Citations du moment :
La femme est assez proche de l'homme, comme l'épagneul breton. A ce détail près qu'il ne manque à l'épagneul breton que la parole alors qu'il ne manque à la femme que de se taire.
[Pierre Desproges]
Imagine

destin choisi ou choix destiné : Chapitre 3

Sam se rassit avec délice, soulageant ses pieds malmenés avec les nombreuses danses qu’elle venait d’enchaîner.

Elle adorait danser, mais quelle idée d’avoir mis des escarpins à si hauts talons !

Elle s’en mordait les doigts… enfin les pieds !

 

La soirée était maintenant bien avancée, plus de la moitié des personnes était partie et elle allait pouvoir souffler un peu, surtout que la musique devenait beaucoup moins rythmée.

 

S’adossant plus confortablement à sa chaise, elle regarda distraitement les couples se former sur la piste. Les premières notes d’un slow jazzy venaient de retentir, et conféraient une ambiance plus particulière.

Les lumières lui semblèrent même un peu plus tamisées… ou c’était peut être son imagination qui faisait des siennes !

 

Mais elle devait avouer qu’elle appréciait ce gala, et que, contre toutes ses attentes, elle ne s’était que très peu ennuyée.

Tout était à la hauteur d’un tel événement présidentiel… Le buffet, le bar, la musique… Et son illusion à maintenir.

 

Bien sûr, le début avait été difficile à gérer, mais le fait de rester à distance de son ancien supérieur l’avait beaucoup aidé.

Elle avait parfaitement su évoluer dans ce milieu qu’elle appréciait si peu, et elle s’en était finalement très bien sortie.

Le général Landry l’avait même félicitée de promouvoir, mieux que personne, la cause et l’utilité du SGC. Il avait précisé qu’elle était un exemple vivant d’une réussite à tous les niveaux.

 

… Tous les niveaux ?

Pas tous non, mais tous ceux autorisés… oui.

Quoique maintenant, elle n’était plus gênée par un certain règlement.

 

 

Leur situation devrait être claire… Et pourtant, ils n’avaient cessé d’échanger de nombreux regards, l’air de rien, tout en gardant une bonne distance entre eux pendant les courts moments où ils n’avaient pas été accaparés, ou ceux qui ne les avaient pas réunis pour raison professionnelle.

 

Ils n’avaient en tout échangé pas plus d’un « Carter » ou « Général ».

Leur complicité d’antan était bien loin, mais aussi amer que cela était à gérer, cela était préférable pour la jeune femme pour ne pas faire exploser la tension qui l’habitait depuis qu’elle avait de nouveau croisé Ses yeux noisette.

 

Mais elle ne voulait pas y penser.

Elle avait réussi, pendant ces différentes danses avec le gratin politique et militaire, à faire totalement abstraction de Sa présence, mais voilà qu’elle repartait à le chercher inconsciemment du regard.

 

Elle était pathétique !

Irrécupérable ? Peut être bien.

 

Elle soupira en ne l’apercevant pas au rapide tour de salle qu’elle fit.

Il était certainement parti.

 

Et toutes ses désillusions avec Lui.

Elle était fixée maintenant, elle ne comptait plus pour Lui.

 

Il n’avait même pas essayé d’engager la conversation avec elle.

Même pas une petite pointe d’humour, comme il en avait l’habitude quand il se sentait gêné ou que la tension était un peu trop pesante à son goût.

Enfin si, il avait essayé de la rejoindre à une autre reprise, sans y parvenir vraiment, tant il avait été retenu sur son chemin.

Son rôle de Général, et plus encore de chef de la défense Terrienne, lui conféraient d’énormes prérogatives et responsabilités… qui l’arrangeaient bien d’une certaine manière.

Elle se sentait si loin de lui à cet instant, qu’elle n’aurait pas forcement trouver comment se comporter avec Lui, en dehors de tout prétexte professionnel.

Rien n’était décidément vraiment simple quand il s’agissait de Lui... « D’Eux ».

 

Mais une chose était sûre. Avant, il ne serait jamais parti sans lui dire au revoir.

Comme il l’avait fait ce soir !

