Puis elle se sermonna et chassa les images d’Eux de sa tête.
Elle devait maintenant finir sa tache, et ensuite reprendre clairement ses esprits avant de pouvoir le rejoindre.
Leurs résolutions n’avaient pas encore entièrement gagné, et le contraire restait malgré tout inconcevable.
*******************************
Sam retrouva Jack quinze minutes après, affalé dans le canapé, les bras appuyés contre le dossier, la tête renversée et les yeux fermés.
Elle resta ainsi, silencieuse à l’entrée du salon à l’observer quelques minutes, appuyée contre le mur.
… Ce même mur où….
Rhhha, elle s’en dégagea rapidement comme si ce contact l’avait brûlée.
Devaient-ils vraiment sortir de cet appartement pour parvenir à faire le point sur leur situation ?
Elle ne connaissait pas la réponse, et resta donc immobile à le fixer.
Elle ne l’avait que trop rarement vu aussi détendu. Il avait bien cette ride lui barrant le front, présente quand il était sous tension, mais Le voir dégagé de son masque et rôle de militaire était déroutant.
Tout était déroutant pour Elle depuis qu’elle s’était réveillée ce matin.
Et Ils arrivaient à cet instant sans doute au moment qui le serait à son paroxysme.
Son cœur n’avait pas ralentit son rythme… Et la tension avait belle et bien reprit ses droits sur son corps, mais là il ne s’agissait pas de frustration, de désir ou de plaisir.
L’angoisse s’était purement emparée d’Elle depuis qu’Il avait quitté la chambre, lui nouant le ventre comme rarement cela lui était arrivé.
En sortant, il avait davantage signifié leur besoin de mettre les choses au clair, et l’avait mise devant le fait accompli, en le rendant presque inexorable.
De toute façon, une sorte de chaos l’emplissait depuis qu’elle avait ouvert Sa lettre et le faire part, la partageant successivement entre la peur et le besoin de savoir, l’amour et le désespoir, le désir de se laisser complètement aller et le contrôle…
Mais un mouvement la sortit de sa réflexion et contemplation.
Sans bouger plus qu’il ne le fallut, elle le vit tapoter tranquillement de la main la place libre à coté de Lui.
La jeune femme sourit un instant.
Elle avisa ensuite la cuisine derrière elle, sentant une bonne odeur de café, mais elle s’avança plutôt vers Lui, le cœur battant, et les mains plus moites que jamais.
Ils avaient des réponses à trouver.
Le moment était enfin venu, et quoi qu’il en sortirait, elle prendrait une nouvelle direction dans sa Vie.
Jack l’avait entendu approcher et s’arrêter à l’entrée de la pièce.
Il avait tenté jusque là de se reprendre et de se détendre, mais les résultats étaient restés trop peu concluants, car dès son arrivée, tout s’était à nouveau bousculé en Lui.
Son cœur arriverait-il à tenir le coup face à ce traitement de choc qui durait depuis la veille ?
De toute façon, l’issue de cette confrontation risquait bien de lui porter un coup.
Il ne savait pas encore lui-même ce qu’il désirait dans Son avenir proche.
Il en avait bien une idée, bien sur, mais le fait d’être maintenant constamment à « nu » face à la jeune femme était difficile à gérer.
S’il choisissait cette voie là, il devrait en accepter toutes les conséquences.
Et ça, il ne savait pas s’il le désirait.
Alors qu’avec Kerry, les choses restaient contrôlables.
Ce n’était pas la même chose de faire l’amour à une femme, et que de passer le reste de sa vie avec Elle.
Surtout quand il s’agissait de Sam.
D’autant plus qu’il se rendait compte que c’était ce qu’il avait toujours désiré au fond de Lui depuis qu’il l’avait rencontrée et appris à La connaître.
Mais maintenant qu’Ils avaient passés le fameux pas, rien n’était aussi simple, car ce qui lui faisait peur par dessus tout, c’était d’être vulnérable face à quelqu’un.
Et même si ce quelqu’un était Elle, Sam passait avec une facilité trop déconcertante toutes ses barrières.
Elle le touchait au plus profond de lui-même, et ça, il ne savait pas s’il arriverait à le gérer sur un plus long terme.
Déjà qu’une partie de lui se révoltait face à ce fait.
Arriverait-il donc à accepter tous les changements qui en découleraient ?
Puis, fatigué de se poser des questions sans en avoir les réponses, Jack fit signe à la jeune femme d’approcher.
