5
Base de Cheyenne Mountain.
Le général Allistair était soucieux. Les choses ne se déroulaient pas comme il l’espérait. Le personnel de la base avait très mal pris le départ du général Hammond. Le vieux général était aimé et respecté de tous, et il sentait qu’il ne serait pas facile de lui succéder.
Partout où il passait, il entendait parler de SG1. Leurs exploits, les Goa’ulds qu’ils avaient vaincus, même l’humour du colonel O’Neill. Teal’c ne disait rien mais le regard qu’il posait parfois sur lui, le rendait furieux. Qui était ce jaffa pour se permettre de le juger ?
Tout était nouveau pour lui. Il avait été briefé rapidement avant de prendre son poste, mais rien ne l’avait préparé à diriger une telle base. Pourtant il avait une longue expérience du commandement, ayant fait de nombreuses missions en Irak, en Afrique et sur les différents terrains d’action où se jouait la politique américaine. Il avait pris la direction de la base comme il avait toujours fait, avec sévérité dans la plus stricte application des règlements.
Or il trouvait que la discipline se relâchait dans cette base. Chacun donnait son avis, sur tout et sur rien. Il lui fallait remettre de l’ordre dans tout cela, et rapidement. Il commença par prendre des mesures draconiennes concernant l’accès aux points sensibles comme la salle de contrôle, et la salle d’embarquement. Il y avait trop de personnels allant et venant en tout sens. Il établit une liste du personnel autorisé, cela se réduisait à quelques techniciens et ingénieurs. Les officiers supérieurs non responsables d’une section se virent refuser l’accès. Le premier fut le colonel Reynolds, qui se permit d’en demander les raisons et se fit vertement remettre à sa place.
Entendre sans arrêt parler de SG1 le mettait en fureur. Naturellement il n’en montrait rien. Mais il trouvait que rester dans la nostalgie du passé était nuisible au bon fonctionnement de la base. Il fallait des résultats, l’état major avait très clair, il devait rapporter de nouvelles techniques, battre des Goa’ulds, en un mot rendre la base plus rentable.
Il décida de remplacer SG1 en donnant ce nom à une nouvelle équipe. Il entreprit un vaste remaniement des équipes afin d’augmenter la rentabilité. Warren passa au grade de lieutenant colonel et devint le nouveau chef de SG1. Il lui adjoignit le major Laurence Villers, une jeune archéologue de talent, ainsi que le sergent David Caster un scientifique aux compétences multiples, travaillant depuis longtemps sur la porte des étoiles et titulaire d’un doctorat en astrophysique.
Tea’lc fut mis sur la touche ne partant en mission que ponctuellement quand le besoin s’en faisait sentir. Allistair retira des équipes tous les civils. Pour lui, seul un militaire aguerri était capable sur le terrain, les civils étaient des poids morts, n’ayant aucun sens de la discipline et de l’efficacité. ils furent donc remerciés, d’autres militaires furent engagés dans divers domaines. Médecine, physique, et même à la cafétéria. En trois mois la base était entièrement militarisée. Allistair pouvait se promener avec satisfaction dans les couloirs au pas de charge, des saluts militaires impeccables saluant son passage.
Cependant les résultats n’étaient pas encore au rendez-vous. SG1 avait cependant rapporté un artéfact prometteur de P8H654. Sans doute une arme.
Le briefing avec SG1 était commencé depuis 22 minutes très exactement quand l’ alarme retentit. Personne ne bougea autour de la table. Seul le général Allistair descendit les escaliers métalliques quatre à quatre et se dirigea vers la salle de contrôle. Dans la salle une escouade de soldats se tenaient à genoux, arme au poing prêts à tirer sur les visiteurs en cas de danger.
Les chevrons s’enclenchaient, bientôt la flaque bleue s’immobilisa tandis que les alarmes continuèrent leur vacarme infernal.
-Aucune équipe n’est de sortie sergent dit-il, fermez l’iris.
Quelques instants passèrent.
-A t-on un code ? demanda Allistair sèchement.
-C’est le code de Cimmeria dit le sergent de la porte.
-Cimmeria ?
-Une planète amie mon général.
-Maintenez l’iris fermé.
