-Je crois que Kali a installé des mouchards dans le système mon général, je n’arrive pas à les enlever.
-Cela ne peut pas venir d’autre chose major ?
-Je ne pense pas mon général, à mon avis elle contrôle toujours la base.
-Mais alors pourquoi attend-elle si longtemps ?
-Elle doit se reconstituer une armée de jaffas, dit Teal’c. Elle ne doit pas être prête.
-Maintenant, parle-moi de ta base ?
Il ouvrit des yeux effarés :
-Qu’est ce que tu veux que je te dise, ça fait si longtemps que j’en suis parti, ils ont sûrement tout changé.
-Viens voir.
Elle le conduisit sous le palais où un important dispositif informatique était installé.
-Waou ! dit-il surpris
-Tu t’y connais en informatique ?
-Pas du tout, tu sais t’as pas choisi le plus fort au niveau de … et il toucha sa tête.
Elle rit.
Depuis qu’elle savait qu’il l’aimait elle était heureuse, apaisée. Elle n’avait plus besoin, ou rarement de le faire souffrir. On ne se guérit pas de ses vieux démons en un jour.
-C’est dommage que tu ne puisses apprécier, je sais tout ce qu’ils font dans ta base :
-Vraiment tout ?
-Oui, j’y ai mis des mouchards, qui envoient des impulsions dans le sub espace. Oh ! La femelle doit bien s’apercevoir que quelque chose ne va pas, mais elle est incapable de savoir d’où cela vient.
-Elle doit bien s’en douter. Non ?
Elle rit :
-Ça n’a aucune importance, je sais tout ce que je dois savoir, et je peux leur donner de fausses informations. C’est comme ça que vous avez été sur la planète d’Hadès. Vous vous en êtes encore tirés cette fois là, dit–elle non sans admiration.
Sa voix perdit un peu de sa fermeté :
-Et tu continues à leur donner de fausses informations
-Bien sûr, il y a déjà de nombreux morts dans vos équipes.
Son cœur battit un peu plus vite :
-Sg1 ?
-Non, je me les garde. Mais tu t’intéresses encore à eux ? Fais attention !
Quelquefois le naturel reprenait le dessus et elle avait du mal à se contrôler. Elle était encore tentée de le faire souffrir. Un regard de lui suffisait à la calmer. Il avait tout pouvoir sur elle.
-Je voudrais que tu cesses ton projet d’attaque contre la Terre.
-Et pourquoi ferais-je ça ?
-Parce que je te le demande.
-Ah le petit colonel demande et ça suffit ? Non mais tu te prends pour qui ?
Il la fit taire d’un baiser, elle se laissait faire, elle l’adorait, il la rendait folle. Il savait être doux et si fort en même temps. Elle adorait jouer les faibles femmes, elle se pâmait dans ses bras.
-Promets-le moi et je te ferai… (il lui murmura quelque chose à l’oreille) elle rit d’un rire de gorge. Mais en même temps elle se méfiait. Tout à la fois elle voulait lui faire confiance.
-Et que me donneras-tu en échange.
-Moi
Elle rit :
-Mais je t’ai déjà !
-Oui, mais pour toujours, je leur dirai de ne pas venir me chercher. Si je leur dis, ils m’écouteront.
-Pourquoi te ferais-je confiance ?
Il répondit par une autre question :
-Quel est le plus important pour toi, la Tauri ou moi ? Il y a d’autres mondes à conquérir, tu sais et je t’aiderai.
-Tu ferais ça ?
-Oui, et si tu t’attaques à la Terre tu devras partager avec les autres grands maîtres, tu l’as oublié ? Tandis que si tu renonces, tu pourras conquérir ce coin de la galaxie, où tu es seule, tu n’auras à partager avec personne.
Elle rit encore :
-Je ne te connaissais pas si fin stratège.
-C’est mon métier, je suis militaire, même si je n’en porte plus l’uniforme. Alors tu dis oui ?
-Je saurai te rappeler ta promesse.
-Tu n’auras pas besoin.
Tout était calme dans la base.
Sam vaquait à ses occupations le cœur un peu plus lourd chaque jour. Elle parlait souvent avec Daniel de leur ami commun. Cela lui faisait du bien. Les mois avaient passé et on ne savait toujours rien.
Puis un jour Anise revint.
-Vous allez pouvoir partir, un vaisseau sera sur place demain.
Sam avait peur qu’il ne soit trop tard pour le colonel. Il avait l’air si mal la dernière fois quand il était apparu sur les écrans.
Tout était calme dans la base.
