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Inutile de ravaler la façade quand les fondations sont pourries (proverbe chinois)
Imagine

La rupture : Chapitre 6

 

Daniel observa d’un air désespéré son téléphone qui vibrait sur la petite table du salon. Il n’avait même pas besoin de regarder l’écran, il savait qu’un nom quelconque suivi du mot « SGC » était affiché dessus.

Il soupira. Etait-il devenu indispensable à ce point ? Il ne prenait jamais ses jours de congés, il était disponible 24h/24. Bon sang, il dormait même une nuit sur deux à la base ! Il n’avait pratiquement aucune vie en dehors de son boulot, mais les rares fois où il parvenait à s’en éloigner, il trouvait le moyen de se faire harceler par des collègues qui eux n’avaient aucune vie.

Ils avaient tellement pris l’habitude de l’avoir à leurs côtés qu’ils ne prenaient plus aucune initiative. Ou qu’ils empiétaient sans scrupule sur son peu de vie privée. Les appels de Lee la veille au soir en étaient le parfait exemple : le scientifique avait besoin de son aide pour faire fonctionner une technologie extraterrestre, le mode d’emploi étant rédigé dans un dialecte qu’il ne maîtrisait pas. Avait-il seulement remarqué que c’était le week-end ?

Daniel n’avait même pas daigné rappeler : cette traduction attendrait, il avait plus important à faire cette fois.

 

Et pourtant il avait des scrupules… Il en était arrivé au point où il se sentait coupable quand il faisait passer sa vie avant son travail ou les autres. Ce n’était pas bon.

Il sentait qu’il s’éloignait peu à peu d’une vie sociale normale. D’ailleurs, avait-il encore des amis en dehors du SGC ? Cela faisait bien longtemps que les gens qu’il fréquentait avant avaient cessé de l’appeler. Il n’avait jamais de temps pour eux…

 

-         Vous avez décidé de les laisser croire que vous étiez mort ?

 

La voix de Jack était ironique mais il était pourtant réaliste. Si le jeune homme persistait à ne pas décrocher, il y aurait forcément un idiot à la base pour trouver cela anormal et une alerte serait donnée. Et la dernière chose dont il avait envie, c’était de voir un groupe de commandos défoncer sa porte alors qu’il était tranquillement en train de regarder un match de base-ball avec son meilleur ami.

 

Celui-ci avait d’ailleurs saisi le téléphone et regardait l’écran en fronçant les sourcils.

 

-         Je crois que cette fois c’est urgent, dit le militaire. C’est le bureau de Landry.

 

Et sans attendre que Daniel lui en donne l’autorisation, il décrocha. L’archéologue eut un mouvement de protestation puis se renfonça dans le canapé. Si Jack avait envie de se mêler des affaires du SGC, qu’il le fasse, cela ne ferait pas de mal.

 

 

-         O’Neill.

-         Jack ? Qu’est-ce que… Je croyais appeler le docteur Jackson… Walter !!

 

Les bribes étouffées d’une conversation entre Landry et son subordonné parvinrent aux oreilles de Jack et il se surprit à sourire.

 

-         Hank ! appela-t-il. Hank !!

-         Oui, quoi ?

-         Tu as bien appelé Daniel, c’est juste que c’est moi qui ai répondu.

-         Comment ça ? demanda le général, perdu.

-         Il est à côté de moi, j’ai juste décroché à sa place. Il n’avait pas envie, rajouta-t-il, déclenchant un regard outré chez l’archéologue qui ne semblait pourtant pas décidé à reprendre son téléphone.

 

Le silence lui répondit.

 

-         Pitié, reprit Landry, ne me dis pas qu’il est avec toi à Washington.

-         Non, c’est moi qui suis à Colorado Springs. Hank, il y a un problème ?

-         Rien de grave. J’ignorais que tu devais venir par contre.

-         Je ne suis là que jusqu’à demain. Quelque chose à régler.

 

Landry n’insista pas et Jack l’en remercia mentalement.

 

-         Tu veux peut-être parler à Daniel ? demanda-t-il.

-         J’aimerais bien oui, soupira le général à l’autre bout du film. Désolé de vous déranger un samedi après-midi, mais j’ai bien peur qu’on n’ait besoin de lui pour résoudre cette petite crise.

-         D’accord, je te le passe, je sens qu’il va être ravi. Je suppose que nous nous verrons le mois prochain à Washington.

-         Si tout va bien. Au revoir Jack.

 

Celui-ci tendit le combiné à Daniel d’un air désolé. L’archéologue s’en saisit en réprimant un soupir.

 

-         Jackson. Que se passe-t-il Monsieur ?

-         Il semblerait que nous ayons besoin de votre aide pour stopper un artefact extraterrestre que le docteur Lee a mis en route. Cela crée des ondes qui mettent KO ceux qui s’approchent de la machine.

