L’équipe composée de Caldwell, du major Hatkins et de trois simples soldats se matérialisa à une dizaine de mètres de la porte. Le spectacle était si apocalyptique qu’ils restèrent muets quelques secondes. Le terrain avait été comme labouré par une main gigantesque et il ne restait que des blocs noircis et calcinés de ce qui avait été une porte des étoiles.
. -Des signes de vie major ?
-Très faibles à quelques kilomètres vers le nord.
-Sans doute les villageois qui se terrent dans les grottes. Allons-y.
Caldwell se demandait quelle force avait pu causer un tel cataclysme. Seule la combinaison d’un tremblement de terre et d’une bombe boostée au naquadah avait pu faire un tel dégât. En bon militaire il essayait d’évaluer la puissance de la bombe, mais il renonça, elle devait être colossale, et le Goa’uld qui possédait une telle force était encore un dangereux adversaire.
Ils se mirent en route en marchant avec précaution, le sol leur paraissait instable et de nombreux trous étaient autant d’embûches sous leurs pas. La végétation avait disparu à des kilomètres à la ronde et des restes d’incendies brûlaient encore avivés par un vent sec. Il n’y avait plus de traces de corps, pourtant des flaques de sang séchées témoignaient de la brutalité des combats qui avaient eu lieu en cet endroit.
Le colonel Caldwell mit ses mains devant ses yeux pour se protéger de la lumière vive. Un énorme soleil les éblouissait de ses rayons faisant danser devant leurs yeux le paysage fragmenté en des milliers de mirages. Des surfaces brillantes comme de l’eau apparaissaient et disparaissaient, les étourdissant de leur flamme. Un vertige subit lui fit fermer les yeux. Trop chaud ce soleil pensa t-il !
Il s’arrêta un instant et reprit sa marche lente dans les décombres.
Brusquement le vent enfla et un voile de brume cacha le soleil qui avait commencé à brûler les visages. La chaleur tomba d’un seul coup tandis que le brouillard enveloppait le paysage, le masquant et le rendant opaque aux militaires aguerris. De violentes trombes d’eau s’abattirent sur la région.
-C’est certainement la brume dont a parlé le colonel Mitchell dans son rapport cria Hatkins pour se faire entendre.
-On ne voit pas à deux mètres dit une voix.
-Regroupez vous au son de ma voix cria Caldwell, ne vous dispersez pas. Nous ne devons pas être loin des ruines du village.
Les hommes se regroupèrent et marchèrent en silence. Après un long moment,
les premières ruines apparurent.
-Il faut attendre que les guetteurs avertissent Marouk et que l’on vienne nous chercher. Ne bougeons plus ordonna Caldwell.
Ils s’assirent sur des pierres au bord du chemin et ils ne durent pas attendre bien longtemps. Des hommes armés les encadrèrent aussitôt. Caldwell se présenta et ils furent aussitôt conduits dans les souterrains où les attendait Marouk.
Caldwell pénétra le premier dans la grotte, et après avoir salué Marouk demanda :
-Qu’est devenu le général O’Neill ?
-Rassurez vous, il a été gravement blessé par les explosions mais il est en bonne voie de guérison.
Ils suivirent quelques couloirs et arrivèrent à la partie qui servait de logement.
-Caldwell ! ravi de voir un visage connu fit la voix de O’Neill.
-Mon général ! Que s’est-il passé ?
-Je suis coincé ici, mais je suppose que vous êtes venus avec le Dédalus.
-En effet.
-Alors partons.
-Le général Landry m’a confié une mission, et je ne rentre pas sur terre immédiatement, de nouveaux ordres viennent de me parvenir. Je vais vous conduire sur la planète la plus proche.
-Naturellement. Je crois d’ailleurs qu’avec la destruction de notre porte l’arrivée de votre vaisseau résout tous nos problèmes dit Marouk avec satisfaction. Suivez moi, je vais vous donner ce dont nous avions convenus.
Les transactions terminées, O’Neill et l’équipe de Caldwell furent téléportés sur le Dédalus. Un kilo de naquadrium fut également remonté à bord de l’appareil.
Au moment où un message s’apprêtait à être envoyé la radio tomba en panne.
Caldwell s’adressa à son officier scientifique :
-Que se passe t-il major ?
-Les communications sont en panne, je pense pouvoir réparer, mais il me faudra quelques heures.
-Nous ne pourrons donc pas envoyer de messages à la Terre pour les prévenir de votre retour général O’Neill.
O’Neill ne répondit que par un sourire. Rentrer chez lui, il n’y avait que ça qui comptait pour le moment.