La lumière s’éteignit, les ordinateurs aussi. Le vortex s’ouvrit et la flaque bleutée jetait des lueurs froides dans la pénombre de la salle d’embarquement.
-Coucou, c’est moi !
Le visage souriant du colonel O’Neill apparut sur tous les écrans de la base. Il avait l’air en forme. Près de lui se tenait Kali, triomphante.
-Je voulais juste vous dire, de ne pas me rechercher, nous allons partir tous les deux.
Sam horrifiée vit Jack prendre la main de Kali et lui donner un baiser sur les doigts. Ils se regardaient comme deux amoureux.
-Colonel O’Neill dit Hammond, vous êtes sûr que tout va bien ?
- Très bien, George, nous partons à la conquête de l’univers.
-Jack ! Dit Daniel, elle vous a transformé en goa’uld ?
-Pas du tout, je suis toujours moi-même.
-Ah oui, j’allais oublier de vous dire que Kali renonce à son attaque sur la terre. Les mouchards vont s’autodétruire dans le système de la base.
-Et que veut-elle en échange colonel ?
-Moi
-Vous avez accepté ?
-Je le lui ai même proposé, n’est ce pas ma reine ? Dit–il en se tournant vers la déesse.
-Je vous le promets, dit la voix rauque de Kali, dès que cette communication sera terminée, nous ne pourrons plus jamais communiquer, et je laisserai la Tauri.
La communication fut brutalement coupée. Tout revint à la normale et le vortex se referma.
Ils étaient atterrés.
-C’est impossible, c’est une ruse dit Teal’c. O’Neill ne peut pas être passé à l’ennemi comme ça.
Sam pleurait sans pouvoir se retenir.
Daniel essayait de la consoler comme il pouvait.
-Nous allons aller le chercher, tout est prêt. Il faudra qu’il nous le dise de vive voix s’il veut faire sa vie avec elle.
-Nous allons revoir cet appel, il y a peut-être quelque chose qui nous a échappé, dit le général Hammond.
-J’ai trouvé dit Hammond quelques instants plus tard, il m’a appelé George.
- Ce n’est pas votre prénom ? Dit Daniel surpris.
-Si bien sûr, mais le colonel m’appelle toujours général. Je me rappelle au début du programme nous avions mis au point un petit stratagème, si le colonel était sous influence au cours d’une mission, ou menacé, et que nous pouvions communiquer, nous avions convenu qu’il m’appellerait George. Je ne m’en souvenais plus. Mais ça vient peut–être de lui sauver la vie.
-Nous partons quand dit Sam ?
-Tout de suite.
Sam était heureuse c’était son père qui conduisait le vaisseau de la Tok’ra, c’était de bonne augure. Hammond était du voyage.
En quelques jours ils arrivèrent à destination et se posèrent sur un endroit désert assez éloigné du palais de kali.
Ils progressèrent de nuit, en se cachant. Les premiers gardes furent tués sous l’effet de la surprise. Mais ils furent étonnés de voir si peu de jaffas. Kali préparait déjà son offensive et en avait expédiés sur ses vaisseaux pour préparer le terrain. Elle se préparait à partir quand elle entendit les premiers tirs d’armes. Elle reconnut le bruit des pistolets mitrailleurs des terriens. Elle fut prise d’une rage folle. Mais c’était trop tard, elle était entourée d’humains qui la menaçaient.
C’est alors elle le vit : LUI, transformé, le visage dur, les yeux impitoyables, il avait à la main une de ses armes qui tuent.
Elle ne bougea pas. Tous firent silence. Ils l’entouraient, elle se savait perdue.
-Vas y tire ! Dit-elle à O’Neill, je sais que tu n’oseras pas, ta faiblesse de terrien sera la cause de ta mort.
A l’instant même où elle levait la main, une rafale la plia en deux. Elle tomba en un mouvement qui parut très lent à O’Neill, il laissa tomber son arme fumante, et s’agenouilla près d’elle.
Elle mourut dans ses bras, elle le regardait hésitant entre la fureur et l’admiration. Ce fut l’admiration qui l’emporta :
-Tu es vraiment quelqu’un …
Jack se releva lentement
-Rentrons.
Le briefing réunissait ce matin là, Daniel, Sam et Teal’c autour du général Hammond.
-Asseyez vous Docteur Frazier dit le général à Janet comme elle venait d’entrer dans la pièce.