 

Les choses entre eux avaient tellement changées.

Tout était donc bel et bien fini avant même d’avoir un jour commencé.

 

 

Dans deux semaines, elle deviendrait donc Mme Shanahan.

Ce mariage ne serait plus inutilement repoussé.

C’était donc sa destinée.

Et c’était certainement mieux ainsi.

 

 

Pourtant un détail la sortit de ses pensées.

Quelque chose se tenait devant ses yeux.

 

… Une main…

Et quelle main !

 

Son rythme cardiaque s’emballa une nouvelle fois quand elle reconnut un détail.

Et quel détail !

Son cœur lui sembla même exploser dans sa poitrine.

 

Combien de mains avaient-elles cette cicatrice là  au dessus du pouce ?

Celle qu’Elle avait soignée au cours d’une mission off world, puis tellement regardée par la suite… pendant tant d’années.

 

Sam ferma alors les yeux. Elle n’avait pas besoin de faire remonter son regard sur le corps qui suivait cette invitation.

Elle devait d’abord maîtriser ses émotions, et la force qui oppressait sa poitrine.

 

Un seul mot confirma pourtant ses pensées et le trouble qui la dévastait à cet instant. Elle l’entendit à nouveau, face au manque de réaction dont elle faisait preuve.

 

            _ Sam ? … Youhou Carter, la Terre appelle la lune…

 

Sam releva alors brusquement la tête, cachant le plus habillement possible son émotion.

Une autre chose était sure, elle était douée… très douée !

 

Sauf qu’Il n’était pas parti !

Et que tout n’était vraiment pas aussi simple qu’elle l’avait pensé !

Elle refixa la main toujours tendue devant Elle.

 

Devait-elle la prendre ? Et accepter cette danse, alors qu’elle avait eu besoin de cette distance qu’Ils s’étaient imposés ce soir ?

 

Un frisson la parcourut tout de même rien qu’à cette pensée…. Qu’elle allait pouvoir sentir Son corps plus près du sien… voir même contre le sien.

 

Mais elle se fustigea intérieurement.

Ce n’était qu’une danse… Une simple danse !

Inutile qu’elle se fasse tout un film. Ce serait Juste une danse… (Comme cela aurait du être de simples retrouvailles, lui susurrait une partie d’elle qui sentait que le contrôle lui échappait.)

 

Avaient-ils d’ailleurs déjà dansé ensembles ?

Elle était incapable de répondre à cette question, face à l’ampleur de son trouble qui persistait.

 

La proximité de ce corps était décidément dangereuse pour elle !

Rien que son regard la mettait déjà dans tous ses états.

 

Et elle savait… qu’aucun autre homme ne lui ferait jamais ressentir ce même émoi avec autant de force.

…Cette émotion qui déferlait en Elle, telle un ouragan, malgré toute sa volonté à l’empêcher.

 

Elle finit tout de même par se lever, et saisit Sa main le cœur toujours au bord de l’explosion.

Après tout, le moment qu’elle avait tant attendu depuis son arrivée était enfin arrivé.

Surtout qu’Il l’avait appelé Sam.

 

Et réalisant alors la chaleur de sa paume dans la sienne, elle fut saisie de part en part par un trouble plus grand encore, les yeux rivés dans son regard.

Elle sut à cet instant, ou plutôt elle accepta, qu’Elle ne contrôlerait jamais totalement ce sentiment.

 

Et cette certitude fut plutôt amère. Car Il était…

… La seule faille dans le contrôle si perfectionné qu’elle avait construit pour se protéger.

… Sa plus grande force, depuis la mort de sa mère.

… Sa plus grande perte, depuis qu’il était parti.

… Son plus grand échec, enfin évident ce soir.

 

Elle ne savait pas non plus comment, mais elle sut également, qu’en quelque sorte… Il avait renoncé.

Il avait renoncé à un « EUX » !

 

Enfin, Elle sut qu’Il savait qu’Elle savait.

 

Leur « relation » allait-elle vraiment se finir ce soir ?

 

Ils avaient eu beau s’être beaucoup cherchés du regard, sans trop s’être approchés l’un de l’autre, cette danse avait tout des prémisses d’un adieu.

