Dans le palais, sur Velvios, une chambre
Sam, en nuisette de satin bleu nuit brodée d’argent et déshabillé assorti était accoudée à la balustrade de sa terrasse et son regard se perdait dans le lointain espace, au-delà du ciel velvien de toute beauté. En effet, depuis cette belle et vaste terrasse de marbre pavée de mosaïques beige et blanche formant des arabesques fantastiques, dont la moitié vers le bâtiment était recouverte d’une tonnelle de fer forgé en arc de cercle à laquelle s’accrochaient de magnifiques glycines blanches embaumant l’air frais de leur envoûtant parfum en son sommet et de superbes roses rouge sombre à ses pieds, on pouvait admirer un ciel d’une beauté à couper le souffle : malgré la nuit déjà avancée il n’était pas noir mais rassemblait toutes les couleurs les plus extraordinaires que l’on pouvait rencontrer, un dégradé allant du bleu outremer au mauve, du prune le plus foncé au rose le plus tendre, le tout parsemé d’un millier d’étoiles toutes plus étincelante que des pierres précieuses. De longs filets de lumière argentée semblaient tomber des cieux en nuées serpentant entre des planètes et lunes parfois encerclées d’anneaux aux bords effilés. Aucun nuage ne venait perturber ce tableau irréel et des voies lactées se devinaient et se dévoilaient dans toute leur splendeur au-delà de la portée du regard humain.
La jeune femme détacha avec peine son regard des merveilles qui lui offrait la simple nature de cette planète et se retourna pour le porter vers l’intérieur de la pièce. Une salle aux proportions impressionnantes aux murs blanc et nus à l’exception d’une frise de bois sombre et précieux artistiquement sculptée parcourant l’ensemble de la pièce sous le plafond et le même bois, juste au-dessus du sol, plus simplement découpé. En dehors d’un superbe lit à baldaquin, dont la tête d’ébène travaillée occupait le centre du mur faisant vis-à-vis avec la baie vitrée, surmonté d’un fin voile blanc retenu sur les côté par des tresses d’argent, et recouvert de draps blancs ornés de broderie ainsi que d’une multitude de coussins de diverses formes et épaisseurs blancs également, les seuls meubles présents étaient un immense coffre au pied du lit, d’une commode, d’un écritoire, d’une coiffeuse surmonté d’un magnifique miroir dans lequel se reflétait la plus brillante des lune de Velvios, le tout de ce même bois.
Quelques consoles de marbre supportaient des vases aux reflets cristallins dans lesquels s’épanouissaient des lys blanc, ainsi que de nombreux chandeliers d’argent dont le plus remarquable se situait au centre de la table basse en verre au milieu de la pièce. Deux méridiennes en fer forgé et garnies de coussins blancs ainsi qu’un fauteuil du même genre complétaient le mobilier, sans oublier un paravent, toujours de fer forgé, sur lequel était négligemment jetée une robe de soie blanche. Au sol un parquet à la découpe intéressante était laissé à nu sauf sur un des côtés du lit où reposait un épais tapis blanc aux courbes arrondies. Les autres bibelots que l’on pouvaient trouver dans la chambre étaient tous plus précieux et riches les uns que les autres : boîte de maquillage en cristal ou bois rare, accessoires en argent, étoffes précieuses, bijoux travaillés… Une vraie chambre de contes de fées, celle qu’elle avait toujours rêvée d’avoir en fait. Elle fit quelques pas et passa devant les deux lourds rideaux d’un blanc immaculé qui semblaient garder l’entrée de la pièce, en se retournant elle les tira d’un geste sec de façon à ne plus voir l’extérieur mais sans fermer la fenêtre pour avoir un peu d’air.
La jeune femme se dirigea ensuite vers la console à la tête du lit sur laquelle trônait la seule chose tranchant avec le style du reste de la chambre : un cadre en fer renfermant une photo. Une photo de SG1 au plus que complet puisqu’il y avait aussi le général Hammond et Janet. Elle la prit dans sa main et la regarda longuement. Un souvenir immortalisé d’un temps maintenant révolu. Sur cette même console, deux autres cadres semblables, deux autres photos. Sur l’une, une famille : c’est Sam entourée de son père, sa mère et son frère ; sur l’autre, elle et Cassie, toutes les deux, se serrant mutuellement dans leurs bras, un chien à leurs pieds, elles rient, elles sont heureuses, unies.
Sam ne pleure pas. Elle ne le peut plus, elle l’a déjà trop fait. Elle repose la photo, caresse d’un doigts les deux autres et laisse son esprit vagabonder. Elle repense à cette journée, cela lui rappelle une autre journée… Elle qui s’était promis d’oublier, obligée de les revoir, encore.
