Citations du moment :
Le moment le plus important c'est le présent car si on ne s'occupe pas de son présent on manque son futur.
[Bernard Werber]
Imagine

Mésentente cordiale : Chapitre 3

Planète Néléna.
Sam et Jack s’écartèrent l’un de l’autre dès qu’ils furent réveillés. Une longue journée s’écoula, ils ne virent personne. On ne leur porta ni à manger ni à boire. Une autre nuit glaciale arrivait et ils s’apprêtaient à  dormir quand un bruit sourd les tint en alerte.
Ils se regardèrent, étonnés.
         -C’était quoi ça dit O’Neill ?
Un autre bruit plus fort et plus près les assourdit.
Le colonel se mit à secouer les barreaux de la porte, ils étaient bien scellés et ne bougèrent pas.
         -On dirait des explosions, dit Sam.
         -Je crois que la planète est bombardée. Il faut vite sortir d’ici !
         -On a tout essayé mon colonel !
         -Je ne veux pas mourir dans ce trou à rat, et je ne veux pas que y mourriez non plus major.
Au même instant une ombre passa et les verrous furent tirés. Jack se précipita à l’extérieur mais ne vit personne.
         -Qui nous a ouvert ? Nous avons un allié dans la place ? Dit Sam 
         -Aucune importance major, il faut vite rejoindre la porte des étoiles !
         -Mais mon colonel on ne peut pas aller sur Terre, nous n’avons pas le code de l’iris.
         -Nous repartons pour P3X425, il faut délivrer Teal’c et Daniel. Vous vous souvenez du code, major ?
         -Oui ça va aller.
         -Alors courons.
Ils passèrent entre les bombardements. Des vaisseaux de combat emplissaient le ciel. Ils durent se cacher, ramper, finalement ils atteignirent le terrain à découvert devant le shapaï et Sam composa le code.

Planète de Kali

Aussitôt franchi le shapaï ils furent accueillis par de nombreux jaffas qui les attachèrent et les jetèrent aux pieds de la déesse.
         -Voilà donc notre fameux colonel O’Neill et son fidèle major. Je vois que vous êtes inséparables. Vous avez encore réussi à vous échapper ? Et bien vous partagerez le même sort.
         -Plongez-les un moment dans la glacière, ordonna t-elle à ses gardes.
Les gardes leur arrachèrent une partie de leurs vêtements et les conduisirent sous le palais dans une petite pièce très froide qui servait jadis pour conserver les aliments. La pièce était vide. Kali la réservait maintenant à ses prisonniers de choix.
O’Neill essaya d’ironiser :
         -Et bien nous passons d’une glacière à l’autre, il ne fait guère plus froid que dans la geôle de Néléna, n’est-ce pas major ?
         -Oui mon colonel, dit-elle en claquant des dents, mais nous avons moins de vêtements.
Elle ne portait que ses dessous, et lui était torse nu. Ils évitaient de se regarder, gênés.
Le jour passa et vers le soir un esclave vint leur porter leur repas. C’était une assiette d’une infâme soupe, mais rien que l’odeur les faisait défaillir, ils n’avaient pas mangé depuis  deux jours.
O’ Neill se leva et demanda au gardien :
         -Sais-tu s’il y a d’autres prisonniers, un humain et un jaffa ?
L’homme murmura :
         -Je n’ai pas le droit de parler aux prisonniers.
         -Tu peux hocher la tête, sans parler.
         -Est-ce que Daniel Jackson et Teal’c sont là ?
Sur un hochement de tête l’homme disparut et referma la porte.
Ils avaient tellement faim qu’il se jetèrent sur le brouet clair qui leur servait de repas. Mais c’était bien loin de les rassasier.
La porte s’ouvrit le lendemain et un jaffa les poussa dans un long couloir. Ils gravirent plusieurs escaliers et furent jetés sans ménagement aux pieds de la reine.
Là ils ne furent guère surpris de retrouver Teal’c et Daniel dans la même position qu’eux, c’est à dire à genoux, le front penché devant les pieds de Kali.
         -Ca va jack, vous avez échappé à Nirti ? Ca devient une habitude chez vous ! Ironisa Daniel
         -Je m’en passerais bien, répondit le colonel d’un ton cinglant.
         -Silence ! Ecoutez-moi Tau’ri. J’ai entendu parler de vous et je sais que vous êtes assez forts pour des humains, j’ai un marché à vous proposer, unissons nos forces pour combattre Nirti, et vous serez libres.
Ils ne répondirent pas. Ils étaient assis sur leurs talons, les yeux levés vers Kali. Elle leur apparut vraiment redoutable toute noire et debout sur les marches de son trône où elle les dominait de toute sa majesté.
         -Toi colonel, tu n’as pas envie de te venger après ce qu’elle t’a fait subir, elle m’a tout raconté, dans les moindres détails, c’était délectable, savoureux !
Jack serra les dents pour ne pas sauter sur Kali et lui arracher son masque d’ironie.
Sam devint toute blanche.
Daniel jeta un coup d’œil à Jack, il parlait entre les dents à voix basse.
         -Vous n’avez pas tout dit dans votre rapport, auriez-vous oublié quelques détails croustillants ?
O’Neill gronda :
         -Bouclez-la Daniel, je vais vous tuer !
Un coup de lance dans le côté le fit vaciller et il tomba, en grimaçant de douleur.
Kali marchait de long en large, s’impatientant :
         -Alors ma proposition Tau’ri ?
         -Et si nous refusons ? Dit Sam.
         -Alors vous mourrez, dit-elle avec un certain étonnement dans le regard. Mais je ne vois pas pourquoi vous refuseriez, nous avons la même ennemie.
 