 

Mais fatiguée de se préoccuper de ce fait, Sam capitula et suivit son mouvement vers la piste, tout en slalomant avec lui entre différents couples et en se délectant du contact de sa main dans la sienne.

 

Combien de fois avait-elle eu cette occasion en 9 années ?

Encore plus se retrouver tout contre lui… enfin très proche ?

 

Bien trop peu à son goût… avis plutôt partagé semble-t-il, face à la pression que Jack exerça, involontairement et pourtant doucement, dans son dos.

 

Une toute nouvelle émotion, toute aussi dévastatrice, s’empara d’elle… et de son corps entier.

 

Avaient-ils encore quelque chose à perdre ?

 

 

Elle avait besoin de cet homme

Besoin de se sentir aimée…

… par Lui En particulier !

 

En exclusivité ?

Elle ne voulait pas répondre non plus à cette question.

 

Pourtant elle ne savait pas comment faire, comment se comporter… ou mettre ses mains… Quoi dire !

Si elle devait le toucher…

 

Tout était si bouleversé en Elle.

 

Avaient-ils vraiment partagés 9 ans l’un auprès de l’autre ?

Avaient-ils vraiment été si proches que ça ?

 

Elle avait l’impression de ne plus le connaître, d’être une étrangère sur un continent pourtant tant aimé…et désiré.

Avaient-ils tous les deux changés à ce point en un an ?

 

Un lourd et long silence passa, avant que l’un d’eux n’ose prendre la parole pour trouver un sujet de conversation.

Jack s’y hasarda le premier sur un ton le plus neutre possible, ne supportant plus le manque de réaction apparente de la jeune femme dans ses bras.

 

            _ Je sais qu’on a déjà dû vous le dire au moins mille fois ce soir, mais vous êtes vraiment en beauté… certainement la plus grande classe de cette soirée. Je suis heureux de voir un peu de douceur, bien trop rare dans ce monde de requins.

 

Sam ne répondit pas, mais ne pu s’empêcher de rougir à ce compliment si peu dissimulé, et si inattendu face à la tension qui persistait entre eux.

Cela ne fit que l’accroître davantage.

 

Elle ne releva pas non plus la tête, encore surprise, et se contenta de se mordre intérieurement la lèvre inférieure, restant malgré tous ses efforts touchée et flattée.

Dits par Lui, Ces mots prenaient un réel sens, alors qu’elle n’était pas habituée à Le voir aborder d’emblée un terrain qu’il avait toujours considéré comme trop glissant.

Il avait toujours été si peu expansif par rapport à ses propres ressentis, que cela en était vraiment destabilisant.

 

Si c’était l’effet qu’il avait souhaité provoquer, il avait mis dans le mille !

Et pourtant, il n’avait fait que la complimenter sur sa tenue.

Il n’y avait rien de très ambigu la dedans, quoique….

Pour la douceur… La jeune femme ne pouvait empêcher le doute de perdurer, puisque rien ne sortait par hasard de la bouche de cet homme.

 

            _ Ne me dites pas qu’en venant vous chercher, j’ai oublié d’inviter votre langue également ?

 

 

….  « Ma langue… »

Des images plutôt grivoises la submergèrent malgré Elle, finissant d’assécher sa bouche et d’entraîner son cœur dans une chamade plus endiablée encore.

Sam retint un gémissement et redressa vivement la tête.

 

Etait-ce Elle qui percevait les choses de manière déformée, ou y avait-il des sous entendus dans chacune de Ses phrases ?

 

Jack ne montrait pourtant rien qui pouvait étayer la fin de sa dernière pensée.

Visiblement, il ne faisait que de l’humour pour tenter de baisser la forte tension entre eux.

Et elle ne savait pas si c’était seulement de la déception qui lui enserrait le cœur à cet instant, malgré ses battements toujours aussi rapides.

 

Mais la jeune femme se fustigea une nouvelle fois intérieurement !

Elle était folle !

… Folle de…

 

Bon, ok, ça elle le savait déjà.

Et se retrouver dans Ses bras n’était pas du tout une bonne idée.        