-         Ne me dîtes pas que Lee l’a mise en route sans comprendre à quoi elle servait !

-         Je ne pense pas qu’il s’attendait à un tel résultat. Apparemment il est parvenu à l’allumer en se basant sur une traduction que venait d’effectuer Vala.

-         Mais elle n’est pas linguiste ! Pourquoi diable Lee l’a-t-il écoutée ?

-         Il faudrait le lui demander, mais il est actuellement dans les pommes.

 

Daniel tenta de contenir son exaspération. Qu’avait-elle encore fait ? Il savait bien qu’elle voulait aider, mais cela aboutissait trop souvent à des catastrophes. Il comprenait parfaitement qu’elle s’ennuyât, mais avait-elle besoin de s’associer à un scientifique maladroit pour lui gâcher son week-end ?

 

-         Passez-la moi ! ordonna-t-il sans même tenir compte qu’il parlait à un haut gradé.

 

Quelques éclats de conversation lui parvinrent à travers le combiné puis la voix de la jeune femme retentit :

 

-         Tu voulais me parler ? demanda-t-elle comme si de rien n’était.

-         Qu’est-ce que tu as fait ? aboya-t-il.

-         Rien !

-         Vala, menaça l’archéologue.

-         J’ai simplement traduit ce mode d’emploi pour Lee. Tu sais que j’ai des connaissances linguistiques et…

-         Manifestement pas assez développées, vu comment les choses ont tourné ! coupa-t-il.

-         C’était peut-être approximatif sur certains points, mais je suis sûre de…

-         Vala, bon sang ! Qui t’as demandé de faire ça ? Tu n’aurais pas pu rester tranquillement dans ta chambre à lire Vogue ?

 

Il détourna la tête pour éviter le regard surpris de Jack. Il était peut-être un peu sec avec la jeune femme, mais ce n’était pas au militaire de la supporter tous les jours. Et il y avait certains moments où…

 

-         J’ai fait cela pour t’aider, je te signale, rétorqua la voix vexée de sa coéquipière.

-         Pour m’aider ? Ah oui, j’apprécie vraiment ! Merci beaucoup Vala !

-         Tu n’es jamais content…

 

Il serra les dents pour s’empêcher de lui crier dessus plus qu’il ne le faisait déjà.

 

-         En quoi cela allait-il m’aider que tu fasses cette traduction ? Tu as décidé d’effectuer mon travail à ma place ?

-         Je ne m’ennuie pas à ce point…

-         Alors quoi ?

-         Lee avait déjà laissé cinq messages sur ton répondeur, comme si tu n’avais que cela à faire, dit-elle d’un air désolé. C’était peut-être amusant à écouter, mais je savais que tu ne voulais pas être dérangé. Et j’ai eu peur qu’il ne continue…

 

Daniel soupira et sentit sa colère s’estomper un peu. Elle ne l’avait pas fait dans le but de le mettre hors de lui, c’était déjà une chose qu’il n’aurait pas à lui reprocher. Il comprenait qu’elle s’ennuyait à la base, mais c’était aussi à cause d’incidents pareils que l’Etat Major refusait encore qu’elle ait son propre appartement en ville.

Quelque part, lui non plus n’était pas sûr qu’elle soit prête. Mais elle avait besoin de s’aérer plus, elle n’aimait pas être enfermée Peut-être aurait-il pu l’accueillir de temps en temps…

 

Il secoua la tête. Mauvaise idée, ils se retrouveraient à se chamailler comme deux gamins au bout d’une heure à peine. C’était possible au SGC mais pas dans un appartement de 50m².

 

De toute façon, Teal’c était en permanence à la base et le reste de SG-1 y passait un temps conséquent aussi. Elle était loin d’être toute seule.

 

-         Tu es fâché ? demanda presque timidement la voix de la jeune femme.

 

Le pire, c’était qu’elle avait fait une erreur mais qu’il allait lui pardonner. Encore.

Elle allait le rendre dingue.

 

-         J’aurais préféré ne pas avoir à me déplacer, répondit-il sur un ton légèrement accusateur.

-         Je suis sûre que Jack comprendra. C’était pour que Lee ne vous dérange pas tous les deux que j’ai fait cela.

 

Bien sûr que Jack comprendrait. Il avait mieux à faire d’ailleurs, et le laisser seul l’encouragerait peut-être à agir.

Ils n’avaient plus abordé le sujet depuis la discussion du matin, mais il espérait que cela avait fait son chemin dans l’esprit de son ami. Il ne pouvait pas laisser la situation en l’état.

 

-         Je pense aussi, répondit l’archéologue, Jack n’est pas…

 

Il se figea soudain, réalisant

 

-         Vala, demanda-t-il d’un ton suspicieux, tu savais qu’il était ici ?

 

Elle ne répondit pas.

 

-         Vala ?

-         J’avais entendu des bruits de couloir…

-         De qui ?