Deux minutes plus tard le vortex se referma.
Le général remonta dans la salle de briefing et mit fin à la réunion. Sans autre explications. Chacun remballa ses dossiers et la salle se vida rapidement.
Allistair n’avait pas encore eu le temps de se plonger dans tous les dossiers et il ne connaissait pas Cimmeria, même pas de nom.
Il ouvrit son ordinateur à la recherche des rapports de missions concernant cette planète. Il y avait eu deux missions. Ce qu’il trouva lui permit de conclure qu’effectivement Cimmeria était une planète amie.
Lorsque le sergent lui avait dit dans la salle que c’était le cas, il avait préféré ne pas en tenir compte. Une erreur était toujours possible ; il avait préféré ne pas ouvrir l’iris.
Cimmeria.
Le passage de la porte avait été difficile pour Sam. Elle avait peur de se jeter dans le vide comme dans ses anciens cauchemars. Jack avait dû la prendre par la main. Elle tremblait et craignait pour le bébé.
Personne ne pouvait la rassurer sur ce point mais Jack lui murmura des mots doux à l’oreille et ils passèrent la porte doucement sans à coup, de sorte qu’elle se sentit plus rassurée.
Sur Cimmeria il n’y avait personne, pas de traces de Gairwyn ni de ses soldats. Le marteau à nouveau fonctionnel se dressait dans le ciel, protecteur de la planète.
Sam était fatiguée, le bébé était lourd et elle se retrouvait vite essoufflée au moindre effort. Elle était rouge et en sueur bien que la température fut clémente.
Jack s’était éloigné, il n’en pouvait plus. Il n’avait encore rien dit à Sam et attendait que ses souvenirs reviennent mais ce ne serait pas avant au moins quinze jours qu’elle ferait à nouveau les premiers cauchemars réminiscences de sa vie passée.
-Vous devriez lui dire avant ! Jack dit Daniel en rejoignant son ami.
-Daniel, ça ne vous regarde pas.
-Elle souffre de votre éloignement et ne comprend pas ! dit-il en regardant la jeune femme assise sur les marches de la porte et se tenant la tête dans ses deux mains.
-Je le sais parfaitement rugit Jack, occupez vous de vos oignons Daniel.
-Comme vous voudrez.
Daniel n’insista pas le regard fulgurant de Jack l’en dissuada. Mais il pensait que Jack avait tort.
La situation de ses amis était terrible. Ils avaient fait leur vie ensemble sur Eridu, attendaient un enfant, et un cruel règlement militaire allait les séparer. C’était trop injuste. Daniel frémit en songeant à ce qu’il éprouverait s’il devait quitter Sarah maintenant.
Daniel rejoignit son épouse. Par égard pour leurs amis ils avaient décidé de ne faire aucun geste de tendresse en public. Mais leur cœur était déchiré, et ils ne savait plus comment faire pour les réconforter. Jack avait fermé son cœur comme d’habitude, et Sam pataugeait dans un marasme fait de délires et de mensonges.
Ils décidèrent de quitter la zone de la porte à la recherche de Gairwyn. Celle-ci se trouvait dans le village à trois kilomètres. Par mesure de sécurité ils y allèrent tous, bien que Sam ait du mal à marcher. Daniel la soutenait la plupart du temps. Sam se retournait de temps à autre pour jeter un regard désespéré à Jack qu’elle sentait s’éloigner de plus en plus. Celui-ci fermait la marche, le visage fermé à quelques pas derrière eux. Sarah était devant en éclaireur. Ils n’avaient pas d’autres armes que l’arme de poing de Sarah.
Gairwyn les accueillit avec chaleur et émotion. Elle prit aussitôt soin de Sam. Puis elle prépara un repas qu’elle partagea avec eux. Ils étaient affamés et n’avaient rien pris depuis leur départ d’Eridu.
Longtemps après Jack aborda le problème qui leur tenait tant à cœur.
-Nous aimerions rentrer chez nous, mais cela fait dix mois que nous sommes partis, et nous n’avons plus de GDO.
Gairwyn rentra dans sa tente et revint quelques minutes plus tard avec un appareil dans les mains.
-C’est ça que vous voulez ?