Elle n’arrivait pas à empêcher son corps de réagir, et son esprit de vagabonder au delà de tout ce qu’elle s’était permis pendant toutes ces années.

 

Sa main, posée dans son dos, la brûlait littéralement.

Comment pouvait-elle arriver à en faire abstraction, alors que son corps en demandait plus… beaucoup plus…

Et si son imagination s’y mettait aussi, elle était mal barrée pour finir cette danse !

… qui devait rester une simple danse… mais qui lui échappait au fil des notes de musique, et de la chaleur qui se propageait dans tout son être.

 

 

            Jack se sermonna intérieurement, quand il prit conscience du double sens que pouvaient avoir ses paroles et surtout du plus grand trouble de la militaire dans Ses bras… qui faisait étrangement écho au Sien.

 

La jeune femme était-elle aussi troublée que lui par ce rapprochement physique, plutôt inespéré compte tenu de leurs situations actuelles ?

 

Devait-il se taire pour ne pas que ses tentatives d’humour ne lui échappent, et ne fassent qu’augmenter Son besoin d’Elle ?

 

Car s’il était un fait avéré… c’était bien qu’Il avait besoin d’Elle.

… Mais d’Elle dans sa totalité, ce qui était illusoire, et en complète opposition avec l’avenir que chacun se créait.

 

Il ne voyait pas comment aborder un sujet qui ne puisse pas déraper.

 

Pour l’heure, il concentrait surtout sa volonté à se contrôler.

A contrôler la distance à maintenir entre eux, et la pression qu’il exerçait au creux de son dos.

Et c’était une lutte de chaque seconde…. De chaque note de musique, pour ne pas succomber et toucher sa peau blanche et nue, que sa robe laissait largement dégagée… et offerte.

 

Chacune qu’il réussissait à passer était une victoire sur le besoin lancinant qui s’était emparé de lui dès qu’Elle avait posé la main dans la sienne.

 

Il savait que l’inviter n’était pas une bonne idée, mais il avait finalement craqué.

Il avait voulu leur offrir comme un adieu.

… une dernière danse… un dernier contact avant qu’Ils prennent séparément leur destinée en main.

Il était certain, qu’une fois mariés chacun de leur coté, ils ne se reverraient plus.

 

A quoi bon d’ailleurs ?

Il savait que Leur échec à être ensemble subsisterait toujours ; Alors fallait-il qu’ils se le rappellent ?

 

Pourtant, cette idée de ne plus jamais La revoir lui parut si intolérable, que quand il l’avait vu s’affaler sur une chaise, il s’était retrouvé il ne savait pas comment, à l’inviter à danser quand une musique langoureuse avait retentit.

 

Qu’importe s’il avait vu que la jeune femme était fatiguée. Tout ce qu’il avait voulu, c’était faire taire cette faim en Lui.

Il lui accorderait une danse…. Juste une danse… Une dernière qu’il graverait à jamais, et dont il devrait se contenter pour le reste de sa vie.

 

Sauf que son besoin était devenu si puissant à cet instant, qu’il échappait à sa volonté aussi grande soit-elle.

Il avait jusque là réussi à lui résister presque brillamment toute la soirée, en se tenant suffisamment à l’écart d’Elle quand il avait pu le faire.

Certes il l’avait peu quitté du regard, mais tant qu’il n’avait pas été à coté d’elle, voir presque collé à Elle, il avait pu gérer.

 

Mais maintenant que Leurs corps se frôlaient, il ne dirigeait presque plus rien, se laissant envahir par la mélodie plutôt sensuelle, et ses sensations qui occasionnaient en Lui davantage de frissons.

Il remarqua la même réaction chez sa partenaire, pourtant aucun d’eux ne s’écarta.

Aucun ne semblait pouvoir éviter une suite non contrôlée des événements.

 

Le voulait-il vraiment ?

Le voulaient-ILS vraiment ?

 

 

Jack serra davantage la main de Sam dans la sienne, puis les posa sur son torse, tandis que l’autre se plaça d’une manière plus appuyée sur la chute de ses reins.

Sam mit sa main libre sur l’épaule de son inespéré cavalier, finissant de les rapprocher un peu plus.