Il ne voulait plus sentir son regard Le transpercer, et surtout, bien qu’il était affamé, il ne voulait plus perdre de temps.
Le maigre repas qu’Ils avaient partagé dans la nuit était depuis belle lurette digéré, mais s’il pouvait avoir quelques réponses maintenant, cela apaiserait en partie son corps et son âme tourmentés.
Il regarda la jeune femme s’installer dans le canapé d’en face, et sourit à la sagesse certaine de cette décision.
Mais avant qu’ils ne commencent, il se leva et disparut dans la cuisine pour revenir avec un plateau chargé de tasses, du bol de la cafetière et des quelques petits gâteaux qu’il avait pu trouver en l’attendant.
Sam souria sincèrement à cette attention. Cet homme pensait décidément à tout ce qui pourrait les mettre plus à l’aise.
Et partager une tasse de café était un très bon début.
Elle le regarda faire le service et prit la tasse qu’il lui tendit.
_ Merci.
Leurs doigts se touchèrent lors de cet échange, mais aucun ne fit un geste de recul, ou de commentaire.
Jack réintégra sa place, avisant le bien fondé de leurs positions.
Il ne devait pas être trop près d’Elle, et surtout ne pas se noyer dans l’océan de ses yeux.
Un silence peu pesant s’installa doucement.
Tous deux tournèrent leur cueillere dans leur tasse un moment, fixant l’onde créée jusqu’ à trouver le courage de commencer, et surtout d’amorcer ce dialogue qui s’annonçait difficile, vu leurs personnalités et leurs situations personnelles.
Daniel ne les avait peut être pas aidés autant que ça.
Il avait précipité un rapprochement qui était alors devenu inévitable, mais cela compterait-il dans la balance ?
Le général releva finalement la tête.
Plus il regardait la jeune femme, et plus une question l’intriguait, depuis qu’il avait croisé son regard au gala, et plus encore face à la mine sombre qu’elle arborait à cet instant.
Sa curiosité devenait trop forte, car il ne comprenait pas.
Il ne comprenait pas ce qu’il pouvait se passer en Elle.
Et ce n’était pas en rapport avec leur nuit. Enfin si peu aujourd’hui, ce qui aurait été plus simple à gérer ; Car dès qu’Il avait recroisé ses yeux, il avait su que quelque chose en Elle n’allait pas, sans qu’il n’arrive à clairement le définir.
Et cela le perturbait depuis 15 jours.
Il devait bien se l’avouer… cela l’inquiétait… bien plus que cela ne l’aurait du.
Son comportement n’était pas celui auquel il avait été habitué pendant toutes ces années passées à ses cotés.
Un tel désespoir émanait d’Elle à certains moments, qu’elle n’arrivait plus à le cacher.
Samantha Carter n’arrivait plus à être complètement maîtresse d’elle-même.
Et Il ne savait pas quoi faire de ce fait.
Déjà qu’il ne savait pas s’Il pouvait la tutoyer comme il en mourrait d’envie. S’il se le permettait, il annihilerait la dernière barrière qui leur restait… qui Lui restait.
Cela officialiserait trop vite entre Eux leur rapprochement, qu’Ils essayaient pour l’instant de tenir émotionnellement à l’écart. Ils n’étaient clairement pas prêts à le gérer.
Et si Sam décidait toujours de se marier avec l’autre, c’était la seule distance qui Lui permettrait peut être de mieux encaisser la donne.
Alors, à la fois anxieux et avide de la réponse, Jack finit par poser sa tasse, sans toucher à son contenu.
Ce n’était définitivement pas de café dont il avait besoin, il était suffisamment stressé comme ça !
Son mouvement sortit la jeune femme de ses pensées, alors il se lança. Il était temps qu’Ils règlent ce qui avait toujours plané entre eux.
_ Je peux vous poser une question ?
Sam releva soudainement la tête et se perdit dans son regard.
Elle aurait voulu couper court à cet échange, mais elle n’y parvint pas.
A quoi bon de toute façon ? Elle savait d’avance sur quel sujet allait porter la question, et qu’elle n’avait pas envie d’y répondre.
Mais Ils étaient pourtant là tous les deux pour ça ! Et Jack avait toujours su si bien lire en Elle…
Elle ne pourrait pas Lui cacher ce qui la tourmentait depuis des jours, des semaines, des mois voir des années…
Elle savait qu’Il savait qu’Elle n’allait pas bien.
Et elle avait peur des conséquences de tout ceci.