Edora. De mauvais souvenirs. Pourtant elle n’y avait presque pas pensé. Sauf quand elle avait vu cette femme. La femme. Elle avait eu tellement peur quand son espion lui avait fait part de la situation. Il y avait eu un vide. Un blanc. Pendant une fraction de seconde tout avait disparu autour d’elle. Elle avait prié, pour la première fois depuis bien longtemps. Prié pour qu’elle n’arrive pas trop tard. Quand elle les avait vus elle avait été tellement soulagée qu’elle aurait pu les prendre dans ses bras, tous les deux. Elle ne l’avait pas fait bien sûr mais elle y avait vraiment pensé. Pour la première fois depuis longtemps quand elle L’avait vu elle n’avait pas ressenti cette haine et cette colère diffuse mais son cœur s’était serré, son pouls s’était accéléré… comme autrefois. Bon, peut-être qu’elle l’avait un peu détesté quand il avait été avec Laira. Mais seulement un tout petit peu.
Maintenant, allongée sur son lit, serrant dans ses bras l’un des doux coussins le parsemant, elle réfléchissait au futur : elle redoutait et espérait une rencontre future, extrapolant déjà sur ce qui allait se passer… comme une jeune collégienne sans cervelle se sermonna t’elle avant de souffler sur la seule bougie qui éclairait encore de sa lumière douce et diffuse, plongeant ainsi la pièce dans une obscurité plutôt limitée étant donnait la clarté que dégageait les planètes et étoiles du ciel et qui n’était que très faiblement atténuée par les rideaux blancs qui s’agitait sous la douce brise nocturne. Elle sombra ensuite dans un profond sommeil.
2 semaines plus tard, sur une lointaine planète
SG1 et des jaffas rebelles, dont Brata’c, affrontaient, dans une grande plaine jonchée de ruines, une horde d’autochtones visiblement hostiles et relativement évolués : en effet en plus de l’avantage numérique (au moins 10 autochtones pour un allié) ils possédaient des armes qui pouvaient facilement rivaliser avec les zats, lances et automatiques dont les terriens et jaffas étaient munis. A la base, il s’agissait d’une mission de sauvetage : Brata’c avait contacté le SGC pour l’aider à délivrer des jaffas qui, visitant une planète pour déterminer s’ils pouvaient l’occuper, s’étaient fait capturer. Les négociations diplomatiques ayant échouées, il avait fallu employer la force mais s’était sans compter sur les renforts que les villages voisins avaient apportés à leurs ennemis. Ils se trouvaient donc dans une situation peut avantageuse. Ils réussirent toutefois, tant bien que mal à regagner le vaisseau de Brata’c dissimulé dans la forêt voisine en ralentissant les autres à l’aide de mines et des grenades mais l’embarcation était dans un piteux état comme le fit remarquer très justement Jack il s’agissait plutôt d’une poubelle volante. Brata’c la fit tout de même décoller et après quelques sueurs froide ils purent sortirent de l’atmosphère de la planète.
- (Jack, enlevant sa casquette et se laissant tomber sur le sol de la salle de commandes) Ouf… on peut dire qu’on a eu chaud cette fois.
- (Brata’c) Je suis désolé de vous avoir embarqués là-dedans.
- (Jack) Vous plaisantez ? C’est toujours un plaisir.
- (Teal’c) Nous sommes heureux de vous rendre service maître Brata’c.
- (Da) Teal’c a raison, entre alliés on doit s’aider.
- (Brata’c) je vous remercie en tous cas, nous n’aurions pas pu nous en sortir seuls.
- (Da) Que fait-on maintenant ?
- (Jack) Oui parce que je ne sais pas vous mais pour ma part j’ai une confiance plus que limitée en ce (désignant l’armature du vaisseau) tas de ferraille.
- (Brata’c) Il ne tiendra plus très longtemps en effet, de plus nous avons besoin de nous reposer, certains jaffas nécessitent des soins urgents et nous n’avons pas mangé depuis plus de 10 heures.
- (Jack, plaisantant) D’ailleurs mon ventre me le fait sentir.
- (Brata’c, après avoir réfléchi un instant) la seule planète que je connaisse qui soit assez près, viable et amicale est Velvios.
- (Jack) Ok, le nom me plaît bien. Attendez… Velvios ce ne serait pas…
- (Brata’c) … la planète d’Aléan ? C’est exact. Mais elle nous accueillera. Elle a toujours soutenu la rébellion jaffa et nous aidera.