-Quelle est votre mission Caldwell ? demanda O’Neill un peu plus tard.
-Mon général, les choses ont beaucoup bougé durant ces trois semaines, et je dois porter secours à une population en détresse sur une autre planète visitée par des prêcheurs.
-Vous allez leur trouver un refuge ?
-En effet !
-Mais cela ne durera qu’un temps, hélas, les prêcheurs reviennent toujours.
-Non, il n’y a pas de shapaï, ce peuple sera en sécurité tant que les prêcheurs n’ont pas de vaisseaux.
-C’est en effet une bonne solution répondit O’Neill. Vous me déposez où ?
-Sur P8H765, c’est une planète peu peuplée où il n’y a pas de Goa’ulds, ni d’Ori. Je resterai en position au dessus de la porte jusqu’à ce que vous soyez rentré sur terre.
-Et le code ?
-Le général Landry m’a confié un GDO.
Quelques heures plus tard le Dédalus se positionnait au dessus de la planète et le général O’Neill fut téléporté à proximité du shapaï.
Le paysage était verdoyant, et il faisait beau, le général O’Neill respira un grand coup s’emplissant les poumons d’air frais. C’était si agréable après le séjour de plusieurs semaines dans des grottes. Cependant il ne s’attarda pas, et appuya sur les symboles de la terre et quand le vortex fut ouvert il composa le code.
Salle d’embarquement.
Il était minuit passé et les alarmes mugissaient depuis plus d’une minute. Sam qui ne dormait pas était arrivée dans la salle de contrôle en courant.
-On a un code sergent ? demanda t-elle d’une voix étranglée.
Son cœur battait à grands coups, une arrivée non prévue au milieu de la nuit pouvait être le début d’une catastrophe. Ou bien, le retour…
Elle s’interdit de s’aventurer plus loin, de peur d’une terrible déception.
-Harriman ? s’impatienta t-elle.
-Non mon colonel, pas encore.
Les secondes s’égrenaient, interminables…
-C’est le code du colonel Caldwell ! dit Harriman en levant les yeux vers Sam.
-Caldwell ! Ouvrez l’iris !
Mais qu’est ce qui se passe ? pensa t-elle le colonel a dû avoir un gros problème avec le Dédale pour venir par une porte des étoiles.
-Appelez tout de suite le général Landry ordonna t-elle.
L’homme qui passa la porte ne ressemblait en rien à Caldwell, il s’appuyait sur une grossière béquille de bois. Les jambes de Sam ployèrent sous son corps, victimes d’une étrange faiblesse. C’était LUI. Il était sale, barbu, les cheveux mal coupés, le visage pâle, mais c’était lui.
Elle descendit l’escalier quatre à quatre et ralentit au fur et à mesure qu’elle arrivait dans la salle d’embarquement.
Pris d’un soudain épuisement il vacilla, mais par la force de sa volonté il resta debout. Les silhouettes autour de lui devinrent floues et il écarquilla les yeux pour ajuster sa vision, mais rien n’y fit. Landry et les soldats présents semblaient disparaître dans une sorte de brume, tandis qu’un visage familier apparut très nettement devant lui. Elle avait le visage grave et tourmenté et semblait elle semblait aussi très angoissée.
Tout cela n’avait duré qu’une fraction de seconde, puis il entendit sa voix murmurer.
-Mon général, vous allez bien ?
Il n’eut pas le temps de répondre, hocha seulement la tête, tandis qu’une équipe médicale s’occupait déjà de lui. C’est allongé sur un brancard qu’on l’emmena à l’infirmerie.
Trois jours plus tard, salle de briefing.
-Je peux dire que tu as de la chance Jack ! conclut Landry en souriant.
-C’est vrai, beaucoup de chance.
-Qu’allez vous faire maintenant Jack ? demanda la voix de Daniel.
Elle en était sûre, il allait repartir pour Washington, elle ne le reverrait plus. Son cœur se serra. Quand cela finirait-il un jour ? tous ces espoirs sans cesse déçus, et cette douleur permanente au cœur qui la rongeait jour après jour. Elle n’en pouvait plus. Elle ne se réjouissait pas de son retour comme elle l’aurait dû. Quelque chose s’était cassé en elle. Touts ces espoirs déçus et ces attentes vaines l’avaient usée. Elle n’arrivait pas à se réjouir de le voir dans la base, ici, près d’elle. Non, elle savait qu’il allait repartir dès qu’il serait guéri, et cela détruisait tout. Elle avait un peu honte d’elle… de son attitude… de son égoïsme.