Au réveil, elle avait pensé que finalement, leur nuit ne pourrait être qu’une passade… une sacrée expérience qu’Ils n’oublieraient jamais… Même si Elle n’avait pu s’empêcher de Tout donner. Elle l’avait vécu à 100%, et aujourd’hui elle avait peur de cette implication…
Tout était définitivement plus compliqué.
Ils étaient enfin arrivés au moment où une explication entre Eux s’imposait.
Mais n’était-il pas déjà trop tard ? Cela faisait quand même 9 ans qu’ils auraient du en arriver là !
Pouvaient-ils en dire trop aujourd’hui ? Face à leurs situations respectives ?
Elle espérait pouvoir y arriver, car avoir une conversation « personnelle » avec Jack était toujours aussi intimidant en soi… qu’ils aient été amants ou non.
Heureusement qu’Il conservait encore le vouvoiement… cela l’aiderait certainement à garder une plus grande distance émotionnelle, et elle lui en était reconnaissante.
Elle acquiesça alors de la tête à sa demande, sentant son rythme cardiaque reprendre sa course folle, et son angoisse lui serrer un peu plus le ventre.
Jack inspira un grand coup, sentant lui aussi son pouls s’emballer outre mesure.
_ Je…J’aimerai savoir si vous êtes heureuse… avec Pete.
Sam écarquilla les yeux, ne se doutant pas qu’il aurait été aussi direct… mais Elle se contenta d’hocher positivement de la tête, sans s’attarder sous le regard pénétrant de son ancien supérieur.
Celui-ci soupira.
_ Sam ! J’aimerai avoir une réponse sincère de votre part, et pas ce que vous pensez que je puisse vouloir entendre. Votre bonheur est une question essentielle pour moi, et je sais que vous n’êtes pas complètement heureuse…Et même certainement pas du tout, en étant sincère avec vous. Je…J’aimerai juste comprendre car cela me tourmente depuis un moment… Depuis le gala en fait.
Sam releva à nouveau la tête, des éclairs sortant presque de son regard.
… Son bonheur à Elle le tourmentait Lui !
Elle ne pouvait y croire… Alors que c’était Lui qui était parti ! Qui avait fait en partie ce qu’était leur situation aujourd’hui. Et il voulait juste comprendre….
Il devait certainement se moquer d’Elle à cet instant ! Elle trouvait même qu’il avait du culot de lui demander ça.
Pour un peu ce serait sûrement de sa faute à Elle!
Mais la jeune femme se força à calmer ses ardeurs. Ils n’arriveraient à rien si Elle se braquait déjà.
Jack pouvait aussi être sincère, bien que cette idée la révoltait. Pourquoi était-Il parti si Son bonheur comptait autant pour Lui ?
Sam soupira et desserra ses doigts crispés autour de la tasse, qu’elle reposa sur la table basse.
C’était encore une réponse qu’elle redoutait d’avoir… et pourtant cela aussi la tourmentait.
Elle n’avait pas compris pourquoi il était réellement parti, surtout quand elle avait su après coup du Général Landry, que la promotion d’O’Neill n’avait été que facultative, contrairement à l’obligation qu’avait avancée ce dernier.
A la vue de Sa mine contrariée, Jack soupira à nouveau. La réponse n’allait pas être simple à avoir, et il se doutait bien qu’il allait devoir s’expliquer.
Peu après son départ, Daniel lui avait glissé que Sam n’avait pas compris la véritable raison de son départ, puis de cette mise à distance qu’il s’était efforcé de maintenir.
Mais comment le lui expliquer ? Même aujourd’hui ?
Déjà, à l’époque, il n’avait pu Lui dire que c’était à cause d’Elle… de Son bonheur à Elle… qu’Il ne créait pas et dont il était exclu.
Comment pouvait-il Lui avouer qu’Il avait fuit pour se protéger, n’en pouvant plus de mourir à petit feu, comme au cours de toutes ces années ?
Et tout ça pour se rendre compte qu’Elle n’était même pas heureuse !
Il devait vraiment savoir depuis quand cela durait… Pourquoi leurs amis ne Lui avaient rien dit.
Pourquoi il ne se prenait l’amère réalité en pleine face que maintenant.
Il continua sur sa lancée…
Il trouverait les mots, car il devait vraiment savoir.
_ Quand je suis parti, vous sembliez si heureuse, que faire le constat que ce n’est pas le cas, est plus que déroutant. Depuis quand Sam ? Avez-vous au moins été heureuse à l’époque ?
Sam garda la tête baissée un moment.
Que pouvait-elle Lui répondre ?