-Mon général, dit Janet, je suis effarée de l’état du colonel. Son sang est empoisonné par une foule de drogues que je n’arrive même pas à identifier. L’arme de poing de Kali a fait des dégâts dans son dos, je n’ai jamais vu ça, le scanner montre des tendons arrachés et un écrasement des nerfs. Il souffre le martyre, et malheureusement je ne peux lui donner aucun calmant. Cela pourrait le tuer.
-Que comptez-vous faire docteur ?
-Rien pour le moment, seul le repos peut le sauver, et lui-même, s’il en a la force.
-Une telle captivité doit laisser des traces indélébiles dit Daniel, il a besoin sans doute de temps. Est-ce qu’on peut aller le voir ?
-Oui les visites sont autorisées, c’est lui qui ne veut voir personne.
Daniel s’arrêta devant la porte de l’infirmerie, et hésita. Il prit une bouffée d’air et entra. Jack était étendu et paraissait dormir. Une infirmière vérifiait sa perfusion, il y avait toujours quelqu’un en permanence près de lui, on ne le laissait jamais seul. Sur un signe de Daniel, l’infirmière s’éloigna mais resta à proximité derrière la vitre.
-Jack, dit Daniel à voix basse, je sais que vous ne dormez pas.
Un grognement lui répondit.
-Je voulais juste voir comment vous alliez, et si vous aviez besoin de quelque chose. Vous savez que vous pouvez compter sur moi, et sur nous tous.
Il s’assit sur une chaise près du lit, et commença à parler.
-Vous ne devinerez jamais Jack ce qui m’est arrivé l’autre jour… Il lui raconta la vie de la base pendant son absence. Lui permettant ainsi de recoller avec la réalité. Jack ne parlait pas mais il écoutait, un léger sourire effleurait ses lèvres au récit d’une anecdote.
Ils se relayaient à son chevet, Sam, Teal’c, même le général. Ils ne le laissaient jamais seul. Ainsi Jack, put découvrir qu’on ne l’avait jamais laissé tomber. Si sa captivité avait été si longue, c’est qu’on ne savait pas où il était. Et quand on l’avait découvert, le problème s’était compliqué par le fait que la planète n’avait pas de porte des étoiles. Il put aussi se rendre compte de la place qu’il avait au sein du SGC. Il en fut doucement ému.
Ses blessures physiques se remettaient, au bout de 3 semaines, il put se lever et assista à son premier briefing.
Il était changé, il ne parlait presque pas, juste quelques mots pour l’essentiel, ce qui les inquiétait c’est qu’il ne faisait plus aucune blague. C’était un mur de silence.
-Général, dit-il ce matin là, je voudrais repartir en mission.
-Non colonel, le général hochait la tête avec regret, je ne peux pas.
Jack eut un sursaut de colère
-Pourquoi ?
-Le docteur Frazier n’a pas donné son feu vert. Elle dit que vous souffrez encore beaucoup, et que vous n’êtes pas en état.
-Je me sens bien dit-il.
-Non Jack, je regrette.
Alors le colonel comprit
-Vous n’avez plus confiance en moi, c’est ça ? Son regard se fit très dur, il se posa sur chacun comme pour les jauger. Alors dans ce cas c’est simple, vous aurez ma démission sur votre bureau tout à l’heure mon général.
-Jack, dit Hammond, ne soyez pas si dur. Et de toute façon je refuse votre démission.
Il ajouta en pesant ses mots :
-Colonel, votre captivité a duré 7 mois. C’est long, nous devons savoir ce qui s’est passé.
Jack ébaucha un geste,
-Laissez moi finir colonel, vous connaissez les règlements, vous avez eu des relations très ambiguës avec Kali,
Et comme Jack rougissait violemment :
-Attention je ne vous accuse de rien, mais je dois savoir, nous devons savoir. Vos hommes doivent savoir. La confiance a pu être mise un peu à mal, vous devez l’admettre. La dernière apparition que vous avez faite sur nos écrans nous a laissé pantois. Il fallait avoir une sacrée confiance en vous pour même supposer que vous puissiez jouer la comédie. Vous paraissiez très proche de cette goa’uld. Elle ne vous menaçait pas, elle n’avait même pas son arme de poing. Donc vous étiez libre de parole. On a même eu l’impression que c’était vous qui la commandiez, ce n’est pas banal ça ! Je veux bien croire qu’elle vous avait drogué, mais vous paraissiez très à l’aise. On était en droit de croire que votre captivité n’en était pas une. D’ailleurs, je dois vous avouer que j’ai été tenté de vous laisser tomber. Vous étiez un adulte consentant, après tout, et libre de choisir votre destin. Seul le fait que vous m’appeliez par mon prénom m’a mis la puce à l’oreille, et cela a fait pencher la balance en votre faveur. Mais vous pouvez remercier Teal’c, le major, et le docteur Jackson, ils ne vous ont jamais laissé tomber.