Elle avait vaguement entendu O’Neill répondre à Daniel que son devoir l’attendait, là bas… elle ne voulait même pas y penser.
-Qu’en pensez-vous colonel ?
Elle sursauta, le général Landry venait de lui poser une question et elle n’avait rien suivi du briefing.
-Carter !
La voix de Jack la saisit en plein cœur, il n’y avait que lui pour prononcer son nom de cette façon, d’une manière à la fois douce et ferme.
Elle surprit le regard entre Jack et Landry.
Mon dieu, elle n’avait rien écouté !
-Je vous demandais colonel si vous pouviez nous donner un éclaircissement sur la destruction de la porte de Minera.
Le professionnalisme de Sam reprenant le dessus, elle se lança dans une longue explication sur la conjugaison des deux forces en présence, à savoir une bombe au naquadrium lancée par le Goa’uld Gwydion et un violent séisme.
-C’est vrai que le Goa’uld a dû se servir en premier dans les mines de naquadrium ajouta Cameron.
-Marouk s’est bien gardé de nous en parler, ajouta Daniel.
-Carter, pensez vous que le séisme ait pu être provoqué ?
-Je ne peux le dire avec certitude, mon général, mais c’est peu probable.
Ils continuèrent à évoquer un moment la cupidité habituelle des Goa’ulds et celui-ci sous une apparence bénéfique était sans doute un des pires, une fausse bonté ajoutée à un esprit protecteur. Piège dans lequel était tombé le naïf Marouk.
-Il y a quelque chose qui m’intrigue mon général, comment Marouk a t-il pu faire alliance avec la Terre ? Gwydion était forcément au courant.
-Cet exact, et je peux vous le dire maintenant. C’était un accord secret passé directement entre le chef de l’Etat et le Goa’uld. Le président ne tenait pas à ce que le SGC soit mis au courant.
Landry sembla offusqué par cette révélation.
-Mais depuis quand le président agit-il seul ?
-Il souhaitait un maximum de discrétion. Le naquadrium étant hautement instable et inutilisable tel quel, il a fallu trouver un procédé pour le stabiliser et ce sont des recherches qu’il a commandé à un laboratoire militaire commandé par le colonel Sverenska.
- Une russe ?
-C’est exact poursuivit O’Neill. Ce sont les meilleures spécialistes dans ce domaine.
-C’est inouï ça et pourquoi tout ce mystère ?
-Justement parce que ce sont des russes ! Et que cela s’est fait à l’insu du Pentagone.
-Que leur avons nous promis en échange ?
-La moitié de ce que nous récolterons.
-Evidemment cette technique a aussi été donnée au Goa’uld. Tout cela sur le dos du naïf Marouk, s’indigna Daniel.
A cet instant un autre phénomène insolite se produisit. Teal’c releva brusquement la tête et croisa le regard affolé de Daniel, et celui interrogateur de Jack, tandis que Sam murmura « mais que se passe t-il » ?
Ils étaient tous les quatre victime d’une hallucination collective. C’était la première fois. Chacun avait à un moment ou à un autre éprouvé cette sorte de dédoublement, d’effacement, mais ils avaient mis ça sur le compte de la fatigue ou du manque de sommeil.
Daniel voulut se lever mais il ne pouvait plus faire un mouvement, il était comme collé au fauteuil. Sam ouvrit la bouche pour parler mais aucun son ne sortit de ses lèvres. Teal’c était immobile, les deux mains posées sur la table. Le visage de Jack en face d’elle exprimait la stupeur. Mais le plus incroyable se réalisa. Les quatre regards se fixèrent soudain sur les silhouettes de Cameron Mitchell et du général Landry qui se dissolvaient dans une sorte de brume, et finirent par disparaître.
Pendant quelques secondes ils ne purent dire un seul mot tellement le phénomène étaient extraordinaire.
La voix de O’Neill réveilla Sam de sa torpeur
-Carter !
-Mon général balbutia t-elle, je ne sais pas….
Puis ils se mirent tous à parler en même temps, sous le coup de l’émotion.
Le bruit attira le sergent Harriman qui entendant les voix se précipita.
-Oh mon dieu ! vous êtes là !
-Bien sûr on est là ! Où voulez vous qu’on soit ! réagit Jack au quart de tour. Mais où sont passé Mitchell et Landry ?
-Vous…vous…qui ? je… je vais prévenir tout de suite le gé.. général Hammond bégaya Walter.
-Hammond ! s’exclama Daniel, repris en chœur par les trois autres.