Elle avait donc si bien joué la comédie pour que Lui le croie aussi ?
Et s’il était vraiment parti pour ça… le quiproquo serait terrible… et dur à avaler.
_ Sam. Pourquoi tout ce désespoir que j’ai vu en vous au gala, et encore hier, puis ce matin ?
La jeune femme releva la tête pour tomber à nouveau dans Son regard. Il contrôlait parfaitement sa voix, et bien qu’il était toujours troublant d’entendre son prénom dans sa bouche, elle ne pouvait ignorer la supplique dans ses yeux.
Il cachait plutôt bien son trouble, mais apparemment, Il avait réellement besoin de savoir…
Mais avait-elle le droit de lui dire que tout avait vraiment dérapé avec Son départ ?
Qu’Il était son plus grand bonheur et son immense désespoir ?
Ne serait-ce pas trop en dire ça ?
Mais Elle devait une réponse.
_ La réponse à vos premières questions est non.
Les traits du visage de Jack se tendirent, et Elle put y lire la surprise, la déception, la gravité… et d’autres émotions encore qu’elle ne chercha pas identifier.
Elle avait le cœur suffisamment lourd comme ça.
_ Depuis quand ?
_ Pourquoi êtes vous réellement parti ?
Tous deux soupirèrent à l’unisson.
Il n’était décidément pas facile d’aborder les questions qui leur importaient.
_ Je suis parti parce que je ne pouvais plus supporter de vous voir avec Lui, sans que je sois à l’origine de ce bonheur que vous affichiez.
Sam écarquilla les yeux, face à l’aveu d’une telle réponse… Il était alors parti pour ça… parce qu’elle avait si bien fait semblant.
Non pas qu’elle n’y avait pas cru à aucun moment, mais elle avait toujours su que le contentement n’arriverait pas à la cheville du bonheur.
Et Lui, comme les autres, avait fini par prendre cette façade comme argent comptant.
Elle ferma les yeux quand l’impact de cette réalisation la cloua sur place, et Elle eut tout le mal du monde à réprimer la nausée qui la submergea, et les larmes qui lui brûlèrent ensuite les paupières.
Jack était vraiment parti pour ce qui se révélait aujourd’hui comme une complète mascarade.
Mon dieu !
Comment pouvait-Elle encaisser cette donnée ?
Elle leva les yeux vers Lui, et vit sa souffrance s’exprimer. Il avait l’air tout aussi surpris qu’Elle de sa réponse, mais il ne pouvait cacher à quel point cela le touchait.
La jeune femme laissa couler une larme le long de ses joues, puis soupira avant de répondre franchement à son tour.
_ Depuis des années, mais surtout depuis votre départ, et plus encore après le gala.
Jack ferma les yeux, les traits et la mâchoire encore plus crispés.
Elle était malheureuse depuis des années.
Sam était malheureuse depuis des années ! Et plus encore depuis son départ et le gala !!!
Une violente colère l’envahit alors.
Il n’avait plus qu’une envie, celle de sortir, de crier et de se défouler de toute cette tension qui avait pris tout son être.
Comment avait-il pu croire qu’Elle avait réussit à être heureuse… sans Lui.
Comment avait-il pu prendre cette excuse pour ne rien faire pour Eux ?
Comment avait-il pu s’illusionner à ce point ?
La douleur qui lui enserrait comme un étau le cœur lui prouvait pourtant qu’Il l’avait bien fait.
… Si bien fait qu’il avait rendue malheureuse la femme à qui il tenait le plus.
Il se cogna plusieurs fois le crâne contre le dossier du canapé.
Ce n’était pas possible… Ils n’en étaient pas arrivés pour ça.
Au nom du ciel, ils allaient tous les deux se réveiller, et ne plus prendre en pleine poire toutes ces horribles vérités.
Sam, toujours aussi mal que Lui, continua sur leur lancée… Elle avait une autre question qui l’avait beaucoup travaillée ces 15 derniers jours.
_ Il y a autre chose que je n’ai pas compris. Pourquoi avoir eu ce comportement au gala, alors que vous avez tout fait pour nous maintenir éloignés depuis un an ?
Jack sortit de ses sombres pensées, pour se concentrer sur ce qu’il s’était passé à cette cérémonie officielle.
Il sourit un instant… C’est vrai qu’Il lui avait presque fait des avances… auxquelles elle avait pratiquement répondu, le destabilisant également au plus haut point.
A ce moment-là il avait été prêt à l’embrasser, ce qu’il aurait fait si le président russe ne les avait pas dérangés.
