Citations du moment :
Il faut rire de tout. C'est extrêmement important. C'est la seule humaine façon de friser la lucidité sans tomber dedans.
[Pierre Desproges]
Imagine

La cicatrice : Chapitre 6

Hammond l’écouta sans l’interrompre.
            -Quelques coups de fils à donner. Vous permettez Jack ?
            -Je vous en prie mon général.
Le général Hammond tout frais retraité depuis quelques mois avait encore le bras long.
Quand il revint dans la chambre il arborait un grand sourire.
            -C’est en bonne voie,  Jack.
            -Vraiment mon général ?  Il me reste alors à guérir très vite.
            -Oui Jack, c’est ce que vous avez de mieux à faire. Mais comment pensez-vous régler votre petit problème personnel ?
            -Ma jambe ? Oh ! Elle va bien.
            -Je ne parlais pas de votre jambe Jack, je…
            -Ne dites rien mon général.
            -Songez-y sérieusement Jack !
            -J’y pense très sérieusement. Mais je ne peux rien dire pour le moment, mais vous serez le premier au courant. Je suis un peu superstitieux vous savez mon général.
Quelques jours plus tard Jack marchait avec des béquilles. Sa blessure se cicatrisait bien, il  fallait seulement du temps pour que la guérison  soit totale. Quelques semaines tout au plus. Mais dès que Jack fut debout, il n’attendit pas  et  il reprit le chemin de son bureau, et se remit au travail.
Les missions avaient continué sous l’égide d’Hammond. Le colonel Carter n’était pas souvent là. L’équipe phare du SGC était souvent sur le terrain.
Sam évitait de se retrouver seule avec O’ Neill, c’était un peu comme si tout ce qu’ils avaient vécu d’intense et de dramatique  n’avait pas existé. C’étaient des « colonel », des «  mon général » Pourtant ils s’étaient pratiquement avoués leur amour. Elle attendait, elle ne savait pas trop quoi d’ailleurs, et sentait en O’Neill un recul, comme s’il regrettait ce qui s’était passé.
C’en était trop pour elle. Elle demanda à partir en mission le plus souvent possible, si ce n’était pas avec SG1 c’était avec d’autres équipes.  Il ne la retenait pas comme s’il était soulagé, de ne plus la voir. Quand elle était au SGC elle s’enfermait dans son labo, travaillant presque nuit et jour. Elle s’abrutissait de travail  pour ne pas penser, pour oublier.
Daniel et Teal’c étaient inquiets, mais elle refusait le dialogue, sa porte restait close. Elle allait au mess à des heures différentes, quand il n’y avait personne. Elle voyait O’Neill une fois par jour pour de très courtes entrevues, où il n’était question que de travail, les phrases étaient brèves, ils se regardaient à peine. Elle ne lui demandait pas de nouvelles de sa santé, même quand elle voyait qu’il souffrait à marcher. Elle voulait se sentir détachée, mais c’était dur, trop dur. Le soir elle s’effondrait en pleurant dans son lit. Elle se posait de réelles questions sur son avenir.
O’Neill avait très peur en fait de lui parler, car il ne savait pas encore s’il pourrait un jour contourner ce fichu règlement, le faire abolir, démissionner. Il avait eu un entretien téléphonique avec le président qui avait été mis au courant de ce qui s’était passé chez lui, les bandes étaient miraculeusement apparues un jour sous ses yeux. Ils les avaient regardées, écoutées, et avait découvert un autre homme, une autre femme que les deux militaires purs et durs qu’il connaissait. Il avait dit à O’Neill d’être patient. Il fallait que la rumeur concernant cette affaire s’apaise, cela pouvait demander plusieurs mois. D’autres personnes comme le chef d’état major avait reçu aussi les documents. L’affaire risquerait de faire grand bruit si elle éclatait au grand jour. Il voyait déjà les gros titres dans la presse, la carrière du colonel Carter foulée au pied.