         -Non, c’est non ! Dit jack en la regardant droit dans les yeux.
         -Pourquoi ?
-Nous préférons mourir que de nous unir à un vilain serpent, dit O’Neill sachant très bien que son insolence lui vaudrait un mauvais coup. Ce qui ne tarda pas.
         -Peut-être que tes amis n’ont pas la même opinion que toi colonel ? Garde, occupe-toi de la femelle dit-elle en montrant Sam. Un bâton de douleur jaillit des mains de l’homme. Sam hurla de souffrance.
L’homme prit une lance des mains du jaffa le plus proche de lui, et attendit regardant Kali et guettant un signal.
         -Alors que dis-tu de ça colonel ? Tu veux que je la tue ? C’est facile, un signe de moi et elle meurt. Sa vie est entre tes mains. Alors que choisis-tu ?
         -Bon c’est d’accord, je reste. Mais à une condition, tu les relâches, et tu les renvoies tous les trois par la porte des étoiles, et je te dirai tout et je ferai tout ce que tu voudras.
         -Vraiment tout ?
         -Oui
Kali l’observait sans répondre, elle essayait de jauger l’homme. Elle ne connaissait pas bien les terriens, mais elle pensait qu’ils devaient être comme les autres, lâches et faibles. Il la fixait de son regard calme. Elle plongea ses yeux dans les siens mais ne put rien y lire.
         -C’est d’accord céda t-elle.
         -Je veux les accompagner moi-même et les voir partir.
         -Tu veux, tu exiges ! Mais tu es quoi pour ça ?  Je peux te tuer du revers de la main tu sais !
Il se tenait immobile, debout devant elle, il la dominait de sa haute taille et malgré elle, elle subit son ascendant. Elle capitula dans un souffle :
         -D’accord.
Puis elle ajouta sèchement à l’adresse des jaffas,
         -Détachez-les, nous partons.
         -Mon colonel, je reste avec vous !
         -Il n’en est pas question Carter ! Sa voix était sèche.
Elle avait le visage défait, on pouvait lire de la peur dans ses yeux.
         -Mais mon colonel !
         -Vous refusez d’obéir à un ordre de votre supérieur hiérarchique, Carter ?
Ses yeux étaient froids comme de la glace.
Sam n’était pas loin des larmes.
         -Non, mon colonel balbutia t-elle.
         -Mais Jack dit Daniel…
         -Vous n’allez pas vous y mettre aussi, vous !  Allez tout le monde dehors !
         -Introduisez les coordonnées de la planète des Tok’ra  souffla Jack dans l’oreille de Daniel. Après vous vous débrouillerez pour rentrer.
         -Mais vous colonel O’Neill ? Dit Teal’c.
         -Oh moi, je suis un dur à cuire dit Jack avec un petit rire sans joie.
         -Nous reviendrons vous chercher très vite, dit Daniel.
         -Allez filez avant qu’elle ne change d’avis dit il en jetant un coup d’œil vers Kali.
Ce dialogue n’avait pris que quelques secondes et déjà la reine s’impatientait.
Dès qu’ils eurent disparus dans l’anneau bleuté, elle le prit par le bras.
         -A nous deux maintenant, je veux savoir si ce que m’a dit Nirti était vrai.
Il la regarda interloqué :
         -Si tu veux.
Il la laissa s’approcher de lui, en ne la lâchant pas du regard.
         -Tu devrais dire à tes gardes de partir, lui souffla-t-il dans le creux de l’oreille, un peu d’intimité c’est mieux.
         -Tu as raison, elle eut un rire de gorge qui le fit frémir.  Mais ne sois pas trop pressé dit-elle, Nous avons tout notre temps. Tu dois avoir faim, la soupe de ma prison n'est pas fameuse. Elle passa une main caressante sur son visage, sur sa nuque, ses lèvres se posèrent sur les siennes.
Ils s’installèrent devant un somptueux repas que des serviteurs disposaient devant eux. Jack avait très faim, il mangea de bon appétit. Elle en fut surprise :
         -Tu es vraiment étonnant ? Tous les Tauris sont comme toi ? Tu sais ce qui va t’arriver tout à l’ heure énonça t-elle d’une voix calme, et tu manges comme si de rien n’était !   Tu sais que lorsque j’en aurai fini avec toi, il ne restera pas grand chose du fier colonel O’Neill qui est assis devant moi. Je n’ai pas la haine de Nirti, je fais les choses froidement parce qu’elles doivent être faites. C’est ainsi. Tu dois me donner le moyen de battre Nirti, ajouta –telle.