 

Qu’importe les circonstances de sa vie actuelle, ce soir elle réalisait presque un rêve… Etre dans Ses bras en dehors des contingences militaires…. Bien qu’ils les représentaient malgré tout.

Elle dansait enfin avec lui, et elle devait reconnaître qu’il était un très bon danseur.

Elle prit à son tour la parole, pour amener ses pensées vers une autre attention, que celle de ses sensations… vertigineuses.

 

_ Je ne savais pas que vous dansiez si bien.

 

Jack lui envoya un de ses plus beaux sourires, tout en captant son regard.

Il réussissait finalement cacher mieux que prévu son désir, tout comme la jeune femme.

Ils savaient tous les deux donner le change, mais aucun n’était dupe. 

 

Suivant la mélopée de la musique, il La renversa en arrière, gardant la position et collant un instant plus encore son corps contre le sien.

Finalement, la danse l’aidait à reprendre un peu plus le contrôle de lui-même, alors il n’allait pas s’en passer, surtout qu’il avait une très bonne cavalière entre les mains.

 

_ Je vous renvoie le compliment, mais pour ma part, cela fait partie de mes talents cachés… parmi d’autres que je me ferai un plaisir de vous faire découvrir.

 

Sam se contenta de le sonder du regard, quand il fut encore plus proche d’Elle.

Etait-il vraiment sérieux ?

 

Mais elle n’eut pas le temps d’y trouver une réponse, qu’il avait repris Leur danse, la faisant tourner à plusieurs reprises, avant de repositionner Leurs mains dans leur position initiale, mais d’une manière un peu plus appuyée.

 

Pourtant, même si elle suivait sans aucune difficulté les différents pas qu’il enchaînait avant de reprendre un déplacement tranquille, une telle ambiguïté dans ses paroles ne pouvait que la laisser déconcertée…

Car cette fois ci, ce n’était pas qu’une seule interprétation de sa part…. de son imagination.

 

Et il n’y avait apparemment aucune ironie… ni aucune plaisanterie.

Il n’était pas non plus sous l’emprise de l’alcool…. Restant avec elle une des rares personnes encore claires de toute cette soirée.

Le champagne avait coulé à flot et elle savait qu’il avait à peine touché à sa flûte.

 

Alors face au sourire charmeur mais sincère qu’il affichait, elle allait finir par le croire…

Elle le voulait fortement en tout cas.

 

 

Sam soupira, et arrêta pour une fois de penser pour profiter de l’instant.

… Juste Elle et Lui.

 

Ils perdirent ensuite progressivement toute notion de temps, quand ils se laissèrent bercer par la douce mélodie et la voix enjôleuse du chanteur.

 

Tout ce qui ne fut pas Eux… Leur contact… disparu… sans qu’ils ne s’en rendent compte, comme si une bulle venait de les séparer de tout le reste.

 

Il n’y avait plus de passé, de gala, de grades, de Maison blanche, de Tension…

Ils n’étaient simplement plus qu’un homme et une femme dansant ensembles et appréciant ce fait.

 

Sam initia alors la fin de leur rapprochement, en posant sa tête au creux de Son cou, tout en se délectant de ses sensations et en s’enivrant de Son odeur…

De ce corps maintenant pressé complètement contre le sien.

 

Et dieu que c’était bon !

 

 

Jack ne se fit pas prier pour resserrer son étreinte autour d’Elle… qu’il tenait enfin dans ses bras, comme il l’avait si souvent espéré.

A cet instant, il ne la consolait pas. Il n’avait même pas de raison à invoquer pour le faire.

 

Ils bougeaient maintenant d’un même mouvement, dans une totale harmonie.

Ils étaient certainement bien plus proches qu’ils ne l’auraient du…

Ils n’en avaient pas le droit… Restant paradoxalement les représentants d’un monde où les sentiments n’avaient pas de place.

Mais Jack ne pouvait s’empêcher de vouloir la sentir contre lui… De sentir Sa peau douce sous ses doigts… avec d’autant plus de force, qu’elle semblait le souhaiter autant que lui.