Le militaire revint au moment présent.
_ Pourquoi ne pas m’avoir interrompu si cela te déplaisait ?
Sam tiqua sur la disparition du « vous » et la chaleur qui reprenait possession de Son regard.
Elle déglutit difficilement quand elle sentit le feu se réveiller dans ses reins, mais elle ne devait pas se laisser aller.
Pourtant elle avait du mal à ne pas entrer dans son jeu. L’arrivée du tutoiement, et le ton plus taquin de Jack, leur ouvraient une toute nouvelle voie dans leur discussion, plus légère et si tentante qu’elle ne put s’empêcher de lui répondre au tac au tac.
_ T’ai-je dit que ça m’avait déplu ?
Jack sourit plus franchement. Il aimait décidément Tout chez cette femme, et il y avait longtemps qu’ils n’avaient pas tenté une petite joute verbale.
Elle ne semblait d’ailleurs pas fâchée de la disparition du « vous » qui lui avait échappée.
Il n’oubliait pas l’absurdité qui leur avait fait prendre ce chemin dans leur relation, mais il appréciait cette franchise installée entre eux.
Il essayait quand même de noyer le poisson pour éviter de répondre, mais la jeune femme le reprit rapidement.
_ Jack !
Cependant, il ne put répliquer quoi que ce soit, qu’un de ses portables sonna, suivit bien vite du deuxième.
Il laissa les sonneries passer, mais comme elles retentirent de nouveau, Sam l’interrogea comme il ne faisait aucun geste.
_ Tu ne réponds pas ?
Jack sourit. Le tutoiement avait été finalement très vite adopté pour son plus grand plaisir.
Tant pis si cela serait plus dur ensuite. De toute façon, s’Ils décidaient de continuer leurs vies actuelles, ils ne se croiseraient peu ou plus…
Alors à quoi bon se priver de cette approche, d’autant plus naturelle entre eux à cet instant ?
_ Non…le premier est professionnel, et au cas où ils l’auraient oublié, je leur rappellerai plus tard que je suis en week-end !
_ Et le second ?
Sam se mordit la lèvre inférieure. La curiosité lui avait échappée, et elle ne savait plus où se situait exactement entre eux la limite entre le personnel et le privé.
Leur nuit avait brouillé tout ce qu’Ils avaient longuement établi. Mais la réaction de Jack la rassura, même si elle était allée peut être un peu trop loin, ce dernier ne s’en formalisa pas.
_ C’est certainement Kerry. Peu de personnes ont ce numéro. Tu es là, et je ne vois pas pourquoi Teal’c ou Dany boy appelleraient maintenant.
Sam acquiesça silencieusement de la tête.
… Kerry Johnson….
Son cœur se serra à nouveau… Ce nom ramenait une nouvelle fois au galop Leurs situations. Pourtant Elle aurait aimé oublier leurs existences… Tout comme celle de Pete.
Elle y avait même presque réussi à certains instants… mais ces moments étaient bien trop éphémères pour Elle face à sa conscience.
Mais avant qu’elle ne puisse faire quoi que ce soit pour se sentir moins mal, son portable se mit à retentir également.
Ne pouvant plus rester en place, et inquiète de la raison de cet appel, Sam se leva et décida de répondre.
Jack laissa tomber sa tête contre le dossier.
Si Lui pouvait faire abstraction de Sa vie pendant ce moment si important pour Eux… Pourquoi pas Elle ?
Mais bon, Il ne pouvait pas lui en vouloir de répondre. Après tout, le SGC était depuis quelques temps en alerte… Peut être que…
Mais à la mine qu’arbora Sam en raccrochant, il sut que ce n’était que personnel… ce qui se confirma avec le ton qu’elle avait employé et quand elle se laissa lourdement tomber dans le fauteuil en soupirant.
Il l’interrogea silencieusement en levant un sourcil.
_ Ce n’était rien d’important.
Le sourcil du Général se leva encore plus haut. Sam soupira encore, essayant de garder son calme en frottant les mains sur sa jupe.
_ Le fleuriste n’aura pas la moitié des fleurs qui avaient été commandées pour la cérémonie.
Jack arqua à nouveau les sourcils, puis fit le lien rapidement.
… La cérémonie… de Son mariage à Elle… dans deux jours.
Ses traits se durcirent à nouveau automatiquement. Lui aussi devenait de moins en moins performant pour cacher ce qu’il ressentait.
