Chapitre 3
Note du chapitre 3 : Je ne suis ni experte en serrures, ni experte en laser et autres technologies de pointes, je ne peux donc garantir l'exactitude des explications que je donne.
On frappa quelques coups à la porte.
- Oui ? fit Jack en relevant le nez de son livre.
- C’est Locke, dit la voix derrière la porte. Je peux entrer ?
- Bien sûr.
Jack se leva et alla à la rencontre de son interlocuteur.
- Un problème ? demanda t-il.
- Si on veut. Vous avez toujours la clef de la mallette sur vous ?
Il parlait bien entendu de la mallette dans laquelle se trouvait les quatre 9 mm.
Jack porta la main à son cou par réflexe.
- Elle est toujours là, le rassura t-il. Quelqu'un a tenté de l’ouvrir ?
- Ce quelqu’un a même réussi, malheureusement.
Le médecin soupira. Impossible, ça ne pouvait pas recommencer.
Il pensait qu’en quittant l’île et en arrivant ici, tous ces évènements bizarres allaient cesser.
- Vous avez remarqué quelque chose ? demanda t-il à Locke. Des allées et venues près de vos quartiers ? Des objets ayant changé de place ?
- Absolument rien, c’est bien là le problème. Et il n’y aucune trace sur la mallette. Visiblement personne n’a essayé de la forcer, j’ai examiné le mécanisme. Mais elle est bel et bien ouverte, et il manque un pistolet.
- Qui pourrait bien vouloir faire ça ? Et pour quelle raison ? D’autant plus que personne n’est au courant de l’existence de ces 4 pistolets mis à part vous, moi et Kate.
Locke n’avait pas non plus la réponse exacte à ces questions.
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- Et vous dites qu’elle ne se ferme plus ? interrogea Jack alors que les deux hommes se dirigeaient vers les quartiers de Locke.
- Oui, j’ai essayé plusieurs fois sans succès. Comme je vous l’ai dit, j’ai examiné le mécanisme, et il ne semble pas avoir été forcé. Tout du moins n’en porte aucune trace visible à l’œil nu.
Il appuya sur les boutons commandant l’ouverture de la porte.
- Le lieu du crime, annonça t-il avec un geste théâtral.
- Voyons ça, marmonna Jack, qui avait pensé à prendre une loupe dans sa sacoche de médecin.
Il se pencha pour examiner la mallette de plus près.
- Vous auriez une lampe-torche, s’il vous plaît ?
Locke lui en passa une.
- Vous savez, dit-il à Jack tout en regardant alentour, j’ai déjà une petite idée sur la raison qui a pu pousser le voleur à venir prendre un pistolet ici.
- Dites toujours, fit Jack qui testait différents angles de luminosité.
- Comme vous le savez sans doute, il y a une armurerie ici, mais elle est gardée en permanence par deux soldats en faction.
Je ne peux pas dire comment ce voleur a sut que nous gardions des 9mm. dans cette mallette, mais je pense que lui-même n’avait pas la possibilité de se procurer une arme à l’armurerie.
- Vous excluez donc qu’il s’agisse d’un soldat ?
- Exactement. Ce qui nous laisse donc deux options : ou bien il fait partie du personnel non militaire d’Atlantis, ou bien il s’agit d’un intrus.
Jack abandonna momentanément son inspection pour se tourner vers Locke.
- D’après John, le système de détection de la cité est extrêmement perfectionné. S’il y avait un intrus, il l’aurait détecté.
- Vous avez sans doute raison, reconnu Locke. Mais dans ce cas, pourquoi un membre du personnel voudrait-il se procurer une arme ?
- Je n’en sais rien, dit Jack qui avait repris son observation minutieuse du mécanisme, pour être honnête je… ah, attendez je vois quelque chose ! s’exclama t-il. On dirait que l’intérieur du mécanisme a été altéré, par… je ne sais pas, de l’acide, ou peut-être un laser, à vrai dire je pencherais plutôt pour cette dernière solution.
- Qu’est-ce qui vous fait croire ça ?
- L’acide aurait très certainement rongé une partie de l’extérieur du mécanisme et nous nous en serions aperçus. Avec un laser très fin, celui qui s’en est servi aura pu trancher proprement une partie de l’intérieur du mécanisme et ainsi débloquer la serrure, et ce sans que ce soit trop visible.
- Pas pour des fins limiers comme nous, en tout cas, plaisanta Locke.
Jack sourit.