 

La tête posée contre la sienne, il laissa descendre lentement et sensuellement sa main du haut vers le bas de son dos nu, puis vers ses hanches et ses reins, en se délectant des frissons qu’il faisait naître à son passage.

 

Sam était vraiment contre lui !

Sam frissonnait contre Lui… grâce à Lui.

Il caressait vraiment Sa peau, et elle le faisait complètement chavirer, au point qu’il en perdait presque tout son légendaire self control.

 

Et si cela continuait ainsi… Ils risquaient gros… surtout au nez et à la barbe du président et des chefs d’état majors restants.

Mais surtout… depuis qu’il avait senti la main libre de la jeune femme quitter son épaule, où elle s’était accrochée, pour remonter lascivement jusque sa nuque et caresser la base de ses cheveux.

 

Ils étaient maintenant plus proches que jamais…. Complètement envoûtés et transportés par leurs contacts de plus en plus appuyés.

 

Leur restait-il à cet instant encore une once de contrôle et de sang froid ?

 

Tous deux étaient pourtant conscients du tournant que prenait la situation…une simple danse comme ils essayaient encore de s’en convaincre.

Mais aucun ne pouvait cesser, ni s’écarter… cherchant loin en eux un moyen de se reprendre et de faire bonne figure.

 

 

 

Jack finit par libérer la main douce posée sur son torse, mais à son plus grand étonnement, celle-ci finit dans son dos, tandis que la sienne alla rejoindre la seconde au creux des reins de la jeune femme.

 

Leurs mains étaient-elles soudainement douées d’une volonté indépendante ?

 

Car si avant ils étaient collés l’un à l’autre… c’est à peine s’ils distinguaient maintenant les limites de leur propre corps, malgré le ballet incessant qui avait repris dans leur dos respectif.

 

Et à leur grand bonheur, la musique n’en finissait pas…. où étaient-ils déjà complètement en dehors des limites du temps ?



Ayant de plus en plus de mal à prendre sur lui, Jack finit par approcher doucement ses lèvres des cheveux de Sam…. De ses tempes… se contentant de la frôler de son souffle, n’ayant pas encore perdu toute sa raison pour goûter sa peau, pourtant si tendrement offerte, dans ce lieu toujours si inapproprié.

 

La soirée avait décidément pris le tournant plus que craint, mais pourtant si espéré et inespéré.

 

Les frissons non dissimulés de la jeune femme le firent même presque vaciller.

Ok, il ne contrôlait plus grand-chose… mais il ne perdait pas non plus de vue où ils se trouvaient.

Pas encore…

 

Et presque plus, quand, le cœur au bord de l’explosion, il sentit la joue de Sam bouger contre sa bouche, réduisant lentement l’espace qui la séparait de la sienne.

 

L’alerte sonnait à tout rompre dans leurs têtes, mais ne changeait cependant strictement rien à la distance qui s’amenuisait davantage à chaque seconde.

 

Auraient-ils vraiment l’audace d’aller au bout de leur geste ?

Le culot de s’embrasser enfin ? Sous d’innombrables paires de yeux hautement gradées ?

 

Car Jack savait qu’il ne pouvait pas passer inaperçu avec une telle femme dans ses bras, d’autant plus collée à Lui.

 

Pourtant, cela n’y faisait rien non plus.

Qu’est ce qui pourrait maintenant les arrêter, alors que leurs lèvres se frôlaient enfin ?

 

Ils se regardèrent un instant…

Longuement…

Gravement… Pour voir s’il y avait la moindre hésitation chez l’autre, et surtout pour reprendre pieds face au désir mutuel auquel ils étaient sur le point de succomber.

 

 

Mais ils ne purent rien faire d’autre qu’ils furent dérangés par le Président russe nouvellement nommé, et arrivé depuis peu.

Et comprenant à peine ce qu’il leur arrivait, ils eurent toutes les peines du monde à revenir à la réalité…. Où la musique avait changé.

 

_ Général O’Neill, puis-je vous emprunter votre charmante compagne ? 

 

Jack se reprit difficilement, desserrant son étreinte sans pouvoir encore la rompre.

 

_ Heu… Sam n’est pas ma compagne… elle e… 

 

Leur interlocuteur se tourna vers la jeune femme.