 

Nouveau silence, coupable. Les paroles de Sam lui revinrent en mémoire. Le puzzle se mit tout à coup en place. Jack. Alan. Les messages de Lee.

 

-         Vala ? gronda-t-il alors que la lumière se faisait dans son esprit.

 

Il n’obtint aucune réponse.

Elle avait raccroché, confirmant ses doutes.

 

Elle avait osé. Elle avait réussi à…

 

Il jura tout haut et se leva d’un bond sous les yeux effarés de Jack.

Celui-ci le regarda chercher ses clés avec des yeux ronds.

 

-         C’est si grave que cela ?

 

L’archéologue lui accorda à peine un regard tandis qu’il vérifiait toutes les surfaces planes de son appartement.

 

-         Daniel ?

-         Il faut que je me rende à la base, marmonna son ami.

-         Une bêtise de Lee d’après ce que j’ai compris.

-         Il a mis en route un artefact qui l’a assommé. Avec un mode d’emploi traduit par une espèce de …

-         Wow ! s’exclama le militaire. Et ça vous met dans des états pareils ? Ce n’est pas la première fois qu’une telle chose arrive…

 

Daniel repéra soudain son trousseau qui gisait sur une commode et s’en saisit.

 

-         Je suis désolé Jack, je reviens dès que je peux. Mais je dois arrêter ce truc avant. Puis démembrer Vala.

-         Pour une mauvaise traduction ? demanda le militaire étonné.

-         Non, ça c’était un accident.

 

Jack fronça les sourcils.

 

-         Par contre, ajouta l’archéologue avec exaspération, je doute que cracker le code de ma messagerie en soit un.

 

Quelques instants plus tard, il franchissait la porte de son appartement, la claquant au passage.

 

 

Jack se retrouva seul dans l’appartement. Il haussa les épaules et reporta son attention sur l’écran de la télévision.

 

Connaissant Daniel, il ne serait pas de retour avant plusieurs heures, voulant s’assurer que tout fonctionnait correctement avant de quitter la base.

Le militaire sourit en repensant à la scène à laquelle il venait d’assister. Vala était une personne irrévérencieuse qui adorait se jouer des règles, il l’avait constaté lors de leurs brèves rencontres. Cela lui avait plu d’ailleurs, elle avait ce don de s’impliquer dans sa mission tout en balayant les codes d’un revers de la main. Il avait vu clair dans la jeune femme : sous des dehors totalement superficiels, elle était au contraire très sensible au monde qui l’entourait. Elle était une bouffée d’air frais qui faisait du bien à SG-1. Un électron libre qui déséquilibrait Daniel. 

 

Mais de là à obtenir le code de son répondeur…

Il n’y avait qu’avec l’archéologue qu’elle poussait les choses aussi loin. Jack avait bien vu la relation plus apaisée qu’elle avait avec le reste de son équipe. Mais avec Daniel…

Il était vrai que le jeune homme réagissait de façon excessive. Trop sûrement.

 

Le jeu était clair, tellement évident que beaucoup l’avaient sans doute compris. Vala essayait de l’approcher, mais sans se mettre elle-même en danger. Elle suscitait volontairement le rejet par crainte d’être repoussée pour ce qu’elle était vraiment. Et exaspéré par le jeu qu’il pensait la voir jouer, Daniel répondait à la provocation, se mettant lui aussi à l’abri de ce qu’il craignait de ressentir.

Sauf qu’il était trop tard : elle s’était déjà infiltrée dans sa vie, d’une façon peu conventionnelle certes, mais elle était là. Et l’archéologue avait beau le nier, la jeune femme lui était devenue indispensable.

 

Ils n’étaient qu’au début de leur relation, mais Jack avait découvert chez Daniel une capacité à nier l’évidence qu’il ne lui connaissait pas. Les deux membres de SG-1 étaient en train de faire de leur relation un jeu bien rodé, mélange d’attirance et de répulsion.

Mais qui risquait rapidement de se transformer en cercle vicieux.

 

 

Jack soupira en songeant qu’il pouvait difficilement reprocher son déni à son meilleur ami. N’en était-il pas lui-même le roi ?

Il savait Daniel moins borné, plus spontané. Mais cela suffirait-il ? Ce n’était pas à lui de s’en mêler, sauf qu’il ne voulait pas le voir vivre la même chose que lui. Quand il constatait où toute cette histoire avait abouti…

 

Aurait-il préféré qu’on lui dise pendant qu’il était encore temps,  qu’à force de nier, Sam et lui allaient droit dans le mur ? Les choses avaient été certes moins évidentes, mais il savait que certains les avaient vues.

Les accuser de la situation actuelle aurait cependant été malvenu, le militaire était après tout responsable de ses propres erreurs. Et en étant honnête, il devait reconnaître qu’il aurait sans doute rejeté le moindre conseil ou avertissement.