- (Jack) C’est Daniel qui va être content ! (à Daniel) N’est-ce pas ?
- (Daniel) Il est vrai que je suis assez curieux de voir cette planète et d’en apprendre plus sur cette reine et ces sujets.
- (Jack) Mouais. Chacun ces hobbies.
Quelques minutes plus tard ils arrivèrent à proximité de la planète. Brata’c stoppa le vaisseau et parlementa de longues minutes à travers le communicateur de bord avant de reprendre la route vers le sol. Les trois membres de SG1 s’étaient approchés de la baie vitrée pour pouvoir profiter du spectacle, ils restèrent bouche bée devant la beauté du paysage qui se dévoilait à leurs yeux : Une ville immense, d’une blancheur immaculé, d’une architecture magnifique, dont les monuments révélant le goût sûr d’un architecte de talent mêlant esthétisme et imagination étincelaient sous les rayons d’un soleil dans un ciel plus magnifique encore, entourée de prairies verdoyantes où passaient des chevaux et de champs symétriques parcourus de cours d’eau. Quelques hameaux se dressaient un peu plus loin, toujours dans cette même lignée de pureté et de beauté.
Au nord de la ville se trouvait un immense jardin orchestré avec superbe entre statues de marbre, fontaines, bosquets et parterres de fleurs, le tout traversé d’allées ordonnées, bordées d’arbres et de bancs, et de kiosques en marbre à colonnes. Au-delà du jardin, derrière une grille blanche, se trouvait un autre jardin, du même genre mais avec des parties un peu plus « libres » et naturelles où les fleurs poussaient librement. Au milieu de ce second Jardin se dressait le plus beau château qu’ils n’avaient jamais vu : blanc, lumineux, délicat, avec des tours et des terrasses qui lui donnait un aspect irréel et fantastique, comme le château d’une quelconque enchanteresse… par de-là le château s’étendait une longue plage de sable fin et une mer émeraude.
- (Da) Waou !
- (Jack, émerveillé) Comme vous dites…
- (Teal’c) C’est stupéfiant.
Brata’c hocha la tête, amusé par la réaction des trois hommes. Puis il alla se poser un peu en retrait de l’agglomération, là où se trouvait déjà un grand nombre de vaisseaux de différentes tailles. Ils furent accueillis par Mila’c à leur descente.
- (Mila’c, serrant la main de Brata’c) Brata’c, mon ami. Je suis heureux de vous voir sain et sauf, tous. Suivez-moi, je vais vous conduire au palais. Nous n’avons pas encore pu prévenir notre reine de votre arrivée. (devant l’interrogation muette des autres) C’est Léana qui nous a donné l’autorisation pour votre atterrissage.
Il conduisit les trois terriens et Brata’c jusqu’à une sorte de borne, Daniel allait demander des explications quant à son utilisation quand ils furent télétransportés après que le garde eut appuyé sur divers boutons.
- (Jack, sous le choc) C’est cool ce truc !
- (Daniel, se tournant vers Mila’c) ça marche comment ?
- (Mila’c, souriant) Honnêtement, je n’en sais rien. (les conduisant à travers de somptueux couloirs) Il faudra demander à Aléan et Léana pour ce genre de chose. (les faisant entrer dans une vaste pièce avec plusieurs lits, des sièges, des coffres et une pièce attenante servant de salle de bain) Vous pouvez prendre une douche et vous reposer ici, nous vous apporterons de quoi vous sustenter avant le dîner. Les autres sont conduits en ce moment même à l’infirmerie qui se trouve dans le bâtiment réservé aux jaffas, (à Brata’c) vos amis non blessés y sont aussi. (à SG1) Je vous laisse pour l’instant. (à Brata’c) Suivez-moi, nous allons rejoindre Aléan.
Une heure plus tard SG1 était douché, rassasié et habillé de pantalon et tunique de lin beige à bordure rouge et dorée, Teal’c se mit à méditer (bah oui, ça lui fait toujours du bien même si il n’a plus de symbiote) tandis que Daniel et Jack décidèrent de faire un tour dans le palais, Daniel cherchait la bibliothèque et Jack, lui, voulait seulement passer le temps. Ils parcoururent pas mal de couloirs et de salles, éblouis par le luxe simple de l’endroit. Ils rencontrèrent peu de gens mais une servante indiqua cependant à Daniel, avec un grand sourire, où était la bibliothèque. Laissant son ami à sa soif de découvertes d’ordre littéraire le général O’Neill décida de se rendre dans les jardins puis se retrouva, sans l’avoir vraiment voulu, sur la plage. Il remarqua tout de suite une silhouette à une cinquantaine de mètres de lui et, piqué dans sa curiosité, s’approcha. Il la reconnut assez rapidement au fait qu’elle était voilée : il s’agissait d’Aléan.