-Oui, notre code à nous n’est plus valable, mais le votre si dit Daniel. Si Sam était en état elle nous aurait déjà expliqué pourquoi ! dit Daniel.
-Prenez-le dit Gairwyn.
-Il faudra que vous veniez avec nous à la porte, nous n’allons pas l’emporter juste l’utiliser. Vous pourriez peut être en avoir besoin.
Ils se mirent en route dès que Sam fut suffisamment en forme pour marcher. Le sommeil et un bon repas lui avait fait du bien et elle pouvait marcher seule.
Arrivés à la porte ils firent les symboles de la terre et le code de Cimmeria. Puis par prudence ils attendirent. Le vortex se referma.
-Pourquoi n’êtes-vous pas passés ?
-On ne sait pas s’ils ont ouverts l’iris de l’autre côté dit Jack. Nous referons un autre essai dans une heure, ou nous attendrons qu’ils nous contactent.
Deux heures plus tard la porte s’ouvrit un MALP apparut, et commença à enregistrer les images autour de lui.
Une voix inconnue jaillit dans le haut parleur.
-Nous refermons. Ouvrez de votre côté et envoyez à nouveau le code, on vous ouvrira.
Aussitôt dit, aussitôt fait. Quelques minutes plus tard ils étaient de retour chez eux.
6
Base de Cheyenne Mountain.
Le général Allistair était resté dans la salle de contrôle. Sur la rampe un étrange quatuor, des civils, une femme grande aux longs cheveux et bouclés. Deux hommes très grands et très minces aux cheveux mal coupés et au visage fatigué, une autre femme blonde et enceinte jusqu’aux yeux.
Jack fit un mouvement pour descendre, mais aussitôt il fut mis en joue par les soldats disposés en demi cercle autour de la salle. Jack sentit qu’un rien pouvait déclencher une catastrophe, et il préféra ne pas bouger. Il fit signe à ses compagnons de rester immobile.
-Qui êtes vous ? dit la même voix inconnue qu’ils avaient entendue sur Cimmeria. Une vois dure et autoritaire à laquelle il ne ferait sans doute pas bon de désobéir.
-Que se passe t-il Jack ? murmura Daniel.
Jack lui fit signe de se taire et de ne pas bouger.
-Identifiez-vous redit la voix.
-Colonel Jack O’Neill, dit Jack, voici le major Carter , Daniel Jackson et Sarah Gardner. Et il attendit.
-Baissez les armes ! Montez en salle de briefing immédiatement dit-il aux nouveaux arrivants.
-Où est le général Hammond ? demanda Jack aussitôt.
-Je ne vous ai pas adressé la parole colonel. C’est à vous de répondre à mes questions. D’où venez-vous ?
-C’est une très longue histoire dit Daniel.
-Je vous écoute.
Pendant le long récit de Daniel Sam regardait autour d’elle. Encore un lieu étrange et inconnu pensa t-elle. Au bout de la salle, ce qui semblait être un bureau. Cette longue table rouge et noire ne lui disait rien du tout, et le personnage autoritaire qui parlait non plus. Est-ce là que j’ai ma vraie vie ? pensa t-elle. Ses amis semblaient reconnaître parfaitement les lieux. Elle écouta le ronronnement de la voix de Daniel qui racontait leur histoire. De temps à autre Jack et Sarah complétaient son récit. Lorsque le général Allistair l’appela major Carter, Sam frémit, mais ne répondit pas.
-je vous ai posé une question major ! dit Allistair d’un ton plus ferme.
-Excusez-là mon général dit Jack, mais elle n’a pas retrouvé toute sa mémoire.
-Elle sait quand même qui lui a fait un enfant ! répondit le général d’un ton soupçonneux.
-C’est moi dit Daniel coupant court à toute réponse de Sam ou de Jack.
-Bien dit le général en faisant le tour des visages. Tout le monde à l’infirmerie. Examen complet.
-Merci Daniel souffla Jack. Je vous revaudrais ça !
-Enregistré ! dit Daniel en souriant. Je vous le rappellerai à l’occasion !