La prudence était donc de rigueur et c’est la mort dans l’âme qu’O’Neill avait accepté de jouer le jeu. Naturellement il ne pouvait en dire un mot à Carter et c’était cela le plus dur pour lui. La voir dépérir, s’étioler et ne pouvoir rien faire.
Il l’envoyait en mission le plus souvent possible. Il choisissait les missions plus scientifiques, c’était un peu le calme plat sur le front des Goa’ulds. La Tok’ra depuis la rupture de l’alliance ne les envoyait plus sur des missions suicides, et c’était toujours ça de gagné.
Le soir il s’effondrait sur son lit à la fois épuisé et malheureux. Il dépliait alors les deux feuilles qu’avait écrites Carter sur ses rêves. Il relisaient les lignes si belles et se demandait si ce n’était pas trop tard.
tout ce qui vous touche, me touche.
On se rapproche, on se respire, on se touche, nos mains ne se contrôlent plus, on s’embrasse, doucement, puis avec fougue.
Après je dois reconnaître que mon rêve est un peu flou…
J’aime vous regarder, je vous touche, vous ne bougez pas, les cicatrices de votre dos m’attirent, me fascinent ! Je les touche, il y en a beaucoup, je suis émue de voir toutes ces traces sur votre corps. Je les suis du doigt. Ces marques vous les avez eu au combat, sous la torture, vous avez si souvent supporté la douleur pour nous l’éviter à nous, et je pleure en vous voyant. J’ai assisté à beaucoup de vos supplices, je connais vos souffrances, mais je vois autre chose, une terrible marque que je ne connais pas.
Comme il l’aimait en cet instant. Il se torturait  à relire ces phrases. Ce mot « toucher »,  qu’elle employait  de toutes les façons possibles, au propre comme au figuré. Lui aussi il était touché en plein cœur, et s’il en doutait avant, maintenant il le savait.
Il rangeait alors le papier au fond de sa poche, ces deux feuillets il ne les quittait jamais, il les portait tout contre son cœur. De temps à autre dans la journée il tâtait sa poitrine pour voir si elles étaient toujours là.
A la fin d’une journée particulièrement difficile il reçut un coup de fil du général Hammond.
            -Jack comment allez-vous ?
S’il fut étonné du ton enjoué du vieux général, il ne le montra pas.
            -Bien mon général.
Mais le général ne se trompa pas sur la voix lasse du chef du SGC. Il savait combien ce poste était difficile et les responsabilités écrasantes.
Il poursuivit sur le même ton.
            -J’ai de bonnes nouvelles pour vous Jack ! Vous connaissez un certain Bronson du NID.
            -Oh oui je le connais dit O’Neill avec de la colère dans la voix.
            -Et bien figurez vous qu’il a été arrêté pour haute trahison envers l’état. Il est en prison et pour longtemps. Un complot a été mis à jour et porté à l’attention du président, ce complot dont vous aviez été la victime, était destiné à traîner dans la boue certaines personnes bien placées, vous, le colonel Carter, et moi-même, dans le but de  prendre la tête du SGC et diriger ce service sous les ordres de qui ? Je vous le donne en mille.
            -Kinsey bien sûr ! Mais je le croyais sur la touche celui-là.
            -En apparence seulement continua Hammond, il était déchu par le président, mais comme il contrôlait depuis longtemps déjà une branche pourrie du NID, il y avait encore des intérêts et entendait bien les faire valoir. Ses hommes à lui agissaient dans l’ombre, et Bronson était son bras droit.
            -Si j’ai bien compris Général Hammond, plus rien ne s’oppose à …
            -Attendez le feu vert du président. Mais je recommande la plus grande prudence. Tant que les remous de cette affaire ne sont pas retombés il faut se méfier.
            -Attendre encore longtemps  d’après vous mon général ?  Cela devient intenable, et j’ai très peur pour Carter, qu’il lui arrive quelque chose, qu’elle déprime ou pire encore.
            -Je sais Jack, mais pas un mot de tout ceci, elle ne doit se douter de rien, c’est une question de sécurité pour elle.