Il ne pouvait s’empêcher de l’admirer : ses cheveux étaient relevés et seules quelques mèches rebelles se balançaient au gré du vent, elle portait un petit haut blanc bordé de bleu foncé s’arrêtant sous la poitrine et ne couvrant qu’une épaule auquel une pièce de tissu était attachée et flottait derrière elle, sa jupe, taille basse et blanche elle aussi, était longue mais fendue sur tout un côté jusqu’à mi-cuisse et quand la brise s’y engouffrait elle révélait l’intégralité de ses longues et fines jambes. La jeune reine paraissait plongée dans ses pensées. Son voile ne tenait aujourd’hui que grâce à une fine chaîne d’argent qui lui barrait le front mais semblait d’un tissu assez rigide tel que le tulle puisqu’il ne bougeait pas. Jack se décida à avancer un peu plus et l’observa un moment mais, comme si elle avait senti son regard elle se retourna soudain et eut un mouvement de recul quand elle le vit et surtout le reconnut.
- (Jack, s’approchant) Je suis désolé, je ne voulais pas vous faire peur.
- (Aléan) Il est relativement difficile de m’effrayer, vous m’avez surprise. Que faites-vous là ?
- (Jack) C’est une longue histoire, Daniel vous expliquera tout ça mieux que moi mais tout le monde vous cherche (désignant la château du menton) là-bas.
Elle ne dit rien mais prit le chemin du retour, Jack la suivit. A un moment il lui tendit la main pour l’aider à passer un petit obstacle : elle hésita un moment puis la prit alors qu’elle relevait sa robe de son autre main. Quand leurs mains furent en contact ils frissonnèrent toutes les deux, se regardèrent puis détournèrent les yeux et Aléan retira vivement sa main. Jack ne comprit ce qui s’était passé mais ce contact lui avait paru comme familier.
Dans une grande salle à manger, au dîner
SG1, Brata’c, Mila’c, Léana et Aléan étaient attablés dans une magnifique pièce aux murs blancs, aux chandeliers d’argent, éclairées par de larges baies vitrées des deux côtés encadrées par de superbes rideaux ivoire. La longue table de verre, dressée d’un magnifique service et décorée de bouquet de fleurs blanches s’apparentant à des tulipes, était chargés de nombreux plats appétissants et les terriens s’en donnait à cœur joie (surtout Jack et Teal’c en fait). Aléan discutait avec Mila’c, Daniel et Brata’c alors que Léana se contentait d’observer leurs invités. A un moment, son regard s’étant fixé sur Jack qui jouait de manière inconsciente avec ses plaques militaire, elle remarqua quelque chose et ne put s’empêcher de s’interroger.
- (Léana, à Jack) Vous portez deux chaînes ?
- (Jack, un peu perdu) Pardon ?
- (Léana) A votre cou…
- (Jack, y portant sa main) Heu, oui. Effectivement.
- (Lé, intriguée) Pourquoi ?
- (Jack) Il y a les miennes et celle du colonel Carter, Samantha Carter.
- (Lé, d’une voix un peu tremblante, après avoir jeté un regard à Aléan) Je ne comprends pas.
- (Jack, les yeux fixés sur la chaîne en question) ça peut paraître idiot mais elle est morte et le fait de porter sa chaîne c’est un peu comme si elle était encore avec moi, tout le temps. J’ai un peu l’impression qu’elle ne m’a pas quitté… (avec un petit sourire) Je n’en ai pas réellement besoin parce qu’elle sera toujours en moi mais là c’est une sorte de preuve matérielle, vous voyez ?
