit-il alors que l’ascenseur s’élevait dans un ronronnement. Avec Daniel qui n’est pas… là… et tout ça.

-          Si ma présence peut être d’un quelconque réconfort, je ferai avec joie tout ce qui est possible.

-          Merci, Teal’C.

L’ascenseur s’arrêta et les portes s’ouvrirent. Jack marcha d’un pas rapide vers les quartiers où les membres infectés de SG3, Sg5 et Sam avaient été transférés. Tout semblait tranquille, et Jack soupira. Pas de cri, pas de pleur. Peut-être se reposait-elle enfin.

Ils tournèrent au dernier coin et Jack vit le Docteur Brightman parlant avec une des infirmières. Elle leva les yeux à son arrivée.

-          J’étais sur le point d’aller vous voir, mon général.

-          Pourquoi ne m’avez-vous pas réveillé quand vous l’avez – les avez transférés ?

-          J’ai pensé que vous aviez besoin de vous reposer.

-          Excusez-moi, mon général, dit une voix calme derrière eux, et ils s’écartèrent contre le mur pour laisser passer un soldat avec un imposant chariot d’approvisionnement.

Jack jeta un coup d’œil au chariot qui passait. Il était surchargé, et les approvisionnements de cuisine n’étaient pas bien rangés. Le soldat était probablement pressé d’en finir avec ça et de prendre une pose, et à cet instant s’inquiéter sur la façon dont étaient disposés ces objets ne faisait pas partie des préoccupations de Jack. Le chariot vira à gauche en les dépassant, et le soldat eut du mal à garder sa trajectoire. Jack haussa les sourcils, secoua la tête, et se tourna à nouveau vers le docteur.

-          Où est Carter ?

Le Docteur Brightman pointa son stylo vers une porte fermée à quelques pas derrière elle :

-          Elle est là, elle se repose actuellement. Il est apparu qu’une fois que les sédatifs ont fait effet…

Ils entendirent le soldat qui venait juste de passer jurer à voix haute avant que le chariot entier ne se renverse dans un bruit croissant résonnant et de tonnerre de chutes de vaisselle et de plats.

Jack siffla :

-          Ohhhhh c’est pas bon ça.

-          Je suis désolée, mon général, s’excusa le soldat. Je suis vraiment désolé, je ramasse tout immédiatement, mon général !

Jack leva la main :

-          Essayez juste de ne pas réveiller les morts la prochaine fois.

Des couvercles et des pinces étaient encore en train de tomber du chariot quand un cri déchira l’air depuis la chambre de Sam.

-          Nooooooooooooooon !

Une infirmière sortit en courant de la pièce :

-          Docteur, venez vite !

Mais Jack avait déjà parcouru la moitié de la distance et poussa l’infirmière pour entrer. Il tressaillit, évaluant rapidement la situation qui s’offrait à lui. Sam était hors du lit, debout du côté le plus éloigné de la pièce, dos au mur, ses mains plaquées contre le béton gris. La panique et le désespoir déformaient ses traits et deux infirmières étaient près d’elle, tentant de l’attraper.

Elle hurlait, criant des choses qu’il ne pouvait comprendre, qui n’avaient aucun sens, que c’était de sa faute à elle et qu’elle n’avait pas voulu faire ça. Qu’elle avait essayé de lutter, mais que les voix… les voix ne s’arrêtaient pas.

-          Colonel Carter, calmez-vous ! cria le Docteur en tentant de l’approcher avec une seringue à la main. Nous sommes ici pour vous aider !

Sam rejeta sa tête en arrière si violemment qu’elle rebondit sur le mur de béton, un cri rude, guttural, s’arrachant à sa gorge… et là-dessus elle cria son nom : « Jaaaack ! »

« Putain de… »

Jack poussa tout le monde hors de son chemin et, comme il se précipitait vers Sam, elle se détourna, se couvrant le visage de ses bras :

-          Non ! Mon dieu non !