Qu’il l’avait d’ailleurs fait. Plus il y repensait et plus certaines remarques prenaient un nouveau sens, une éloquence qu’il avait refusé de voir. Tous ces regards et ses levers de sourcil de la part de Teal’c. Et que penser de ce « Jack, prenez soin d’elle » que Jacob lui avait soufflé avant de les quitter ?

Ses amis, ses alliés, ses supérieurs même. Ils avaient respecté son choix de nier mais ne l’avaient pas encouragé, au contraire.

 

 

Et dix ans plus tard, Jack se demandait s’ils n’auraient pas mieux fait de le secouer pour le mettre face à ce qu’il ressentait. Il aurait peut-être fini par comprendre avant qu’il ne soit trop tard…

 

 

Y avait-il encore de l’espoir pour Sam et lui ?

Une journée s’était écoulée depuis qu’il était arrivé à Colorado Springs mais il n’avait toujours aucune idée de ce qu’il devait faire. La seule chose qui avait changé, c’était que Daniel était maintenant au courant et pensait que cela valait le coup d’essayer.

 

Même l’archéologue était lui aussi dans le déni et sur le point de passer ses nerfs sur sa chance d’être heureux, les choses n’en étaient pas moins vraies. On est souvent moins aveugle pour les autres que pour soi-même, pensant Jack en soupirant à nouveau.

 

Il fallait qu’il se décide, il ne serait pas en paix avec lui-même s’il laissait les choses en l’état.

 

Mais il n’avait toujours aucune idée de ce qu’il allait concrètement pouvoir dire à une femme qu’il avait repoussée pendant dix ans et qui préférait essayer de l’oublier pour ne plus souffrir…

 

 

*********************

 

 

 

Une main tenant le téléphone contre son oreille, l’autre appuyée sur la coiffeuse de sa chambre, Samantha Carter se regardait dans le miroir. Elle avait des cernes et les traits tirés. Le visage éteint. Mais cela, elle le savait déjà, une glace n’était pas nécessaire pour qu’elle s’en rende compte.

Non, ce dont elle avait besoin, c’était de se faire face, comme pour sonder son âme. Une sorte de curiosité morbide pour ce qu’elle était en train de faire. Elle voulait se regarder dans les yeux, alors même qu’elle mentait à son interlocuteur.

 

-         Je sais, c’est dommage, j’aurais aimé pouvoir venir aussi.

-        

-         Non, ne t’excuse pas, tu n’en avais pas la possibilité, je le comprends bien. Mais il y a eu un imprévu au SGC et tu sais comment cela se passe.

-        

-         Oui, bien sûr, je vois.

-        

-         Moi aussi.

-        

-         Non, je ne sais pas. C’est juste que… Ecoute Alan, c’est un peu la crise en ce moment ici, alors il m’est impossible de faire le moindre plan.

-        

-         Une semaine entière ? C’est… on pourrait en reparler ? Là je ne préfère pas faire de projets. J’en ai envie aussi, mais rien ne presse, n’est-ce pas ?

-        

-         Non, ce n’est pas ce que je voulais dire, c’est que…

-        

-         Mais si, ça va…

-        

-         Le boulot, rien de grave.

-        

-         Oui, moi aussi. A demain alors.

 

 

Elle se sentait mal. Nauséeuse, fébrile.

Pitoyable.

Il n’y avait eu aucun problème au SGC, elle lui avait menti. Elle avait préféré s’enterrer dans son travail un samedi plutôt que d’aller rendre visite à un homme avec lequel elle flirtait depuis plusieurs mois. Elle voulait se persuader qu’elle n’avait tout simplement pas envie de précipiter les choses et de continuer le flirt, mais ç’aurait été se voiler la face. Elle avait préféré l’éviter alors que cela faisait deux week-ends de suite qu’ils ne s’étaient pas vus. Et quand il avait parlé de passer une semaine à Colorado Springs dans le mois à venir, elle avait éludé. Non, ce n’était pas qu’elle avait peur de brusquer cette histoire, c’était qu’elle doutait.

 

Elle qui était si sûre de ses choix la semaine précédente, elle avait maintenant des scrupules.

Et elle se sentait juste minable de se retrouver à mentir à Alan parce qu’elle n’était pas capable de tirer un trait sur une autre histoire, alors qu’elle avait été persuadée du contraire. Il ne la méritait pas, elle le ferait souffrir, exactement comme Pete. Cette histoire était morte avant même d’avoir réellement commencé.

 

Elle aurait juste voulu que cela s’arrête. Mais quoi qu’elle fasse, cela semblait vain.

Elle voulait juste être heureuse.

 

 

La jeune femme croisa de nouveau son regard dans le miroir.

Menteuse. Faible.

 

Tout volait en éclat, une nouvelle fois. Elle avait perdu ses repères, ces murs qu’elle s’était acharnée à construire afin de se soutenir et qui s’étaient écroulés en moins d’un jour. Elle ne savait plus comment réagir, tout était redevenu confus. La colère qui l’habitait le matin était repartie comme elle était venue, soudainement. Il ne lui restait que la honte d’être dépendante, de l’avoir montré.