-On n’abandonne pas les nôtres, mon colonel, dit Sam.
Le regard de Jack se radoucit, il lui sourit sans répondre.
-Alors si j’ai bien compris mon général, vous me collez un rapport monstrueux, et je n’ai pas le choix, c’est bien ça dit-il en soupirant.
-Vous avez parfaitement compris. Je veux tout savoir. D’ailleurs ça vous fera du bien de le faire. Il ajouta un peu sèchement
-Colonel vous êtes consigné à l’infirmerie. Vous n’aurez à votre disposition qu’un ordinateur, c’est tout. Vous n’avez qu’une seule chose à faire : votre rapport.
Jack eut un haut le corps
-Consigné mon général ?
-Consigné et sans visite.
Le colonel O’Neill se leva et quitta la pièce sans un mot.
Janet l’attendait
-Vous étiez au courant vous, n’est-ce pas ? Dit-il d’un ton rogue.
-Oui colonel.
-Allez au travail !
-Je ne sais même pas par où commencer. C’est impossible de me rappeler de tout, c’est long sept mois.
-Alors travaillez par thème. Découpez votre récit, ne cherchez pas l’ordre chronologique. Faites comme ça vous vient. Mais il y a plusieurs choses auxquelles le général tient tout particulièrement : ce que vous avez éventuellement dit sur la Terre, vos conditions de détention, l’évolution de vos relations personnelles avec Kali. Et ce qui s’est passé entre vos deux apparitions sur les écrans de la base. Comment vous en êtes venu à traiter d’égal à égal avec elle. Janet ajouta plus doucement :
-Ce déballage vous fera grand bien Jack, ça vaut tous les jours une psychothérapie. Et je peux vous aider à y voir plus clair. Quand votre rapport sera terminé, je le lirai et vous aiderai à approfondir certains évènements. Mais nous n’en sommes pas encore là.
-Installez-vous là, vous pouvez commencer.
Jack s’assit lourdement et ouvrit l’ordinateur.
Il savait que ce serait dur, mais n’avait pas pensé que ce serait à ce point. Il eut du mal à commencer ; mais les premiers mots venus, le reste fut plus facile. Il décrivit sans complaisance les évènements, les souffrances endurées, les tortures, les viols aussi, quand elle le droguait si fort et qu’il n’était pas consentant. De temps à autre il était pris de violentes nausées, qui vidaient son corps, mais aussi lavaient l’abcès de son âme. Il dut se replonger dans ses relations ambiguës, l’avait-il réellement aimée ? Il ne pouvait répondre seul à cette question.
Le général Hammond se tenait informé. Seule Janet était près du colonel pour le soutenir dans cette épreuve.
Quand il arriva au passage où il l’avait tuée, il revécut la souffrance qu’il avait éprouvée. Il en était effaré, alors Janet lui parla du syndrome de Stockholm. Un syndrome reconnu par la médecine psychiatrique, qui faisait éprouver de l’attachement et même une certaine forme d’amour envers le ravisseur. Cela lui fit beaucoup de bien, il n’était pas un monstre. Et elle ajouta,
-Le fait que vous l’ayez tuée vous-même montre que votre inconscient refusait cette relation. Mais cela n’excluait pas la souffrance, il faut que vous le compreniez. Vous n’êtes pas responsable. Vous êtes quelqu’un de bien Jack O’Neill, elle-même l’a reconnu.
Quinze jours plus tard, c’est un autre homme qui sortit de l’infirmerie.
Le débriefing suivant fut beaucoup plus détendu ; On retrouvait presque le colonel habituel.
-Colonel, nous avons lu votre rapport. Tout est clair maintenant pour nous, vous avez été une victime, qui a su protéger sa vie comme c’était son devoir. Nous avons compris votre sacrifice. C’était pour empêcher la destruction de la Terre que vous avez fait, ou subi tout ça. Nous vous en serons toujours éternellement reconnaissant. Naturellement tout cela restera entre nous. Le sénateur Kinsey se contentera d’un rapport édulcoré, dit-il avec un sourire.
Tous regardaient Jack en souriant. Cela lui réchauffa le cœur et pour cacher sa gêne il dit :
-C’est maintenant que je dois sortir une blague idiote ! Eh ben j’en ai pas !
Tous éclatèrent de rire.
Et la vie reprit son cours au SGC.
Fin