Dans le silence quasiment religieux qui suivit on n’attendit que le bruit sec et clair du choc entre la fourchette que tenait auparavant Léana mais qu’elle venait de lâcher et son assiette. La jeune femme bredouilla des excuses et se leva de table, immédiatement suivi par Aléan. Les gens encore présents s’interrogèrent tous du regard, seul Jack avait à peine remarqué la scène qui venait de se dérouler, trop absorbé par ce qu’il avait dit : bien sûr il le pensait mais il ne se l’était jamais vraiment avoué et quant à en parler à d’autres… ça ne lui était jamais venu à l’esprit mais maintenant qu’il l’avait fait il se sentait presque soulagé. Ses yeux croisèrent ceux de Daniel dans lesquels il put lire l’amitié, la fraternité et l’entente qui les liaient, son équipier lui adressa un petit sourire comme pour le remercier de sa confession. Quelques minutes après les deux jeunes femmes revinrent et Léana s’excusa en prétendant une douleur subite mais maintenant passée. Le reste du repas se passa très bien, dans la bonne humeur générale. Il fut convenu que les visiteurs (le SGC ayant été prévenu par Aléan grâce à un de ses appareils très sophistiqués) repartiraient le lendemain après le petit déjeuner. Daniel voulait donc consacrer tout son temps à l’étude du contenu de la bibliothèque royale et Brata’c allait voir comment se portaient ses hommes
Plus tard dans la soirée Jack retourna sur la plage à l’endroit où il avait croisé Aléan l’après-midi même. Il s’assit sur le sable et contempla le ciel magnifique comme avait pu le faire Sam deux semaines plus tôt. Environ 20 minutes après son arrivée, il entendit des pas derrière lui mais ne se retourna pas, il n’avait aucun doute quand au fait que c’était la reine qui s’approchait, vu la démarche c’était forcément une femme et Aléan semblait aimer cet endroit. La jeune femme prit place à sa hauteur mais à une distance respectable, elle avait troqué sa jupe contre un pantalon blanc, toujours taille basse avec une ceinture bleu nuit. Ils restèrent là un moment sans parler, les yeux fixés sur le ciel et l’espace qui s’étendait au-delà puis elle se décida à briser le silence.
- (Aléan) Vous croyez aux anges ?
- (Jack) Et vous ?
- (Aléan) Avec un ciel comme celui-là… j’aimerais bien.
- (Jack, répondant) J’en ai connu un.
- (Aléan) Comment l’avez-vous su ? Je veux dire que c’était un ange.
- (Jack) Elle était magnifique, parfaite…
- (Aléan, hésitante) Et vous portez sa chaîne ?
- (Jack, se tournant vers elle) Oui. (reportant son regard vers le ciel) Je me demande parfois où elle est, elle me manque tellement.
- (Aléan) Peut-être au paradis ?
- (Jack, souriant) C’est ici le paradis.
- (Aléan, murmurant, pour elle-même) Justement.
- (Jack) Pardon ?
- (Aléan) Non, rien. Vous ne lui avez pas dit tout ça…
- (Jack) Non, c’est vrai.
- (Aléan) C’est dommage. Vous auriez dû.
- (Jack) Elle allait se marier.
- (Aléan) Et avant ?
- (Jack) Je ne cherche pas d’excuse. J’aurais dû… ça paraît toujours plus simple après.
- (Aléan) On fait tous des erreurs, certains les paient juste plus cher.
- (Jack) Vous parlez en connaissance de cause ?
- (Aléan) Je ne sais pas mais j’ai dû en faire vraiment beaucoup pour devoir payer comme je le fais.
- (Jack) Vous avez des regrets ?
- (Aléan) Des regrets, des remords… oui, évidemment. Qui n’en a pas ?
- (Jack) Vous n’avez pas toujours vécu ici ?
- (Aléan) Non. Aléan a vécu tellement d’années, elle a vu tant de choses… sans compter le temps passé sur Terre.
- (Jack) C’était il y a longtemps ?
- (Aléan) Cela semble une éternité, tout dépend de l’échelle à laquelle on se place.
- (Jack, désignant le paysage de sa main) Comment pourriez-vous préférer un autre lieu ? Celui-là est magnifique.
- (Aléan) Je n’ai pas dit que je préférerais être ailleurs. J’aime cet endroit mais ce qui fait que l’on considère un monde comme le sien se sont surtout les gens que l’on y côtoie.
- (Jack) Mais on peut parfois étouffer chez soi.
- (Aléan) Bien sûr mais faut-il partir pour autant ?
- (Jack) Je crois que si on en ressent vraiment le besoin…
- (Aléan) N’est-ce pas égoïste comme point de vue ?
- (Jack) Pas si c’est une question de survie.- (Aléan, souriant et se levant) Merci.
- (Jack, se levant à son tour) Pourquoi ?
- (Aléan, secouant la tête) Pour rien. (hésitante) Je peux… ?
- (Jack, sans comprendre) ça dépend.
Elle approcha doucement sa main du visage du général et posa sa paume sur sa joue, instinctivement il ferma les yeux et frissonna sous la caresse. La jeune femme laissa sa main sur le visage de Jack un moment puis, semblant redescendre sur terre (enfin sur Velvios) elle s’écarta brusquement et repartit vers le château presque en courant. Il ne la suivit pas, ayant besoin d’un peu de temps pour réaliser.