Et ce n’était pas faute d’essayer… Mais face à Elle… qu’Il avait enfin aimé dans ses bras… et avec laquelle il avait atteint des cieux encore inexplorés, la tache était dure… et presque incommensurable.
Sam ouvrit puis referma les yeux. Elle était de nouveau mal… perdue… et avait la complète impression d’être étrangère à ce qui allait se passer dans deux jours.
Etait-ce bien Elle qui était sur le point de se marier ?
Le voulait-Elle vraiment ?
Etait-il possible qu’Elle puisse tout arrêter maintenant ?
Ou alors devait-elle aller au bout de son engagement… Et voir ensuite ?
Elle avait quand même donné sa parole à un homme qu’elle ne voulait pas faire souffrir.
Allait-elle regretter cette décision, si Elle prenait une autre ?
Sam était incapable de faire le tri dans ses questions et ses ressentis.
Et heureusement que ce n’était pas Pete qui l’avait appelée… Elle était assez embrouillée comme ça, et elle comprenait maintenant Jack, quand il avait choisi de ne pas répondre.
Ils n’avaient pour l’heure que très peu avancé.
Des choses importantes avaient été dites bien sur, mais aucune décision n’avait été prise, concernant ce qui allait se passer quand ils franchiraient la sortie.
Ils devaient maintenant faire le point sur Leur relation.
Moment, qui était des plus incertains et certainement le plus délicat.
Mais Jack se lança le premier, et continua sur la franchise qui avait été lancée.
Il avait été direct un peu avant, alors autant le rester.
_ A mon grand regret, je ne peux pas quitter Washington, pour prendre enfin ma retraite, comme j’en ai envie depuis très longtemps.
Cette bande de requins n’attend que l’occasion de mettre quelqu’un qu’ils auront à leur botte et qui ne contrecarre pas leurs projets comme je le fais. Le SGC a encore trop besoin de soutien.
Sam acquiesça et déglutit péniblement.
Jack voulait prendre sa retraite depuis longtemps…
… Très longtemps !?
L’aurait-il prise si Elle ne s’était pas mise avec Pete…. Ou aurait-il gardé son poste de Général au SGC ?
Elle sentit de nouveau le malaise la guetter. Cette pseudo relation avec un « autre » avait décidément eu plus de conséquences pour « Eux » qu’elle n’aurait pu imaginer.
Jack sembla lire sa réaction, et continua.
_ Tu n’as pas à te sentir coupable. Ce qu’il s’est passé est passé. Pour le SGC, cela n’aurait rien changé, car je devais bien avouer que ce poste là n’était pas fait pour moi.
Non pas que celui de Washington est mieux, mais l’inquiétude face à une équipe off world ne me prend plus aussi directement. La distance ne change pas certes pas grand-chose, je suis inquiet même quand je suis dans mon bureau, puisque je sais mieux que Landry ou Hammond ce qui se passe derrière la porte ; Mais ici, à Cheyenne Mountain, ça devenait ingérable, surtout quand…
Jack soupira…. Quand… SG1 passait la porte.
Il n’avait pas réussi à dire la fin exacte de sa phrase, mais ce fut tout aussi limpide pour la scientifique, qui continuait d’encaisser les données.
Sa relation seule ne l’avait donc pas fait fuir du Colorado, mais la question de la retraite restait entière… et particulièrement déstabilisante.
Auraient-Ils pu s’aimer il y a un an et demi ?
Jack la sortit de son questionnement.
_ Et par rapport à ma retraite…Pour être franc, je doute que je l’aurai prise si cela avait été possible. Il aurait alors fallut avoir cette conversation, et je crois qu’on y était réfractaires autant que ces temps ci. Daniel nous a heureusement mis devant le fait accompli, mais il est inutile de se demander « et si… ? ».
Les choses auraient peut être été différentes ou peut être pas.
Sam acquiesça une nouvelle fois à la pertinence de ce point de vue, mais sa culpabilité ne s’en allait pas pour autant, surtout qu’elle n’était pas plus disponible que Lui.
_ Je ne peux pas non plus quitter la base. Depuis l’arrivée des Oris, la menace est encore plus grande. L’alerte devient de plus en plus forte et permanente.
_ Je sais.
Jack ne rajouta rien, et laissa s’installer un silence pesant, ponctué de leurs soupirs résignés.
Que pouvaient-ils bien rajouter d’ailleurs ?
Pouvaient-ils se permettent d’attendre et d’espérer encore ?
De voir à la fin de la guerre contre leurs nouveaux ennemis ?