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Il est en général très difficile de regarder droit dans les yeux quelqu’un avec qui vous venez de faire quelque chose que vous n’auriez pas du faire. Comme l’embrasser par exemple. Surtout si vous et cette personne et vous avez pour responsabilité de veiller sur plus de 200 individus. Surtout si vous venez de vous faire surprendre en position délicate par quelqu'un d’autre. Encore plus si ce quelqu'un d’autre est une espèce de maboul sans un poil sur le caillou et qu’il aime chasser le sanglier dans les bois. Mais ça c’est une autre affaire.
Elizabeth regardait obstinément la Porte des Etoiles, les mains croisées dans son dos. John s’était assis sur le bureau et attendait qu’elle daigne dire quelque chose après ce qui s’était passé.
- Rien de ce qui s’est passé dans cette pièce ne doit en sortir, dit elle avec la voix la plus glaciale qu’elle put produire.
- Allez dire ça à Locke, maugréa John dans sa barbe.
Elizabeth se retourna, l’air furieux.
- Si vous ne m’aviez pas délibérément fait des avances, rien de tout cela ne serait arrivé, Colonel.
Aïe. Elle venait de l’appeler par son grade, et ça c’était mauvais signe. Très mauvais signe.
Mais il n’allait pas se laisser faire. Elle exagérait.
- Des avances !? hurla t-il. Je vous ai fait des avances ?! Vous n’attendiez que ça !
- C’est vous qui avez commencé ! cria t-elle en retour.
Cette remarque puérile était tout ce qu’elle avait en réserve.
Cependant leurs éclats de voix n’étaient pas arrêtés par les cloisons en verre, et les techniciens qui se trouvaient à proximité levèrent la tête, étonnés.
- Dehors, dit-elle à voix basse.
- Elizabeth je…
- J’ai dit dehors, répéta t-elle avec un regard à faire froid dans le dos.
John sortit, non sans lui avoir jeté un regard chargé de reproches au passage.
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- Comment tu me trouves ?
- Euh…
Mais pourquoi fallait-il toujours que les femmes lui demandent son avis sur leur tenue vestimentaire ? Pourquoi fallait-il qu’on l’interrompe dans sa lecture passionnante de Guerre et Paix (gracieusement prêté par John) ?
Enfin pourquoi fallait-il que depuis ce maudit crash tout le monde demande son approbation à Jack même pour des broutilles ?
Kate attendait certainement un avis un peu plus développé que « Euh… ».
Non, décidément cet uniforme de civil qu’on lui avait prêté en attendant que de nouveaux arrivent de la Terre ne lui allait pas du tout.
- Jack ? dit-elle calmement pour le sortir de sa rêverie.
- Hum, hem… c’est bien, c’est beau… c’est moche ! termina t-il avec une légère boule dans la gorge. Il avait horreur de dire ou de faire quoique ce soit de désagréable à Kate.
- Trop grand hein ?
- Voila, c’est ça… dit-il avec soulagement.
Au fond, rien ne lui allait mieux que le bikini qu’elle avait brièvement porté alors qu’ils se trouvaient sur l’Ile.
Kate soupira.
- Peut-être que si tu enlevais le haut… commença Jack.
Dans son esprit, enlever le haut voulait bien entendu dire enlever uniquement la veste, dont les manches étaient vraiment trop longues.
Dans celui de Kate, en général, quand un homme lui demandait « d’enlever le haut », il sous entendait tout le haut. Elle fronça un sourcil.
Jack comprit sa bourde trop tard. Depuis le début, ses relations avec Kate avaient toujours été ambiguës.
- Enlever le haut ? Qu’est-ce que tu veux dire par enlever le haut ? fit Kate en crispant ses mains sur ses hanches.
- Juste la… enfin tu vois quoi, la…
- Ah oui, la… non parce qu’en fait pendant un moment j’ai cru que tu…
- Tu me connais, je n’oserais jamais te demander de…
Il détestait ce genre de situation où une tension pernicieuse s’immisçait entre les deux protagonistes, lesquels n’arrivaient plus à terminer leurs phrases, faisaient tout pour ne pas se regarder dans les yeux, et pour finir se demandaient lequel allait avoir le courage d’embrasser l’autre en premier.
Mais évidemment, aucun des deux ne céda à la tentation… (On remarquera, que, n’étant plus sur une Ile, c’était nettement plus compliqué).
Jack jeta un coup d’œil à sa montre.
- Je crois que c’est l’heure de rejoindre Elizabeth et John au mess…
Sa voix s’éteignit dans un souffle. Kate hocha silencieusement la tête.
Ils sortirent tous les deux de la chambre de Kate, avec sur le cœur quelque chose qui ressemblait fortement à de la déception…
**
Adieu l’ambiance réveillon de Noël, bonjour l’ambiance règlement de comptes.
Assis près de la baie vitrée au travers de laquelle on avait une vue superbe, Elizabeth faisait tout pour ne pas avoir à adresser la parole à John qui était assis en face d’elle, et Jack faisait tout pour ne pas regarder Kate.