Sam était étendue sur un lit. Elle n’avait pas reconnue Janet qui mise au courant ne s’en était pas formalisée. Elle lui fit toute une batterie d’examens pour voir si l’enfant n’avait pas souffert des différentes drogues qu’elle avait reçues.
-Comment vous sentez-vous Sam ?
-Bien mais fatiguée.
-Ce n’est pas étonnant. Mais j’ai une bonne nouvelle, tout va bien pour vous et votre bébé.
Elle sentit la tension se relâcher. Sam se détendit, elle était souriante et en meilleure forme qu’à son arrivée. Janet poursuivit :
-D’ici deux à trois semaines vous aurez retrouvé la mémoire. Tout ira bien. Le bébé sera là d’ici un mois environ. Vous et Daniel vous avez beaucoup de chance.
-Daniel pourquoi me parlez-vous de Daniel ?
-Mais, c’est le lui le père n’est ce pas ? dit Janet interloquée.
-Pas du tout répliqua Sam. Daniel et Sarah se sont mariés sur Eridu.
-Mais alors qui…
-C’est Jack bien sûr ! Nous sommes ensemble depuis plusieurs mois. Je ne vois pas pourquoi Daniel a dit cela.
-Chut ! dit Janet précipitamment.
Mais c’était trop tard, au même moment une infirmière entrait dans la pièce et s’avançait vers elle.
Avait-elle entendu ? Janet ne pouvait pas le savoir, mais la jeune infirmière avait l’air troublé. C’était une des jeunes femmes engagées par le général Allistair, le sergent Mary Cerven. Une jeune femme très compétente, mais un peu bavarde, dont Janet n’était pas sûre. Elle espérait que les propos de Sam n’iraient pas jusqu’aux oreilles du général Allistair.
-Que se passe t-il ? demanda Sam en voyant l’air inquiet de Janet.
-Rien Sam, reposez-vous bien. Je vous garde à l’infirmerie ce soir et demain vous pourrez rejoindre vos quartiers.
-Quand est ce que je retrouverais mes souvenirs ? demanda la jeune femme anxieuse.
Elle sentait qu’on lui cachait beaucoup de choses. Elle n’avait pas revu Jack depuis leur retour et cela l’inquiétait.
-Je pense dans une semaine ou deux. Maintenant que vous n’êtes plus sur Eridu, le contact avec votre environnement familier va vous aider.
-J’ai hâte dit Sam. En ce moment ma vie est suspendue entre deux mondes et je suis très inquiète.
-N’ayez aucune crainte Sam, dit Janet en lui prenant la main. Vous ne risquez plus rien ici. On s’occupe bien de vous et de votre bébé.
A la mention du bébé Sam se mit à sourire, une leur de joie jaillit dans ses yeux.
Janet sentit son cœur se serrer. Visiblement Sam n’était au courant de rien. Elle maudit intérieurement le colonel O’Neill de n’avoir rien dit.
-Je n’ai pas vu Jack où est-il ?
Janet sursauta.
-Il n’est pas venu vous voir ?
-Non.
-Est-il encore à l’infirmerie ?
- Ah oui dit Janet précipitamment sans même chercher à savoir si c’était vrai. Il est encore là.
Nouveau sourire de Sam.
-Alors il va venir dit-elle en fermant les yeux, rassurée.
Dans le bureau du général Allistair Jack était debout et faisait nerveusement les cents pas.
-Colonel ! Calmez-vous dit le général d’une voix dure.
Il n’en fallut pas plus à ’O’Neill pour qu’il explose.
-Me calmer ! Alors que vous nous traduisez en cours martiale ! Pour un délit dont nous ne sommes pas responsables. Nous avons été drogués…
-Gardez vos arguments pour la cour colonel. Air man ! appela t-il , emmenez le colonel en cellule.
-Vous m’arrêtez rugit O’Neill ! Vous n’êtes même pas au courant de ce que SG1 a fait pour sauver la planète un nombre incalculable de fois, en y laissant nos vies et un peu de notre âme à chaque fois, tandis que vous, vous usiez le fond de culotte de vos misérables fesses sur la chaise de votre bureau !
-Colonel ! hurla Allistair perdant toute retenue, n’aggravez pas votre cas par des insultes envers un supérieur !