Et si celle-ci durait autant que celle contre les goa’ulds ou les réplicateurs, voir plus ?
Attendraient-ils encore des années ?
Une autre décennie ?
9 ans passés n’étaient-ils déjà pas suffisants ?
Ou devaient-ils vraiment tourner la page, au lieu d’avoir l’impression de tourner en rond ?
Cette dernière éventualité restait presque inenvisageable.
Plus après cette nuit.
Mais pourtant ?
Ils avaient beaucoup de choses à régler avant d’envisager quoique ce soit d’autre.
Mais le portable de Sam retentit à nouveau, laissant la sonnerie de Star Wars emplir la pièce.
Sam se précipita sur son sac pour reprendre son téléphone et répondit au sourire amusé que Jack lui envoya.
Elle regarde le numéro puis soupira avant de répondre.
Elle fit un geste envers Lui, avant d’apposer le combiné à son oreille.
_ Pas de commentaires, je t’en prie… Puis reportant son attention sur l’objet. Je vous écoute Walter…
Jack éclata de rire sans pouvoir s’en empêcher.
Mettre la sonnerie de Star Wars sur la ligne directe avec la salle de contrôle, il fallait oser !
Mais la réaction plus que contrariée de la jeune femme le stoppa aussi sec. C’était sûrement une urgence.
_ FELGER ! Qu’avez-vous encore….
Mais Sam ne finit pas sa phrase en soupirant et rejetant sa tête sur le dossier, tout en fermant les yeux de dépit.
Elle était fatiguée. Les urgences s’enchaînaient ces jours derniers depuis qu’ils travaillaient sur la nouvelle source d’énergie trouvée sur P9X… machin chose et qu’elle avait plusieurs collaborateurs.
Pour dire à quel point elle avait du mal à gérer tous ces incidents, elle n’arrivait même plus à retenir le nom de la planète, avec son manque de concentration, l’épuisement et toutes ses préoccupations.
Elle raccrocha énervée.
_ Dis moi pourquoi ce n’est pas lui qu’on a envoyé sur Atlantis ? Ce type a beau être un génie à ses heures, c’est une vraie catastrophe ambulante !
Jack lui sourit, se remémorant un instant les « bons » souvenirs que lui avait laissé ce scientifique. En tant que Général, il en avait vu de toutes les couleurs.
Puis quand Sam réouvrit les yeux, tous deux se sourirent, et répondirent en chœur.
_ Nooonnnn !
Le scientifique aurait fait sauté la cité depuis longtemps… ce n’était vraiment pas une bonne idée.
Sam se prit un instant la tête entre les mains et soupira à nouveau…
Autant pour Leur discussion inachevée, que pour ce qui l’attendait maintenant.
L’urgence n’était pas extrême, mais ils avaient besoin d’elle pour réinitialiser rapidement tous les programmes de la porte.
Elle se reconcentra sur Jack, qui devança sa parole.
_ Inutile de me raconter ce qu’il a encore fait, je le saurai bien assez tôt ! Mais depuis quand Felger a ton numéro perso ?
Sam grimaça.
_ Pff, je vais devoir en changer… encore !
Tous deux sourirent et se levèrent.
_ Je suppose qu’ils t’attendent impatiemment.
Sam étouffa un juron…
Pourquoi ce scientifique de malheur avait tenté l’expérience seul… et MAINTENANT ?
Elle avait mieux à faire que de réparer ses erreurs, surtout quand son cœur s’emballa à nouveau quand Elle se retrouva à une distance réduite de son ancien CO.
Sans autres paroles échangées, Ils rangèrent la vaisselle dans un même mouvement, sans avoir à se concerter.
Ce genre de moments était devenu rare quand Jack avait quitté SG1, jusqu’à devenir inexistant ensuite ; Mais il était bon de les retrouver enfin, après cette longue mise à distance.
Ils se connaissaient si bien que ça en était presque réconfortant quelque part.
Au moins, ils avaient vécu cette harmonie un jour, et mieux encore, il leur était encore possible de la reproduire…
Puis, quand l’appartement fut complètement remis en ordre, ils prirent leurs affaires et se dirigèrent toujours ensembles vers la sortie.
Ils n’étaient pas forcément prêts à retourner à leur réalité… Où Sam était attendue et où ils allaient finalement se séparer, mais ils n’avaient pas le choix.
Ils auraient forcément dû sortir un jour, alors c’est avec résignation qu’Ils passèrent la porte.
Sam ferma à clés et se retourna vers l’homme qui attendait à ses cotés sur le pallier.