         -N’est-ce pas déjà fait ? Dit-il d’un ton étonné. Sur Néléna, les bombardements, ce n’était pas toi ? Et pourquoi me parles-tu de mort ? Je respecte ma part du contrat puisque je suis là.
Elle le regarda  avec au fond des yeux un éclair de colère vite dompté :
         -Et alors ! je n’ai pas de compte à te rendre !
         -Pourquoi me parles-tu toujours de Nirti ? Insista-t-il, et tu n’as pas besoin de moi pour la combattre. Par contre c’est autre chose que tu veux, n’est ce pas ?
         -Insolent, je vais te faire regretter tes paroles. Tu mourras dans les pires souffrances, je peux te faire arracher la peau lambeau par lambeau, c’est un des pires supplices qui existe. Et je regarderais avec délectation ton sang couler, et tes cris de douleur seront un ravissement pour mes oreilles.
Contrairement aux autres Goa’ulds que Jack connaissait, elle restait très calme, et parlait doucement. Et ces menaces proférées à voix basse comme une confidence avaient quelque chose de terrifiant. Elle était très près de lui, son bras frôlait le sien. Il sentait sa peau nue se hérisser. Il poussa un soupir, et parla d’une voix contenue :
         -Vous êtes tous pareils les Goa’ulds, ça finit toujours dans un bain de sang, ironisa–t-il ! Il ne pourrait pas y avoir de temps en temps un happy end ?
         -C’est quoi un happy end ?
         -C’est une fin heureuse, où tout le monde est content.
         -Bahrr…, c’est mièvre et sans intérêt dit–elle avec un grimace de dégoût.
Cette conversation entre les deux protagonistes avait quelque chose d’irréel. D’un côté une femme jeune, magnifiquement vêtue et parée de bijoux, possédant la force cruelle et le pouvoir, et de l’autre Jack O’Neill, un homme dans la force de l’âge, affaibli par une cruelle captivité dans le froid, un homme sale et dépenaillé, aux vêtements déchirés, Et pourtant ils se parlaient d’un ton léger, comme deux vieux amis qui se retrouvent.
         -Passons aux choses sérieuses maintenant, dit–il d’une voix grave.
Il se leva fit le tour de la table et la prit par la main.
Il la caressait de ses longs doigts, sur le visage, le dos, la poitrine, prolongeant l’attente. Il la prit dans ses bras, l’embrassa délicatement sur les lèvres, exacerbant son désir, elle se laissait faire comme une chatte ronronnante. Elle le touchait, se collait à lui respirant son odeur, elle se sentait moite de désir, elle le voulait tout de suite, là, maintenant ! Il l’embrassa à pleine bouche d’un baiser violent, et profond.
A aucun moment elle ne se méfia.
Elle  griffa son dos  nu et un cinq longues balafres rougirent sa peau.  Il frémit sous la douleur, mais ne la lâcha pas.
Puis d’un coup tout bascula, dans les plis de son vêtement il trouva un poignard dont le manche était richement décoré. Il la tint devant lui, le poignard sous la gorge.
         -Je reste derrière toi, au moindre mouvement je te tue. Dis à tes gardes de vider le palais. Je ne veux plus voir personne. Sa voix basse et autoritaire la dominait.
         -Mais ils vont se douter de quelque chose, dit-elle faiblement et pourquoi maintenant ? On aurait pu s’amuser tous les deux, toi et moi, rien que nous deux, sa voix rauque et sensuelle lui agaçait les nerfs :
         -Fais ce que je te dis, et la pointe du poignard perça sa peau fragile, elle poussa un petit cri.
Il baissa le bras de façon à ce que les gardes ne voient pas l’arme. Appelle-les, maintenant dit-il d’une voix impérieuse :
         -Jaffas ! appela t-elle
Aussitôt un de ses plus fidèle serviteur se présenta :
         -Je ne veux plus voir personne dans le palais, cette nuit est pour moi et mon hôte.
         -Tout va bien ma reine ?
         -Oui, fais ce que je te dis, tu répondras de mes ordres sur ta vie.
Quelques instants plus tard Kali et Jack quittèrent la salle du trône. Sortir du palais, s’enfuir, tout cela ne fut qu’un jeu d’enfant. Sur la route du shapaï ils trouvèrent Daniel, Teal’c et Sam qui revenaient le chercher.
         -Vous en avez mis du temps ! dit Jack.
         -Je vois qu’en fait vous n’aviez besoin de personne dit Daniel d’une voix un peu déçue.