Elle regrettait presque ce qu’elle avait dit, même si une partie d’elle savait qu’elle avait eu raison. Elle ne devait pas espérer.

Elle était pathétique.

 

Malheureuse.

 

 

Sam se détacha lentement du meuble contre lequel elle s’était appuyée et se dirigea vers son salon. Elle alluma machinalement la télévision avant de s’asseoir dans le canapé et d’enrouler un plaid autour de ses épaules. Il faisait presque 25°C dehors mais elle se sentait frigorifiée.

 

 

Elle n’arrivait tout simplement pas à dépasser tout cela, à voir comment elle pourrait trouver le bonheur ainsi. Elle avait quarante ans et était probablement à la moitié de sa vie. Mais quand elle regardait en arrière, malgré tous ses succès professionnels et même personnels, elle ne pouvait que constater le vide qui l’entourait. Bien sûr, elle aimait ce qu’elle faisait et elle pouvait difficilement dire qu’elle était seule. Mais il manquait indéniablement quelque chose à sa vie, qu’elle n’espérait même plus. Elle aurait aimé cette famille qu’elle cherchait à reconstruire depuis la mort de sa mère. Qu’elle avait définitivement perdue quand son père était parti.

Et pourtant, tout n’était pas de sa faute. Elle s’accusait souvent de ne pas réussir à être heureuse, mais était-elle entièrement responsable pour autant ? Elle avait certes fait de mauvais choix, mais elle n’avait pas tout maîtrisé non plus. Ils avaient été deux dans cette histoire… Et elle s’était retrouvée prise dans un engrenage qui l’avait fait souffrir et dont elle ne parvenait pas à sortir.

 

Etait-elle condamnée à vivre cela jusqu’à la fin ?

A force d’enterrer ses sentiments, peut-être finiraient-ils par disparaître… Même si cela devait prendre des décennies. Elle devait juste tuer tout espoir. C’était ce qui maintenait cette histoire empoisonnée en vie. Sans espoir, tout irait mieux…

Jack avait dû comprendre cette fois et était peut-être même déjà en route pour Washington. Le voir n’aurait rien réglé : ils n’avaient pas su dépasser leurs peurs en dix ans, alors pourquoi maintenant ?

 

Mais elle restait là, face à cet avenir qui ne l’attirait plus. Face à tous ces rêves qui s’étaient brisés.

Si seulement elle avait pu oublier… Après tout, les gens n’obtenaient pas toujours ce qu’ils désiraient dans la vie. Elle ne croyait pas que les choses étaient écrites, mais peut-être n’était-elle pas destinée à être heureuse de la façon dont elle l’aurait souhaité.

 

 

Les coups frappés à sa porte la firent sursauter et Sam éteignit promptement la télévision, à laquelle elle n’avait de toute façon pas accordé un regard.

La jeune femme fronça les sourcils. Il était presque vingt heures et elle n’attendait personne. Elle n’avait pas envie d’être dérangée d’ailleurs.

 

Elle soupira en se dirigeant vers la porte. Il y avait fort à parier que c’était Daniel. Vu ce à quoi il avait assisté, elle s’attendait à ce qu’il vienne la voir.

Quant à Jack, elle n’y comptait pas. Elle n’y comptait plus. Il l’avait trop souvent déçue.

Il était trop tard pour eux maintenant.

 

En fait, il était plus lâche qu’il ne voulait le faire croire, songea-t-elle en tournant la poignée.

 

Et pourtant…

 

 

 

************************

 

 

La jeune femme n’avait pas dit un mot depuis qu’elle lui avait ouvert.

Il était là, sur le pas de sa porte, seul. Pour la première fois.

 

Un flot d’émotions commença à la submerger et elle ne parvint pas à le dissimuler. Cela cesserait-il un jour ?

 

 

Jack ne lui laissa pas le temps de se remettre de sa surprise. Elle avait été d’une telle froideur le matin-même, avec cette colère à peine voilée. Seul un fou aurait encore cru que tout n’était pas perdu.

C’était peut-être trop tard pour eux, sans doute même. Mais au moins il saurait. Cela ne soignerait pas la blessure, seulement il voulait aller jusqu’au bout de la démarche cette fois. Il préférait juste éviter d’avoir à coincer le pied dans la porte pour l’empêcher de se refermer.

 

Sans préambule, il se lança :

 

-         Je sais que vous ne vouliez pas que je vienne et croyez bien que je respecte cela.

 

Elle ne répliqua pas, encore trop sous le choc pour dire un mot.

 

-         Mais il le fallait, continua-t-il sans attendre. Je ne vous demande que quelques minutes et après je partirai si c’est ce que vous souhaitez. Même si c’est pour ne plus jamais nous revoir. Accordez-moi simplement de pouvoir vous répondre.