-          Carter…

-          Non ! Il est mort !

Sam glissa contre le mur, tombant durement à genoux, et avant qu’elle n’atteigne le sol Jack était à ses côtés. Il s’agenouilla devant elle, comme il l’avait fait à l’infirmerie quelques heures plus tôt, prit son visage dans ses mains et l’obligea à le regarder.

-          Sam. Sam, regardez moi !

Tout le corps de Sam trembla, de la sueur couvrant sa peau et collant ses cheveux blonds à son front en des filets sombres. Ses paupières lourdes cachaient en partie ses yeux, et elle semblait à peine consciente. Jack caressa ses joues, puis plaça ses mains sur les épaules de Sam pour la secouer doucement.

-          Sam !

Elle cligna des paupières, ses yeux bleus se focalisant à nouveau sur lui. Quand leurs regards se rencontrèrent, ses lèvres tremblèrent et ses yeux se remplirent de larmes, un violent tremblement traversant le corps de Sam.

-          Jack ?

-          Oui, répondit-il d’une voix douce, sa poitrine si serrée qu’il lui était difficile de respirer.

Sam aspira rapidement plusieurs petites bouffées d’air, secouant la tête. Elle tenta de s’éloigner de lui, pressant les paumes de ses mains sur ses yeux en secouant la tête.

-          Sam…

-          Non ! cria-t-elle, levant les yeux pour le regarder. Non ! Vous êtes mort ! Mort !

Quand il la toucha à nouveau, elle se débattit, secouant sa tête comme si un essaim de guêpes l’attaquait. Jack insistait, se battant contre elle jusqu’à ce qu’il ait pris ses poignets dans ses mains et la tira brutalement vers lui, les mettant face à face.

-          Carter !

Elle se tint immobile, le regardant, ses yeux parcourant rapidement les traits de son visage. Ses lèvres remuèrent en silence, comme si elle tentait de connecter des pensées en mots.

-          Je ne suis pas mort. Je suis ici. Je suis – juste – ici.

La tension s’évanouit soudain, et elle entoura de ses bras le cou de Jack, enfouissant son visage contre sa poitrine. Jack n’hésita pas et l’attira contre lui, se disant que la santé et le bien-être d’un soldat sous son commandement étaient plus importants que les apparences à un moment comme celui-là… non ? « NON ? »

-          Ils ne crient plus aussi fort quand vous êtes là, dit Sam doucement avant de devenir molle dans ses bras.

-          Je ne partirai pas.

-          Général, cette tension n’est pas bonne pour vous et je ne suis pas convaincue que cela aide en quoi que ce soit le Colonel Carter.

-          Je ne suis pas médecin, mais comment pouvez-vous dire que cela ne l’aide pas ?

-          Je suis d’accord avec O’Neill. Sa présence calme le Colonel Carter et lui permet de penser plus clairement, et d’atteindre le repos dont son corps a besoin.

Jack acquiesça avec emphase et montra Teal’C :

-          Ah, vous voyez ?

Jack, Teal’c et le docteur se tenaient près de la porte des quartiers temporaires, parlant à voix basse, pendant que Sam dormait sur le lit à l’autre bout de la pièce. Les sédatifs du médecin avaient rapidement mis KO les autres patients, laissant Sam seule avec ses démons. Et Jack serait damné en enfer avant de la laisser seule dans cet état là – spécialement quand il pouvait l’aider d’une quelconque façon.

-          Regardez, ce qu’ils ont pu lui faire est manifestement différent de la dernière fois. Et jusqu’à ce que nous sachions à quoi nous avons à faire, je dis que je ferai tout ce qui marche. Et, à l’heure où nous parlons, ce qui marche c’est le fait que je reste ici.

Le Docteur Brightman soupira :

-          Très bien. Mais vous devez me promettre, général O’Neill, que vous allez vous reposer

-          Oui, promis… dit-il en acquiesçant. Aucun problème.