Les deux hommes s’affrontaient du regard, le visage à quelques centimètres l’un de l’autre. Allistair légèrement plus petit était obligé de lever les yeux devant un O’Neill très raide ne perdant pas un pouce de sa grande taille, et Allistair m’aima pas du tout cela. Le regard de Jack était si méprisant que le général malgré lui subit l’ascendant de cet homme et il recula.
Sans ajouter un mot il fit signe au garde de mettre les menottes à O’Neill.
L’arrestation du colonel fit le tour de la base en quelques minutes. Quand cela revint aux oreilles de Janet elle fit venir immédiatement dans son bureau l’infirmière Marie Cerven.
-Je suis désolée dit Marie les yeux rougis de larmes.
-Vous êtes désolée, dit Janet froidement, j’espère bien que vous êtes désolée, malheureusement cela ne suffira pas.
-Que voulez vous dire ? demanda la jeune femme d’un air effaré.
-Simplement que je vais faire un rapport. Vous savez parfaitement que tout ce qui se dit dans l’infirmerie est strictement confidentiel, et ne doit en aucun cas être répété, et surtout pas aux pipelettes du mess. A qui avez-vous parlé ?
-A Carolina Smith.
Janet leva les yeux au ciel
-La pire commère que cette base n’ait jamais connu. Mais à quoi pensiez-vous ?
La jeune femme replongea dans son mouchoir
Plus bête que méchante pensa Janet en voyant la jeune femme effondrée. Cependant elle décida d’enfoncer le clou.
-Vous connaissez les rapports de missions de SG1 ?
-Non, major dit-elle, je n’ai pas eu l’occasion de les lire.
-Je vous donne l’ordre de vous plonger dedans. Ils sont accessibles depuis n’importe quel poste, vous avez un code d’accès servez-vous en. Naturellement ce sera en dehors de vos heures de travail. Quand vous aurez lu, continua t-elle impitoyable, vous constaterez l’ampleur de votre indiscrétion. Vous avez mis au pilori un homme et une femme sans qui vous auriez très certainement un serpent dans la tête. Vous leur devez tout. Rompez dit-elle en lui faisant signe de quitter le bureau.
Janet se rassit épuisée. Maintenant il fallait recoller les morceaux du moins essayer, faire comprendre à une jeune femme amnésique que non seulement sa liaison avec Jack était finie, qu’elle ne le reverrait sans doute jamais et qu’elle allait passer en cour martiale.
Jack fut conduit au niveau seize. On lui enleva les menottes et il se retrouva seul dans une petite cellule. Un lit avec un mince matelas, une table et une chaise, le tout scellé dans le sol. Dans un angle dissimulés derrière une fine cloison, un WC et un lavabo. Les murs gris et sinistres habituels de toute la base.
Jack ne décolérait pas. S’il avait eu accès à la salle de sport il aurait tapé durant des heures dans un putching ball. Mais là pour exsuder sa rage il n’avait rien. Il compta les pas, six dans un sens et trois dans l’autre. Il commença à aller et venir d’un mur à l’autre. Il marcha pendant longtemps n’ayant aucune notion du temps. Il se mit à courir sur place jusqu’à ce que son front se couvre de sueur. Mais rien ne semblait pouvoir le calmer.
L’angoisse l’étreignait. Avait-il mis aussi Sam en cellule ? ce général de pacotille !
Aurait-il osé s’en prendre à une femme enceinte ?
Il reprit une marche plus lente, six pas aller, six pas retour… six pas….
Les pensées tourbillonnaient dans sa tête. Il ne se rappelait pas très bien ce qu’ils risquaient, de la prison à coup sûr, mais combien ? un an, deux ans ? ou plus ?
Sam en prison, NON ! il ne fallait pas. On lui prendrait son enfant…. Il serait pris par les services sociaux, elle ne le reverrait jamais.
La gorge serrée par l’angoisse, son cerveau paralysé ne trouvait pas de solution. Tous les scénarios possibles et inimaginables se jouaient dans son esprit. Du plus optimiste au pire, de la non culpabilité reconnue, à la peine la plus sévère, et cela se terminait inévitablement par une scène terrible où des hommes en uniforme venaient arracher leur enfant des bras de sa mère.