            -Je comprends. Merci général de vous occuper de moi comme ça.
            -Vous le méritez bien Jack. De toutes les personnes que j’ai eues sous mes ordres, vous étiez la plus impossible, mais aussi la plus exceptionnelle ! Je suis sincère Jack.
            -Je vous en ai fait baver quand même mon général !
            -Oui Jack, vous étiez infernal certains jours, il faut bien l’avouer dit Hammond en riant. Allez mon ami ne perdez pas courage.
            -Merci. 
Trois mois plus tard, la situation était totalement dégradée au SGC. Oh tout allait bien en apparence, mais cette longue attente avait fait des ravages dans les cœurs. Daniel n’en pouvait plus de voir son amie Sam dépérir. Elle était épuisée par un travail incessant dans lequel elle se noyait pour oublier.
Un jour elle demanda à voir le général.
Celui-ci la reçut dans son bureau, debout, il ne la fit pas asseoir,  pour lui montrer qu’il souhaitait que l’entretien fût bref.
            -Faites vite colonel dit-il d’un ton sec, je dois partir.
            -Oh mon général ça ne va pas être long ! Et elle posa une enveloppe sur son bureau.
            -Qu’est ce que c’est ?
            -Ma démission.
            -Requête rejetée.
            -Mon général, elle parlait lentement en accentuant les mots : je ne vous demande pas l’autorisation,  je pars.
Coups d’œil noir de part et d’autre.
            -Si vous partez  maintenant, vous quittez aussi l’armée, en êtes vous consciente ?
Comment pouvait-il lui parler avec cet air froid, un tel détachement ! Comme elle s’était fait des illusions sur son compte ! Pauvre sotte, il a du bien rire de tes histoires de rêves prémonitoires. Et pourtant l’ingrat, cela lui a sauvé la vie. Je t’ai sauvé la vie Jack O’Neill ! Ne l’oublie pas !
Elle reprit d’une voix lasse :
            -Mon général, j’en ai assez de l’armée qui broie les cœurs et les âmes, sous sa férule !
            -Carter, reprit –il avec une étrange douceur dans la voix. Je n’accepte pas votre démission, mais je peux vous donner un congé, si vous me le demandez. Car si je fais suivre cette lettre, je ne pourrais plus rien. Ce ne sera plus de mon ressort.  Que décidez-vous ?
Elle hocha la tête.
            -Mon général, je suis fatiguée en ce moment, je souhaiterais quitter le SGC et prendre un peu de repos.
Elle ne savait pas pourquoi elle lui faisait encore confiance, peut être à cause de cette lueur triste qu’il avait eue dans le regard tout à l’heure. 
Il lui sourit :
            -Permission accordée Carter. Revenez-nous en meilleure forme, disons dans un mois ?
            -Merci mon général.
            -Et que fait-on de ceci ? Dit-il en montrant l’enveloppe.
Elle la reprit de ses mains, leurs doigts se frôlèrent et ils furent pris tous les deux d’un frisson. Ils détournèrent le regard.
Elle passa la lettre dans la machine à broyer, et sortit rapidement pour ne pas montrer ses larmes.
Sam avait dit à Daniel et à Teal’c que le général O’Neill lui avait accordé un mois de repos à sa demande. Elle n’avait pas mentionné son désir de démission.
            -Vous comptez aller où Sam ? Avait demandé Daniel.
            -J’ai quelques amies que je n’ai pas vues depuis longtemps à Washington.
            -Vous donnerez de vos nouvelles ?
            -Naturellement dès que j’arriverais là bas je vous appellerais, avait-elle répondu un peu vite.
Daniel lui trouvait  très mauvaise mine, il avait essayé maladroitement de lui remonter le moral.
            -Ça va s’arranger Sam !
Elle avait été furieuse :
            -Comment le savez vous ?  Et puis de quoi vous parlez ?  Je suis épuisée par trop de boulot c’est tout.
Elle s’était à moitié vendue dans le début de sa phrase, cela avait fait sourire Daniel :
            -Vous savez, Jack a de gros problèmes en ce moment.