Elle secoua la tête et quitta la pièce, le claquement de ses talons s’amenuisant dans le couloir. Dès qu’il pensa pouvoir le faire sans être entendu, Jack bailla à s’en décrocher la mâchoire et se frotta le visage avec les mains.

-          Avez-vous besoin que je reste pour vous tenir compagnie, O’Neill ?

-          Me tenir compagnie ?

-          N’est-ce pas ce que j’ai dit ?

-          Oui, mais la façon dont vous l’avez dit… peu importe. Je vais bien. Allez dormir, Teal’C. La nuit a été longue.

-          Si je peux être d’une quelconque utilité...

-          Je sais.

Teal’C inclina la tête et partit, fermant la porte derrière lui. La pièce était pratiquement dans le noir, excepté une douce lumière venant de la porte entre ouverte de la salle de bain attenante aux quartiers. C’était une chambre d’invité standard, avec un lit double, quelques autres meubles et des décorations colorées sur les murs. Cela contrastait avec le béton gris et l’acier galvanisé des tuyaux.

Sam reposait à présent calmement dans le lit, son dos tourné vers lui et son corps replié sur lui-même. Elle avait été changée et portait à présent le pyjama blanc de l’infirmerie qui ressemblait davantage à un kimono de kung fu. Jack se dirigea vers le lit, enleva sa veste d’uniforme et s’assit sur le côté opposé à Sam. Il appuya ses coudes sur les genoux. Combattant la lourdeur de ses paupières, il regarda tout autour de lui dans la pièce pour savoir où prendre quelques instants de repos tout en restant à proximité de Carter si elle se réveillait. Le petit canapé le long du mur semblait pas mal. Peut-être que s’il… 

-          Jack ?

Il se retourna et se pencha :

-          Je suis là.

Sam roula vers lui. Son visage était partiellement dans l’ombre à cause du peu de lumière dans la pièce, et elle semblait éclairée par une bougie. Elle fixa son regard sur lui.

-          Comment vous sentez-vous ?

-          Je les entends toujours.

Il se tourna encore un peu plus vers elle, montant ses jambes sur le lit de sorte qu’il était à moitié couché, reposant sur son avant-bras. Il la regarda un moment, et prit une grande inspiration avant de parler :

-          Je vais vous trouver de l’aide Sam. Je vais m’assurer qu’ils arrêteront.

Elle se tourna sur le côté si bien qu’ils se faisaient face, elle sous les draps et lui dessus. Sam plaça ses mains sous sa joue et fixa un point invisible quelque part au milieu de la poitrine de Jack.

-          Restez là avec moi.

-          Je vous ai dit que je le ferais.

Elle leva les yeux et son regard bleu rencontra le sien :

-          Je sais ce que je dis, Jack. Vous DEVEZ rester ici avec moi.

Jack fronça les sourcils, fixant son visage dans la lueur pâle.

-          Pourquoi Sam ?

-          Parce que si vous ne le faites pas, ils auront raison.

-          Raison sur quoi ?

-          Sur le fait que je vous tuerai.

Sa voix eut un accent glacial qui donna à Jack la chair de poule. Quoi que disent les voix, quoi que le Goa’uld lui ait fait, elle en était convaincue. Et Jack n’avait aucune raison d’en douter.

-          Chut, dit-il en passant sa main dans les cheveux de Sam. Dormez.

Les yeux de Sam se fermèrent presque immédiatement et elle poussa la longue respiration de quelqu’un sur le point de se laisser gagner par un profond, très profond sommeil. Jack prit un oreiller à la tête du lit et le plaça sous sa mâchoire pour pouvoir rester dans cette position, étendu sur le côté, à la regarder dormir.

Un peu plus tard il s’arrangea pour sombrer lui aussi dans le sommeil, juste après que la main de Sam ait trouvé la sienne dans le noir.

 
 
Conçu par Océan spécialement pour Imagine.
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