Tous deux échangèrent alors un regard profond pendant de longues minutes… Calmement… Simplement.
Aucune émotion ne prenait le pas sur une autre, contrairement à la veille, où Ils s’étaient retrouvés contre toute attente à ce même endroit.
Puis en souriant, Jack tendit sa main à l’adresse de la jeune femme, qu’elle saisit sans aucune hésitation.
Ils repartirent ainsi, mains liées et doigts entrecroisés, heureux de pouvoir faire ce geste… enfin… même si ce n’était que jusqu’à la voiture de la scientifique.
Aucun mot n’avait été prononcé depuis le dernier coup de téléphone, mais le silence n’était pas pesant, bien au contraire même, tout comme le regard que chacun continuait à porter sur l’autre.
…Il était tranquille, apaisant, rassurant… Comme s’Ils avaient laissé dans cet appartement tout ce qui les avait tourmenté.
Certes, ils n’avaient pas tout réglé, mais ils avaient mis à plat certainement bien plus de choses qu’ils ne l’avaient prévu ou espéré au cours de cet intermède.
S’arrêtant ensembles au niveau de la portière, Jack se tourna vers Sam et passa une dernière fois tendrement la main sur Sa joue.
Il voulait s’imprégner une ultime fois de la douceur et de la chaleur de Sa peau, et de Ses yeux pendant ce dernier regard échangé.
Sam les ferma un instant, mettant sa propre main sur celle de l’homme pour en approfondir le contact et la sensation sur son visage.
Quand elle les réouvrit, elle fixa intensément sa bouche, humidifiant inconsciemment ses lèvres par la même occasion ; Mais elle savait autant que Lui qu’Ils ne s’embrasseraient pas, ne devant pas céder à ce désir profond qu’ils partageaient.
Ils remonteraient alors illico dans l’appartement, et ce temps là, aussi agréable soit-il ne devait pas se reproduire dans l’immédiat.
Ils avaient peut être vécus en une nuit et une discussion tout ce qu’ils avaient à vivre…
Déjà en quelques heures, ils avaient eu bien plus qu’en 9 ans réunis, alors l’avenir leur dirait s’il y aurait une suite… ou non.
Quand Jack s’écarta finalement, en lâchant lentement la main douce qu’il avait prise dans la sienne, Sam monta dans sa voiture et mit rapidement le contact.
Si elle devait partir, c’était maintenant.
Son courage et ses résolutions s’effritaient à chaque seconde qui passait, et l’étau se resserrait inévitablement sur son cœur.
Elle n’avait jamais été douée pour les aux revoirs ou les adieux, et cet instant était pour le moins difficile à vivre.
Elle finit par se tourner une dernière fois vers Lui, et ensembles, Ils échangèrent un dernier sourire.
Un vrai sourire.
Un de ceux qu’on n’oublie pas.
Certainement un des rares qu’Ils n’oublieraient Jamais.
Puis Jack s’écarta d’un pas en mettant les mains dans ses poches, et soupira quand il vit la voiture démarrer, avancer et s’éloigner de Lui.
Il resta là… à La fixer sans bouger, jusqu’à ce qu’Elle disparaisse de sa vue.
Son cœur se serra alors davantage, à un point tel qu’il en eut mal dans la poitrine tant Elle lui manquait déjà.
Le retour à Sa réalité était plutôt douloureux, mais quelque part en Lui, un espoir persistait.
Certes, il n’avait pas vraiment la certitude de La revoir un jour.
Mais si cette nuit avait bien changé quelque chose en Lui, c’était bien sa résignation.
Il ne pouvait plus se contenter du destin qu’il s’était choisi.
Il passa donc son sac et sa veste au dessus d’une de ses épaules, et prit la direction de sa maison, tandis qu’un nouveau sourire illumina son visage.
Il avait envie de marcher.
… De marcher vers Sa vie.
… De marcher vers une toute nouvelle Vie.
… La Vie qu’il avait toujours désirée avec Elle.
Il ne voulait plus laisser passer les années qui seraient à coup sûr les meilleures de sa vie.
La voie Leur était ouverte maintenant, Ils avaient assez sacrifié pour ça.
Ils n’avaient plus qu’à prendre leur destinée en mains.
Ils avaient bien sûr besoin d’un peu de temps pour tout remettre en place.
Mais les derniers sourires qu’ils avaient partagés avaient sonnés comme une promesse…
…Un accord tacite,
…Une caresse,
…Un baume pour leurs cœurs.