Base de Cheyenne Mountain

 

O’Neill passa la porte le dernier, titubant légèrement, il était épuisé.
         -A l’infirmerie tout de suite, dit Hammond
Et s’approchant de O’Neill,
         -Mais vous sentez le parfum colonel !
         -Oui mon général dit O’Neill un peu ennuyé, une odeur de serpent qui me colle un peu à la peau.
Ricanement de Daniel :
         -Oui notre ami Jack a beaucoup de succès auprès de ces dames en ce moment.
O’Neill gronda :
         -Daniel, n’oubliez pas de me rappeler de vous tuer !
         -Mon général, j’aimerais prendre une bonne douche et passer quelques vêtements avant de me soumettre aux piqûres de notre cher docteur !
         -Non, colonel, à l’infirmerie. D’ailleurs vous saignez. La douche peut attendre. Allez filez. C’est un ordre.
O’Neill était allongé sur un lit de l’infirmerie quand le général entra. Il voulut se lever.
         -Ne bougez pas colonel.
         -Comment est-il ? Demanda-t–il en se tournant vers Janet.
         -Bien pour quelqu’un qui est resté plusieurs jours dans le froid, mon général.
Par discrétion elle s’éloigna et laissa le colonel avec Hammond, qui écouta  son  long récit sans l’interrompre une seule fois. Jack à son habitude passa sous silence quelques petits détails…mais le général fine mouche comprit les allusions et de lui même combla les blancs.
         -Alors si j’ai bien compris colonel, vous vous êtes fait une ennemie de plus ?

         -Hélas, mon général, hélas !

 

A suivre dans  : Carter c'est maintenant !

 

 
 
Conçu par Océan spécialement pour Imagine.
[ Me contacter ]