            -Si vous saviez ce que je m’en fous des problèmes du général ! Avait –elle crié. Et puis arrêtez de me parler de lui, je ne veux plus entendre son nom ! Jamais ! Maintenant laissez-moi partir. Je vous en prie.
Daniel l’avait alors prise dans ses bras :
            -Prenez bien soin de vous Sam.
Puis elle avait passé ses deux bras autour du cou de Teal’c et lui avait murmuré à l’oreille : « gardez un œil sur lui Teal’c », puis elle l’avait embrassé sur la joue.
Elle avait alors quitté la base sans se retourner.
Puis Sam était rentrée chez elle. Elle avait appelé ses amies Hélène et Claire et elles avaient convenu de se voir le lendemain.
Le temps de faire rapidement un sac elle avait pu prendre le dernier vol de la journée pour Washington.
Les deux jours qu’elle passa avec ses amies lui firent un bien fou. Elles  louèrent des films d’horreur, se bourrèrent de pizzas de bière et de whisky. Petit mélange anesthésiant qui apporta à Sam un peu d’accalmie dans sa douleur.
Malheureusement ses amies n’avaient que deux jours de congé, et dans l’avion qui la ramenait à Colorado Springs, elle fut bientôt reprise par ses tourments, et c’était avec une affreuse migraine et le cœur en charpie qu’elle s’enferma chez elle. Elle avait eu le réflexe d’appeler Daniel depuis chez Hélène.
Elle l’avait totalement bluffé avec musique hurlante en fond sonore, rires et plaisanteries.
Daniel avait été rassuré.
Puis elle rentra sa voiture dans son garage, n’ouvrit pas les volets et se coucha.
Il était 2 heures de l’après midi.
Elle plongea tout de suite dans le rêve. Le tout premier, celui qu’elle avait adoré et qui lui avait fait tant de bien. 
Quand elle se réveilla dans la soirée, elle se sentait plus calme et se demandait bien ce qu’elle allait faire de ses trois semaines et demi de congé qui lui restait. Une éternité pour elle. Une crainte aussi de n’avoir rien à faire pour s’occuper l’esprit et s’empêcher de penser.
Sa maison était en ordre, comme une maison  que l’on habite peu, presque un endroit impersonnel, un lieu de passage. Dans son séjour il n’y avait même pas de journaux sur la table basse, aussitôt lus aussitôt jetés, avec cette manie militaire de tout ranger, de tout classe,r de tout trier. Sa chambre était une pièce claire, aérée, avec peu d’objets personnels, quelques livres de sciences. Dans sa salle de bain impeccable, juste le minimum sur le lavabo. Des placards à peu près vides, à part ses tenues militaires, elles aussi impeccables. Elle chercha une tenue plus appropriée, ne trouva que quelques tenues de sport. Pour sortir, des vêtements de ville, deux ou trois jupes, des pulls et chemisiers, une petite robe un peu plus habillée. Au niveau des chaussures elle n’était pas plus riche.
Avec un soupir elle se rallongea, sa vie lui semblait tout à coup finalement très semblable à sa maison, vide, peu d’amis, peu de connaissances en dehors de son travail, une famille inexistante. Une vie, entièrement tournée vers son travail. L’armée lui donnait tout, mais lui reprenait tout, et l’étranglait sous ses règlements obsolètes. Huit longues années à se morfondre, à lutter contre un sentiment naissant, qu’elle avait cru pouvoir oublier, mais qui avait pris des proportions gigantesques, qui avait bouleversé sa vie, au point qu’elle avait perdu tous ses repères.
Elle sortit au supermarché. Le quartier où elle vivait était loin de la base, personne de l’armée n’habitait dans ce secteur. Elle aurait détesté être vue avec un caddy rempli de provisions pour plusieurs jours, avec cachés dans le fond, bien soigneusement sous les boites de conserve,  des packs de bière et des bouteilles de whisky.