Une atmosphère très sympathique en somme !
- Vous pourriez me passer le sel, Elizabeth, s’il vous plaît ? demanda sarcastiquement John.
Non, elle n’allait pas lui passer le sel. Elle n’allait pas lui donner cette satisfaction. Certainement pas.
En prenant bien soin de garder le regard planté droit dans ses spaghettis, Elizabeth lui envoya un très méchant :
- Vous vous êtes fait couper les bras, cet après-midi ?
L’autre resta interdit.
- Mais qu’est-ce qui vous prend ?
Jack et Kate levèrent les yeux, étonnés par la tournure que prenait la conversation.
- Qu’est-ce qui me prend ? Ma parole, vous en faite exprès ou quoi ? fit-elle en élevant de plus en plus la voix.
- Moi ?! J’en fais exprès ?! cria t-il en se levant.
- Parfaitement ! renchérit-elle en se levant à son tour.
- Et après vous allez encore dire que je vous ai fait des avances, hein, c’est ça ? hurla t-il en prenant soin que toutes les personnes présentes au mess entendent bien ce qu’il venait de dire.
Elizabeth était furieuse.
- Que celui qui n’a jamais pêché lance la première pique ! répliqua t-elle.
A présent, tout le monde avait lâché ses couverts et regardait l’incroyable scène qui se déroulait sous leurs yeux. Kate et Jack avaient du mal à croire les leurs.
John venait d’attraper Elizabeth par le col.
- Répétez ça, pour voir !
- Je vous interdis de me parler de cette manière ! Col…
- Je dérange, peut-être ?
L’intervention de Locke fit l’effet d’une douche froide, et il eut droit à quatre regards noirs.
Le problème avec les douches froides, c’est qu’elles ont tendance à rafraîchir l’ambiance.
Elizabeth, qui deux secondes plus tôt était d’une humeur volcanique, s’aperçut soudainement que le visage de John n’était qu’à quelques centimètres du sien. Et ses yeux… ses yeux qui étaient fixés sur ses lèvres…
Non, elle n’allait certainement pas le laisser l’embrasser une deuxième fois. Pas comme ça. Pas ici. Pas maintenant.
Elle partit d’un pas rapide vers son bureau.
John marmonna quelques paroles inintelligibles et partit dans la direction opposée.
Locke posa son plateau sur la table, inspira profondément, et prononça une phrase qui resterait dans l’histoire :
- Sacrée paire, hein ?
(On soulignera que Locke avait légèrement tendance à voir des paires partout, mais bon…)
**
- Il y a un truc entre ces deux là, vous ne croyez pas ?
- Aucune idée, fit Jack.
Locke pensait avoir du nouveau à propos du vol du 9mm. et il avait convié Jack et Kate (laquelle avait été mise dans la confidence 5 minutes plus tôt) pour leur faire part de l’avancement de ses « investigations ».
Kate était adossée au mur et attendait patiemment que Locke leur dise enfin ce qu’il avait appris, au lieu de relayer les commérages de la cité.
Celui-ci regarda alternativement Kate et Jack, qui là encore faisaient des efforts colossaux pour ne pas se regarder, ne pas se frôler, ne pas se parler. Il passa outre et commença :
- Je suis allé fouiner un peu du côté des laboratoires et…
Flashback
- Ne touchez pas à ça ! Ca pourrait être dangereux, dit Rodney.
- Vous êtes sûr que c’est bien le laser de Kavanagh qui a abîmé la serrure ? demanda Kate.
- On va pouvoir vérifier tout de suite, fit Locke.
Il produisit un petit tube argenté.
- Vous l’avez volé ? lui demanda Jack.
- Disons que je l’ai temporairement emprunté.
Locke passa le laser à Jack, qui l’activa.
En effet le faisceau lumineux était relativement fin, et il ne faisait aucun doute que Kavanagh ou n’importe qui d’autre avait pu s’en servir pour ouvrir la mallette. Une molette sur le côté du tube permettait de régler la longueur du faisceau.
Jack éteignit le laser, l’approcha le plus près possible de la serrure et le réactiva. Il l’éteignit de nouveau, prit sa torche et sa loupe, et inspecta l’intérieur du mécanisme.
- Le métal à l’intérieur est incandescent, et les dégâts sont sensiblement les mêmes que ceux que j’ai constaté précédemment. Aucun doute, c’est bien avec ce laser que la serrure a été altérée.
- Au moins nous avons une piste, dit joyeusement Locke.
Jack approuva.
- C’est vrai mais ça ne nous dit pas qui est actuellement en possession de ce flingue et ce qu’il compte en faire, intervint Kate.
To be continued…