 

_ Vous êtes Samantha Carter, le fameux colonel d’SG1 ? 

 

Sam sentit la terre s’ouvrir sous ses pieds au retour brutal de leurs grades.

 

_ Heu… oui.

 

Le dignitaire russe les montra successivement du doigt.

 

_ Et vous n’êtes pas… ? 

 

Le Général le coupa et se détacha complètement de Sam.

 

_ Carter est mon ancien second…

            _ Je vois… je croyais pourtant…. 

 

Mais l’importun ne finit pas sa phrase face à la mine gênée de ses interlocuteurs, puis se tourna à nouveau vers la jeune femme.

 

            _ Mais permettez moi de vous dire que vous êtes plus qu’extrêmement ravissante…  Voudriez vous bien de faire l’honneur de m’accorder cette danse ? 

 

Sam se sentit plus mal que jamais face à ce retournement de situation, et à ce qu’elle avait vu dans le regard de Jack. A un point tel, qu’elle eut du mal à donner une réponse claire.

 

            _ Heu… Je…un peu plus tard Monsieur… si vous voulez bien m’excuser.

 

Son illusion et le rôle qu’elle s’efforçait de jouer venaient de voler en éclats, la laissant face à son mal-être et une gêne incroyablement décuplés.

Elle partit ensuite aussi vite qu’elle le put, sans croiser aucun regard.

 

Jack essaya bien de la retenir, mais elle lui répondit négativement d’un geste de la main sans se retourner.

Elle devait d’abord se reprendre, et faire partir cette sensation de nausée qui était brusquement revenue la submerger.

Elle trouva fort heureusement les toilettes des dames déserts, et alla s’appuyer à un lavabo pour regarder son pale reflet dans le miroir.

 

Ils étaient loin les frissons, et les sensations obnubilantes, qu’elle avait ressentie il y a quelques minutes à peine.

Maintenant, elle se sentait à nouveau s’enfoncer dans un gouffre.

C’était presque comme si elle ne reconnaissait pas l’image de cette femme blessée qu’elle voyait se refléter devant Elle.

Comment avaient-ils pu laisser la situation déraper ainsi ?

 

La magie de cette danse avait définitivement disparue pour laisser place à une amertume et une frustration indescriptibles.

 

Mais qu’est ce qu’il leur avait pris d’aller aussi loin ? Dans la salle de bal de la maison blanche en plus !!!

 

Ils savaient pourtant qu’ils avaient eu chaud… très très chaud… et dans tous les sens du terme !

 

Que se serait-il passé si ce Président ne les avait pas coupé dans leur élan ?

 

Ils avaient beau ne plus être dans la même chaîne de commandement direct, les répercussions auraient été énormes… pour eux… pour le SGC…. Surtout dans un lieu tel que celui-ci.

 

 

Et pourtant… ils l’auraient fait… depuis le temps qu’ils l’espéraient.

Elle en avait la certitude.

Ils se seraient embrassés…vraiment, sans virus, situation critique ou boucle temporelle.

Et elle n’arrivait pas à savoir ce que cela lui aurait fait.

 

Déjà que sentir Ses lèvres frôler enfin les siennes avait eu un effet dévastateur.

Alors ?

 

Le saurait-elle un jour ?

Elle en doutait franchement !

Ils venaient de laisser passer leur seule chance.

Leur seule occasion.

 

En auraient-ils d’autres ?

 

Cela allait-il maintenant changer leurs rapports déjà si ambigus ?

Leurs mariages à venir ?

 

Avaient-ils été trop loin ?

Pas assez ?

 

Allaient-ils avancer enfin... ?

Ou reculer encore ?

Voir mieux, disparaître complètement de la Vie de l’autre ?

 

Sam se laissa tomber contre le mur à coté d’elle, et replia ses genoux contre elle-même, autant que sa robe le lui permettait.

Elle lâcha alors les larmes qu’elle avait retenues depuis la claque qu’elle venait de se prendre par la réalité.

 

Ils n’auraient jamais du venir sans leurs conjoints respectifs.