Elle fit un tour par le rayon pharmacie et s’acheta de l’aspirine et une boite de somnifères. Elle termina son parcours en louant des cassettes vidéo, quelques films sentimentaux où elle pourrait pleurer sur les héros et sur elle-même avec bonne conscience.
Elle ouvrit sa première canette de bière, puis une deuxième, et une troisième. Comme elle pleurait toujours devant sa télé en regardant ces inepties sentimentales, elle passa au whisky. Cela fit des ravages dans son corps qu’elle n’avait pas nourri depuis la veille. Elle s’écroula, sa bouteille à moitié vide roula sur la moquette, elle ne s’en aperçut même pas, elle avait sombré, enfin, dans le sommeil anesthésiant qu’elle recherchait depuis longtemps.
Son réveil fut pénible et douloureux, elle vomit longuement toute cette boisson ingurgitée. Elle tituba au sortir de la salle de bain, et ne jeta même pas un regard vers son  salon en désordre. Elle se fit un café pour s’éclaircir les idées. Quelques minutes plus tard  le découragement la prit de nouveau. Elle s’enfonçait dans une sorte de marasme dont elle ne pouvait pas sortir seule.
Son portable se mit à sonner. Machinalement elle répondit.
            -Carter.
            -Sam ! C’est Daniel !  Je viens aux nouvelles, alors Washington est comment ?
            -…
            -Sam, vous êtes là ?
            -Oui, Daniel, vous m’avez réveillée.
            -Oh excusez moi, mais il est dix heures, et je ne pensais pas…
            -C’est pas grave Daniel, nous avons fait une petite soirée un  peu arrosée et j’ai mal aux cheveux, dit-elle en regardant d’un air dégoûté autour d’elle.
            -Excusez moi, je vous laisse.
            -Daniel ! Est-ce que Teal’c est à côté de vous ?
            -Oui je vous le passe.
            -Merci.
            -Colonel Carter !
La voix calme de Teal’c était apaisante, c’était quelque chose d’immuable, le monde pouvait s’écrouler, lui serait toujours là.
            -Vous êtes seul Teal’c ?
            -Oui colonel Carter, Daniel Jackson vient de quitter la pièce.
            -Comment va-t-il ?
            -Je suppose que vous parlez du général O’Neill ?
Et voilà c’était reparti, elle entendait son nom et aussitôt son cœur se mettait à cogner comme un sourd dans sa poitrine.
            -Oui, dit-elle d’une voix qu’elle aurait souhaité plus ferme.
            -Et bien disons, colonel Carter, qu’il n’est pas dans une bonne période.
            -Il terrorise toute la base ?
            -C’est à peu près ça !
Elle rit en l’imaginant sans arrêt en colère, déversant des mots durs et des remarques désobligeantes à un personnel obligé de se soumettre sous peine de sanctions. Sanction qu’il donnait rarement, il avait le sens de la justice, mais son caractère impétueux prenait parfois le dessus et dans ces cas là, il était particulièrement invivable.
            -Et sa blessure, Teal’c ?
            -Je crois qu’il en souffre. Mais je n’en suis pas sûr. Il n’en parle jamais, naturellement.
            -Naturellement, répéta t-elle.
            -Et vous Samantha Carter, comment allez-vous ?
            -Je vais bien Teal’c, j’ai besoin de repos, c’est  tout.
Elle ne voulut rien dire de plus. Ce n’était pas la peine, l’ancien jaffa avait parfaitement compris.
            -Alors reposez vous bien Samantha Carter, et revenez nous bientôt.
            -Merci Teal’c.
Ce coup de téléphone lui avait fait du bien, et beaucoup de mal à la fois. C’était comme mettre de l’huile sur le feu. On lui reparlait de « son  général » aussitôt elle redressait la tête hors de l’eau pour la plonger encore plus profond quelques instants plus tard. C’était un cercle vicieux. Il n’y avait pas d’issue, elle le savait, autre que la rupture totale.