 

 

Elle le sonda un instant du regard puis il vit ses épaules s’affaisser d’un geste las. Elle cacha un soupir et lui fit signe d’entrer.

 

Il s’était attendu à ce qu’elle le rejette ou qu’elle le laisse à la rigueur s’expliquer sur le pas de la porte. Mais elle l’invitait à entrer. Maîtrisant la nervosité qu’il ressentait, Jack la suivit en silence alors qu’elle se dirigeait vers sa cuisine, pièce la plus neutre de la maison. La plus froide aussi.

 

Arrivée au niveau du comptoir, la jeune femme se retourna vers lui et croisa les bras. Sa posture n’était pas agressive comme il l’avait craint. Elle semblait au contraire se protéger de lui et attendait qu’il parle d’un air visiblement méfiant.

Il ne fallut qu’un regard à Jack pour prendre conscience des cernes sous ses yeux presque éteints. Il ignorait si elle avait offert cette apparence à Daniel le matin-même, mais il en doutait. Il était difficile de croire qu’elle avait été capable de se mettre en colère. Elle avait juste l’air… fragile. Prête à se briser comme une porcelaine.

 

Il s’était préparé à un combat, mais pas à se retrouver face à un adversaire qui semblait déjà défait. Elle lui était rarement apparue aussi abattue.

 

Il inspira pour se donner le courage de continuer mais les mots semblaient rester désespérément coincés dans sa gorge. Il se morigéna, conscient qu’il était stupide et qu’il faudrait bien qu’il se lance. Sauf que pour être honnête, il avait une frousse de tous les diables. Ce n’était pas un hasard s’il avait toujours refusé d’en parler avec elle, il n’était pas doué avec les mots. Et compte tenu de l’historique qu’ils avaient tous les deux, il ne croyait pas réellement que tout ceci pouvait bien se terminer.

Mais il fallait que cela cesse, alors il essaierait, du moins s’il parvenait à trouver comment le lui dire.

 

 

Sam secoua la tête devant son silence prévisible et prit la parole dans un soupir. Elle était fatiguée…

 

-         Vous vouliez me parler, allez-y, dit-elle d’une voix lasse.

-         Vous ne m’avez pas laissé le temps de répondre la semaine dernière… commença-t-il avant de s’arrêter.

 

Sa phrase resta en suspens et le silence retomba entre eux, lourd. La jeune femme comprit qu’elle ne s’était pas trompée. Il était incapable de lui donner plus. Il était trop lâche.

 

-         Qu’auriez-vous dit ? demanda-t-elle d’un ton désabusé.

 

Il ne répondit pas immédiatement. Elle était partie sans attendre qu’il réagisse le week-end précédent, mais pour être honnête, il n’aurait sûrement rien fait. La peur et les doutes l’auraient retenu, ainsi que la certitude que les choses étaient mieux ainsi. Il lui avait fallu quelques nuits blanches pour comprendre qu’il n’en était rien.

Qu’il s’était trompé.

 

-         Probablement pas ce qu’il fallait, finit par avouer le militaire.

 

Elle fronça les sourcils et releva les yeux pour croiser son regard. Si elle ne l’avait pas mieux connu, elle aurait presque pu penser qu’il était nerveux. Le silence était assourdissant.

Elle n’aimait pas cela.

Il la prenait totalement au dépourvu. Elle avait toujours pensé qu’il était prévisible : quoi qu’il arrive, il resterait de marbre, surtout si cela le touchait personnellement. Pour un homme d’action, il savait se montrer extrêmement passif en ce qui concernait les relations humaines. Il laissait les autres graviter autour de lui mais ne prenait pas les initiatives. Peut-être était-il trop blessé par son passé pour prendre le risque de se rapprocher. Sa réaction quand elle s’était rendue chez lui ne l’avait pas surprise.

 

Mais en deux jours, il venait de sortir du cadre qu’il avait lui-même construit. Elle trouvait cela perturbant, effrayant, parce que pour la première fois, elle était incapable de prédire où cela allait le conduire. Allait les conduire.

 

-         J’ai fait… beaucoup d’erreurs, reconnut-il enfin dans un souffle, et je ne peux pas vous demander d’oublier tout cela. Tout aurait certainement pu se passer autrement mais j’ai refusé de l’accepter et de voir les choses dans ce qu’elles avaient de simple.

 

Jack s’arrêta à nouveau, cherchant ses mots. Il avait tant à dire qu’il ignorait s’il parviendrait à formuler ce qu’il ressentait. Il lui aurait fallu aller au plus simple mais il doutait que cela fût possible entre eux.

Face à lui, Sam attendait, toujours sur la défensive. Il était peut-être honnête, mais elle ne voulait pas s’y raccrocher. Pas après dix ans.