Elle l’avait su avant même de venir… Et pourtant elle l’avait quand même fait, quand Pete lui avait dit qu’il serait finalement indisponible.

 

Elle avait alors espéré…

Mais si seulement elle avait écouté sa raison… juste sa raison…

 

Tout cela ne serait alors jamais arrivé.

Tout serait moins compliqué.

Rien ne serait sur le point de changer.

Il n’y aurait pas eu de choix à faire, et Personne n’aurait eu à en souffrir.

 

 

 

            Jack, lui, soupira de frustration, en faisant une énième fois le tour de la salle.

Il avait réussi à se débarrasser du bip de Président russe, et il ne La retrouvait pas.

 

Réprimant un sentiment de rage qui l’envahit, il devait retrouver son calme.

Il haïssait encore plus les russes maintenant !

 

Et surtout il avait peur qu’Elle soit partie… dans l’état si bouleversé que leur échange l’avait laissé.

 

Non pas qu’elle soit la seule à avoir été touchée… Il était…

… ébranlé au plus profond de lui-même.

Seule cette femme réussissait à le toucher aussi personnellement.

Quoiqu’il fasse, elle avait accès à une partie de Lui qu’il avait toujours préservée et jamais dévoilée à quiconque.

 

Alors, oui… Lui aussi était bouleversé !

Sauf qu’il ne pouvait pas le montrer.

Il ne le voulait pas.

 

Et ne pas la trouver faisait grimper en flèche son angoisse.

Il avait fait tous les endroits possibles et accessibles de cette grande enceinte.

 

Tous ?

Non, il lui restait les toilettes des dames.

Devant lesquels il se trouvait à cet instant précis.

 

Et il hésitait à entrer.

Non pas que cela l’aurait dérangé dans d’autres conditions. Mais il se trouvait dans un lieu hautement symbolique.

Donc si on l’apercevait à fureter dans cet espace si inapproprié aux hommes, cela aurait de fâcheuses conséquences.

 

Un Général ne pouvait se permettre un tel acte dans la Maison Blanche !

Les bruits couraient ici encore plus vite qu’ailleurs, et il était étonné de ne pas avoir encore entendu quelque chose sur sa petite aparté avec Carter.

 

Mais il se foutait du qu’en dira-t-on, ou que ça se transforme en « frasque » dans ce milieu.

Non, tout ce qui l’intéressait était de La retrouver.

 

Alors devait-il entrer ? Contre toutes les conventions sociales requises ?

Car si la jeune femme était encore dans le bâtiment, ce ne pouvait qu’être ici.

 

… Dans ce lieu hautement bien trouvé pour ne pas être dérangée.

 

Regardant de nouveau à droite, et à gauche, puis en l’air également… (Il y avait des cameras partout dans cette fichue baraque!) Il apposa son oreille contre la porte…. pour être sûr qu’il n’y avait personne dedans.

Il ne voulait pas se faire surprendre par quelqu’un, dans une situation plus que délicate. Même pas par une femme.

Alors, il fut soulagé de n’entendre, ni de ne voir personne à l’horizon.

 

Il reporta son attention sur la porte, puis inspira un bon coup.

Il en était presque pathétique ! Mais tout de même, cela concernait son honneur… Sa réputation, aussi peu y attaché soit-il !

Il pénétra alors dans la pièce « interdite » avec une certaine curiosité.

Les toilettes des hommes étaient certes conventionnels… mais pourtant très agréables.

 

Il voyait enfin celui des femmes, et peut être qu’il comprendrait ainsi pourquoi elles aimaient tant y aller, et qu’elles pouvaient y rester un bon moment.

… comme la salle de bain !

 

Mais il n’aurait pas de réponses aujourd’hui.

Pour lui des toilettes étaient… des toilettes ! Et il ne comprenait même pas pourquoi il se prenait la tête avec ça !

 

Non, il était juste déçu… car la pièce, aussi jolie soit-elle, était vide de la présence qu’il recherchait tant.

 

Sam était donc bien partie !

… PARTIE.

 

Allait-il la revoir un jour ?

Un jour très prochain… avant son mariage si possible.

 

Car après, tout serait définitivement fini.

 

 
 
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