Elle se sentait si fatiguée, elle voulait dormir, simplement  dormir. Seulement elle avait perdu tout bon sens et elle fit cet affreux mélange de somnifère et d’alcool.
Elle ne voulait rien d’autre que dormir.
Elle ne se réveilla que le lendemain, les idées obscurcies, et elle recommença, se plongea dans l’alcool et la dépression. Son portable sonnait elle ne s’en rendait même pas compte.
Sa réserve d’alcool était épuisée, mais elle n’eut pas le courage de sortir, elle n’était pas en état.
Le général était vraiment de très mauvaise humeur, il ne contrôlait plus grand-chose, et faisait son travail par la force de  l’habitude. Il était tout le temps en colère et avait du mal à se contenir. Il se forçait devant ses subordonnés mais n’y arrivait pas toujours.
Le téléphone n’avait pas cessé depuis le matin, des problèmes d’intendance, de réunions, d’inspection, de sa hiérarchie qui le harcelait pour des broutilles.
Il ferma la porte de son bureau et demanda qu’on ne le dérange sous aucun prétexte.
Sa blessure  était toujours très douloureuse, sa jambe s’engourdissait de temps à autre et il avait du mal à marcher. Le docteur Bright disait que tout était normal, que tout rentrerait dans l’ordre, rapidement, que c’était plus psychologique qu’autre chose.
Il avait bondit à ces mots :
            -Psychologique ! Mais c’est une réelle douleur docteur ! Avait –il dit avec un grondement de colère dans la voix.
Le médecin lui avait alors répondu très calmement sans se laisser démonter par l’oeil furieux du général.
            -Naturellement que c’est réel, vous souffrez, mais vous ne devriez plus. Votre blessure est guérie. Quand vous aurez réglé vos problèmes personnels, mon général, peut être  que cette douleur partira ?
Elle le regardait avec un petit sourire qui en disait long. Il ne savait pas trop comment réagir, elle l’avait désarçonné.
Il tourna les talons sans rien dire et rentra encore plus furieux dans son bureau. C’était à ce moment là que Daniel s’était présenté.
Il avait été très mal accueilli.
            -Ce n’est pas le moment Daniel, sortez !
Alors contre toute attente Daniel s’était fâché.
            -Non Jack, vous allez m’écouter, j’en ai marre de voir mes deux meilleurs amis se détruire de cette façon. Sam n’est pas bien en en ce moment.
La colère d’ O’ Neill se dégonfla comme un ballon de baudruche. Il passa une main lasse sur son front.
            -Je ne peux rien faire Daniel, pour le moment, rien du tout.
            -Mais faites comme vous l’avez toujours fait depuis huit ans. Mais pourquoi la rejeter ?
            -Cela ne dépend pas de moi.
            -Il s’est passé quelque chose de grave ?
            -Oui
            -En rapport avec votre blessure ?
            -En effet, mais le colonel Carter doit être totalement mise à l’écart de tout ça pour le moment.
            -Mais pourquoi ?
            -C’est pour sa sécurité.
            -Sa sécurité ?  
            -Je ne peux rien dire de plus, Daniel, ne me posez pas de questions.
            -Mais qu’est ce qui vous empêche d’avoir des rapports cordiaux  avec Sam ? Il s’est passé quelque chose ?
            -Daniel, je vous en prie n’en demandez pas plus.
Daniel ne comprenait pas, pourquoi O’Neill avait l’air si malheureux.
Il pointa un doigt vers son ami.
            -Vous savez jack, vous êtes entrain de la tuer là. Je ne suis pas dupe de ses soirées avec ses copines, elle s’étourdit pour oublier, pour vous oublier.
            -C’est peut être le mieux finalement, qu’elle oublie murmura Jack. Il ne parlait plus à Daniel mais à lui-même. Oui qu’elle m’oublie…
            -Jack ! Réveillez-vous ! Elle ne répond plus au téléphone ! Depuis trois jours, son portable est coupé.
Jack releva la tête, sortant soudain de sa  torpeur :
 
 
Conçu par Océan spécialement pour Imagine.
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