 

-         Détourner la tête m’a paru plus sage mais surtout plus simple, avoua-t-il. Je crois que je viens de comprendre que c’était le contraire.

 

Elle acquiesça et Jack sentit son estomac se nouer un peu plus.

 

-         Vous n’étiez pas seul responsable, murmura-t-elle après un moment de silence.

 

C’était vrai, elle ne pouvait nier ses propres erreurs. Elle avait souffert, mais elle s’était aussi accommodée de la relation empoisonnée qu’ils avaient commencé à entretenir. Et quand il avait voulu lui laisser penser qu’elle pouvait avancer sans lui, elle l’avait cru. Il l’avait souvent rejetée, mais elle s’était bien gardée de se rebeller contre cela. L’accord était tacite et pratique.

Il n’avait pas fonctionné.

 

Elle soupira en se rendant compte que là encore, ils étaient en train de s’expliquer par sous-entendus, sans mettre les vrais mots sur ces sentiments. Il refusait encore de laisser tomber le mur derrière lequel il se protégeait. Ce n’était pas la discussion qu’elle aurait aimé avoir, même si c’était sans doute ce qu’il pourrait lui offrir de mieux. Elle n’avait plus rien à attendre de lui. Après toutes ces années, comment aurait-elle encore pu espérer ?

Elle saurait se satisfaire de cela.

 

-         Nous sommes doués pour créer des obstacles, moi particulièrement, dit-il avec un maigre sourire. Je suppose qu’ils n’étaient pas si hauts que cela, mais que j’ai préféré ne pas les affronter et qu’ils sont maintenant infranchissables.

 

Leurs regards s’accrochèrent puis s’évitèrent à nouveau.

Jack se racla la gorge.

 

-         Je comprends tout à fait que vous ayez envie et même besoin d’avancer, et vous avez le droit de m’en vouloir parce que c’est en majorité de ma faute si vous n’avez pas pu le faire avant. Je… je ne prétends pas vous donner ma bénédiction, elle n’a aucune valeur. Ce que je voulais simplement vous dire, c’est que j’étais désolé. Vous méritez d’être heureuse et que je ne vous empêcherai pas de l’être.

 

Il marqua une nouvelle pause et elle ferma les yeux, sentant ce qui allait suivre. Ce qui tuerait définitivement tout espoir.

 

-         Votre visite m’a fait comprendre que je dois vous laisser partir.

 

Sam sentit les larmes monter derrière ses paupières, sans savoir s’il s’agissait de soulagement ou de douleur. Il avait enfin reconnu ses torts. Mais il venait aussi de dire qu’ils étaient cette fois sur la même longueur d’ondes. Cette histoire était terminée.

 

Cependant, à la surprise de la jeune femme, la voix de Jack s’éleva de nouveau, tel un souffle :

 

-         Mais j’ai aussi réalisé que j’en étais incapable.

 

Elle releva la tête et chercha son regard, peu certaine d’avoir correctement compris ce qu’il venait de dire, d’avouer. C’était tellement limpide, trop pour qu’elle parvienne à y croire.

Son cœur s’était emballé mais sa raison lui hurlait de ne pas se faire d’illusions.

 

-         Incapable ? demanda-t-elle avec hésitation.

-         Je…, commença Jack.

 

Sa bouche était sèche, il se sentait plus mal à l’aise et maladroit que jamais. Avait-elle réellement besoin qu’il soit plus clair ? Cela lui avait déjà coûté de parler à cœur ouvert, il ne savait pas s’il pouvait s’expliquer plus sans tout gâcher.

 

Il inspira calmement et ancra son regard dans le sien. Il était dos au mur maintenant, ce qu’il avait sciemment évité pendant dix ans. Mais toute autre position étant intenable, il était enfin temps pour lui d’affronter ses peurs plutôt que de se défiler.

Il se lança :

 

-         Ce que je veux dire, c’est que j’ai tenté de m’éloigner de vous mais que je n’y parviens pas. Je n’arrive pas à vous laisser partir non plus. Je ne veux plus essayer, c’est une voie sans issue.

 

Les battements de son cœur redoublèrent mais Sam refusa de céder à l’espoir, par peur de chuter encore. Même si elle sentait qu’il était trop tard.

 

-         Je n’y parviens pas non plus, souffla-t-elle finalement, mais j’ai besoin de savoir ce que vous voulez réellement. Parce que nous avons beau être dans une impasse, je ne veux pas revenir au statu quo non plus. C’est trop douloureux. Il me faut avancer, avec ou sans vous.

 

Pour la première fois depuis le début de la conversation, Jack sentit redescendre la tension qui l’avait envahi. Daniel avait eu raison, elle n’avait pas encore tiré un trait, elle essayait juste.

Tout espoir n’était pas perdu. Il n’était pas encore trop tard.

 

Bien sûr, continuer à avancer, cela signifiait changer de chemin pour chacun d’entre eux. Cela ne serait pas facile, ils pouvaient échouer. Mais il avait envie d’essayer, même s’il avait tout et rien à y perdre.

Aucun d’eux ne se satisfaisait de l’état actuel des choses, peut-être était-il en effet temps de les voir dans leur simplicité.

 

-         Alors je préférerais autant que ce soit avec moi, finit-il par dire.

 

Le cœur de Sam se mit à battre violemment dans sa poitrine et ses yeux accrochèrent à nouveau ceux de son compagnon. Elle voulait tant y croire… Il n’en dirait pas plus, ç’aurait été trop lui demander. On ne peut changer en profondeur la nature d’un homme et Jack O’Neill n’était pas de ceux à étaler ses sentiments.

Mais pour la première fois depuis bien longtemps, elle pouvait lire ces mots qu’il n’arrivait pas à laisser sortir. Son regard était chaud, franc, porteur d’espoir. La déclaration n’était pas verbale mais elle était indéniablement là.

Il venait enfin de tomber ce mur qu’il avait érigé entre eux.

 

L’impression était étrange : c’était comme si une porte venait enfin de s’ouvrir, simplement parce qu’ils l’avaient appelé de leurs vœux.

 

Mais même s’ils avaient choisi de parcourir ensemble le chemin encore obscur qui était devant eux, il restait tant à régler… Il faudrait laisser le passé là où était sa place.

Elle voulait y croire mais pas se brûler à nouveau.

 

-         Ce ne sera pas simple, vous en avez conscience ? dit Sam avec une certaine gravité.

-         Est-ce que le monde a jamais été simple ? rétorqua-t-il en s’avançant.

-         Nous ne l’avons jamais été du moins…

-         Pourtant il paraît que c’est juste l’histoire de deux individus…

-         C’est bien ce que je disais, c’est compliqué, souffla la jeune femme.

-         Tout l’intérêt est là, sourit-il. Si les choses étaient simples et parfaites, nous nous lasserions. Ce sont les défis qui nous font avancer.

 

Sam ne répondit pas, baissant la tête pour cacher son sourire. Si les relations complexes étaient les plus intéressantes, ils risquaient de passer le reste de leur vie ensemble.

Elle aimait cette idée.

 

Jack s’était peu à peu rapproché d’elle et leurs deux corps se touchaient presque, au point qu’elle pouvait sentir sa chaleur à travers ses vêtements. Ou peut-être n’était-ce qu’une impression… Elle se sentait fébrile.

Les battements de son cœur se firent encore plus désordonnés quand elle leva la tête pour rencontrer son regard. Elle avait besoin d’être rassurée par ces yeux.

 

-         Il faudra parler… murmura-t-elle.

-         Nous avons déjà commencé, répondit-il doucement alors que sa main frôlait le poignet de la jeune femme.

-         Il y aura des sacrifices à faire…

-         Je sais.

-         …des obstacles à franchir, continua-t-elle en sentant ses yeux se fermer sous la caresse de la main qui remontait le long de son bras.

-         Je sais.

-         Et vous y êtes prêt ? Vous n’avez pas peur ?

 

Comment pouvait-elle avoir aussi chaud alors qu’elle s’était sentie gelée quelques heures auparavant ?

La main effleura son épaule comme une plume, caressa sa clavicule, avant de remonter lentement le long de son cou. Avec douceur, il saisit sa nuque, ses doigts s’enfonçant à peine dans les cheveux blonds, son pouce continuant une danse hypnotisante à la base de sa mâchoire.

Sam soupira et ouvrit à nouveau les yeux pour les plonger dans ceux de l’homme qui lui faisait face.

 

-         J’ai aussi peur que toi, dit-il d’une voix apaisante, mais je ne doute plus. Je suis sûr de ce que je veux maintenant.

 

Le regard de la jeune femme le scruta, s’enfonçant doucement dans le noir de ses pupilles. Un sourire apaisé fleurit peu à peu sur ses lèvres. Au delà des mots, elle venait de lire ce qui leur avait toujours manqué et qui irradiait maintenant : la confiance en un avenir commun. En un avenir heureux.

 

Elle soupira à nouveau et franchissant le faible espace qui séparait leurs deux corps, elle se coula doucement contre lui, ses bras autour de sa taille, son visage dans son cou.

Une étreinte comme ils en avaient déjà eues, et pourtant si différente. Parce qu’elle n’avait aucune autre origine qu’eux, aucune raison d’être en dehors d’eux. Parce que c’était une promesse. Parce qu’elle était simple.

 

Ils étaient enfin confiants, à leur place.

Ensemble.

 

 

 

FIN

 

Mon tapis de souris n’a toujours pas décidé de devenir végétarien : mes mollets ou des feedbacks, c’est vous qui choisissez ! Et soyons honnêtes, ce serait malvenu que je m’exhibe avec une jambe de bois alors que l’été arrive… ;-D

 

 

 
 
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